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art contemporain - occitanie / pyrénées-méditerranée - mars avril mai 2017 - numéro 43
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abonnement 3 numéros par an 10 € Envoyez votre chèque (à l’ordre de BMédiation) et vos coordonnées à BMédiation 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier le site de la revue
acturama - des articles inédits sur l’actualité addenda - une sélection d’expositions archives - toutes les chroniques publiées
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« Un Thyssen jamais vu » au CaixaForum, Barcelone
d’un portrait - Corinne Rondeau mécènes du sud à montpellier-sète - entretien avec Marine Lang et Antoine Garcia-Diaz le nouveau réalisme - Les Abattoirs, Toulouse (31) nouveau départ - La Panacée, Montpellier (34) a different way to move - Carré d’Art, Nîmes (30) lucy skaer, aussi - Mrac, Sérignan (34) la dramatique vie de marie r. - Marie Reverdy a-chroniques - Benoist Bouvot silhouette - Dominique Rochet i’m back - Laurent Goumarre addenda
offshore est édité par BMédiation 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier
Couverture : Audrey Hepburn © offshore 2017
directeur de publication : Emmanuel Berard rédacteur en chef : Jean-Paul Guarino
ont collaboré à ce numéro : Benoist Bouvot, Laurent Goumarre, Marie Reverdy, Dominique Rochet, Corinne Rondeau
site : offshore-revue.fr tél. : 04 67 52 47 37 courriel : offshore@wanadoo.fr ISSN 1639-6855 dépôt légal : à parution impression : JF Impression. 34075 Montpellier
crédits photos : Manuel Abramovitch, Jean-Luc Cougy, Piet Goethals, Laurent Goumarre, Dominique Rochet, Corinne Rondeau, Karim Zeriahen
vous pouvez recevoir chez vous les 3 prochains numéros d’offshore en envoyant vos coordonnées et un chèque de 10 € à BMédiation, 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier
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d’un portrait corinne rondeau
En souvenir de Londres, le 5 novembre 2016
Dans le dos une voix : « Je veux voir ! » Impératif qui appelle son pendant « Voir quoi ? » Je veux voir ! quand on y pense n'est-ce pas vouloir arracher les voiles d'une sculpture d'Aphrodite ? Mais le marbre antique suffit à comprendre deux choses à la fois : l'art donne à voir une manière de faire avec de la matière, et les yeux accueillent sans distinction le caché et le montré. On voit le mouvement du dévoilement, jamais le dévoilé. L'impératif contrarie nécessairement l'entre, chasse l'imagination, retire l'érotisme. De l'érotisme de la vie jusque dans la mort dit Bataille. L'impératif c'est la mort sans aucune vie. Si au lieu de dire « Je veux voir », on disait « tromper sa solitude » comme dit Lévinas. On découvrirait la nécessité de la solitude, non la tromper par le divertissement. Si on déplace l'expression au bord extrême de la nécessité, tromper sa solitude signifie qu'il y a un être seul, d'où les illusions pour arracher à la vie le chiffre de la tromperie : deux. Être seul n'est pas un drame, ce n'est même pas un isolement. C'est exister avec peu de choses, déplier sa pauvreté sans être un défaut de richesse. C'est être jusqu'à la pauvreté de son existence où se révèle un visage autre que celui du miroir. Paradoxe de la solitude qui établit des ponts là où d'autres se mirent et s'enfoncent dans l'illusion. La solitude n'a pas de frontières, n'est sur aucune carte. Elle impose qu'on marche sans cesse au milieu des villes trop bruyantes qui empêchent de penser, marche jusqu'à la mer, parfois jusqu'au désert. Elle n'est même pas synonyme de silence. C'est au contraire un formidable bourdonnement, moment où les choses les plus ténues se mettent à vivre sans être sûr de les voir même en le voulant. Des choses ténues comme des unités brèves sautant, passant et repassant les unes dans les autres de loin ou de près, hors des explications qui n'expliquent jamais rien. Sauter à pieds joints dans la solitude est une autre façon de nouer des liens, de trouver le contour d'un visage qu'on ne verra jamais tant que la solitude ne l'invente pas. C'est la vertu de la matière et de l'invention comparable au coup de ciseau sur le marbre qui forme l'entre à l'infini. Pareille est celle des mots qui ne se réduisent pas au divertissement, à la communication, aux explications. Sauter, tailler, former un visage qui glisse vers un paysage : un portrait. Car les paysages s'ordonnent de la langue, non de la norme du langage. Je veux voir ! ne sera jamais l'expression de quelqu'un qui invente du fond de sa solitude et d'un bourdonnement obsédant les intensités faibles ou fortes d'un dedans, d'un portrait. Inventer ne veut pas dire être artiste, juste exister. Qui existe ? Des espaces entre des images qui forment un paysage avec des mots, un doute et une espérance faits de toutes petites choses qui font grossir une communauté d'êtres silencieux. Ils font chemin vers d'autres visages en sautant de mots en blancs, comme le regard s'accorde à voir ensemble la scène vide et les mots qui ne viennent pas la peupler mais la remuer. Mouvement du dévoilement, paysage, imagination, érotisme. Existons-nous en dehors des écarts, existons-nous sans une vie pleine de trous ? Des trous qui n'accueillent aucune clé ! S'il en existe une, elle porte un nom : Actéon, le chasseur des Métamorphoses d'Ovide qui a donné son origine au mot acteur. Perdu dans la forêt, il a vu Diane nue à la source sacrée. Après qu'elle lui eut jeté au visage l'eau de son bain, lance : « Va donc maintenant raconter que tu m'as vue sans voiles, si tu le peux. »
tout est parfait, vous êtes sûr que quelqu'un dans le passé a déjà vécu la vie que vous n'avez pas
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il y a quelque chose chez cette femme. au coin de l'œil fauve l'obsession, surgir le cœur a vieilli en une nuit, tu le contemples éparpillé dans la rosée du matin on n'écrit pas des histoires en remontant le temps. on le continue. bonjour présent il y a des gens avec qui vous pouvez faire l’amour non-stop et c’est bon. puis vient l’instant où vous demandez un verre d’eau, le malentendu commence devenez homosexuel, protégez votre famille de ne pas être comme elle on reconnaît la puissance du poème à la honte que les objets éprouvent face à la langue
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à certaines heures, dans certains bars, il y a des femmes qui matent, un demi à la main, la jeunesse androgyne à un certain âge, avec un certain corps, il y a des femmes qui croisent les jambes avant d'aller se coucher avec leur mari voir à la limite de ce qui a été, ne jamais se retourner, filer dans l'avalanche il n'y a qu'un inconnu pour saluer au bon moment lorsqu'on se rend compte presque par hasard que quelque chose manque, les mouvements d'un corps, la brûlure d'une voix, et que les deux ont un même nom, il ne faut pas s'inquiéter, c'est la pleine solitude s'endormir avec les plis du passé dans l'avenir. s'éveiller avec les plis de la nuit dans le présent et si la deuxième nuit tu as mal encore, tu prendras le temps de constater que les larmes sèchent plus vite que la douleur il y a des choses si belles encore que serait blasphème d'être éloquent. rester neutre, faute d'être muet celui qui fait le plus attention est aussi celui qui est le plus oublié. si vous êtes aveugle, il n'est pas sourd comment ne pas haïr la fatigue, quelqu'un qui ne veut pas l'abandonner ? la voix est entièrement passée dans la chair et les nerfs elle fredonna dans un grand frisson « j'ai reçu l'amour en héritage » queue de la comète : ce qui brille le plus, c'est la poussière l'instant de la plus intense proximité est toujours celui qu'une femme choisit pour fuir vos bras. vous n'y pouvez rien, elle est là où elle a toujours été, et elle le sait « Les idées appartiennent à tout le monde. » Un ami ceux qui parlent trop devraient vieillir plus vite il ne faut pas confondre : avoir accepté une invitation et se faire des films l'amputation n'engendre que des problèmes secondaires la grande humiliation de la vie : ne pas maîtriser la reprise « Elle impose ses lois, elle obstrue le passage ; la vie est derrière la fougère… » Virginia Woolf.
Corinne Rondeau est Maître de conférences Esthétique et Sciences de l’art à l’Université de Nîmes, critique d’art, collaboratrice à La Dispute sur France Culture.
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mécènes du sud à montpellier-sète entretien avec marine lang et antoine garcia-diaz
Jean-Paul Guarino : Le collectif Mécènes du Sud a été créé en 2003 à Aix-Marseille et cette année, une antenne Montpellier-Sète voit le jour. Comment est née cette extension et quels sont les liens entre ces deux pôles ? Marine Lang : Mécènes du Sud est un réseau, constitué aujourd'hui de deux associations, qui ont pour objet de rassembler des entreprises sur les territoires concernés (Aix-Marseille, et Montpellier-Sète) afin de faciliter, accompagner et promouvoir la création contemporaine. Elles font le lien entre le monde économique et la création artistique en proposant une démarche culturelle complémentaire de celle des pouvoirs publics. Comme à la naissance de l'association historique, la création de Mécènes du Sud MontpellierSète est l'initiative d'un groupe d'entrepreneurs. Les fondateurs de l'association avaient tous, individuellement, des pratiques de mécénat, de collections, ou d'intégration de dimensions artistiques à leurs projets professionnels ; ensemble, ils avaient le désir de tenter une aventure de mécénat cohérente et structurante, chacun amenant dans le projet leur personnalité et savoir-faire. Ce désir a trouvé une réponse idéale dans la rencontre avec Christian CarassouMaillan, Président de l'association Mécènes du Sud Aix-Marseille de 2014 à début 2017, qui avait lui-même l'ambition de faire évoluer le projet initial en réseau. Les deux associations ont leurs fonctionnements propres d'un point de vue administratif et juridique. Elles sont toutefois reliées par un contrat. Et surtout, dans leurs objets mêmes, apparaît l'objectif de faire vivre le réseau Mécènes du Sud. Ensemble, nous nous interrogeons sans cesse sur notre place singulière au sein du paysage culturel français, en tant que collectifs de mécènes, et ponts territoriaux entre les mondes économique et artistique. J-P.G. : Si vous êtes jeune, vous avez néanmoins un parcours. Quel est-il et comment nourritil votre rôle dans ce projet ? M.L. : J'ai été formée à l'université de Grenoble, en y suivant des études de Lettres modernes et d'Histoire de l'art, avant de terminer ce cycle par un master dédié à l'organisation et la diffusion de projets culturels. J'ai toujours eu une affinité plus précise avec les arts plastiques, même si l'ensemble des secteurs de création contemporaine m'intéresse. J'ai donc privilégié les occasions de stages, puis d'expériences professionnelles, dans ce milieu. Mon parcours m'a amené à avoir une double pratique, qui je pense est assez symptomatique de ma génération ; pour la première, davantage concernée par le salariat, j'ai principalement œuvré à la pédagogie de l'art en tant que « médiatrice », ou « chargée des publics » (c'est ce poste qui m'a amené en Languedoc-Roussillon, je l'ai occupé pendant deux ans au Mrac à Sérignan). Cette pratique a été fondamentale, et m'a permis d'affirmer quasiment quotidiennement, lorsque des discours réactionnaires disent le contraire, qu'il est possible de comprendre et de s'emparer de l'art dit contemporain en n'y ayant pas été prédisposée socialement. L'autre pratique, plus précaire économiquement, c'est celle générique de porteuse de projet : en tant que cofondatrice de résidence d'artistes, ou commissaire d'expositions, ou organisatrice d'événements. Cette pratique-là a jalonné toute ma vie d'adulte. Evidemment, et pour résumer, c'est cette complémentarité des expériences qui nourrit mon rôle dans le projet Mécènes du Sud. Il nous est essentiel – le nous renvoyant à mon homologue marseillaise Bénédicte Chevallier – d'être capable d'appréhender l'ensemble des aspects de notre poste : suivi du groupe de mécènes, construction d'un programme d'initiation à l'art à leur destination, liens avec les artistes et diffuseurs, interface entre eux et le monde économique local, écriture et suivi des appels à projets, vie administrative et juridique de l'association, positionnement théorique et technique en matière de mécénat, etc. J-P.G. : La parole, la pensée et le dialogue sont les outils de votre travail tant avec les mécènes que les artistes. Concrètement, quels sont les principaux axes de votre action ?
Marine Lang Chargée d’études mécénat à Mécènes du Sud
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Soirée « Coup de Cœur » 2016 de l’association Mécènes du Sud Aix-Marseille, au cours de laquelle les artistes lauréats présentent leurs projets soutenus aux mécènes ; l’artiste Frédérique Lagny détaillant son projet « MANIFESTE ».
M. L. : Les deux axes de travail de notre réseau sont le mécénat et le programme d’initiation à l’art pour nos membres. L’association basée à Montpellier-Sète développe ses actions de mécénat, d’une part, par un appel à projets, lancé au printemps, proposant un soutien financier pour la coproduction d’œuvres nouvelles. Cet appel à projets est destiné aux artistes et diffuseurs, et est soumis à conditions. L’œuvre doit être réalisée dans les deux années suivant sa désignation par le comité artistique et la candidature doit également justifier d'un lien au territoire de l’association mais sa définition se veut souple, ouverte : en être originaire, y vivre, y développer un projet, y être venu en résidence, y avoir exposé, y avoir étudié. Ce soutien financier est doublé d’un suivi logistique et relationnel voulu sur le long terme. Nous souhaitons accompagner le plus longtemps possible les artistes et diffuseurs avec qui nous travaillons, en étant une interface-ressource pour la poursuite de projets. D’autre part, nous portons une programmation d’expositions pensée sous forme de monographies d’artistes-lauréats du soutien pour la coproduction d’œuvres, d’appel à projets à destination de curateurs indépendants pour la conception d’une exposition et d’invitations à des structures travaillant le lien entre art et entreprise. Cette programmation est hébergée dans un espace situé au 13 rue des Balances à Montpellier, espace mis à disposition et totalement rénové par notre mécène et Président Antoine Garcia-Diaz. Concernant le programme d’initiation à l’art pour nos membres, cet axe de travail est tout aussi essentiel pour notre projet. Il s’agit d'événements créés sur-mesure pour nos adhérents – les chefs d’entreprises tout comme leurs collaborateurs. Ces événements peuvent prendre diverses formes : conférences, découverte de scènes artistiques et culturelles à proximité ou plus lointaines, de manifestations incontournables (nous allons cette année à la Documenta), visites d'ateliers, etc. L’idée est d’enrichir la démarche citoyenne de nos entreprises ; il ne s’agit pas simplement de trouver de nouveaux types de financement pour le monde de l’art, mais aussi de faire prendre conscience aux entrepreneurs qu’ils sont légitimes pour favoriser la création artistique sur leur territoire. A Marseille, ce programme d’initiation, qui a bientôt 15 ans, a favorisé de nombreuses initiatives telles des résidences en entreprises, démarches de collections, aides à la production… en dehors de l’action-même de Mécènes du Sud. J-P.G. : A propos des appels à projets annuels destinés aux artistes, vous en stipulez la sélection par un comité artistique. Les mécènes en sont-ils ? M. L. : Nous défendons un mécénat militant, qui place au cœur de son projet le respect des artistes, et l’indépendance. Ainsi, nous déléguons donc le choix des projets que nous soutenons à un comité artistique, constitué de personnalités qualifiées du monde de l’art.
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Pour les trois années à venir, les membres du comité artistique de Mécènes du Sud MontpellierSète sont Andrea Bellini, directeur du Centre d’Art Contemporain Genève, Ingrid Luquet-Gad, critique d’art, Alain Servais, collectionneur d’art contemporain belge, Veronica Valentini, fondatrice des programmes curatoriaux de résidences (Bar Project à Barcelone et Chez Emma entre la France et l’Espagne), et enfin Hugo Vitrani, critique d’art et commissaire d’expositions, à l’origine du Lasco Project au Palais de Tokyo. Aucun de nos mécènes ne fait partie du comité ; nous distinguons clairement financeurs et sélection artistique. C’est ce qui fait la nature même du mécénat en réalité ! Pas de contrepartie, pas de favoritisme possible. Et surtout garantir une ligne artistique claire par ce groupe d’experts. Et pour optimiser cette indépendance d’esprit, nous avons fait le choix de privilégier des profils hors région pour ce groupe, voire internationaux ; on suppose que le comité aura alors un regard plus « frais » sur les dossiers et artistes présentés, évitant les idées préconçues qu’auraient pu avoir des personnalités déjà implantées localement. Mais rien n’empêche les mécènes de développer des projets avec les artistes sélectionnés ; c’est ce qui a pu se produire à Marseille, notamment sous la forme de résidences en entreprises. De plus, nous proposons un temps de rencontre entre les lauréats et les adhérents à la fin de l’année, lors de la soirée « Coup de Cœur ». J-P.G. : Qu’est-ce qui a animé votre désir de rejoindre ce collectif et d'en prendre la présidence ? Antoine Garcia-Diaz : Depuis de nombreuses années, je milite, à travers les opérations d’aménagement et les résidences que je conçois comme architecte et urbaniste, pour introduire l’art dans l’espace public et privé. Parallèlement, j’avais décidé d’aménager un lieu, dans le centreville de Montpellier, destiné à être gracieusement mis à la disposition d’artistes ne disposant pas d’opportunités ou de moyens pour exposer leurs œuvres. C’est par hasard que j’ai eu connaissance de la démarche menée par Mécènes du Sud – Marseille pour rapprocher l’art et l’entreprise. L’idée de créer Mécènes du Sud – Montpellier-Sète s’est vite imposée et c’est avec enthousiasme qu’un collectif d’entreprises a initié le projet. La présidence m’a été proposée. Je l’ai acceptée parce que je sais qu’autour de moi il y a un groupe motivé et très impliqué dans la démarche. J-P.G. : Si l’avantage fiscal lié au mécanisme de mécénat n’est pas négligeable, il ne semble pas être l’unique moteur de l’engagement des entreprises ayant rejoint votre association ?
Antoine Garcia-Diaz Président de Mécènes du Sud Montpellier-Sète
A. G-D. : Les avantages fiscaux du mécénat ne constituent pas, en effet, le moteur de l’engagement des entreprises auprès de notre association. Elles sont convaincues que la création artistique contemporaine est un moyen important pour valoriser leur image et celle du territoire sur lequel elles interviennent. Elles ont aussi la volonté de gommer une idée trop répandue selon laquelle l’entreprise n’est pas « légitime » pour favoriser la création artistique. Les adhérents de l’association ont, par ailleurs, une vision largement partagée sur certaines valeurs : l’indépendance dans le choix des actions de mécénat, garantie par un comité artistique composé de personnalités éminentes, françaises et étrangères ; les échanges et la convivialité, grâce à un programme très riche d’expositions, de conférences et de voyages dédiés à l’art contemporain. L’ancrage local des entreprises adhérentes est aussi un levier majeur pour l’association qui souhaite participer activement au rayonnement d’un vaste territoire ayant pour point d’appui les villes de Montpellier et de Sète. J-P.G. : De quels résultats à mettre à un futur bilan, pourriez-vous être le plus satisfait ? A. G-D. : Notre association qui vient d’être créée a bénéficié de la très riche expérience de Mécènes du Sud Aix-Marseille. Disposant d’un lieu dédié, elle s’est très vite structurée et a lancé un ambitieux programme d’expositions, de conférences, d’appels à projets et de voyages ciblés sur l’art contemporain. Son comité artistique est constitué. Notre association a particulièrement apprécié que les 5 éminentes personnalités (2 françaises et 3 étrangères) qui la composent aient accepté spontanément d’en faire partie. Ma première satisfaction serait que perdure l’esprit de partage et de convivialité qui a prévalu lors de nos rencontres et manifestations artistiques qui ont eu lieu depuis la création de l’association. Je formule ensuite comme vœu que de nombreuses entreprises nous rejoignent et participent activement à valoriser l’image de notre territoire commun.
Membres du Bureau de Mécènes du Sud Montpellier-Sète : Nicolas Jonquet, Hugues Dupuy, Antoine GarciaDiaz, Damien Palomba, Gilbert Ganivenq, Alexandra Bellot, Mathieu Capela-Laborde
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le nouveau réalisme les abattoirs, toulouse (31) Les Abattoirs fêtent doublement les 40 ans du Centre Pompidou et le « Nouveau Réalisme » en proposant un projet en trois temps : – une traversée du « Nouveau Réalisme » grâce à des œuvres emblématiques du mouvement – une carte blanche donnée à l’un de ses fondateurs, Daniel Spoerri – des interventions contemporaines en écho Les Abattoirs présentent donc pour la première fois à Toulouse un ensemble d’œuvres historiques du « Nouveau Réalisme ». C’est sous cette bannière qu’en octobre 1960, Pierre Restany réunit, à la faveur d’une déclaration constitutive, des artistes qui ont en commun de proposer un « recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire ». Arman, César, François Dufrêne, Raymond Hains, Yves Klein, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, Jacques Villeglé, en sont les signataires, bientôt rejoints dans les manifestations collectives du mouvement par Niki de Saint Phalle, Gérard Deschamps, Christo et Mimmo Rotella. Ce groupe propose une alternative à la vague abstraite de l’après-guerre et devient rapidement, grâce à l’usage inédit qu’ils font de l’objet et du geste, un courant majeur de la scène française et européenne dans un contexte international de remise en cause des formes classiques de l’art (Néo-Dada, Fluxus, Pop art, groupe Zéro, autant de mouvements avec lesquels les Nouveaux Réalistes exposent). Les artistes du « Nouveau Réalisme » répondent dans leurs œuvres à l'émergence d'une société marquée par l’industrialisation et l’apparition d’une consommation à grande échelle. Ils puisent la matière de leur travail dans le nouveau quotidien des années 1960 et les objets de tous les jours, des affiches aux voitures en passant par le néon ou les rebuts. Cependant, sans nier cette dimension sociologique, leurs activités furent également denses et radicales, marquées par l’action. Détruire, arracher, compresser, assembler, accumuler, étendre, tirer, emballer, estampiller… sont autant de gestes fondateurs pour ces artistes qui chacun ont affirmé des parcours personnels. L’exposition prend aux Abattoirs la forme d’un parcours thématique déployé dans les grandes salles du rez-de-chaussée. Tout au long de ce parcours, des films d’époque soulignent combien l’art des Nouveaux Réalistes fut ancré dans la vie et l’espace public. Ils rendent ainsi compte de l’aspect souvent engagé, parfois comique, en tout cas performatif, de leurs œuvres.
Autour du Nouveau Réalisme Avec des œuvres de Arman, Ben, César, Christo, Gérard Deschamps, François Dufrêne, Alain Jacquet, Raymond Hains, Horst Egon Kalinowski, Yves Klein, Robert Malaval, Robert Rauschenberg, Jean- Pierre Raynaud, Martial Raysse, Mimmo Rotella, Niki de Saint Phalle, Daniel Spoerri, Richard Stankiewicz, Jean Tinguely, Jacques Villeglé, Gil Joseph Wolman, Edition MAT. Ci-contre : Jean Tinguely. Dernière Collaboration avec Yves Klein, 1988. Museum Tinguely, Bâle, Donation Niki de Saint Phalle © 2017 ProLitteris Zurich. Photo Museum Tinguely Bâle © ADAGP Paris, 2017
En parallèle de l’exposition « Autour du Nouveau Réalisme », une carte blanche a été offerte à Daniel Spoerri, membre fondateur du « Nouveau Réalisme ». Connu pour ses fameux « tableaux-pièges », Daniel Spoerri peut se définir comme un artiste-collectionneur, collectionneur de restes de dîner qu’il fixe pour l’éternité, collectionneur d’objets qu’il détourne, et collectionneur tout simplement. Pour les Abattoirs, Daniel Spoerri propose « les dadas des deux Daniel », un vaste cabinet de curiosités qui met en regard sa collection, celle de Daniel Cordier, et ses propres œuvres. Enfin, les Abattoirs ont également invité plusieurs artistes français et internationaux à intervenir dans le musée, toujours en écho à l'exposition centrale. Avec : Joël Andrianomearisoa, Tomaz Furlan, Adela Goldbard, Cinthia Marcelle, Présence Panchounette, Kevin Rouillard et Valerie Snobeck. Les 3 expositions – Autour du Nouveau Réalisme – Daniel Spoerri, les dadas des deux Daniel – Etage contemporain, en écho au nouveau réalisme – sont visibles, aux Abattoirs à Toulouse (31), jusqu’au 28 mai 2017.
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nouveau départ la panacée, montpellier (34) Rappelons que si Nicolas Bourriaud a été recruté par Montpellier Métropole pour travailler la préfiguration du futur Centre d’art contemporain de Montpellier – dont l’ouverture est prévue en 2019 – , dès son arrivée en janvier 2016, il s’est vu confier parallèlement la direction de La Panacée. Resituant clairement ce lieu – anciennement dédié aux arts dits numériques – dans le champ de l’art contemporain, Bourriaud l’envisage comme espace protéiforme présentant plusieurs propositions synchrones. Son premier cycle d’expositions simultanées vient d’y débuter.
Elad Lassry. Untitled (Pillar), 2014. © Elad Lassry. Collection privée, Brescia, Italie
Tala Madani. Dripping flowers, 2016. Huile sur toile, 35,5 x 41 cm. Courtesy de l'artiste et Pilar Corrias, Londres
Retour sur Mulholland Drive – Le minimalisme fantastique À l’inverse d’une tentative de reproduction, ou une exposition illustrative, « Retour sur Mulholland Drive » constitue une rêverie librement inspirée de l’œuvre cinématographique de David Lynch : une traduction dans un espace d’exposition sous la forme d’un essai visuel, à l’heure où le cinéaste revient derrière la caméra pour tourner la suite de la série Twin Peaks. L’exposition aborde ainsi le film-culte de 2001 du réalisateur américain, Mullholand Drive comme matière première et réservoir de motifs, afin de révéler une tendance émergente de l’art contemporain : le « minimalisme fantastique ». Celle-ci forme un parcours constitué d’œuvres qui explorent ce potentiel énigmatique des formes les plus apparemment lisses ou dérisoires. Pour la génération d’artistes apparue dans les années 2000, les films de David Lynch font figure de classiques. Qu’ils reconnaissent l’influence esthétique du cinéaste ou pas, force est de constater que certains traits de l’univers lynchien sont devenus des lieux communs visuels, de l’image stroboscopique jusqu’à son usage très spécifique de la lumière. Cette exposition présente, pour l’essentiel, une génération d’artistes qui joue avec les codes de la culture populaire, mais sans recourir à des effets de surcharge, ni à l’agrandissement caractéristique du Pop-art. « Retour sur Mulholland Drive » est aussi une exposition cinématographique par nature car elle s’organise en séquences inspirées par le film, et se divise en deux parties autour d’une coupure abrupte. A l’instar du cinéaste, une grande partie des artistes qui composent cette exposition vit à Los Angeles, créant ainsi un pont symbolique entre la scène californienne et la métropole montpelliéraine. Avec des œuvres de Saelia Aparicio, Alisa Baremboym, Hicham Berrada, Huma Bhabha, Jonathas de Andrade, Rodrigo Garcia, Yohann Gozard, Lothar Hempel, Lisa Holzer, Max Hooper Schneider, Wendy Jacob, Ajay Kurian, Elad Lassry, Maria Loboda, Adrien Missika, David Noonan, Ylva Ogland, Kaz Oshiro, Joyce Pensato, Emilie Pitoiset, Torbjorn Rodland, Ugo Rondinone, Jennifer Tee, Morgane Tschiember
Tala Madani – Solo show Il s’agit de la première exposition personnelle en France de l’artiste iranienne née en 1981, Tala Madani, dont les peintures et les films d’animation explorent, avec un humour ravageur et un style unique, les rapports de pouvoir : un théâtre de la cruauté teinté de Moyen-Orient, qui met en scène la masculinité d’une manière burlesque, tout en explorant l’espace pictural contemporain. Intérims – Art contre emploi Cette exposition met en avant les artistes qui prennent le monde du travail comme matériau. Cette mini-exposition rassemble des artistes qui utilisent les armes de l’humour et de l’ironie pour décrire le salariat, voire intervenir directement à l’intérieur de l’entreprise. Avec : Fayçal Baghriche, Julien Berthier, Christopher d'Arcangelo, Ciprian Homorodean, Adrian Melis, Mierle Laderman Ukeles, Julien Prévieux, Santiago Sierra, Pilvi Takala
Les 3 expositions – Retour sur Mulholland Drive, le minimalisme fantastique – Tala Madani, Solo show – Intérims, Art contre emploi – sont visibles à La Panacée à Montpellier (34), jusqu’au 23 avril 2017.
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Retour sur Mulholland Drive
Vue d’ensemble. Œuvres de Jennifer Tee, Ugo Rondinone, Morgane Tschiember, Lothar Hempel, Lisa Holzer La Panacée, Montpellier (34) jusqu’au 23 avril 2017
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a different way to move carré d’art, nîmes (30)
Peter Moore. Photo de « Huddle » de Simone Forti, 1969. © Barbara Moore / Licensed by VAGA, New York, NY. Courtesy Paula Cooper Gallery, New York
Suggérant une histoire subversive de l’art minimal, l’exposition – pensée par la commissaire Marcella Lista – éclaire sous un nouveau jour les foyers communs et regards croisés où s’entremêlent les arts visuels, la danse et la musique dans les années 1960 et 1970 à New York. On reconnaît aujourd’hui dans le champ artistique les trajectoires radicalement innovantes tracées par les figures pionnières de la Postmodern Dance américaine – notamment Trisha Brown, Lucinda Childs, Simone Forti et Yvonne Rainer – dans le voisinage des recherches de l’art minimal. « A different way to move » envisage une histoire collective, mettant sur un pied d’égalité ces gestes concis, directs et sans artifice qui ont conjointement bouleversé les arts visuels et les arts de la performance. Yvonne Rainer en résume la portée : « il était nécessaire de trouver une manière différente de bouger ». L’idée résonne tant dans les nouveaux langages chorégraphiques et les environnements sonores que dans l’exploration du dialogue entre l’objet et le spectateur qui caractérise les œuvres de Carl Andre, Dan Flavin, Donald Judd, Sol LeWitt, Robert Morris, Richard Serra, entre autres. Elle a également partie liée avec la mobilisation politique qui oppose les artistes à la Guerre du Vietnam et nourrit dans leurs travaux une critique profonde des rapports de pouvoir. L’exposition propose ainsi d’approcher les formes du minimalisme dans une perspective élargie, attentive à la manière dont les arts du temps : la musique et la danse mais aussi le texte, le film et la vidéo qui forment dès le milieu des années 1960 le coeur des pratiques conceptuelles et dites « post-minimales », mettent la polarité entre langage et perception au premier plan de la recherche artistique. Des figures essentielles, telles celles de Bruce Nauman et de Vito Acconci, participent de cette conversation. Carré d’Art - Musée d’art contemporain. Nîmes (30). A different way to move. Minimalismes. New-York 1960-1980. 7 avril - 17 septembre 2017
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lucy skaer, aussi mrac, sérignan (34) Ce printemps, le Mrac accueille quatre nouvelles expositions organisées sous le commissariat de sa directrice Sandra Patron : une exposition collective, La vie aquatique, rassemblant les œuvres de vingt artistes français et internationaux ; une exposition monographique consacrée à l’artiste écossaise Lucy Skaer ; les travaux de Daniel Otero Torres présentés au sein de La Palmeraie, nouvel espace pour la jeune création ainsi qu’un nouvel accrochage de la collection augmentée des acquisitions 2016. Au rez-de-chaussée du musée donc, l’exposition collective La vie aquatique explore les rapports ambivalents que l'homme entretient avec la mer, tout à la fois lieu de fantasmes, de rituels et de contes, mais également foyer d’enjeux politiques et écologiques. Si historiquement ce territoire n’a cessé depuis des siècles d’inspirer les artistes, les œuvres présentées dans l’exposition montrent qu’il constitue encore aujourd’hui une métaphore de notre relation au monde contemporain et de ses conflits humains, mémoriels et politiques.
Vue de l'exposition Lucy Skaer, One Remove, Witte de With, Rotterdam (15 juillet - 2 octobre 2016). Courtesy Peter Freeman, Inc., New York / Paris © Lucy Skaer. Photo Aad Hoogendoorn
Lucy Skaer présente sa première exposition monographique en France au premier étage du musée, réunissant un ensemble de pièces existantes datant des 5 dernières années ainsi que de nouvelles productions. Depuis quelques années, Lucy Skaer poursuit une recherche transversale qui allie le dessin et l'impression de grand format à la sculpture et au film. Au sein de ses installations multiformes, chaque œuvre prise isolément examine un aspect différent d'une méthode de travail où les objets et les images, à la fois reconnaissables et abstraits, sont transformés par toutes sortes de manipulations, répétitions et décalages d'échelle. Elle opère par prélèvements, répliques, distorsions d'échelle, citations, au gré de rencontres, de recherches, de fascination pour l'histoire de l'art. Cette artiste écossaise travaille le réel et le sublime, et s'efforce de trouver l'essence même des objets, des matériaux pour donner une interprétation suggestive d'éléments du passé. L'artiste y incorpore en outre son vocabulaire personnel de figures géométriques élémentaires. Par-delà leur diversité apparente, toutes ses œuvres explorent les mécanismes par lesquels nous donnons du sens aux choses que nous croyons connaître. La Palmeraie – espace dédié à la jeune création française et internationale, inséré en toute fin du parcours des expositions temporaires – accueille une série d’œuvres de l’artiste franco-colombien Daniel Otero Torres. Se jouant des clichés aux sens propre et figuré, l’artiste retravaille au graphite des photographies réalisées sur le terrain ou prélevées sur internet pour en modifier les poses des figures. Dans un jeu savant de mise en scène, l’artiste explore ainsi la représentation de l’autre et détourne les stéréotypes d’un regard ethnocentrique. Les 3 expositions – La vie aquatique – Lucy Skaer – Daniel Otero Torres – sont visibles au Mrac à Sérignan (34), du 25 mars au 4 juin 2017.
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David BIOULÈS 16 mars – 22 avril 2017
David WOLLE 16 mars – 22 avril 2017
Galerie Vasistas 37 avenue bouisson bertrand – montpellier / du mercredi au samedi 15h – 18h30
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la dramatique vie de marie r. marie reverdy Laisser parler les petits papiers : tout un programme ! Où poser un programme de théâtre pour être sûre de le lire au calme, dans la solitude et la méditation qui permet d'entrevoir l'expérience esthétique à venir... ? Voilà, c'est ici que je les feuillette pour décider des pièces que j'irai voir.
Tiens tiens, Champ de mines de Lola Arias, ça a l'air pas mal ça : « Lola Arias propose de représenter non ce qui s'est réellement passé mais ce qui reste dans les mémoires des années après ». C'est ce que je préfère dans le théâtre documentaire, voir l'acte de témoignage. Oui, je préfère voir une œuvre-documentaire et non un documentaire vaguement théâtralisé. Ça m'avait bien énervée d'ailleurs que l'on reproche à Falk Richter, pour Rausch, que le public n'en apprenne pas assez sur la crise. Je ne me souviens plus où j'ai lu ça, mais je l'ai lu, pour sûr. Continuons, page 84, une interview. « […] réunissant de vieux ennemis pour raconter une même histoire ». Un seul réel, plusieurs récits, plusieurs émetteurs, plusieurs points de vue. Ça aussi c'est constitutif de l'esthétique documentaire. « Au moment même où quelqu'un commence à raconter sa vie, il fait une fiction. » Car il s'agit bien de cela, d'affirmer que la représentation ne nous dit rien du réel mais beaucoup de celui qui en parle. La représentation n'est qu'une « manière de faire des mondes ». Peut-être que je la replace un peu trop cette phrase de Nelson Goodman, mais elle est tellement bien. J'irai. Claude Schmitz : « Dans le théâtre contemporain, tout indique la volonté de faire du cinéma au théâtre. » Je suis franchement pas sûre d'être d'accord avec cette phrase. Au contraire, j'ai l'impression que c'est carrément l'inverse, que le plateau possède cette capacité à interroger la production même de la représentation, on l'a vu dans 4 ou dans C'est comme ça et me faites pas chier de Rodrigo Garcia. C'est bien ce que j'ai écrit dans cet article d'ailleurs, pour le numéro Hors-Ecran de la revue Réel-Virtuel. Bref, poursuivons. « Ce qui m'intéresse fondamentalement, c'est l'existence de trous dans la création dans lesquels l'imaginaire peut s'engouffrer » : l'œuvre ouverte selon Umberto Eco. C'est quand ? Fin mars, j'irai. Miet Warlop : j'irai ; encore.
Jan Martens : « quand on demande à quelqu'un de sauter, son attention se dirige surtout sur l'action du saut et le masque tombe, ainsi apparaît la véritable personne » (dixit Philippe Halsman). J'adore ce point de départ. A force de sauts et de sueurs, le masque social se décolle et finit par tomber… J'irai.
La nuit des taupes : Philippe Quesne, valeur sûre, j'irai. Tous ces spectacles – programmés par Rodrigo Garcia – à voir à hTh (Grammont) / CDN de Montpellier, du 21 mars au 24 mai 2017.
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a-chroniques benoist bouvot
Il est souvent triste d'entendre qu'on a peur
La vision périphérique couvre plus de 99% du champ de vision et dispose de 50% du nerf optique et du cortex visuel. Je revisionne encore une fois le live de « Human Sadness » joué par Julian Casablancas & The Voidz. Il y a tant de choses qui s'entremêlent : les images, le premier degré qui à force de paraître ce qu'il est devient une critique, les effets, le kitsch, les enfants gâtés d'une société qui vit sur le dos d'une autre, le refus de l'autorité, la fin du monde. Et la musique sans les images ? Je ferme les yeux et j'écoute. Petit, au début d'un film, en découvrant la musique du générique, je pensais que la suite harmonique et les mélodies du morceau racontaient l'histoire à venir, l'intégralité de l'intrigue, ses rebondissements, ses diverses couches jusqu'à la conclusion. Une prolepse musicale inventée. L'imaginaire facile d'un enfant impatient. Je ne sais pas si le jour où je me suis rendu compte que ces musiques n'étaient pas prophétiques j'ai ressenti de la joie ou de la tristesse. Aujourd'hui quand je repense à cette croyance, je me dis que l'abandon d'un de nos sens à la proposition qu'on nous fait de tendre l'oreille est un moment important de laisser-aller qui se tourne vers le plaisir, ou s'arrête dans un repli incroyable qui annonce le pire. En dehors des mots, peut-on annoncer le malheur présent ou à venir par le son ? Entendre, c'est endurer le monde. Ecouter, c'est faire preuve d'une confiance incroyable ou d'une méfiance animale. Imaginons que comme peut l'être la vision périphérique, nos oreilles soient des radars qui nous informent de la potentialité ou de la distance d'un danger à venir, en accueillant dans le même temps d'innombrables flux qui n'affectent en rien notre manière d'être. Un relâchement de cette attention est alors un moment d'arrêt qui ouvre une possibilité d'apaisement, de calme. Si ces sens nous avertissent d'un possible danger, la musique, ou plus précisément le désir que nous en avons, emprunte alors le même chemin que la peur. On oublie souvent que dans notre partition de la représentation, dans notre distinction des sensations, l'image est silencieuse, laissée à la simple vue ; le son qu'on lui adjoint, même synchronisé, déborde le cadre et ne témoigne qu'en partie de ce que l'on perçoit. On oublie donc que cette représentation n'est qu'une construction hasardeuse qui ne témoigne de rien d'entier, qui n'est qu'un indice, un fragment, du réel ou de sa fiction. Encore plus si on associe une composition aux images. Ce mouvement des luminosités du monde, accordées ou raccordées aux sons de notre perception, est un lieu que la musique peut sans doute habiter sans pour autant le parcourir en entier. Elle y invente peut-être un espace singulier qui dit autrement ce que l'on pense voir. Elle ne nous montre rien, mais se contente de nous révéler quelque chose. « Beyond all ideas of right and wrong there is a field I will be meeting you there. » Rumi (poète mystique persan du l'album Tyranny.
XIIIe
siècle) cité par Julian Casablancas dans la chanson « Human Sadness » de
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si lhouet te dominique r ochet
Amour en cage : B louson destructur é à carr eaux, pul l jacquard jacquard techno-aztèque, techno-aztèque, chemise banquier, banquier, pantalon coupé en laine boui l l ie. Écharpe infini t y en kid mohair et sneakers sneakers mul ticolor es Carven. Carven. P our Lupi ta : gi let Kurt Kurt Cobain tricoté par Catarina.
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i’m back laurent goumarre
BIOPIGS ou La Ferme ! aux célébrités A force de faire exploser le théâtre depuis plus de quinze ans avec des pièces farces et attrapes, il fallait bien que ça arrive : un spectacle qui n’en finisse pas d’en finir. Et Biopigs, la dernière aberration de Sophie Perez/Xavier Boussiron c’est ça : une pièce clownesque qui aligne d’abord les fins de pièces, les saluts et les applaudissements enregistrés. La fin du Don Juan tellement hâââbité de Jacques Weber, celle très approximative de Clôture de l’amour de Pascal Rambert et d’autres… pour enfin se présenter face public, saluer, le corps qui se plie, la main sur l’épaule, le regard perdu qui surjoue
l’émotion, comédien jusqu’au bout. Et le meilleur pour la presque fin : partir vers les coulisses en courant, et revenir sous vos applaudissements. En courant ? parce qu’au final, au théâtre, c’est comme ça, on court. Un rituel qui en vaut un autre, pour montrer qu’on est bien vivant, que tout ce qu’on vient de faire c’est du faux, courir pour vite se débarrasser de son personnage et communiquer à ce public assis un peu de sa vie à soi. En travaillant la fin et la sortie des pièces, Biopigs construit une formidable dramaturgie de coups de théâtre doublée d’une leçon de cabotinage. C’est la fin
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sans les moyens, c’est un peu écœurant comme un repas qui alignerait les desserts et passages au vestiaire sans jamais dresser les hors-d’œuvre. Parade et relâche Trop de théâtre tue le théâtre, alors voilà Sophie Perez et Xavier Boussiron ont d’abord écrit une pièce de « fins de partie », une tuerie en série. Les cadavres arrivent ensuite. Deuxième temps du carnaval – l’inversion est inscrite dans le nom de la compagnie : Zerep, lire Perez à l’envers –, la Parade de foire avec des personnages ayant existé, toute ressemblance ou coïncidence étant totalement assumée et absolument ratée. Et on trouve tous les genres dans ce cabaret purgatoire : Une Ludwig boursouflée, Un Peggy Guggenheim en gondole électrique, Une Sammy Davis Junior à pleurer, Joan Crawford plus maman hystéro-chérie que jamais, et puis cul nul au piano un Elton John qui va se talquer les couilles. Mais qu’est ce qui se trame dans cette ferme des célébrités ? Que racontent Sophie Perez/Xavier Boussiron – elle qui vient des claquettes, a été assistante du scénographe de Fellini, a fait une école de scénographie et de costumes, lui diplômé des Beaux-arts de Bordeaux, qui fait du rock en mixant la variété italienne et l’orgue de Charlie Oleg ? Un tir à vue sur les monstres sacrés qui portent la voix ? une caricature des génuflexions du monde du théâtre devant les grands textes ? une gifle bien sentie aux académismes de tout bord ? Oui bien sûr il y a de cela, mais le théâtre de Perez/ Boussiron ne se limite pas à un jeu de massacre aussi réjouissant soit-il. Il y a de l’Opérette là-dedans, mais chantée par Gombrowicz (1967), il y a de la Parade, mais les costumes impraticables sont de Picasso (1917), il y a Relâche et c’est signé Picabia (1924). Qu’est-ce que ça veut dire ? Que ce théâtre joue les farces et attrapes avec un sens historique du happening, forme dégénérée prémonition des désastres et de la fin d’un monde à venir. Et c’est dans cette Histoire qu’il faut situer la violence de Perez/Boussiron qu’on prendrait à tort pour du cynisme. Une violence rigolarde qui s’est déjà jouée à plusieurs, dans des collaborations bien senties avec au choix : Arnaud Labelle-Rojoux, Jean-Yves Jouannais ou Pacôme Thiellement, les apôtres respectifs de « L’Art parodic’ », des « Artistes sans œuvre » et du magnifique « L’Homme Electrique, Nerval et la vie ».
Le Biopic est devenu ce virus qui après avoir bien contaminé le cinéma, s’attaque au roman français – je ne reviendrai pas sur l’inflation de textes qui chaque année s’appuient sur la vie de héros ayant existé. Chaque rentrée littéraire peut se regarder comme le défilé ininterrompu de personnalités dont on raconte la vie. Peu importe les réussites ou les échecs, ce qui se joue là, c’est le redoublement romanesque de figures identifiées dont on attend toujours qu’elles se cassent la gueule. C’est peut être en cela que le biopic serait aujourd’hui un art cochon – Biopigs –, l’élevage en batterie de personnalités avant d’être sacrifiées. Quand Perez/Boussiron mettent en scène les délires de Ludwig vus par Visconti, la dinguerie de Peggy Guggenheim, ce n’est pas le spectacle ridicule de leur déchéance qu’ils exposent, mais l’image qu’on en retient, et le sentiment de haine qui est derrière. La caricature préexiste à ce théâtre, le jeu de Biopigs est de la démultiplier, de l’outrer jusqu’au moment où chacun comprend qu’il en est responsable. Que ce qu’on aime chez Peggy Guggenheim, ce n’est pas sa collection d’art moderne, mais les photographies rassurantes d’une riche dingotte, mémé à chiens devant son palais vénitien qui prenait la flotte avec une paire de lunettes qui ferait rêver cette folle d’Elton John. Pareil pour Ludwig et les autres. Ce que l’époque aujourd’hui veut retenir des héros, des artistes, c’est la parade de Freaks, une belle bande de tarés sur lesquels il est permis de cracher. Installer le théâtre
A bas les artistes !
La scène de Perez/Boussiron est le lieu magnifique de cette mise à mort. Après les fins de spectacle, à bas les artistes. C’est dire que la responsabilité est partagée sur le plateau déjà travaillé comme une installation quand d’autres posent des décors. Pour Biopigs, mise en scène sublime de tous les foirages possibles, il y a à jardin une sculpture comme on aimerait en voir à la FIAC : un truc rose entre le foie de veau et le mou pour les chats, de grands yeux tristes, un monstre gentil qui va vomir une marée noire, avaler une actrice, en recracher une autre comme le poisson a recraché Jonas. Pas de décor, la sculpture existe toute seule, préexiste à la pièce. C’est au théâtre ensuite à s’adapter et de savoir comment faire avec. C’est là, dans cette inversion scénographique que se joue la singularité du théâtre de Perez/Boussiron : faire avec la beauté, poser l’art d’abord, le reste ne peut qu’advenir. Il se peut que ce soit du cochon.
Mais alors de quoi Biopigs est-il le symptome ? Du pire… qui prend la forme depuis quelques années du biopic. A savoir la vie d’une star, racontée de la naissance à sa mort, avec un goût prononcé pour les destins bancals, les immenses ratages, les statues qu’on déboulonne, comme le Freud décompensé par Michel Onfray.
BIOPIGS conception et scénographie : Sophie Perez et Xavier Boussiron avec : Sophie Lenoir, Stéphane Roger, Marlène Saldana, ErGe Yu Théâtre du Rond-Point, Paris. 11 - 23 avril 2017
Laurent Goumarre est critique d’art, journaliste et producteur de l’émission Le nouveau rendez-vous sur France Inter du lundi au jeudi de 22h00 à minuit
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addenda languedoc montpellier - 34 Carré Sainte-Anne Dr. Merlin de Large (Marquis Zed de Baby-Excalibur) Jonathan Meese jusqu’au 30 avril 2017 Galerie Vasistas 37 avenue Bouisson Bertrand David Bioulès David Wolle 16 mars - 22 avril 2017 Iconoscope 25 rue du Courreau Florin Stefan 21 avril - 13 juillet 2017 La Panacée 14 rue de l’Ecole de Pharmacie Exposition thématique Retour sur Mulholland Drive Exposition monographique Tala Madani Exposition collective Interims Les 3 expositions, jusqu'au 23 avril Musée Fabre 39 boulevard Bonne Nouvelle François Rouan, Tressages, 1966-2016 jusqu’au 30 avril 2017
nîmes - 30
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labège - 31
Carré d’Art Musée d’art contemporain
CRAC Centre régional d'art contemporain Languedoc-Roussillon 26, quai Aspirant Herber
Maison Salvan Pierre Clement jusqu’au 1er avril 2017
A different way to move Minimalismes, New-York 1960-1980 Commissariat de Marcella Lista 7 avril - 17 septembre 2017 Du verbe à la communication La collection de Josée et Marc Gensollen / jusqu’au 18 juin 2017 ESBAN / Ecole des Beaux-Arts Hôtel Rivet
La recherche s’expose #2 – Faire étalage – Joëlle Tuerlinckx 1er - 22 mars 2017
Expositions monographiques
La Traversée Johan Creten jusqu’au au 17 avril 2017
Exposition collective La vie aquative 25 mars - 18 juin 2017 Exposition monographique Lucy Skaer 25 mars - 18 juin 2017 La Palmeraie Daniel Otero Torres 25 mars - 4 juin 2017 Collection permanente Accrochage des acquisitions 2016 25 mars - 4 juin 2017
abonnement 3 numéros par an 10 € Envoyez votre chèque (à l’ordre de BMédiation) et vos coordonnées à BMédiation 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier le site de la revue
acturama - des articles inédits sur l’actualité addenda - une sélection d’expositions archives - toutes les chroniques publiées
Les Abattoirs
Autour du Nouveau Réalisme jusqu’au 28 mai 2017
Dans la forêt Brigitte Cornand 4 mars - 17 avril 2017
Daniel Spoerri, les dadas des deux Daniel jusqu’au 28 mai 2017
MIAM En toute modestie, l'Archipel Di Rosa jusqu’au 17 septembre 2017
ibos-tarbes - 65
sérignan - 34 MRAC Musée régional d'art contemporain Languedoc-Roussillon Avenue de la Plage
toulouse - 31
Etage contemporain, en écho au nouveau réalisme jusqu’au 28 mai 2017
midi-pyrénées
Le Parvis Philippe Ramette jusqu’au 18 mars 2017
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nègrepelisse - 82
Le LAIT / Moulins Albigeois Repousser le tigre dans la montagne 1er avril - 11 juin 2017 Panoptique de Tarik Essalhi 1er avril - 11 juin 2017
La Cuisine – Centre d’art et de design Salomé III Lou-Andréa Lassalle jusqu’au 14 mai 2017
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provence
Le Pavillon Blanc Infiniment, Le pays des étoiles Fred Biesmans, Caroline Corbasson, Simon Ripoll-Hurier jusqu’au 13 mai 2017
arles - 13 Fondation Vincent van Gogh Rebecca Warren / Alice Neel jusqu’au 17 septembre 2017
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