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Mayotte
DÉMOLITION DE CASES ILLÉGALES ET OPÉRATION DE NETTOYAGE SUR L’ÎLOT M’TSAMBORO
Ci-dessus : la magnifique plage d’Antakoudja sur l’îlot M’Tsamboro, qui s’étend sur 230 hectares. © Frédéric Larrey | Conservatoire du littoral
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Affecté au Conservatoire du littoral en 2009, l’îlot M’Tsamboro est le plus grand îlot du lagon de Mayotte. Pour restaurer les valeurs paysagères remarquables de ce site naturel d’exception, un travail partenarial a permis la démolition des constructions illégales qui s’y trouvaient, ainsi que le nettoyage participatif de la longue plage d’Antakoudja.
L’îlot M’Tsamboro constitue l’un des éléments remarquables des paysages du nord de Mayotte. Il abrite des espaces naturels préservés et son relatif isolement de Grande-Terre, l’île principale, l’a longtemps épargné des activités humaines. L’îlot est cependant investi depuis plusieurs années par de nouveaux usages, qui viennent s’ajouter aux activités agricoles vivrières traditionnelles – dont en particulier la culture d’oranges – qui ont fait sa notoriété.
En effet, des activités touristiques s’y sont développées, générant fréquentation massive, dégradation des habitats, accumulation de déchets et multiplication des constructions utilisées. Avec l’afflux des barques motorisées, les activités agricoles s’y sont intensifiées et l’arrivée de nouveaux occupants aux méthodes agressives de conquête de parcelles agricoles – coupes, brûlis – a accéléré la perte en surfaces naturelles et leur dégradation.
Enfin, d’autres développements incontrôlés sont à l’œuvre sur l’îlot, liés à l’immigration clandestine, occasionnant des tensions avec les agriculteurs présents sur le site ne tolérant pas les prélèvements opérés sur leurs récoltes. Ces activités et nouveaux usages déstabilisent les mesures de gestion et de protection souhaitées par le Conservatoire du littoral et ses partenaires.
Aussi le Conservatoire a défini en 2017 un projet de gestion visant à rétablir un meilleur état écologique du milieu et un développement plus durable des activités agricoles et touristiques. Sur cette base, une convention confiant la gestion du site à la commune de M’Tsamboro et à l’association ADINM (Association pour le développement intégré du nord de Mayotte) a été conclu en 2018 pour une durée de six ans. Le préalable à la réussite des axes de gestion étant la régulation des occupations traditionnelles et l’encadrement des usages, un inventaire des « bangas » de l’îlot par l’association ADINM pour le compte du Conservatoire du littoral a été réalisé et livré en 2019. Il a permis de recenser 86 bangas, dont 26 sans lien avec une activité agricole.
En complément, le même opérateur a été missionné en août 2020 pour identifier et délimiter les occupations agricoles et mettre en place des conventions d’occupation agricole. À partir de 2021, constatant que plus de 50 nouveaux bangas avaient été édifiés, des travaux étroits ont été engagés avec les services de la Préfecture en concertation constante avec le gestionnaire et la population, pour mettre fin aux constructions et locations irrégulières.
Ce travail partenarial a abouti à la mise en œuvre d’une opération de démolition de la totalité des constructions illégales – plus de 130 – dans le cadre des dispositions spécifiques de la loi Elan à Mayotte. Cette opération a permis, sans équivoque, de restaurer les valeurs paysagères remarquables du site, en respectant l’esprit du lieu.
Aussi, afin de partager collectivement le constat de la restitution de ce joyau paysager à son état naturel, le Conservatoire du littoral a organisé, en partenariat avec les gestionnaires, une opération de nettoyage participatif de la grande plage d’Antakoudja sur l’îlot le dimanche 18 septembre 2022. Une dizaine de m 3 de détritus, représentant plus d’une tonne de déchets – bouteilles, canettes, sandales, cigarettes... – a été collectée par les participants. Quatre rotations par transport nautique ont été nécessaires pour évacuer l’ensemble des sacs.
Cette manifestion, aussi efficace que conviviale, a regroupé une cinquantaine de citoyens volontaires mobilisés sur l’îlot. Elle a représenté un temps fort dans la poursuite du projet de valorisation agricole, écologique et écotouristique de l’îlot, en s’articulant autour des trois orientations suivantes. Tout d’abord, accompagner la transition vers des pratiques agricoles durables. Ensuite, reconstruire dans un cadre architectural traditionnel et innovant. Et enfin, permettre l’accès aux services publics chargés des secours et de la protection de la biodiversité.