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4.4.2 La surconsommation des ressources naturelles
from Les politiques du logement dans les Suds : la promotion de la propriété individuelle et ses limites
inévitablement les activités agricoles –par une diminution des surfaces exploitées et des rendements – dont la production est pourtant essentielle à la sécurité alimentaire des citadins, et au fonctionnement des industries agroalimentaires (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 2017). De plus, outre transformer les structures de propriété foncière, l’urbanisation de ces espaces agricoles peut avoir tendance à pousser les agriculteurs à transformer leurs activités et à diversifierleurs revenus en se consacrant à la commercialisation et à la valorisation de leurs terrains auprès des professionnels de l’immobilier.
4.4.2 La surconsommation des ressources naturelles
Le développement de ces ensembles de logement abordables conduit par ailleurs à une surconsommation de ressources naturelles (énergie, eau, matériaux, etc.), que ce soit lors de leur construction ou du fait des modes de vie adoptés par leurs résidents.
Les chantiers de construction de ces quartiers résidentiels sont notamment très consommateurs de sable, de graviers et d’eau qui constituent les intrants essentiels pour la fabrication du ciment. À titre d’exemple, l’industrie de la construction en Chine aurait consommé, entre 2011 et 2013, 50% de ciment en plus que les États-Unis tout au long du XXe siècle (Harvey, 2016), En Inde, deuxième plus gros consommateur de sable de construction au monde derrière la Chine, les activités d’extraction de sable et de graviers ont conduit à l’assèchement du lac Badkhal, situé à proximité de la zone d’urbanisation de Faridabad. Pour endiguer ce phénomène, les autorités locales projettent la construction d’une station d’épuration qui permettrait, à terme, de recharger cette vaste étendue d’eau aujourd’hui désertique par le traitement des eaux usées des nouvelles zones résidentielles (Bercegol, Bon,et Lévy,2021).
En parallèle, les ménages des classes moyennes qui emménagent dans les nouveaux ensembles résidentiels adoptent généralement des modes de consommationindividualistes très gourmands en eau et en énergie. Le développement rapide de ces programmes immobiliers depuis une vingtaine d’année a contribué à la forte hausse de la consommation électrique par habitant en Inde: celle-ci est passée de 394kwh par habitant en 2001 à 804kwh en 2021 (Banque mondiale 2021). Cette consommation accrue provient notamment de l’appropriation individuelle de nombreux biens (électroménager, télévision, etc.), d’un recours massif à la climatisation du fait d’une mauvaise isolation des bâtiments, de l’absence de normes d’efficacité énergétique, mais également des équipements collectifs des copropriétés (ascenseurs, arrosage des espaces verts, piscines, éclairages, etc.) (Jaglin et Verdeil 2013). À l’échelle mondiale, le secteur résidentiel (bâtiments et construction) représente 28 % de la consommation finale d’énergie, 17 % des émissions totales de gaz à effet de serre et 37% des émissions de particules fines (UNEP 2020).
Cette consommation élevée d’énergie pèse sur les infrastructures électriques publiques qui, ne pouvant suivre, sont de plus en plus souvent complétées par l’usage de générateurs privés aux tarifs prohibitifs et à l’empreinte carbone très élevée (Bercegol, Bon, et Lévy, 2021). De même, elle aboutit à une forte baisse du niveau des nappes phréatiques (Debeir 2014). C’est le cas à Faridabad, où les