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LA KAZ’A NYAMBA, UNE STRUCTURE POUR CHANGER LE REGARD SUR LES TORTUES MARINES

Photo ci-dessus : vue 3D de la future « Maison de la Tortue ». © Oyat Architectes |

À l’initiative de l’association Oulanga na Nyamba de Mayotte, une maison de la tortue est en cours de construction dans la commune de Dzaoudzi-Labattoir. Un site qui accueillera à la fois un centre de soins pour les tortues marines, mais aussi un espace dédié à la sensibilisation à ces reptiles marins menacés par les activités humaines.

Soutenue par le Département de Mayotte, Oulanga na Nyamba est une association mahoraise à but non lucratif qui œuvre depuis 1998 à la préservation de l’environnement et plus particulièrement des tortues marines. Née à l’origine pour alerter la population de Mayotte sur la problématique du braconnage des tortues, l’association a depuis largement développé ses activités. Ainsi, elle mène chaque année des programmes dans les établissements scolaires et, rien qu’en 2022, elle a sensibilisé plus de 6 000 enfants.

Une action visant, en trame de fond, à continuer la lutte contre le braconnage, qui reste une activité préoccupante sur l’île. « Notre rôle consiste aussi à démontrer que les tortues marines sont un atout majeur dans le développement de l’écotourisme à Mayotte et qu’elles peuvent être créatrices d’emplois», estime Jessica Coulon, chargée de mission pour la valorisation écotouristique de la tortue marine.

 Triste scène après des actes de braconnage... 
© Oulanga na Nyamba

Dans ce but, l’association organise des activités d’observation de la ponte des tortues durant lesquelles la sensibilisation continue. Un moment privilégié qui permet au public d’assister au retour sur les plages de ces animaux connus pour pondre chaque année sur les sites où ils sont nés. « Notre objectif va plus loin puisqu’il s’agit aussi de faire prendre conscience aux acteurs locaux qu’ils peuvent s’approprier cette activité et en faire une activité économique durable et respectueuse pour développer l’écotourisme sur le territoire », souligne Jessica Coulon. Car Mayotte possède un réel avantage dans ce tourisme vert. En effet, sur les plages de l’île, et contrairement à d’autres régions du monde, les pontes de tortues sont encore nombreuses et fréquentes, et facile d’accès.

Tortue verte évoluant dans le lagon de Mayotte. 
© Oulanga na Nyamba

Bien sûr, si cette activité devait s’étendre à d’autres sites, les nouveaux acteurs seraient formés par l’association. « Nos observations se font dans le respect et la tranquillité de l’animal afin de ne pas perturber cette étape cruciale de la reproduction », rappelle la spécialiste en écologie marine. « Nous limitons les groupes à 10 personnes par sortie, n’utilisons aucune source lumineuse et invitons tous les participants à adopter ces bons gestes dans l’approche des tortues». Un guide regroupant ces consignes a d’ailleurs vu le jour et sera proposé aux acteurs mahorais souhaitant se lancer dans l’aventure.

Jeune Mahoraise découvrant le lagon depuis un bateau à fond de verre. 
© Oulanga na Nyamba
Autre activité écotouristique à développer sur l’île : la nage avec PMT – palme, masque, tuba – pour sensibiliser les plus jeunes à la protection du milieu marin. 
 © Oulanga na Nyamba
LA KAZ’A NYAMBA, FUTUR CENTRE DE SOIN ET DE SENSIBILISATION

Pour aller plus loin dans ses actions de sensibilisation, Oulanga na Nyamba travaille depuis 2015 sur la création d’une maison de la tortue. Un projet lourd à porter, car il a impliqué de trouver les partenaires et financements nécessaires. C’est désormais chose faite avec l’aide de l’État, de l’Office français de la biodiversité et du Parc naturel marin de Mayotte, des Fonds européens (FEADER, Gal Est Mahorais), du Conseil départemental, de la commune de DzaoudziLabattoir, de la communauté de communes de PetiteTerre, de l’ADEME, de la Fondation du Crédit Agricole. En juillet dernier, la première pierre de l’édifice a été posée et l’ouverture est prévue en 2024.

La première pierre de l’édifice posée en juillet 2023.
© Oulanga na Nyamba

Cette maison de la tortue aura une double vocation. Tout d’abord, accueillir le premier centre de soins de l’archipel des Comores dédié à la prise en charge des tortues marines blessées. « Le centre disposera de six bassins de soins et permettra aussi d’augmenter les connaissances sur les causes de mortalité des tortues», indique Jessica Coulon. En parallèle, la partie musée, appelée « Maison de la Tortue », disposera d’éléments pédagogiques et ludiques accessibles à tout âge pour découvrir l’univers des tortues marines. Un outil de sensibilisation parfaitement adapté à l’éducation à l’environnement et qui permettra de faire évoluer les mentalités.

Rédaction et interview : Mariane Aimar
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