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Polynésie française
BIOBASE TAHITI : DEUX JEUNES POLYNÉSIENS CRÉENT DES SACS EN FIBRE DE BANANIERS
Biobase Tahiti a lancé sa première production en mars 2022.
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Les sacs plastiques à usage unique sont devenus les bêtes noires de la protection de l’environnement. Nous nous intéressons ici à une initiative qui fleure bon le talent et l’innovation : les sacs réutilisables et biodégradables créés à partir de fibre de bananiers, par Ayana et Ioteve, les deux jeunes Polynésiens fondateurs de Biobase Tahiti.
INTERVIEW CROISÉE
AYANA CHAMPOT ET IOTEVE MENDIOLA, FONDATEURS DE LA SOCIÉTÉ BIOBASE TAHITI
• Racontez-nous comment vous avez eu l’idée de fabriquer des sacs en fibre de bananiers ?
Ayana Champot - C’est en faisant des ramassages de déchets sur nos plages… La plupart étant des emballages plastiques, j’ai cherché sur notre territoire les sources de fibres végétales qu’on pouvait exploiter dans le but de proposer une première alternative aux commerçants qui le souhaitent, et je me suis mise à faire des expériences dans ma cuisine ! Ensuite, j’ai rencontré Ioteve qui s’est mis à m’aider dans mes expériences et c’est comme ça qu’ensemble nous avons sorti notre premier sac en fibre de bananier.
• D’autres matières végétales pourraient-elles se prêter facilement à l’exercice ?
Ioteve Mendiola - Tout à fait, nous avons effectué plusieurs essais avec la fibre de coco, d’ananas, de canne à sucre, qui sont des déchets du secteur agricole et qui ont du potentiel. Il nous reste à adapter le processus à leurs propriétés qui sont tout de même bien différentes. Chacune des fibres aura son application adaptée à ses particularités.
• Comment faites-vous pour vous fournir ? Est-ce que vous ressentez le besoin de développer une filière de plantation de bananiers spécialement dédiée à la fabrication de vos sacs ?
Ayana Champot - Nous avons de bons partenaires agriculteurs qui nous livrent chaque dimanche la quantité de bananiers nécessaire à notre production de la semaine. Notre but est de valoriser leurs plantations en leur rachetant ce qu’ils sont censés jeter, les troncs coupés après la récolte des régimes, en échange de la livraison à notre atelier. Nous aimons ce partage, leur apporter un bénéfice supplémentaire grâce à notre transformation. Le but n’est pas de nous mettre à planter nos propres bananiers, mais de valoriser les nombreuses plantations déjà existantes.
• Qui sont vos clients ?
Ioteve Mendiola - Nos clients sont des bijouteries, des boutiques et autres entreprises s’intéressant au caractère naturel, écologique et local de nos produits.
• Quel est votre parcours scolaire et universitaire ? Faut-il des compétences spécifiques pour se lancer dans une telle aventure ?
Ayana Champot - J’ai fait un bac ES au lycée Samuel Raapoto, puis l’école de commerce de Tahiti (ECT) sur trois ans, et j’ai été incubée à PRISM pendant une année, durant laquelle j’ai suivi plusieurs formations autour de l’entreprenariat.
Ioteve Mendiola - Après avoir obtenu mon bac pro logistique, je suis rentré au RSMA pour être formateur militaire pendant trois ans, puis j’ai changé de voie et je suis devenu opérateur géomètre. On peut dire que mon parcours n’a rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui. Il n’y a pas de compétences spécifiques. Il faut avant tout de la détermination, se servir de chacun de ses échecs et bien s’entourer.
• Une dernière question un peu plus personnelle : comment vous êtes-vous rencontrés ? Comment se passe cette aventure à deux ?
Ayana Champot - Nous nous sommes rencontrés par hasard en ville : j’allais à mon stage et lui faisait son travail en pleine rue (opérateur géomètre), on ne s’est plus lâché depuis ce jour. L’aventure à deux c’est magique car on se complète et alimente nos esprits innovateurs. Lui a des compétences d’organisation et logistique, il est plutôt dans l’action directe, et moi des compétences de gestion de projet et management, je suis plutôt dans la vision à long terme. Ce mélange fait de nous une équipe de choc qui avance et s’améliore de jour en jour, vous n’avez pas fini d’entendre parler de Biobase !