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Île de La Réunion

AU SECOURS DU GECKO VERT DE MANAPANY

Ci-dessus : mesurant une dizaine de centimètres, au corps vert parsemé de taches rouges, le gecko vert de Manapany (Phelsuma inexpectata) ne vit que dans un espace limité du sud de l’île. © Équipe CREME (Conservation et restauration des espèces et milieux endémiques)

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Reptile endémique de La Réunion, le gecko vert de Manapany est classé en danger critique d’extinction. Pour mieux assurer sa conservation, le projet CREME de l’université de La Réunion s’attache à développer une meilleure connaissance de cette espèce remarquable.

INTERVIEW

ALICIA BONANNO ET MICKAËL SANCHEZ, INGÉNIEURS D’ÉTUDES DU PROJET CREME SUR LE GECKO VERT DE MANAPANY

Mickaël Sanchez et Alicia Bonanno

© Équipe CREME

• Quel est l’état actuel des populations de geckos verts de Manapany ?

- On ne retrouve aujourd’hui cette espèce diurne (vivant le jour), arboricole (vivant dans les arbres) et omnivore (alimentation végétale et animale) que sur une petite bande littorale de 11 kilomètres de long, dans le sud de l’île. Ce gecko reconnaissable à sa robe vert pomme, ses taches rouges et le vert bleuté de son museau ne parvient pas à recoloniser de nouveaux habitats et les causes de son déclin ne sont pas clairement identifiées. Il s’agit possiblement d’un ensemble de facteurs, parmi lesquels la prédation, la prolifération d’espèces invasives, les pollutions environnementales et la fragmentation des habitats entraînant une déconnexion entre les populations.

Ce gecko se nourrit de pulpe de fruits, du nectar et du pollen de fleurs, ou encore d’invertébrés, comme les abeilles ou papillons.

© Équipe CREME

• Comment le projet CREME contribue-t-il à la conservation du gecko de Manapany ?

- Inscrit dans le Plan national d’actions 2020-2029 pour les geckos verts de La Réunion, ce projet vise à améliorer la connaissance de l’espèce, à travers trois objectifs.

- Le premier objectif consistait à effectuer une mise à jour de la répartition de l’espèce sur le territoire. À cette occasion, afin d’évaluer la présence, le maintien ou la disparition des populations, nous sommes repassés dans tous les lieux où des individus avaient pu être observés lors de la dernière étude réalisée entre 2008 et 2010, ainsi que dans des zones où des données de présence sporadique ont été récoltées sur le terrain jusqu’en 2020.

Élaborer un panel complet des populations de geckos verts de Manapany du territoire était le deuxième objectif du projet CREME. Pour cela, nous avons suivi pendant une année 10 populations présentes dans des habitats différents, afin d’obtenir des données sur le nombre d’individus et les densités dans chaque population, ou encore sur la reproduction, selon les gradients d’anthropisation.

Le troisième objectif portait enfin sur la connaissance génétique. En effet, une de nos hypothèses était que l’effondrement démographique pourrait être dû à un problème de structuration génétique ou à de la consanguinité. Des prélèvements d’échantillons ont été effectués sur 450 geckos appartenant à 18 populations connues de l’île, pour déterminer la diversité génétique au sein et entre les populations.

© Équipe CREME

• Quels sont les premiers résultats de vos études ?

- Le gecko vert de Manapany est malheureusement en déclin et sa population ne fait que décliner depuis les premières études menées en 1995, et ce malgré la mise en place d’actions de conservation. Le gecko vert de Manapany possède aujourd’hui la répartition la plus faible de tous les vertébrés indigènes de La Réunion, qui est estimée à moins de 1,5 km ²

Il est donc indispensable de poursuivre le suivi de l’espèce sur le moyen à long terme, après « l’état zéro » de l’effectif qui a pu être établi à travers ce projet.

La prochaine étape consiste maintenant à publier nos résultats portant sur la génétique et la répartition, ainsi qu’à mettre à disposition des gestionnaires la connaissance, afin qu’ils puissent se l’approprier et concevoir des actions de conservation.

© Équipe CREME

Rédaction et interview : Axelle Dorville

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