ARKUCHI#43 ÉTÉ 24

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art culture architecture #43 gratuit ÉTÉ 24

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SPÉCIAL ESCAPADES ALPINES

Plateforme 10 à Lausanne, festival des Cabanes, Annecy Paysages, Palais Lumière à Evian et autres festivals dans les cimes

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Forme & Fonction

La mue de la Part-Dieu : la nouvelle place Béraudier

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MICMACS DE SAISONS

Des saisons de combats

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Lettres & Ratures

Évasion estivale

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Dans le Rétro… Dans le Viseur

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À L’AFFICHE

Sandra Calligaro : l’Afghanistan au quotidien

Campagne Première

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C DANS L’AIR

Les Invites vont marquer les esprits

Street Musée du mois

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Popote(s) & Jugeote

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ADN

Les drôles de jardins d’Ortans

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Déambulations

Expos, festivals, visites, performances : des idées à la pelle !

contact.arkuchi@orange.fr

Gratuit • Toutes les 6 semaines

Diffusion : plus de 450 lieux

Lyon, Métropole & Rhône‑Alpes

Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € ‑ 18 rue Belfort 69004 Lyon

Direction de la publication ‑ Rédaction en chef Anne Huguet ‑ 06 13 07 06 97

Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro

Martin Barnier, Guillaume Bouvy, Blandine Dauvilaire, Nadège Druzkowski, Ponia DuMont, Émiland Griès, Marco Jéru, Valérie Legrain Doussau, Miss Pretty Little Things, Trina Mounier, Enna Pator, Florence Roux, Les Soreuses, Gallia Valette Pilenko

Illustration de couverture : Enna Pator

Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97

Conception et mise en page

Impression : FOT

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FESTIVALS

Avignon, on y danse aussi Montpellier et Marseille : la danse déménage

Vienne fête ses divas Été en Cinémascope à Lumière Chalon fait sa foire

Vibrer aux Nuits de Fourvière Festi-Matons

Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN :

Larédactionn’estpasresponsabledestextesetphotos publiésquiengagentlaseuleresponsabilitédeleurs auteurs.Tousdroitsdereproductionréservés.

ABONNEMENT

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N°43 N 43
ARKUCHI #43 ÉTÉ
24
2646‑8387
100 % ESTIVAL 100 % Enna Pator Sandra Calligaro ©
Metronomi © Yvonne Chew ©
DAINA ASHBEE

Profondeurs

Christian Hecq et Valérie Lesort nous entraînent

20 000 lieues sous les mers pour des aventures sous-marines loufoques. Illusions, marionnettes et jeux d’acteurs drôlissimes, la pièce vue aux Célestins est carrément emballante !

A chaud

GRAND DÉBALLAGE L’URDLA vend une grande sélection d’estampes contemporaines à prix cassés (de 20 à 100€). Dès le 6 juin à 18h.

06 > 29 JUIN URDLA Villeurbanne

LA CHANCE Sylvain Creuzevault présente les travaux de sortie de la promotion 32 de la Comédie de Saint-Étienne. À partir d’un texte de Tchekhov, Sur la grand-route imagine des Ukrainiens et des livres d’auteurs russes blottis ensemble dans un abri de fortune. Et ça joue à Lyon.

19 > 23 JUIN Comédie de Saint‑Étienne (42)

02 > 03 JUIL. Théâtre du Point du Jour

GOULEYANT Les Fables, on croit connaître. Fabrice Luchini en tire tout le suc et la modernité avec La Fontaine et le confinement. Une délicieuse balade littéraire entrecoupée d’apartés politico-comiques, à déguster sans modération.

21 > 22 JUIN Radiant Bellevue

DÉCIBELS Le hardcore de Turnstile débarque à Caluire. Les Américains de Baltimore font beaucoup de bruit avec leur fusion punk et des hymnes power pop. Ça va pulser.

25 JUIN Radiant Bellevue

ROCK AU VERT 100% rock, roots et bon enfant, voilà quelques-unes des valeurs du Horse Field Festival qui défend les jeunes pousses régionales au cœur des monts du Lyonnais. The Darts, Les Lullies, Ganafoul, Antenn.e, etc. Tout ça pour 20€.

28 > 29 JUIN Curis au Mont d’Or

ICONOCLASTE Revoilà le génial Israel Galván pour un mano a mano inattendu avec Igor Stavinsky et Le Sacre du Printemps. Zapeteado impeccable versus arpèges tranchants, le bailaor sévillan transcende jusqu’à la transe, sublimant la partition et explosant les codes de sa danse.

14 JUIL. Nuits de Fourvière

ON ÉCOUTE

Experiment of Terror Messer Chups Stops

Timber Timbre

Daytime Nighttime Tristesse Contemporaine

Total hip hop

Grosse actu pour Mourad Merzouki, le chorégraphe lyonnais a le chic pour réinventer la danse hip-hop. À Bron, il revisite le génial Boxe Boxe avec des danseurs brésiliens (rappelez-vous Agwa en 2008). On découvrira aussi Mosaïk, création 2024 tout-terrain, avant Beauséjour autour du vieillissement du corps, sur une bande-son signée, svp, Müller & Makaroff du Gotan Project. Vite, on réserve.

19 & 20 JUIN BOXE BOXE BRASIL

Espace Albert Camus Bron

28 JUIN MOSAÏK

L’Atrium Tassin la Demi Lune

23 > 25 JUIL. BEAUSÉJOUR Nuits de Fourvière

4 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 DANS LE RÉTRO...
Fabrice Robin ©
Michel Cavalca ©
BOXE BOXE BRASIL

CONCERT

LA CLASSE Deux

heures de son et lumière au top de la pop et un florilège de hits qui n’ont pas pris une ride. Étienne Daho et sa voix de velours font toujours des merveilles. Pas difficile de rester jeune avec lui !

événement

Il y a foule au Musée de Grenoble avec l’expo Miró. Un brasier de signes. Plus de 130 œuvres (prêtées par le Centre Pompidou) de l’artiste catalan, dont ses iconiques Bleus ou des pièces graphiques méconnues. Ça fait rêver… > 21 juil. Musée de Grenoble (38)

AGENDA

PLAY PLAY PLAY

Rétrospective William Klein

Musée d’art contemporain, Montélimar (26) 29 JUIN > 06 JAN. 25

SERIAL TOMBEUR

On a adoré le docu L’Homme aux mille visages dans lequel Sonia Kronlund décortique avec brio et humour une love escroquerie. Quand un séducteur international (Daniel ? Ricardo ?) gruge des femmes qui croient en son amour... Dans les salles depuis le 17 avril

CINÉ

Pour se faire plaisir : le folk habité de Cat Power (11/7), les indémodables Frustration avec le revenant Martin Dupont (13/6), le New Gold Dream des Simple Minds (10/7), les chants de gorge des métalleux mongols UUHAI (27/6)... Entre autres.

CRI DERÉVOLTE

Guillaume Cayet a un talent fou. Dans Grès , il sait comme personne faire parler les oubliés et lesinvisibles sans lamento ni commisération. Avec considération. Avec la musique de Valentin Durup de la Canaille. Chapeau bas. À la Célestine.

5 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 ... DANS LE VISEUR
William Klein © DANS LA FOULE, NEW YORK, 1955
© Successió Miró / ADAGP, Paris 2024 © Collection Centre Pompidou © Centre Pompidou, MNAM CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN GP
JOAN MIRÓ, BLEU II, 4 MARS 1961

Passion afghane

PAR FLORENCE ROUX

SANDRA CALLIGARO A PLONGÉ DANS LA PHOTO VERS DIX-HUIT ANS, AVEC L’OBJECTIF DE DEVENIR REPORTER DE GUERRE… PARTIE EN AFGHANISTAN EN 2007, ELLE DÉCOUVRE LES EFFETS DES CONFLITS SUR LE PAYS ET SES HABITANTS DONT ELLE DOCUMENTE LES HISTOIRES, LA VIE.

« De l’Afghanistan, je ne connaissais presque rien avant d’y aller, à vingt-cinq ans », explique la photographe Sandra Calligaro, qui a rejoint le collectif de photographes item en septembre dernier. « Comme tout le monde, je connaissais les talibans, le commandant Massoud, la burka des femmes. Je voulais devenir correspondante de guerre. » Loin de sa première vocation d’illustratrice. Seulement voilà, en année préparatoire d’école d’art, elle s’initie à la photographie.

« Une révélation, se rappelle-t-elle. J’aime le côté immédiat, la reproductibilité et les histoires. » Elle s’inscrit à Paris VIII en photojournalisme, emprunte un Minolta reflex argentique à ses parents, et photographie le quotidien, des soirées, les gens qui fréquentent les cafés où elle

travaille. Alors qu’émerge le numérique, l’étudiante passe des journées dans les laboratoires de la fac et découvre aussi le travail des photoreporters de guerre des années 1970. Un ami journaliste lui conseille de partir en Afghanistan. À l’époque, en 2007, les talibans ont été démis, la démocratie reste instable, mais sans conflit ouvert. Sandra potasse sur l’Afghanistan, qui est le premier producteur d’opiacés au monde ; elle tient son sujet : les usagers de drogues, en nombre grandissant dans le pays. Direction Kaboul.

Devenir photographe

« Là, ma vie bascule et un monde s’ouvre à moi, se souvient-elle. Je me sens à l’aise, je rencontre des gens, il y a des histoires partout et j’aime ce pays. D’étudiante en

photo, je deviens photographe. » Elle reste deux mois au lieu d’un, revient en France, peine à vendre son sujet – tout de même présélectionné pour le prix Bayeux des correspondants de guerre –, visite les rédactions. Et repart pour un reportage dans Paris Match. S’engage alors une vie entre commandes pour la presse ou des ONG et travaux personnels, entre Paris et Kaboul (où elle vit), poursuivant son travail sur les usagers de drogue. Puis elle mène à partir de 2010 un long travail documentaire sur les classes moyennes afghanes : Afghan Dream. « J’explore la culture afghane et je me rends compte que la guerre, ce ne sont pas que les explosions et les attentats. Elle s’infiltre dans le quotidien. Assez vite, je prends le parti de ne pas documenter les bombes et je me

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ne pas documenter les bombes et se concentrer

sur les gens

DEUX PETITS AMOUREUX, AVANT QUE LA VIE NE LES SÉPARE. HERAT, AFGHANISTAN, 2016

sandracalligaro.com sandracalligaro

FROM KABUL WITH LOVE 14 JUIN > 09 AOÛT Item Galerie Lyon 1 collectifitem.com

concentre sur les gens tout en assumant une manière de les photographier, comme le dit la photographe américaine Nan Goldin, comme une façon de toucher l’autre, c’est une caresse. »

Aujourd’hui basée à Paris, Sandra Calligaro est retournée en Afghanistan en décembre dernier pour un documentaire sur une radio de femmes* « Je suis allée ailleurs, mais j’y reviens toujours. J’y ai des amis, des affaires… Tant que j’obtiens un visa. Quand j’arrive à Kaboul, je ressens de la tristesse et du désarroi, mais ça reste familier pour moi. » Aujourd’hui, la photographe s’intéresse à la France, « de plus en plus je documente le pays où j’habite ».

(*) Afghanistan : Radio Begum, la voix des résistantes, à voir sur Arte

Vivre d’art et d’air pur

Tous les deux ans, le festival Campagne Première réunit les amateurs d’art et de nature dans le petit village de Revonnas (10 kilomètres de Bourg-en-Bresse). Imaginé par Fanny Robin, directrice artistique de la Fondation Bullukian à Lyon, cet événement convivial qui fait découvrir l’art contemporain en milieu rural associe les habitants et les artistes dans la réalisation des œuvres. Cette troisième édition, intitulée D’aussi loin que je me souvienne, met l’accent sur la transmission des gestes manuels, notamment ceux issus du travail agricole. Elle présente les œuvres de onze plasticiens dans des lieux insolites (église, granges, école…).

Parmi eux, Nicolas Momein transforme des sabots de bois en sculptures ; Nicolas Boulard revisite la recette du fromage de Clon, spécialité de la Bresse ; Manuela Marques et Marc Lathuillière exposent des photos en lien avec les savoir-faire ; Elise Grenois dévoile ses dernières faïences, etc. Fort de son succès, le festival se prolonge cette année hors les murs, avec une œuvre hommage aux fermes bressanes, créée par Barreau et Charbonnet à la Ferme de la Forêt ; ainsi qu’une série de pains sculptés par Nicolas Boulard, présentés au Monastère royal de Brou (les deux, 20 juin au 22 sept.). Les onze artistes invités présenteront également leurs œuvres à Aime-la-Plagne et La Plagne Tarentaise, sous la forme d’un parcours d’art contemporain en montagne (29 juin au 22 sept.). Un grand bol d’art en perspective.

22 & 23 JUIN Revonnas (01) campagnepremiererevonnas.com MATER

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Sandra Calligaro © Marc Lathuillière. En collaboration avec Agnès Desolneux ©

TOURNÉE GÉNÉRALE AUX INVITES

PAR GALLIA VALETTEPILENKO

19 > 22 JUIN

Partout à Villeurbanne invites.villeurbanne.fr

PNOUVELLE DIRECTRICE DES ATELIERS FRAPPAZ DEPUIS JANVIER, NADÈGE PRUGNARD

EST AUSSI AUX MANETTES DES INVITES DE VILLEURBANNE QU’ELLE PILOTE POUR LA PREMIÈRE FOIS. ET CETTE 18E ÉDITION DU FESTIVAL « PAS PAREIL » FRAPPE FORT !

PAS MOINS DE CENT REPRÉSENTATIONS D’ARTISTES DE DIX PAYS DIFFÉRENTS (BELGIQUE, CAMEROUN, CHILI, ESPAGNE, PALESTINE…) VONT METTRE LE FEU À VILLEURBANNE POUR QUATRE JOURS DE VERTIGE.

arfaitement paritaires pour la première fois, Les Invites prennent un virage résolument engagé, plus perceptible qu’à l’époque de leur précédent directeur, Patrick Papelard, qui avait néanmoins planté quelques graines. Notamment sur la question des droits LGBTQIA+ avec trois spectacles : Le Pédé du collectif Jeanine Machine, Keep on, walk and walk, walk the speakers du performeur

Otomo De Manuel et Bien Parado du collectif La Méandre, un duo qui explose les codes de la sevillana, danse espagnole populaire traditionnelle. Mais aussi sur les questions d’ouverture au monde ou de repli sur soi. C’est donc un grand plaisir de (re)voir

And here I am, seul en scène du Palestinien Ahmed Tobasi et gros coup de cœur du dernier festival Sens Interdits. Comme de découvrir Yanka : la jeune artiste rap lyonnaise, très engagée sur les questions féministes et queer, commence à sérieusement faire parler d’elle. On peut encore citer la première création solo de l’acrobate Catherine Ros, mise en scène par Guy Alloucherie, autour de la figure de la sorcière et en duo avec un arbre. L’ineffable et géniale Karelle Prugnaud présente Moins que rien, écrit par Eugène Durif à partir du Woyzeck de Büchner. La pièce ne devrait pas laisser indifférent avec la performance bluffante de l’acteur Bertrand de Roffignac suspendu à une grue et plongé dans une cabine téléphonique remplie d’eau. C’est l’une des douze créations 2024, le festival s’investissant dans le soutien aux artistes, de plus en plus nécessaire. Parce que les arts vivants doivent sortir de leurs salles obscures, Les Invites mettent en place le "Comptoir des vivants", nouveau dispositif dans lequel les artistes investissent bars et cafés pour des formes atypiques et surprenantes. Karelle Prugnaud est encore de la partie, Julie Pichavant avec une Marylin post-punk aussi. Autre initiative bienvenue, les "débats pas pareils", pour « réinscrire le noble exercice de la controverse dans l’espace public », sortes de grandes tablées où le débat sera de mise ! Sans oublier les nombreux projets participatifs, tous plus réjouissants les uns que les autres, dont le plus fou est celui de la compagnie La Belle Meunière avec Rien de Grave, où les interprètes tentent de danser un menuet dans la boue !

8 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 NE ME DIS PAS QU’IL FAUT AIMER PERSONNE Tarik Noui © C DANS L’AIR

BLOC BLOC CONTRE

LE COMPLEXE CULTUREL

PLATEFORME 10 DE LAUSANNE

INTERPELLE PAR SON ARCHITECTURE SANS CONCESSION, FAISANT FI DE TOUTE VOLONTÉ D’INTÉGRATION URBAINE, MALGRÉ SA PROXIMITÉ

D’AVEC LE CENTRE HISTORIQUE.

Évian à Lausanne, il n’y a qu’un lac ! Sur l’autre rive du Léman, nous voilà à pied d’œuvre pour découvrir quelques master pieces d’architecture contemporaine de la cité vaudoise, tel le Rolex Learning Center des Japonais SANAA ou le siège du CIO des Suisses Itten+Brechbülh, année olympique oblige ! Mais c’est Plateforme 10 qui tient la corde par son échelle et sa radicalité. À côté de la gare centrale, ses deux gigantesques monolithes épurés s’imposent en plein centre-ville : d’une part le Musée cantonal des Beaux-arts (MCBA), le Musée pour la photographie (Photo Elysée) et celui du design et des arts appliqués contemporains (mudac) d’autre part.

PLATEFORME 10

Avenue Louis Ruchonnet 1 Lausanne (Suisse)

plateforme10.ch barozziveiga.com airesmateus.com

Le premier, signé par les Barcelonais de l’Estudio Barozzi Veiga, est un strict parallélépipède orthogonal barrant la pente du site et s’étirant le long des voies ferrées. Le colosse est strié en ordre serré de fins et profonds contreforts sur toute sa hauteur. Il est volontairement privé de pied et de tête – soubassement et couronnement en langage architectural –, entièrement

* Chemins de fer fédéraux suisses

recouvert de briques grises et ponctué de rares baies démesurées. Accessible par une minuscule porte vitrée au fond d’un porche volontairement inexpressif : tout est fait pour brouiller les repères visuels donnant sens et échelle aux choses. La prouesse est à saluer, c’est très réussi. Les architectes ont tout de même gardé le pignon de l’ancienne nef centrale historique des CFF*, avec plafond vouté et verrière, et le grand disque rotatif qui servait à tourner les locomotives. Le second musée est l’œuvre de l’agence portugaise Aires Mateus. Tout aussi monolithique et austère, ce bloc de béton blanc, lisse et trapu, est zébré de part et d’autre par une fissure géante dont la partie supérieure semble léviter lourdement. Le surprenant effet est renforcé par le traitement de la sous-face du volume en apesanteur : de grandes faces triangulaires du même béton, couvrant les espaces d’accueil (hall, guichets, bar, boutique). Le soir, l’éclairage intérieur filtrant entre les deux volumes souligne la lézarde. Là aussi, réussite totale ! Dans le hall, un escalier descend dans les entrailles du bloc encastré au sol renfermant

Photo Elysée, l’autre pour monter dans le volume "flottant" du mudac. Bonne découverte !

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ESCAPADES ALPINES
PAR ÉMILAND GRIÈS BÂTIMENT DU MUDAC ET DE PHOTO ELYSÉE Matthieu Gafsou ©

PAR ÉMILAND GRIÈS

Pour sa neuvième édition, le Festival des cabanes donne à nouveau rendez-vous aux abords du lac d’Annecy. On repartira vaillamment à travers champs, forêts, ruisseaux et chemins à la découverte de ces treize petites constructions éphémères. À la fois modestes et savantes, primitives et poétiques, elles sont conçues par des équipes d’architectes de toutes nationalités. Seul matériau à disposition : le bois. Et pour ouvriers, les concepteurs eux-mêmes avec l’aide des habitants. Entre nature et culture, chacune à sa manière révèle le territoire qu’elle jalonne, dans un subtil jeu d’équilibriste. À mi-chemin entre rêve d’enfant et œuvre d’art, chaque cabane (en libre accès) offre une surprise : assemblages savants, cadrages insoupçonnés sur les montagnes ou le lac, découverte d’un lieu à l’écart des sentiers battus… le temps d’un pique-nique, d’une sieste, d’une rêverie.

Au temps des cabanes Land art

Plaisir d’errer le nez au vent ? Prenez le temps d’aller vous perdre entre lac et montagnes : Annecy Paysages propose un riche parcours (en partie pérenne) d’installations artistiques et paysagères dans tout l’espace public, particulièrement dans sa vieille ville ou dans les Jardins de l’Europe. Les réalisations questionnent l’équilibre nature/ville et donnent à voir autrement perspectives, lieux, paysage. Une manière sensible de se connecter à la beauté et la fragilité du monde qui nous entoure. Le festival promet quelques nouveautés en 2024 : des œuvres existantes sont réinstallées dans un nouvel environnement – tels les arbres de Bob Verschueren qui invitent à lever les yeux vers le ciel ou la sculpture interactive de Will Beckers –, et une nouvelle création Jour de fête (entre autres) va s’amarrer dans le Thiou au cœur de la ville historique, invitation à la contemplation et porte sur l’imaginaire des flots.

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FESTIVAL DES CABANES David Foessel ©
1ER JUIL. > 15 NOV. lefestivaldescabanes.com
09 JUIL. > 22 SEPT. Dans toute la ville Annecy (74) annecy‑paysages.com BOB VERSCHUEREN, IMPLANTATIONS Marc Domage © PAR ANNE HUGUET

Plongée en Belle Époque

Célèbre aujourd’hui dans le monde entier pour son eau, la petite ville d’Évian attire, au tournant des XIXe et XXe siècles, le gratin de la haute société. Aristocrates et bourgeois viennent y “prendre les eaux”, dont les vertus curatives sont découvertes dès la fin du XVIIIe siècle. Pour accueillir ce beau monde, d’immenses thermes – actuel Palais Lumière – voient le jour en 1902, au bord du lac Léman. L’édifice cristallise l’opulence de l’architecture Belle Époque. Brunnarius, son concepteur, passionné de montagne, décède malheureusement en 1901, dans une avalanche ; son collaborateur Hébrard achève son œuvre.

Deux ailes parfaitement symétriques accueillent respectivement dames et messieurs, pour leurs soins, autour d’un pavillon central rehaussé d’un lumineux dôme de verre. Trônant 35 mètres au-dessus du lac, il coiffe l’imposante façade de pierre blanche et de faïence jaune paille.

Dédiés à la santé et au bien-être, les thermes sont aussi l’épicentre de la mondanité. Il faut voir et être vu. La salle d’attente et la buvette – devenues hall central –, éclairées de vitraux Art nouveau, abritent quatre statues à la blancheur d’albâtre, allégories des principales sources de la ville, dont la source Cachat qui fit sa renommée. C’est dans ce luxe ostentatoire que s’affichaient les curistes à l’image de la poétesse Anna de Noailles ou de Marcel Proust. Asthmatique et insomniaque, l’écrivain déambulait à la nuit tombée dans la ville. Autres célébrités, les frères Lumière y possédaient un cossu lieu de villégiature, devenu l’actuel hôtel de ville.

Dans les années 1980, alors obsolète pour les soins, le bâtiment connaît un temps de déshérence.

À ÉVIAN, LA MAGNIFICENCE DU PALAIS LUMIÈRE, ANCIEN TEMPLE DES EAUX DEVENU PALAIS DES ARTS, NOUS EMPORTE DANS L’ÂGE D’OR DU THERMALISME, AU CŒUR DE LA BELLE ÉPOQUE.

C’est l’heure des dégradations et des squatteurs avant une spectaculaire reconversion en 2006. Sous la houlette de François Chatillon, architecte en chef des monuments historiques, le bâtiment renoue avec ses fastes d’antan. Accueillant une médiathèque et un centre des congrès, le palais Lumière sert aussi d’écrin à des expositions. La toute dernière court de juin 2024 à janvier 2025, elle met en exergue les œuvres (120) de deux artistes, Henri Martin et Henri Le Sidaner. Peintres emblématiques du mouvement intimiste de la Belle Époque, leurs tableaux réveillent à merveille l’esprit du lieu, témoin de ces folles années.

PALAIS LUMIÈRE

Quai Charles Albert Besson Évian les Bains (74) ville evian.fr/palais lumiere

HENRI MARTIN

HENRI LE SIDANER DEUX TALENTS FRATERNELS

08 JUIN > 05 JAN. 25

Palais Lumière Évian les Bains (74)

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Ville d’Evian La Nouvelle image © Guillaume Mollier © PALAIS LUMIÈRE

Là-haut, sur la montagne…

musiquesenstock.fr musilac.com cosmojazzfestival.com rocknpoche.com

… il est de beaux festivals ! Fin juillet, à Chamonix, le Cosmojazz (22 au 27) invite toujours à écouter du jazz et autres musiques cousines, face au décor somptueux du mont Blanc, au bord d’un lac bleuté de montagne ou au milieu de verts alpages. Vingt concerts et un Off en cours de programmation. Outre le maître des lieux André Manoukian, on attend de pied ferme les échappées pop à la sauce cubaine du pianiste Alfredo Rodríguez, la voix diamantine de Youn Sun Nah, le chanteur rappeur marocain Walid Ben Selim. Tandis que Cotonete fera chauffer à Chamonix son jazz-funk qui groove, avant la frénésie finale de Vaudou Game, point d’orgue de l’édition 2024. D’autres montagnes plus douces et verdoyantes au cœur de la Vallée Verte pour s’enjailler au Rock’n Poche (02-03 août) ? Le « plus grand festival de rock de Haute-Savoie du monde » reste fidèle à l’esprit de ses débuts : roots, à taille humaine et festif. O.B.F versus Iration Steppas, Fakear, Chinese Man ou JoeyStarr Sound System entendent bien mettre le feu à un public trié sur le volet (5 500 maxi par soir) et tout acquis à leur cause ! Ici, on sirote la fameuse bière verte au génépi tout en se pressant dans l’arène poussiéreuse. Juste pour le plaisir. Retour en vallée de l’Arve, fief du décolletage, Scionzier ne paie pas de mine mais est très fier de son petit festival Musiques en Stock (04 au 06 juil.) qui ne s’en laisse pas conter. Joyeusement rock et gratuit. Cinq groupes par soir avec une tête d’affiche et Dirty Harry (vu déjà aux platines du Hellfest, si si !) pour faire danser les foules. On est plus que ravi de retrouver le papy de la soul Lee Fields avec ses costumes pailletés et sa voix qui prend aux tripes, Calexico et son folk mariachi poussiéreux – ça faisait un bail qu’on n’avait pas revu Joey Burns. Seront aussi dans la place les ténébreux rockeurs de The Murder Capital, H-Burns ou les fans de sixties Howlin’ Jaws. Yeah. The last but not the least, on se téléporte entre lac et montagnes pour une virée sur l’esplanade de Musilac (10 au 13 juil.). Dix groupes par soir avec une programmation qui fait (trop) le grand écart dans les genres, mais quelques pépites qui mettent l’eau à la bouche. Joe Talbot et sa bande ne font pas de la figuration : avec IDLES, ça défouraille, ça hurle, ça slamme, on lève le poing et on aimerait que ça ne s’arrête jamais. Beth Ditto et ses Gossip sont de retour, là encore phénomène de scène et quelques tubes incontrôlables qui font danser. Mais aussi la pop classieuse de Daho, le surf rock asiatique de Khruangbin ou la fusion rap inclassable de Sofiane Pamart. C’est beau, l’été !

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ESCAPADES ALPINES
PAR ANNE HUGUET ROBERTO FONSECA, COSMOJAZZ 2022

DEPUIS DES ANNÉES, LA MUE DE LA GARE DE LA PART-DIEU, À LYON, MET LE QUARTIER SENS

DESSUS DESSOUS. LE PARCOURS DU COMBATTANT SEMBLE TOUCHER À SA FIN, POUR LE PLUS GRAND

SOULAGEMENT DE SES USAGERS.

PART-DIEU

LEVER DE RIDEAU

A(1) Architecte de la Bibliothèque nationale de France à Paris.

(2) Arbres aux troncs multiples partant de la base.

(3) Vide créé dans un plancher, mettant en communication deux niveaux différents.

près le relooking de la place de Strasbourg côté est et la création d’un quai SNCF supplémentaire, le noir gratteciel signé Dominique Perrault(1), la tour To_Lyon – 66 000 m² de bureaux et un hôtel 4 étoiles –, et la nouvelle galerie d’accès du passage Pompidou sont en cours de livraison.

Reste la place Béraudier côté centre commercial, encore en grande partie impraticable. Il fallait vraiment imaginer quelque chose, car cette vaste étendue sans

âme ni grâce était une vitrine bien peu glamour pour la capitale des Gaules. Sa transformation, initiée il y a une dizaine d’années par la démolition de l’immeuble du boulevard Vivier-Merle, a subi sur le tard les péripéties du changement de pouvoir local en 2020. Bien que déjà très engagé, le projet choisi par feu l’ancien maire de Lyon, Gérard Collomb, a été fortement remanié pour mieux répondre aux priorités écologiques de la Ville et de la Métropole.

Trop minéral ! Tel était son procès. Il est vrai que le parvis était prévu totalement en granit clair breton et sombre espagnol, pour répondre à la sur-fréquentation

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PAR ÉMILAND GRIÈS
L’AUC © PERSPECTIVE PLACE BERAUDIER - VUE VIVIER-MERLE

de la gare (35 000 personnes par jour en 1983 contre 134 000 aujourd’hui). Et qui dit minéralité dit échauffement ambiant, tendance chronique néfaste due au dérèglement climatique. Stockant la chaleur du jour et la restituant la nuit, le pavement de pierres aurait laissé peu de répit à nos organismes pendant les périodes de canicule.

De la fraîcheur ! Tel est donc le maître mot de l’évolution du projet. Cinquante-cinq arbres en cépées(2) aux essences variées et neuf larges massifs végétaux ont donc été ajoutés, qu’il a fallu glisser coûte que coûte dans les rares espaces libres d’un sous-sol très encombré. De plus, la place est étendue jusqu’à la bibliothèque, effaçant au passage le boulevard, avec 37 arbres supplémentaires. L’ombre et l’évapotranspiration de cette végétation abaisseront naturellement la température de l’espace public.

Places de Strasbourg et Béraudier Part Dieu, Lyon 3 lyon partdieu.com sudarchitectes.com baseland.fr

Ce n’est pas une mais deux places superposées qui sont proposées, histoire de décongestionner les espaces. À celle en surface s’ajoutera une seconde au niveau inférieur, ouverte à la lumière naturelle par deux immenses trémies(3) parfaitement rondes. La première accueille déjà une ample rampe métallique hélicoïdale desservant en pente douce une future station de vélos couverte de 1 300 places. Elle s’enroulera autour d’une clairière souterraine d’aulnes de Corse, cerisiers sauvages, amélanchiers et ormes de Chine de plus de 30 m² conçue par les paysagistes de l’agence BASE. Au plus près de la gare, la seconde place, animée par des commerces, donnera accès par ascenseurs et escalators au métro, à la station de taxis et au dépose-minute. Elle sera couverte par un auvent de 34 mètres de diamètre dont la structure émerge déjà des clôtures du chantier.

L’agence lyonnaise SUD architectes l’a conçu en forme de disque concave à rive amincie, posé à 14 mètres de haut sur de minces colonnes métalliques. Habillé de 850 facettes "inoxées" qui scintilleront sous la lumière du soleil et percé d’une verrière centrale, il sera à la fois signal urbain monumental et protection contre les intempéries.

L’inauguration de la nouvelle double place est prévue pour cet automne. Alors prenons le train des vacances en nous glissant une dernière fois entre les palissades, tout sera presque fini lorsque nous rentrerons, on nous l’a promis !

15 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 FORME & FONCTION

All you need is fleurs

ORTANS, ARTISTE TEXTILE FORMÉE

AUX ARTS APPLIQUÉS ET À LA COUTURE

FLOUE, A TROUVÉ SON ÉLÉMENT DANS LA LAINE. GRÂCE AU TUFTING* QU’ELLE

UTILISE COMME UNE PEINTURE EN VOLUME. SURTOUT, ELLE NE RÉSISTE À AUCUN MATÉRIAU, NI AUCUNE

TECHNIQUE QUI PEUVENT DONNER CORPS À SON IMAGINAIRE EN FLEUR.

ortans_mimosa

Être née dans une fleur... Ortans – son nom d’artiste inspiré de sa fleur préférée s’écrit comme elle l’entend – grandit dans « un paysage rural », à Issoudun, dans le centre de la France. Gamine, elle se promène, cueille des fleurs ou brode avec sa grand-mère, dessine et peint beaucoup, avec les arts appliqués pour perspective. C’est à Toulouse, où elle apprend la scénographie, que l’étudiante se rend compte de son irrésistible envie de textile et file suivre une formation à la couture floue à Lyon. « Ce médium correspondait plus à ma manière de m’exprimer que la peinture, dit-elle en souriant. J’aime toucher et travailler la matière, un peu comme dans la sculpture. »

Il n’empêche. Si Ortans devient chef d’atelier dans une maison de prêt-à-porter lyonnaise, patronne des gammes de vêtements pour une créatrice, elle continue à peindre, dessiner ou broder… Jusqu’à découvrir le tufting, une technique qui permet de projeter de la laine à travers un tissu, utilisée pour fabriquer des tapis et dont elle use presque comme d’un pinceau sur une toile. « Cela me permet de faire des grands formats, en volume, souffle la jeune femme. Et j’adore la laine, chaude et généreuse, qui évoque un cocon douillet. »

Alors, depuis trois ans, l’artiste a délaissé le fil de broderie (sauf pour de magnifiques petits formats, telles des esquisses) et s’épanouit dans le tufting, avec lequel elle compose des "murales" en volume, des fleurs, des jardins fantastiques inspirés de Miyazaki ou du magicien d’Oz et, surtout, de sa propre fantaisie. Ses œuvres se nichent sur des murs de cafés, de lieux publics ou chez des particuliers. L’artiste assume son goût pour la scénographie et son plaisir de voir les gens s’approprier son univers coloré. Dernier exemple : la jungle immersive qu’elle a composée cette année pour AiRT de Famille, au cœur de la galerie des Terreaux complètement transformée.

> 21 JUIN

Depuis l’an dernier, le tufting lui a aussi permis de revenir à la toile, une toile qu’elle fabrique elle-même et où elle projette, après avoir décidé une gamme de couleurs, des œuvres plus abstraites que ses jardins et dans lesquels elle réintroduit de la peinture. À trente-trois ans, Ortans relie la scénographie à la broderie, le tufting à la peinture avec une envie d’expérimenter toutes les techniques et toutes les couleurs. À sa guise.

* Technique de tissage artisanal qui donne un rendu moquette.

16 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24
ADN
Metronomi ©
AiRT de Famille Galerie des Terreaux Lyon 1 airtdefamille.fr ORTANS, EXPO AIRT DE FAMILLE

ÉTÉ

PAR EMMANUELLE BABE, GUILLAUME BOUVY, NADÈGE DRUZKOWSKI, ANNE HUGUET, TRINA MOUNIER, GALLIA VALETTE-PILENKO

FESTIVAL

05.05 > 28.09 GREEN ATTITUDE

La Station Mue a lancé son programme estival début mai (60 rendez-vous) et ça vaut le coup d’aller y faire un tour ! Ses structures en bois accueillant des plantes grimpantes en pleine croissance, ses espaces abrités du soleil et son architecture de cabane en font un lieu assez magique. On vous conseille, entre autres, la soirée du Jeune Ballet desoblique avec trois pièces de jeunes chorégraphes du coin (31 mai) ou la fête du Centre national de la danse (27 juin), avec une performance (Notre Forêt) de la circassienne Justine Berthillot ou l’atelier waacking de Paul de Saint Paul. GV-P

Station Mue

155 cours Charlemagne, Lyon 2 lyon confluence.fr/fr/bienvenue la station mue

FESTIVAL

05 > 12.06

CULTURE À LA FERME

Durant huit jours, la Ferme du Vinatier se transforme en scène ouverte mêlant créations artistiques, expo, ateliers et d’autres surprises. Ces rendez-vous gratuits, ouverts à toutes et à tous, sont le fruit du travail des artistes accueillis en résidence, d’étudiants et de compagnies du territoire. Au cœur de tes oreilles propose ainsi l’exposition de la photographe Johanna Quillet (vernissage le 28 mai), une déambulation poétique emmenée par la compagnie La Traversante, des siestes et massages sonores, et le retour des habitués de la compagnie de théâtre U.Gomina. GB

La Ferme du Vinatier

03.06 GROS RIFFS

100 % australien, mal léché et qui fait du bruit ? C’est à Fourvière que ça se passe. Et c’est la riot grrrl incendiaire de Melbourne Amy Taylor qui s’y colle, jouant lourd et fort. De Guided by Angels à Knifey, Control ou GFY, les bombes soniques et le punk nerveux de Amyl & The Sniffers retournent le cerveau et mettent direct en pétard. Primitif et pas toujours fin, mais à l’énergie pure. Place ensuite aux King Gizzard & The Lizard Wizard pour un set de tous les dangers, qui devrait faire le grand écart dans les genres (métal, garage, rock, psyché, prog, expérimental, folk…). Rattlesnake / Rattlesnake / Rattlesnake... On trépigne déjà d’impatience. Gros kif. AH

Nuits de Fourvière nuitsdefourviere.com

06 > 08.06

OPÉRA-JUNGLE

Justine Berthillot et Mosi Espinoza sont deux drôles de créatures. Avec On ne fait pas de pacte avec les bêtes, dans la lignée des films amazoniens de Werner Herzog, ils explorent la mégalomanie des hommes confrontée à la puissance de la jungle. À la fois burlesque, poétique et engagé, cet opérajungle déconstruit les codes de la danse et du cirque, comme ceux de la représentation. Il produit des images baroques et barrées, qui n’en dénoncent pas moins les méfaits de la colonisation et de la disparition de la forêt. GV-P

Les SUBS Lyon 1 les‑subs.com

18 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 DÉAMBULATIONS
Jamie Wdziekonski © Bron AMYL AND THE SNIFFERS

11 > 13.06 HAMLET AU FÉMININ

To be or not to be un homme ou une femme ? La Brésilienne Christiane Jatahy continue de retourner les œuvres classiques pour exprimer un ultime message. Et si Hamlet était une femme, avec la même histoire que le personnage shakespearien, que raconterait-elle sur la domination masculine dans l’enchevêtrement des rapports de pouvoir ?

Avec une actrice magnifique dans le rôle-titre, Clotilde Hesme, et l’utilisation au scalpel du cinéma pour traquer les émotions en gros plan, Christiane Jatahy devrait, une fois de plus, passionner ! TM

TNP

Villeurbanne tnp villeurbanne.com nuitsdefourviere.com

07 > 09.06 TRIP BD

Lyon BD revient en force, en complément du Mois de la BD qui se déroule dans la métropole lyonnaise (1er au 30 juin). Parmi les plus attendus du 9e art, trois belles expos sont à l’affiche pour (re)découvrir le ténébreux Corto Maltese (au Musée des Tissus, jusqu’au 28 juil.) avec des reproductions d’Hugo Pratt et des originaux de Rubén Pellejero, les œuvres de Florence Dupré la Tour (Pucelle, à la MLIS, jusqu’au 29 juin) ou de Julien Neel (Bergères Guerrières). Outre des concerts dessinés – comme celui d’Albin de la Simone et de Lewis Trondheim –, des dédicaces et des master class (autour du manga ou de l’architecture), la jeune création sera particulièrement mise en avant. Et les grands sujets contemporains carrément d’actualité, avec des rencontres autour de la question du genre ou de la maladie. GB

Divers lieux Lyon & Villeurbanne lyonbd.com

14 > 16.06

CUVÉES ET TABLÉES

Balades dans les vignes, dégustations, jeux, concerts, déjeuners au sein de propriétés enchanteresses, c’est le retour de Bienvenue en Beaujonomie (5e édition). Le concept : se faire inviter chez les vignerons du Beaujolais (quelque 50 domaines) et découvrir leur savoir-faire et leurs appellations, le tout dans une cave ou à ciel ouvert et dans la convivialité. Qu’il s’agisse d’événements intimistes ou plus importants avec des chefs cuisiniers, un seul mot d’ordre : savourez* ! GB

* Prix de 18 € à 190 €

Divers lieux

Beaujolais

bienvenue‑en‑beaujonomie.fr

18 > 22.06

NOUVELLES TÊTES

Le Prix Incandescences a la forme d’un festival régional de théâtre émergent. Porté par les Célestins et le TNP, il offre aux lauréats une scène et un public. Voilà donc l’occasion de découvrir dix projets en devenir (les maquettes). Parmi eux, certains ont déjà fait leurs preuves comme Marion Aubert et Julien Rocha (L’Amorale), la compagnie Ostinato (Komorebi) et des petits nouveaux prometteurs – citons Studio Monstre (ENGLAND) et Jules Benveniste (SOIF ONDE). Parmi les six spectacles déjà bien aboutis, on a été plutôt emballé par Vive de la compagnie Superlune et Mesure pour mesure de la compagnie La Grande Panique. TM

Théâtre des Célestins Lyon 2 TNP Villeurbanne prixincandescences.com

19 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 DÉAMBULATIONS
Cherki ©
Julie
Julien Piffaut © ON NE FAIT PAS DE PACTE AVEC LES BÊTES
VIVE, COMPAGIE SUPERLUNE
FESTIVAL

27 & 28.06

QUATUOR POUR UN REQUIEM

La figure poétique et politique de Pasolini n’en finit pas de revenir hanter les artistes. Quatre jeunes comédiens de l’ESACT (école d’acteurs à Liège) racontent l’histoire de son assassinat. Ils reviennent sur la puissance de son écriture, sur son héritage ; en un mot, ils lui rendent hommage dans une création bouillonnante à la forme kaléidoscopique. En une nuit – Notes pour un spectacle a été largement récompensé au festival Impatience en 2023 (Prix du Jury et du Public). Aux SUBS, dans le cadre des Nuits de Fourvière : c’est à voir, assurément. TM

Les SUBS Lyon 1 les subs.com nuitsdefourviere.com

25.06 > 16.07

SUSPENSIONS

Saint-Genis se met au cirque tous les mardis avec le festival Les Météores qui se tient du 25 juin au 16 juillet. Un rendez-vous populaire gratuit dans quatre lieux de la ville pour profiter de l’été et se donner quelques frissons bien mérités. Levez les yeux au ciel avec les six acrobates de Puéril Péril qui s’envolent haut sans agrès ni filet, avec leur nouvelle création Kontact (9 juil.). Gravité encore avec le solo à six mètres du sol de Fanny Austry sur une structure-sculpture bleutée. Entre danse (inspirée du krump), équilibre, dépassement, risque et contemplation, Bleu tenace (16 juil.) décale le regard et embarque ailleurs. AH

Divers lieux

Saint Genis Laval la mouche.fr

TOUTE L’ANNÉE ESCAPADES MÉDIÉVALES

De châteaux en villages, de balades en chapelles, sillonnez le Rhône en quête de ses trésors médiévaux. Un tout nouveau portail numérique compile une carte interactive, des descriptifs historiques et même un parcours sonore (Les fléaux d’Oingt) dans le joli village sis au cœur des Pierres Dorées. Huit points d’écoute avec QRcode rappellent que la petite cité médiévale – classée "Plus Beau Village de France" – a connu bien des maux au Moyen Âge. Nos chouchous ? Dans le Beaujolais, le château de Corcelles entouré d’une mer de vignes, avec son mâchicoulis, son pont-levis et sa tour polygonale Renaissance, le romanesque château crénelé de Montmelas ou le prieuré de Salles-Arbuissonnas, au paisible cloître roman. ND

Rhône médiéval rhonemedieval.fr

20 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 DÉAMBULATIONS
Laurent Cadéac © BLEU TENACE
Nadège Druzkowski © FESTIVAL
CHÂTEAU DE CORCELLES

04 > 06.07

OPEN AIR

Les Summer Sessions du Transbo sont bien de retour, mais cette année regroupées sur trois soirées début juillet. Ambiance à fond cold wave le vendredi avec la techno sombre du prolifique producteur grenoblois

The Hacker, et un set au son unique toujours classieux, 100% addictif. Tout aussi dark, VOX LOW, sorti des bas-fonds parisiens et dans le giron de Bad Born depuis 2018, distille un rock synthétique noir et glacé qui n’est jamais meilleur que sur scène. Quelque part entre le Gun Club, l’acid rock et Mark E. Smith, ça fait rêver ! La veille, avec les sales gosses de Fat White Family, on peut s’attendre à tout : le pire du punk dépenaillé, le chaos, la provoc, la musique de drone, des rythmes ternaires ou des ballades électropop, mais on risque bien d’en redemander. AH

Transbordeur

Villeurbanne

transbordeur.fr

29 & 30.06

PARCOURS POÉTIQUE

On ne va pas vous le cacher, on est fan de Julie Desprairies. Chorégraphe-architecte, elle réalise depuis une vingtaine d’années des petits bijoux de poésie et d’intelligence. En collaboration avec les gens du cru et le tissu associatif, cette créatrice atypique monte des projets participatifs liés à des lieux ou des territoires. Ici, il s’agit du TNG et de son histoire avec le projet Mon théâtre en moi. De l’automne 2023 au printemps 2024, elle et son équipe ont rencontré des personnes ayant traversé une expérience avec le théâtre depuis sa création. De ce matériau, elle a tricoté une œuvre chorale associant le public, l’équipe du théâtre et les artistes dans une déambulation décalée et rêveuse. GV-P

04 > 07.07

SONS D’AILLEURS

Exit les Jeudis des Musiques du monde, vive Soïo Mundo ! Le Centre des musiques traditionnelles Rhône-Alpes lance début juillet la première édition de son festival d’été. Sans surprise, l’affiche est internationale, de l’Italie au Brésil en passant par La Réunion. Le Mexique également, avec Kumbia Boruka qui fusionne frénétiquement les rythmes afro-caraïbéens. Enthousiasme garanti ! On note également la date du combo classieux Marthe X Pilani Bubu, qui réunit le collectif jazz-rock français et la chanteuse et poétesse sud-africaine… une semaine avant leur date à Vienne. EB

Parc Blandan Lyon 7 cmtra.org

Quartiers de Vaise et de la Duchère Lyon 9 tng‑lyon.fr 11 > 14.07

EN APESANTEUR

Les joyeux drilles du Groupe Nuits se lancent à l’assaut de Crescendo, l’œuvre de l’artiste suisse Julian Vogel installée sur l’esplanade des SUBS. Ça tient à rien propose de s’élever de plus en plus haut pour défier la pesanteur et ses propres peurs. Astrid Mayer et Raphaël Billet tentent une ascension périlleuse qui ne craint ni les chutes ni les élans. Le 14, ils mettront le feu au dancefloor avec une performance qui se transforme en bal pop. Parfait en préambule au traditionnel feu d’artifice du 14 Juillet ! GV-P

Les SUBS Lyon 1 les‑subs.com

21 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 DÉAMBULATIONS
KUMBIA BORUKA
li ©
GROUPE NUITS garance
©
DR FESTIVAL

EXPOSITION

> 20.07

MONTRER L’AMOUR

Des enfants et leur maman s’enlaçant, l’être aimé alangui sur un lit, la folie douce des jeux dans l’herbe, une biche prise dans les phares… : le photographe Julien Magre a documenté pendant des années l’intimité familiale. Le Réverbère s’empare de ce corpus intime pour présenter des images prises sur vingt-cinq ans. Rien de spectaculaire dans le travail du Prix Niépce 2022, mais la brillante démonstration de la beauté des êtres et d’une forme de tendresse résiliente. Car la famille a vécu un drame qui nous bouleverse. L’exposition Silence se visite comme un album de famille, qui alterne portraits et paysages, couleurs ou noir et blanc, scènes nocturnes et natures mortes revisitées. Un conseil : admirer les photos avant de lire les textes. Cette naïveté du regard sert aussi la pudeur du projet artistique. EB

Le Réverbère Lyon 1 galerielereverbere.com

FESTIVAL

12 > 14.07

EMBARQUEMENT IMMÉDIAT

Un quart de siècle que Vénissieux voit grand pour ambiancer le 14 Juillet grâce à ses trois jours de Fêtes Escales. Rap et musiques du monde restent leur marque de fabrique, avec pour tête d’affiche cette année le rappeur intello Georgio. Laissez-vous aussi séduire par l’alliance des Mamans du Congo et du beatmaker Rrobin : une rencontre unique du chant traditionnel des berceuses bantu avec les musiques électroniques et le hip-hop (13 juil.). Singulier et envoûtant ! EB

27.06 > 24.08

LES YEUX DE RODRIGUE

Qui, mieux que Madame de Sévigné, pouvait accueillir en son château de Grignan un Cid, fût-il d’un classicisme peu orthodoxe ? Car si Jean Bellorini s’y entend pour raconter des histoires, s’il aime tant la belle langue française, celle de Victor Hugo comme les vers de Corneille, il aime y vagabonder. Si, dans Histoire d’un Cid, le texte est respecté à la lettre, il est incarné par quatre comédiens d’aujourd’hui qui, entre hier et aujourd’hui, d’allers en retours dans la pièce, mettent en perspective tous ses questionnements. TM

Fêtes Nocturnes 2024 Château de Grignan, 23 rue Montant au Château, Grignan (26) chateaux‑ladrome.fr

22 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 DÉAMBULATIONS
Vivi What hmwk ©
Magre ©
LES MAMANS DU CONGO
Julien
FESTIVAL

JAPAN SPIRIT

Une heure trente (et quelques kopecks en moins) pour plonger direct dans la culture nipponne, ses rites ancestraux, les geishas et les yakuzas, le rituel du thé, le monde du manga et Super Mario, c’est à la Sucrière et ça devrait emballer les inconditionnels du Japon et autres accros de la pop culture. Même si on a l’impression de juste toucher du doigt et d’effleurer ce qui fait la richesse du pays du Soleil-Levant. Dommage. On a découvert le kintsugi ou l’art de la réparation d’objets brisés au moyen de laque et de poudre d’or, c’est assez bluffant, les objets exposés sont magnifiques. Et on a carrément accroché aux clichés, souvent en noir et blanc et grandeur nature, de Chloé Jafé (photographe lyonnaise en prime) sur le monde secret des yakuzas : on plonge illico dedans, dans la lignée directe de la série addictive Tokyo Vice ! AH

La Sucrière Lyon 2 expo‑passionjapon.com

> 03.11

AGITÉS DU CHAPEAU

Une sculpture en mouvement, c’est ainsi que Pierre Cardin et Paco Rabanne concevaient le vêtement et la coiffe. L’Atelier-Musée du Chapeau rend hommage à ces deux grands créateurs dont l’audace a révolutionné la mode des années 1960. Quarante chapeaux issus des collections du musée, mais aussi des tenues haute couture et une sélection d’accessoires, sont ainsi présentés. De l’impertinente coiffe en métal de Rabanne à l’altière toque en feutre drapé de Cardin, le couvre-chef s’affiche bien plus qu’un bel objet : un état d’esprit. On y va ? EB

Atelier Musée du Chapeau Chazelles sur Lyon (42) museeduchapeau.com

> 27.04.25

L’APPEL DE LA FORÊT

Exposition modeste, En forêt avec Vincent Munier mérite pourtant le détour. Le public plonge dans l’intimité de la forêt vosgienne, le lieu d’enfance et de prédilection du photographe et documentariste, en compagnie des bêtes. Les petites et les grandes, du minuscule coléoptère à l’image fugitive d’un lynx boréal, en passant par l’ombre du cerf élaphe que Vincent Munier guette, camouflé, des heures durant. Les images sont presque surréelles, nimbées de brume et de mouvements furtifs. Une vingtaine, en tout, qui nous emmènent au crépuscule, à l’instar de la vidéo, muette et pourtant parlante. L’expo se conclut dans une salle où sont installées des caméras-pièges qui permettent de surprendre un blaireau à la toilette ou un renard musardant à la tombée du jour. Méditatif et poétique. GV-P

Musée des Confluences Lyon 2 museedesconfluences.fr

23 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 DÉAMBULATIONS
Vincent Munier © EXPOSITION > 03.11
EN FORÊT, CERF ÉLAPHE
Tempora trentesept.fr © EXPOSITION EXPOSITION
PASSION JAPON

AVIGNON

on y danse aussi !

POUR SA 78E ÉDITION, LE FESTIVAL D’AVIGNON FAIT LA PART BELLE À LA DANSE. SÉLECTION.

FESTIVAL D’AVIGNON

29 JUIN > 21 JUIL.

festival‑avignon.com

Avec un calendrier un peu bousculé par les Jeux olympiques qui démarrent dès le 26 juillet, le 78e Festival d’Avignon ouvre cette année le 29 juin (une première dans son histoire) avec DÄMON – El funeral de Bergman, la dernière production de la grande performeuse espagnole Angélica Liddell, une pièce annoncée de deux heures autour de nos fantasmes et terreurs inavoués. Malgré les deux jours supplémentaires, il y a moins de spectacles, mais avec des durées d’exploitation sensiblement plus longues : « Ce qui permet de mieux produire les artistes » et « offre plus de places aux festivaliers », selon son directeur Tiago Rodrigues, dont c’est la deuxième édition. Sans doute aussi une conséquence des baisses générales de budget dans la culture.

Mais on ne va pas bouder notre plaisir : les belles découvertes ne manquent pas, notamment au rayon des arts chorégraphiques. À commencer par FOREVER (Immersion dans Café Müller de Pina Bausch), la création pour le moins atypique du directeur du Tanztheater Wuppertal, Boris Charmatz, estampillé Artiste complice : une proposition au long cours (7 heures) avec

25 interprètes qui se relaient, à voir à La Fabrica. Ou encore CERCLES, une transmission de danses en cercle à 200 amateurs et professionnels, en entrée libre au stade de Bagatelle. Tout aussi déconcertant mais dans un tout autre genre, le nouveau projet de la chorégraphe et nouvellement directrice du TnBA (Théâtre national de Bordeaux-Aquitaine), Fanny de Chaillé se présente comme une collection d’histoires dans l’histoire du festival. Avec quinze étudiantes et étudiants de La Manufacture (Haute École des arts de la scène) de Lausanne, elle s’est plongée dans les archives du plus grand festival de théâtre pour en tirer Avignon, une école, à découvrir au Cloître des Célestins. On n’oubliera pas de mentionner la première fois à Avignon de la chorégraphe déjantée La Ribot avec Juana ficción : le spectacle un peu fou, annoncé comme une performance brute avec chœur polyphonique, rend hommage à une reine espagnole tombée dans l’oubli. Ou encore The Disappearing Act., le premier projet personnel de la jeune chorégraphe anglaise installée à Séville, Yinka Esi Graves Enfin, les deux inséparables de Baro d’evel ont aussi droit à leur première. Eux qui n’avaient jamais foulé le sol de la cour du lycée Saint-Joseph viennent l’enchanter avec Qui Som?, création 2024 pour le festival. On a hâte !

24 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 FESTIVALS
THE DISAPPEARING ACT. YINKA ESI GRAVES
©
Luis Castilla PAR GALLIA VALETTE-PILENKO

Le monde tous azimuts

FESTIVAL DE MARSEILLE

14 JUIN > 06 JUIL. festivaldemarseille.com

MONTPELLIER

DANSE

22 JUIN > 06 JUIL. montpellierdanse.com

Si l’année dernière le festival Montpellier Danse avait entamé une collaboration avec le Festival d’Avignon, cette année c’est avec celui de Marseille. Une bonne raison d’évoquer les deux rendez-vous danse les plus excitants de l’été. En effet, à eux deux, ils cumulent plus de vingt créations, un exploit compte tenu des baisses de budgets qui leur sont alloués… Et pas n’importe lesquelles ! Wayne McGregor, Saburo Teshigawara, Josef Nadj, Daina Ashbee, Mette Ingvartsen à Montpellier, Yan Duyvendak, Emanuel Gat à Marseille sont quelques-uns des artistes les plus célèbres à présenter leurs pièces en première française ou en création. À l’instar de Robyn Orlin et Anne Teresa De Keersmaeker, d’abord invitées dans la cité phocéenne avant leur venue à Montpellier quelques jours plus tard. Mais le plus intrigant n’est pas forcément les grands noms, il se niche aussi (surtout) dans les petites formes et les projets atypiques. Comme celui de Dimitri Chamblas avec Kim Gordon (à Montpellier), celui du collectif cairote Nafaq, de l’artiste lisboète Diana Niepce, de Maryam Kaba et Marie Kock avec vingt Marseillaises, ou encore la pièce de Mallika Taneja, Be Careful qu’on aura eu la chance de voir à Lyon en juin. Des propositions aussi cosmopolites qu’enthousiasmantes qui font bouger les lignes et dézinguent les préjugés.

25 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 FESTIVALS
PAR GALLIA VALETTE-PILENKO
Josh
Rose © TAKEMEHOME,
DIMITRI CHAMBLAS & KIM GORDON

Pluie de divas

MUSICIENNES ET CHANTEUSES DE GRAND TALENT SONT À L’HONNEUR DE LA 43E ÉDITION DE JAZZ À VIENNE. SEIZE JOURS ET NUITS POUR CÉLÉBRER

TOUTES LES MUSIQUES QU’IRRIGUE LE JAZZ. AVEC NOUGARO, EN CLANDESTIN.

Nougaro, de son ciel, soufflera-t-il sur New’Garo, l’hommage que lui rend cet été Jazz à Vienne ? À voir… Mais on peut parier que l’esprit du Toulousain qui clamait « le jazz, c’est dans mes globules » rôdera sur scène aux côtés des artistes qui vont interpréter ses chansons sous la baguette de Fred Pallem. De Marion Rampal à Ray Lema, de Souad Massi à Thomas de Pourquery, la diversité est de mise pour honorer le gourmand de sons et de vie. La pluralité, l’une des marques de fabrique du festival viennois, se conjugue particulièrement au féminin cette année. Il ne faut certes pas bouder son plaisir de découvrir l’alliance masculine sensible de la kora de Sissoko, du violoncelle de Ségal, du sax de Parisien et de l’accordéon de Peirani, réunis en un quartet de choc dans Les Égarés. Mais honneur aux ladies de talent invitées en 2024. Le même 29 juin, place à Nirina Rakotomavo en sextet : la compositrice, pianiste et chanteuse fera résonner son jazz limpide mâtiné du séga et du maloya de La Réunion, où elle a grandi. Venue du Wassoulou (sud Mali), la reine Oumou Sangaré, quant à elle, porte avec force, depuis des années, la cause des femmes sur les scènes du monde entier, réconciliant les riffs électriques et les claviers avec le balafon ou le ngoni (genre de luth malien). Et parmi toutes ces musiciennes, on a envie de découvrir en live le piano électrique virtuose de la Japonaise Hiromi à la tête de son irrésistible quartet Sonicwonder, la voix blues puissante et délicate de Shakura S’Aida ou encore la pianiste Hania Rani. Dans l’ambiance plus intimiste du Club, c’est la flûte de la singulière Ludivine Issambourg, que l’on espère plus fusionnelle que jamais. Que des divas.

27 JUIN > 12 JUIL.

Théâtre antique et en ville Vienne (38) jazzavienne.com/fr

Depuis plus de quarante ans, Crest Jazz Festival décline le jazz dans tous ses lieux et sous toutes ses formes, alternant concours, conférences, stages de voix et concerts. Dans cette programmation diversifiée, la soirée jazz avec kora et flamenco fait doublement envie. En première partie, la révélation ibérique Daniel García Trio : le pianiste de Salamanque aux multiples influences (électronique, musique cubaine, rock ou flamenco) compose un jazz raffiné et lyrique. Tandis qu’en seconde partie, le virtuose Momi Maiga associe chant et kora à la musique flamenca. Étonnant.

28 JUIL. > 03 AOÛT Crest (26) crestjazz.com

26 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 FESTIVALS PAR FLORENCE ROUX
JAZZ TOUT-TERRAIN
Mitsuru Nishimura ©
HIROMI’S SONICWONDER

PAR MARTIN BARNIER ET VALÉRIE LEGRAIN-DOUSSAU

UNE TOILE SOUS LES ÉTOILES

CHAQUE ÉTÉ DEPUIS 1999, LA PLACE AMBROISE-COURTOIS

PREND DES ALLURES DE GRAND-MESSE AVEC LES SOIRÉES IMMANQUABLES D’UN ÉTÉ EN CINÉMASCOPE. DE FIN JUIN À FIN AOÛT, L’INSTITUT LUMIÈRE

PROPOSE DES PROJECTIONS GRATUITES EN PLEIN AIR AVEC, AU PROGRAMME, UNE SÉLECTION DE FILMS CULTE POUR S’ÉVADER, LA TÊTE DANS LES ÉTOILES.

Depuis vingtcinq ans, ils sont entre

1 500 et 2 500 spectateurs à se rassembler à chaque projection, au pied du monument aux Frères Lumière, conçu grâce à sa forme incurvée comme un véritable écran de cinémascope. Dès vingt heures, on s’installe sur les chaises et gradins mis à disposition, ou sur son propre siège pliant. Bruissement de voix. On raconte même que certains apportent leur canapé pour profiter pleinement de la projection ! L’ambiance est posée. Et pour la dernière séance de l’été, 2 000 glaces sont distribuées gracieusement par des bénévoles qui s’amusent à jouer aux ouvreuses, arborant comme naguère leurs traditionnels paniers en osier.

Geffen ©

Derrière ces projections à ciel ouvert, il y a Maëlle Arnaud, responsable de

programmation à l’Institut Lumière. Épaulée par Jérémie Cottin, elle imagine tous les ans une sélection équilibrée. Tous deux choisissent des œuvres qui plaisent aux grands comme aux petits et de tous genres : film en noir et blanc du patrimoine français, indépendant américain ou encore grande production internationale. Pour le cru 2024, Mon nom est Personne de Tonino Valerii (1973) fera l’ouverture dans une toute nouvelle version restaurée. Le film produit par Sergio Leone – deux séquences ont été tournées par Leone

L’ÉTÉ EN CINÉMASCOPE

22 JUIN > 27 AOÛT Institut Lumière Lyon 8 institut lumiere.org

lui-même – mélange comédie et western. Il est devenu une référence cinématographique. À voir absolument sur grand écran pour apprécier les duels filmés ! Autre pépite à (re)découvrir, La Grande Illusion de Jean Renoir (1937) s’inspire des mémoires d’un militaire français évadé de camps de prisonniers. Les dialogues sont savoureux et la distribution réunit la crème des acteurs français de l’époque, dont Gabin, Dalio, Carette ou Fresnay. Erich von Stroheim y campe un extraordinaire Von Rauffenstein, affublé d’un corset et incarnant la rigidité de la noblesse prussienne. Entre film d’horreur comique et comédie musicale horrifique, La Petite Boutique des horreurs de Frank Oz (1986) – le réalisateur américain est aussi le créateur du Muppet Show – s’annonce truculent avec sa plante carnivore. D’aucuns préfèreront Sur les quais d’Elia Kazan, un classique du cinéma américain des années 1950. Kazan dirige alors l’Actors Studio, école d’acteurs qui a vu passer Marilyn Monroe, Paul Newman, Robert De Niro et Marlon Brando. Cette méthode de jeu incite les comédiens à vivre leurs rôles et laisser exprimer leur intériorité. De quoi vibrer avec Marlon Brando dans son rôle de héros ambigu. Prêt à partager huit soirées de plaisir et d’émotion sous la voûte étoilée ? Chut, ça commence…

28 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24
FESTIVALS
LA PETITE BOUTIQUE DES HORREURS, FRANZ OZ (1986)

Vibrer ensemble Vibrer ensemble

ALES NUITS DE FOURVIÈRE REVIENNENT DÈS LE 30 MAI POUR QUELQUE 120

DATES ET PLUS DE 60 SPECTACLES.

NUITS DE FOURVIÈRE

30 MAI > 25 JUIL. 13 lieux Lyon & Métropole nuitsdefourviere.com

vec une éclectique programmation pluridisciplinaire et quelques belles surprises (tel Israel Galván à l’Odéon), il y sera question de corps et « faire corps » (le fil rouge 2024), de collectif et d’humanité, et de sujets qui questionnent le monde. Des concerts, bien sûr – dont la ténébreuse PJ Harvey (69€ quand même…), Cat Power, Brad Mehldau, IDLES, Air, etc. –, mais aussi du cirque, de la danse, de la magie nouvelle ou du théâtre (peut-être le parent pauvre de cette édition). Les circassiens fous de Gravity & Other Myths lanceront les hostilités avec The Pulse. On connaît l’engagement physique des Australiens qui s’envoient en l’air, s’enchevêtrent, rebondissent, tombent, prenant tous les risques sous le regard ébahi du public. Quelque 25 acrobates au plateau et un chœur de femmes pour rythmer leurs exploits : ça devrait déménager sec. Dans la série ovni, on retient l’artiste québécoise Brigitte Poupart. Avec Jusqu’à ce qu’on meure, elle invite à une déambulation immersive au plus près

des interprètes pour narrer à rebours les dernières heures de l’humanité. Ça se passe à Pôle Pixel avec douze danseurs-acrobates, des chorégraphies de Dave St-Pierre (on adore) et la musique électro live de Romane Santarelli. Une pièce sans quatrième mur, où chacun vibre avec les numéros qui le touchent. Ça fait très envie. Autre expérience aux frontières du paranormal, du côté des Célestins, avec les trublions de la compagnie 14:20 : ils vont jouer sur nos perceptions, usant de lévitation, d’escamotage et d’effets d’optique. Sur le plateau, la danseuse contemporaine qui monte, Leïla Ka, et l’habitué de la maison, le Belge David Murgia, entre autres. Besoin de vert et de fraîcheur ? On file à Lacroix-Laval pour une soirée sous chapiteau. Après Circus Ronaldo, laissez-vous emporter par le cirque intimiste des Bêtes de foire qui, entre fripes et groles, clown, jonglage, marionnette, font naître leur étrange poésie. Dernier coup de cœur avec Baro d’evel et leur prochaine création Qui Som? (première à Avignon, en juillet) Leur travail, souvent fait de lenteur et toujours très théâtralisé, est captivant. À vos agendas !

30 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24
FESTIVALS
PAR ANNE HUGUET JUSQU’À CE QU’ON MEURE, BRIGITTE POUPART
©
Transthéâtre

Chalon bat le pavé !

PAR EMMANUELLE BABE

Tout peut arriver dans l’espace public : la poésie, la lutte, la prouesse, le rire… Encore faut-il que ce soit habilement orchestré comme sait si bien le faire Chalon dans la rue. On ne présente plus le festival devenu en trente-sept ans une référence nationale de la création en espace public. Une reconnaissance qui ne l’empêche pas de faire évoluer son contenu, en témoigne l’édition 2024 qui s’inscrit dans les changements entamés lors de la précédente : soutien à la création renforcé, travail en réseaux, grands projets participatifs (cette année, les compagnies Le Polymorphe, Entre Terre et Ciel). Quelque 160 compagnies investissent Chalon cet été, avec une belle diversité… et une semaine d’avance, JO obligent. Le spectacle sera au rendez-vous avec l’installation aquatique et sa cohorte de 100 figures que présente ilotopie (DéRives) ou encore la création aérienne des 14 acrobates de CirkVOST (Pigments). Dans le IN toujours, le facétieux Money For Free du Catalan Sergi Estebanell promet débats avec le public et cas de conscience autour de l’argent et de la bonne manière d’en disposer. Les habitués sont là (26000 Couverts, 1 Watt), sans faire de l’ombre aux nouveaux (Le Pédé, première création du jeune collectif Jeanine Machine). Côté OFF, on ne résistera pas à la poésie de la danseuse

Claire Ducreux nous invitant à Fleurir les abîmes, ni aux quatre comédiennes-chanteuses de Sale Gamine exhortant dans toutes les langues à « réveiller la bête muselée qui sommeille en nous ». Libérateur !

10 > 13 JUIL.

31 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24
AÏEAÏEAÏE CIE SALE GAMINE
© FESTIVALS
Philippe De Ram Chalon sur Saône (71) chalondanslarue.com

UNE AFFICHE DE RÊVE !

PRINTEMPS DES COMÉDIENS

C’est le premier des grands festivals de théâtre et sans doute le plus important avec Avignon. Le Printemps des Comédiens ouvre le bal avec un casting incroyable où se côtoient metteurs en scène prestigieux qui attirent les foules, d’autres plus exotiques et nouveaux à découvrir. Parmi les premiers, citons Cyril Teste qui recrée Platonov de Tchekhov sous le titre Sur l’autre rive, la grande Emma Dante et son art magique du théâtre, Krystian Lupa qui avait laissé les spectateurs orphelins l’an dernier et revient avec Balkony – Pieśni Miłosne, mixant les univers de García Lorca et Coetzee, ou encore Jean Bellorini et sa troupe de jeunes Afghanes… Au rayon des découvertes, on mise sur Gaviota, une version féminine renversante de La Mouette venue tout droit de Buenos Aires, une première en France pour Guillermo Cacace. Des curiosités aussi comme l’indémodable et polymorphe Life is not a Picnic de David Bursztein dans une mise en scène revue à six (dont Simon Abkarian et Georges Lavaudant) ou la Luxembourgeoise Myriam Muller qui revisite Liliom (...) de Ferenc Molnár à l’heure de #MeToo… Oui, Montpellier vaut le détour ! TM

30 MAI > 21 JUIN

Domaine d’O Montpellier (34) printempsdescomediens.com

festimatons

DANS LES REMOUS DU MONDE

RENCONTRES DE LA PHOTOGRAPHIE D’ARLES

Cinquante-cinquième édition pour Les Rencontres de la photographie d’Arles qui sont de retour avec plus d’une quarantaine d’expositions « pour rendre visible ce qui repose sous la surface », dans un kaléidoscope de visions et d’itinéraires. Vaste programme. Le Japon pourrait être l’un des fils rouges, avec quatre expos dédiées dont Répliques – 11/03/11 pour narrer l’indicible de Fukushima, le traumatisme des populations, la radioactivité et ses conséquences, ou bien Quelle joie de vous voir et son focus sur la photographie japonaise au féminin des années 1950 à nos jours. Autre événement, la première rétrospective mondiale de la photographe documentaire Mary Ellen Mark avec Rencontres et ses clichés ultraréalistes. On filera aussi à l’église des Frères Prêcheurs découvrir le travail de l’Espagnole Cristina De Middel qui présente sa vision d’un périple migratoire au Mexique. Les Vampires n’ont pas peur des miroirs, des photos de graffitis comme une dernière trace, les images sublimées de Mustapha Azeroual, la flore alpine passée au tamis de Marine Lanier, voilà autant de visions du monde à contempler, à décrypter, à garder en soi au fil de cette déambulation magique qu’est Arles lorsque les photos subliment les lieux et que ses vieilles églises romanes font vibrer les images exposées. Incontournable.

32 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24
FESTIVALS
AH 1ER JUIL. > 29 SEPT. rencontres arles.com
Kill me Sofia
©
©
© The Righteous Brothers, New York, 1981. Avec l’aimable autorisation de l’autorisation / Galerie Bene Taschen Jamel Shabazz © Sans titre, série the eyes, the ears, 2002 2004. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Aperture Nomura Sakiko © Avec l’aimable autorisation de l’artiste/Magnum Photos Cristina De Middel ©
Alazraki / Re Chicchinella Masiar Pasquali / Balkony (...) Natalia Kabanow
Chinese man Yohanne Lamoulère • Tendance Floue © / Queen Omega Luigi Creese © / Kid Francescoli Nicolas Despis ©

À CIEL OUVERT

STREET ART FEST! GRENOBLE‑ALPES

Dix bougies pour le Street Art Fest! de Grenoble qui revient dès le 24 mai pour cinq semaines dédiées à l’art urbain. Son créateur et directeur, Jérôme Catz, est fier du chemin parcouru et des 420 fresques monumentales qui célèbrent

> 30 JUIN

« le street art dans toute sa diversité », notre « mojo depuis la première édition », dit-il. Pour les dix ans, ce sont 9 villes participantes (dont Grenoble, La Tronche, Vizille, Meylan, etc.) et 35 nouvelles réalisations attendues. Dans la guest list, le globe painter Seth et ses dessins poétiques, l’hyperréalisme du Croate Lonac, la délicatesse des œuvres de SATR, le créateur des gouzous, Jace, Petite Poissone ou encore la photographe de l’underground new-yorkais Martha Cooper. Expos, ateliers, parcours guidés, projections, street art runs et même des street art photo walks, y’a de quoi faire ! AH

Grenoble & périphéries (38) streetartfest.org

02 > 04 AOÛT

Trelins (42) foreztival.com

LA FÊTE AUX CORPS

FESTIVAL DES 7 COLLINES

Trente ans, ça se fête ! Le festival des 7 Collines compte bien ne pas s’arrêter là et rempile pour célébrer les arts du mouvement au sens large (cirque, danse, performance…), les formes singulières et les talents de demain. Pour cette édition anniversaire, le festival stéphanois convie quelques fidèles, dont le Cirque Trottola qui revient avec Strano (première), son joli chapiteau et son monde hors du temps, absurde et plein de poésie. On coche aussi la performeuse indienne Mallika Taneja, avec une pièce sur la perte et le deuil, le gang des 15 Feet 6 (15FT6) pour se donner quelques frissons (voltige, barre russe, roue Cyr…), ou encore un bordélique OctOpus signé Cheptel Aleïkoum et Circa Tsuïca, sans oublier Shantel et ses humeurs vagabondes. Happy birthday ! AH

22 JUIN > 08 JUIL.

TOUS AU PRÉ ! FOREZTIVAL

Trelins, trelins, le Foreztival est de retour ! Avec une ambition intacte : proposer trois jours de musique au beau milieu des champs… aux côtés de 35 000 festivaliers, chiffre record de l’édition 2022 ! Éclectique, la programmation s’attache toujours à sortir quelque peu des sentiers battus. Ainsi le festival mérite-t-il qu’on plante sa tente pour écouter la volcanique Queen Omega aux sonorités reggae et soul, l’éclectro-pop solaire du Marseillais Kid Francescoli ou encore le rock made in rap (ou l’inverse) des furies Nova Twins. Le dub est toujours bien coté au Foreztival, cette année encore avec les vétérans de Dub Inc et du joyeux collectif Chinese Man, le hip hop aussi, avec Chill Bump dont le flow n’est pas sans évoquer les Anglais The Streets. Et les amateurs de rock sudiste 1970’s seront comblés avec la bande à rouflaquettes de Komodrag & the Mounodor. EB

33 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 FESTIVALS
Stom500 (2023) Andrea Berlese © / Snek (2016) Andrea Berlese © / Beau Stanton (2022) Andrea Berlese © Do you know this song ? Altorfer © / T’es rien sans la terre Matemilio Batista © / OctOpus Florence Delahaye ©
Saint Étienne & environs (42) festivaldes7collines.com

PAR TRINA MOUNIER

Une saison de combats

CE QUI FRAPPE LE PLUS QUAND ON PREND CONNAISSANCE DES PROGRAMMATIONS CONNUES À CE JOUR, C’EST LEUR ENGAGEMENT. LE CONTEXTE S’Y PRÊTE, IL EST VRAI, ET LE MONDE N’OFFRE GUÈRE DE PERSPECTIVES RÉJOUISSANTES. MAIS ALORS QU’ON AURAIT PU CRAINDRE DES SPECTACLES EMPREINTS DE GRAVITÉ TENDANCE SINISTROSE, VOIRE UN REPLI SUR DES CLASSIQUES AU MOINS RASSEMBLEURS, L’HEURE EST À LA PUGNACITÉ, VOIRE À LA RADICALITÉ.

Pour certaines salles, on pouvait s’y attendre. C’est le cas du Théâtre du Point du Jour qui s’est tissé une solide identité d’année en année : une programmation résolument contemporaine ouverte sur les grands questionnements du monde. Sur l’écologie à travers Le Temps des fins de Guillaume Cayet par exemple et la nécessaire sobriété avec Une pièce pour les vivant.e.s en temps d’extinction de David Geselson ; sur les métamorphoses sociétales avec L’Île aux pères ou Sorcières, sur la normalité et l’indispensable inclusivité comme dans la création d’Éric Massé, Les mots qu’on ne me dit pas. Tendance qui trouve sa traduction dans le succès de la série de Grand ReporTERRE. Sur la colline en face, le Théâtre de la Croix-Rousse affiche lui aussi des points de vue tranchés et tendance. Questions de pouvoir et de genre sont depuis longtemps au cœur des spectacles et se vérifient par l’accueil de troupes au nom évocateur (Clinic Orgasm Society ou Cirque Queer). Mais on y voit aussi de vraies fidélités, avec le Collectif Marthe ou Johanny Bert qui, cette saison, monte le désormais classique Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce avec Vincent Dedienne. À noter aussi Blanche-Neige, histoire d’un prince, le conte si drôle de Michel Raskine. Enfin, les Théâtres du Point du Jour et de la Croix-Rousse invitent ensemble Tiago Rodrigues avec Catarina et la beauté de tuer

des fascistes, tout un programme. Quant au Radiant sur le plateau de Caluire, il juxtapose avec bonheur les "moliérisésmoliérisables" (Big Mother ou Oublie-moi), les têtes d’affiche comme Camille Cottin (la maîtresse des cérémonies de Cannes 2024) dans Le Rendez-vous, les valeurs sûres tel Alexis Michalik dont on verra Passeport.

On aura intérêt aussi à dépasser les frontières de Lyon pour aller à Oullins et à Villefranche, dont les théâtres ont de nouveaux directeurs. Si le Théâtre de la Renaissance confirme son orientation musicale avec beaucoup de concerts et une volonté de « donner à voir la musique », dixit Hugo Frison, il propose trois pièces de Myriam Boudenia qu’on verra beaucoup et partout cette année. Tout comme le très attendu Dernière Frontière de Lucie Rébéré, en partenariat avec le Théâtre de Villefranche. Son directeur Antoine Gariel se fait une spécialité d’attirer les meilleurs artistes de la région : en sus des deux dernières citées, ajoutons François Hien, Laurent Brethome et Laurent Fréchuret – lequel vient de gagner un espace (Bellevue) pour lui tout seul à Saint-Étienne.

À noter que le festival Sens Interdits revient dans sa version Contre Sens pour rayonner sur l’agglomération lyonnaise. De Lyon à Oullins et Villeurbanne, les théâtres ouvriront leur plateau à des artistes empêchés et souvent en danger. Cela renforce la coloration combative de la saison.

34 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 MICMACS DE SAISONS
LE RING DE KATHARSY, ALICE LALOY

Un regard lucide sur le monde

Et pour finir, les grands théâtres. Au TNG (Théâtre Nouvelle Génération), qui devrait réintégrer ses locaux de Vaise en mars prochain, on verra Cornucopia (D’autres mondes possibles, épisode 2), David Lescot dans Je suis trop vert (jeune public), le nouveau Projet Nanashi de Maud Lefebvre, ou encore Le Poids des choses, une merveille de Camille Boitel. Le TNG continue de porter un regard lucide et critique sur le monde d’après dans ses dimensions anticipatrices et numériques.

Le TNP à Villeurbanne poursuit, de son côté, son compagnonnage avec des artistes que le public commence à connaître et à aimer : Jean-Christophe Folly, Adama Diop qui passe à la mise en scène, les "Afghan Girls" toujours, Christophe Rauck et Anatomie d’un suicide, le travail original autour de la marionnette d’Alice Laloy, ou l’inénarrable Turak et ses aventures familiales. On pourra voir le Julius Caesar d’Arthur Nauzyciel (actuel directeur du TNB, Bretagne), avec Damien Jalet à la chorégraphie. Quant à Jean Bellorini, il monte Histoire d’un Cid, variation contemporaine de la pièce de Corneille, et recrée Les Misérables incarnés par une troupe chinoise, avec le Yang Hua Theatre. Enfin on note une percée inattendue du côté de l’anticipation en compagnie de Joris Mathieu (début de saison), puis avec la création en plein air en juillet 2025 (si la météo est d’accord !) de Clara Hédouin : avec Manières d’être vivant,

L’heure est à la pugnacité voire à la radicalité

theatredescelestins.com croix rousse.com pointdujourtheatre.fr tng‑lyon.fr tnp‑villeurbanne.com radiant bellevue.fr theatrelarenaissance.com theatredevillefranche.com

la jeune metteuse en scène s’attaque aux grandes idées du philosophe médiatique Baptiste Morizot. On a gardé pour la fin les Célestins et leur quarantaine de spectacles. C’est sans doute la programmation dont le caractère particulièrement engagé surprend le plus. Si Pierre-Yves Lenoir fait son marché au Printemps des Comédiens avec Cyril Teste et Marina Otero, il ramènera aussi d’Avignon Léviathan de Lorraine de Sagazan et LACRIMA de Caroline Guiela Nguyen, deux pièces très politiques. Et que dire du glaçant Edelweiss (France Fascisme) de Sylvain Creuzevault ? de son soutien indéfectible à Tatiana Frolova ? Plus inattendu encore pour ce théâtre à l’italienne, des spectacles qui interrogent sur la légitimité de la violence comme Beretta 68 du Collectif FASP et Derrière les lignes ennemies de Lucas Samain. Pour sa première saison en solo, le directeur des Célestins revendique « une programmation qui donne la parole aux artistes sur le monde tel qu’il ne va pas ».

35 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 MICMACS DE SAISONS
Simon Gosselin
©

QUE VOUS AYEZ

L’HEUR DE PRENDRE DE L’ALTITUDE OU DE DESCENDRE AU BORD DE LA MER, QUOI DE MIEUX, POUR AFFRONTER LA LÉTHARGIE ESTIVALE, QUE VOUS RETIRER À L’OMBRE DES FOULES

BRUYANTES ET, BIEN CALÉ DANS VOTRE

À l’ombre des bonnes feuilles

HAMAC OU SUR VOTRE SERVIETTE DÉTREMPÉE, VOUS ADONNER À L’ACTIVITÉ ÉMINEMMENT SUBVERSIVE CONSISTANT

À PEUPLER PÊLE-MÊLE VOTRE PENSÉE ET VOTRE IMAGINAIRE, À VOYAGER IMMOBILE : LA LECTURE. QUELQUES SUGGESTIONS POUR BIEN PERDRE SON TEMPS…

évasion estivale pourra éventuellement commencer avec Monique, la mère héroïne du dernier roman d’Édouard Louis, afin de mettre d’emblée à bonne distance les butors dominants qui envahissent le monde autant que la presse (Monique s’évade). Il est également chaudement recommandé, en dépit de la canicule, de parfaire le règlement de compte familial en remontant avec Jean-Paul Dubois à L’Origine des larmes. Une fois cette tâche accomplie, l’individu quelque peu libéré de ses biologiques astreintes, il sera temps d’élargir les horizons. Pour profiter de la haute saison des migrations à l’abri des balivernes du grand remplacement, Rayés de la carte de Gideon Defoe fera un excellent hors-d’œuvre. Léger et drôle, ce recueil d’histoires "pas piquées des vers" aiguisera votre esprit critique à la remarquable (et parfois ridicule) histoire de 48 pays aujourd’hui disparus, qu’ils fussent le fait d’aventuriers sans foi ni loi, de loufoques concours de circonstances, d’utopies bâties sur du sable, de marionnettes aussi dérisoires que le culte d’un drapeau et le droit du sang. Salutaire... Récit de voyage en Californie autant que réflexion poétique sur l’art de vivre avec les nouvelles technologies, Vallée du silicium est l’occasion pour Alain Damasio d’explorer, à travers sept chroniques et une nouvelle, les coulisses du « centre du monde », dont nous sommes TOUS, quotidiennement, bon gré mal gré, les citoyens-usagers. Dans le sillage d’Amérique de Baudrillard, un état des lieux édifiant sur les enjeux écologiques et humains induits par la Silicon Valley. Avis aux amateurs d’anticipation… Poursuivons autour du monde en musique. Désaccords : quand le peuple réveille la musique d’Éloi Fétus délivre 24 chroniques mêlant histoire, contre-culture et philosophie. Ce book-trip nous emmènera dans les ports de Buenos Aires, de la Nouvelle-Orléans, New York et Athènes, dans les quartiers malfamés du blues, de la techno et du rap, mais aussi dans le cerveau des révolutionnaires nigérians, manouches, hippies, anarchistes... Si vous quêtez encore plus loin le dépaysement, si vous désirez déserter le réel et entrer pour de bon en surréalisme – comme on se ferait (Le) Moine avec Matthew Gregory Lewis, voici Le Nain de Whitechapel, premier roman de Cyril Anton, par ailleurs critique littéraire et critique d’art. Dans le Londres miséreux de la fin du XIXe siècle, le gang Tabula Rasa s’attaque aux handicapés, immigrés, homosexuels... Mais le nain Octave Dièse va trouver la parade : protéger le quartier sous une immense boule à neige. Sous les dehors d’un somptueux roman historique, un bijou gothique de poésie noire. Sur ce, vous souhaitant bel été et bonnes lectures, je retourne aux plages de mon île volcanique…

36 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24
LETTRES & RATURES
L’

LE STREET MUSÉE DU MOIS

37 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 STREET ART
ADELSA LASCO GENIART GENIART OLSON ONOFF MARIE GARNIER
BIG BEN
BIG BEN GENIART PAR ENNA PATOR & MISS PRETTY LITTLE THINGS

Salade de jouvence

Une petite graine d’Amérique du Sud qui fait du bien à la santé et au moral ? Sans gluten. Bourré de fibres, de vitamines, de minéraux. On vote à fond pour le quinoa pour soigner notre forme olympique. Et on ose la salade jouvence. Top chrono, on monte deux casseroles d’eau à ébullition. Manches retroussées, on rince les graines de quinoa à grande eau avant de les verser dans l’une des casseroles pour une vingtaine de minutes. Vert, couleur de l’espoir, au tour des petits pois délicieusement sucrés. Anti-stress et bourrés de magnésium, youpi, ils bichonnent aussi nos précieuses artères. Tac, tac, on écosse en rythme, c’est bon pour le cardio, puis on les jette dans l’eau frémissante pour quinze minutes. Pas de temps mort, le quinoa, fin prêt et légèrement croquant, est égoutté et passé à la douche froide. Même traitement de choc, on plonge illico nos petits pois cuits dans un bain d’eau glacée, excellent pour leur couleur punchy ! Clac, clac, on passe les radis à la mandoline. Avec leur look girly, ils renferment de supers pouvoirs –vitamines, zinc, phosphore, détox… –, de vrais caïds qui font du bien à la peau, au cœur, au rein. Hop, on ne perd pas le rythme : on cisèle la menthe (pour la bonne digestion), le persil (diurétique et anti-inflammatoire), on émince finement l’oignon (encore un cador), et on tranche la feta, au top pour la santé de nos os. Dans l’assiette, on jette pêle-mêle nos ingrédients, une pointe de moutarde, le citron vert (un vrai copain de détox), une généreuse rasade d’huile d’olive (ça conserve), sel et poivre. Une explosion de goûts, de couleurs, de bienfaits pour se faire vraiment du bien !

PAR LES SOREUSES

Horizontalement

160 G DE QUINOA CRU 250 G DE PETITS POIS FRAIS 200 G DE FETA 6 BRANCHES DE MENTHE 10 BRANCHES DE PERSIL PLAT 3 OIGNONS NOUVEAUX 10 RADIS CITRON VERT (JUS + ZESTE) HUILE D’OLIVE (2 CÀS) MOUTARDE (1 CÀC) SEL, POIVRE

jugeote

1. Écrasent un max ! 2. "Totalement" calife, ou "demi" Docteur Jivago. La plante des défroqués ? 3. Grognions familièrement. 4. Commencement chez Phidias. La police des polices. 5. Une des têtes de la Wehrmacht. Refuse l’aveu ? 6. Ébahissais. 7. Par convention, en bas et à droite de la carte. Sorte de forêt en plus sophistiquée. 8. Mauvais coq celui qui la gâte ! Abri côtier naturel. 9. Nous ouvrirons, telle la fleur. 10. Hautbois en Inde. Parcouru.

Verticalement

A. De préférence stériles au bloc opératoire. B. Plage normande illustre, mais pas pour ses aménagements balnéaires. C. Espérons qu’elle est bien "assortie" ! Métal très usité… pas tel quel. D. Normalement n’a pas sa place aux JO. Ancien législateur d’une rigueur sans compromission. E. Incrustera joliment. F. Portion peu appréciée ! G. Voyage qui peut être létal. Posture ad hoc en yoga. H. Surprenions. I. Antique cité lagunaire de Croatie. La plus populaire du panthéon égyptien, son culte s’étendit à tout le bassin méditerranéen. J. Tâte le terrain ? Sans doute non partant pour du rab ! solutions arkuchi 42

38 ARKUCHI #43 ÉTÉ 24 POPOTE(S)
PAR PONIA DUMONT
A S P I R A T E U R D O L A B A T T U V U E S A A D E D U C A T R I C E R A T I S S E O S S I R C P A L S A N E M O N E S E T E I T O N P S I T E M E S A U F E U I L L E T E E Fooddenou ©
4 PERSONNES 30 MINUTES 20 MINUTES

Annecy Bonlieu. Bourg-en-Bresse Théâtre de Bourg-en-Bresse. Bourgoin-Jailleu Les Abattoirs. MBJ (Musée). Maison de Launay. Office de Tourisme. Brignais Le Briscope. Bron Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. Jack Jack. Pôle Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire-et-Cuire Cinéma Le Méliès. Médiathèque B. Pivot. Radiant-Bellevue. Chalon-sur-Saône Espace des Arts. Chassieu Karavan Théâtre. Chazelles-sur-Lyon Musée du Chapeau. Corbas Le Polaris. Dardilly L’Aqueduc. Décines Le Toboggan. Écully Écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’Épicerie Moderne. Médiathèque. Firminy Le Site Le Corbusier. Francheville L’Iris. Les Grandes Voisines. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Gleizé Hangar 717. Grenoble MC2:. Musée de l’Ancien Évêché. Irigny Le Sémaphore. La Mulatière Aquarium de Lyon. Aux Bons Sauvages. Lyon 1 À Chacun sa tasse & Tomé. À Thou bout d’chant. Archipel. Art Génération. Bar 203. BistrO d’à côté. Bloom. Boîte à café. CAUE Rhône. Chasseurs d’influences. Chez Grégoire. Cinéma Polycarpe. Clef de Voûte. Condition des Soies. Delicatessen. Diable!. DogKlub. DRAC Auvergne-Rhône-Alpes. Fromagerie BOF. Galerie Ceysson & Bénétière. Galerie Cinéma2 Lumière. Galerie Françoise Besson. Galerie Mainguy. Galerie Regard Sud. Hot Club de Lyon. Hôtel de Paris. Item Galerie. Kraspek Myzik. L’Âne sans queue. L’Artisan de la Viande. La BF15. La Corniche. La Madone. La Menuiserie. La Salle de Bains. Labelalyce. Le Bal des Ardents. Le Bleu du Ciel. Le Cloitre AC. Le Livre en Pente. Le Morfal. Le Réverbère. Le Voxx. Léon de Lyon. Les Artpenteuses. Les Clochards Célestes. Les SUBS. Librairie À Soi.e. Librairie Ouvrir l’œil. Maison Nô. Mangiabuono. Manifesta. Marthe Duval. Mongi Guibane. Ô Tao Bom. Opéra de Lyon. Petit Bleu. Pilo Hôtel. Première Loge. Prêt à Manger Opéra & République. Radio Canut. Rat des Villes Rat des Champs. Sans Contrefaçon. SK-FK (Skunkfunk). SLO Hostel Pentes. SOÉM. Sofffa Terreaux. Spacejunk. Tikki Records. Un Brin de folie. Unité Centrale. Villemanzy. Lyon 2 Agnès B. Archives Municipales. Atelier Parfumé. Autour de l’Image. Baltayan. Barolo & Coste. Benoit Guyot. Boulangerie Saint-Marc. Cave aux curiosités. Chez Camille. Cité de la Gastronomie. CJB. Cycles Marchi. Docks 40. Fondation Bullukian. Galerie Dettinger. Galerie Em’Arts. Galerie Houg. Galerie Jean-Louis Mandon. Galerie SLIKA. Galerie Tatiss. Globe & Cecil. Hôtel Carlton. Hôtel des Artistes. Hôtel des Célestins. Hôtel 71/Heat. La Cloche. Librairie Adrienne. Librairie des Arts. Librairie L’œil cacodylate. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Librairie Passages. Marché Gare. Mercure Lyon Beaux-Arts. MJC Confluence. Musée des Confluences. Musée de l’Imprimerie. Ninkasi Cordeliers. Omart. Ories Galerie. RCF. Repetto. Sociality Family. Sofitel Bellecour. Strate Design. Théâtre-Comédie Odéon. TNG-Les Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. UCLY. Lyon 3 Auditorium de Lyon. AURA Spectacle Vivant. BM Part-Dieu. BO Concept. Café du Rhône. Création Contemporaine. École E. Cohl. F.O.L. Gnome et Rhône. Gus & Gas. Hooper. Les Assembleurs. Mademoiselle Rêve. Métropole de Lyon. Nuance & Lumière. Pieds-Compas. Salle des Rancy. Tandem. Voltex. Lyon 4 1150 Vintage. Agend’arts. Aquarium Ciné Café. Aux Trois Cochons. Bistrot fait sa Broc. Bistrot des Voraces. Body It. Boîte à Vape. Bonnesœurs. Büfé. Burning Cat. Canuts & Les Gones. Café Bouillet. Cavavin. Cave Tabareau. Cave Valmy. Chez Grégoire. Chez Robert. Chez Simone. Cinéma Saint-Denis. Coop du Zèbre. Diable Rouge. Flow. Fromagerie Galland. Galerie Vrais Rêves. INSPÉ. KLS Lunettes. L’Assiette du vin. La Curieuse. La Valise d’Élise. Le Grain de Folie. Librairie La BD. Mademoiselle Yvonne. Maison Jolivet. Paddy’s Corner. Sibilia. Théâtre de la Croix-Rousse. Un Grain dans le Grenier. Villa Gillet. Vivement Dimanche. Lyon 5 Acting’s Studio. Armada. Atelier Marinette. Collège Hôtel. CRR de Lyon. École de Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Food Traboule. Fourvière Hôtel. L’Œil Écoute. Librairie Virevolte. LUGDUNUM Musée. La Mi Graine. MJC du Vieux-Lyon. MJC Saint-Just. Musées Gadagne. Le Sonic. Phénix Hôtel. Théâtre du Point-du-Jour. Lyon 6 Amal Gallery. Authentic Concept Store. Institut Vendôme. Jobaar. L’Astragale. Librairie Derain. Librairie Rameau d’Or. MAC Lyon. Taggat. Via Barcetta. Lyon 7 Arts en Scène. Atelier Chalopin. Athénium. Bibliothèque Diderot. Bistrot des Fauves. B.U. Chevreul. Café Botani. CHRD. Chromatique. Cinéma Comœdia. COREP. EAC Lyon. École de Condé. ENS. La Commune. Le Court-Circuit. Le Flâneur. Galerie Tator. HO36 Montesquieu. IEP. Kargo Kult. Librairie La Madeleine. Librairie La Voix aux Chapitres. Librairie Rive Gauche. Livestation DIY. Mama Shelter. Mécanique des Fluides. MIMO. Plasma. Sofffa Guillotière. Théâtre de L’Élysée. Lyon 8 Le Ciel. Institut Lumière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJC Monplaisir. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Cave Valmy. Ciné-Duchère. CNSMD. Fondation Renaud. L’Attrape-Couleurs. Les Mangeurs d’Étoiles. Médiathèque de Vaise. Musée Jean Couty. TNG.  Mâcon Cave à Musique. Musée des Ursulines. Théâtre de Mâcon. Miribel L’Allégro.  Mornant Espace Jean Carmet.  Neuville-sur-Saône Médiathèque J. Brel.  Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Théâtre de La Renaissance. Pierre-Bénite Maison du Peuple. Médiathèque E. Triolet. Rillieux-la-Pape CCNR. Ciné-Rillieux. Espace culturel Marcel André. Médiathèque L’Échappée. MJC Ô Totem. Saint-Étienne Cité du Design. Comédie de Saint-Étienne. La Comète. Le Fil. Le MAMC. Musée d’Art et d’Industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint-Étienne. Saint-Fons Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint-Genis-Laval La Mouche. Médiathèque B612.  Saint-Priest Cinéma Le Scénario. Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Sainte-Foy-lès-Lyon Bibliothèque. Ciné-Mourguet.  Tassin-la-Demi-Lune Cinéma Le Lem. L’Atrium. Librairie Pleine Lune. Médiathèque. MJC Omega. Vaulx-en-Velin Atelier L. de Vinci. C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. ENSAL. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de Valence. Vénissieux Bizarre! C.A.P. Madeleine Lambert. Cinéma Gérard-Philipe. Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne Théâtre de Vienne.  Villefontaine Le Vellein.  Villefranche-sur-Saône Auditorium. Atelier Valentina. Ciné Les 400 Coups. Conservatoire. Galerie Le Fleuron. Le 116art. Librairie des Marais. Musée Paul Dini. Office du Tourisme. Quai 154. Théâtre de Villefranche. Théâtre Pêle Mêle. Villeurbanne Campus de la Doua. CCO. CCVA. Ciné Le Zola. Galerie Domus. ENMDAD. ENSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. Institut d’art contemporain. La MLIS. Le Rize. Librairie Carbone. Pôle Emploi Scènes & Images. Pôle Pixel/Studio 24. Théâtre Astrée. Théâtre de l’Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. Transbordeur. URDLA... Mais aussi dans vos mairies, bibliothèques municipales, MJCs, hôtels...

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