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Polynésie française

LE CNRS ACCÉLÈRE SON IMPLANTATION DANS LES OUTRE-MER

Si le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) est le premier organisme de recherche dans l’Hexagone, ce n’est pas le cas dans les territoires ultramarins, où il est peu déployé. Pour y remédier, le Centre dévoile une feuille de route dédiée aux outre-mer. En Polynésie française, le CNRS est présent par l’intermédiaire du CRIOBE, un laboratoire d’excellence de recherche sur le corail.

INTERVIEW

ALAIN SCHUHL, DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ À LA SCIENCE DU CNRS ET DIRECTEUR SCIENTIFIQUE RÉFÉRENT POUR LES OUTRE-MER

Alain Schuhl

• Le CNRS a, depuis plusieurs années, une unité d’appui à la recherche en Polynésie, le Criobe. Pourquoi avoir fait le choix de la Polynésie ?

Le CRIOBE est le Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement. C’est une unité de recherche basée en métropole sur le campus de l’Université de Perpignan et qui s’intéresse à des sujets scientifiques impliquant la Polynésie française, dont notamment ceux qui concernent les coraux.
Un des deux grands axes de la feuille de route dévoilée par le CNRS pour se déployer davantage dans les outre-mer, c’est de coconstruire avec les partenaires locaux des activités de recherche. L’idée de s’installer en Polynésie répondait déjà à cette ambition.
Site du CRIOBE à Moorea, Polynésie française, avec l’écomusée Fare natura.
© Anthony Lagant / CRIOBE / CNRS Images

• Pouvez-vous nous parler des futurs projets du CNRS en Polynésie ?

L’étude des massifs coralliens continuera ces prochaines années. Le CRIOBE portait le projet « les récifs coralliens de demain », on va poursuivre dans cette direction. Le CNRS est en Polynésie à travers le CRIOBE mais il y a aussi différents projets, notamment portés par la Maison des sciences de l’Homme du Pacifique. On envisage également la création d’une zone atelier afin de renforcer la sécurité alimentaire marine en s’appuyant sur l’adaptation au changement climatique.
Le CNRS est aussi impliqué dans l’Observatoire Géodésique de Tahiti (OGT). En octobre, quatre directeurs ou directrices d’Instituts du CNRS se rendront dans l’archipel pour discuter avec la gouvernance de l’Université de la Polynésie française, et il n’est pas exclu que dans les années futures, les liens avec l’Université se renforcent. Notre stratégie est vraiment de créer de nouveaux partenariats avec les acteurs locaux.
Observation in situ de la ponte des coraux sur le récif barrière de Piha’ena, à Moorea, depuis la barge scientifique Nohu-Criobe.
© Alexandre Mercière / CRIOBE / CNRS Images

• Le CNRS affiche une réelle ambition de se développer dans les territoires d’outre-mer. Pourquoi seulement maintenant ?

Il y a de nombreux défis posés par les outre-mer qui sont interdisciplinaires et nous avons besoin d’avoir une réponse globale fédérant les organismes plutôt que des solutions dispersées de la part de chaque institut. Aujourd’hui, on a lancé avec le ministère des Outremer une expertise sur l’impact du changement climatique dans les outre-mer. Nous avons embauché un chercheur qui travaillera depuis La Réunion sur le sujet. Ses données, en partie bibliographiques, donneront un état des lieux des connaissances scientifiques récoltées, qui pourra intéresser les acteurs politiques locaux tout comme le ministère des Outre-mer.
Il y a une prise de conscience et une volonté de redonner aux outre-mer une place importante. Le CNRS possède un réseau de bureaux de représentation à l’international très développé, et l’un d’entre eux intéresse la Polynésie, celui de Melbourne.
Il est essentiel d’aider nos chercheurs à bénéficier d’un accompagnement de ces bureaux afin de mener des actions à l’international.
Créé en 1971, le CRIOBE est le plus éminent laboratoire français pour l’étude des écosystèmes coralliens.
© Thomas Vignaud - CNRS Images

Rédaction et interview : Marion Durand

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