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TAAF
TAAF – VENDÉE GLOBE : UN PARTENARIAT POUR FAIRE CONNAÎTRE UN MILIEU AUSSI RICHE QUE VULNÉRABLE
L’administration des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) s’est associée à la 10e édition du Vendée Globe, entamée le 10 novembre, et dont une partie du tracé se déroule dans les mers australes, près des rares terres émergées du sud de l’océan Indien.
Partis le 10 novembre dernier des Sables d’Olonne, les 40 skippers participant à la 10 e édition du Vendée Globe navigueront entre les quarantièmes rugissants et les cinquantièmes hurlants, dans les mers australes, parmi les plus agitées de la planète.
Ce passage au large des trois districts subantarctiques français – Crozet, Kerguelen et Saint-Paul et Amsterdam – est d’autant plus symbolique que cette année, l’administration supérieure des TAAF est partenaire du Vendée Globe. Pour elle, cet événement médiatique offre l’occasion de rappeler le « rapport privilégié » qu’entretiennent ces territoires avec le monde maritime, et les actions de la France en faveur de la biodiversité exceptionnelle de la région.
Les TAAF abritent en effet l’une des plus fortes concentrations d’oiseaux et de mammifères marins au monde et accueillent en permanence des équipes scientifiques et techniques, chargées d’étudier ces écosystèmes uniques. Des forces militaires sont aussi présentes pour assurer la souveraineté nationale et faire face aux menaces de pêche illégale.
La Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, étendue en 2022, est à ce jour le deuxième plus vaste espace maritime protégé mondial – avec plus d’1,6 million de km2 – derrière le parc marin étatsunien « Marae Moana » des Îles Cook.

OPÉRATIONS DE SAUVETAGE
Le lien entre les TAAF et le Vendée Globe s’incarne de façon plus pragmatique avec le Marion Dufresne, le navire « couteau-suisse » chargé du ravitaillement de Crozet, des Kerguelen et de Saint-Paul et Amsterdam et qui mène, comme n’importe quel navire, des opérations de sauvetage en mer lorsque cela s’avère nécessaire. En 2008 et en 2016, il a par exemple été mobilisé pour secourir des skippers participant à la course du Vendée Globe.
Pour faire connaître les TAAF, ainsi que les femmes et les hommes qui y évoluent, plusieurs actions ont été mises en place. Une immersion à bord du Marion Dufresne a par exemple été organisée, dans le cadre de laquelle les inscrits ont reçu des « colis numériques », avec des nouvelles en temps réel de l’équipage ayant assuré, en décembre, la quatrième rotation australe du navire en 2024.
Navigatrice, connue, entre autres, pour avoir été la première femme à avoir accompli un tour du monde en solitaire lors d’une compétition, et présidente du Conseil consultatif des TAAF, Isabelle Autissier incarne ce pont entre les Terres australes et antarctiques françaises et le Vendée Globe.
INTERVIEW
ISABELLE AUTISSIER, NAVIGATRICE ET PRÉSIDENTE DU CONSEIL CONSULTATIF DES TAAF

• Pouvez-vous revenir sur les liens existants entre le Vendée Globe, les TAAF et le Marion Dufresne, sur lequel vous effectuez actuellement l’une des quatre rotations annuelles (OP4) ?
- Au-delà des missions de secours que le Marion Dufresne peut être amené à réaliser comme tout autre navire, il y a plusieurs points communs entre les deux univers. Quand on se trouve en mer, on est extrêmement vulnérable et nous avons cette obsession de la sécurité et de l’attention au milieu dans lequel nous naviguons. Nous sommes en permanence vigilants à la météo et devons faire preuve d’une grande adaptabilité. C’est aussi vrai pour le skipper en solitaire qui va devoir bricoler pour réparer son bateau que nous, sur le Marion, quand une escale ne se passe pas comme prévu.
IL FAUT TOUT FAIRE POUR PROTÉGER CETTE PETITE OASIS DE VIE
• La biodiversité des mers australes est aussi riche que menacée par le dérèglement climatique. Quelle émotion cela provoque-t-il chez vous ?
- Quand d’un côté, on voit la biodiversité s’appauvrir tout autour de nous et, de l’autre, qu’on a ici des écosystèmes encore très fournis et vigoureux avec de nombreuses espèces endémiques, je pense que l’on est tous saisis de la même émotion : il faut tout faire pour protéger cette petite oasis de vie.
Le dérèglement climatique, qui touche avant tout les pôles, a un impact particulièrement grave. Ici, dans les TAAF, un réchauffement d’un degré a de grandes conséquences. Cela a par exemple un effet asséchant qui permet au vent d’arracher les rares plantes parvenant à pousser. Les oiseaux perdent alors des sites de nidification. Il y a des effets en chaîne. Et, vu l’isolement des populations, si elles disparaissent ou s’amoindrissent, il n’y a pas de retour en arrière possible.
• Comment, en tant que présidente du Conseil consultatif des TAAF, menez-vous ce combat pour la préservation des océans ?
- Pour sauvegarder la vie sauvage, il ne suffit pas de tracer une réserve sur une carte. Il faut avoir tous les aléas en tête et une vision à 360 degrés. Par exemple, il faut avoir des scientifiques pour comprendre comment évolue le milieu, une force militaire pour empêcher la pêche illégale. Mon rôle, dans tout ça, c’est de prodiguer des conseils au préfet ou à la préfète des TAAF et de m’assurer que l’ensemble des points de vue soient bien entendus.