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AFD
L’AFD ENGAGÉE POUR UN ASSAINISSEMENT DANS LA CARAÏBE
Porté par l’Office de l’Eau (ODE) Martinique, en lien avec ses partenaires guadeloupéens, cubains, dominiquais et saint-luciens, le projet CARIBSAN promeut dans la région une solution de traitement des eaux usées fondée sur la nature : les filtres plantés de végétaux.
Absence de raccordement aux réseaux, infrastructures vétustes ou non entretenues, le traitement des eaux usées engendre pour de nombreux territoires de la Caraïbe, Guadeloupe et Martinique comprises, de fortes pressions sur les écosystèmes marins et côtiers.
Cofinancé principalement par l’Union européenne à travers le programme INTERREG Caraïbes et par l’Agence française de développement (AFD), le projet de coopération CARIBSAN a vocation à déployer à l’échelle du bassin caribéen une technologie innovante, écologique et adaptée au contexte tropical pour l’assainissement des eaux usées. Impliquée dans la première phase du projet, l’AFD soutient la deuxième phase qui débute, à hauteur de trois millions d’euros.

UNE TECHNOLOGIE À LA FOIS FIABLE ET RUSTIQUE
CARIBSAN s’appuie sur la technologie des filtres plantés de végétaux qui fonctionne sur le principe de la filtration avec lagunage : des couches de filtres successifs à gravier et sable, dans lesquelles les bactéries « digèrent » les eaux usées. Le projet est né de travaux visant à rechercher les plantes locales les plus indiquées, puis à les tester en conditions tropicales.
Ainsi, deux premières stations d’épuration ont été mises en service en Martinique, dans les communes du Diamant et du François. Ces stations ont prouvé leur efficacité avec un rendement supérieur à celui des stations d’épuration classiques et avec une meilleure qualité de l’eau en sortie. Elles sont également moins coûteuses à la construction, simples d’entretien et résilientes au changement climatique
UNE NOUVELLE DYNAMIQUE DE DÉVELOPPEMENT OPÉRATIONNELLE
Après deux années dédiées à la mise en place des partenariats dans la Caraïbe, aux études préliminaires et à la formation des professionnels, la deuxième phase du projet se concentre à présent sur la construction à proprement parler d’usines de traitement d’eaux usées utilisant les filtres plantés de végétaux à Cuba, en Dominique et à Sainte-Lucie.
INTERVIEW CROISÉE
GAËLLE HIÉLARD, CHEFFE DE PROJETS POLITIQUES DE BASSIN ET COOPÉRATION RÉGIONALE À L’ODE MARTINIQUE, ET CLARA DUFRESNE, CHEFFE DE PROJET RÉGIONAL ET CONSEILLÈRE DU DIRECTEUR RÉGIONAL DE L’AFD


• Comment se traduit la coopération régionale dans le cadre du projet CARIBSAN ?
Clara Dufresne :
- CARIBSAN est un projet de coopération dans lequel chaque partenaire apporte de la valeur ajoutée : la France comme les États étrangers fédèrent et mutualisent la connaissance. Le projet intègre également Cuba, souvent éloigné des projets de coopération dans la Caraïbe. Au sein de CARIBSAN – et c’est suffisamment rare pour être souligné – chacun des acteurs a son rôle et le projet est soutenu tant au niveau technique que sur le plan politique. De la même manière à l’AFD, je tiens à souligner l’implication de nos experts de la division technique Eau et assainissement.
Gaëlle Hiélard :
- Cette coopération fonctionne en effet parce que nous avons été, dès le départ, dans un état d’esprit d’échange entre toutes les parties. Nous nous sommes inscrits dans un réseau caribéen existant, duquel les territoires français étaient plutôt absents, et l’enthousiasme des partenaires nous a dépassés ! Ils sont prêts à construire les stations sur leurs îles, se sont approprié les techniques, les plantes, connaissent les territoires des uns et des autres… C’est formidable !

• Qu’est-ce qui fait, d’après vous, de CARIBSAN un projet pouvant être qualifié d’exemplaire ?
Gaëlle Hiélard :
- Ce que je trouve impressionnant dans ce projet, c’est sa dimension humaine. À l’issue de la première phase, nous nous sommes interrogés sur le fait d’arrêter CARIBSAN à ce stade. Nous étions alors fin 2023 et avions conçu les programmes de formation, travaillé sur la fourniture d’équipements, sur la sensibilisation et les études préliminaires pour la construction de filtres plantés de végétaux pilotes dans les pays partenaires.
Nous avons alors été poussés par les partenaires à poursuivre. Il est vrai qu’il aurait été dommage de ne pas aboutir à des résultats concrets, surtout que le projet est soutenu par l’ensemble des territoires. L’objet de la deuxième phase est la conception finale et la construction des filtres plantés de végétaux. Aujourd’hui, le projet rayonne déjà dans toute la région et sera même présenté au Conseil des ministères de l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO) !

Clara Dufresne :
- Du point de vue de l’AFD, ce projet est un exemple parfait de transition écologique juste et durable, qui s’inscrit dans une démarche d’atténuation des effets du changement climatique par la promotion des solutions fondées sur la nature. C’est aussi très important pour l’AFD de continuer à soutenir un projet qui entre en phase opérationnelle, après des études préliminaires. Nous sommes vraiment fiers d’accompagner l’ODE Martinique et l’ensemble des partenaires dans la réalisation de ce beau projet !
