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TAAF
IL Y A DEUX SIÈCLES ET DEMI... LES ARCHIPELS CROZET ET KERGUELEN ÉTAIENT DÉCOUVERTS PAR LA FRANCE
Ci-dessus : aperçu de l’exposition Voyage en Terres australes – Crozet et Kerguelen 1772-2002.
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L’année 2022 a marqué les 250 ans de la découverte, à quelques semaines d’intervalle, des îles Crozet et Kerguelen par la France. À cette occasion, deux expositions temporaires des TAAF ont été présentées au Musée océanographique de Monaco. Rencontre avec Bruno Fuligni, qui a animé sur place une conférence retraçant la présence française aux Kerguelen.
Dans le sud de l’océan Indien, les archipels Crozet et Kerguelen ont été découverts respectivement le 22 janvier et le 12 février 1772. Depuis, ils ont été le théâtre d’aventures humaines hors du commun. Aujourd’hui protégés au sein de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, élevés par l’UNESCO au rang de Patrimoine mondial de l’humanité, ces deux archipels, qui forment près de 10 % de la zone économique exclusive de la France, sont devenus des sanctuaires de la biodiversité mondiale.
Dans le cadre du programme polaire porté par l’Institut océanographique, deux expositions ont été présentées du 26 juillet au 26 septembre au Musée océanographique de Monaco : Voyage en Terres australes – Crozet et Kerguelen 1772-2002 et De Dumont d’Urville à DDU : les Français en Antarctique. Une vingtaine de panneaux ont mêlé cartographies, archives, photographies historiques et contemporaines, pour un voyage au coeur du patrimoine historique et naturel des TAAF, et de leurs enjeux actuels.
INTERVIEW
BRUNO FULIGNI, ÉCRIVAIN, HISTORIEN ET MAÎTRE DE CONFÉRENCES À SCIENCES PO
• Vous avez présenté à Monaco, en présence du Prince Albert II, la conférence « Les Kerguelen, 250 ans de présence française ». À partir de quand la question de la biodiversité y est-elle devenue une préoccupation de la France ?
- En 1772, la France cherche avant tout à conquérir de nouvelles terres. Elle espère d’ailleurs trouver non pas un archipel, mais un nouveau continent à exploiter.
Quand la France comprend que les territoires sont inhospitaliers, elle les délaisse et ne s’y intéresse véritablement qu’en 1949, par peur qu’ils soient annexés par d’autres pays. En 1950, la première base scientifique est alors créée à Port-aux-Français, et les publications sur la faune et la flore terrestres paraissent rapidement. Ce n’est que beaucoup plus tard que les problématiques de protection de l’environnement se formalisent, avec la création de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, en 2006.
• Au regard de l’histoire de ces deux archipels, quelle trajectoire peut-on envisager pour les 250 prochaines années ?
- Ce que nous avons observé ces dernières années, c’est une extension de la réserve naturelle, pour en faire la deuxième plus grande aire marine protégée au monde ! Une surveillance est mise en place sur le territoire avec une présence scientifique et militaire, qui font des îles subantarctiques françaises une réserve naturelle préservée de premier plan. C’est un début d’évolution qui peut nous satisfaire et nous permet d’envisager avec optimisme les années à venir.
Cependant, il nous faudra rester vigilant face aux menaces qui pèse sur les écosystèmes. On a par exemple vu se développer récemment un tourisme austral et antarctique sur ces territoires passionnants. Les gens aspirent à voir les îles, à voir la banquise, c’est compréhensible… mais ce tourisme engendre des nuisances et des pollutions. L’enjeu sera donc de savoir comment faire pour ne pas détruire ce que les gens viennent admirer justement parce que c’est encore préservé.