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Guadeloupe

RECONNECTER L'HUMAIN À LA NATURE À TRAVERS LES JOIES DU CANYONING !

Le canyoning, activité sportive qui consiste à descendre les rivières de montagnes en franchissant les éléments naturels – cascades, sauts, vasques... – s’est développé en Guadeloupe il y a quelques dizaines d’années. Les canyons offrent un panorama imprenable sur les rivières et les milieux aquatiques, vu de l’intérieur de l’île.

INTERVIEW

FRÉDÉRIC NARDIN, MONITEUR DE CANYONING EN GUADELOUPE

Frédéric Nardin
• Comment avez-vous découvert le canyoning ?

- J’ai grandi près de Lyon, et je me suis inscrit adolescent à un stage « montagne ». Le dernier jour, le guide nous a proposé une activité nouvelle, le canyoning, en nous disant : « Vous allez voir, ça va vous plaire, les gosses ! ». Le souvenir que j’en ai près de 40 ans plus tard, c’est cette eau translucide, ce soleil, ces vasques toutes bleues… C’était magique ! J’avais une quinzaine d’années à l’époque, et je me suis dit que c’était ça que je voulais faire dans la vie.

EN GRANDISSANT, ON A CONTINUÉ À EXPLORER LES RIVIÈRES AVEC LES COPAINS, SANS TROP DE MATÉRIEL, UN PEU COMME ON POUVAIT, C’ÉTAIT TOUJOURS DE SACRÉES AVENTURES…

Puis la pratique du canyoning s’est démocratisée, j’ai trouvé un club pour me former et, quelques années plus tard, je passais le premier diplôme d’État de moniteur canyon.

Le canyoning, une activité de pleine nature.
© Lea Dive / Kikorangi
• Le parcours qui vous a mené en Guadeloupe ?

- J’ai évolué dans le monde du canyon jusqu’à devenir référent des formations pour l’outre-mer, et j’ai eu l’occasion de former notamment des équipes de secours en montagne de la gendarmerie.

J’ai découvert la Nouvelle-Calédonie, La Réunion, les Antilles… et je suis tombé amoureux de ces îles !

La végétation de la Guadeloupe et de la Martinique est incroyable et la nature y demeure encore préservée. L’absence d’emprise humaine, le côté exubérant et omniprésent de la nature m’ont conquis.

Alors, il y a quatre ans, j’ai décidé de franchir le pas et de monter ma structure ici, pour vivre pleinement du canyoning en Guadeloupe !

Le club de Frédéric Nardin propose des sorties de découverte pour tous les publics à partir de huit ans dans les paysages verdoyants du cœur de la Guadeloupe. L’association Mon Canyon est elle-même ouverte à tous les pratiquants, du débutant au plus confirmé.
© Lea Dive / Kikorangi
• Que dire du canyoning en Guadeloupe ?

- Il y a en Basse-Terre un potentiel en termes de canyons et de beauté des itinéraires qui n’a rien à envier à d’autres territoires comme La Réunion, par exemple ! Au moment où l’activité est arrivée sur le territoire, il n’y avait pas en Guadeloupe de véritable culture de la montagne, au sens sportif. Mais ça change aujourd’hui ! Je rencontre des groupes de jeunes qui redécouvrent les traces des « anciens », qui partent à la chasse, à la pêche, qui explorent les rivières. C’est vraiment super !

Le canyoning a été développé en Guadeloupe, à l’époque, par des structures commerciales avec une visée touristique, et il y a encore aujourd’hui l’idée que ce sport de loisir est réservé aux touristes. Ce qui me tient à cœur justement, c’est de contribuer à ouvrir l’activité aux Guadeloupéens et aux Guadeloupéennes, pour leur offrir la possibilité de se reconnecter pleinement avec cette partie de leur territoire.

• Alors comment faire pour rendre le canyoning plus accessible ?

- Au-delà de notre structure commerciale, nous avons créé l’association MonCanyon, qui vise à promouvoir la formation en descente de canyons. Les sorties sont entièrement gratuites si les adhérents possèdent leur matériel – et à moindre coût sinon.

On a monté ce club pour démocratiser la pratique, et pour pouvoir intervenir gratuitement dans les lycées, les collèges, mais également auprès des personnes en réinsertion ou en situation de handicap. Nous allons commencer nos premiers partenariats avec la Maison des Adolescents de Guadeloupe et des Îles du Nord, située à Pointe-Noire, puis avec le Lycée professionnel Ducharmoy de Saint-Claude à la rentrée ! Ça me paraît essentiel que cette jeunesse puisse se réapproprier la montagne, la rivière... la nature de chez elle en somme !

• Pour finir, diriez-vous que le canyoning permet de sensibiliser à l’environnement ?

- Lorsque j’emmène des groupes en canyoning, on se retrouve seul dans des espaces préservés dotés de paysages spectaculaires. On a ici des milieux qui sont extrêmement riches. Au niveau de la flore, par exemple, il y a toujours une fleur qui attire le regard, un rouge ou un jaune qui vient mettre une touche de couleur dans le vert et le bleu, c’est magnifique…

Et puis on compose avec ce milieu : avec le débit d’eau, avec le temps qu’il fait, avec les arbres autour… On en vient systématiquement à parler de faune, de flore, d’écosystèmes et de protection de la nature. Il y a toujours un volet éducatif qui arrive comme de lui-même. Le canyoning ici, c’est vraiment plus qu’un sport ou une activité, c’est une expérience de vie… !

Rédaction et interview : Lucie Labbouz
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