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Cirad
SOUTENIR LA POLLINISATION POUR UN MIEL D’EXCELLENCE
La Réunion et Mayotte sont les seuls départements d’outre-mer français à héberger une abeille mellifère indigène. Il s’agit d’Apis mellifera unicolor, étudiée au Cirad dans le cadre de travaux sur la diversité génétique, mais aussi de lutte contre les parasites et maladies, de caractérisation des pollens et de restauration des corridors écologiques.
PRÉSERVER L’ABEILLE « PÉI » MENACÉE
HÉLÈNE DELATTE, ENTOMOLOGISTE
Longtemps épargnées des bioagresseurs, les colonies d’Apis mellifera unicolor subissent depuis 2017 l’attaque de l’acarien ectoparasite Varroa destructor à La Réunion qui, accompagné de nouveaux pathogènes, engendre une importante mortalité et un affaiblissement des colonies, notamment par la propagation du virus des ailes déformées (DWV).
Afin de trouver des solutions durables à ce fléau, les équipes du Groupement de défense sanitaire et des professionnels apicoles, soutenues par l’UMR PVBMT2, ont lancé un ambitieux programme de sélection de l’abeille visant une meilleure gestion du varroa dans la ruche. Mi-2022 était cependant déplorée l’introduction d’un nouveau ravageur, le petit coléoptère des ruches (Aethina tumida) qui se nourrit du couvain, du miel et du pain d’abeilles, et entraîne une fermentation du miel. Malgré une lutte à grande échelle dès son premier signalement, de nouveaux foyers sont détectés et sa dispersion, avérée dans des colonies sauvages. Des travaux sur la biologie de ce ravageur sont envisagés par l’UMR PVBMT (Unité mixte de recherche Peuplement végétaux et bioagresseurs en milieu tropical) en appui aux partenaires professionnels apicoles.
CARACTÉRISER LA FLORE PRIVILÉGIÉE PAR LES ABEILLES INDIGÈNES
GÉRARD LEBRETON, INGÉNIEUR SPÉCIALISÉ EN MÉLISSOPALYNOLOGIE (Étude des pollens, pratiquée depuis 2014 au Cirad à La Réunion)
Je travaille à approfondir la connaissance des ressources florales butinées par les abeilles mellifères de La Réunion et de Madagascar. Nous cherchons à identifier les plantes qu’elles privilégient et à caractériser les miels locaux par l’analyse et la reconnaissance des pollens qu’ils contiennent. Pour ce faire, une collection de référence des pollens a été mise en place au sein du Pôle de Protection des Plantes (3P). Après identification par des botanistes des espèces mellifères d’intérêt, principalement indigènes et endémiques, nous récoltons sur le terrain les boutons floraux juste avant leur ouverture, avant d’en extraire le pollen et de le nettoyer, afin de pouvoir l’étudier.
Je travaille par ailleurs, par suivi caméra, sur le comportement de pollinisation d’Apis mellifera unicolor sur des espèces indigènes d’importance économique et sociétale à La Réunion, telles que le tan rouge. Cela permettra notamment d’indiquer aux apiculteurs les périodes favorables pour déplacer leurs ruches sur les zones où pousse cette espèce.
RESTAURER LES ESPACES ET CORRIDORS ÉCOLOGIQUES
JEAN-NOËL ÉRIC RIVIÈRE, CHERCHEUR EN ÉCOLOGIE DES COMMUNAUTÉS
Au-delà de permettre la production de miel et de fruits, les pollinisateurs brassent les gènes entre les plantes et contribuent à la richesse génétique assurant la fertilité des plantes et leur résistance aux maladies et phénomènes climatiques. C’est dans ce cadre que nous contribuons aux projets ENDEMIEL, REMINAT et RUBAN, destinés à lutter contre la dégradation et la fragmentation des écosystèmes et donc la rupture de flux de gènes au sein des espèces végétales, ainsi que contre la disparition des pollinisateurs associés.
Il s’agit de mettre en place des corridors écologiques dotés d’espèces aux profils génétiques diversifiés, au niveau des interfaces des milieux naturels, agricoles, urbains et périurbains, afin que les pollinisateurs puissent jouer leur rôle d’échange génétique entre les milieux.
Après recensement par l’ONF et le Cirad des espèces indigènes et endémiques mellifères fréquentées par les abeilles, nous étudions en chambre climatique la biologie et en milieux naturels la phénologie (science étudiant l’influence des variations climatiques sur certains phénomènes saisonniers de la vie des plantes) de ces plantes avant transposition des résultats sous forme d’itinéraires de multiplication en pépinière. Nos études se sont notamment concentrées sur les sapotacées, les bois d’œuvre et sur des espèces indigènes patrimoniales telles que le fleur jaune ou le tan rouge qui contribue au fameux miel vert.