art culture architecture #42 gratuit AVRIL / MAI 24
.04
Dans le Rétro… Dans le Viseur
.06
C DANS L’AIR
• Avec Vincent Macaigne, ça va saigner !
• Antoine de Galbert au Mac : « des œuvres pour se faire plaisir »
Adagp, Paris, 2024 /
.16
Forme & Fonction
Une école en briques qui en jette !
.30
Live en stock
Beth Gibbons, Étienne Daho
.08
Success Story
Wendy Delorme au Littérature Live Festival
.10
TOURS & DÉTOURS
Émoustillantes fontaines !
.12
Expos
Les paysages poétiques de Clément Montolio, Manifesta, Item Galerie, l’art dans les parkings
.15
ADN
Gen_IArt s’amuse avec l’IA
.31
À la Moulinette
Johnnie Carwash
.32
Lettres & Ratures
Au pays de la révolution des Œillets
.33
Street Musée du mois
.18
FOKUS
Mathieu Iquel
« La peinture comme un jeu »
.20
Bêtes de Scènes
L’Opéra de Lyon annonce la couleur pour 24.25, Les SUBS font leur cirque, Guillaume Cayet, Trajal Harrell, Zabou Breitman, 20 000 lieues sous les mers, Mohamed El Khatib, Collectif Bis
.24
HORS CHAMP
Les coups de cœur de l’ACID
.26
Festivals
En Mode VF, Nuits Sonores aux Grandes Locos
.28
Déambulations Musiques
.34
Popote(s) & Jugeote
contact.arkuchi@orange.fr
Gratuit • Toutes les 6 semaines
Diffusion : plus de 450 lieux
Lyon, Métropole & Rhône‑Alpes
Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € ‑ 18 rue Belfort 69004 Lyon
Direction de la publication ‑ Rédaction en chef
Anne Huguet ‑ 06 13 07 06 97
Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe
Ont participé à ce numéro
Martin Barnier, Hector Berlioz, Guillaume Bouvy, Blandine Dauvilaire, Nadège Druzkowski, Ponia DuMont, Émiland Griès, Marco Jéru, Valérie
Legrain Doussau, Miss Pretty Little Things, Trina Mounier, Enna Pator, Florence Roux, Carmen S., Les Soreuses, Gallia Valette Pilenko, Laurent Zine
Illustration de couverture : Mathieu Iquel
Publicité : mag.arkuchi@gmail.com
06 13 07 06 97
Conception et mise en page
Impression : FOT
Tirage : 15 000 ex.
Dépôt légal à parution – ISSN : 2646‑8387
Larédactionn’estpasresponsabledestextesetphotos publiésquiengagentlaseuleresponsabilitédeleurs auteurs.Tousdroitsdereproductionréservés.
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7 num./an = 30 eur.
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N°42 N 42
24
ARKUCHI #42 AVR. / MAI
Juliette Treillet © Gen_IArt
VUE DE L’EXPOSITION DÉSORDRES - EXTRAITS DE LA COLLECTION ANTOINE DE GALBERT ŒUVRES : GELITIN, OPÉRATION ROSE, 2004
©
tension
Sous
FESTIVALS D’ÉTÉ
SUMMER SPIRIT
Enfin quelques noms à se glisser dans les oreilles pour bien préparer l’été. Les guitares qui défouraillent d’Idles (Nuits de Fourvière), le roi de la soul Lee Fields (Musiques en Stock), l’éthio-jazz du grand Mulatu Astatke (Jazz à Vienne), le come-back des trublions Ghinzu (Rock en Seine), Ibrahim Maalouf, Thylacine, Sofiane Pamart, etc. et c’est pas fini ! Show devant.
EXPO
VOCATION, ARCHI
La Cité de l’architecture et du patrimoine célèbre Paul Andreu, géant de l’architecture et créateur de l’aéroport de Roissy ou du musée maritime d’Osaka. Un parcours impressionnant pour ce visionnaire, ponctué de méga projets (ponts, stades, opéras, musées…) à travers le monde. 280 œuvres originales à découvrir.
> 02 JUIN Cité de l’architecture et du patrimoine Paris
Filet piège, fil précipice, pas de deux en suspension, bastons dans les airs… Les filles du renard pâle osent un cirque engagé pour questionner leur Révolte (ou tentatives de l’échec). Une pièce aérienne très physique et rock qui donne un sacré coup de fouet. Vu à Villefranche.
CINÉ
WOMAN POWER
C’è ancora domani (Il reste encore demain) de Paola Cortellesi a explosé le box office italien. Delia se débat entre pauvreté et violence conjugale dans la Rome d’après guerre. Un mélo en noir et blanc à la fin inattendue.
Dans les salles depuis le 13 mars
A
chaud
PLEIN AIR La Basse-Cour revient dès le 27 avril pour deux mois de performances et happenings festifs et engagés. Avec Chloé Bouiller, Lucile Lacaze, Erwan Vinesse, Soizic de la Chapelle et le meilleur de l’émergence régionale. Tout ça gratuit et à l’Amphi des Trois Gaules, chouette. 27 AVR. > 21 JUIN Amphithéâtre des Trois Gaules
VALEUR SÛRE Des histoires et contes acadiens à la sauce Éloize ? Les circassiens québécois reviennent avec leurs numéros bien huilés, la verve d’un conteur madelinot (Cédric Landry) et le trad-folk celtique de Suroît. Voyage assuré.
03 > 07 MAI Maison de la danse
HYPNOTIQUE Dieu sait qu’on n’est pas fan des ballets ! Mais celui-là fait très envie entre l’hyper-physicalité des danseurs de la GöteborgsOperans Danskompani et un programme de haut vol signé par deux anciens de la Batsheva. La danse contagieuse de Hofesh Shechter versus « l’extase douloureuse » de Sharon Eyal. Très tentant.
14 > 18 MAI Maison de la danse
ADOLESCENCE Arcadie narre l’émancipation annoncée d’une ado coupée du monde. Un seul en scène tonitruant porté par une brillante Constance Larrieu en prise avec les doutes existentiels de Farah sur le genre, la liberté, la vie tout simplement.
15 > 17 MAI Théâtre du Point du Jour
NON-DITS On ne sait jamais trouver les bons mots pour parler de la guerre d’Algérie. Avec talent et trois fois rien, Salim Djaferi débusque dans Koulounisation les mensonges, les hontes, les douleurs. Un seul en scène magistral.
21 > 24 MAI Comédie de Saint Étienne (42)
4 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24
DANS LE RÉTRO...
PAR ÉMILAND GRIÈS, ANNE HUGUET, TRINA MOUNIER
Kalimba ©
à cran
Un jury de 12 femmes va sceller le sort de Sally, condamnée à la pendaison pour avoir tué la fille de ses maîtres. Elle prétend être enceinte, seule échappatoire possible. Un suspense haletant orchestré par Chloé Dabert, pour un Firmament de haute tenue. Vu aux Célestins.
Bad trip
Qui après nous vivrez (Rivages Noir, jan. 24), dystopie noire mais captivante – pas si éloignée de notre époque –, nous jette dans la fin de l’humanité. Trois générations de femmes traversent épidémies, guerres, crises climatiques, pénuries, affrontant un nouveau monde âpre et violent. Le soleil brûle, la pluie crépite, les armes aboient, les âmes pleurent : l’écriture puissante d’Hervé Le Corre glace ce récit qui sonne comme un dernier avertissement. Avec l’espoir, peut-être, à la fin ?
Wild God Nick Cave & The Bad Seeds
Today is the Day Still Corners Gift Horse Idles
TOUT ÇA POUR ÇA
Avec Daddy aux Célestins, Marion Siefert voulait évoquer l’emprise. Mais elle dilue son sujet dans trois heures et demie d’effets spéciaux, de voix et musique assourdissantes, de music hall à gogo... Raté.
BIENNALE
D’ART CONTEMPORAIN #17
6 lieux dont les Grandes Locos. Mona Cara, Oliver Beer, Clément Courgeon, Edi Dubien, Christian Boltanski, etc. 21.09 > 05.01.25
5 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24
Victor Tonelli © ... DANS LE VISEUR
VINCENT MACAIGNE EST L’UN
DES ACTEURS INCONTOURNABLES
DU CINÉMA D’AUTEUR FRANÇAIS.
ON L’A VU DERNIÈREMENT DANS
L’ORIGINE DU MONDE, MÉDECIN DE NUIT OU BONNARD, PIERRE ET MARTHE.
IL N’EST PAS QU’UN ACTEUR DE CINÉMA
PROLIFIQUE, MAIS AUSSI, ET D’ABORD, UN HOMME DE THÉÂTRE. COMÉDIEN
ET METTEUR EN SCÈNE, IL MARQUE
LES ESPRITS EN 2009 AVEC IDIOT !
D’APRÈS DOSTOÏEVSKI, AVANT D’ADAPTER UN HAMLET À SA SAUCE AU FESTIVAL D’AVIGNON EN 2011. EN MAI, IL PRÉSENTE
AUX CÉLESTINS SA DERNIÈRE CRÉATION
AVANT LA TERREUR, QUI A FAIT PAS MAL DE BRUIT À SA SORTIE PARISIENNE.
Le transformateur
Enfin une première lyonnaise ?
VINCENT MACAIGNE C’est la première fois que nous venons à Lyon et ça risque d’être un peu rock’n roll ! Nous sommes habitués à jouer sur de grands plateaux, particulièrement pour ce spectacle avec son ouverture de 20 mètres. Nous sommes obligés de réinventer carrément la scénographie. Un vrai pari ! Cela me fait peur, vraiment. Un spectacle, ce n’est pas un meuble IKEA. La scénographie fait partie intégrante du métier de metteur en scène.
17 > 23 MAI
Théâtre des Célestins
Lyon 2
29 & 30 MAI
Comédie de Clermont‑Ferrand (63)
Pouvez-vous nous parler de Avant la terreur ?
C’est une version très personnelle et, selon vos habitudes, très sauvage du Richard III de Shakespeare ?
VM Mon point de départ est vraiment Richard III. J’ai relu toutes les pièces de guerre, me suis intéressé aux
dynasties qui les peuplent et sont assez monstrueuses puisqu’il s’y joue par exemple le meurtre d’un enfant. J’ai ajouté des bouts de textes, des monologues que j’avais écrits et, au bout du compte, ça n’a rien à voir. C’est juste une famille dysfonctionnelle dans un monde de fake news, un cauchemar. De toute façon, je n’aurais pas pu jouer la tragédie originale, je n’avais pas l’argent pour faire travailler autant de personnages. Bien obligé d’écrire ma propre mythologie ! Mais je ne me plains pas. À l’heure où la culture dans son ensemble et le théâtre en particulier supportent des baisses constantes de subventions, je m’en sors bien. Grâce au cinéma d’ailleurs. Il m’a permis de survivre. Je n’aurais fait que du théâtre, je serais potentiellement à la rue… Il est vrai que mes spectacles ne sont pas classiques. Alors c’est dur d’arriver à trouver des financements qui permettent à tous de vivre dignement.
6 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24
C DANS L'AIR
AVANT LA TERREUR
PAR TRINA MOUNIER
Le théâtre, c’est comme partir en voyage sans appareil photo
Bienvenue chez Galbert
PAR GALLIA VALETTE-PILENKO
Ç
Comment choisissez-vous, puis dirigez-vous vos comédiens ?
VM Les acteurs, je les trouve au hasard des rencontres, souvent ce sont des copains rencontrés au temps du Conservatoire d’art dramatique de Paris. Quant à les diriger… Vous savez, on ne les dirige pas comme ça ! Je prends des notes… Parfois c’est bien, parfois non ; j’essaie de les laisser libres avec le danger que ce soit très mauvais. Je me borne à leur dire le soir ce que j’ai aimé ou pas, ce qu’on pourrait améliorer, pour qu’ils trouvent seuls comment jouer tous ensemble. Le théâtre, c’est comme partir en voyage sans appareil photo. Parfois ça rate, parfois on gagne, mais on est toujours en mouvement. Réussir au théâtre chaque soir demande de l’humilité. Car on sait que ce que l’on fait disparaîtra. Le théâtre permet d’arriver à un état de grâce. Aucune représentation n’est assurée, d’autant que le public joue un rôle dans la partition. Il vient voir des êtres humains lui raconter des histoires de manière sensible : c’est un challenge chaque soir. Le théâtre, c’est comme la démocratie de l’agora, un endroit où des gens se réunissent pour utiliser leur cerveau, un lieu de recherche.
> 07 JUIL.
macLYON
Musée d’art contemporain
Lyon 6 mac‑lyon.com
a ne s’invente pas d’intituler une exposition Désordres ! Elle aurait pu s’appeler Capharnaüm , dixit Antoine de Galbert. Celui-ci le sait d’autant mieux que c’est justement sa propre collection qui est montrée au macLYON. Tout du moins une partie, plus de 200 œuvres sur les 3 000 qu’il possède. Grand amateur d’art contemporain et mécène depuis plus de quarante ans, il achète des œuvres sans souci de faire histoire, pour se faire plaisir, « entre intuitions et connaissances » et « pour aller au-delà de soi-même ». Cela offre au public tout un monde, foisonnant et singulier, qui ne ressemble à aucun autre et, mine de rien, fait œuvre. C’est sans doute le plus étonnant et le plus excitant dans cette exposition qui établit des correspondances inattendues entre les artistes. Il y a de la malice dans cet accrochage, et une forme d’audace qui permet de se perdre et de plonger dans des univers très différents. Surgissent ainsi des œuvres aussi variées et fourmillantes que leur acquéreur, comme cette Armée de la Paix d’Ingrid Berger composée de centaines de petites figurines en plastique qui voisinent avec Le Monde Trou du cul de Gilles Barbier. Ou la grande vitrine conçue comme un cabinet de curiosités, qui mêle des œuvres très contemporaines à des objets ethnographiques, un crâne papou à côté d’une céramique de Shary Boyle, une sculpture de Tetsumi Kudo avec une planche anatomique… Clin d’œil à l’exposition monographique de Sylvie Selig qui se tient au premier étage, on retrouve quelques personnages de sa Weird Family dans une salle où sont réunies d’autres sculptures étranges, un cochon masqué d’Arnaud Labelle-Rojoux, un drôle de renard de Benoit Huot, le Ror-chat de François Ribes… Des personnages qui nous accompagnent dans ce voyage au pays de Galbert, à l’instar de toutes ces œuvres irrévérencieuses et profondes qui nous bousculent, mais sans nous violenter.
7 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 C DANS L'AIR Simon Gosselin ©
WENDY DELORME
l’eau à la bouche
wendydelorme
DLE CHANT DE LA RIVIÈRE
Éditions
Cambourakis (avril 24)
LITTÉRATURE
LIVE FESTIVAL
21 > 27 MAI
villagillet.net
Échos de la terre
Eleanor Catton / Wendy Delorme / Diane Wilson
22 MAI • 19H
Villa Gillet
Scène poétique
Littérature Live
26 MAI • 20H
Les SUBS
epuis 2021, la Villa Gillet organise en mai le Littérature Live Festival pour célébrer une littérature vivante et prendre le pouls du monde. De Colum McCann à Nancy Huston, quelque soixante auteurs, poètes, traducteurs, performeurs seront présents pour débattre et questionner la langue. Le LLF a la chance, cette année, de compter Wendy Delorme parmi ces agitateurs d’idées. L’autrice, essayiste et sémiologue, performeuse et figure du mouvement LGBTQIA+, a connu un franc succès avec son roman dystopique Viendra le temps du feu. Dans son nouveau livre Le chant de la rivière, elle exalte les amours entre filles en altitude. Et la symbiose avec les éléments, notamment aquatiques. Entretien.
J’ai l’impression que la montagne vous a transmis une sérénité, notamment d’écriture, incroyable.
WENDY DELORME
C’est vrai que c’est un lieu qui m’a imprégnée et qui a même déclenché l’écriture. Depuis Viendra le temps du feu, je suis pourtant toujours sur une rythmique en alexandrins muets : le procédé est le même, mais c’est sûrement le plus doux de mes livres. L’écriture est pour moi une pratique quotidienne spirituelle qui me maintient à flot. Il n’empêche que pour écrire ce roman, je me suis isolée et ça m’a fait beaucoup de bien. Mais je ne voudrais pas idéaliser le « Je marche seule au milieu de la nature », tant cette dernière a été remodelée par l’homme. J’évoque ainsi cette civilisation montagnarde disparue pour cause de bétonisation, tourisme, domestication des cours d’eau, etc.
L’écriture est pour moi une pratique quotidienne spirituelle
Après le feu, viendra le temps de l’eau… WD Oui, et je travaille déjà à un nouveau texte de fiction limite SF sur le cycle de l’eau ! Mais pour revenir à votre phrase, il y a une forme de logique : disons que les communautés qui combattent les systèmes de domination sociale, c’est le feu, celui de la révolte. Mais il y a aussi toutes celles qui s’organisent pour créer des lieux de vie hors des villes autour de points d’eau, puisque c’est l’enjeu majeur des luttes dans les années à venir. Lisez Avoir 20 ans à Sainte-Soline et rappelez-vous que préserver l’eau, c’est juste une question de bon sens.
8 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 SUCCESS STORY
PAR LAURENT ZINE
Arsène Marquis ©
WENDY DELORME
Une écrivaine fuit le tumulte de la ville pour se réfugier dans la montagne, pour faire le point sur sa vie et sa future maternité. Raconter également deux histoires d’amours interdites, entre hier et aujourd’hui, avec pour seuls témoins, la rivière et le vent. C’est magnifiquement écrit et décrit, à tel point que l’on ressent la fraîcheur de ce torrent descendant des cimes, en ayant parfois l’impression de se baigner avec les héroïnes. Mais à travers la beauté des scènes, on perçoit aussi la tragédie à venir. Et Le Chant de la rivière se fait plus strident pour tenir en haleine jusqu’à la dernière page.
Et du « bonheur facile* » comme vous l’écrivez ?
WD J’avais envie de camper un personnage de jeune fille naturellement enjouée ! Quant à la narratrice, elle évoque directement en arrivant dans la montagne la soif qui ne la quittait plus. Soif d’eau, de quiétude et de liberté.
Vous décrivez dans ce livre des amours qui manifestement restent « interdites* ».
WD J’ose parfois espérer que les temps ont changé. En lisant notamment ce que m’a écrit sur cette histoire le vieux montagnard qui m’a aidée pour l’exactitude des descriptions. La première chose : « Les gens devraient être libres de se choisir ». La seconde : « Si la théorie de la réincarnation est vraie, ma prochaine vie sera celle d’une femme ». Il y a de quoi rester positive.
Voire même optimiste en lisant Le chant de la rivière !
WD Ce livre est certes moins radical que les précédents, mais il dit des choses sur la violence que rencontrent ces vies qui ne sont pas dans les clous. C’est à mon sens la grande force de la littérature que de pouvoir faire passer des idées auprès d’un lectorat, sans verser dans l’argumentation et la confrontation. Ce qui n’empêche pas de le faire par ailleurs. Mais concernant par exemple l’épisode de la Manif pour tous, les esprits étaient souvent obturés, prisonniers de leurs positions homophobes. J’ai ainsi préféré leur écrire un livre sur le sujet (Le corps est une chimère, Au diable vauvert, 2018) plutôt qu’un tract militant, en espérant "faire cheval de Troie" pour reprendre la figure symbolique de Monique Wittig. Elle partait du principe que la littérature peut ouvrir des possibles en termes de visions du monde, en touchant la sensibilité des gens. Leur écrire des histoires avec des personnages auxquels ils pourraient s’identifier. Éventuellement ensuite les faire adhérer à de nouveaux principes de vie.
* Toutes les citations sont extraites du livre.
9 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 SUCCESS STORY
À LIRE
ROMAN
BUISSON ARDENT
Place Guichard
Lyon 3
LA VÉNISSIEUSE
Place de la Paix Vénissieux
Torridesfontaines
PAR NADÈGE DRUZKOWSKI
À LYON ET VÉNISSIEUX, DEUX FACÉTIEUSES
FONTAINES ANNONCENT DES BEAUX JOURS
CHAUDS, CHAUDS, CHAUDS !
Agenevievebohmer.com
vec l’arrivée du printemps revient le murmure de l’eau de nos fontaines sorties de leur hivernage. Si ces bassins offrent un rafraîchissement bienvenu dans la ville, deux d’entre eux font malicieusement monter la température. Place Guichard, le Buisson Ardent mêle corps et végétaux dans une exaltante joie de vivre tandis que La Vénissieuse, place de la Paix à Vénissieux, dévoile une Vénus radieuse dans le plus simple appareil.
On doit ces œuvres irrévérencieuses à Geneviève Böhmer, décédée en 2016, et qui, dès quatorze ans, avait décidé que la sculpture serait sa vie. Ode à la femme, à la sensualité, au plaisir, la fontaine du Buisson Ardent – ironiquement installée face à la Bourse du Travail – est probablement la plus érotique de Lyon. Un luxuriant manteau de feuilles de potiron, figuier, pommier, cerisier, dévoile, plutôt que ne cache, visages et corps affriolants : torses et sexes masculins, fessiers rebondis, buste féminin se soutenant les seins qui ruissellent… Pas moins de mille deux cents pièces moulées, fondues et soudées ensemble composent cette émoustillante sculpture. On y retrouve même un moulage du visage de la plasticienne ORLAN qui envoie des baisers aux passants. Clin d’œil fantaisiste à l’œuvre iconique de cette dernière, Le Baiser de l’artiste, qui, en faisant de son corps une sculpture vivante, avait fait scandale en 1977, à la FIAC de Paris. Une plaque rivée à la fontaine « Avec la présence bien aimée réelle ou imaginaire » remercie divers artistes ayant inspiré cette œuvre.
10 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 TOURS & DÉTOURS Nadège Druzkowski ©
BUISSON ARDENT
À Vénissieux, la fontaine La Vénissieuse – astucieuse contraction du nom de la commune et de celui de la déesse de l’amour – conte, elle aussi, la féminité, la joie et la sensualité. Juchée sur sa conque, sa silhouette gracieuse rappelle La Naissance de Vénus de Botticelli. Mais son visage riant, cheveux au vent, en fait une Vénus bien plus irrespectueuse. Comme faisant fi des conventions, elle tient à la main un masque triste dont elle semble s’être débarrassée. Prenant les traits d’une madone à la coiffe sévère, dont les yeux pleurent l’eau de la fontaine, il contraste avec la vitalité éclatante de la Vénus. Légèrement en retrait, un petit Cupidon ailé observe les frasques de sa mère. Hommage aux femmes, Geneviève Böhmer y a fait graver le prénom
de Vénissianes ainsi que ces mots : « Gaudriolons, mes toutes belles de 20 à 100 ans. Vivons notre plaisir. Nous n’épuiserons jamais la dette de l’Histoire envers nous. » Un hymne vibrant à la gaieté et à la liberté venant de cette artiste qui affirmait : « Je suis une femme ordinaire qui ose. Je sais aussi que si je peux être ainsi c’est parce que d’autres avant moi l’ont osé. » Et pour boucler ce parcours coquin, faites un tour du côté des fesses de La Fanny, au Clos Jouve, à la Croix-Rousse !
11 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 TOURS & DÉTOURS
Blaise Adilon / CAP Vénissieux, 23 ©
LA VÉNISSIEUSE
PAR-DELÀ
LES CONFINS > 26 AVR.
The Lyinc (Lyon International Club)
2 place de la Bourse Lyon 2
Sur rdv uniquement 06 07 37 45 32 06 22 11 27 01
Depuis quinze ans, Clément Montolio promène ses pinceaux au bord du monde. D’une palette profondément azurée et abreuvée de chlorophylle, le peintre lyonnais fait surgir des paysages traversés de mystère. Une fois n’est pas coutume, c’est dans l’écrin de The Lyinc (club privé dédié aux échanges internationaux), qu’il expose. Par-delà les confins s’inspire du poème Élévation de Baudelaire pour nous convier au voyage imaginé par les curatrices
Voyage de l’œil
Isabelle Noyon et Françoise Besson. Soixante œuvres de diverses époques se déploient dans une succession de salons. Pas de cartels pour guider le regard, l’œil plonge en liberté dans une nature souvent chahutée, parfois apaisée, toujours prégnante. « Mes paysages sont des théâtres en attente d’une histoire, confie Clément Montolio.
Progressivement, la figure humaine a disparu, le paysage a évolué jusqu’aux confins, les arbres et les montagnes sont devenus des frontières. » Dès lors, chaque nouvel horizon nous renvoie à nousmême, dans un silence éloquent. La nature assoupie sous la neige distille une poésie apaisante. Sa quiétude est la plus parfaite des promesses. Sous peu, elle enfilera son manteau herbacé, fera scintiller l’eau qui sourd des montagnes. Une symphonie de mauves et de bleus caressera les sommets. Au fil des jours, les vallons se couvriront de velours verdoyant, tandis qu’au loin, une cabane se remplira de soleil. L’été fera son œuvre, l’ocre gagnera du terrain. Alors, dans un ciel héroïque, l’artiste fera tournoyer un ruban de gaze, comme on déroule le fil du temps. À grand renfort d’huile et d’acrylique, Clément Montolio nous aura fait traverser, en quelques toiles, toutes les saisons de l’âme.
12 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24
EXPOS
PAR BLANDINE DAUVILAIRE
CLÉMENT MONTOLIO SANS TITRE 2017 Aline Perrier ©
Item voit grand
Première exposition pour Item dans son nouveau lieu, au 35 rue Burdeau (à la place de Nörka). Plus visible et mieux agencée que l’atelier historique de la rue Fernand-Rey, la Galerie offre de belles perspectives au collectif de photojournalistes créé il y a vingt-deux ans. Composé aujourd’hui d’une dizaine de professionnels, Item réaffirme à la fois son ADN – exigence, indépendance, engagement – et sa volonté de rendre accessible la photographie documentaire. Le rythme devrait être de quatre expositions annuelles, « avec des événements entre-temps, comme des tables rondes, des accrochages éphémères… », précise Bertrand Gaudillère, cofondateur du collectif. La Galerie montrera également la production des élèves bénéficiant du mentorat développé par Item depuis 2020. Six à sept photographes sont ainsi accompagnés chaque année. L’atelier, quant à lui, devient un lieu de travail. Enfin, la connexion avec les sciences sociales est renforcée, puisque chaque exposition présente le regard d’un témoin éclairé. Ainsi l’ethnographe Philippe Somnolet, sur le concept de "licorne". Son analyse complète l’exposition des photos de Cyril Marcilhacy, Génération French Tech Une plongée dans un univers entre fantasme de liberté et dureté du marché.
D’une pierre deux coups
Le centre d’art Kommet fait une proposition originale : présenter une même exposition en deux temps et en deux lieux, d’abord entre ses murs de la Guillotière puis au soussol du parking Saint-Antoine de Lyon Parc Auto. Le premier volet d’Extreme Sitting – visible chez Kommet – a inauguré l’exposition du duo d’AuchKatzStudio, formé en 2017 et composé de la plasticienne Elsa Belbacha-Lardy et du designer Thomas Thibout. Tous deux se disent « fascinés par l’expérimentation de la matière » , entremêlant arts visuels et design. Inspiré par le concept éponyme du journaliste américain Robert Silk autour de la contemplation en pleine nature, AuchKatzStudio reproduit à LPA les peintures présentées en suspension chez Kommet pour les mettre en scène dans une version souterraine. Ces formes fluides, réalisées à partir de plaques sur lesquelles est coulée de la matière aqueuse, fascinent par leur texture et leurs beaux reflets bleus. Évocation de la liquidité et de la Saône toute proche, l’installation se compose également de fac-similés archéologiques – en écho aux fouilles qui ont précédé le chantier du parking –, obtenus par modélisation 3D. Là encore, l’envie d’observer sous toutes les coutures ces artefacts antiques est tenace. De la galerie au parking, la contemplation est au rendez-vous. Pari tenu ! EB
> 17 MAI
La Galerie Item
Lyon 1
collectifitem.com
> 20 AVR.
Kommet
Lyon 7
> 18 MAI
Parking
Saint‑Antoine
Lyon 2
kommet.fr
13 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 EXPOS
PAR EMMANUELLE BABE
Cyril Marcilhacy /item ©
GÉNÉRATION FRENCH TECH
PAR GALLIA VALETTE-PILENKO
Expérience de l’invisible
En janvier 2020, la galerie Slika l’avait invité à présenter des œuvres autour du dieu Lug (qui a donné son nom gallo-romain à Lugdunum). En mars 2024, il consacre son expo, Equinozio di Primavera, au printemps et à l’équinoxe, qui correspond à la fête celte de Beltane. 108, Guido Bisagni de son vrai nom, est persuadé que l’artiste a la même fonction que le(la) shaman ou le prêtre et que son rôle est de réenchanter le monde (qui en a bien besoin). Sous la verrière aux charpentes apparentes, 17 toiles et 13 œuvres sur papier de tous formats sont installées pour se répondre les unes les autres. Aplats de noir et de couleur, le rouge surtout, donnent à voir des formes qui peuvent faire penser à un alphabet ou à d’étranges homoncules venus d’ailleurs. Intrigant.
> 04 MAI
Galerie Slika
Lyon 2 slika.com
Vibration physique
« Rentrer dans une pièce et sentir la peinture fraîche : voilà l’une des raisons qui m’ont fait tomber amoureuse de la peinture. C’est aussi pour cela que j’accorde tant d’importance aux surfaces. On ressent tout de suite une présence physique lorsqu’il y a une peinture quelque part », explique Trudy Benson, qui expose actuellement à la galerie Ceysson & Bénétière. Cette Américaine, déjà invitée dans les locaux stéphanois et parisiens de la galerie, possède une touche toute particulière, entre abstraction pure et post pop-art. Peignant à l’aérographe et au pinceau, à l’acrylique et à l’huile, elle développe un travail de couches successives qui donne à ses toiles une vibration toute personnelle. D’autant que les couleurs claquent comme des coups de fouets, ardentes et joyeuses, en aplats et en volume dans la majorité des quatorze peintures exposées.
> 18 MAI
Galerie Ceysson & Bénétière
Lyon 1
>
Du beau monde
PAR GALLIA VALETTE-PILENKO
Manifesta accueille la galerie 8+4, sa consœur parisienne, pour notre plus grand plaisir tant le catalogue de cette galerie-maison d’édition est excitant. De Bernar Venet, la star de cet accrochage intitulé Croisements, aux Sœurs Chevalme, en passant par Christian Lhopital, le visiteur peut embrasser le regard singulier que pose sur l’art contemporain Bernard Chauveau, son fondateur, qui réalise également des catalogues et des livres d’art. L’un d’eux, Le Bois sacré du couvent de la Tourette, est justement exposé : Giuseppe Penone l’a réalisé au célèbre couvent lors de la Biennale d’art contemporain en 2022. On découvre aussi une tenture et une grande toile de Vera Molnár, morte juste avant ses cent ans, en décembre dernier. L’artiste pionnière de l’art numérique fait d’ailleurs l’objet d’une rétrospective depuis le 28 février au Centre Pompidou. Les splendides céramiques d’Odile Decq et des vases déformés de François Azambourg donnent à voir d’autres volumes. On s’attardera également sur les étranges productions de Lionel Sabatté qui continue d’explorer les rebuts, ici des poussièrographies, images de sous-bois révélés par des poussières et des pigments. Sans omettre celles de François Réau, des fragments de paysage retravaillés à la mine de plomb, ni celles d’Amélie Barnathan, de troublants portraits qu’il faut étudier en détail pour en saisir l’inquiétante étrangeté.
14 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 Guillaume Grasset © POUSSIÈRE DES CIMES MEISENTHAL 2 & 3, LIONEL SABATTÉ 2023 EXPOS
26 AVR. Manifesta Lyon 1 manifesta lyon.fr TELEXxxxxxxx
en trompe-l’œil Le monde
EN MOINS D’UN AN, ANTOINE EST DEVENU GEN_IART, ARTISTE DE STREET ART À LYON.
LA VOIE SINGULIÈRE DE CE GEEK ASSUMÉ ? L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE DONT IL USE
COMME D’UN PINCEAU POUR IMAGINER DES MONDES CACHÉS DERRIÈRE LE MUR.
Longtemps, le jeune
Antoine a bricolé dans le jardin de ses parents, à Saint-Paul-TroisChâteaux. Le dessin ? la peinture ? « Pas vraiment, reconnaît celui qui est devenu Gen_IArt. Je démontais et remontais
sans fin de vieux robots pour découvrir ce qu’ils recelaient ! J’aimais aussi imaginer ce qu’il y avait derrière les murs. » Malgré cette affection précoce pour les murs, le jeune homme s’oriente vers l’ostéopathie, qu’il exerce depuis 2013 en banlieue lyonnaise. Sans négliger les jeux en 3D ou les ordinateurs…
« Mon côté geek ! Fin 2022, en jouant avec l’intelligence artificielle, j’ai créé mes premiers univers. » D’emblée, ce lecteur de fantastique y voit des créations.
« C’est du numérique, détaille-t-il, mais c’est moi qui donne les consignes, choisis les traits et les atmosphères. » En juillet 2023, l’ordinateur plein d’images, il se lance dans la rue. Pour lui, « le street art, à l’opposé du numérique, rappelle les premières peintures rupestres. » Après un premier collage roots, à la farine et à l’eau, devant le lycée du Parc, Gén_IArt s’enhardit. Il s’équipe, colle de nuit puis de jour, d’abord de petits trompe-l’œil, avant de grands formats. Tout s’enchaîne. La chasseuse de graff Cali les photographie et les montre. Cart’1, du festival Peinture Fraîche, lui offre d’investir de petits espaces aux Usines Fagor où il organise une chasse au trésor avec Tuco. Il crée aussi des tableaux sur plexiglas, affine ses trompe-l’œil, revendique l’unicité
> 25 MAI
INSPIRATION
IMPRESSIONNISME
Galerie Em’arts
Lyon 2
galerie_emarts
GENIART.ART
gen_iart
Gen_IArt ©
de chaque œuvre, vend et réinvestit dans du matériel.
Et, surtout, il rencontre d’autres artistes et défriche son imaginaire. Il y a cette Reine d’Angleterre coiffée de plumes, cigare au bec. Ce Dark Vador fleuri ou cette foule de vastes paysages nichés dans les brèches des murs… Petites expériences du vertige. « J’aime faire passer une idée immédiate qui touchera un passant, un instant », pointe le trentenaire. S’il rêve de grands formats pour la rue, Gen_IArt a aussi créé, pour l’exposition sur l’impressionnisme de la galerie Em’art, des scènes anachroniques, croisant vieilles toiles chinées et IA. Et fabriqué cent cartes postales à effet lenticulaire qui montrent chacune deux vues de Lyon, l’une classique et l’autre à la manière d’un peintre. Générées par l’IA.
15 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 ADN
PAR
FLORENCE ROUX
MIS EN SERVICE
PAR TRANCHES
EN SEPTEMBRE
2023 PUIS JANVIER
2024, LE GROUPE
SCOLAIRE SIMONE
VEIL ET LA CRÈCHE
ELLEN KEY
CAMPENT AUX
AVANT-POSTES DU QUARTIER DE LA SOIE, AFFICHANT UNE ARCHITECTURE À L’IDENTITÉ AFFIRMÉE, FORTE D’ATOUTS BIOCLIMATIQUES.
PAR ÉMILAND GRIÈS
Lse dernier-né des groupes scolaires villeurbannais ne passe pas inaperçu !
École Simone Veil
11 rue Francia Villeurbanne viva.villeurbanne.fr
carredesoie.grandlyon.com
rougerie‑tangram.com
amelia_tavella
Question de taille tout d’abord. Il en impose avec ses 3 000 m², sa crèche de 42 lits, ses dix classes de maternelle, ses quinze d’élémentaire et son restaurant scolaire. Il fallait bien tout ça pour répondre aux besoins exponentiels des nombreuses familles s’installant dans les programmes immobiliers qui ne cessent de sortir de terre dans ce quartier doté de nombreux bureaux et commerces, et surtout de trams et d’un métro en ligne directe avec le centre-ville lyonnais. Question d’implantation également. Stratégiquement dressé le long de la vieille rue de la Soie qui donne son nom à ce nouveau morceau de ville, l’équipement scolaire trône en majesté à l’entrée du quartier, inratable lorsqu’on arrive du périphérique depuis Lyon. Territoire agricole aux confins de Villeurbanne et Vaulx-en-Velin jusqu’à la fin du XIXe siècle, le site doit son développement initial à l’installation de l’usine TASE* en 1924, avec sa cité-jardin constituée de petites maisons d’ouvriers. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts en matière de développement urbain volontaire dans le coin !
Enfin et surtout, question d’aspect. Conçu par les architectes marseillais de Rougerie+Tangram, associés à l’occasion du projet à Amélia Tavella qui revendique fièrement son identité corse, l’édifice présente une enveloppe atypique sous nos
16 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 FORME & FONCTION
(c) olaire
Fiona Blair / Villeurbanne ©
ÉCOLE SIMONE VEIL, VILLEURBANNE
* Société des textiles artificiels du Sud Est. ** Artiste associé au mouvement de l’Arte povera.
Inauguration officielle prévue le 28 mai.
***
latitudes rhodaniennes, habituées à une architecture en général plus tempérée, à l’expressivité moins spectaculaire. La méridionalité partagée par cette maîtrise d’œuvre bicéphale joue à coup sûr un rôle important dans la proposition formelle, qui attire l’œil et titille l’intérêt.
Les volumes parallélépipédiques du groupe scolaire, à la fois lisses et fragmentés, sont complètement revêtus de briques de terre cuite, rarement visibles en métropole lyonnaise. Une partie de ces briques est disposée en saillie biaise, zébrant les façades de larges arabesques arborescentes, comme si l’édifice avait subi de sourdes ondes telluriques. Le relief de ces briques aux angles variables projette des ombres évoluant au gré de la course du soleil et de la position de l’observateur. Ce subtil jeu cinétique est l’œuvre de Pauline Guerrier, formée aux Beaux-Arts de Paris dans l’atelier du sculpteur Giuseppe Penone**. Les thèmes chers à son maître italien, tels le travail sur les matériaux bruts, le concept d’empreinte et l’évocation du règne végétal percent dans l’intervention à la fois cérébrale et sensuelle de la jeune artiste.
Côté rue comme côté cour, les briques de parement se déclinent dans les étages en grands claustras [ou parois ajourées, NDLR] érigés devant les parois vitrées, gommant la perception des niveaux et filtrant regards et rayons du soleil. Notre visite des espaces intérieurs par une belle journée de printemps confirme la
réussite du système : les salles de classe et d’activités baignent dans une douce lumière naturelle tamisée. On imagine aisément l’intérêt de ces claustras dans la lutte contre l’effet de serre lors des fortes chaleurs qui font inexorablement monter en température les bâtiments. Le projet s’enorgueillit d’ailleurs d’une conception intégrant de nombreux paramètres de développement durable, notamment dans le choix des matériaux naturels comme le bois, omniprésent dans les aménagements intérieurs. Des brasseurs d’air au plafond permettent d’harmoniser sans apport les températures des pièces, alliant frugalité énergétique et confort thermique des usagers été comme hiver.
La cour de récréation, avec ses pelouses, ses haies et ses arbres de haute tige, propices au rafraichissement, n’a également rien à voir avec l’espace minéral que les écoliers des générations précédentes ont connu. Les toitures-terrasses, équipées de larges pergolas métalliques brise-soleil, complètent les espaces de jeux extérieurs.
L’école Simone Veil*** semble donc bien armée face au réchauffement climatique, tout en traduisant cet atout dans une expression architecturale à la fois surprenante, audacieuse et accueillante. Et maintenant, au travail, les enfants !
17 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 FORME & FONCTION
Fiona Blair
/ Villeurbanne ©
L’idée d’intimité avec mon sujet m’intéresse
RÊVER LE QUOTIDIEN
FOKUS
PAR EMMANUELLE BABE TOILES MATHIEU IQUEL
C’est une discrète galerie-atelier, nichée dans la sélecte rue Auguste-Comte. Mathieu Iquel accueille les visiteurs au rez-de-chaussée, où sont exposées des peintures de tous formats. C’est à l’étage que l’artiste peint. À Lyon depuis 2007, le Brestois échoué dans la Drôme de six à dix-huit ans connaît sa chance de disposer d’un tel lieu, « il m’évite d’avoir besoin de beaucoup exposer pour montrer mon travail ». La peinture, c’est sa vie. Depuis vingt-deux ans. Les Beaux-Arts de Paris ?
Ils figurent sur son CV d’artiste mais l’étudiant Iquel y est resté… trois mois. « Je me sentais déjà suffisamment peintre pour ne pas continuer », affirme-t-il sans sourciller. La faute à sa grand-mère, sans doute, qui emmenait régulièrement le jeune Mathieu dans les musées et savait "raconter" les peintures. « Comme tous les enfants, je dessinais beaucoup, c’était passionnant. Et je crois que j’ai gardé cela : la peinture comme un jeu. »
Ne pas en perdre une miette. C’est peut-être pour cela que Mathieu Iquel travaille de front plusieurs séries, aux couleurs souvent franches, composant comme une cartographie intime des espaces quotidiens : paysages, bords de mer, villes, portraits… le plus souvent réalisés à partir de photographies. Contrairement à ce que l’on imagine au premier regard, le souci de la reproduction n’est pas primordial : « Je prends la liberté de créer des zones très denses avec beaucoup de détails et d’autres très épurées. » Pénombre et jeux de lumière inspirent le peintre, qui s’épanouit dans des paysages nocturnes éclairés par le halo de la lune, les scènes de convivialité à l’ambiance cosy observées comme depuis un balcon, ou encore ces nageurs de Piscine du Rhône à la nuit tombée. Le tableau, réalisé en 2019, conjugue deux des terrains de jeu de Mathieu Iquel : l’ombre portée et l’élément aquatique, « qui donnent des peintures lumineuses ». Pour les portraits, amis ou anonymes, le peintre revendique « une composition très simple : une couleur de fond et une silhouette ». Mais peu de visage. Certaines peintures au format cinémascope (Tokyo hôtel, 2017) peuvent évoquer Hopper mais c’est du côté de Picasso, qui le passionne, que Mathieu puise l’énergie de la création. « Je regarde aussi la peinture des Anciens. Les choix des coloris, de composition sont impressionnants et, en observant bien, on perçoit l’architecture de l’œuvre, ses différentes couches. » Une pratique qu’il applique à son propre travail : si un tableau le « lasse », il le recouvre. Avec le temps, Mathieu Iquel s’amuse à expérimenter. Fidèle à la peinture à l’huile, il s’autorise une infidélité avec la gouache pour travailler sur papier kraft. « C’est un très bon support, d’abord parce qu’il n’est pas blanc. Ensuite, c’est un matériau pauvre, donc il y a l’idée d’en faire quelque chose de précieux. » Mathieu l’utilise notamment pour réaliser des tableaux d’après des œuvres célèbres – Degas, Toulouse-Lautrec, Cézanne et, bien sûr, Picasso. Depuis deux ans, il pratique aussi le collage avec beaucoup de plaisir : « Couper, déchirer, déplacer… je me laisse complètement aller à la dimension ludique de l’art ! »
IL AIME : Picasso, Vermeer, Félix Vallotton, Ernest Hemingway, Michelangelo Antonioni, Harry Gruyaert
Galerie Mi
32 rue Auguste Comte Lyon 2
mathieuiquel.fr
mathieu.iquel
MÖBIUS MORPHOSIS
02 > 03 JUIL. Grand Théâtre Fourvière
Lyon 5
SKATEPARK
04 > 06 JUIL. Opéra de Lyon
Lyon 1
WOZZECK
02 > 14 OCT. Opéra de Lyon
Lyon 1 opera lyon.com
De la
MYCELIUM, BALLET DE L’OPÉRA DE LYON
L’annonce d’une nouvelle saison d’opéra est une expérience ambivalente, et pour cela excitante, parce qu’elle mêle certitude et doute. La certitude est celle de pouvoir assister à des œuvres souvent espérées de longue date, parfois inattendues, à des valeurs sûres comme à des productions audacieuses, à des pièces consacrées comme à des créations. Le doute est celui de leur performance concrète, que l’on ne découvre que lors de la représentation : la mise en scène est-elle convaincante ? l’interprétation à la hauteur ? Faute de pouvoir encore lever ces doutes, satisfaisons-nous des certitudes qu’offre l’annonce de la prochaine saison de l’Opéra de Lyon pour 2024-2025.
Ça commence fort, dès octobre, avec le Wozzeck d’Alban Berg, certainement pas l’œuvre la plus complaisante du point de vue musical mais assurément passionnante. Il s’agira en outre d’une production locale puisque le directeur de l’Opéra de Lyon, Richard Brunel, signera la mise en scène et que Daniele Rustioni, son directeur musical, sera à la baguette. Comme de coutume, la fin d’année sera plus consensuelle avec Le Turc en Italie de Rossini, dont on espère que Laurent Pelly saura le dynamiter comme il l’a précédemment fait avec Offenbach. Andrea Breth proposera-t-elle
une Madame Butterfly dépourvue de toute japoniaiserie pour mieux en distiller la dimension féministe ? Réponse fin janvier. Le traditionnel festival de printemps invitera à nous « Saisir de l’avenir » — une rude tâche assurément lorsque Verdi nous rappelle La Force du destin, que Diana Soh nous laisse dans l’expectative (L’Avenir nous le dira, au TNP) et que Giorgio Battistelli s’inspire pour 7 Minutes du sursaut de combativité des ouvrières de Lejaby. Retour au XXe siècle en mai avec Peter Grimes de Britten et le traditionnel classique de fin de saison, en l’occurrence Così fan tutte dirigé par Duncan Ward et mis en scène par Marie-Ève Signeyrole. S’y ajoutent la création du Sang du glacier de Claire-Mélanie Sinnhuber, un opéra itinérant avec camion-chapiteau, et, en version de concert, l’Andrea Chénier de Giordano.
Il ne s’agit là, bien entendu, que des productions lyriques de l’Opéra de Lyon qui, comme de juste, présentera également ses concerts et récitals, son programme de danse mêlant à son tour créations (à découvrir aux Nuits de Fourvière l’expérience Möbius Morphosis avec quelque 70 artistes sur scène) et reprises (dont l’hypnotique Mycelium vu à la dernière Biennale de la danse), et, last but certainly not least, l’Opéra Underground dont le programme sera progressivement dévoilé. La certitude d’une saison de qualité l’emporte définitivement sur le doute.
20 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 BÊTES DE SCÈNES
©
Agathe Poupey
PAR CARMEN S.
POST SCRIPTUM
PAR TRINA MOUNIER & GALLIA VALETTE-PILENKO
Au bord du vertige
The Köln Concert est l’un des albums de jazz les plus vendus au monde. Enregistré lors d’un concert que Keith Jarrett, excédé de ne pas avoir le piano demandé, a improvisé pendant une heure, ce disque est un monument de la musique. Quand Trajal Harrell, chorégraphe américain et directeur du Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble, découvre cet album pour la première fois, il n’a pas trente ans mais ne sent pas encore prêt à l’utiliser. Vingt ans plus tard, il s’en empare avec un talent fou dans cette pièce éponyme, qui reprend également quelques chansons de Joni Mitchell. Sept tabourets de piano en constituent le seul décor. C’est Trajal Harrell lui-même qui ouvre le bal. Un univers peuplé de mode, beaucoup, et de danses de tous horizons, où cinq danseurs et deux danseuses déploient respectivement leur monde. Portraits sensibles d’individualités qui semblent murées dans leur solitude, ils ont en commun la délicatesse de leurs gestes et de leur démarche, presque toujours sur demipointes, comme s’ils étaient chaussés de talons aiguille. Ce motif directement venu du voguing, qui intéresse depuis longtemps le chorégraphe, apparaît dans toutes ses créations. À l’instar du butō qui le passionne depuis 2013 et qu’il associe, contre toute attente, à la mode. Dans The Köln Concert, l’osmose est parfaite. Précision et poésie se conjuguent dans un précieux tressage de notes et de gestes, pour des instants de grâce ! GV-P 29 > 30 AVR.
Maison de la danse Lyon 8
BIS, on en redemande !
Le Collectif BIS offre un visage original dans le paysage théâtral et regorge de talents. Sur scène, on a comme une impression de déjà-vu… En 2012, après le conservatoire de Lyon, Julien Michel, Lucas Delesvaux et Maxime Roger ont envie de continuer ensemble. Ils fondent le Collectif BIS avant de rejoindre Gwenaël Morin. Ils montent les classiques à un rythme effréné, peaufinant la diction, la connaissance des textes, la plasticité des rôles. « Quand nous avons volé de nos propres ailes, confie Julien Michel, je savais que je voulais faire de la mise en scène. » Aujourd’hui, le Collectif BIS est une plateforme de création avec plusieurs projets actifs : Fissures, Jungle et Cyrano BIS. La méthode de travail change selon les projets, même si, la plupart du temps, Julien Michel en assure la mise en scène. Pour Cyrano BIS, ils tirent les rôles au hasard chaque soir. « Chacun sait tout de la pièce. Le texte est primordial, et respecté à la lettre. Tout le reste (jeu, rôles, mise en scène) est improvisé. […] J’aime ce moment de grâce où l’acteur prend possession du texte. Quand le théâtre me raconte une histoire avec un début et une fin… » TM
14 > 16 MAI
Théâtre de la Croix‑Rousse Lyon 4
21 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 BÊTES DE SCÈNES
GRÈS
14 > 24 MAI
Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com
LE TEMPS DES FINS 22 > 30 MAI
La Comédie de Valence (26) comediedevalence.com
Sur la brèche
Vous êtes un auteur prolifique.
IL VA FALLOIR COMPTER AVEC
GUILLAUME CAYET. À SA SORTIE DE L’ENSATT, SES TEXTES
SONT REMARQUÉS ET PRIMÉS. DIX ANS APRÈS, IL COMPTE UNE VINGTAINE DE PIÈCES PUBLIÉES ET JOUÉES, ET LE VOILÀ SUR LES PLANCHES, DES CÉLESTINS À LA COMÉDIE DE VALENCE.
GUILLAUME CAYET J’aime beaucoup écrire. C’est un travail comme un autre qui exige de l’assiduité. Et j’ai la chance d’être auteur associé au CDN de Nancy qui me propose des travaux au long cours et me permet d’écrire une pièce par semestre. C’est stimulant…
Vos textes racontent des combats. Revendiquez-vous un théâtre politique ?
GC Toute écriture porte une vision du monde. En ce sens, elle est politique. Houellebecq est politique aussi, versant réactionnaire. J’ai envie que le théâtre soit conditionnel, qu’il ouvre des brèches dans le discours post-apocalyptique que le monde essaie de fabriquer. La fin du monde qu’ils nous promettent n’est peut-être juste que la fin d’un monde. Dans Le Temps des fins qui traite d’écologie, la question de la ZAD est posée, alors oui, c’est politique. Je qualifierais mon travail
*Vu début avril au Théâtre du Point du Jour
Napoléon, mon cul !
d’oppositionnel. Selon moi le théâtre est un espace de transformation. Mon parti pris d’écriture est de décrire un réel que les personnages subissent, puis le moment où tout bascule. Dans Grès, un vigile qui a toujours consenti à l’ordre se retrouve à dire non et à rejoindre une manifestation de gilets jaunes. Dans Quatrième A*, dès le début, le personnage entre et dit : « Quelque chose a changé, on est sur le toit du collège et on l’occupe. » Toute la pièce reconstitue ce qui s’est passé pour en arriver là. Et comment une jeune fille discrète se met à prendre la parole en public.
Comment choisissez-vous vos sujets ?
GC Sur une impulsion ou par le résultat d’un travail comme celui que je fais à Nancy. J’écris rarement dans ma chambre. C’est essentiel que notre métier soit relié au monde.
Grâce à Zabou Breitman, on va découvrir sous forme de comédie musicale le livre le plus connu de Raymond Queneau, Zazie dans le métro. Dans les années 1960, le roman était diablement novateur. Zazie a dix ans, et une mère protectrice qui l’a sauvée d’un père incestueux (à coups de hache, quand même). Comme anges suppléants, elle a aussi un oncle « homosessuel », dont la femme Marceline s’appelle Marcelle… Elle va en avoir besoin pour sa traversée de Paris. Car elle veut absolument voir Paris et sa tour Eiffel, mais finira par visiter le marché aux puces de Saint-Ouen et les cabarets de Pigalle, échappant entretemps à un pédophile dans un monde en folie. Par bonheur, Zazie est une gamine délurée, drôle et maligne… Une pièce qui s’annonce haute en couleur ! TM
22 > 25 MAI
Théâtre de la Renaissance Oullins theatrelarenaissance.com
22 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 BÊTES DE SCÈNES
GRÈS
Pascal
Aimar ©
PAR TRINA MOUNIER
Couleur cirque
Les SUBS, comme chaque printemps, se rhabillent pour l’été. Cette fois-ci, c’est le circassien suisse de Lucerne, Julian Vogel, qui s’y colle avec Crescendo, un projet vibratoire interactif (toujours sur l’esplanade des SUBS) avec des tubes de céramique (120) en suspension. On n’a encore rien vu, bien sûr, de cette œuvre monumentale (9 mètres de hauteur) immersive, dont l’inauguration officielle est annoncée pour le 2 mai.
Côté programmation, le cirque est carrément à l’honneur. Place donc aux corps élastiques, aux suspensions acrobatiques et autres mouvements giratoires. On est ravi de revoir le hula hoop géant de l’Argentin Juan Ignacio Tula avec son impressionnante roue Cyr (notre gros coup de cœur). Torse nu, dans une lumière bleutée, le circassien tourne sans fin, tel un derviche des temps modernes, jusqu’à la transe, dans un questionnement hypnotique sur les limites du corps. Autre giration avec La Marche de Mathurin Bolze, qui n’en a pas fini avec sa « roue ». Il marche, court, saute, s’envole, roule, flotte pour raconter de multiples narrations toujours poétiques. Dans la série nouvelles têtes, Nicolas Fraiseau (vu chez le Collectif Sismique) expérimente entre cirque et pyrotechnie. Tandis que Neta Oren, ultra concentrée, jongle avec ses balles sur un rythme fou calé à 160 bpm. Pour finir, l’Ukrainienne Olga Dukhovna s’amuse avec Swan Lake Solo à déconstruire le fameux ballet. De chouettes soirées en perspective.
02 > 05 MAI
16 > 18 MAI
Les SUBS, Lyon 1 les‑subs.com
Enchantement
Vingt Mille Lieues sous les mers de Jules Verne évoque le légendaire Nautilus et son non moins mythique capitaine Nemo. Afin de réenchanter ce classique de la littérature, Valérie Lesort et Christian Hecq l’ont adapté pour la Comédie-Française. Mais pas n’importe comment ! Leur riche idée de mêler comédiens et marionnettes fonctionne à plein. La magie des marionnettes au noir opère diablement, doublée d’un travail formidable de lumières, qui réactivent l’imaginaire de l’enfance. Nous voici partis pour un voyage extraordinaire qui transporte dans un monde peuplé de créatures et monstres flottants, de marins gravement foutraques. Déjà programmé en 2017, 20 000 lieues sous les mers revient à Lyon pour notre plus grand plaisir, avec une nouvelle distribution. GV-P 02 > 12 MAI
Théâtre des Célestins Lyon 2
29 > 31 MAI
MC2: Grenoble (38)
L’intime dévoilé
À la Croix-Rousse, Mohamed El Khatib va toucher, comme à son habitude, des zones que nous gardons profondément au creux de nous-mêmes. Il parle de lui, mais plus encore il invite, il convoque d’autres, ici des étudiants de théâtre, à s’installer sur le plateau pour évoquer Mes parents. Histoires privées, secrets de famille, questions taboues comme la sexualité, la mort des parents : le sujet est brûlant. Avec son art inimitable, il donne l’illusion de la réalité, de discussions entre copains. Et il dessine avec beaucoup de pudeur et d’impudeur une radiographie des familles d’aujourd’hui. Cela promet de grands moments d’émotion et de drôlerie car, finalement, même dans les épisodes les plus graves de la vie, on peut encore rire de tout. TM
14 > 16 MAI
Théâtre de la Croix Rousse Lyon 4
23 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24
Geoffray Chantelot ©
LA MARCHE, MATHURIN BOLZE
BÊTES DE SCÈNES POST SCRIPTUM PAR TRINA MOUNIER GALLIA VALETTE-PILENKO
PAR ANNE HUGUET
LAISSEZ-MOI
Maxime Rappaz
Sortie : 20 mars 2024
ÉTAT LIMITE
Nicolas Peduzzi
Sortie : 1er mai 2024
CHEMINS DE TRAVERSE
CHAQUE ANNÉE, L’ASSOCIATION DU CINÉMA INDÉPENDANT POUR SA DIFFUSION (ACID), COLLECTIF DE CINÉASTES, SÉLECTIONNE ET ACCOMPAGNE DES FILMS AUDACIEUX QUI BOULEVERSENT LES CODES.
PARMI LES NEUF FILMS DE LA SÉLECTION PRÉSENTÉS AU FESTIVAL DE CANNES 2023, UN DOCUMENTAIRE ET UNE FICTION QUI DONNENT À VOIR LE MONDE AUTREMENT.
On démarre avec État limite* de Nicolas Peduzzi, un documentaire sur le Dr Abdel-Kader, seul psychiatre de l’hôpital public Beaujon, aux portes de Paris. Psychiatre de liaison, le médecin navigue des urgences au service de réanimation. Son outil de travail, ce sont ses baskets. Il court d’un patient à l’autre, d’une pathologie à l’autre. Un film organique, qui vit et reste toujours dans le mouvement de ce jeune médecin que le réalisateur suit, caméra à l’épaule, dans les escaliers et les grands couloirs de l’hôpital.
Peduzzi nous donne à voir l’urgence par ses choix esthétiques (cadrages serrés et plans nerveux) tout en préservant une forme d’humour.
Le psychiatre déplore le manque de moyens et de temps imposés par les objectifs de rendement absurdes du modèle libéral.
avril
« Les moyens se réduisent comme peau de chagrin, les souffrances s’accumulent mais il faut pourtant trouver l’énergie de garder la tête haute (…). Nicolas Peduzzi filme ce médecin comme un super héros », expliquent les cinéastes de l’ACID qui ont sélectionné le film. Et notre héros cherche la façon de créer du lien avec chaque patient. En prenant le temps de discuter régulièrement avec chacun, soignants comme soignés. En montant un club de théâtre au sein de l’hôpital avec ces abîmés de la vie aux pathologies souvent lourdes, telle cette jeune fille qui, à sa énième tentative de suicide, a perdu un bras et ses deux jambes. Elle continue malgré tout à sourire et à participer aux ateliers inventés par le Dr Abdel-Kader. On se demande si l’état limite est celui des patients ou de l’hôpital. L’épuisement a gagné celui dont le réalisateur a suivi le quotidien pendant deux ans et demi. Le Dr Abdel-Kader a fini par quitter le
service, a révélé le cinéaste à l’issue d’une avant-première.
Autre film de la sélection, Laissez-moi de Maxime Rappaz, film suisse à petit budget, est une très belle fiction avec Jeanne Balibar. Elle y incarne une femme indépendante, couturière de métier, qui s’occupe seule de son fils handicapé dans une vie bien réglée. Tous les mardis cependant, elle s’accorde une pause pour rejoindre un hôtel situé en dessous du barrage de la Grande-Dixence en Suisse – le plus haut du monde – et rencontrer des hommes de passage. Le film témoigne d’une grande délicatesse et les images offrent des cadres somptueux. Une déclaration d’amour à Jeanne Balibar qui est de tous les plans. Son phrasé si particulier habite son personnage.
« Chambouler les écritures, laisser libre cours à la puissance des imaginaires malgré la légèreté des moyens », telle est l’ambition de l’ACID. Pari tenu.
24 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 HORS CHAMP Eurozoom 2024 ©
LAISSEZ-MOI, MAXIME RAPPAZ
PAR MARTIN BARNIER ET VALÉRIE LEGRAIN-DOUSSAU
* Disponible sur Arte jusqu’au 29
En mode VF
UPAROLES ET MUSIQUES
28 MAI > 02 JUIN
Saint Étienne (42) festivalpm.com
CHANGEZ D’AIR
22 > 25 MAI
St Genis les Ollières, Francheville, Craponne changez dair.mapado.com
AILLEURS ATBC
Lyon 1
athouboutdchant.com
Marché Gare
Lyon 2 marchegare.fr
n festival sans Zaho de Sagazan ? C’est possible et le printemps 2024 le prouve ! Trêve de cynisme, c’est une jolie moisson que l’on découvre au détour des deux rendez-vous annuels de la chanson francophone, Paroles et Musiques à Saint-Étienne et Changez d’Air du côté de l’Ouest lyonnais. Bien sûr, on compte une poignée de têtes d’affiche, en particulier dans la Loire : Pierre de Maere, Clara Ysé, HF Thiéfaine et, surprise (!) le pianiste star Sofiane Pamart ; la disco girl Corine comme le chouchou du moment Aliocha Schneider se produisent, quant à eux, dans le Rhône, tout comme les valeurs sûres que sont la locale Évelyne Gallet et Martin Luminet. Les curieux ont toutefois quelques dates à cocher : KCIDY (même soir que Corine, 25/5) ici en solo mais aussi membre de l’enthousiasmant trio électropunk Tôle Froide. Savourer ses mélodies délicieuses en live fait envie ! Dans le style électro-psychédélique,
Arkange ne laisse pas non plus indifférent, tout comme la mélancolie vintage de l’artiste bisontine Clio, qui a sorti fin 2023 son quatrième opus, Carambolages On se souvient de la grosse surprise du précédent, un duo in french avec Iggy Pop (L’Appartement, enregistré à distance). Elle lui a proposé, l’Iguane a dit oui, tout simplement ! Programmée à P&M (28/5), Clio affiche complet du côté d’À Thou Bout d’Chant, où il serait dommage de passer à côté de la voix captivante de la Québécoise Marie Claudel (3/5). Son folk aux atours rock évoque le voyage et les amours déçues. On embarque direct. Même continent, Mimi O’Bonsawin devrait enchanter Francheville (21/5) avec sa pop rendant hommage à ses origines franco-ontariennes et abénakises*. Enfin, la Lyonnaise Tachka sort un troisième album (Faire des figures) qui mérite qu’on aille écouter la demoiselle en live. Son jazz-folk expérimental sort des sentiers battus et rien que pour ça, filez à Saint-Étienne ou au Marché Gare (4/5).
26 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 FESTIVALS
Inès Chable ©
ARKANGE
PAR EMMANUELLE BABE
Abénaquis sont un peuple autochtone, membre des Premières nations. Présents aujourd’hui en Acadie, au Québec ou encore dans le Vermont.
*Les
PAR ANNE HUGUET
Les Grandes Locos vont vibrer
Nouvelle décennie, nouveau lieu et nouvelle équipe : Nuits Sonores se réinvente un peu pour sa 21e édition qui se tiendra du 7 au 12 mai. La grande nouveauté ? Le festival lyonnais prend ses quartiers en avantpremière aux Grandes Locos à La Mulatière, ancien technicentre SNCF et lieu culturel en devenir : le spot – qu’on a eu la chance de visiter – s’annonce bluffant avec ses halles immenses tout en verrières et structures métalliques. Habitué des grandes friches industrielles, on parie que NS va transformer magistralement le lieu ! Autre changement de taille, les Nuits laissent la place à des soirées club (Sucre, Sucrière et Transbordeur) tandis que les Days concentrent le gros de la programmation (aux Grandes Locos, de 16 heures à minuit). Les grand-messes électro font sans doute moins rêver et (surtout) trentenaires et quadras vieillissent ! On va être franc, on a un peu buggé avec la programmation 2024, trop d’inconnus et d’artistes plus ou moins obscurs d’ici et d’ailleurs. On a bien repéré quelques noms qui feraient envie : Fatboy Slim (même si on n’écoute plus du tout le pionnier du big beat), le trio électrochoc à six mains Detttmann/Âme/ Solomun (ça devrait être classe), Autechre, la richesse des sonorités de Deena Abdelwahed, le dub hypnotique d’Aba-Shanti-I, le papy Ebo Taylor (87 ans), le très à la mode Mézigue, les singuliers MEULE ou encore les lives immersifs de Ryoji Ikeda. On irait bien aussi jeter une oreille à Istanbul Ghetto Club, Paranoid London, Caravel, Gabber Eleganza, Tauceti et Tasos Stamou, entre autres. Mais on est loin d’avoir tout épluché : on vous laisse le soin de dénicher les perles rares.
NUITS SONORES
07 > 12 MAI
Lyon et Villeurbanne
nuits sonores.com
27 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 TAUCETI
DR ©
FESTIVALS
MUSIQUES
PAR EMMANUELLE BABE, GUILLAUME BOUVY, ANNE HUGUET, FLORENCE ROUX
AU COMMENCEMENT
19.04.24 | 20H30
Ils sont tout frais, tout neufs, amis de toujours, disent-ils pour se présenter. Dreadful Amaryllis, anciennement The Killy’s, est un duo lyonnais que certains ont peut-être entendu dans quelque obscur concert ou coin de rue. « L’harmonie du punk rock et de compositions techno est la genèse de leurs créations », lit-on sur leur bio. Hum, on n’en saura pas beaucoup plus, à part qu’ils œuvrent du côté du post-punk, à vouloir leur coller une étiquette. On peut s’en faire une première idée sur YouTube avant de filer au Kraspek découvrir le duo en chair et décibels, histoire de voir si Étoiles dans les yeux sonne aussi bien. AH
DÉCIBELS À GOGO
26.04.24 | 20H30
Déferlement de décibels attendus du côté du Marché
Gare avec la venue des Johnny Mafia qui n’ont jamais fait dans la dentelle avec une implacable réputation de groupe de scène. Le quatuor de Sens, qui vient de lâcher une quatrième galette 2024 : Année du Dragon – un brin trop propret, peut-être –, fait depuis ses débuts dans l’efficacité sonique maximale dès qu’il joue live avec des compos remaniées version punk. Le combo aligne pépites (Trevor Philippe) et autres brûlots (Crystal Clear, Sleeping…), pied au plancher et toutes guitares dehors, sans laisser le temps de dire ouf. Nos Lyonnais de The Scaners lanceront les hostilités avec de nouveaux morceaux toujours issus d’un croisement de punk 77’ et de synth-punk, sacrée bouillie rétrofuturiste sous obédience Ramones (si, si). Vintage et sous speed. AH
Marché Gare
Lyon 2 marchegare.fr
Kraspek Myzik Lyon 1 kraspekmysik.com
ON VA TOUS CREVER
30.04.24 | 20H
« La vie c’est dur, putain » On est vraiment curieux de voir ce que donne Gwendoline sur une scène. Le duo rennais, fort de quelques singles bien accrocheurs (Chevalier Ricard, Audi rtt, Chèques Vacances, Rock 2000 ou Pinata), commence à faire parler sérieusement de lui avec ses vignettes post-new wave dépressives – « schlagwave » disent-ils – qui balancent entre chanter-parler et crachent un épais mal de vivre sur des instrus minimalistes. Avec quelque chose à la Pascal Bouaziz dans la désespérance coléreuse. Ils ont signé aussi chez Born Bad (C’est à moi ça, sorti le 1er mars), le label parisien de rock indé au goût sûr, encore une bonne raison d’aller entendre ça de plus près. Et dans la série pop singulière à l’affiche, Balladur fait également office d’ovni avec ses chansons foutraques en italien ou en français et sa boîte à rythmes lancinante. De fausses musiques joyeuses pour des textes pas vraiment drôles qui taclent un monde qui va mal. Idéal pour choper le vague à l’âme ! AH
Transbordeur Villeurbanne transbordeur.fr
28 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 DÉAMBULATIONS
Aloïs Lecerf ©
GWENDOLINE
JOHNNY MAFIA Emilie Mauger ©
CORDES SENSIBLES
03.05.24 | 20H
Auteur, compositeur et interprète, Malik Djoudi se distingue par une voix sensuelle et éthérée. Son électro-pop délicate glisse dans les oreilles, poétique mais sans lyrisme débordant. Protégé d’Étienne Daho, il a donné la réplique à Isabelle Adjani, Juliette Armanet, ou Philippe Katerine…. De belles références qui ne lui font pas prendre la grosse tête pour autant. Sa plus grande réussite : exposer ses questionnements tout en douceur, sans verser dans la mélancolie. À Mâcon, il revisitera son répertoire (trois albums à ce jour, dont le solaire Troie) avec des musiciens classiques (quatuor à cordes, piano, percussions…) sous la direction d’Arthur Simonini – multi-instrumentiste et compositeur prolifique (cinéma, TV, pub, radio), dont la BO
Portrait de la jeune fille en feu avec Para One. Le spectacle promet d’être tout en finesse et délicatesse. Beauté, calme et volupté… GB
Théâtre de Mâcon (71)
theatre macon.com cavazik.fr
VIVE LE VENT
02.05.24 | 20H30
Le club Bellevue est le lieu de la découverte au Radiant. Ici sont programmés des artistes confirmés qui méritent toutefois de gagner en notoriété. C’est le cas de Foehn, un trio jazz aguerri qui a la particularité de mêler musique acoustique et sonorités électroniques. Signés sur le label Mad Chaman porté par un certain André Manoukian, les trois Lyonnais – qui ont sorti en 2023 leur troisième album, Elements – inventent une musique à la fois délicate et puissante qui incite à la rêverie. On se laisse emporter. Des compositions lumineuses croisant ambiant et néoclassique, c’est ce que propose Odalie le même soir. Cette électroacousticienne formée à l’ENM de Villeurbanne transforme nos sentiments en mélodies. Beau et profond. EB
Radiant‑Bellevue
Caluire
radiant‑bellevue.fr
VOIX SANS FRONTIÈRES
10.05.24 | 20H
L’or, la lumière, la profondeur… Les fans rivalisent d’images pour louer la voix et le talent de Cécile McLorin Salvant. Il faut dire qu’à trente-quatre ans, la chanteuse de jazz a tissé un vaste répertoire, multipliant les prix (dont trois Grammy et une Victoire) et foisonnant d’influences classiques, africaines, pop, folk ou jazz, qu’elle ne se contente pas d’interpréter brillamment. Ses deux albums Mélusine (2023) et Ghost Song (2022) témoignent ainsi de son art de conteuse et de musicienne sans frontières, aventureuse et libre… La (déjà) grande dame du jazz vient chanter avec l’Orchestre national de Lyon. Quelle chance. FR
Auditorium de Lyon
Lyon 3
VALSE ET RÊVE !
13 & 14.05.24 | 20H
Le septet Des Fourmis dans les mains rassemble le trio initial éponyme et le Black Quartet, quatuor à cordes audacieux. À l’arrivée, une formation aujourd’hui reconnue pour la qualité de sa production inspirante et réjouissante. Au chant, le charismatique Laurent Fellot, fils de viticulteurs du Beaujolais, a imaginé au cœur de son terroir et au fil des voyages une poésie « à portée d’humain ». Le texte est alternativement parlé et chanté, mais ce sont les chœurs qui font la chair de cette musique parfois lyrique, parfois rock. Leur énergie brute est à retrouver dans le sixième album du septet, Frontales, dont les deux soirs au théâtre de Villefranche célèbrent la sortie. EB
Théâtre de Villefranche theatredevillefranche.com
auditorium lyon.com/fr 21
29 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 DÉAMBULATIONS
CÉCILE MCLORIN SALVANT Karolis Kaminskas ©
MALIK DJOUDI
Edgar Berg ©
MAI À 20H TRAIN-THÉÂTRE Portes-lès-Valence (26)
Flotter avec Beth…
On avait découvert la voix diaphane si particulière de Beth Gibbons avec Dummy (1994) puis l’éponyme Portishead (1997), avec des morceaux d’anthologie comme Glory Box, Cowboys ou Sour Times. Dans la série, Out of Season avec Rustin Man (aka Paul Webb, le bassiste de Talk Talk), sorti en 2002, fait partie de nos collectors chéris qu’on ressort pour se faire du bien ou du mal, selon les jours… L’Anglaise du Devon y brille comme jamais avec sa voix déchirée, totalement habitée. La frontgirl de Portishead nous donne toujours des frissons lorsqu’elle fait vibrer sa voix comme personne. Marqué à jamais dans nos archives mentales, le concert ensorceleur au théâtre antique à Vienne (2012) sous un ciel d’orage où la voix, tout à la fois fragile et puissante, d’une Beth Gibbons transcendée par les éléments
Daho forever
31 MAI
Bourse du Travail
Lyon 3
déchaînés, avait joué aux montagnes russes comme jamais, nous laissant totalement hypnotisés. La revoilà trente ans plus tard avec, enfin, un premier opus solo, Lives Outgrown, il était temps, à sortir chez Domino Records (17 mai). Ce 10-titres, réalisé au long cours (dix ans) avec l’ami Lee Harris, le batteur des Talk Talk, et le producteur James Ford (Arctic Monkeys, Depeche Mode), est un album d’adieux (la famille, les amis ou « à mon ancien moi ») qui questionne aussi la « fin de vie », peut-on lire, sans doute introspectif, contemplatif et irradiant une certaine tristesse… Cela ne nous étonne guère. Première mise en bouche avec Floating on a Moment, où la magie de la voix bouleversante de Gibbons fonctionne toujours, on se laisse happer par son vibrato envoûtant. Comme au premier jour. La bonne nouvelle ? Elle sera à la Bourse du Travail pour l’une de ses (trop) rares dates françaises.
« J’ai envie de vous embarquer ailleurs avec un show à l’énergie différente », a annoncé Étienne Daho en préambule de sa tournée des grandes salles et festivals d’été. Avec huit musiciens à ses côtés, avec scénographie spectaculaire et néons surpuissants et, surtout, avec une setlist parfaite qui revisite ses quarante ans de carrière. Deux heures de plaisir non-stop, ça ne se refuse pas, non ? Week-end à Rome, Tombé pour la France, Le premier jour (du reste de ma vie), Bleu comme toi, Eden, L’invitation, Le Phare, Boyfriend, Des heures hindoues, Le grand sommeil… Les yeux pleins d’étoiles, on n’en finit pas de fredonner tous les titres emblématiques du "parrain" de la french pop, ici réarrangés (on se doute) avec toute l’élégance qu’on lui connaît. « Quand le démon de la danse / Me prend le corps, je fais n’importe quoi… ». Entre chansons douces et pop classieuse, là presque rock ou ici lustrée d’électro, la musique du chanteurcompositeur rennais n’a jamais sonné aussi juste et de son temps. Un tour de chant rayonnant entrecoupé de quelques savoureux souvenirs de vie, qu’il narre même parfois d’une voix qui tremble, encore… Comme à ses débuts. Chapeau l’artiste. AH
14 MAI
LDCL Arena
Décines
12 JUIL.
Musilac
Aix Les Bains (73)
19 JUIL.
Les Arènes de Nîmes (30)
daho.live/fr
dahofficial.com
30 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 LIVE EN STOCK
PAR ANNE HUGUET
Netti Habel ©
Rockez jeunesse
JOHNNIE CARWASH CÉLÈBRE LE TEMPS DES COPAINS DANS UN DEUXIÈME ALBUM POP PUNK À L’ÉNERGIE BRUTE. DU ROCK TURBULENT AVEC LEQUEL LE TRIO LYONNAIS ENFLAMME LES SCÈNES CE PRINTEMPS. ON A PASSÉ À LA MOULINETTE MANON, BASTIEN ET MAXIME.
JOHNNY ROTTEN OU JOHNNY CASH ?
JOHNNY MAFIA !
VOTRE DEVISE ?
ALLEZ LE ROCK !
LA SCÈNE OÙ VOUS RÊVEZ DE JOUER
LES ARTISTES QUI VOUS INSPIRENT ?
TV SUNDAZE, JIMI HENDRIX, MARGAUX JAUDINAUD*
L’AMITIÉ
EN TROIS MOTS
FOOT 2 RUE
LE SON QUI VOUS REND DINGUE !
TOUTES LES SCÈNES OÙ
IL Y A DES DOUCHES EN BACKSTAGE !
MAD MIND DE BAD NERVES ET LES BRUITS DE KLAXONS
DANS LA RUE
SI JOHNNIE CARWASH ÉTAIT UN ANIMAL ?
HÉRISSON (BASTIEN), SINGE (MAXIME) ET CHIEN (MANON).
VOTRE DERNIER GRAND FRISSON ?
QUAND ON A JOUÉ DEHORS
DANS UN CAMION À PIZZA
EN FEU PAR – 5°C POUR LE FESTIVAL DE LA SAINTEBARBE EN DÉCEMBRE DERNIER !
UN CONSEIL POUR PROFITER DE VOTRE LIVE ?
PRENEZ DES BOUCHONS D’OREILLE… MÊME S’IL PARAÎT QU’ON NE JOUE PAS TRÈS FORT
VOTRE OBJET FÉTICHE ?
NOS FIDÈLES TENUES DE SCÈNE : CONVERSE, SALOPETTE ET SHORT DE BAIN.
* L’illustratrice lyonnaise a réalisé la pochette de l’album.
NO FRIENDS NO PAIN
Howlin’ Banana Records (mars 24)
> 18 AVR.
Le Clapier
Saint Étienne (42)
> 23 MAI
Marché Gare
Lyon 2
johnniebecool
johnniecarwash
31 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24
Aileol Photography ©
LA MOULINETTE
À
PAR EMMANUELLE BABE
Sur un air de révolution
Signée Zeca Afonso, Grândola, Vila Morena a été choisie pour plusieurs raisons : d’abord parce que la musique, en reprenant les codes des chansons populaires de l’Alentejo, éveillait peu de soupçon. Ensuite, parce que son introduction célébrissime (des pas lents rythmés sur du gravier, enregistrés en 1971 à 3 heures du matin au château d’Hérouville) donnait un air militaire à la chanson, alors que ce sont plutôt les pas lents des ouvriers agricoles de Grândola qui étaient recherchés. Enfin, parce qu’elle exprime un idéal de fraternité populaire (« O povo é quem mais ordena » : « c’est le peuple qui commande ») et que, contrairement à d’autres titres, elle avait réussi à passer sous les radars de la censure de Salazar.
Mais si cette chanson fut l’olifant de la révolution, il est édifiant aussi de revenir sur les grands textes qui l’ont relatée. Pour appréhender la teneur de la dictature, de la répression et de la guerre coloniale, on ne saurait mieux faire que prendre La Main de Joseph Castorp, l’extraordinaire saga de João Ricardo Pedro, et Pereira prétend d’Antonio Tabucchi. Ou encore Relevé de
« GRÂNDOLA, VILA MORENA / TERRA DA FRATERNIDADE / O POVO É QUEM MAIS ORDENA / DENTRO DE TI Ó CIDADE ». AINSI DÉBUTA, LE 25 AVRIL 1974 À MINUIT VINGT, AUX ONDES DE LA TRÈS CATHOLIQUE RADIO RENASCENÇA, LA RÉVOLUTION
DES ŒILLETS : PAR UNE CHANSON ENTONNÉE DANS LA RUE, DÉTONATEUR DE L’ACTION MILITAIRE
QUI MIT FIN À PLUS DE QUARANTE
ANNÉES DE RÉGIME DICTATORIAL.
RETOUR SUR UNE RÉVOLUTION
FLOWER POWER À TRAVERS
LA LITTÉRATURE…
Terre, le premier roman de José Saramago qui narre les destins cocasses de la famille Mau-Tempo, depuis la guerre d’Espagne jusqu’à la révolution. Sans oublier Les Mémorables de Lídia Jorge (2014), hommage vibrant à l’engagement politique, au courage et au désintéressement des révolutionnaires de 1974, pour mieux interroger nos temps marqués par le cynisme et la corruption. Et tant qu’à dresser le portrait sans concession d’une société engoncée dans sa culture militaro-bourgeoise et patriarcobondieusarde ("Dieu, Famille, Patrie" était le
slogan de Salazar), autant s’inoculer un géant de la littérature, le plus « bernhardien » des lusophones, António Lobo Antunes : un style à couper le souffle, une écriture digressive et chorale qui tisse des voix intérieures, emmêle les personnages, délire les lieux et les époques en un prodigieux palimpseste. De Mémoire d’éléphant au Manuel des inquisiteurs en passant par Le Cul de Judas, celui qui fut médecin pendant la guerre en Angola plonge au révélateur de la langue une société mesquine et hypocrite, aussi bien sous dictature qu’en démocratie. Un ange exterminateur façon Buñuel, en somme, comme le fut à sa façon Dominique de Roux, seul journaliste français présent à Lisbonne pendant la révolution, romancier, poète, essayiste, espion peut-être, aventurier alliant réflexion et action, terrain et théorie, et surtout génial éditeur (Les Cahiers de l’Herne, Bourgois et 10/18, la revue Exil, des Dossiers H à L’Âge d’Homme). Paru deux semaines avant sa mort (à seulement quarante-et-un ans), Le Cinquième Empire chronique trois ans d’engagement dans les affaires afro-portugaises, des guérilleros indépendantistes angolais à ceux du Mozambique, ultimes barouds d’un météore affranchi des modes, des idéologies et des conventions. Para sempre la revolução !
32 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24
LETTRES & RATURES
PAR MARCO JÉRU
LE STREET MUSÉE DU MOIS
33 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 STREET ART
PAR ENA PATOR & MISS PRETTY LITTLE THINGS
NEVOUL
SAVEUR GRAFFIK
RUEONE JALB AXCREART
MANI LASCO LASCO
O’MALLEY
OLSON ONOFF
ERELL
EUGÈNE BARRICADE
KALOUF
Déliced’asperges
Basta l’hiver et ses assiettes généreuses, place au gracieux mois d’avril et à ce je-ne-sais-quoi qui flotte dans l’air comme un gage d’amour. On est déjà tout émoustillé ! Il est temps de sortir des placards tenues légères et désirables recettes pour réveiller l’animal qui est en nous. Attrapez d’une main ferme vos fines et sensuelles asperges. Caressez puis rabotez leurs petits culs sur deux centimètres, avant de les plonger avec volupté dans l’eau bouillante. En quinze minutes, les belles perdent de leur croquant. Pendant ce temps, faites frémir l’huile dans une poêle puis couchez-y vos tendres asperges pour un brûlant bain de jouissance, les voilà rôties à souhait. Vos papilles vous titillent déjà. Les œufs, jetés eux aussi dans l’eau frémissante, montent en température et cuisent ardents et durs. À peine refroidis, effeuillez délicatement ces dodus nacrés avant de les détailler en petits morceaux. Les préliminaires touchent à leur fin. Mais l’oignon rouge vous attend : sous vos mains expertes, il se retrouve en petite tenue avec ses fines rondelles. Hot ! Puis c’est le tour de la blanche feta que vous émiettez avec doigté en fragiles flocons. Vous salivez ? Alors laissez-vous aller au plaisir de la dégustation : dans une jolie assiette, lovez vos asperges poêlées que vous parez d’œufs, d’oignons et de miettes de feta dans une explosion de couleurs. Un zeste de citron, un doigt de tahini, quelques gouttes d’huile, une pointe de miel et d’ail pressé pour attiser les saveurs : c’est enfin l’heure du régal. Vous êtes sous le charme, vous savourez… Le printemps est bien là, plein de promesses.
Horizontalement
1. Pour lui tout est bon dans le mouton. 2. Manœuvre frauduleuse. Triste et découragé. 3. Échangées en entretien. 4. Femme qui informe et forme. 5. Passe au peigne fin ? Ne vaut pas chair. 6. Monsieur bien né des Anglais. Des pieux qui sont tout sauf douillets ! 7. Jolies fleurs en mer et à terre. 8. Signe la surprise de Tartarin. A tôt fait de rejoindre l’Eure. Rab de tartine. 9. Élément de questionnaire. Il eut plus d’estomac… que de jugeote. 10. C’est une bonne pâte.
Verticalement
A. Qualificatif qui fait entrer dans l’opposition. B. Sorte de brusquerie. C. Le courage ne l’étouffe pas. Bien joué. D. Association à but lucratif. Petit bisou d’enfant. E. Chauffage égyptien. On y va aux Courses, mais sans caddie. F. Morceaux de tripiers. Jour de déplacement annuel d’un papa-gâteau. G. Demi-tante. Reprend l’examen. H. Un vrai soutien. Peut permettre de gagner à la bataille. Radioélément rare. I. Il ne lui reste que sa clef. Parfois infranchissable, surtout sous la neige. Empeste. J. Manques indéniables de douceur.
solutions arkuchi 41
C
34 ARKUCHI #42 AVR. / MAI 24 POPOTE(S)
PAR LES SOREUSES Fooddenou ©
15
15
jugeote
4 PERSONNES
MINUTES
MINUTES
2
80
DE FETA
PETIT OIGNON ROUGE 5 ML
DE
ASSAISONNEMENT
4
D’OLIVE 2 CC D’HUILE DE SÉSAME 2 CS DE TAHINI 1 GROS CITRON 1 CS DE MIEL 1 GOUSSE D’AIL PRESSÉE
350 G D’ASPERGES VERTES
ŒUFS DURS
G
1
D’HUILE
TOURNESOL SEL, POIVRE
:
CS D’HUILE
H A N D E L L E S
O T E C O U T E
U T O M A T I O N
A I N E T R I S
I R A F E A L E E A S P A S I E L A N S O N E O E C I T E R N E S U R E S R I T A L R A S G A Z U O
H
A
N
D
PAR PONIA & JACKSON
Annecy Bonlieu. Bourg‑en‑Bresse Théâtre de Bourg‑en‑Bresse. Bourgoin‑Jailleu Les Abattoirs. MBJ (Musée). Maison de Launay. Office de Tourisme. Brignais Le Briscope. Bron Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. Jack Jack. Pôle Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire‑et‑Cuire Cinéma Le Méliès. Médiathèque B. Pivot. Radiant‑Bellevue. Chalon‑sur‑Saône Espace des Arts. Chassieu Karavan Théâtre. Chazelles‑sur‑Lyon Musée du Chapeau. Corbas Le Polaris. Dardilly L’Aqueduc. Décines Le Toboggan. Écully Écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’Épicerie Moderne. Médiathèque. Firminy Le Site Le Corbusier. Francheville L’Iris. Les Grandes Voisines. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Gleizé Hangar 717. Grenoble MC2:. Musée de l’Ancien Évêché. Irigny Le Sémaphore. La Mulatière Aquarium de Lyon. Aux Bons Sauvages. Lyon 1 À Chacun sa tasse & Tomé. À Thou bout d’chant. Archipel. Art Génération. Bar 203. BistrO d’à côté. Bloom. Boîte à café. CAUE Rhône. Chasseurs d’influences. Chez Grégoire. Cinéma Polycarpe. Clef de Voûte. Condition des Soies. Delicatessen. Diable!. DogKlub. DRAC Auvergne‑Rhône‑Alpes. Fromagerie BOF. Galerie Ceysson & Bénétière. Galerie Cinéma2 Lumière. Galerie Françoise Besson. Galerie Mainguy. Galerie Regard Sud. Hot Club de Lyon. Hôtel de Paris. Item Galerie. Kraspek Myzik. L’Âne sans queue. L’Artisan de la Viande. La BF15. La Corniche. La Madone. La Menuiserie. La Salle de Bains. Labelalyce. Le Bal des Ardents. Le Bleu du Ciel. Le Cloitre AC. Le Livre en Pente. Le Morfal. Le Réverbère. Le Voxx. Léon de Lyon. Les Artpenteuses. Les Clochards Célestes. Les SUBS. Librairie À Soi.e. Librairie Ouvrir l’œil. Maison Nô. Mangiabuono. Manifesta. Marthe Duval. Mongi Guibane. Ô Tao Bom. Opéra de Lyon. Petit Bleu. Pilo Hôtel. Première Loge. Prêt à Manger Opéra & République. Radio Canut. Rat des Villes Rat des Champs. Sans Contrefaçon. SK‑FK (Skunkfunk). SLO Hostel Pentes. SOÉM. Sofffa Terreaux. Spacejunk. Tikki Records. Un Brin de folie. Unité Centrale. Villemanzy. Lyon 2 Agnès B. Archives Municipales. Atelier Parfumé. Autour de l’Image. Baltayan. Barolo & Coste. Benoit Guyot. Boulangerie Saint‑Marc. Cave aux curiosités. Chez Camille. Cité de la Gastronomie. CJB. Cycles Marchi. Docks 40. Fondation Bullukian. Galerie Dettinger. Galerie Em’Arts. Galerie Houg. Galerie Jean Louis Mandon. Galerie SLIKA. Galerie Tatiss. Globe & Cecil. Hôtel Carlton. Hôtel des Artistes. Hôtel des Célestins. Hôtel 71/Heat. La Cloche. Librairie Adrienne. Librairie des Arts. Librairie L’œil cacodylate. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Librairie Passages. Marché Gare. Mercure Lyon Beaux‑Arts. MJC Confluence. Musée des Confluences. Musée de l’Imprimerie. Ninkasi Cordeliers. Omart. Ories Galerie. RCF. Repetto. Sociality Family. Sofitel Bellecour. Strate Design. Théâtre‑Comédie Odéon. TNG‑Les Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. UCLY. Lyon 3 Auditorium de Lyon. AURA Spectacle Vivant. BM Part‑Dieu. BO Concept. Café du Rhône. Création Contemporaine. École E. Cohl. F.O.L. Gnome et Rhône. Gus & Gas. Hooper. Les Assembleurs. Mademoiselle Rêve. Métropole de Lyon. Nuance & Lumière. Pieds‑Compas. Salle des Rancy. Tandem. Voltex. Lyon 4 1150 Vintage. Agend’arts. Aquarium Ciné Café. Aux Trois Cochons. Bistrot fait sa Broc. Bistrot des Voraces. Body It. Boîte à Vape. Bonnesœurs. Büfé. Burning Cat. Canuts & Les Gones. Café Bouillet. Cavavin. Cave Tabareau. Cave Valmy. Chez Grégoire. Chez Robert. Chez Simone. Cinéma Saint‑Denis. Coop du Zèbre. Diable Rouge. Flow. Fromagerie Galland. Galerie Vrais Rêves. INSPÉ. KLS Lunettes. L’Assiette du vin. La Curieuse. La Valise d’Élise. Le Grain de Folie. Librairie La BD. Mademoiselle Yvonne. Maison Jolivet. Paddy’s Corner. Sibilia. Théâtre de la Croix‑Rousse. Un Grain dans le Grenier. Villa Gillet. Vivement Dimanche. Lyon 5 Acting’s Studio. Armada. Atelier Marinette. Collège Hôtel. CRR de Lyon. École de Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Food Traboule. Fourvière Hôtel. L’Œil Écoute. Librairie Virevolte. LUGDUNUM Musée. La Mi Graine. MJC du Vieux‑Lyon. MJC Saint‑Just. Musées Gadagne. Le Sonic. Phénix Hôtel. Théâtre du Point‑du‑Jour. Lyon 6 Amal Gallery. Authentic Concept Store. Institut Vendôme. Jobaar. L’Astragale. Librairie Derain. Librairie Rameau d’Or. MAC Lyon. Taggat. Via Barcetta. Lyon 7 Arts en Scène. Atelier Chalopin. Athénium. Bibliothèque Diderot. Bistrot des Fauves. B.U. Chevreul. Café Botani. CHRD. Chromatique. Cinéma Comœdia. COREP. EAC Lyon. École de Condé. ENS. La Commune. Le Court‑Circuit. Le Flâneur. Galerie Tator. HO36 Montesquieu. IEP. Kargo Kult. Librairie La Madeleine. Librairie La Voix aux Chapitres. Librairie Rive Gauche. Livestation DIY. Mama Shelter. Mécanique des Fluides. MIMO. Plasma. Sofffa Guillotière. Théâtre de L’Élysée. Lyon 8 Le Ciel. Institut Lumière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJC Monplaisir. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Cave Valmy. Ciné‑Duchère. CNSMD. Fondation Renaud. L’Attrape‑Couleurs. Les Mangeurs d’Étoiles. Médiathèque de Vaise. Musée Jean Couty. TNG. Mâcon Cave à Musique. Musée des Ursulines. Théâtre de Mâcon. Miribel L’Allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Neuville‑sur‑Saône Médiathèque J. Brel. Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Théâtre de La Renaissance. Pierre‑Bénite Maison du Peuple. Médiathèque E. Triolet. Rillieux‑la‑Pape CCNR. Ciné‑Rillieux. Espace culturel Marcel André. Médiathèque L’Échappée. MJC Ô Totem. Saint‑Étienne Cité du Design. Comédie de Saint‑Étienne. La Comète. Le Fil. Le MAMC. Musée d’Art et d’Industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint‑Étienne. Saint‑Fons Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint‑Genis‑Laval La Mouche. Médiathèque B612. Saint‑Priest Cinéma Le Scénario. Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Sainte‑Foy‑lès‑Lyon Bibliothèque. Ciné‑Mourguet. Tassin‑la‑Demi‑Lune Cinéma Le Lem. L’Atrium. Librairie Pleine Lune. Médiathèque. MJC Omega. Vaulx‑en‑Velin Atelier L. de Vinci. C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. ENSAL. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de Valence. Vénissieux Bizarre! C.A.P. Madeleine Lambert. Cinéma Gérard‑Philipe. Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne Théâtre de Vienne. Villefontaine Le Vellein. Villefranche‑sur‑Saône Auditorium. Atelier Valentina. Ciné Les 400 Coups. Conservatoire. Galerie Le Fleuron. Le 116art. Librairie des Marais. Musée Paul Dini. Office du Tourisme. Quai 154. Théâtre de Villefranche. Théâtre Pêle Mêle. Villeurbanne Campus de la Doua. CCO. CCVA. Ciné Le Zola. Galerie Domus. ENMDAD. ENSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. Institut d’art contemporain. La MLIS. Le Rize. Librairie Carbone. Pôle Emploi Scènes & Images. Pôle Pixel/Studio 24. Théâtre Astrée. Théâtre de l’Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. Transbordeur. URDLA... Mais aussi dans vos mairies, bibliothèques municipales, MJCs, hôtels...
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