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4.3.2 Un facteur clé dans la fabrique des inégalités

adapté à leur budget (via un emprunt immobilier), au sein de territoires où n’existaient auparavant que des maisons cossues avec jardins, qui étaient accessibles aux seules classes aisées. Leur apparitionrécentetient aux nouvellesstratégies commerciales de promoteurs qui réussissent,par ce type de produit immobilier bien particulier, à élargir leur clientèle vers les classes moyennes sans provoquer de réactions contestataires du voisinage. L’implantation de certains complexes fermés à destination des classes moyennes, y compris noires, dans les anciens quartiers blancs aisés de la métropole, ou dans les territoires économiquement dynamiques, contribuent ainsi à une relative atténuation de la ségrégation socio-raciale à Johannesburg. Cette tendance reste néanmoins limitée et difficile à mesurerprécisément,les donnéesstatistiques existantesne permettent pas l’observation fine des ensembles résidentiels sécurisés. De plus, elle n’est rendue possible que par la présence des murs d’enceinte qui permettent une proximité spatiale tout en limitant les contacts (Gervais-Lambony et Dorier-Apprill 2007). Si ces nouvelles formes de proximités résidentielles apparaissent à l’échelle locale avec le développement de programmes de logements abordables, les populations peinent à se mélanger et à partager, au quotidien, leurs lieux de vie, de loisirs ou de consommation. La mixité sociale reste donc encore à construire.

À noter également que ces programmes de logements abordables n’incluent que trop rarement des formes de mixité dans les statuts et les modes d’occupation: peu d’ensembles mêlent logements en accession à la propriété et logements en location, et il est rare de trouver des projets qui gardent certains lots réservés à l’autoconstruction pour des ménages plus modestes (cf. second papier de recherche sur les politiques de logement dans les Suds).

4.3.2 Un facteur clé dans la fabrique des inégalités

Si la pauvreté a reculé dans les pays à revenu intermédiaire depuis les années 1990, les disparités socio-économiques se sont, elles,souventaccrues(Alvaredo et al.,2018). La hausse spectaculairedes prix fonciers et immobiliers a fortement contribué à ce phénomène, notamment par son impact sur les inégalités de richesse –que l’on distingue des inégalités de revenu –dans un contexte où les actifs immobiliers résidentiels constituent l’essentiel du patrimoine des ménages. Autrement dit, les inégalités patrimoniales n’ont cessé de se creuser entre les ménages qui sont propriétaires d’un logement, et ceux qui ne le sont pas. En ce sens, et comme l’a documenté la littérature en sciences sociales,la propriété foncière et immobilière joue un rôle pivot dansla fabrique des inégalités (Piketty, 2013; Aalbers,2016; Aalbers et Christophers,2014; Harvey,1985; Haila,1988).

Les politiques d’accession aidée mises en place dans de nombreux pays à revenu intermédiaire jouent ainsi un rôle ambivalent dans les mécanismes de production des inégalités. Elles permettent, certes, par l’élargissement de l’accès au crédit, à une partie des classes moyennes de devenir propriétaires de leur logement et d’ainsi se lancer dans un processus de capitalisation immobilière. Mais elles nourrissent dans le même temps les dynamiques inflationnistes en stimulant la demande sur les marchés immobiliers. L’inflation est peu régulée en raison de la faiblesse de laplanification urbaine et de la fiscalité foncière et immobilière. De plus, et c’est l’une des principales carences de l’action publique en matière d’habitat,ces politiquesne proposent,la plupart du temps,que peu d’alternatives

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