Jeudi 24 septembre 2015 - N° 2117 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
LES GRECS RESTENT DEBOUT ET APPELLENT À LA LUTTE LES PEUPLES EUROPÉENS
EN LUTTE
ACTUALITÉ
RENTRÉE EN GIRONDE
RÉFORME TERRITORIALE
L’unité pour reconquérir des postes
À la rencontre des maires
Pour le SNUipp-FSU 33, non, la rentrée ne s’est pas bien passée : des écoles sans ouverture de classes, des fermetures après la rentrée, la brigade de remplacement déjà amputée d’une quinzaine de postes pour pourvoir des postes vacants… «Le compte n’y est pas et cela fait 7 ans que cela se dégrade» dit l’intersyndicale qui a réuni la CGT Educ’action, le SGEN-CFDT et le SnuippFSU le 16 septembre, avec la FCPE, principale fédération de parents d’élèves. Les actions engagées sont également proposées aux organisations SE-UNSA et SNUDI-FO qui n’étaient pas disponibles ce jour-là. L’intersyndicale continue à demander un plan de rattrapage de postes pour que les élèves et les enseignant-es girondins aient des conditions de travail normales, alors que chaque année arrivent entre 1 500 et 2 000 élèves supplémentaires. C’est le cadre unitaire qui permettra d’engager les personnels dans une mobilisation forte, dans la durée et avec les parents, afin de créer un rapport de force suffisant pour obtenir davantage de postes. Etat des lieux et chiffrage des besoins, motions de conseils d’écoles, communiqué de presse commun, sont à l’ordre du jour de la prochaine rencontre fin septembre. L’unité pour les droits des personnels Le SNUipp FSU 33 a proposé de faire état des différentes problématiques afin de poursuivre la mobilisation commencée au mois d’avril 2015 avec le collectif CGT AESH EVS AVS * : - Temps de travail des contrats uniques d’insertion (CUI) et des personnels en CDI. - Passage des EVS en contrat CUI en contrat de droit public. - Demande d’une réunion des représentants des différents services Pôle emploi, DSDEN, rectorat, préfecture, pour clarifier les interventions et responsabilités de chacun. L’unité pour le service public L’intersyndicale Fonction publique (CGT, FSU, Solidaires et FAFP) prépare la journée nationale d’action interprofessionnelle du 8 octobre avec une votation auprès des personnels de la fonction publique. Elle porte sur les salaires, dont l’augmentation du point d’indice, gelé depuis 2010 ; l’emploi et la précarité dans la fonction publique ; les multiples réformes ; les conditions de travail. Cette consultation sera remise à la ministre le 8 octobre prochain, pour obtenir du gouvernement des réponses notamment sur ces questions, mais aussi pour que les services publics soient confortés et améliorés. * AESH : accompagnants des élèves en situation de handicap - EVS : emplois de vie scolaire - AVS : assistants de vie scolaire
lanceurs.alerte@alpc2015.fr ou 06 68 52 11 11 EXPULSIONS LOCATIVES
Une première bataille gagnée Le maire de Stains, Azzédine Taïbi, lançait un cri d’alerte le 31 août dernier, à la ministre du Logement et de l’égalité des territoires, Sylvia Pinel, face à la multiplication des expulsions locatives dans sa ville. Reçu au ministère du Logement le 21 septembre, avec une délégation d’élus et Maître Weyl, doyen du barreau de Paris, il a évoqué les cas de locataires dont l’expulsion est imminente afin que la ministre intervienne directement auprès du préfet pour empêcher qu’ils ne soient expulsés avant la trêve hivernale. Il a rappelé l’urgence de la situation sur sa ville et la nécessité que l’Etat prenne ses responsabilités. Il a demandé à la ministre de prendre des mesures concrètes, directement applicables. Par exemple, la destitution des maires qui ne respectent pas la loi SRU, qui impose 25% de logements sociaux, et la signature d’une circulaire qui conditionne toute expulsion à une solution de relogement pour toutes les personnes menacées d’expulsion et pas seulement celles reconnues DALO (droit opposable au logement). Il a également obtenu la mise en place dès le début de l’année 2016 d’une circulaire ministérielle permettant que les APL ne soient plus suspendues en cas d’impayés comme c’est le cas aujourd’hui.
2 • Les Nouvelles 24 septembre 2015
Frontenac, 766 habitants, rattachée à la communauté de communes de Targon qui regroupe 19 communes de l’Entre-Deux-Mers. «Je suis très inquiète parce que cette réforme territoriale va encore créer de nouvelles inégalités», dit Josette Mugron, maire de la commune, qui reçoit Olivier Dartigolles à la mairie, en compagnie de Sébastien Laborde. «La réduction des dotations publiques nous complique déjà assez la vie, pourquoi nous imposer de force cette réforme ?». Face au ravage de l’austérité, notamment au niveau des services publics de proximité, les élus se mobilisent. «Ici nous n’avions plus de médecins depuis quelques temps. Alors nous avons décidé de créer une structure pour tenter d’attirer un médecin et cela a marché. C’est une très bonne nouvelle pour les habitants de la commune», explique Josette Mugron. «Cette réforme territoriale va nous conduire dans le mur, explique Olivier Dartigolles. Les futurs élus régionaux du Front de gauche réuniront rapidement les 4 503 maires pour faire un état des lieux des conséquences de la loi NOTRe. Il faut que les élus, véritable maillage de la démocratie locale, soient au cœur du processus de son contrôle et de son évaluation.» Lors de cet échange, Lionel Chollon, maire de Loupiac, a lui aussi exprimé
son inquiétude face au processus antidémocratique : « On tente de nous intégrer de force au sein de nouvelles intercommunalités. On assiste à une véritable réorganisation administrative et politique des territoires ». Un deuxième rendez-vous avait lieu salle Jean-Lafourcade, à SaintPierre-d’Aurillac, avec le maire, Stéphane Denoyelle, et une partie du conseil municipal. Comme à Frontenac, les élus font part de leur incompréhension. «Le véritable projet du préfet est de créer une communauté des communes pour le Sud-Gironde, soit 120 communes et 100 000 habitants, ce qui est une véritable aberration» explique le maire. «Cette fuite en avant dans le gigantisme administratif crée un mouvement de panique chez les élus» ajoute-t-il. «Les maires ruraux nous disent très souvent qu’ils n’y arrivent plus, ce n’est plus possible. » Autre point critique, la baisse des dotations publiques. À St-Pierre d’Aurillac, cela représente une perte de 70 000 euros sur trois ans : «Sur un budget de fonctionnement comme le nôtre qui est de 1 millions d’euros, c’est énorme. Nous ne sommes plus aujourd’ hui en capacité de prévoir des investissements futurs. Pour la deuxième année, nous allons avoir une capacité d’autofinancement négative. La situation est critique, il est temps de tirer la sonnette d’alarme. On parle ici de la survie des communes» s’émeut un
conseiller municipal. Pourtant les besoins sociaux, culturels et éducatifs, n’ont jamais été aussi importants qu’aujourd’hui. Le risque est grand de voir des pans entiers des politiques publiques s’écrouler de manière irréversible. Pour Stéphane Denoyelle, derrière ces questions se dessine le choix du projet de société dans lequel nous voulons vivre : «On glisse actuellement vers une société où chacun payera son service. Comme pour les bus Macron, on crée un système à deux vitesses. D’un côté les riches et de l’autre les pauvres.» Mais les élus de proximité ne baissent pas les bras. «Nous sommes dans une posture de combat. On ne refuse pas de voir les difficultés, on construit avec les citoyens» explique un élu. Pour Olivier, «ces questions sont très importantes» et il faut «utiliser l’intelligence collective» pour «disputer l’expertise aux libéraux». «Si les politiques régionales se coupent de ceux qui vivent et travaillent dans nos territoires, elles ne marcheront pas» précise le chef de file des communistes aux élections régionales. Une chose est sûre, lors de ces élections, il ne faut pas seulement proposer des solutions mais aussi «livrer une boîte à outils» pour les mettre en œuvre. «Quand on dit que les 85 personnes les plus riches du monde possèdent autant que la moitié de la population mondiale la plus pauvre, cela parle aux gens» poursuit Olivier. Avant de partir, il passe par le bureau du maire qui fut jadis occupé par son grand-oncle, Jean Lafourcade. Résistant, torturé au fort du Hâ à Bordeaux puis déporté à Dachau. Elu maire en 1965, depuis 50 ans, la commune de Saint-Pierre d’Aurillac est dirigée par une équipe progressiste. (…) Thomas Portes (extraits de carnets de campagne)
www.dartigolles2015.fr
ACTUALITÉ
Editorial
ELUS COMMUNISTES ET RÉPUBLICAINS
Plus de justice fiscale pour plus de justice sociale
La leçon grecque Le 25 janvier 2015, le peuple grec a choisi de porter au pouvoir, par les urnes, un gouvernement de gauche en rupture avec la social-démocratie et la droite. Tout devenait alors possible, possible pour les Grecs de reprendre leur avenir en main. Cette détermination, ré exprimée lors du référendum de juillet en disant non à l’austérité imposée par la Troïka, les dirigeants de l’UE et de la droite pensaient bien l’avoir anéantie après l’accord signant le 3ème mémorandum imposé à la Grèce et sa quasi mise sous tutelle.
Une cinquantaine de participants à Gauriac avec l'ADECR 33
Comme dans de très nombreuses communes de France, les élus et les militants communistes girondins se sont associés à la journée d’action des maires et élus contre la réduction des dotations de l’État aux collectivités locales (28 milliards cumulés de 2014 à 2017), et ont signé la pétition pluraliste de l’AMF. Lors des rassemblements et initiatives qui se sont tenues le 19 septembre en Gironde comme dans tout le pays, les élus communistes et républicains ont souligné les conséquences des choix et de l’austérité gouvernementale pour les communes comme pour les citoyens les plus fragiles. Comme l’a dit Jean-Claude Laulan, pour les élus communistes de Villenave d’Ornon, «nous refusons un choix impossible pour les collectivités locales» entre trois options : 1. Réduire les services publics ? C’est la cantine, la crèche, le centre aéré, la médiathèque, l’aide aux personnes âgées… Ces fonctionnaires que l’idéologie libérale dénigre si facilement, ce sont : le jardinier municipal, la « dame » de la cantine, l’animateur socioculturel, la secrétaire à l’état civil… Ce n’est pas un luxe d’avoir du personnel municipal, en nombre suffisant, compétent et dévoué, comme ce n’est pas un luxe d’avoir beaucoup d’associations et de bénévoles qui apportent tant au lien social et au développement local et qui risquent pâtir eux aussi de ces coupes sombres dans les dotations. 2. Augmenter les impôts locaux et/ ou les tarifs publics pour tous les citoyens et usagers ? Au moment où les salaires sont bloqués, où le chômage augmente, où les plus fragiles ont de plus en plus de mal à vivre dignement, où la baisse du pouvoir d’achat se fait durement sentir chez le commerçants et artisans ? 3. Renoncer à l’investissement pour construire les structures utiles à la population ? C’est dommageable pour les usagers, mais aussi pour l’emploi, quand on sait que les collectivités locales sont les grands investisseurs, réalisant 63% de l’investissement public du pays. C’est
cela qui génère de l’emploi et donc réduit le chômage. S’il s’agit d’augmenter les recettes de l’Etat, les élus communistes et républicains, du Front de gauche, font des propositions alternatives qui exigent du gouvernement d’avoir la volonté politique de mettre en oeuvre des mesures de justice fiscale : - dans le prélèvement de l’impôt, quand l’impôt sur le revenu ne fournit que 20% des recettes fiscales, alors que la TVA, l’impôt le plus injuste, représente 50% des recettes. - taxer les actifs financiers qui ne servent qu’à la spéculation financière des grandes entreprises et des banques à 0,5%, rapporterait 20 milliards.
- s’attaquer à l’évasion fiscale (60 à 80 milliards d’€), la fraude fiscale (25 à 35 milliards), fraude à la TVA (12 milliards) - exiger le contrôle des 20 milliards de CICE distribués essentiellement aux entreprises du CAC 40 et les niches fiscales, quand le rendement de l’impôt sur les sociétés s’est effondré (-23 milliards). Seule la majorité des TPE et PME paie la juste part de l’impôt. Cette journée d’action aura été l’occasion d’informer les élus et les citoyens des dangers et de solutions alternatives. Il s’agit de poursuivre le débat et l’action partout.
Eh bien, aussi étonnante soit-elle aux yeux de beaucoup, la victoire de Syriza aux élections législatives anticipées de ce 20 septembre , est aussi un message de la part du peuple grec aux autres peuples européens. Le message d’une farouche détermination à rompre avec les politiques néolibérales, à sortir de l’austérité et cela en accordant une nouvelle fois sa confiance à A.Tsipras et à Syriza. Les grecs ne sont pas prêts à baisser les bras, même les déçus de Syriza et d’Unité Populaire qui se sont abstenus, mais pour les aider ils ont réellement besoin de la solidarité de toutes les forces progressistes européennes. Ils sont bien conscients que leur seul « petit » pays qui a osé à un moment de son histoire dire non à l’austérité imposée par les puissances européennes et la finance, a besoin d’un rapport de forces, de luttes et d’initiatives européennes rassembleuses . C’est un signal qu’ils nous donnent, un signal pour entrer en résistance, avec une belle leçon de démocratie et de solidarité. Les marges de manœuvre, nous le savons tous, pour A.Tsipras et son gouvernement sont très minces et celui-ci va devoir faire face à de réelles contradictions. Personne, aujourd’hui, ne peut présager de l’avenir de la Grèce, mais, que nous soyons déçus, que nous soyons pour la sortie de l’Euro, le débat, ô combien nécessaire, doit continuer.
300 manifestants à Tarnos (Landes)
Les prochaines élections régionales sont une occasion de rassembler contre l’austérité, pour une autre alternative aussi ne ratons pas cette échéance en redonnant au peuple français, l’envie de prendre son destin en main.
Maryse Montangon Membre du comité éxecutif du PCF 33 et du conseil national
Les élus communistes et républicains à Bordeaux devant la Préfecture Les Nouvelles 24 septembre 2015 • 3
IMMIGRATION - AS SAHARA OCCIDENTAL
SAHRAOUIS DE BORDEAUX
Rappels historiques
Des demandeurs d’asile otages d’intérêts économiques
En 1884, l’Espagne place le Sahara occidental sous son protectorat. Elle y établit des comptoirs commerciaux et une présence militaire. Les tribus locales luttent contre la puissance coloniale avec l’aide du sultan marocain. Cet appui cesse lorsque ce dernier est soumis à un protectorat franco-espagnol en 1912. Dès 1965, l’ONU pousse l’Espagne à décoloniser ce territoire et à engager des consultations avec le Maroc. Mais l’Algérie est alors en conflit ouvert avec le Maroc au sujet du tracé de leur frontière commune («Guerre des sables» 1963). De plus, le Maroc et la Mauritanie ont aussi des revendications territoriales opposées sur ce territoire, le Maroc refuse de reconnaître la Mauritanie. De ce fait, les trois voisins du Sahara occidental ne parviennent pas à créer un front commun face à l’Espagne qui perpétue ainsi sa domination. Le règlement du conflit algéro-marocain et un accord conclu entre le Maroc et la Mauritanie permettent d’unifier le front anti-espagnol. Parallèlement, plusieurs groupes locaux se lancent dans la résistance armée aidé par l’armée de libération nationale marocaine issue de la lutte populaire marocaine contre l’occupation hispano-française du Maroc. En 1975, un avis consultatif de la Cour internationale de justice confirme l’existence de liens historiques entre les populations du Sahara occidental et le Maroc mais elle « ne constate pas l’existence de liens juridiques de nature à modifier l’application de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale des Nations Unies quant à la décolonisation du Sahara occidental et en particulier l’application du principe d’autodétermination grâce à l’expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire. » Quelques jours après cet avis, Hassan II, Roi du Maroc organise la marche Verte (novembre 1975) pour marquer la volonté d’une souveraineté marocaine sur ce
territoire. Ceci amène l’Espagne à signer le accords de Madrid avec le Maroc et la Mauritanie, le 14 novembre 1975, pour officialiser le partage du territoire. Le Maroc obtient les deux tiers nord, et la Mauritanie le tiers sud ; l’Algérie et les Sahraouis ne sont pas consultés. Le retrait des troupes espagnoles, décidé peu avant la mort de Franco, s’effectue entre 1975 et 1976. Le 27 février 1976, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est proclamée par le Front Polisario, la guerre avec le Maroc et la Mauritanie s’enclenche. Entre fin 1975 et 1976, des dizaines de milliers de Sahraouis quittent le Sahara occidental, fuyant la guerre vers les camps de réfugiés de Tindouf en Algérie, encadrés par le Polisario. En juillet 1978, le Front Polisario déclare un cessez-le-feu avec la Mauritanie, approuvé par l’ONU. Le 10 août 1979 un traité de paix est signé dans lequel la Mauritanie cède sa partie du Sahara au Front Polisario. Le 14 août 1979, le Maroc annonce l’annexion de l’ancien territoire mauritanien. Dans les années 1980, le Maroc érige un mur de défense qui sépare le territoire en deux, les 20 % à l’est du mur étant désormais sous le contrôle du Front Polisario. Une guerre d’embuscades avec le Front Polisario prend fin en 1991 à la suite d’un cessez-le-feu favorisé par la médiation de l’Organisation des Nations unies ; un référendum organisé par les Nations unies sur le statut final a été reporté à plusieurs reprises. (Source : Wikipedia) Pour en savoir plus sur le combat des sahraouis lire Interview dans La Marseillaise du 4 mars 2015 : Tayeb Kebab. « Les Sahraouis ont le droit de choisir leur destin »
www.pcf.fr/sujets/1896
Sous le pont Saint-Jean de Bordeaux, rive droite, et sur un terrain attenant, se trouve un campement de réfugiés, majoritairement des sahraouis venus des camps de Tindouf en Algérie. Avec le soutien d’un collectif d’associations et de citoyen-ne-s* ils entent de vivre le plus dignement possible dans l’attente d’un statut de demandeur d’asile. On pourrait presque croire à un terrain de camping, s’il n’y avait les rats grouillant en bordure de terrain, une ou deux baraques et des sanitaires faits de bric et de broc, l’absence de femmes et d’enfants… Avec Rosa Ould Ameziane, viceprésidente à la communication et aux relations extérieures de la section de Bordeaux de la LDH, nous sommes reçues par Louali Maana. Assis en tailleur sur le tapis, il nous prépare le thé à la menthe, c’est l’hospitalité sahraouie. Sourire chaleureux, regard pénétrant, Maana n’y va pas par quatre chemins. Il n’a qu’un objectif, faire savoir l’injustice de sa situation, de leur situation. Maana est biologiste. Lui aussi est arrivé de Tindouf pour demander
l’asile politique après un passage par l’Espagne. Il ne devrait pas avoir à le faire, il est né avant 1975, lorsque le Sahara occidental était une province espagnole. Il est donc espagnol mais l’Espagne ne lui a pas délivré ses papiers. Alors il est venu faire une demande d’asile en France, ici à Bordeaux parce qu’il y a des contacts. Mais ici, on lui reproche de n’avoir pas joint au dossier une autorisation de séjour et de circulation qu’il avait obtenu en Espagne le temps d’effectuer des missions professionnelles… « Ce qui s’applique en Espagne, ce n’est pas le droit, c’est la politique, explique-t-il. L’Espagne ne donne pas d’asile politique aux Sahraouis parce qu’elle a un accord avec le Maroc, un accord inhumain qui veut renvoyer sous la menace des hommes et des femmes qui se battent pour leur indépendance, pour leur liberté. L’Espagne n’assume pas ses responsabilités. Les personnes d’origine latine obtiennent leurs papiers de nationalité en moins d’un an, mes frères, eux, ont dû attendre plus de 5 ans. Heureusement il y a un mouvement citoyen de soutien mais le pouvoir est lié au Maroc. Jusqu’à quand va-t-on nier le droit international ? Le Sahara occidental n’a jamais été une province du Maroc. Le peuple sahraoui est oublié. Depuis 40 ans des réfugiés vivent dans des camps en Algérie. Ça doit s’arrêter ! » Mais le traitement de ces demandeurs d’asile en France n’est pas beaucoup plus glorieux et les gestes de François Hollande pour renforcer les liens avec le Maroc ne vont pas faciliter les choses. Car pour la militante de la LDH, pas de doute, le problème est bien là. « Nous demandons juste le respect de la loi, explique Rosa, c’est à dire l’examen des demandes, l’octroi du statut de demandeur d’asile pour ces personnes et l’hébergement qui est une obligation attenante. Aujourd’hui 57 personnes sont autorisées à dormir à Pessac, les autorités considèrent que le droit d’hébergement est respecté et les autres pourraient être expulsées
INFOS PRATIQUES
SOUTIEN DES ÉLUS COMMUNISTES
Pour apporter la solidarité
Pour la dignité
Pour faire des dons, vous pouvez adresser un chèque à l’ordre de l’ASTI à : Asti Bordeaux Centre de documentation, 10 rue de Causserouge 33000 Bordeaux en mentionnant sur l’enveloppe « Solidarité Sahraouis Bordeaux ». Si vous souhaitez visiter le campement, des référents ont été élus, ils vous accueilleront : Badadi, Bahenini, Sidahmed, Taleb, suppléés par Maana et Hassan. Pour les dons matériels, les besoins en ce début d’automne sont : - sacs de couchages ; - couvertures ;
- duvets ; - bâches pour se protéger de la pluie ; - des tentes pour 4 personnes ou collectives ; - grandes bouteilles de gaz ; -nourriture : sucre en poudre, huile, riz, pâte, conserves de thon, sardines, lentilles, tomates concentrées, petit pois, haricots blancs, haricots rouges, pois chiches, viandes Hallal, merguez, poulet, œufs, pain de mie. Pour se tenir informé :
4 • Les Nouvelles 24 septembre 2015
Les Sahraouis de Bordeaux
Interpellé par le collectif d’associations, le groupe des élus communistes de Bordeaux Métropole a interrogé, le 7 juillet dernier, Alain Juppé sur les mesures qu’il comptait prendre pour venir en aide aux demandeurs d’asile Sahraouis qui avaient été expulsés fin juin. « Cette opération interroge évidemment sur la politique d’accueil des demandeurs d’asile de notre pays mais aussi la capacité de notre agglomération à répondre à l’urgence. D’après les chiffres évoqués dans le bilan du PLH présenté au dernier conseil, plus de 2 000 migrants ont composé le 115 au cours de l’année 2013. Si on en croit ce rapport, les demandes d’hébergement d’urgence avaient progressé de 71% entre 2012 et 2013 mais une sur deux était restée sans réponse. Ce n’est pas à la hauteur d’une agglomération que nous voulons tous accueillante. »
du camp. Mais parmi ceux-là, une centaine de personnes ont un dossier en cours d’examen par l’OFPRA. Ce sont bien des demandeurs d’asile qui subissent, jusqu’ici, des menaces, des pressions, des intimidations. Même les personnes qui les soutiennent se font insultées sur les réseaux sociaux. La préfecture les traite avec suspicion. Tous les mardis à 6h, la police vient effectuer des contrôles sur le camp. » Dans ce camp se côtoierait médecin, coiffeur, ouvriers, universitaires… qui ne peuvent ni travailler ni suivre une formation professionnelle, durant les 18 mois que nécessite le traitement de leur demande d’asile. Les réseaux de solidarité, citoyens, associations, collectivités ne manquent pas de propositions en terme de solution de logement, de soutien à l’insertion professionnelle, en maillant sur le territoire aquitain. Mais ils attendent de la préfecture, au minimum, qu’elle respecte la loi et lui rappelle que c’est à l’OFPRA de gérer la situation. « Il y en a assez de ce traitement spécifique des demandeurs d’asile sahraouis. Il n’y a pas les bons et les mauvais réfugiés, s’indigne Rosa. Ici, il n’est pas question de repli communautaire et de division entre demandeurs d’asile. D’ailleurs, pour échapper à ce piège, nous allons recréer un collectif « migrants/droit d’asile » pour mettre l’État face à ses responsabilités sur l’asile en général. » D’ici là, tous les soutiens sont importants, toutes les marques de solidarité utiles.
Christelle Danglot
* La Ligue des Droits de l’Homme, le Réseau Éducation Sans Frontière, la CIMADE, l’ASTI, Médecins du Monde, la Fondation Abbé Pierre, le FNARS, Dynam eau, Les écoles de Laghraba
SILE POLITIQUE EMMANUEL TERRAY
«Il n’y a pas de bon réfugiés ou de mauvais migrants» Anthropologue de renom, Emmanuel Terray a été en première ligne dans la défense des sans-papiers expulsés de l’église Saint- Bernard à Paris, en 1996. Dans un entretien réalisé par Nadjib Touaibia pour l’Humanité Dimanche du 18 septembre, il dénonce la logique de l’Occident « maître du monde », responsable des flux migratoires dramatiques, et montre que la réponse de l’Europe reste très en dessous des enjeux et indigne des défis auxquels elle est confrontée. Emmanuel Terray rappelle que « cela fait des années que des réfugiés se noient en Méditerranée ou en mer Égée. L’Europe a beaucoup tardé à prendre la mesure exacte de la situation. » Mais il constate une prise de conscience dont « on ne peut que se féliciter ». « De ce point de vue, l’Allemagne est certainement la plus attentive et pour toutes sortes de raisons », ajoute-t-il. « Le pays est certainement heureux d’accueillir une main d’oeuvre souvent qualifiée qui lui fait défaut. En même temps, je pense que l’histoire de l’Allemagne joue égale-
ment un rôle important. Je veux parler de la volonté de manifester fortement la rupture avec le passé nazi, hitlérien. La volonté aussi de démontrer que l’image affichée face à la crise grecque, celle d’un pays dur, égoïste, n’est pas exacte. C’est à mon avis un aspect non négligeable qui a joué un rôle important dans la prise de conscience allemande. Tout compte fait, il faut bien constater que l’Allemagne et la Suède sont à la pointe par rapport à d’autres pays européens, y compris la France malheureusement. Accueillir 24 000 réfugiés sur deux ans pour cette dernière, c’est à peine 1 000 de plus que d’habitude et pas du tout à la hauteur de la situation. » « On annonce l’arrivée de quelque chose comme 400 000 ou 500 000 réfugiés en Allemagne cette année, cela donne toute de suite la mesure des efforts respectifs. » Réagissant à ceux qui proposent de trier « les bons réfugiés » qui « viendraient pour des raisons politiques » et les « mauvais migrants » qui viendraient « pour des raisons économiques », Emmanuel Terray affirme : « Cette distinction ne tient pas dans la
réalité parce que c’est, au fond, toujours une situation politique qui crée la migration ». « Les gens qui viennent d’Afrique migrent parce qu’ils sont dans des sociétés complètement bloquées, verrouillées, avec des régimes autoritaires et corrompus qui ne leur laissent aucune perspective d’avenir. C’est donc cette situation politique qui crée la migration. Les puissances occidentales soutiennent ces régimes qui votent en leur faveur à l’ONU, pour des raisons évidentes de clientèles géopolitiques. Pour ma part, j’ai l’habitude de dire qu’il n’y a que des migrants politiques. Les contextes qui les incitent à partir sont plus ou moins dramatiques. Les situations érythréenne ou syrienne sont certes plus désastreuses que celles de l’Afrique de l’Ouest. Mais c’est une différence de degré, pas de nature. » Pour l’anthropologue, le manque de moyens à la disposition du HautCommissariat aux réfugiés (HCR) pour juguler les drames souligne surtout l’insuffisance des efforts européens. « À ma connaissance, il y a 2 millions de réfugiés syriens en Turquie, et au Liban, ils représentent à présent
près du quart de la population. Ils sont 600 000 à 700 000 en Jordanie. Dès lors, par rapport aux discussions en Europe pour savoir si tel pays doit en accueillir 5 000 et tel autre 10 000, on est vraiment dans des ordres de grandeur tout à fait différents. Et ces pays sont bien loin d’avoir les richesses des États européens. J’ai vu que les États-Unis se proposaient, non pas d’accueillir en grand nombre, mais au moins d’aider les Libanais et les Jordaniens à les accueillir. C’est peut-être une bonne chose, mais là encore on est très en retard par rapport aux moyens disponibles. Les égoïsmes nationaux restent forts. » Ces crises migratoires sont présentées comme une fatalité, un point de vue qu’il ne partage pas. « La crise du Proche-Orient est quand même l’effet, qu’on le veuille ou non, des interventions occidentales que ce soit en Afghanistan ou en Irak. C’est tout de même ces deux expéditions qui ont mis le feu à la région, feu qui s’est ensuite propagé. C’est bien la politique occidentale, en Libye qui a créé le chaos actuel et le fait que plus rien n’est contrôlable sur ce territoire, ni le commerce des armes ni les trafics
d’esclaves. Non, ce n’est sûrement pas une fatalité. On pourrait en dire autant pour l’Afrique de l’Ouest. Les migrations sont dues, d’une part, à ces régimes autoritaires et corrompus que l’Occident maintient en place et, d’autre part, aux accords de libre-échange que l’UE impose à l’Afrique, qui ruinent l’agriculture et condamnent les paysans africains à l’exil. Nous sommes face à des conséquences somme toute logiques, à des effets de politiques bien déterminés. » En première ligne lors de la bataille des sans-papiers à l’église Saint-Bernard à Paris, Emmanuel Terray relève des progrès dans la mobilisation sur ces questions avec la création du Réseau Éducation sans frontières au début des années 2000, les grèves à l’initiative de la CGT à partir des années 2008, 2009, 2010 qui ont accéléré la prise de conscience que notre pays ne pouvait accepter la prolifération sur son sol de travailleurs sans droits. « Il y a donc eu des progrès dans la prise de conscience et dans la mobilisation. Ce n’est pas encore à la hauteur des enjeux, mais je ne suis pas pessimiste sur ce point ».
TRAVAIL VITICOLE
De grands crus de l’exploitation Des travailleurs immigrés floués par une société de travaux viticoles luttent avec la CGT pour faire respecter leurs droits, Olivier Morin, pour l’Humanité les a rencontrés. « Ce contrat et ce salaire, c’est mon droit. Je n’ai peur de personne et j’irai le chercher. » Dans sa tente de fortune sous le pont Saint-Jean de Bordeaux, Hamada Dih explique au journaliste comment, après dix-huit jours à travailler dans les vignes du Pessac-Léognan, il se retrouve avec une paie en liquide de seulement 200 euros. Et il n’est pas seul. Olivier Morin constate qu’aux côtés des quelque deux cents demandeurs d’asile Sahraouis qui campent près de la Garonne, une vingtaine de travailleurs saisonniers déclarent avoir travaillé dans les châteaux des grands crus bordelais sans qu’aucun contrat ne leur ait été proposé. Informés par des amis qu’une société embauchait de nombreux ouvriers viticoles au moment des travaux dans les vignes, Hamada et ses compagnons d’infortune ont posé leur baluchon à Bordeaux. Ils ont alors rencontré Mohamed Karam, patron des sociétés Karagri et Les Cépages, qui proposent des prestations aux propriétaires viticoles. Ces derniers, plutôt que de signer autant de contrats qu’il y a de salariés, n’ont plus qu’à régler une seule facture au prestataire en fonction de la tâche effectuée. «Quand la vigne pousse d’un coup, après une période de pluie et de soleil, c’est plus facile de faire ainsi car on a besoin que le levage des brins soit fait rapidement et la société pouvait le faire en un jour et demi», se justifie Jean d’Antras, propriétaire du Château Magence. Les ouvriers sont tous logés à La Réole, où Mohamed Karam leur octroie royalement d’étroites chambres.
«On y dormait à vingt, serrés comme des sardines et il fallait encore payer 6 euros par nuit », se souvient Hamada. À présent, ce n’est plus une couchette dans une petite chambre qu’il faut payer mais les trajets pour se rendre dans les vignes. 5 euros par jour et par personne. Aucun d’entre eux n’est motorisé et il faut bien aller au travail. Ils acceptent. Les jours de travail passent et certains, dont Hamada, demandent quand et combien ils seront payés. «On ne savait que la veille si on travaillait le lendemain. Un jour, Mohamed Karam ne nous a plus appelés », enrage Hamada. Sourd à leurs légitimes revendications d’obtenir un contrat et une fiche de paie conformes aux heures travaillées, le patron de Karagri espère sans doute que ceux qu’il exploite, sans logement et ne parlant pas français, courberont l’échine. Seulement, l’un d’entre eux qui avait déjà travaillé pour Karam les années précédentes a décidé de se rendre à la gendarmerie avec quelques collègues. Les forces de l’ordre les ont alors orientés vers l’inspection du travail. Chose peu commune, les services de la Direccte leur ont conseillé de contacter une organisation syndicale. C’est ainsi que les Sahraouis ont trouvé auprès de la CGT une écoute attentive et des éléments pour recouvrer leur dû. «On travaille bien avec la CGT, précise Hamada. La France a des lois qui protègent les salariés. Il faut les faire respecter.» Pour Francis Faye, de la CGT Gironde, la responsabilité est aussi du côté des propriétaires de château. Et
si chez Smith Haut Lafitte et Château Magence (les deux vignobles dans lesquels travaillaient les Sahraouis), on se défend de ne rien connaître des actes de Mohamed Karam, «il n’en demeure pas moins que le donneur d’ordres doit s’assurer que la société à laquelle il fait appel doit déclarer et payer ses salariés». Pour appuyer la procédure engagée par l’inspection du travail auprès du procureur de la République, une manifestation a été organisée le 9 septembre dernier à La Réole devant les bureaux de Mohamed Karam. Un rassemblement qui a eu de l’écho dans la presse locale, déclenchant la colère des propriétaires de châteaux, qui n’apprécient pas que leur nom soit associé à une si mauvaise publicité. Au parquet de Bordeaux, le vice-président Bertrand Rouède déclare qu’une enquête portant sur des faits de travail dissimulé sera rapidement ouverte. Hamada et les siens sont déterminés : «Avec la CGT, on va continuer à lutter pour faire accélérer le tribunal. Notre salaire, c’est notre droit.» Pour section du PCF de La Réole ce qu’on appelle «le travail dissimulé» est le pendant des «profits dissimulés». «Ici, dans le Sud-Gironde, comme dans l’Entre-deux-mers, les profits viticoles sont énormes. » Les communistes se réjouissent qu’une enquête soit ouverte et espèrent qu’elle ira à terme. Ils rappellent que pour les élections départementales, ils avaient fait la proposition de la création d’un label social pour les entreprises qui respectent le droit du travail (contrats, salaires, droits des représentants de salariés). Les Nouvelles 24 septembre 2015 • 5
INTERNATIONAL GRÈCE
PALESTINE
Une victoire qui invite à la lutte !
La Paix au bout de la résistance ?
La victoire de Syriza aux élections anticipées du 20 septembre dernier en a surpris plus d’un. C’est pour autant une victoire qu’Alexis Tsipras prend avec la conscience des combats qui restent à mener. « Devant nous s’ouvre la voie du travail et des luttes », a réagit très tôt Alexis Tsipras sur son compte Tweeter, au soir des élections. Une réaction sobre, tout comme le discours qu’il a tenu le soir même sur la place des Pleureuses, au centre d’Athènes. Le premier ministre grec pouvait pourtant être satisfait d’un scrutin qu’on lui annonçait perdu d’avance et à l’issue duquel son parti obtient finalement 35,3% des votes et 145 députés. Alexis Tsipras semble pour autant vouloir rester lucide sur les conditions qui ont mené à ces élections et sur les épreuves qui lui restent à traverser. L’accord qu’il s’est vu contraint d’accepter le 13 juillet dernier représentait en effet une véritable gifle pour le peuple grec qui s’était prononcé à plus de 61% contre les politiques austéritaires, lors du référendum organisé quelques semaines avant. Dans le désordre, les créanciers et dirigeants européens imposaient au gouvernement grec : une réforme des retraites ; une réforme du marché intérieur incluant par exemple une législation sur l’ouverture des commerces le dimanche, sur les périodes de soldes, les pharmacies, les boulangeries, etc ; une réforme du marché du travail ; un programme de privatisation plus développé, adossé à la création d’un fonds chargé de privatiser pour générer 50 milliards d’euros. Des injonctions face auxquelles les dirigeants européens évoquent du
bout des lèvres un hypothétique plan d’investissement et la restructuration de la dette. Acculé, Alexis Tsipras appelait son peuple à la résistance et promettait d’user de toutes les brèches qui pourraient insuffler des marges de démocratie et de justice sociale. Une voie que nombre de militants, dirigeants et parlementaires de Syriza ont refusé d’emprunter. Leur nouvelle force politique, Unité populaire, n’a cependant pas atteint le seuil des 3% qui leur aurait permis d’être représentés au Parlement. « La société a une vision différente de celle de certains membres du parti, concluait Olga Athaniti, dirigeante de Syriza interrogée par le magazine Regards (1). Leur drame n’est pas celui que vit la société. » Malgré l’augmentation notable de l’abstention (43.5% soit +7 points par rapport aux élections de janvier 2015), la société grecque semble en effet avoir conservé sa confiance envers un premier ministre qui a bataillé dur pendant 7 longs mois face aux défenseurs de l’orthodoxie libérale. Un premier ministre qui a décidé durant ces 7 mois de revenir devant les citoyens, rendre compte de son mandat et leur demander de définir eux-mêmes les limites politiques. Pas un luxe dans un pays qui voit sa souveraineté niée par les institutions européennes les moins démocratiques. Un pays dans lequel 34.6% de la population vit sous le seuil de pauvreté et où le revenu disponible des ménages a diminué de 30% depuis 2008 (2). Dans ces conditions, la droite grecque a bien tenté de se présenter en recours, faisant même ressortir un tonitruant Evangelos Meïmarakis qui, entre deux sorties médiatiques, affirmait : « l’accord
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(du 13 juillet) inclut des réformes, des restructurations, des privatisations […], nous les avons entamées, nous croyons en elles, nous pouvons les appliquer. » Rassurant pour les créanciers. Le peuple grec l’a laissé à 7 longueurs derrières Syriza (28% des voix). Quand au parti socialiste (Pasok) dont François Hollande semble avoir oublié qu’ils sont ses camarades d’Internationale et qu’il leur apportait son soutien il n’y a pas si longtemps, il plafonne à 6,3%, derrière les néonazis d’Aube Dorée (6,9%). En France, le Parti de gauche est resté campé dans ses certitudes, espérant - comme Tsipras - des mobilisations populaires massives et rapides, mais se considérant toujours plutôt « aux côtés d’Unité Populaire dont le résultat, victime du vote utile contre la droite, ne traduit qu’imparfaitement l’influence qu’il aura très rapidement ». Pour Pierre Laurent qui s’exprimait au nom du PCF et en tant que président du Parti de la gauche européenne (PGE), « la droite de Nouvelle démocratie est battue ; avec elle, l’ensemble des gouvernements européens qui se sont acharnés avec une violence extrême à déstabiliser le premier gouvernement Tsipras. C’est un nouveau message de lutte envoyé par le peuple grec à toutes les sociétés européennes. La victoire de Syriza est un sérieux atout pour toutes les forces progressistes d’Europe. » Aux peuples de Grèce et d’Europe de s’en saisir ! Vincent Bordas
(1) « Soirée de victoire douce-amère pour Syriza à Athènes », Fabien Perrier, regards.fr (2) Voir L’Humanité du 21 septembre, « Sept mois de lutte inégale, et quelques résultats », Stéphane Aubouard.
Samedi 3 octobre, de 14h30 à 22 h, salle Point du Jour/Pierre Tachou à Bordeaux Bacalan* à l’invitation de Palestine 33, groupe local AFPS Conférence et débat à 17h «La Paix au bout de la résistance ?» avec Thomas Vescovi, auteur de «La mémoire de la Nakba en Israël / Le regard de la société israélienne sur la tragédie palestinienne» (éd. L’Harmattan) et Wissam Alhaj, coauteur de «De la théologie à la libération ? Une histoire du Jihad islamique palestinien» (éd. La Découverte). Pour le peuple palestinien, les raisons de désespérer sont immenses : progression continue des colonies, détentions administratives, détention des enfants, torture, blocus et non reconstruction de Gaza… Face à cela, le scandale du soutien de l’Europe et des États-Unis à l’État israélien perdure et contribue à maintenir en place un gouvernement menant une politique raciste et d’extrême droite. Et pourtant la société palestinienne résiste : en s’opposant aux expulsions et aux destructions, en transmettant la mémoire, en reconstruisant, en créant des occasions de joie pour les enfants. Certains choisissent des formes de résistance armée. À Palestine33, nous agissons depuis 20 ans. Nous ne sommes rattachés à aucun parti palestinien ou école de pensée. Par l’organisation de conférences, de manifestations, l’appui financier à des actions de terrain, par
la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions, nous soutenons le peuple palestinien dans sa lutte pour la liberté et la paix. De nombreuses associations amies agissent dans le même sens, informent en particulier sur la violation des droits de l’homme, ou soutiennent des projets de développement. Elles sont reliées au sein de la plateforme française des ONG pour la Palestine. Tout l’après-midi Ateliers enfants et adultes (broderie palestinienne/calligraphie arabe/ tableau végétal - Israël/Palestine, le conflit dans les manuels scolaires). Stands Palestine33 (librairie et vente d’artisanat palestinien) / Union juive française pour la paix / Collectif pour la libération de Georges Abdallah / Amnesty international / Artisans du monde / CCFD-Terre solidaire / Confédération paysanne / Secours populaire 19h30 Apéritif 20h Repas palestinien 12 € sur réservation : palestine33@laposte.net Tél. 06 49 63 40 14 ou 06 88 22 14 87 * 44, rue Joseph Brunet, tram B, arrêt Brandenburg
Karina, 17 ans. « L'amour pas la guerre » "Ce sont les mots écrits sur le mur derrière moi. C'est le message que je voulais délivrer quand j'ai rejoint une association locale pour embellir ce petit parc public de Gaza avec des couleurs vives."
Palestine 33
SOLIDARITÉ PALESTINE
En ligne Le collectif de solidarité «Al Qarara» mène depuis longtemps des actions concrètes entre la commune de St-Pierre-d’Aurillac et la ville de Tubas, ainsi qu’avec l’association pour les Droits humains d’Al Qarara, dans la bande Gaza en
Cisjordanie. L’objectif est d’informer sur la situation des Palestiniens, d’initier des échanges culturels, d’apporter une aide au développement (éducation, eau) et de contribuer à une paix juste et durable entre la Palestine et Israël.
Le collectif vient de se doter d’un site internet :
www.alqarara.fr Contact :
contact@alqara.fr
PCF AGENDA
RÉGIONALES
Tous en campagne Réuni le 21 septembre, le Comité exécutif national du PCF appelle tous les communistes du pays à amplifier leur engagement dans la campagne des élections régionales des 6 et 13 décembre prochains. «L’enjeu est d’écarter le risque grandissant d’une victoire généralisée de la droite et de l’extrêmedroite, dont les conséquences seraient désastreuses pour le pays et les politiques publiques en région. Il s’agit, d’un même mouvement, de contribuer à l’élection de majorités régionales porteuses de choix de gauche pour des politiques publiques sociales, solidaires, écologiques, résistant aux logiques d’austérité et les faisant concrètement reculer. Pour des mesures concrètes qui amélioreront la vie au quotidien, des forces supplémentaires pour reconstruire une alternative politique dans le pays, il y a besoin de gagner des élus utiles aux populations. Ces objectifs, indissociables, se réaliseront à la condition que des listes du Front de gauche, associées au maximum de citoyens et de forces partout où c’est possible, réalisent des percées significatives au premier tour, et marquent de leur empreinte les fusions auxquelles les listes de gauche devront procéder entre les deux tours pour l’emporter. Les possibilités de réaliser de telles percées sont réelles. L’engagement dans une campagne active et rassembleuse des communistes et du Front de gauche est maintenant
urgente. La victoire face à la droite et à l’extrême-droite, la mobilisation et le rassemblement du peuple de gauche ne passent pas par le référendum artificiel imaginé par Jean-Christophe Cambadélis pour éviter le débat sur le contenu des politiques régionales et nationale. Elles passent par l’unité populaire la plus large possible pour que l’argent, dans les régions, serve à répondre aux besoins et que reculent les politiques d’austérité qui les entravent. Nous voulons aussi réorienter l’argent des régions pour permettre les politiques de gauche en direction des quartiers populaires et des villes et villages en difficulté. Le bon résultat de nos listes est le meilleur chemin vers l’unité qui battra la droite et l’extrême-droite. (…) Dans toutes les régions, à l’exception de deux où le PG a choisi un accord séparé derrière EELV et où les communistes continuent à bâtir une liste du Front de gauche la plus large possible, les forces du Front de gauche travaillent à finaliser des listes communes. Dans plusieurs régions, des accords entre le Front de gauche et EELV sont en discussion, et dans deux régions, PACA et Midi Pyrénées Languedoc Roussillon, en voie d’être finalisés. Dans d’autres régions, le MRC est partie prenante. (…) Partout, une grande attention doit être portée à l’implication citoyenne dans ces listes. Nous avons une grande ambition. Partout nous voulons gagner des élus et contribuer à diriger des
régions pour faire barrage à l’austérité, mettre l’argent au service de la formation, de l’emploi, de la réponse aux besoins sociaux. Nous voulons faire de ces élections une étape dans la construction d’un mouvement majoritaire pour sortir de l’austérité et mener des politiques de progrès. Le pays en a besoin. L’objectif est maintenant d’être en campagne le plus vite possible, le plus rassemblés possibles, le plus à l’offensive possible.» 21 septembre 2015
RÉGION ALPC
Tract de lancement de campagne
SUIVRE LA CAMPAGNE VENDREDI 25 SEPTEMBRE, Olivier Dartigolles, chef de file du PCF-FdeG dans la grande région Aquitaine / Limousin / Poitou-Charentes, sera à Bordeaux pour un déjeuner à midi au Bar Cave de Bacalan, rue Blanqui, avec des militants associatifs. À 14 h, il visitera les bassins à flots avec Vincent Maurin, des syndicalistes du Port et de la SAFT et des responsables associatifs «Vie et travail à Bacalan». À 20h, il participera au débat sur les transports à Libourne, à l’initiative de la section des Rives de Dordogne. SAMEDI 26 SEPTEMBRE, il sera dans le Lot pour participer aux États généraux de la ligne POLT (Paris-Orleans-LimogesToulouse) : «POLT, ligne d’avenir».
Blog de campagne : www.dartigolles2015.fr
@Dartigolles
Il est à la disposition des communistes à la Fédération, 15, rue Furtado à Bordeaux
Rencontre avec le conseil municipal de St-Pierre-d’Aurillac
RÉGIONALES
Communiqué BORDEAUX
Journée internationale de la paix
Olivier Dartigolles a regretté la décision prise par les instances régionales d’EELV en Aquitaine/ Limousin/Poitou-Charentes de refuser la main tendue du Front de gauche. «Avec le Front de gauche, nous proposions à EELV de construire ensemble une alternative sociale, écologique et démocratique pour les élections régionales de décembre. Les politiques actuelles épuisent les territoires, les êtres humains et la nature. Alors que nous assistons à un terrible basculement vers le pire, le rassemblement pour le progrès social et la transition énergétique restera pour nous une priorité. Nous continuerons, en appelant à l’intervention citoyenne la plus large, à agir pour des politiques régionales
publiques avec des actes concrets, planifiés et budgétisés. Comment ? En luttant contre les énergies carbonées, en instaurant une taxe carbone régionale, en développant le rail, pour les voyageurs - et pas les bus Macron- et le transport des marchandises, en favorisant une agriculture paysanne et familiale, les circuits courts, l’économie circulaire, en travaillant à l’échelle des bassins d’emploi à la relocalisation des productions. Les solutions existent. Ayons le courage d’en créer les conditions avec les prochaines élections régionales. Avec le Front de gauche, nous ne cesserons d’interpeller toutes celles et ceux qui partagent l’essentiel : changer l’avenir.»
Carnet
SOPHIE ELORRI ET VINCENT MAURIN ONT PRIS LA PAROLE LORS DU RASSEMBLEMENT POUR LA PAIX, À L'INITIATIVE DES COMMUNISTES BORDELAIS, PLACE DE LA VICTOIRE LE 21 SEPTEMBRE.
Notre camarade et ami, André Ducourneau, nous a quittés ce samedi 19 septembre. Ses obsèques ont lieu le 26 septembre à 9 heures au crématorium de Mérignac. La cellule d’Arcachon et la section du Bassin et du Val de l’Eyre s’associent à la douleur de ses proches et présentent à Maryse et à sa famille, leurs sincères condoléances. Les Nouvelles 24 septembre 2015 • 7
CHRONIQUE
CULTURE & SOLIDARITÉ LA COUPE DU MONDE VUE PAR LE RADIS
par Jeanne R.M.
Tout sauf perdre contre les Japonais ! Mais qu’est-ce qu’a bien pu faire de si grave le dénommé Meyer ? C’est grave, oui, il l’avoue luimême : « C’est inacceptable et j’en prends l’entière responsabilité. » Son attitude, dénoncée par un communiqué officiel du puissant et historique syndicat Cosatu, lui a même arraché cette phrase, définitive : « Je tiens vraiment à m’excuser auprès de la nation sud-africaine. » Fichtre ! Alors quoi ? A-t-il insulté publiquement Nelson Mandela ? Tagué la porte de Desmond Tutu ? Soutenu les braconniers tueurs de lions dans les parcs du Zimbabwe ? Non, rien de tout cela. Heyneke Meyer est le sélectionneur de l’équipe sud-africaine de rugby et, dès le premier week-end de la coupe du monde il s’est permis l’inacceptable : son équipe a perdu contre celle du Japon. Oui, c’est grave. En rugby, on a le droit de faire beaucoup de choses : tirer le maillot, faire une cuillère à l’adversaire, le renvoyer paître le gazon s’il tente de s’approcher avec le ballon… Oui, tout ou presque. Mais jamais au grand jamais vous ne pouvez perdre contre certaines nations. Japon, Etats-Unis, Géorgie, Roumanie, Uruguay… Voici la liste des pays qui ont obtenu le droit de venir prendre des gamelles pendant les trois semaines de matches de poules.
Après, les « nations majeures » passeront aux choses sérieuses. En attendant, une nation comme le Japon doit prendre ses 40 points contre l’Ecosse, 35 contre les Samoa, et normalement… 65 au minimum contre l’Afrique-du-Sud. Record de l’exercice, les All-Blacks qui en 2007 ont infligé 108 points contre 13 à des Portugais dont on est depuis sans nouvelles ! C’est le fonctionnement de ce sport dont les britanniques ont écrit les règles et qui connaît des évolutions, certes mais certainement pas de révolution. Presqu’un siècle après la France, l’Italie a ainsi gagné son droit d’entrée dans le tournoi européen en l’an 2000 et on lui tolère seulement une à deux victoires par édition. Dans l’hémisphère Sud, l’Argentine a elle été plus rapide, obtenant son ticket pour le « Four Nation » en 2012 et ayant depuis gagné deux matches (contre l’Australie puis l’Afrique-du-Sud). Alors, que viennent faire les Nippons sur les terres anglaises ? Une révolution ? Outre que ce serait vraiment étonnant venant de cette nation, on peut craindre que, comme la Géorgie qui a battu les Tonga le même jour (c’est passé plus inaperçu mais ca non plus, c’est pas dans la hiérarchie…), les fougueux japonais ne tiennent pas le rythme de la compétition.
Parce que la hiérarchie internationale n’est pas simplement le caprice de quelques lords britanniques ; c’est aussi et surtout le résultat d’un long laborieux apprentissage collectif. L’entraîneur français des avants japonais l’assure, ils ont bossé. De même que les Fidji, qui ont perdu contre l’Angleterre mais ont beaucoup surpris par leur solidité en mêlée solide et leurs touches bien maîtrisées. Mais ce travail reste difficile quand les structures nationales sont faibles et que, à l’image du seconde ligne de Roumanie, Valentine Ursache, on cherche à fuir un pays où être rugbyman rapporte un salaire de 40 euros par mois… Il faudra donc bien plus que du cœur aux japonais pour renouveler l’exploit. Bien mal en point après avoir perdu tous ses matches de l’été l’Afrique-du-Sud pourra, elle, peut-être se venger en passant 60 points aux Etats-Unis. L’avantage c’est que l’entraîneur nord-américain n’aura pas à présenter ses excuses à la nation ; il n’est d’ailleurs pas certain que Barak Obama connaisse l’existence de ce sport où tout est permis, sauf… perdre contre les Japonais ! Radis rouge blog.aquit.fr/radisrouge
« Reviens » Cela fera trente ans! Trente ans que je ne l’ai pas revue, une génération! Trente ans qui m’ont laissé le temps de grandir, d’avoir mes enfants et que ceux-ci aillent à l’école de ce quartier qui m’a accueillie il y a déjà si longtemps. Trente ans que je ne la vois plus, ne la sent plus, ne la regarde plus. Elle m’a mise au monde, m’a nourrie de ses premières odeurs, de ses couleurs qui jamais ne s’effacent. Et partout je l’ai cherchée, tout ce temps je n’ai rien oublié. Elle me fut interdite, j’avais onze ans, séparées toutes les deux, à des milliers de kilomètres. Une mer entre nous, des montagnes et ce désert. Le froid m’a pénétrée violemment, en cette année terrible de conflit armé, un froid cruel et humide, me laissant pourrir dans ce nouvel habitat loin des miens. Ici il a plu sur mon coeur, il a plu sur ma ville, la langueur et l’ennui, un deuil nécessaire. Une enfance au soleil, aux sons des derboukas et des cris du souk les jeudis matins. L’orange et les dattes, les olives et les nèfles et ce mouton qui nous donnait tout ce qu’il avait sur le dos. Et demain je vais la revoir enfin. Demain attendu depuis toutes ces trente dernières années. Je revois tout, les images défilent comme un film qui ne s’est jamais arrêté de tourner. J’imagine nos retrouvailles et j’ai peur. Je crains la déception du passé, je doute de l’aventure, j’appréhende une désillusion et je redoute le crève-coeur qui m’anéantirait.
SOUGE Corinne Versigny, secrétaire de l'UD-CGT33 et Pierre Bordas pour le comité du souvenir lors de la commémoration à la Bourse du Travail des "70 patriotes militants, pour la plupart syndicalistes, lâchement assassinés par les nazis le 21 septembre 1942".
Mais tout m’y pousse enfin. Je dois la retrouver et la rencontrer à nouveau. Revoir, regarder, ressentir celle qui m’a tant manqué dans le plus grand silence. Indicible solitude, désir enfoui profondément. Elle me chantait ce murmure des montagnes Djurdjura, ce refrain que seul mon coeur entendait. Un retour inimaginable, les morts, les bombes, la faim et l’exode.
nbso.fr
Je frémis, je souhaite et j’ose espérer la retrouver comme elle était, et pourtant elle aussi a vieilli de trente ans. Comment vais-je la reconnaître, entre ces nouvelles rues, ces quartiers, les immeubles et tours administratives. Et elle, viendra t-elle me chercher toute petite à l’aéroport ? Je ronge mes bouts de doigts en survolant ce siècle qui se termine et la mer, crispée sur mon siège, ne décollant pas les yeux du hublot.
Les Nouvelles de Bordeaux Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr http://nbso.fr/ Les nouvelles de bordeaux @nvlbx Commission paritaire de presse : 0113 C 85932
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@nvlbx
Elle est là, au bout de la piste sous ce même soleil qui nous a un jour séparées. Elle est là et n’a pas changé, la même odeur, les mêmes couleurs, cette chaleur et ce calme. Je descends de l’avion au bord du malaise, elle me tend les bras pour que j’y tombe à nouveau. Personne d’autre que nous deux, et tout revient, tout est là, reconstruit. Je ne l’ai jamais quittée et j’avais raison. Fatma et l’oncle Charef m’attendent dans la voiture. Elle reste grande et fière dans sa blancheur et sa rébellion. Je sens la sève remonter dans mon arbre, un goût sucré dans les veines. Algérie de mon coeur, plus jamais loin de moi !