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Saint-Barthélemy
LES SARGASSES TRANSFORMÉES EN BIOMATÉRIAU
L’entreprise Sargasse Project, lauréate du concours Innovation Outre-mer en 2019, a trouvé une solution écologique pour valoriser ces algues qui s’échouent par milliers sur le littoral des Caraïbes : les transformer en pâte à papier pour produire des cartons et produits d’entretien.
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INTERVIEW
PIERRE-ANTOINE GUIBOUT, FONDATEUR DE SARGASSE PROJECT
• Le « Sargasse Project », c’est quoi ?
- Notre projet est de créer une matière première à base de sargasses pour produire du carton et des produits comme du cirage. On a mis au point une pâte 100 % sargasses que l’on souhaite revendre ensuite à des industriels. Nous sommes en phase de réalisation des prototypes et les premiers retours des fabricants métropolitains sont positifs, notre pâte a l’air de bien fonctionner. Pour la production de papier, il se pourrait que nous incorporions d’autres fibres, comme celles de banane ou de canne à sucre, car les fibres de sargasses sont très courtes, ce qui rend la pâte plus cassante.
• Vous envisagez d’ouvrir une usine en Guadeloupe, quand verra-t-elle le jour ?
- L’idée de départ était d’ouvrir une fabrique pilote mais on attend d’avoir un prototype vraiment commercialisable. J’habite à Saint-Barthélemy depuis 12 ans, le prix du foncier est trop élevé pour envisager d’y implanter notre fabrique. Nous avons pensé à la Guadeloupe, du côté de Petit-Bourg, où nous aurons aussi une importante matière première à disposition. Si le projet s’avère concluant, on se déploiera dans les autres territoires touchés par les sargasses comme la Martinique, le Mexique, la Floride ou les côtes ouest africaines.
• En quoi la transformation des sargasses en un biomatériau est-elle utile et écologique ?
- On observe un accroissement de la consommation de papier, encore plus depuis le Covid. Il est important de trouver des moyens de substitution pour ces cartons afin d’éviter la déforestation. Nous voulions aussi transformer une algue toxique de façon vertueuse. Lorsqu’elles s’échouent sur nos côtes, les sargasses sont une plaie car elles dégagent un gaz toxique dangereux pour la santé. Il y a dix ans, cette algue était présente seulement deux à trois mois dans l’année, aujourd’hui on peut l’observer sur les plages durant six mois. À terme, elle sera présente toute l’année. Il est donc urgent de créer des projets de valorisation pouvant allier économie et écologie.