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Guadeloupe

SAINT-FRANÇOIS SOIGNE SA BIODIVERSITÉ

Ci-dessus : la Pointe des Châteaux. © Mariane Aimar

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À l’extrémité orientale de la Grande-Terre, la commune de Saint-François abrite la Pointe des Châteaux, le site naturel le plus visité de Guadeloupe. La commune s’emploie depuis plusieurs années à aménager ce lieu exceptionnel protégé par le Conservatoire du littoral, en vue de son classement en Grand Site de France.

Avec ses salines peuplées d’oiseaux marins, sa végétation endémique et ses nombreux sentiers menant à un point de vue imprenable sur l’océan Atlantique et la mer des Caraïbes, la Pointe des Châteaux est un site incontournable de l’île. Tant et si bien qu’il accueille plus de 500 000 visiteurs par an.

Si le projet de classement en Grand Site de France a débuté timidement en 1997, il s’est accéléré en 2018 avec l’accueil d’un stagiaire de Master 2, Jérémy Delolme, qui a été chargé de mettre en place un plan de conservation pour relancer l’opération Grand Site. S’en est suivie une embauche pour trois ans dans le cadre d’un financement FEDER où le jeune scientifique occupe désormais le poste de coordinateur du plan de conservation de la Pointe des Châteaux.

« J’ai trois principaux objectifs dans le cadre de ma mission : la préservation du site, la sensibilisation du public et la sécurisation des sentiers », indique Jérémy.

Depuis 2020, plusieurs actions concrètes ont ainsi pu émerger, dont la création d’une plateforme de nidification pour les petites sternes qui, jusqu’alors, étaient dérangées par les visiteurs et ne nichaient plus sur place.

Grâce à cette plateforme, 42 poussins ont vu le jour en 2022 et la reproduction de cette espèce migratrice semble donc relancée.

En ce qui concerne les gravelots de Wilson, autre espèce d’oiseaux marins présente sur le site, c’est toute la zone de reproduction qui sera sécurisée d’avril à août pour en limiter l’accès aux randonneurs.

« Ces oiseaux ne pouvant se reproduire sur une plateforme, nous serons contraints de fermer les berges des Salines durant cinq mois de l’année. Pour cela, nous avons mis en place une signalisation afin d’expliquer notre démarche et de sensibiliser les visiteurs », souligne ce passionné d’oiseaux.

Une vingtaine d’espèces de limicoles a été observée à la Pointe des Châteaux, dont le chevalier à pattes jaunes.

© Mariane Aimar

LUTTER CONTRE L’ÉROSION LITTORALE AVEC DES PLANTES DU BORD DE MER

Autre aspect important dans le plan de conservation de la Pointe des Châteaux : la lutte contre l’érosion littorale. Pour ce faire, Jérémy Delolme s’emploie à préserver la végétation du bord de mer qui, grâce à ses racines, retient le sable présent sur le littoral.

Des enclos de régénération ont été délimités et des panneaux installés, dans le but de sensibiliser les usagers du site. « En 2023, nous allons créer des parcours pédagogiques permettant de découvrir les écosystèmes présents, mais aussi l’histoire et la géologie du site », annonce Jérémy. Enfin, cette année, la croix située tout en haut de la Pointe des Châteaux bénéficiera d’aménagements pour sécuriser ce site surplombant d’immenses falaises tombant dans la mer.

Action de sensibilisation.

© Jérémy Delolme

OBJECTIF : DEVENIR UN TERRITOIRE ENGAGÉ POUR LA NATURE

Saint-François travaille également à l’obtention du label « Territoire engagé pour la Nature » délivré par l’Office français de la biodiversité (OFB). Dans ce cadre, un Atlas de la biodiversité communale (ABC) est en cours de finalisation. Il permettra notamment d’identifier les corridors écologiques afin de les renforcer pour que les espèces animales puissent circuler facilement d’un site à l’autre.

En parallèle, toujours dans un souci de sensibilisation des usagers, des inventaires participatifs sont réalisés tout au long de l’année. Une manière de faire découvrir aux Saint-Franciscains les espèces présentes, de leur apprendre à les identifier et à mieux respecter leur cadre de vie. « Ces sorties ont lieu de jour comme de nuit et connaissent un beau succès », se réjouit le coordinateur du plan de conservation.

Et pour aller encore plus loin dans cette démarche de sensibilisation du grand public, Jérémy a créé en 2019 le programme Plant’Aksyon destiné aux écoles impliquées dans des aires marines ou terrestres éducatives. Des pépinières ont ainsi été créées dans trois écoles de la commune et les élèves y cultivent depuis de nombreuses espèces végétales du bord de mer. Régulièrement, des opérations de

plantations de jeunes plants ont lieu et les classes de CM1 et CM2 de ces écoles ne ménagent pas leur peine pour végétaliser les bords de mer. En décembre dernier, plus de 400 plants ont ainsi été installés sur le littoral afin d’enrayer l’érosion des plages. Par ailleurs, ces plantations ont un autre objectif qui séduit particulièrement les enfants : la préservation des sites de ponte des tortues marines.

Enfin, d’ici le mois de juin, un observatoire des oiseaux qui fréquentent les salines de la Pointe des Châteaux sera érigé. Intégré dans un parcours pédagogique, cet observatoire proposera une approche en douceur de ces centaines d’oiseaux migrateurs qui font escale chaque année sur la pointe Est de la Guadeloupe.

Rédaction : Mariane Aimar

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