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Nouvelle-Calédonie
LA SCO AMÉLIORE LES CONNAISSANCES, SENSIBILISE ET PROTÈGE LE PATRIMOINE ORNITHOLOGIQUE DE L’ARCHIPEL
La Société calédonienne d’ornithologie est la plus ancienne association naturaliste de Nouvelle-Calédonie. Elle s’engage depuis près de 60 ans en faveur de la conservation des oiseaux et de leurs habitats. La sensibilisation et la formation du grand public sont également des piliers essentiels du travail de la SCO.
Photo ci-dessus : élimination d’une espèce exotique envahissante, la laitue d’eau, d’un marais à Moindou par les bénévoles de la SCO. © Liliane Guisgant
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La Société calédonienne d’ornithologie (SCO) a été créée en 1965 par des collectionneurs d’oiseaux qui organisaient des concours d’oiseaux en cage.
Au fil des années, les membres de l’association, notamment les chasseurs et forestiers, se sont rendus compte que le notou, oiseau endémique de l’archipel à forte valeur patrimoniale, pouvait être menacé par les activités de chasse intensive ou de braconnage. Une première étude a alors été réalisée dans les années 1970 et diffusée jusqu’au fond des vallées les plus éloignées, pour recueillir les connaissances naturalistes des habitants. Cette étude pionnière apporte ainsi les premières connaissances sur la biologie et l’écologie des espèces d’oiseaux calédoniens.
La SCO a continué à évoluer en ayant toujours à cœur de maintenir sa présence sur l’ensemble du territoire, et de créer un lien fort avec les habitants des trois provinces. En 2017, les axes stratégiques de la SCO ont été redéfinis autour de ses trois thématiques historiques : l’amélioration des connaissances sur les oiseaux de Calédonie, la contribution à la conservation des oiseaux et des habitats, et enfin la sensibilisation, la formation et l’information du grand public.
À l’occasion de l’anniversaire de ses 60 ans, la SCO va publier prochainement un guide de référence sur les oiseaux de Nouvelle-Calédonie, qui sera le premier ouvrage de connaissance ornithologique du territoire édité en français.
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UNE VOLONTÉ D’ANCRAGE LOCAL
La SCO a la particularité d’axer sa communication autour de la sensibilité culturelle des peuples kanaks. David-Louis Ugolini, le président de l’association, explique : « Ce qui est important pour nous, c’est notre ancrage local, nous avons à cœur de respecter les sens coutumiers. C’est grâce à ce lien fort avec le territoire que nous pourrons avoir des actions qui durent dans le temps et qui auront un impact sur le long terme ».
La SCO est également très concernée par la préservation du nom des espèces en langues locales. Un de ses objectifs est de créer un dictionnaire pour retranscrire les noms d’oiseaux issus de la tradition orale. « Si nous voulons que les gens s’approprient nos sujets, il est important de les reconnecter à la nature en passant par leur langue, qui est la preuve la plus ancienne de leur enracinement au pays ».
L’association a par exemple ouvert des ateliers pour que les Anciens apprennent aux plus jeunes les noms des animaux et des plantes dans leur langue.
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UNE DÉCOUVERTE MAJEURE
Il y a quelques mois, des membres de la SCO se sont rendus à l’extrême nord de la Grande-Terre, afin de participer à la réalisation de l’Atlas de la biodiversité communale (ABC) de Poum. « Nous étions particulièrement enthousiastes à l’idée de cette prospection ornithologique à Poum. Dans cette commune, les îles de Yandé et Néba étaient considérées comme étant les seuls et derniers refuges des quelque 50 à 80 couples reproducteurs formant l’effectif relictuel total du merle des îles calédonien (Turdus poliocephalus xanthopus) appelé « dek-men », un oiseau endémique au bord de l’extinction. L’espèce était abondante au XIXème siècle puis a mystérieusement disparu au XXème siècle pour être considérée comme quasi éteinte depuis les années 1970 », raconte Louis-David Ugolini.
Une équipe de la SCO s’est ainsi rendue à Poum, où les recherches ont été fructueuses au-delà de toute espérance : la présence du mythique dek-men a été mise en évidence par les bénévoles de l’association en baie de Banaré, sur les îles de Faayo et Yava, c’est-à-dire en dehors de l’aire de répartition connue de l’oiseau. Après avoir informé les propriétaires terriens, réuni les clans concernés et sensibilisé les habitants à l’importance de préserver les îles de Faayo et Yava pour éviter l’introduction d’espèces envahissantes ou domestiques, la redécouverte du dek-men a été officialisée lors de la Fête de la mer à Poum.
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Pour Louis-David Ugolini : « Il s’agit de la plus grande découverte ornithologique pour la Nouvelle-Calédonie de ces 50 dernières années ! Et cette découverte s’est basée sur des paroles d’Anciens, sur des bénévoles engagés et a été immédiatement transmise à la population qui participera activement à la protection de l’espèce. C’est vraiment ça, l’esprit de la SCO ! ».
Rédaction : Lucie Labbouz
+ d’info ici : https://www.sco.nc/