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Cirad

ONE HEALTH, UNE SEULE SANTÉ : ANIMALE, HUMAINE ET ENVIRONNEMENTALE

Reconnaissant l’interdépendance entre les santés environnementale, végétale, animale et humaine, le concept One Health – « une seule santé »  – est né dans les années 2000. Cette approche interdisciplinaire et globale des enjeux sanitaires est destinée à prévenir l’émergence de maladies et le risque d’épidémies, ainsi que leur gestion et contrôle.

Cette approche centrée sur la collaboration interdisciplinaire et l’implication des communautés locales est aujourd’hui mise en œuvre par de nombreuses institutions internationales, dont le Cirad, qui planche notamment sur des projets de recherche et de collaboration dédiés aux zoonoses, ces maladies animales pouvant être transmises à l’homme.

DR ÉRIC ETTER, VÉTÉRINAIRE ÉPIDÉMIOLOGISTE AU CIRAD

Dr Éric Etter

« Pour identifier le risque d’émergence de zoonoses et d’autres maladies transfrontalières, je travaille au montage et au suivi de projets de recherche impliquant l’épidémiologie animale, à l’interface entre animaux sauvages, animaux domestiques et humains, et cela au niveau de la Guadeloupe, de la région Caraïbe et à l’échelle mondiale. Je citerai notamment les projets AUSCAR,CaribGREENetPREACTS.Avecles150agents de l’unité ASTRE – Animal, santé, territoire, risques et écosystèmes – nous adoptons une approche holistique mêlant diverses disciplines : la génétique des bactéries et virus, la santé de l’animal et des populations, ainsi que la santé des plantes et des écosystèmes, en particulier impactés par les activités anthropiques.

Le Dr Éric Etter est secrétaire du réseau CaribVET, qui regroupe 48 partenaires représentant des services vétérinaires caribéens et d’Amérique latine, des centres de recherche, universités, organisations régionales et internationales. Il appuie les animateurs des neuf groupes de travail du réseau pour renforcer la collaboration et les compétences des acteurs et ainsi renforcer l’étude, la surveillance et la lutte contre les zoonoses. 
© Cirad

Sur la base des modélisations d’évolution spatiale et temporelle des maladies développées avec mes collègues, j’anime des ateliers et formations pour renforcer les capacités des acteurs et des réseaux, notamment de CaribVET, le réseau caribéen de santé animale, et du Caribbean Plant Health Directories (CPHD), le réseau caribéen de santé des plantes. Nous y abordons l’évaluation des systèmes de surveillance, l’analyse de systèmes innovants ou le développement de moyens de communication pour mieux disséminer l’information sanitaire au niveau national, régional et international.

Concrètement, plusieurs maladies mobilisent actuellement notre attention dans la zone Caraïbe : chez l’animal, l’influenza aviaire hautement pathogène, la peste porcine africaine, la lucilie bouchère et la cowdriose, présente en Guadeloupe ; chez les plantes, la TR4, maladie du bananier circulant en Amérique du Sud et la maladie du dragon jaune (HLB) qui touche nos agrumes ; la dengue chez l’homme enfin, avec une prévalence en forte augmentation. »

SYLVIE LECOLLINET, VÉTÉRINAIRE ET CHERCHEUSE EN VIROLOGIE ANIMALE AU CIRAD

Sylvie Lecollinet

« Au sein du Centre de recherche et de veille sur les maladies vectorielles dans la Caraïbe (CRVC) basé à Petit-Bourg en Guadeloupe, j’assure deux missions : la surveillance de maladies animales ou zoonotiques, c’est-à-dire partagées par l’animal et l’homme ; et l’étude des maladies vectorielles, afin de mieux comprendre comment les virus interagissent avec les vecteurs, dans l’optique de développer des méthodes de lutte innovantes contre ces vecteurs.

Coordonné par le Cirad, le projet de recherche européen BComing étudie le lien entre conservation de la biodiversité et émergence de maladies infectieuses. BComing intervient sur trois zones appartenant à des hotspots mondiaux de la biodiversité, dont la Guadeloupe. Coordonné par le Cirad, le projet de recherche européen BComing étudie le lien entre conservation de la biodiversité et émergence de maladies infectieuses. BComing intervient sur trois zones appartenant à des hotspots mondiaux de la biodiversité, dont la Guadeloupe. 
© Cirad

La fièvre West Nile est actuellement mon sujet prioritaire. Très proche de la dengue, ce virus apporté par des oiseaux sauvages migrateurs et observé en Guadeloupe depuis 2002, se transmet à l’homme et à l’animal par les moustiques du genre Culex. Nous développons plusieurs volets de surveillance à travers une approche intégrée One Health afin de suivre la circulation de cette maladie majoritairement asymptomatique, mais qui peut provoquer des affections neurologiques dans 1 cas sur 140 chez l’homme.

Piégeage de moustiques lors du projet Insula.
© Cirad

Ce travail de surveillance repose sur un maillage des vétérinaires sanitaires du territoire chargés de faire remonter les suspicions chez le cheval ; sur la mobilisation du réseau SAGIR animé par l’OFB et la Fédération nationale des chasseurs pour déclarer les cas de mortalité dans l’avifaune ; et sur l’animation d’un programme de poules sentinelles visant à détecter la présence éventuelle d’anticorps marqueurs de l’infection. 

Prélèvement sur l’avifaune lors du projet Insula. La conservation de la biodiversité pourrait s’avérer primordiale pour limiter les risques d’émergence de pathogènes à l’interface entre faune sauvage, animaux domestiques et hommes. Le CRVC du Cirad en Guadeloupe inclut dans ses travaux une approche environnementale afin de mieux saisir comment l’impact des activités humaines sur la biodiversité peut entraîner la transmission de zoonoses vectorielles.
© Cirad

arallèlement, nous menons des études destinées à mieux comprendre les interactions virus-hôtes. Le Cirad met aussi en place des ateliers avec les citoyens pour connaître leur perception des maladies vectorielles. Enfin, nous cherchons à optimiser nos moyens de communication et de sensibilisation auprès des professionnels de santé et du grand public. »

Rédaction : Axelle Dorville
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