ARKUCHI #44 SEPTEMBRE/OCTOBRE 24

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Dans le Rétro… Dans le Viseur

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C Dans L’Air

Des solos et des voix au Rhino Jazz(s)

Karavel fête le hip-hop

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SUCCESS STORY

Tous ensemble à la Biennale d’art contemporain

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Bêtes de Scènes

Alice Laloy, Michel Raskine vs Marie Dilasser, Éric Massé, Cornucopia, Focus suisse, Mourad Merzouki, Le Beau Monde, etc.

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EXPOS

.36

Micmacs de saisons

Focus saison 24.25

.42

Hors Champ Comédie à l’italienne .44

Lettres & Ratures

.45

Street Musée du mois

.46

Popote(s) & Jugeote

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Tours & Détours

Saint Jean de Dieu fête ses 200 ans

Au pays du Soleil levant avec Chloé Jafé Artissima, L’appel du Large, IF, etc. .16

TÊTE D’AFFICHE

Le théâtre organique d’Emma Dante

.26

| OCT. 24

contact.arkuchi@orange.fr

Gratuit • Toutes les 6 semaines

Diffusion : plus de 450 lieux

Lyon, Métropole & Rhône‑Alpes

Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € ‑ 18 rue Belfort 69004 Lyon

Direction de la publication ‑ Rédaction en chef Anne Huguet ‑ 06 13 07 06 97

FORME & FONCTION Gerland fait plouf !

ADN Gilles Maignaud .30 Déambulations Musiques .34

Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro

Trajectoires Pierre-Yves Lenoir .24 FOKUS Dans les rêves de Camille

Martin Barnier, Blandine Dauvilaire, Nadège Druzkowski, Ponia DuMont, Émiland Griès, Marco Jéru, Valérie Legrain Doussau, Miss Pretty Little Things, Trina Mounier, Enna Pator, Victoria Reddok, Florence Roux, Gallia Valette Pilenko

Illustration de couverture : Camille Noyon

Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97

Conception et mise en page

Impression : FOT

Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646‑8387

Larédactionn’estpasresponsabledestextesetphotos publiésquiengagentlaseuleresponsabilitédeleurs auteurs.Tousdroitsdereproductionréservés.

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AVANT-PREMIÈRE

Dans Wonnangatta, Benoît Martin nous projette en plein bush australien, avec ses grands espaces, ses hommes rudes, sa sauvagerie et un crime épouvantable. Une brillante mise en bouche d’une quinzaine de minutes, avec Savannah Rol et Vinora Epp, magnifiques. Prix Incandescences Maquettes 2024, bravo !

A chaud

ÉMOTION Dans Les Messagères, neuf jeunes comédiennes afghanes interprètent Antigone de Sophocle en dari et en mode éternel. Sous la baguette magique de Jean Bellorini. Puissant et bouleversant.

07 > 13 SEPT. TNP

MÉDITERRANÉE Avec Simon Abkarian, la Méditerranée s’installe au plateau. Dans Ménélas Rebétiko Rapsodie, il fait le choix de la mythologie grecque. Une guerre de Troie traitée en musiques et en voix, avec de constants allers-retours dans le Proche-Orient d’aujourd’hui. Simplement beau.

19 > 20 SEPT. Théâtre de Villefranche

À CORPS ET À CYMBALES Vous aimez Justine Berthillot, circassienne et performeuse tout-terrain ? Desorden, ovni pour rollers et batterie, promet d’être électrique et incantatoire. À l’Assemblée, la nouvelle rampe de lancement des jeunes artistes.

03 OCT. L’Assemblée Lyon 3

INCREVABLE ? « Moi, ma vie, c’est de faire de la musique ! » Hugues Aufray, 95 bougies cet été, continue de monter sur scène pour le plaisir de tous. Un tour de chant à la bonne franquette, avec des classiques à la pelle (Santiano, Céline, Hasta Luego…) et toujours cette même voix. For ever troubadour !

06 OCT. Radiant‑Bellevue

ÉLAN ÉCOLO Avec La Fille de l’eau, Laurent Brethome crée une fable écologique entre mystères et drôlerie, librement adaptée de L’Ondine de l’étang des frères Grimm. Ça interroge notre capacité à changer les choses, à faire société autrement, à repenser le monde. Création à Vienne.

12 OCT. Théâtre François Ponsard Vienne (38)

RÉDEMPTION

Ou comment un projet artistique réhumanise les condamnés à perpète d’une prison californienne. En leur donnant la parole dans son documentaire Tehachapi, le Français JR délivre, mine de rien, une sacrée alternative à l’impitoyable système carcéral américain. Ça fait du bien.

COUP

D’ENVOI

On prend note : Contre‑Sens, la version Sens Interdits des années paires, revient du 12 au 26 octobre. Sept spectacles, 1 expo, 17 lieux et 1 thème unique : « Faire tomber les murs ». Ça démarre joyeusement avec La Fête. La Lituanienne Kamilé Gudmonaité (déjà accueillie en 2015) porte un regard neuf et réjouissant sur les personnes hors normes, comme celles porteuses de handicaps. Non, elles ne sont pas tristes, plutôt du genre à nous apprendre le sens de la fête et du partage. Expérience.

CONTRE-SENS 12 > 26 OCT. La Fête 15 > 16 OCT. Théâtre du Point du Jour Lyon 5

CINÉ

Après 43 ans de galerie et 45 années dédiées à la photographie, Le Réverbère ferme ses portes fin 2024. On est tellement triste. Catherine Dérioz et Jacques Damez régalent une dernière fois avec Histoire(s) sans fin, grande expo collective de 22 photographes dont Klein, Hopkins ou Riboud. Immanquable. 21 sept. > 28 déc.

Communion

De Because The Night à People Have The Power en passant par le beau Summertime Sadness de Lana Del Rey ou l’émouvant A Boy, la grande prêtresse rock

Patti Smith a enflammé les Nuits de Fourvière. Entre incantations shamaniques et ardeurs rock. Entre rébellion et générosité. Quelle classe.

GALERIE FRANÇOISE BESSON 2004-2024 : 20 ANS D’ART CONTEMPORAIN, ÇA SE FÊTE ! happy birthday

dans les oreilles

Long Dark Night

Nick Cave & The Bad Seeds

Chasing Colors

A Place To Bury Strangers

King of the Slugs

Fat Dog

ON RÉSERVE

Pour les girls psyché de Los Bitchos (14/11), la cold sombre de Molchat Doma (31/10), la folk expé de Tapir! (14/11), l’énergie décapante de The Ex (18/10), les reprises sexy de Nouvelle Vague (17/11), la sono mondiale de Ladaniva (29/11)… et c’est pas fini !

événement

Andy Warhol, figure du pop art, débarque à Lyon. Soixante photographies et une rencontre imaginaire avec la musique de Rachmaninov. Surprenant. Le Monde selon Andy Warhol 14 sept. > 15 jan. 25

La Chaufferie de l’Antiquaille, Lyon 5

Galaxie jazz

LE 46E RHINO JAZZ(S) REPART EN ITINÉRANCE DANS TRENTE COMMUNES ET OUVRE GRAND L’ÉVENTAIL DES SONS LIÉS AU JAZZ. AVEC UNE APPÉTENCE POUR LES SOLOS ET LES VOIX, ET UN PRINCIPE : CHAQUE CONCERT EST UNE AVENTURE. FOI DE LUDOVIC CHAZALON, SON DIRECTEUR ARTISTIQUE.

Qu’est-ce qui distingue le Rhino Jazz(s) ?

LUDOVIC CHAZALON D’abord notre public fidèle, à la fois constant et aventureux. L’an dernier, 20 000 spectateurs ont découvert une programmation qui met en avant des musiciens rares dans les festivals. Tous ne sont pas de grands connaisseurs de jazz, mais ils sont curieux de sons, nous font confiance et nous rejoignent dans les endroits les plus divers, de l’église à l’opéra ou l’usine. Nous proposons cette année une trentaine de lieux (Loire et métropole de Lyon). Chaque enveloppe, chaque cocon, offre un cheminement vers une musique.

Que retenir pour cette édition ?

LC Comme en 2023, il y aura des solos. J’aime ce geste musical qui rapproche l’artiste et le public. L’enjeu du solo, fragile et beau, demande énormément à l’artiste, seul sur scène, fort de son répertoire et de sa présence. Ainsi le pianiste et poète britannique Jaz Delorean jouera dans l’église de La Tour-en-Jarez. Sa musique est comme imbibée du chanteur américain Cab Calloway… On sentirait presque la clope et la bière d’un club rock londonien ! On a hâte, aussi, de retrouver Joëlle Léandre, extraordinaire contrebassiste de free jazz : elle improvisera en dialogue avec le peintre Yves Zurstrassen, à la galerie Ceysson & Bénétière de Saint-Étienne.

PAR FLORENCE ROUX
LA CHICA X EL DUENDE
RHINO JAZZ(S)

Transports urbains

Alors que le breaking entre aux Jeux olympiques, le festival Karavel continue vaille que vaille à montrer la fine fleur du hip-hop au fil des éditions. Depuis dix-huit ans, Mourad Merzouki et son équipe ont à cœur d’offrir un panorama (non exhaustif) de la vitalité de cet art qui a conquis les scènes du monde entier. Le chorégraphe, qui continue de croire en la force de la danse, invite cette année pas moins de 50 compagnies, dont 14 jamais venues à Karavel. Des fidèles du festival (Mazelfreten ou Accrorap), autant que des nouvelles pousses repérées au fil du temps. Il compte aussi plus que jamais sur les jeunes talents, tel le chorégraphe Nacim Battou que soutient le festival depuis ses débuts et qui est la carte blanche 2024. On se souvient encore de son solo Paradoxal Wild, puis du très beau Dividus vu l’an dernier – cette première "grande" pièce, gros succès du Off d’Avignon 2023, continue de tourner en 2025. Il revient avec une création au format atypique en trois épisodes : Notre dernière nuit, recherche d’une danse au plus près du public, est proposée dans des lieux aussi inattendus que la chapelle de la Ferme du Vinatier ou l’université catholique de Lyon. Pour « amener la danse, le beau, le généreux dans l’espace vivant », comme le souligne joliment Mourad Merzouki.

Lui sera présent avec pas moins de trois pièces. Autre invitation, celle envoyée aux voisins lyonnais de la compagnie Voltaïk qui fête les dix ans de Malacca à Karavel, conviant tous les chorégraphes ayant participé à l’aventure (en vrac, Melting Force, Brainstrom, Megan Deprez, François Lamargot et consorts). Enfin on conseille vivement la jeune artiste Marina Gomes qui nous a tapé dans l’œil. Installée à Marseille, cette chorégraphe ne dissocie pas son art d’un engagement social fort : ses trois (courtes) pièces sans compromis en témoignent chacune à leur manière.

FESTIVAL KARAVEL

25 SEPT. > 27 OCT. karavelkalypso.com

Vous êtes très attaché à tous les timbres de voix.

LC Oui, et cette édition c’est encore plus marqué ! J’ai la volonté de proposer un florilège de voix féminines ancrées dans le jazz ou dans des registres totalement inclassables. Des artistes aussi singulières que La Chica qui retrouve le pianiste et compositeur El Duende avec tout un orchestre (10 musiciens). Ou Flèche Love qui prolonge son voyage musical par de la danse. Elles ont une histoire avec le jazz, mais savent aussi s’aventurer dans d’autres sphères comme le blues, la soul, le gospel. Cette édition 2024 est vraiment une constellation des musiques de jazz ou de celles qui l’ont influencé.

Comme Hendrix ou Grateful Dead ?

LC Le lien du jazz avec le psychédélisme est fort. Que ce soit avec les frères Belmondo qui, dans DeadJazz, rendent hommage au Grateful Dead. Ou avec Hendrix à l’opéra de Saint-Étienne, c’est audacieux ! Avec le spectacle hommage de Nina Attal, Electric Lady Land, et cinq musiciennes-chanteuses. Pour répondre à cet Hendrix au féminin, le guitariste Thomas Naïm propose sa propre version hendrixienne, au masculin. Encore un solo.

PLACÉE SOUS LE SIGNE DE L’ACCUEIL ET DU PARTAGE, LA BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN DE LYON INVITE 75 ARTISTES À FAIRE ENTENDRE LES VOIX DES FLEUVES. RENCONTRE AVEC ALEXIA FABRE, COMMISSAIRE DE CETTE 17E ÉDITION.

Tous ensemble !

Pourquoi avez-vous choisi comme thème

Les voix des fleuves ?

ALEXIA FABRE Je crois au métissage, à l’hybridation, à la force du collectif. Cette biennale met en avant l’altérité, la légitimité de parler de soi mais aussi de l’autre, de faire avec l’autre, quelles que soient les origines et les opinions.

Quelles sont les particularités de cette édition ?

AF C’est d’abord l’invitation aux artistes à créer, puisque la majorité des œuvres seront nouvelles. Ensuite, quasiment la moitié de la programmation est liée à de jeunes artistes sortis depuis peu des écoles d’art, le rôle d’une biennale est de les mettre en lumière. Ils sont originaires de nombreux pays, mais beaucoup ont choisi de vivre et travailler en

France. Il y a une dimension responsable à faire découvrir des artistes autour de nous, dans le respect de la transition écologique. Enfin, leurs propositions entrent en dialogue avec des lieux inspirants, beaucoup d’œuvres de cette biennale ne peuvent exister que là.

Ce sera le cas aux Grandes Locos…

AF Sur ce site merveilleux, une quarantaine d’artistes investiront deux grandes halles et une partie de l’espace extérieur, avec une trentaine d’installations, de sculptures, vidéos, peintures, de manière assez dense. On verra, entre autres, l’hommage d’Hélène Delprat à l’actrice féministe Nicole Stéphane ; la forêt de bras levés, sculptée par Myriam Mihindou ; ou encore la tapisserie de Mona Cara, qui a travaillé avec des dentellières transmettant leur savoir-faire.

PAR BLANDINE DAUVILAIRE
ADAGP\Photo
Jeanine Schranz ©

Aux Grandes Locos, de nombreuses œuvres convoquant la musique apportent une dimension chorale à la Biennale. C’est le cas notamment de la grande installation de Bastien David, jeune compositeur qui fabrique lui-même ses instruments. Les visiteurs sont invités à exercer leurs talents en suivant les instructions de l’artiste. Dans un tout autre genre, Oliver Beer propose une installation vidéo immersive sur le thème de la grotte du Pech Merle (Lot). L’artiste a découvert qu’à la préhistoire, ce lieu était utilisé par les hommes comme caisse de résonance, voire même comme instrument de musique, pour développer d’autres rituels que les peintures rupestres. Sans oublier la pièce sonore de l’artiste tchèque Pavel Büchler, présentée dans un espace étonnant. Le public est accueilli par une succession d’applaudissements enregistrés à la fin de différents concerts. Un concentré joyeux de tous ces moments de communion où s’exprime le bonheur d’être ensemble.

Et à la Cité internationale de la gastronomie ?

AF Dans ce lieu dédié à l’hospitalité, il sera question de rituels de soins et de passage. Malo Chapuy se réfère à la peinture des primitifs italiens, en l’investissant de sujets contemporains. C’est plein d’humour et ça fait du bien. Guadalupe Maravilla invente des rituels de guérison ; et le travail du plasticien sénégalais Bocar Niang, qui vient d’une famille de griots, est l’expression d’une tradition.

Quelle sera la proposition au Musée d’art contemporain ?

AF On retrouvera des ensembles d’œuvres qui ont trait à l’intimité, comme Le Voyage de Noces (1975), seule création commune de Christian Boltanski et Annette Messager, qui se rendaient chaque année à Venise. Au dernier étage, Grace Ndiritu va créer une installation autour de la figure féminine, depuis l’aube de l’humanité jusqu’à aujourd’hui.

L’art contemporain peut-il contribuer à réparer la société ?

AF Bien sûr ! Parce qu’il est source de connaissance, il permet de renverser les certitudes et s’autorise beaucoup de choses. Il est un contrepoint plus que jamais nécessaire.

Le japon dans la peau

Chloé Jafé a une vie aussi intrigante que ses photos. Des photos qui sont toujours intimement liées à sa vie. Née d’un père photographe filmeur, « un métier qui n’existe plus », la Lyonnaise se destinait plutôt à la photographie de mode. Fascinée par la peinture, elle entre à l’École de Condé en section photographie, considérant que celle-ci est un métier à dimension artisanale. Installée à Paris, elle travaille pendant deux ans chez Pinup, grand studio de mode, en tant qu’assistante. Mais ce monde est dur, pour ne pas dire « dégueulasse ». Elle sent qu’elle ne va pas pouvoir tenir longtemps. Après une rupture amoureuse, elle décide sur un coup de tête de partir avec une copine. Au Japon. Pour trois mois. L’aventure, quoi ! Avec évidemment, l’idée de faire des photos : Chloé Jafé part avec une chambre (« une antiquité aujourd’hui »), un trépied

et son sac à dos. C’est le coup de foudre. Retour en Europe et direction Bristol, où elle fait des petits jobs avant de reprendre ses études à la prestigieuse université des arts londonienne Central Saint Martins. Embauchée chez Magnum à Londres, elle devient assistante de l’agent des photographes de l’agence ; elle y côtoie les plus grands de l’époque. Mais la pratique lui manque et mûrit en elle le besoin de s’investir dans un projet personnel. En 2012, elle s’achète « enfin » un appareil numérique. Le Japon la tenaille. Après avoir lu le récit autobiographique de Shoko Tendo, Yakusa Moon, elle décide de repartir avec une idée : rencontrer des femmes de yakusas. La jeune Française entame des recherches sur ce monde mystérieux. Elle se sent appelée. Mais ce

ne sera pas simple ! Le milieu des yakusas n’est pas spécialement ouvert… Pendant cinq ans, elle travaille au bureau tokyoïte de l’agence Magnum, tout en poursuivant son projet. Elle apprend le japonais, continue d’enquêter. Parce que le secret de Chloé, c’est de s’immerger dans son sujet. De gommer ce rapport photographe/ modèle qui la dérange profondément. Puis de suivre son instinct, qui lui ouvre des portes. Comme cette rencontre avec un chef yakusa avec qui elle va établir un lien de confiance. Ou avec Jiro, cet homme croisé dans le quartier rouge d’Osaka, sujet de son troisième projet japonais. Chloé Jafé aborde la photographie de façon viscérale, son œuvre est profondément liée à sa vie. Le talent fera le reste. Son goût des marges aussi. Dix ans plus tard, elle a sorti trois livres* autour du Japon, trois histoires personnelles et singulières ; elle est invitée au festival de photographie de Cortona (Italie), à Arles cet été (Off) et quelques images grand format de ces femmes de yakusas sont exposées à Passion Japon

Passion collection

> 26 OCT.

Le Moulin, 673 chem. de la Plage, Rochetaillée sur Saône artissima.com

Une collection d’art contemporain dans un ancien showroom des luminaires Gandelin. Le secret est bien gardé… Et pourtant, niché entre deux guinguettes à Rochetaillée-sur-Saône, cet espace de 2 500 m² baptisé Artissima recèle plus de 200 œuvres d’artistes, vivants pour la plupart, issues de la collection de François et Michelle Philippon. Passionné d’art depuis ses jeunes années, François Philippon a constitué une hallucinante collection dont il présente une partie au public, chaque été, sur rendez-vous uniquement lors de visites guidées. C’est lui qui compose l’accrochage, guidé par des correspondances qu’il établit entre les œuvres. Si le panorama est éclectique, le visiteur peut constater le goût prononcé pour la peinture de cet entrepreneur du BTP, même si la sculpture, le dessin et la photo sont présents. À l’entrée, on remarque dans une petite pièce qui pourrait être un bureau une série de Shapes d’Allan McCollum voisinant avec la seule vidéo de l’exposition, 1911 de Charles Sandison. Au fil de la visite (sur trois niveaux et deux bâtiments), on découvre, venus des quatre coins du monde, des artistes très connus (Ousmane Sow, Kader Attia, Tania Mouraud…), d’autres moins. Une salle assez saisissante est consacrée à la photographe et activiste sudafricaine Zanele Muholi. La diversité des esthétiques et des supports témoigne de l’ouverture d’esprit et la curiosité remarquables de son collectionneur. Le voyage mérite le détour d’autant que le lieu lui-même est tout à fait étonnant !

Régime végé

Le paysagiste Gilles Clément et ses confrères de Coloco exposent au cœur du parc de la Tête d’Or. Devenir jardinier planétaire incite à réfléchir sur nos ressources naturelles et nos paysages. Une foule d’infos allant de « À qui appartient la Terre aujourd’hui ? » à « La fugacité de l’humanité sur Terre » remettent les idées bien au clair : il est urgent de changer de cap pour répondre au défi du monde contemporain. Au travers de différents espaces, le visiteur est invité à penser autrement le paysage et à imaginer de nouvelles manières de faire avec le vivant. Derrière le concept d’« action optimiste », des projets sous forme de grands cahiers à feuilleter sont à découvrir, comme l’immeuble au jardin vertical Villa M ou la co-réhabilitation de la place de la Nation. Au boulot ! EG

> 22 SEPT. Orangerie du parc de la Tête d’or Lyon 6

Nouveau souffle

L’appel du Large est le titre de l’expo d’été du musée Paul Dini, qui réunit dix artistes installés en Auvergne-Rhône-Alpes. Ils ont pour seul dénominateur commun d’avoir été en résidence aux ateliers LeGrandLarge, un lieu d’accueil lyonnais pour la jeune création contemporaine. Les techniques, les styles et les sensibilités sont très différents, de la peinture à la photographie, en passant par la broderie et l’installation. Chacun déploie son univers en regard d’une œuvre choisie dans les collections du musée, instaurant un étonnant dialogue. GV-P

> 22 SEPT. Musée Paul Dini Villefranche sur Saône

À vos feutres

La première édition du festival IF, lancé par le magazine Kiblind, a été un vrai succès (9 000 visiteurs). Pas étonnant que la joyeuse équipe de Jean Tourette et consorts remette le couvert cette année. Au programme, même formule avec 50 nouveaux artistes, dont quelques étoiles montantes comme les Français Hugo Le Fur, Romane Granger et Jérémie Moreau, l’Islandais Liam Cobb et son bonhomme Michelin ou encore Lauren Martin (la plus connue). Entièrement gratuit, IF propose trois jours de folie graphique avec expos, marché d’objets illustrés, tattoos, bastons dessinées… GV-P

27 > 29 SEPT. Les SUBS Lyon 1

Artissima
PAR ÉMILAND GRIÈS & GALLIA VALETTE-PILENKO

(plus ou moins)

Folie douce

DEUX FOIS CENTENAIRE ! L’HÔPITAL PSYCHIATRIQUE SAINT JEAN DE DIEU INVITE CET AUTOMNE À REMONTER

LE TEMPS. EN PLUS D’UNE GRANDE EXPOSITION

CÉLÉBRANT UNE LONGÉVITÉ PAS TOUJOURS

TRANQUILLE, DES VISITES GUIDÉES LORS DES JOURNÉES DU PATRIMOINE RÉVÈLENT UNE RICHESSE INSOUPÇONNÉE, DONT DEUX PAISIBLES CLOÎTRES.

Plus vieil établissement psychiatrique toujours en activité à Lyon, l’hôpital Saint Jean de Dieu, dans le 8e arrondissement, est un havre de paix au milieu du trafic. Aujourd’hui flanqué d’une voie ferrée et de la très fréquentée route de Vienne, la quiétude de l’établissement, avec ses cloîtres et son parc arboré, détonne. Une allée magistrale bordée de platanes débouche sur la chapelle, à la façade saumon, aujourd’hui désacralisée mais cœur battant de l’hôpital pendant longtemps. En 1824, sous l’impulsion de Paul de Magallon – un des chefs de file de l’ordre de Saint Jean de Dieu –, une poignée de religieux installe un centre pour les personnes souffrant de troubles mentaux dans le château de Champagneux à la Guillotière, alors loin de la ville. Au cœur d’un domaine de 23 hectares (il n’en fait plus que 4 aujourd’hui), l’hôpital se construit, s’agrandit et se modernise tout au long du XIXe siècle. À l’époque, seul l’hôpital de l’Antiquaille à Fourvière accueille des "aliénés" et, comme ailleurs, les méthodes de contention sont bien souvent inhumaines.* Trois siècles plus tôt, c’est justement en découvrant le sort des malades mentaux que le fondateur portugais de l’ordre, Jean de Dieu, João Cidade de son vrai nom, jure d’améliorer leurs conditions de vie. Bouleversé par les prédications de Jean d’Avila à la fin des années 1530, il est si exalté qu’on le croit fou et on l’enferme à l’hôpital royal de Grenade. À sa sortie, il fonde dans la

ville espagnole une première "maison de Dieu". L’ordre, toujours pérenne dans le monde, arbore comme symbole une grenade entrouverte, peinte à multiples reprises sur les murs de la chapelle. Cette dernière, qui accueille l’exposition Un long fleuve intranquille, et aussi les cloîtres arborés dégageant une grande sérénité rappellent cette vie partagée entre religieux et malades, jusqu’au départ des frères en 1980. Et pour méditer sur ces deux cents ans d’histoire de la psychiatrie, attardez-vous dans le paisible parc ombragé, où gazouillent les oiseaux. Il abrite un jardin, des volières, un parc aux daims et même des chevaux, l’hôpital d’aujourd’hui pratiquant l’équithérapie. À la sortie, ne manquez pas de saluer Freud. Sous l’abri de bus, une statue du psychiatre, assis sur une chaise, semble attendre le chaland, son fameux divan faisant office de banc !

JOURNÉES DU PATRIMOINE 2024 21 > 22 SEPT. fondationarhm.fr sjd.arhm.fr

PAR NADÈGE DRUZKOWSKI
Nadège
Druzkowski ©
* Le Vinatier ouvre ses portes en 1876 suite à la loi de 1838 obligeant chaque département à instituer un établissement public « destiné à recevoir et soigner les aliénés ».

RE CHICCHINELLA

09 > 13 OCT.

Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com

À la vie, à la mort

EMMA DANTE

SES SPECTACLES FONT LE TOUR DU MONDE ET POURTANT EMMA DANTE RESTE UN MYSTÈRE.

L’ARTISTE SICILIENNE A BIEN VOULU NOUS CONFIER QUELQUES-UNS DE SES SECRETS.

Qui êtes-vous, Emma Dante ?

EMMA DANTE Je suis une dramaturge et metteuse en scène née à Palerme en 1967. Depuis mes débuts, j’explore le thème de la famille et de la marginalisation à travers une poétique de la tension et de la folie où je glisse toujours une pointe d’humour. Mes influences déterminantes ont toujours été ma famille et la rue, celles de Palerme et ses voix. Tout a commencé là-bas.

Comment travaillez-vous ?

ED Ma méthode est centrée sur l’acteur, je lui donne la responsabilité de chaque geste et de chaque expression. Mais je n’enseigne pas le théâtre parce que, pour reprendre Carmelo Bene : « On ne peut pas s’occuper de théâtre. C’est comme si on demandait à une personne vivante : excusez-moi, qu’est-ce que vous faites ? et qu’on s’entende répondre : je m’occupe de la vie. » Au centre de ma recherche, je place les acteurs, ce qu’ils font de leur talent dans la création théâtrale. Vous savez, ils sont dotés par la nature d’un sens aigu d’observation, apprennent à graver dans leur mémoire tout ce qui se passe autour d’eux, jusqu’à pouvoir mettre en valeur le détail qu’un regard distrait ne saisit pas d’habitude. Il s’agit de stimuler ce type d’attention pour élaborer sa propre interprétation authentique de la vérité. Les rendez-vous et, par la

suite, les répétitions, servent avant tout à dévoiler et à mettre en valeur certaines insécurités et fragilités considérées à tort comme nuisibles ou laides. Par exemple, un acteur avec une voix stridente ou un défaut physique peut apprendre à considérer sa condition, non comme une limitation, mais comme un atout. Ces "défauts" rendent l’acteur irremplaçable. En outre, je me concentre toujours sur la manière dont l’acteur utilise la langue : chaque inflexion contient un pouvoir expressif considérable. Chaque signe, chaque élément de la scène est un langage. Je dois créer des liens, des dialogues, des relations. La lumière est une actrice qui dialogue avec la chaise de la scénographie.

Pourriez-vous décrire votre théâtre ?

ED Dans mon théâtre, la mort est toujours présente, mais pas forcément tragique, elle est une farce cruelle, mais jamais la fin de quelque chose, plutôt une mutation, une transformation extraordinaire en quelque chose d’autre. Par exemple dans Re Chicchinella*, un roi malade pond chaque jour un œuf d’or. Il est habité par une poule qui s’est introduite en lui par son cul. Elle le dévore et pond des œufs d’or. C’est un conte ambivalent, certes joyeux, mais aussi terrible, comme tous les contes de fées.

RE CHICCHINELLA
Masiar Pasquali ©
PAR TRINA MOUNIER TRADUCTION JULES BENVENISTE

À QUATRE MAINS

ANNÉES 2000, ON SE PLAINT DU MANQUE D’AUTEURS DE THÉÂTRE VIVANTS.

L’ENSATT INVENTE ALORS UN NOUVEAU CURSUS DE FORMATION EN ÉCRITURE DRAMATIQUE. EN 2003, LA TOUTE JEUNE MARIE DILASSER (ÉLÈVE DE LA PREMIÈRE PROMOTION) CROISE LE CHEMIN DE MICHEL RASKINE, VIEUX BRISCARD DU THÉÂTRE, QUI Y ENSEIGNE. ILS NE SE QUITTERONT PLUS. ILS SE SONT AMUSÉS À CONFRONTER LEURS SOUVENIRS. PAR TRINA

Première rencontre ?

LA CHAMBRE

ROUGE (FANTAISIE)

Théâtre des Célestins Lyon 2 18 > 29 SEPT. theatredescelestins.com

BLANCHE-NEIGE, HISTOIRE D’UN PRINCE

Théâtre de la Croix Rousse Lyon 4 03 > 05 OCT. croix rousse.com

MICHEL RASKINE En 2003, avec Philippe Delaigue, alors à la Comédie de Valence, autour d’une commande sur le thème de la fugue. Samuel Gallet et Marie ont émergé du lot. J’ai adoré tout de suite la proposition de Marie. Cette langue décoiffante, puissante et crue, presque trash, dans la veine de la farce. J’ai toujours été sensible aux écritures. Pour mon premier spectacle jeune public (Blanche-Neige, histoire d’un prince), j’ai immédiatement pensé à elle.

MARIE DILASSER Un coup de foudre théâtral pour cette première fois où je voyais jouer un de mes textes (Blanche-Neige) dans un cadre professionnel ! Une chance énorme qui a entraîné d’autres commandes. C’est important de savoir que mes textes seront joués.

J’aime travailler à la demande, également créer avec d’autres. Avec Michel, c’est joyeux ; il est fantasque, une planète à lui tout seul. Il me présente ses projets, je les réinterprète avec d’autres délires. On cherche

la rencontre. C’est formidable de travailler avec quelqu’un sur la durée (déjà vingt ans !). On a bougé, chacun de son côté, une richesse supplémentaire.

Et aujourd’hui La Chambre rouge ?

MR J’ai dû remplacer le comédien de Blanche-Neige. J’en ai ressenti un tel plaisir que j’ai eu envie de jouer de nouveau. D’où la commande de cet inédit. C’est l’histoire d’un homme dans un monde clos que d’autres venus du dehors cherchent à sortir de l’enfermement.

Un théâtre sérieux et pas sérieux avec des intermèdes chorégraphiés par Denis Plassard, où la langue de Marie triomphe… J’ai monté quatre de ses pièces. Elle est vraiment comme ma petite sœur de théâtre.

MD La création de La Chambre rouge a donné lieu à une véritable alchimie. Michel est un homme pétri d’histoires. Travailler avec lui, c’est rejoindre de grands artisans du théâtre, Julien Louisgrand, Stéphanie Mathieu, et bien sûr Marief Guittier…

Gimmicks chorégraphiques

Amala Dianor aime les mélanges. Danseur autodidacte, il a vite connu les feux de la rampe avec des chorégraphes comme Abou Lagraa, Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou, avant de devenir lui-même le chorégraphe d’une danse fluide et métissée. Dans sa nouvelle pièce DUB, il réunit sur le plateau un DJ et onze interprètes virtuoses venus de l’Inde à l’Afrique du Sud, du Brésil ou des États-Unis, dans une danse qui fait la part belle à l’individu tout en portant une énergie commune. Hybridation des styles et des courants, distorsions des mouvements : telle est la recette d’une pièce portant les élans d’une jeunesse optimiste, qui se retrouve dans une rage de vivre et de danser. Avec en bonus une House on Fire (12/10) endiablée à partager ! GV-P

BLANCHE-NEIGE, HISTOIRE D’UN PRINCE

Fiction d’anticipation

APRÈS GERMINATION – D’AUTRES MONDES POSSIBLES (ÉPISODE 1), LE COLLECTIF HAUT ET COURT CRÉE LE DEUXIÈME OPUS DE SON TRIPTYQUE DE THÉÂTRE D’ANTICIPATION.

SOUS LE SIGNE DE LA CORNE D’ABONDANCE QUI LUI DONNE SON TITRE : CORNUCOPIA

Ce nouvel épisode n’est pas une suite, selon Nicolas Boudier, scénographe et cocréateur du spectacle avec Joris Mathieu, metteur en scène, mais nous emmène dans « un monde d’après, après quelque chose de grave. Les humains ont choisi une sobriété assez drastique, qui régule notamment les naissances, mais ils espèrent toujours que l’Oracle, une intelligence artificielle, les aidera à retrouver l’abondance » Décroissante, cette société « ne manque cependant pas d’exubérance et de joie, poursuit-il. Sa population vit en paix et jouit par exemple de la liberté de se définir, en genre ou même en apparence. On peut ainsi y être un homme enceinte, un homme rideau ou même une femme landau. » C’est une compagnie de théâtre qui raconte l’histoire, nous faisant entrer dans un espace immersif fermé, sur scène, avec un gradin à 360 degrés, « tel une agora ou un théâtre grec »

Cette fois, « pas de réalité augmentée ou virtuelle », comme dans le précédent spectacle, mais un « dispositif contemplatif, très lumineux avec une scène phosphorescente ». Dans ce théâtre dans le théâtre, les trois comédiens évoluent dans des costumes hybrides bien déjantés, imaginés par Rachel Garcia, avec même, « des moments pop »

> 19

Villeurbanne tnp villeurbanne.com 04 > 06 DÉC. Comédie de Valence (26) comediedevalence.com

post scriptum BÊTES DE SCÈNE

Paroles de colère

Gilles Pastor est un homme en colère qui porte une parole politique. Ses pièces tournent autour de Pasolini, Sophocle, Mitterrand… Pas des textes fades. Cette fois-ci, il monte un objet théâtral inattendu : La vérité vaincra - Lula est tiré des entretiens de 2018 entre l’ex-président brésilien, accusé et en attente de son arrestation, et son éditrice. Alizée Bingöllü et Jean-Philippe Salerio restituent ce dialogue de résistance et de vie, un témoignage poignant et prégnant. Création. TM

25 > 27 SEPT. Théâtre de l’Élysée Lyon 7

L’amour fou

On ne manquera pas la création à la Renaissance d’ Ariane, le dernier opus qu’ Olivier Borle consacre à l’univers romanesque d’Albert Cohen et à sa langue foisonnante. On y suit l’amour fou qui unit – et va bientôt déchirer – Ariane et Solal, les deux héros de Belle du Seigneur. Une histoire aux multiples rebondissements, extrêmement caustique et drôle. Elle sera ici illustrée par la même scénographie et avec le même trio de formidables acteurs que dans Mangeclous, l’épisode précédent qui nous avait emballés : Estelle Clément-Bealem, Jessica Jargot, David Mambouch, qui seront rejoints par Maxime Mansion. TM

03 > 05 OCT. Théâtre de la Renaissance Oullins

En devenir

Mufutau Yusuf aka Junior, danseur chez le Belge Wim Vandekeybus et l’Irlandaise Liz Roche, présente son deuxième opus au Studio de la Maison de la danse : ça va déménager ! Duo rageur et engagé, Impasse est une réflexion sur le corps noir dans le monde occidental. Un corps marqué par la domination, l’aliénation mais aussi par la révolte et la beauté. Deux corps sculpturaux délivrent une danse à la fois brute et ciselée, âpre et tendre qui trouve sa gestuelle dans le combat comme dans la fraternité, la tendresse et la violence… GV-P

11 > 12 OCT. Maison de la danse Lyon 8

Tuerie sur les planches

03 > 11 OCT.

Théâtre du Point du Jour Lyon 5 pointdujourtheatre.fr

À l’origine du prochain spectacle d’Éric Massé, il y a Des gens comme eux, roman de Samira Sedira inspiré du quintuple meurtre de la famille Flactif, en 2003, au Grand-Bornand (Haute-Savoie). « Je me suis toujours intéressé aux faits divers : ils donnent accès à la tragédie des petites gens, explique le metteur en scène. J’ai eu un coup de cœur pour cette œuvre qui raconte l’histoire du point de vue de la femme du meurtrier. »

De ce fait réel, il reste dans le livre et dans la pièce créée au Point du Jour, l’histoire d’une famille victime qui s’installe dans les Alpes, se distinguant autant par sa richesse que par la couleur de peau du père, noire. La trame se construit autour des interrogations d’une femme : y a-t-il du racisme derrière le crime de son compagnon ? de la jalousie ? de la vengeance ?

« Cette femme, confrontée au crime sordide, réveille en elle une vivacité pour mener l’enquête », analyse le metteur en scène. Il a demandé à Samira Sedira, également actrice, d’adapter son roman pour la scène. Elle a donc structuré la pièce autour de cinq fêtes, « des moments où la société se réunit et où elle vrille, raconte Éric Massé. Il y a une verve euphorisante, qui voile les ressorts du meurtre en préparation. Elle retarde le moment du suspense tout en permettant au public de s’étourdir, avec des comédiennes et comédiens qui interprètent des chansons populaires. »

PAR FLORENCE ROUX
DES GENS COMME EUX

Dystopie poétique

Elle nous avait bluffés avec Pinocchio(live)#2, vu au Studio 24, il y a deux ans. Un spectacle franchement troublant où des ados étaient transformés en pantins. Alice Laloy reprend ce principe dans Le Ring de Katharsy. Avec un autre dispositif et d’autres artistes. Ils sont onze au plateau pour incarner des gamers et des avatars dans cette pièce largement inspirée des jeux vidéo. Pas étonnant quand on sait que le jeu est un moteur de son écriture et de son travail. Elle s’en donne à cœur joie en mettant en scène deux gamers, « un chanteur acteur, un acteur chanteur », six avatars (acrobates, contorsionnistes, danseurs), mi-marionnettes mi-humains, deux videurs (ils ramassent et évacuent les corps et les objets entre deux parties) et une mascotte chef d’orchestre, chanteuse. Le match en quatre temps lui permet d’approfondir le procédé déjà utilisé, le doublage en direct, qui crée un décalage et un trouble, mais aussi d’explorer des « états de présence modifiés ». Tout en utilisant des objets comme leviers de l’action, puisque son univers relève à la fois du théâtre d’objets, de la danse, de la marionnette et de la musique. Un univers « monochrome gris », inspiré par l’artiste plasticien hollandais Hans Op de Beeck – vu lors de la précédente Biennale d’art contemporain : comme « un filtre poétique » de l’époque « hygiéniste et moralisatrice ». En effet, l’artiste (associée aux centres dramatiques de Gennevilliers et du Limousin) porte un regard critique sur le monde d’aujourd’hui tout en recherchant « une transposition poétique d’un état d’être au monde ». On ne saurait mieux dire !

post scriptum

PAR ANNE HUGUET, TRINA MOUNIER, & GALLIA VALETTE-PILENKO

Freaks

Après la littérature (Le Voyage de Gulliver, 20 000 lieues sous les mers ), place aux histoires vraies ! Valérie Lesort et Christian Hecq, artistes associés cette saison encore aux Célestins, s’emparent du récit de vie des sœurs Hilton, deux siamoises devenues des vedettes (exploitées) dans les années 1930. Attachées par le bas de la colonne vertébrale, elles sont passées à la postérité avec Freaks, le célébrissime film de Tod Browning. Autant dire un sujet en or pour le duo à l’univers délirant et foisonnant, métissant marionnettes, effets spéciaux, danse, théâtre et musique. Création très attendue. GV-P

19 > 29 SEPT. Théâtre des Célestins Lyon 2

Reprises

Mourad Merzouki continue d’être sur tous les fronts. Après les JO et la « Danse des Jeux », le chorégraphe ouvre la saison de Théo Argence en reprenant Vertikal (2018). Belle occasion de (re)voir cette pièce aérienne ébouriffante qui explore la verticalité en se jouant de la gravité, du rebond, de l’élan ou du contrepoids. Dans la lignée du travail de la compagnie Retouramont, les danseurs expérimentent une danse de bas en haut, où la perception du sol est perturbée, où de nouvelles lignes de fuite se créent. Autres perspectives au Toboggan, avec les illusions numériques futuristes de Pixel et un travail au sol en 3D qui bousculent le spectateur. À vos places ! AH

26 > 29 SEPT. VERTIKAL Théâtre Théo Argence Saint Priest 16 OCT. PIXEL Toboggan Décines

APRèS NOUS

Ils sont trois sur le plateau à ramasser des petits cailloux et à les étudier avec sérieux. Qui sont-ils ? Des archéologues du futur. Et que cherchent-ils ? Des fragments d’une civilisation disparue. La nôtre. Qu’elle était belle ! Le Beau Monde surprend tout le temps, enchante, sécrète de la nostalgie, et réussit le pari d’évoquer une apocalypse à l’envers sans jamais en parler. L’auteur Rémi Fortin nous transforme en espèce disparue, objet déroutant, absurde, mais si attendrissant ! De courts tableaux racontent notre rapport à l’amour, au temps… avec justesse et beaucoup d’humour. Ce spectacle a reçu le Prix Impatience 2022. À ne pas manquer. TM

26 > 28 SEPT. Théâtre de la Croix Rousse Lyon 4

Drôles d’oiseaux !

PAR GALLIA VALETTE-PILENKO

CRESCENDO FINAL 02 > 06 OCT. les subs.com

Avant que Crescendo , la structure monumentale imaginée par Julian Vogel, ne s’envole vers de nouveaux horizons (en tournée l’année prochaine), les SUBS braquent leurs projecteurs sur la jeune création suisse. Pas étonnant puisque Vogel est l’un des artistes helvètes les plus prometteurs de sa génération. Le circassien-plasticien présente sa nouvelle création Ceramic Circus. Une pièce où il joue l’hommeorchestre, à la fois jongleur, cycliste, roller-man, musicien et éclairagiste, et dans laquelle il met en scène les contrastes et la fragilité de la vie, avec des boules de céramique (forcément !), des assiettes chinoises et un goût joyeux pour l’absurde et l’inattendu. Tandis que le collectif La horde dans les pavés propose de partir littéralement à l’assaut de l’installation et des murs des bâtiments des SUBS. Entraînant le public dans une course folle (à l’image de ces adeptes de Parkour, cette discipline un peu barrée qui consiste à exécuter des acrobaties en milieu urbain), les athlètes acrobates arpentent l’espace autrement. Toujours au rayon cirque, la compagnie Ici’bas s’empare de l’univers du couple de volcanologues Krafft dans Nuée ardente pour tenter de parler d’amour, d’humain et de création. On retrouvera avec curiosité la Brésilienne basée à Genève Catol Teixeira – on l’avait découverte dans un très singulier solo, La peau entre les doigts – dans son nouveau projet, Zona de derrama - Premier Chapitre, le premier volet d’un diptyque qui aborde le corps comme un paysage à arpenter.

ZONA DE DERRAMA (...), CATOL TEIXEIRA

à cœur battant

la

photographie ? une révélation intime et esthétique

C’est l’histoire d’une jeune fille rêveuse et sensible qui a plongé dans la photographie comme on s’engage pour une cause : corps et âme ! À vingt-sept ans, Camille Noyon affiche l’étrange sérénité de ceux qui ont vécu l’épreuve. La maladie en l’occurrence, avec une tumeur cancéreuse diagnostiquée à l’âge de douze ans. L’adolescente vit alors dans l’Oise, « à proximité d’une forêt » qu’elle préfère aux bancs de l’école, et au sein d’un foyer aimant et protecteur. Il le sera plus que jamais pendant l’année qui suit, rythmée par les soins et les protocoles. « J’étais ballottée d’un spécialiste à l’autre.

J’ai eu l’impression d’avoir livré mon corps à la médecine », raconte la jeune femme. « J’ai perdu mes cheveux, du poids. Lorsque je suis sortie de là, je me sentais comme un petit cadavre. Il a fallu que je me reconstruise dans mon identité. »

La maladie n’a pas tué son imagination, ni éteint ses mondes intérieurs. Au contraire : s’emparant du Reflex de sa mère, Camille se lance, à peine guérie, dans des autoportraits où elle montre ce corps en résilience. Elle partage les images sur sa page d’un célèbre réseau social. Certaines montrent, déjà, des mises en scène d’inspiration surréaliste, « avec des objets », que l’on retrouvera plus tard dans son travail. « J’avais besoin de représenter mes angoisses. Il fallait que ça aille vite : j’avais une idée, je l’exécutais en quelques heures. Je me foutais totalement de la technique, je faisais la retouche sur des sites gratuits ! Il y avait une sorte d’urgence. » Camille l’assure, la photographie a été une révélation à la fois intime et esthétique : « Ça fait partie de moi. » Elle aime photographier les corps, qu’ils soient non conformes naturellement ou par la magie du montage : un œil dans la poitrine, un poulpe en guise de langue… Le sang, la peau, « les plis » sont sa matière : « Le corps est comme une masse que la vie va sculpter. »

C’est à l’école de Condé que l’autodidacte apprend la photographie. Trois ans durant lesquels cette perfectionniste a « donné le meilleur » d’elle-même « en travaillant tous les jours ». En studio, elle est « euphorique ! On mettait une énergie incroyable à tout millimétrer pendant des heures pour avoir des photos parfaites ». Elle sort major de sa promotion, puis décroche un premier job comme directrice artistique et vidéaste. La distance avec la photographie « d’avant » se creuse car Camille change aussi dans sa vie personnelle. « Je veux en finir avec les tons bleus et désaturés, j’ai envie de couleurs pop, de vivant ! » De reportages aussi. Le Grand Prix Photoreportage Étudiant Paris Match décroché en deuxième année puis un premier travail avec des femmes d’un foyer de migrants à Lyon ont conforté son envie. En sommeil, l’autoportrait et les rêveries imagées. Camille a soif « d’histoires pas communes à montrer aux autres. Maintenant, je veux que ma photographie serve ».

SES INSPIRATIONS

Edvard Munch, Salvador Dalí, Magritte, Marina Abramović, Cindy Sherman, Alix Cléo Roubaud, Théo Gosselin & Maud Chalard…

camillenoyon_photographie

Atelier Chalopin

3 rue Chalopin

Lyon 7

L’attrape couleurs

Tour Panoramique de la Duchère

Lyon 9

de Pérouges

Rue du For Pérouges (01)

GILLES MAIGNAUD

Une vie

SCIENCES ET ARTS :

DEUX MONDES

OPPOSÉS QUI

IMPRÈGNENT L’ADN DE GILLES MAIGNAUD, AU GOUVERNAIL DE L’ATELIER

CHALOPIN, L’ATTRAPECOULEURS ET LA MAC DE PÉROUGES.

SUIVEZ LES FILS (EN RHIZOME !) DES ENGAGEMENTS DE CE PASSEUR PASSIONNÉ.

atelierchalopin.com attrape‑couleurs.com lamaisondesartscontemporains.com

arborescente

Une vie arborescente

Si les chats ont neuf vies, Gilles Maignaud les talonne sérieusement ! Affirmant dès l’adolescence une vocation artistique, ses facilités en mathématiques le conduisent à des études scientifiques, qui, si elles le « stérilisent artistiquement » , lui procurent la même jubilation. Son parcours est tracé : d’abord enseignant à Centrale Lyon, il finit directeur de l’ECAM, une école d’ingénieurs. Malgré tout, sa vie fourmille, dès le début, d’engagements politiques et culturels. « Je me suis toujours occupé de diffusion d’art », rappelle-t-il. En 1964, à dix-neuf ans, il est l’un des trois piliers fondateurs de la MAC de Pérouges, actuelle Maison des Arts contemporains, qu’il pilote pendant plus de trente-cinq ans avant de faire une pause. Les expos d’art de la MAC cohabitent très tôt avec des expos… mycologiques : une autre des grandes passions de Gilles Maignaud, transmise par son grand-père, un ingénieur féru de nature. Au point de rejoindre en Rhône-Alpes la poignée de "déterminateurs". Si ça sonne un peu comme « exterminateurs », ces experts qui identifient et donnent un nom aux champignons font en vérité preuve d’une patience et d’une connaissance

inégalées, nom latin inclus ! « En France, on compte pas moins de 3 000 espèces de champignons ! », lâche-t-il. À la retraite, pas de répit ! Épaulé par deux comparses, ce boulimique engagé – qui dix ans durant avait également fait vivre des ciné-clubs autour de Lyon – crée l’atelier de sérigraphie Chalopin, à la Guillotière. Un procédé d’impression remis au goût du jour par Andy Warhol et qu’il affectionne particulièrement. « Pour les 50 ans de la MAC, on m’a demandé d’écrire un livre racontant son histoire. J’ai dessiné et fait réaliser la couverture en sérigraphie. De là est née l’idée de recréer un atelier de sérigraphie », se remémore-t-il.

Car déjà, à vingt ans, il éditait à Pérouges, épaulé par son frère, des sérigraphies engagées politiquement. Aujourd’hui, il met son savoir-faire au service des artistes, avec la volonté de transmettre. Une occupation bénévole à plein temps, complétée par ses missions à la tête de deux centres d’art : la MAC, où il a repris du service comme directeur artistique, mais aussi L’attrape-couleurs à la Duchère. Et pour boucler la boucle, ce travailleur infatigable a retrouvé le chemin de la création artistique en rejoignant un collectif pratiquant « l’archéologie plasticienne », dédiée au relevé de traces dans des friches industrielles ou en reconversion.

MAC
Enna
Pator ©

Dans le grand bain

PAR ÉMILAND GRIÈS

DEPUIS CET ÉTÉ, LE STADE DE GERLAND ACCUEILLE

LES NAGEURS DANS UN CENTRE NAUTIQUE ENTIÈREMENT

RÉNOVÉ, GLISSANT

L’SES VOLUMES ORTHOGONAUX

DANS LE TRACÉ

RÉGULATEUR CONÇU

IL Y A CENT ANS PAR TONY GARNIER.

LOU Piscine Quartier Gerland, 347, av. Jean Jaurès, Lyon 7 432.archi ucpa.com/aqua‑stadium/lyon

illustre architecte a mis une décade pour concrétiser, en 1924, la commande du maire Édouard

Herriot : offrir aux Lyonnais un équipement dédié à la pratique sportive dans un grand parc paysagé, en accord avec le mouvement hygiéniste de l’époque. Ça tombe bien ! La Cité industrielle imaginée par Tony Garnier – lors de son séjour romain à la villa Médicis au tout début du XXe siècle – est pétrie de ce courant de pensée : il invente une ville moderne, baignée de soleil et naturellement bien ventilée, respectueuse en cela de la santé de ses habitants.

À Gerland, le projet commandé n’aboutit pas complètement. Le stade est réalisé, mais les bâtiments prévus de part et d’autre de l’allée des Lions – à gauche, le quartier des athlètes et sa piscine ; à droite, le quartier des cyclistes – restent à l’état d’études… ou presque. En 1932, l’architecte ajoute en toute hâte sur le site une piscine extérieure, pour, dit-on, endiguer les trop nombreuses noyades estivales dans le Rhône et la Saône. La France ne compte alors pas plus d’une petite trentaine de piscines publiques.

Le complexe sportif, classé Monument historique en 1967, évolue ensuite lentement sous la patte des architectes lyonnais René Gagès dans les années 1980 et Albert Constantin à la fin des années 1990, avec notamment la couverture successive des tribunes puis

des virages du stade. Les rugbymen du LOU deviennent en 2017 les nouveaux résidents du stade, après le départ des footballeurs de l’OL à Décines. Sous l’impulsion du propriétaire du club, GL events et son entreprenant dirigeant Olivier Ginon, les modifications du site passent la démultipliée : des immeubles de bureaux émergent au nord, ainsi qu’un hôtel à l’ouest. Le centre nautique est le dernier-né.

Les architectes de l’agence lyonnaise 4-32, qui signent le renouveau de cet équipement sportif, ont tout particulièrement composé avec l’héritage visible et invisible du maître. Invisible ? Le quartier des athlètes n’était pas totalement resté dans les cartons : ses fondations avaient tout de même été réalisées. Le projet qui prend sa place a dû scrupuleusement les épargner au titre de l’archéologique moderne, à la demande expresse des autorités. Visible ? Les plages périphériques d’origine, en gradins, ont été purgées de leur carrelage dépareillé et restituées dans leur béton d’origine, au profil tout en douceur. Un nouveau bassin moins profond et équipé de banquettes à bulles immergées a été glissé comme une poupée russe dans l’ancien. Enfin, le plongeoir de 10 m, débarrassé de ses garde-corps métalliques et rendu inaccessible, se dresse désormais telle une blanche sculpture moderne. Plages, plongeoir et bassin rénovés sont enserrés dans l’écrin du nouveau bâtiment formant un U protecteur. Ses façades sont parfaitement rythmées de portiques élancés, en hommage à l’architecture de Tony Garnier,

pleine de références épurées à l’Antiquité. Autre spéciale dédicace au grand homme, ses portiques sont en béton préfabriqué, dont la formulation a fait l’objet de toutes les attentions et de plusieurs prototypes sur place, pour parvenir au gris clair et chaud souhaité, de la même nuance que celui du stade, réalisé à l’époque avec du sable de la Saône.

Qualité du site oblige, aucune installation technique – pourtant elles sont pléthoriques en termes de traitement de l’air, de chauffage et de production d’eau chaude – n’est apparente. Elles sont toutes masquées sous des toitures-terrasses végétalisées et derrière de grandes menuiseries métalliques brunes à brise-soleil. Les deux ailes longues sont occupées côté rue par un bassin intérieur répondant au cahier des charges de la Ville, propriétaire du site, qui tenait à un usage scolaire tout au long de l’année ; côté stade, par le gymnase d’entrainement des rugbymen, où règnent en maîtres le rouge et le noir, couleurs du club. Une partie de ces locaux se glisse sous les gradins longitudinaux. Côté allée des Lions, le bâtiment est réservé aux bureaux du LOU ainsi qu’à des espaces tertiaires en blanc.

L’apparente simplicité de l’ouvrage – obtenue avec maestria malgré les contraintes du site et du programme – répond en écho à Tony Garnier qui préconisait, il y a plus d’un siècle, « de grandes horizontales et verticales, propres à donner aux constructions cet air calme et d’équilibre qui les harmonise avec les lignes de la nature »

Vladimir de Mollerat du Jeu ©
PÔLE SPORTIF LOU

MUSIQUES

BELLES SOIRÉES !

06 > 07.09.24

Dix bougies cette année pour Les Belles Journées, le micro festival qui rend la rentrée un peu plus douce… Au programme, deux soirs de concerts dans le parc des Lilattes, au cœur de Bourgoin-Jallieu. Le cadre est planté, reste une affiche certes sans surprise, mais qui ne devrait pas démériter. Les Belles Journées aligne les poids lourds, en rap tout d’abord. Avec IAM et Mc Solaar, il y a un petit côté revival mais les amateurs ne vont pas se priver ! Les Marseillais offrent un retour flamboyant avec leur 11e opus, HHHistory, alors que Claude MC lui aussi décoche encore, avec un Triptyque de surcroît. Le lendemain, place aux filles : Jain en mode électro-pop et les chanteuses-poètes Clara Ysé et Pomme. EB

Parc des Lilattes Bourgoin Jallieu (38) bellesjournees.fr

SONNEURS DE… GLASS !

15.09.24 | 20H

Après la partition culte de Terry Riley reprise par Erwan Keravec et vingt sonneurs de cornemuses (In C, vu aux SUBS à la rentrée 2022), voilà que ce musicien-compositeur au talent fou continue de creuser le sillon de la musique minimaliste en s’emparant de l’œuvre de Philip Glass. Quatre pièces qui ont fait date dans son histoire seront jouées par huit sonneurs (biniou, cornemuse, bombarde) réunis pour fêter les cinquante-cinq ans de ces partitions mythiques. Toujours en quête de territoires inexplorés, Erwan Keravec n’en finit pas de nous étonner. GV-P

Les SUBS Lyon 1 les subs.com

ROCK FLAMBOYANT

19.09.24 | 20H30

La rentrée lyonnaise affiche quelques vieux de la vieille ! On file à Feyzin pour s’immerger dans le monde mancunien des années 1980 avec Chameleons, vieux combo de l’époque emmené par Mark Burgess et grandi sous l’ombre tutélaire des grands Joy Division. Restés confidentiels et longtemps snobés par la critique, ils sont aujourd’hui considérés comme des incontournables de la culture post-punk. Avec Script of the Bridge (1983), premier opus qui n’a pas pris une ride, on replonge illico dans une musique captivante avec murs de guitares, nappes mélancoliques et la voix grave habitée de Burgess. Sur cette tournée, ils devraient faire la part belle à What Does Anything Mean ? Basically (1985), autre album d’excellente facture. En co-plateau avec d’autres revenants anglais, The Wedding Present, et leur indie-rock toujours rêche. Définitivement revival ! AH

L’Épicerie moderne Feyzin epiceriemoderne.com

BABY VOLCANO
Salomée
Cortat ©
Mick Peek ©

ÉRUPTION IMMINENTE

21.09.24 | 20H30

Avec des origines suisses et guatémaltèques, la demoiselle n’a pas eu le choix que de cultiver un certain sens de l’oxymore. Baby Volcano, nom d’artiste inspiré de la fameuse ceinture de feu sur le Pacifique, chante en français et en espagnol, navigue entre rap guerrier et trap habitée. Artiste et performeuse – elle est aussi danseuse –, Lorena Stadelmann à l’état civil envoie un électro-rap futuriste aux beats irrésistibles. Avec Sindrome Premenstrual, son premier EP, l’artiste tout feu tout flamme explore son corps sur tous les modes. Organique, chaotique, bref, magnétique ! EB

L’Épicerie moderne Feyzin epiceriemoderne.com

POP RÉTROFUTURISTE

26.09.24 | 21H

Ils font une pop naïve, à la fois rétro et très actuelle, planante et expérimentale. Les Lyonnais de Satellite Jockey ont lâché ce printemps Plays Music !, nouvelle collection de chansons pop singulières avec force instruments (violon, piano, orgue, flûte, guitares…). Avec eux, Brian Wilson n’est jamais très loin ! Release party annoncée du côté du Périscope avec leurs copains parisiens de En Attendant Ana Le quintet de Margaux Bouchaudon s’est affranchi de ses oripeaux lo-fi des débuts pour s’adonner à une pop aérienne plus sophistiquée. AH

Périscope

Lyon 2 periscope lyon.com

ROCKEUSE ÉTERNELLE

02.10.24 | 20H

Elle aussi continue d’enflammer ses fans de la première heure : Chrissie Hynde, la voix sensuelle et l’âme des Pretenders, 73 ans, ne fait pas semblant quand elle monte sur scène, guitare en bandoulière et yeux charbonneux, pour envoyer riffs et autres chorus joués pied au plancher. Comme à l’époque. On se souvient que ce groupe est né à Londres en 1978, en pleine explosion punk, avec l’envie (toujours forte) de « changer le monde et de mettre l’establishment à genoux ». Depuis, la rockeuse n’a jamais dérogé. En 2023, les Pretenders ont lâché un douzième album Relentless, qui alterne son costaud, titres plus lents, ballade mélancolique, refrains addictifs et toujours cette voix... Retour sur scène très attendu. On croise juste les doigts que Hynde lâche quelques-uns de ses singles légendaires. I’ll Stand by You… AH

Transbordeur Villeurbanne transbordeur.fr

CLASSE SOUL

09.10.24 | 20H

Personne n’a oublié Down on My Knees, qui fit le succès fulgurant de Ayo il y a dix-huit ans. Depuis, la musicienne solaire et chanteuse germano-nigériane a sorti avec succès six albums, dont le dernier, Royal, en 2020. Si la folk-soul et le reggae restent sa patte, Ayo a aussi le goût du risque, s’aventurant du côté de l’électro et du rock (l’album Billie-Eve), et c’est souvent réussi. Retour sur scène dès septembre avec Mami Wata (sortie le 23/09), toujours sous le signe d’une nu-soul à fleur de peau. EB

Radiant Bellevue Caluire radiant bellevue.fr

MACHINE À DANSER

11.10.24 | 20H30

Sur le papier, Bodega est un brin ennuyeux avec ses concepts esthéticopolitiques trop fumeux. Sur la platine, les intellos new-yorkais nous rabibochent vite avec leur art punk galvanisant qui part dans toutes les directions, shoegaze, dance, stoner, lo-fi, indie-punk. Mais sur scène, c’est carrément une tuerie, dixit ceux qui les ont vus ! Le quintet de Brooklyn joue sur un rythme d’enfer, 28 titres en 90 minutes – presque du Ramones des grands jours ! Il faut dire que Bodega a pas mal d’arguments (les percussions frénétiques, les gimmicks sans concession, le chant scandé, l’énergie sauvage…) et des bombinettes à danser en stock (How Did This Happen?!, Doers, Statuette On The Console). Immanquable, non ? AH

Marché Gare Lyon 2 marchegare.fr

FAN DE SIXTIES

10.10.24 | 20H

Oyé-yé ! Revoilà Juniore, avec son lot de mélodies sixties et d’embardées surf music. Un retour moderato : le trio a lâché au printemps Le Silence, premier titre d’un troisième album annoncé à la rentrée. Soit presque dix ans après La Fin du monde, premier morceau du groupe sur lequel on découvrait les susurrements d’Anna, entre Françoise Hardy et Cat Power, et un son yéyé totalement assumé par le quatuor (à l’époque). Le Silence ne déroge pas, toujours, avec cette pointe de mélancolie sous le vernis psyché. EB

Transbordeur

Villeurbanne transbordeur.fr

AMOURS VERTES

12.10.24 | 21H

Deux ans seulement après la jungle urbaine du Flux flou de la foule, Françoiz Breut nous emmène en forêt avec son huitième album, Vif !, ode à la nature et à l’infiniment petit. Qui d’autre que cette grande artiste et interprète peut chanter le ver, l’ectoplasme et autre amibe sans perdre une once de poésie ? Guidé par sa voix toujours délicieuse, on la suit les yeux fermés dans cette épopée organique. Basses profondes (Hors Sol), claviers acidulés ( Gazons et Chatoiements) et envolées sixties (Lichens) font de Vif ! la bande-son d’une promenade à la fois exaltante et troublante. Une carte de Tendre sylvestre. EB

La Cave à Musique Mâcon (71) cavazik.org

JUNIORE

PIERRE-YVES LENOIR

La promesse de l’inattendu

APRÈS LE DÉPART DE CLAUDIA STAVISKY, PIERRE-YVES LENOIR A PRIS LES RÊNES DU THÉÂTRE DES CÉLESTINS.

IL A DÉVOILÉ EN MAI DERNIER SA PREMIÈRE PROGRAMMATION EN SOLO. RENCONTRE AVEC UN DIRECTEUR ET PROGRAMMATEUR DISCRET VOIRE TIMIDE, QUI REVENDIQUE UN CERTAIN GOÛT POUR LE RISQUE...

Quel est votre parcours ?

PIERRE-YVES LENOIR J’ai saisi les opportunités d’un cursus qui, au début, ne m’emballait pas ! Un stage pour le festival de courts métrages de Lille, puis une dernière année à la Comédie de SaintÉtienne, dont je suis originaire, auprès de Daniel Benoin. J’aimais le cinéma et le théâtre. J’ai pu en découvrir à la fois les coulisses et l’histoire et j’ai eu envie de poursuivre. J’ai accepté les mains tendues, notamment celle d’Alain Herzog qui m’a appelé à La Colline. Cette rencontre a été déterminante et suivie de beaucoup d’autres, avec Luc Bondy, Olivier Py, Alain Françon, Jean-Michel Ribes. J’ai tout de suite été fasciné par ce magnifique engagement de tous pour l’éphémère. Je ne m’en lasse toujours pas.

Que vous ont-ils appris ?

P-YL Mettre en œuvre le projet de l’entreprise ellemême, organiser une saison, ce n’est pas inné. Je pense que j’ai un goût pour ça, mais si j’en suis là aujourd’hui, c’est au terme d’une longue maturation. Je reste très attaché au théâtre public qui seul peut défendre les grands textes grâce à l’engagement des collectivités et de l’État, mais je crois qu’ils doivent pouvoir naviguer d’un système à l’autre pour vivre longtemps et trouver leur public.

On vous voit beaucoup au théâtre, aux Célestins et ailleurs…

P-YL Oui, c’est important, c’est ma vie, ma passion. Dans les petites salles, j’accompagne les jeunes créateurs, le renouvellement qu’ils représentent. Je suis toujours stupéfait de la capacité qu’ont les grands artistes de nous surprendre encore. Je n’ai pas envie de faire sans cesse la même programmation. J’aime donner à voir la diversité de la création, la diversité des paroles. C’est ainsi que j’ai découvert par hasard dans un tout petit lieu du XXe à Paris un cabaret incroyable et que je les ai invités pour les fêtes, j’ai tout de suite senti leur potentiel… J’aime que le spectateur soit chahuté, qu’il rencontre ce qu’il n’a pas forcément cherché. La possibilité du risque est essentielle. Mais une bonne programmation doit aussi rester équilibrée et dégager une logique d’ensemble. Le cœur du métier, c’est la représentation. Je fais ce métier pour ça. Toute l’équipe des Célestins est organisée autour de cela, tendue vers cet objectif. Je sais que je suis très exigeant, je ne supporte pas la moindre faille. C’est un peu paradoxal, je le reconnais, quand on travaille dans le spectacle vivant qui surfe sur l’éphémère…

THÉÂTRE DES CÉLESTINS

LES FAUSSES CONFIDENCES

06 > 17 NOV.

OÙ NUL NE NOUS ATTEND 03 > 14 JUIN theatredescelestins.com

AILLEURS

CATARINA ET LA BEAUTÉ DE TUER DES FASCISTES

06 > 07 FÉV.

Théâtre de la Croix‑Rousse Lyon 4

GRAND-PEUR ET MISÈRE DU IIIE REICH 13 > 22 FÉV.

TNP Villeurbanne

PAR TRINA MOUNIER

Haut les corps !

À LA MAISON DE LA DANSE, TIAGO GUEDES SIGNE UNE PROGRAMMATION QUI PULSE ET RÉJOUIT, OÙ TOUTES LES FORMES DE DANSE ONT LEUR PLACE. TOUR D’HORIZON DES LIGNES FORCE DE LA SAISON.

Dimitri Chamblas et Kim Gordon 27 & 28 SEPT maisondeladanse.com

Cette année, vous accueillez de nombreux spectacles où les esthétiques se croisent ou s’entrechoquent. Pourquoi ce choix ?

TIAGO GUEDES Je veux montrer la plus grande diversité de danses possible, parce que cette maison est celle de tous les publics. Amala Dianor, par exemple, propose un spectacle-concert au croisement de toutes les danses urbaines, avec de la musique live, une scénographie et des lumières impressionnantes, c’est un de mes coups de cœur. Autour de ce spectacle, on a imaginé une journée House On Fire avec ateliers, film, dancefloor… Ces moments très conviviaux me tiennent à cœur. Ce sera le cas aussi avec le collectif (LA)HORDE et les danseurs du Ballet national de Marseille, qui montrent leur capacité à interpréter un programme multiple, composé d’œuvres du répertoire, de pièces de Peeping Tom, Cecilia Bengolea & François Chaignaud ou Lucinda Childs. Sans oublier Dimitri Chamblas en duo avec Kim Gordon (du groupe rock Sonic Youth), qui font un travail très beau et très doux sur des figures de la nuit, avec de la musique live.

Vous privilégiez aussi des spectacles qui débordent d’énergie…

TG Le Golden Stage est de retour avec trois compagnies de hiphop, pour un show vif et festif. La chorégraphe Katerina Andreou présente sa nouvelle pièce (hors les murs, aux SUBS) pour quatre interprètes qui sont des bêtes de scène. C’est à la fois

très pointu et généreux. Sans oublier le spectacle jubilatoire d’Hofesh Shechter, qui dégage beaucoup d’énergie et de force.

Marco da Silva Ferreira et François Chaignaud sont artistes associés, que vont-ils proposer ?

TG On profite de la venue du Ballet de Lorraine avec un super programme signé Maud Le Pladec et Marco da Silva Ferreira, pour donner carte blanche à ce dernier. Il présentera une conférence dansée, un film, un bal… Quant à François Chaignaud, son duo inédit avec le beatboxer Aymeric Hainaux (au Sucre) est aussi l’un de mes coups de cœur.

La programmation cabaret s’étoffe, pourquoi est-ce que ça cartonne autant ?

TG On traverse des moments politiques compliqués, or les cabarets sont des lieux d’énorme liberté de parole, d’accueil de toutes les nationalités et différences. Nous présentons Romain Brau, avec un très beau concert-cabaret autobiographique, Les Douze Travelos d’Hercule, cabaret plus drag-queen, avec des personnages et des play-back ; et La Bouche, dans un registre plus queer et punk, avec des chansons originales et des tubes pop français. D’une manière générale, nous avons besoin du regard des artistes sur le monde, de l’énergie que dégage l’art. Les théâtres sont des lieux rares qu’il faut absolument préserver !

TAKEMEHOME
MIRLITONS, FRANÇOIS CHAIGNAUD ET AYMERIC HAINAUX
PAR BLANDINE DAUVILAIRE

Monte le son !

Message à tous ceux qui n’ont jamais poussé la porte de l’Auditorium de Lyon, persuadés qu’on y joue uniquement de la musique classique réservée aux initiés : feuilletez donc la programmation de cette maison, qui va fêter ses cinquante ans. Vous découvrirez qu’aux côtés de Ravel et Mahler, les musiques actuelles et du monde se taillent une place de choix. À commencer par Dominique A, qui fait escale à Lyon cette saison avec l’Orchestre de chambre de Genève, pour l’une de ses rares dates en France. On the Road Again, Bernard Lavilliers revisite son répertoire de manière symphonique avec l’Orchestre national de Lyon, deux dates à Lyon puis un Zenith à SaintÉtienne… Beaucoup d’émotions en perspective. Pour sa première expérience symphonique, Souad Massi a aussi choisi les musiciens de l’ONL. À la croisée du rock, du folk et du chaâbi algérien, cette voix souvent comparée à celle de Tracy Chapman touche infiniment par sa poésie. Les places seront comptées, c’est sûr, pour écouter -M- et Thibault Cauvin croiser leurs guitares. Quant à Anouar Brahem, de retour avec son nouveau quartet, il donnera une leçon d’oud envoûtante, comme toujours. Vous aimez le jazz ? La fabuleuse Samara Joy, étoile montante du jazz vocal d’à peine 25 ans, sera aussi de passage à l’Auditorium. Autre porte d’entrée réjouissante, les ciné-concerts permettent de (re)voir des films classiques sur écran géant, accompagnés en direct par des musiciens. Ce sera le cas notamment de Jurassic Park de Steven Spielberg, mis en musique par l’ONL au complet, ou encore du Fantôme de l’Opéra de Rupert Julian, accompagné des improvisations à l’orgue de David Cassan. Signalons enfin la formule Afterworks, spécialement conçue pour passer la soirée entre copains, autour d’un concert symphonique court et facile d’accès, dont un spécialiste donne les clefs d’écoute en introduction. Le tout pour 15 €, avec possibilité de boire un verre et de grignoter sur place. Et dire que vous avez failli passer à côté de tout ça…

> 27 SEPT

BERNARD

BELLE FOURNÉE ! COMÉDIE DE SAINT ÉTIENNE

lacomedie.fr

Radicalement tournée vers la création, la Comédie de Saint-Étienne puise largement dans le réservoir inépuisable de jeunes talents issus de sa prestigieuse École de la Comédie. Mais nombre d’entre eux continuent à accompagner les nouvelles promotions une fois leur diplôme en poche.

Dans une joyeuse effervescence. On retrouve ainsi à plusieurs reprises

Maïanne Barthès dirigeant les plus jeunes, ou dans un autre registre, Gérard Watkins avec Scènes de violences conjugales. Benoît Lambert reçoit aussi quelques grands spectacles qui tournent la saison prochaine : Grand-peur et misère du IIIe Reich monté par Julie Duclos, Mazùt du prestigieux Baro d’evel, Le Mandat, la pièce horriblement tordante de Patrick Pineau, Baùbo (...) de l’inclassable Jeanne Candel et d’autres tout aussi attendus, comme Mathurin Bolze, Alain Françon, Adama Diop et surtout Lorraine de Sagazan ovationnée à Avignon pour son Léviathan TM

programatons

ÇA BOUILLONNE ! COMÉDIE DE VALENCE

comediedevalence.com

C’est une maison d’artistes ouverte à tous les vents de la création. La Comédie de Valence n’est pas seulement un théâtre. Du théâtre, bien sûr, on en trouve, et du meilleur : à commencer par le grand maître de l’illusion (et son directeur !) Marc Lainé, ou Cyril Teste de retour d’Avignon avec Sur l’autre rive. Mais le plateau accueille volontiers les formes hybrides, les inventions incongrues et des trucs improbables. Comme du jeune public, insolent et fantasque avec Gwendoline Soublin à l’écriture et Émilie Flacher aux marionnettes (Castelet is not dead). Comme de la reconstitution politique mâtinée de rap pour une histoire vibrante type polar (À huis clos). Comme de la danse, mais alors, magique, s’il vous plaît, avec Mycelium, une merveille du Ballet de l’Opéra de Lyon qui a conquis le public en 2023, ou Maldonne de la prometteuse Leïla Ka. Ou encore, plus risqué, du pur théâtre exigeant, sous la houlette de Guy Cassiers, Face à la mère. Du vrai spectacle vivant qui s’invente… TM

Mazùt François Passerini
Autopsie mondiale Fanchon Bilbille
Mandat Simon Gosselin

OPEN BAR ! LE POLARIS

lepolaris.org

À Corbas, Le Polaris conjugue les arts avec gourmandise : théâtre, cirque, danse, mais aussi jeux, contes, apéros sans plateau ou ateliers composent une saison pour tous les publics. À noter d’ores et déjà, le beau programme proposé par Josette Baïz qui offrira quatre visions de la danse d’aujourd’hui

dans Antipodes, YAAY (passé par le Off d’Avignon cet été) d’Abdou N’Gom,

l’un des deux artistes associés maison, le songwriting envoûtant de Joe Bel ou encore Des Vagues, le beau spectacle d’Alizée Bingöllü… TM

PAR ICI LES CURIEUX !

LE BRISCOPE

brignais.com/briscope

LE MURMURE DES SONGES 05.10

CES FEMMES QUI ONT RÉVEILLÉ LA FRANCE 11.10

TOUT-TERRAIN

THÉÂTRE

JEAN‑VILAR

theatre.bourgoinjallieu.fr

Le Briscope se téléporte à Vourles et ouvre sa saison avec le festival Cirqu’à L’Ouest et des duos acrobatiques autour de l’amour (I Love You Two). Place ensuite à Phénix qui fait se croiser viole de gambe, les danseurs de Käfig et l’électro d’Arandel. La belle surprise, en avril, avec la venue de Dominique A qui revisite trente ans de répertoire. Alain Chamfort, lui, partagera grands tubes (Manureva) et anecdotes de vie avec Valli (sa complice de toujours). Quant à la jeune création régionale, elle a toute sa place à Brignais, de Julien Geskoff (Carcasse) à Margot Thery (Le Cabaret des Indociles) en passant par le cirque de Haspop (Curiosité). Sans oublier de l’humour à gogo et le festival voyageur Quais du Départ (en avril). AH

I LOVE YOU TWO Parc de la Mairie Vourles 27 > 29.09

PHÉNIX 17.10

Le Théâtre Jean-Vilar annonce une saison éclectique et populaire. Et des artistes reconnus tel l’ovni Klek Entòs. Ça démarre fort avec Karavel et Kader Attou qui invite à la rêverie avec sa création Le Murmure des Songes. Philippe Lafeuille mise sur une danse drolatique (A4) tandis que l’hypnotique Dividus de Nacim Battou subjuguera avec une danse virtuose, tout en tension. Les amoureux de chanson fêteront Souchon et ses fistons (Ours et Pierre) ou le duo Alexis HK & Benoît Dorémus. Côté théâtre, J’avais ma petite robe à fleurs, thriller autour d’un viol, et Iphigénie à Splott avec sa langue âpre font très envie. Et pour les fans de Belle du Seigneur, Olivier Borle prépare un Ariane pas piqué des vers. AH

HUGO FRISON

DÉPLACER LE CURSEUR

À Oullins, Hugo Frison a pris la suite de Gérard Lecointe à La Renaissance Passé par les SUBS, il arrive du théâtre Les Aires à Die. Ce passionné de musique assume une saison de transition avec des marqueurs forts, comme les Rues Sonores en ouverture (21/9), un projet autour de la marionnette en avril ou la venue du collectif Bajour et leur théâtre tumultueux (À l’Ouest). La musique au plateau reste au cœur de sa programmation (La Chica, Trio Éténèsh ou Zone Libre), même s’il entend « élargir les esthétiques en ouvrant à la danse, au cirque, à la marionnette et au hors les murs ». Il aime travailler en partenariat, « ça booste ! », et compte faire circuler les publics en multipliant les collaborations. Dans sa ligne de mire, Jazz à Vienne (Wheels), les utoPistes (Mélissa Von Vépy, Rémi Luchez), Frappaz et Nadège Prugnard (Fado dans les veines), la Biennale de la danse. Pour une programmation plus ouverte, poreuse dans les genres, et en lien avec le monde actuel. AH theatrelarenaissance.com

DUNIÉMU BOUROBOU CONTINUER L’EXPLORATION

Duniému Bourobou est la nouvelle directrice de La Machinerie, recrutée sur un projet qui s’inscrit dans la continuité, notamment dans la volonté de relier toujours plus fortement le théâtre et la scène hip-hop. Venue de la Comédie de Saint-Étienne, elle est proche des compagnies et des jeunes artistes. On verra ainsi Faut-il séparer l’homme de l’artiste ? (Étienne Gaudillère), Oh Johnny (Liora Jacottet) et Reine Pokou (Françoise Dô). Passionnée de langues, elle souhaite ouvrir au slam et au stand-up les scènes de Vénissieux, lieu idéal pour la rencontre de nouveaux langages. Elle saura s’entourer d’artistes comme l’autrice Diaty Diallo, la slameuse Lisette Lombé ou encore la jeune chorégraphe Marlène Gobber. Découvertes enthousiasmantes en perspective. TM theatre‑venissieux.fr

NOUVELLES

ÉLISE TERNAT JOUER COLLECTIF

On la croise souvent, spectatrice insatiable, dans les salles. Côté pro, après Le Polaris et le Théâtre Nouvelle Génération, Élise Ternat est passée par la Fête du Livre jeunesse de Villeurbanne. C’est dire qu’elle connaît bien le jeune public, lequel a toute sa place à La Mouche. Elle entend marcher dans les pas de Mathilde Favier – partie œuvrer au futur Pôle National Cirque (APCIAC) –, misant particulièrement sur « la dimension indisciplinée du projet ». Le bal participatif de David Rolland, le théâtre de Jeanne Garraud (Nos prochaines vacances ensemble) ou le joyeux travail hybride du WAS Groupe (À tout rompre) en sont de beaux exemples. Elle apporte dans ses bagages la circassienne Coline Garcia et Antonio Carmona, auteur et performeur. Et ce n’est pas fini ! TM la mouche.fr

MARIANNE MATHIEU

POUSSER LES MURS

Nouvelle tête du Théâtre Jean Marais, Marianne Mathieu a auparavant travaillé avec Gilles Chavassieux et Simon Delétang. Elle a aussi œuvré à la mise en place de Nomades avec Éric Massé et Angélique Clairand. Une programmation hors les murs à laquelle elle croit et qu’elle souhaite appliquer à Saint-Fons. Elle entend ouvrir les portes pour aller à la rencontre des publics avec une programmation pluridisciplinaire. On retiendra Vivre vite de Brigitte Giraud avec Anne de Boissy sur scène et Étienne Gaudillère à la mise en scène, l’aventure à rire des trois petits vieux (…) de la compagnie Waaldé, ou l’ovni poétique Ödland signé Alizée Bingöllü. TM theatre jean‑marais.com

PAR ANNE HUGUET & TRINA MOUNIER

ANTOINE GARIEL

TISSER DES LIENS

Après dix ans au Théâtre de Gascogne dans les Landes, « jamais plus de dix ans au même endroit ! », Antoine Gariel débarque à Villefranche. Son objectif et sa passion : un théâtre d’utilité publique qui fait le lien entre public et artistes, tire sa légitimité d’une programmation pluridisciplinaire. Son esprit d’ouverture se remarque dans l’accueil de compagnies prisées comme Simon Abkarian (Ménélas Rebétiko Rapsodie) ou Raphaëlle Boitel (La Chute des Anges), et de jeunes compagnies régionales (Lucie Rébéré, Myriam Boudenia). Enfin, des spectacles joyeux comme Les gros patinent bien, La Tendresse, Sol Invictus TM theatredevillefranche.com

NOUVELLES

NADÈGE MICHAUDET PENSER "ÉLITAIRE"*

*contraction de élitiste et populaire

Dans une autre vie, Nadège Michaudet était aux manettes de la plateforme Mytoc ; la voilà directrice du Théâtre Théo Argence Avec une programmation pluriculturelle dans la continuité, le projet d’être aussi une maison de création – Mourad Merzouki est d’ailleurs son premier artiste associé –, et l’envie de repenser le rapport scène/salle. Pour la première fois, Karavel s’installe à Saint-Priest avec cinq pièces à l’affiche, dont le "gros" show chorégraphique All Star Kontest. Autres nouveautés : la venue de la Comédie-Française avec Les Serge (…), vin et musique de chais avec le Quatuor Debussy et Cépage(s), Laurel & Hardy en ciné-concert, ou un Roméo et Juliette en ambulatoire dans le théâtre. Son coup de cœur ? Le cirque canadien virtuose de Flip Fabrique, avec de la neige, svp ! AH theatretheoargence saint‑priest.fr

LE BLUES DE LA RENTRÉE POINTE SON NEZ… FILEZ DANS LES SALLES OBSCURES OÙ CINÉCOLLECTION ET LES SALLES DU GRAC FÊTENT LA COMÉDIE. OCCASION UNIQUE DE REDÉCOUVRIR DES ŒUVRES CULTE, COMME CE SAVOUREUX DIVORCE À L’ITALIENNE. RIEN DE TEL POUR LIBÉRER LES ZYGOMATIQUES !

et si on riait ?

Le GRAC est un réseau régional de salles Art & Essai, soit 69 salles indépendantes et de proximité qui garantissent sa belle diversité. Chaque mois, CinéCollection propose ainsi trois ou quatre films de patrimoine, diffusés dans une trentaine de ces salles. C’est le cycle « Mieux vaut en rire » qui lance la rentrée avec quatre comédies et autant de regards de cinéastes.

CINÉCOLLECTION

Divorce à l’italienne + Noblesse oblige + La Garçonnière + Les Naufragés de l’île de la Tortue 01 SEPT. > 31 OCT. grac.asso.fr

Pour prolonger l’été, direction la Sicile et la petite ville d’Agramonte avec Divorce à l’italienne (Divorzio all’italiana). Ce film de 1961 est l’un des sommets de la comédie "à l’italienne" à la facture si particulière, qui connut son heure de gloire du milieu des années 1950 à la fin des années 1970. Son réalisateur Pietro Germi réunit Marcello Mastroianni et Stefania Sandrelli dans un film qui tourne en ridicule la sclérose d’une société italienne dominée par les démocrates chrétiens. Jusqu’en 1974, religion et lois interdisent le divorce en Italie… mais tolèrent le meurtre d’une femme adultère par son mari ! Le baron sicilien Ferdinando « Féfé » Cefalù (Mastroianni) veut se remarier avec sa jeune cousine Angela (Sandrelli). Fume-cigarette à la bouche, il imagine force stratagèmes pour se débarrasser, après douze ans de mariage, de sa femme Rosalia. Il en profite pour commenter les mœurs de sa petite ville

où les « crimes d’honneur » permettent d’alléger les peines encourues... Si le film évoque le féminicide et peut moralement déranger, il reste avant tout une satire sociale pleine d’humour. Du burlesque avec ses passages en accéléré, des comiques de répétition, jusqu’à une mise en abyme cinéphilique avec un Mastroianni assistant à la projection de la Dolce Vita de Fellini… dans lequel il joue le personnage principal ! Ironie de l’histoire, l’acteur italien n’a lui-même jamais divorcé de sa première femme, même après sa rencontre avec Catherine Deneuve et la naissance de Chiara, leur fille. Chiara qui, devenue comédienne, incarne son père dans le dernier film de Christophe Honoré, Marcello Mio (2024). Sa ressemblance avec le personnage de Féfé est frappante. Même moustache, même dégaine ! Dans une des séquences, Chiara alias Marcello rencontre Stefania Sandrelli, soixante-trois ans après Divorce à l’italienne. La boucle est bouclée ! Trois autres comédies tout aussi revigorantes sont à (re)voir : version humour british avec son héros Alec Guinness ( Noblesse oblige, 1949), férocité jubilatoire avec La Garçonnière (1960) de l’Américain Billy Wilder sans oublier le délire poétique du français Jacques Rozier avec Les Naufragés de l’île de la Tortue (1976) et un Pierre Richard impeccable. Alors, riez : la rentrée des salles obscures promet de beaux voyages dans l’histoire du cinéma.

PAR MARTIN BARNIER & VALÉRIE LEGRAINDOUSSAU
DIVORCE À L’ITALIENNE, PIETRO GERMI

ALAIN DAMASIO & PALO ALTO

03 OCT.

Salle Victor Hugo

33 rue Bossuet

Lyon 6

RÊVES VOLTES

Villa Gillet

Lyon 4

05 OCT.

villagillet.net

lavolte.net

À CONTRECOURANT

« DÉVELOPPEUR D’IMAGINAIRES DÉSIRABLES ». AINSI SE DÉFINIT LA VOLTE, MAISON D’ÉDITION QUI, À TRAVERS DES FICTIONS INCLASSABLES ET DES CRÉATIONS PARFOIS EXPÉRIMENTALES, MÊLE ALLÈGREMENT CONTRE-CULTURE ET LUTTES SOCIALES POUR ÉVOQUER LES RAPPORTS DE DOMINATION, L’INTÉRÊT COLLECTIF OU ENCORE L’IMPACT DE LA TECHNOLOGIE. RENDEZ-VOUS LE 5 OCTOBRE À LA VILLA GILLET POUR FÊTER SES VINGT ANS.

« La frontière qui sépare la science-fiction de la réalité sociale n’est qu’une illusion d’optique ». Cette affirmation de la philosophe américaine Donna Haraway en 2007, La Volte, créée en 2004, aurait pu la faire sienne. Dans un monde où défricher un champ des possibles collectif est rendu de plus en plus difficile par ceux qui le gouvernent, et où l’anticipation est devenue la chasse gardée des oiseaux de malheur appointés (futurologues en solde !), la maison d’édition indépendante décrit la littérature comme un territoire de « langagement », qui hybride les genres pour mieux élaborer une fiction sociale et politique, charger ses histoires d’émancipation et d’utopie, nonobstant une passion pour les jeux de langage. Portée d’abord par le succès de La Horde du Contrevent, puis par son engagement, son esprit collectif, sa politique de diffusion et de traduction (Doris Lessing, Angélica Gorodischer, Karen Joy Fowler…), La Volte n’a cessé depuis vingt ans d’étoffer son catalogue et de démontrer, titre après titre, que la fiction peut entrer en lutte, changer le monde, en commençant par nous toucher.

Associée entre autres à la librairie La Virevolte ou le collectif L’AADN, elle célébrera ses vingt bougies à la Villa Gillet, mixant tables rondes, expositions et performances, articulées autour de deux thèmes : « L’eutopie, laboratoire de futurs désirables » et « La ville, demain ». Le tout autour des autrices et auteurs maison (Alain Damasio, Li-Cam, Sabrina Calvo, Iuvan), d’artistes (Floriane Pochon, le Bombyx Mori Collectif), de scientifiques et de chercheurs (Élise Roche et Florence Gault). De quoi, à l’intersection des questions de société, d’écologie, d’urbanisme, de logement, de migration et de citoyenneté, nous amener à imaginer un monde meilleur et des modes de vie plus ouverts aux autres, envisager des avenirs enviables et constructibles. La journée s’achèvera par un concert du groupe Kafka avec Alain Damasio et Benjamin Mayet. Ledit Alain donne aussi rendez-vous salle Victor Hugo pour une soirée musicale dédiée à son œuvre : une "Émeute" musicale adaptée des Furtifs (avec les Marseillais de Palo Alto), et, en première partie, Le Dehors de Toute Chose, concert tiré de La Zone du dehors

Anouck Faure ©

LE STREET MUSÉE DU MOIS

DON MATEO
PAR MISS LITTLE PRETTY LITTLE THINGS & ENNA PATOR
BRUSK
THEPOPSUREALIST
BRUSK
CHRISTÈLL .T
AX CREART
TAPAS NOCTURNE
SOPHIE CONVERS
BRUSK
FOUCH

Ceviche à la tahitienne

Et pourquoi pas un ceviche (ou céviché) pour prolonger (ou commencer !) l’été ? Entre copains ou en famille, entre playa et paseo du soir, la fraîcheur de cette recette marinée, exotique en diable, a tout pour exciter les papilles. Choisis le poisson que tu aimes, un dos de cabillaud par exemple, mais saumon, thon, dorade… sont tout aussi savoureux. Aiguise bien ton cuchillo et découpe l’élu en cubes, que tu jettes dans un bol de terre cuite. C’est l’heure de bichonner ton poisson cru : commence par les jus de citrons et leurs zestes, ça marine déjà, puis râpe le gingembre et tes jolies carottes craquantes. Il t’en faut de l’huile de coude, caramba ! Taille l’oignon rouge qui pique les yeux et cisèle finement la coriandre fraîche. Encore plus de goûts et de couleurs ? Selon les trésors de ton cabas, rondelles de concombre, lamelles de poivrons rouges ou une poignée de petits pois frais sublimeront ta marinade. Enfin du lait de coco à gogo pour la touche finale muy suave… Mélange délicatement tout ce beau monde et zou ! au frigo pour une heure… juste le temps d’une petite cerveza * bien fraîche ou d’un maté glacé. C’est l’heure du régal, compañeros ! Sur une grande assiette, accompagne ton ceviche d’un riz basmati tiède ou de chips de maïs. Toutes ces saveurs te transportent illico à Baía do Sancho au Brésil ou sur la plage de la Pointe Vénus à Tahiti. Qué chévere ** !

600 G DE POISSON (ICI CABILLAUD) 2 OU 3 CAROTTES 1 OIGNON ROUGE 5 CITRONS (2 JAUNES + 3 VERTS) 500 ML DE LAIT DE COCO 1 MORCEAU DE GINGEMBRE FRAIS (ENVIRON LA TAILLE D’UN POUCE) QUELQUES BRINS CORIANDRE FRAÎCHE EN OPTION : 1/2 POIVRON ROUGE, 1 CONCOMBRE OU DES PETITS POIS FRAIS

Horizontalement

1. Passais. 2. Se fendit la pêche. 3. Rendrai le score nul. 4. Petit besoin enfantin, et pas que ! Fils légitime de J-J Rousseau. 5. L’analphabète peut le décrypter. 6. À l’entrée de Dijon. Doublement négatif… Avec de l’or, sans doute jolie à regarder ! 7. Changé en pin, l’infidèle… Tourna sec le boulon. 8. Arrivée dans le monde. Nous offre "l’auto vision". 9. Fis bien mal au crâne. 10. Pas tous des pur-sang camarguais.

Verticalement

A. Plus qu’agités ! B. Celle des cadavres est bien connue. C. Repas pris ensemble par les premiers chrétiens. Très improbable sujet de rencontre au Népal. D. Réalisions le rêve d’Icare ? Toujours rouge sur la carte. E. Mise sens dessus dessous par un tsunami ? Doit obéissance à son oncle. Endosse. F. Faire suer. Du bois… dont on ne fait pas les flûtes ! G. Proviendrai. H. Attacherons bien serré. I. Belle Andalouse. J. Stupéfaite. Mieux vaut l’entendre que le vivre !

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PAR VICTORIA REDDOK
PAR PONIA DUMONT

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