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Edito
Par Jérémie Katidjo Monnier, membre du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en charge de la transition écologique et du Parc naturel de la mer de Corail
La Nouvelle-Calédonie est petite par ses terres, mais immense par ses océans. Créé en 2014, son Parc naturel de la mer de Corail s’étend sur une superficie de 1,3 million de km² – soit plus de deux fois la surface de la France métropolitaine.
Il abrite l’un des écosystèmes les plus riches et diversifiés au monde, avec une mégafaune marine exceptionnelle. Remontées d’Antarctique pour se reproduire, les baleines à bosse y côtoient des raies manta. Sur les récifs et en haute mer, plus de 40 espèces de requins cohabitent, dont au moins 10 menacées de disparition comme le grand requin marteau. D’importantes populations de tortues grosse tête et de tortues vertes viennent pondre sur les mêmes îlots où nichent des colonies d’oiseaux marins comme la sterne de Dougall, la frégate du Pacifique, ou le pétrel de Gould…
Désireux de protéger ce patrimoine marin unique, le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a créé en 2018 un ensemble de réserves d’une surface de 28 000 km². Son souhait est maintenant de placer au moins 10 % de la superficie du parc sous protection forte, un objectif partagé avec la Stratégie nationale de biodiversité.
Cette démarche implique la création de plus de 100 000 km² de nouvelles réserves intégrales et naturelles (niveaux 1 et 2 UICN) d’ici fin 2023. Un important travail de concertation a été conduit avec l’ensemble des parties prenantes afin d’identifier les zones dont la protection est prioritaire, tout en minimisant les conflits d’usage, notamment avec la pêche hauturière.
Outre cette biodiversité remarquable, le parc recèle une géodiversité qui aiguise la curiosité des scientifiques depuis des décennies : une fosse océanique, des cheminées hydrothermales, des récifs coralliens, des îles volcaniques, et plus de 500 monts sousmarins, dont les écosystèmes sont encore aussi inconnus que mystérieux.
Au niveau mondial, l’exploitation des fonds marins suscite de vifs débats qui ont culminé cet été en Jamaïque, lors du conseil de l’Autorité internationale des fonds marins. Aujourd’hui nous ne connaissons pas les impacts des activités minières sur les grands fonds, mais nous pouvons légitimement supposer qu’elles affectent fortement leur environnement. Il n’est pas possible de les laisser se développer sans contrôle.
C’est pourquoi le Gouvernement de la NouvelleCalédonie a choisi d’appuyer sur « pause » pendant une période d’au moins 10 ans, en validant en juin dernier un projet de loi du Pays portant moratoire sur l’exploration et l’exploitation des fonds marins. Le texte va maintenant être examiné au Congrès pour adoption définitive.
Avec ces deux projets d’ampleur, nous pourrons célébrer la dixième année d’existence du Parc naturel de la mer de Corail comme celle d’une ambition renforcée pour en faire l’un des espaces maritimes les mieux protégés et un véritable étendard de la Nouvelle-Calédonie dans le monde.
Jérémie Katidjo Monnier
Photo portrait : © Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie