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actu outre-mer

La zone mise en défens lors du confinement de mars à mai 2020 sur le site de la pointe des Châteaux en Guadeloupe.

« ON MARCHE SUR DES ŒUFS »… EN OUTRE-MER AUSSI

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Lors de la période de confinement de mars à mai 2020, les espaces naturels ont vu leur fréquentation se réduire presque totalement, apportant à la faune et à la flore une quiétude inédite. En l’absence de dérangement et de piétinement, de nouvelles zones de nidification ont pu être réinvesties sur le littoral en métropole comme en outre-mer, tant par des espèces d’oiseaux que de tortues marines. Les suivis réalisés à la pointe des Châteaux en Guadeloupe ont ainsi montré une recolonisation rapide de nouveaux îlots par la petite sterne lors du confinement, malheureusement remise en cause dès de la reprise de la fréquentation. Pendant le déconfinement, les gestionnaires des espaces naturels littoraux ont mis en place en urgence des actions d’information et de sensibilisation du public pour éviter que les bénéfices écologiques du confinement ne soient rapidement perdus. Ainsi, en Guadeloupe, l’opération « Coup de pousse » a été lancée à l’initiative de l’ONF, du Conservatoire du littoral, de l’OFB et des collectivités et associations locales pour poursuivre et accompagner la revégétalisation spontanée de certaines zones sensibles. Forts du succès obtenu auprès du grand public, de la mobilisation des gestionnaires et acteurs du littoral en général, le Conservatoire du littoral, l’Office français pour la biodiversité, l’Office national des forêts et la Ligue pour la protection des oiseaux ont pris la décision de pérenniser l’action au niveau national à partir du printemps 2021. Cette opération intitulée « On marche sur des œufs » permet de diffuser les bonnes pratiques pour garantir la protection des espèces durant leur période de vulnérabilité, d’informer les visiteurs et de renforcer la relation Homme-Nature. L’opération se déclinera également en outre-mer, en l’adaptant aux espèces et périodes de nidification locales : gravelot de Wilson, sternes, tortues marines….

ACTU OUTRE-MER

LE PLAN DE RELANCE N’A PAS OUBLIÉ LE LITTORAL

Dans le cadre de France Relance, l’État a souhaité que le plan de relance comporte un volet littoral ambitieux, afin de contribuer à la gestion souple du trait de côte face aux effets des changements climatiques, à la protection de la biodiversité spécifique à cette interface terre-mer, aux aménagements paysagers et à la valorisation du patrimoine participant à l’attractivité touristique. Le Conservatoire du littoral bénéficie ainsi d’une aide exceptionnelle de 25 millions d’euros sur 2021 et 2022, dont 3,5 millions d’euros en outre-mer. Les projets soutenus portent aussi bien sur la protection et la valorisation de zones humides littorales (marais de Port-Louis en Guadeloupe, salines de Sainte-Anne en Martinique, Savane Sarcelle en Guyane, étangs de Saint-Martin, pripris de Yiyi en Guyane), la restauration des forêts sèches (Grande Chaloupe à La Réunion), la restauration des paysages de savane (Cap La Houssaye à La Réunion), la démolition de divers bâtiments ou la sauvegarde du patrimoine culturel (îlet à Ramiers en Martinique et baie de Soulou à Mayotte). Deux projets de développement du sentier littoral seront également proposés par le Conservatoire du littoral en outre-mer (Grandes Cayes à Saint-Martin et Petit Cul-de-sac marin en Guadeloupe) au titre du plan de relance, dans le cadre de l’appel à projets « France vue sur mer » piloté par le Cerema 1 .

+ d’info ici : France vue sur mer

La restauration de l’étang de Chevrise à Saint-Martin.

L’OFB LANCE LE PREMIER APPEL À PROJETS BIODIV’ÉCO

Inédit, l’appel à projets concerne la façade Atlantique de l’outre-mer : les territoires de Guyane, Martinique, Guadeloupe, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierreet-Miquelon. À travers Biodiv’éco, l’OFB accompagne l’émergence de projets de valorisation économique de la biodiversité, partant du constat que l’outre-mer recèle dans ce domaine des opportunités de développement importantes mais encore peu exploitées. En effet, dès 2017, le président de la République a souhaité que ses opérateurs s’investissent en la matière. C’est dans ce contexte que l’équipe ingénierie de projets « Économie et biodiversité » de l’OFB, à compétence nationale et active depuis Cayenne, a été constituée. L’appel à projets, d’une enveloppe globale de 300 000 euros, est ouvert à tous les acteurs ayant un projet économique pour et par la biodiversité, qu’ils soient créateurs d’entreprises, entreprises, associations ou collectivités territoriales basés dans les territoires précités. L’objectif affiché par l’OFB est double : « - Identifier, faire émerger et accompagner des projets économiques basés sur la biodiversité et dans le respect de celle-ci, sur des filières économiques préidentifiées : agroécologie et agro-transformation, forêt-bois, pêcheaquaculture durable, biotechnologies vertes, cosmétique responsable ou encore écotourisme ; - Initier une dynamique territoriale en créant un écosystème de partenaires dans le domaine du développement économique et de la biodiversité dans chacun des territoires. » Un minimum de 10 projets économiques ayant l’ambition de préserver et restaurer la biodiversité vont ainsi être mis en lumière et développés, en bénéficiant d’un soutien en ingénierie (expertise technique, appui au business plan, conseil, valorisation via le réseau OFB et ses partenaires...) et/ou d’une dotation de 5 000 à 50 000 euros. Les candidatures doivent être déposées d’ici le 2 mai et l’annonce des projets lauréats est attendue pour la semaine du 12 juillet.

LISTE ROUGE DES ESPÈCES MENACÉES EN FRANCE : 13 ANS DE RÉSULTATS

Riche d’une remarquable biodiversité, la France abrite en métropole et en outre-mer de nombreuses espèces menacées de disparition. La Liste rouge nationale des espèces menacées en France, établie selon les critères internationaux de l’UICN au niveau mondial, détermine le niveau de menace à l’échelle du territoire national (ou territorial pour l’outre-mer). Elle est réalisée à partir des meilleures connaissances disponibles, grâce à la mobilisation du réseau d’experts, et permet par exemple de réviser ou mettre à jour les listes des espèces protégées réglementairement, d’identifier les espèces qui doivent bénéficier de programmes de sauvegarde ou de délimiter des espaces à protéger en priorité. Ainsi, toutes les espèces endémiques classées en danger (EN) ou en danger critique d’extinction (CR) doivent faire l’objet de Plan nationaux d’action depuis la Loi Biodiversité de 2016, pour les sauvegarder : c’est le cas à La Réunion du pétrel noir de Bourbon classé CR, l’un des oiseaux marins les plus rares au monde. À l’occasion de la Journée mondiale de la vie sauvage du 3 mars, le Comité français de l’UICN et l’UMS PatriNat (OFB-CNRS-MNHN) ont partagé le bilan national de 13 années de résultats. Ce bilan, qui couvre la période depuis le lancement de la Liste rouge nationale en 2008, est une synthèse majeure de l’état de santé de la faune et la flore en France. Parmi les 13 842 espèces évaluées en 13 ans, 2 430 (17,6 %) sont menacées en France, dont les deux tiers en outre-mer. Les résultats s’avèrent très préoccupants sur certains groupes d’espèces : 43 % des plantes de Mayotte sont ainsi menacées, 21 % des oiseaux de Martinique et 13% des poissons d’eau douce de Guyane. Sur les 24 chapitres de la Liste Rouge publiés en 13 ans, 14 concernent l’outre-mer avec des informations sur les oiseaux, reptiles, amphibiens et mammifères, mais encore relativement peu sur les insectes, mollusques et espèces marines. Baromètre de référence de l’état de la biodiversité, la Liste rouge est régulièrement actualisée pour suivre l’évolution des espèces menacées et comparer la situation entre pays.

L’AFD ET LES TROIS OCÉANS

Le groupe concentre ses interventions sur Le déveLoppement économique et sociaL et La prise en compte des défis communs teL Le changement cLimatique. pour apporter une réponse gLobaLe à des probLématiques transfrontaLières et renforcer L ’intégration régionaLe des outre-mer, L ’afd dépLoie une approche conçue autour de trois bassins géographiques : atLantique, indien et pacifique.

L’AFD DANS LES OUTRE-MER

Créée en 1941, l’Agence française de développement est un établissement public qui met en œuvre la politique de la France en matière de développement et de solidarité internationale. L’AFD est aujourd’hui un des premiers bailleurs bilatéraux dans le monde. Présente dans pas moins de 108 pays via un réseau de 85 agences et de 17 directions régionales, elle finance, suit et accompagne plus de 2 500 projets de développement.

L’AFD se démarque par un ancrage fort au sein des territoires français ultramarins. Adoptée début 2019, sa stratégie Trois Océans (Atlantique, Indien et Pacifique) ambitionne de répondre de façon globale à des enjeux transfrontaliers et communs aux trois bassins, sur des sujets tels que la gestion des déchets, l’eau, l’assainissement ou encore la transition énergétique, un champ d’action dans lequel les outre-mer jouent un rôle de catalyseurs. En effet, les « Trois Océans » incluent également les États étrangers des trois bassins, faisant de l’insertion régionale des outre-mer une réalité. Pour promouvoir cette approche, en plus du nouveau département Trois Océans, l’AFD a créé trois directions régionales basées à Nouméa, Fort-de-France et Saint-Denis de La Réunion. La stratégie Trois Océans prend en compte les défis partagés comme les inégalités, les crises sanitaires ou le climat. À titre d’exemple, l’agence soutient les Plateformes d’intervention régionales de la Croix-Rouge française, mises en place dans les territoires ultramarins afin de faire face aux catastrophes naturelles. Quelque 255 projets ont ainsi été financés en 2018 dans les Trois Océans, soit 1,7 milliard d’euros engagé, ce qui représente 15 % du total des engagements du groupe.

L’AFD est particulièrement attentive à la résilience des populations et des territoires face aux catastrophes naturelles et travaille sur des dispositifs de prévention et d’assurance. Dans une vision de long terme, pour lutter contre le changement climatique, elle s’attache à promouvoir un développement territorial favorisant l’adaptation des populations, la préservation des écosystèmes et une croissance bas carbone. Depuis 2019, l’ensemble des outils financiers à disposition du groupe s’inscrit dans l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) 1. L’AFD est actuellement le premier partenaire financier du secteur public ultramarin. En volume, les outre-mer représentaient, en 2019, 84 % de la somme totale des engagements du département Trois Océans, soit 1,2 milliard d’euros.

Le financement de l’investissement du secteur public s’effectue sous forme de prêts bonifiés au secteur public (collectivités locales, EPCI, établissements publics, associations d’utilité publique), ou sous forme de prêts non bonifiés. Au-delà des prêts bonifiées classiques, l’AFD peut accorder des prêts à court terme aux collectivités publiques, en préfinancement des subventions européennes et d’État (PS2E) et du Fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA) créé en 2020. D’abord déployé à Mayotte dans le cadre du plan de relance, avant d’envisager une extension aux autres DOM, le FCTVA a pour objectif de soutenir l’investissement des collectivités en leur permettant de maintenir un bon niveau de trésorerie.

En complément de son activité de prêts, l’AFD met en œuvre des actions d’appui-conseil auprès du secteur public ultramarin. En 2020, ces actions reposaient essentiellement sur le Fonds Outre-mer (FOM). Créé fin 2019 par le ministère des Outre-mer, en cohérence avec les ODD, ce fonds vise notamment à soutenir les actions d’ingénierie et d’assistance à maîtrise d’ouvrage, ainsi qu’à renforcer les projets de coopération régionale englobant les outre-mer. L’action du FOM se poursuivra en 2021 et 2022.

Concernant le secteur privé ultramarin, son financement intervient par le biais de prêts directs aux entreprises dans une logique de complémentarité avec le secteur bancaire. Enfin, l’AFD soutient le développement des institutions de microcrédit en contribuant à leur refinancement.

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