4 minute read
TAAF
OPÉRATION DE RESTAURATION DES ÉCOSYSTÈMES À TROMELIN
Dans le cadre du projet RECI – Restauration des écosystèmes insulaires de l’océan Indien – une opération d’éradication de la souris grise a eu lieu durant tout le mois d’août à Tromelin. Une mission qui a mobilisé huit agents des TAAF afin de préserver les écosystèmes de l’île.
Dans les îles Éparses, à Tromelin, la présence de la souris grise (Mus musculus) a engendré des pressions sur la régénération de la flore, mais aussi sur les communautés d’insectes, araignées et crustacés.
Historiquement, cette petite île corallienne plate de 1 600 mètres de long sur 700 mètres de large, très isolée et entourée de fonds de 4 000 mètres, a fait l’objet de deux introductions de mammifères : le rat surmulot (Rattus norvegicus) et la souris grise. En 2005, une première campagne d’éradication des rongeurs avait permis de retirer avec succès la population de rats surmulots.
Cette élimination des rats avait rapidement bénéficié aux deux espèces d’oiseaux marins restantes sur l’île, à savoir le fou à pieds rouges (Sula sula) et le fou masqué (Sula dactylatra) dont les populations reproductrices se sont dès lors développées. L’absence de rats a par ailleurs entraîné une densification de la couverture végétale herbacée, qui est passée de 30 % à plus de 70 % (Le Corre et al. 2015).
Près de 20 ans après cette dératisation réussie, l’île a été recolonisée par cinq nouvelles espèces d’oiseaux marins : la gygis blanche (Gygis alba), le noddi brun (Anous stolidus), la sterne fuligineuse (Onychoprion fuscatus), le puffin du Pacifique (Ardenna pacifica) ainsi que le noddi à bec grêle (Anous tenuirostris). Aujourd’hui, ce sont sept espèces d’oiseaux marins nicheurs, soit plus de 6 000 couples, qui fréquentent Tromelin chaque année alors qu’en 2005, l’île à 560 kilomètres au nord de La Réunion totalisait à peine 400 couples de fous à pieds rouges et masqués.
Fin août, une équipe de huit agents des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) a tenté de relever le défi d’éradiquer les souris grises encore présentes afin de libérer Tromelin de tout rongeur introduit. Un suivi post-éradication est en cours.
La méthodologie de l’opération a été adaptée à la dimension du territoire. Il a ainsi été choisi un protocole de traitement de l’île consistant à répandre au sol, manuellement, des granulés de rodonticide, une substance active à base d’anticoagulant ayant la propriété d’éliminer les rongeurs. Pour aider à la réalisation homogène des deux épandages – espacés de 10 jours – un quadrillage minutieux de l’île a été effectué en début de mission, avec l’installation de près de 7 000 piquets colorés pour matérialiser des quadrats de traitement de 10 x10 mètres.
En complément de cette action d’éradication de la souris grise à Tromelin, des mesures de biosécurité sont appliquées rigoureusement à bord du Marion Dufresne, le navire ravitailleur et océanographique des TAAF en escale régulière à Tromelin. Ces mesures préventives et réglementaires visent en effet à réduire le risque de toute nouvelle introduction et dissémination d’espèce exotique envahissante dans les écosystèmes qui en sont exempts.
Rédaction : Stéphanie Castre
LES PARTENAIRES DU PROJET RECI :
Union européenne, Préfecture de Mayotte (pour la partie mahoraise du projet), Les Naturalistes de Mayotte (gestionnaire de l’îlot M’Bouzi à Mayotte), AFD et OFB.