ARKUCHI #47 JANVIER / FÉVRIER 25

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.04

Dans le Rétro… Dans le Viseur .06

SUCCESS STORY

Cyril Teste dissèque la comédie humaine

.18 FOKUS

Youri Meot

Capteur d’émotion(s)

.08

FORME & FONCTION

Villeurbanne et Le Rize célèbrent le logement social

.10

À la Moulinette À Cœur b(e)attant

.12 Musiques

.14 À vue

Photo-Matons

.16.

Tête d’affiche

François Chaignaud

Lucas Frangella Ville de Villeurbanne (2024) ©

.20

BÊTES DE SCÈNES

Rocio Molina, au-delà du flamenco Théâtres ailleurs, Tiago Rodrigues et Julie Duclos, LACRIMA, Adama Diop, Hélène Iratchet, George de Molière, Cie Mmm, Camille Cottin…

.26

Expos

Les 10 bougies du Musée des Confluences, Zurbarán au MBA, Des cabanes chez Archipel, Gilles Aymard aux Archives

.30

LETTRES & RATURES

Catherine Destivelle, alpiniste et éditrice

Livres de montagne à (re)lire

.32

Hors Champ

Films de montagne à l’affiche

.33

Street Musée du Mois

.34

Popote(s)

Fanny Maugey & Jugeote

D.R. ©

#47 Ja N . / Fév. 25

contact.arkuchi@orange.fr

Gratuit • Toutes les 6 semaines

Diffusion : plus de 450 lieux

Lyon, Métropole & Rhône‑Alpes

Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € ‑ 18 rue Belfort 69004 Lyon

Direction de la publication ‑ Rédaction en chef Anne Huguet ‑ 06 13 07 06 97

Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro

Martin Barnier, Blandine Dauvilaire, Ponia DuMont, Émiland Griès, Marco Jéru, Valérie Legrain Doussau, Fanny Maugey, Trina Mounier, Carmen S., Gallia Valette Pilenko.

Illustration de couverture : Youri Meot

Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97

Conception et mise en page

Impression : FOT

Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646‑8387

Larédactionn’estpasresponsabledestextesetphotos publiésquiengagentlaseuleresponsabilitédeleurs auteurs.Tousdroitsdereproductionréservés.

aBONNEMENT 7 num./an = 30 eur.

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Récit intime

É bouriffant Romain Brau, vu du côté de la Maison de la danse. Il se raconte en chansons douces avec force œillades, vacheries et mots doux. La mode, le genre, le harcèlement, la maladie, l’amour : Romain Brau, jamais vulgaire, se moque de lui et de nous, dévoile ses fêlures et ose être lui-même. Délicieusement émouvant.

A chaud

HORS NORMES Avec Margot Thery, on est toujours du côté des indociles. Dans Gangster.e.s, on croisera Véra qui fête son anniversaire dans un bar louche en compagnie de tueurs à gages et quelques cadavres. Création.

24 JAN. > 02 FÉV. Théâtre des Clochards Célestes

MÉLI-MÉLO Jean-Christophe Folly est un habitué du TNP. Le revoilà avec Sensuelle, un huis clos en forme de polar qui parle de nos zones d’ombre, et un drôle de concert (08 fév.) pour célébrer ses origines croisées, entre Togo, Ferré et Wu-Tang Clan.

28 JAN. > 07 FÉV. TNP

ESPAGNOLADE La Carmen de Bizet revue par Philippe Lafeuille ? Ça va déménager avec une chorégraphie virevoltante qui se joue du rapport féminin/masculin dans un savant kitsch baroque. Show devant mais on y perd carrément sa Car/Men. 04 FÉV. Le Manège Vienne (38)

OUI, CHEF ! Compétition féroce, obsession de la perfection, pression permanente : on plonge direct dans le monde impitoyable de la gastronomie avec Frère(s). Une comédie douce-amère sur l’amitié signée Clément Marchand repérée à Avignon (Off 2024). 12 > 15 FÉV. Théâtre Comédie Odéon

À VOS PAPIERS. La jungle de Calais. Alexis Michalik raconte Issa, jeune Erythréen, qui perd la mémoire après une agression. Seul élément du passé, son Passeport l’aidera à remonter le fil de sa vie. Le parcours saisissant d’un homme en exil, vulnérable et résilient. 18 FÉV. Radiant-Bellevue

SPÉCIAL CHAZAL ! L’ancienne présentatrice du JT débarque en force sur les plateaux lyonnais. Après un ReporTERRE#10 aux côtés de Laëtitia Guédon, Claire Chazal vient dévoiler sa passion des beaux textes et partager ses coups de cœur. Gary, Zweig, Bobin, Echenoz, Delbo et les autres. 20 FÉV. Théâtre Théo Argence Saint Priest

Punk story

3, 2, 1… Zéro ! De vieux rockeurs sur le retour qui jouent toujours vite et fort à la manière des Ramones ? Pas de doute, Les Sheriff de Montpellier sont inoxydables comme leurs hymnes ultra efficaces. « La nuit sera courte mais elle sera chaude. » Revival. La Rayonne Villeurbanne 24 JAN.

Sur la platine

Pop Pop Pop

IDLES

Grey Rubble - Green Shoots

Godspeed You! Black Emperor

ÉCRANS MIXTES

Festival de cinéma queer

05 > 13 mars

Romain Tissot ©

Thrillerjuridique

Dans Article 353 du Code pénal, superbe roman de Tanguy Viel porté à la scène par Emmanuel Noblet, Vincent Garanger incarne avec puissance la remontée d’un homme écrasé par la vie. Un quasi-seul en scène intelligent et émouvant, qui donne à réfléchir sur le droit et ses interprétations. L’un des meilleurs spectacles de la fin d’année 2024. Merci les Célestins.

EXPOS

WOMAN POWER

Femmes et sciences à l’affiche avec l’accrochage

La Science taille XXELLES. À découvrir une quarantaine de portraits de femmes signés Vincent Moncorgé et Céline Vautey pour valoriser leur rôle dans la science, mais pas que. Derniers jours.

> 26 jan.

Espace Guy de Chauliac Brignais

CURIOSITÉ

Trip fantastique

Dans Bird d’Andrea Arnold, on suit les pas de Bailey, 12 ans, qui tente de survivre à la violence de son quotidien dans un squat.

Avec une B.O. à tomber par terre, cette fable sociale raconte une jeunesse livrée à elle même et la rencontre de deux éclopés de la vie. Âpre et sensible. En salle depuis le 1er janvier.

La photographe Julie Cherki (FoKus, été 21) expose les portraits grand format de 9 Héroïnes incarnées par 9 femmes de tous horizons. Un projet théâtre et photo mené avec le collectif Le Bleu d’Armand à revoir au Réservoir.

14 > 22 fév.

Maison du Peuple

Pierre-Bénite

Deuxième mandat pour Arnaud Meunier reconduit à l’unanimité à la MC2: Grenoble jusqu’à fin 2028. Son mantra : Jeunesse, Inclusion, Innovation.

ÉPOPÉE

POLITIQUE

Complot, tumultes et trahisons pour envoyer ad patres le dictateur : Arthur Nauzyciel, directeur du TNB, reprend Julius Caesar. Créée en 2008 à Boston à la sauce US, la pièce remet la politique au cœur de l’Histoire, questionnant le pouvoir et la démocratie. Toujours d’actualité. 23 jan. > 01 fév.

Yann

Qu'est-ce

qu'on transmet ? de quoi on hérite ?

La fête continue

APRÈS FESTEN, OPENING NIGHT ET LA MOUETTE, LE METTEUR EN SCÈNE CYRIL TESTE (COLLECTIF MXM)

EST DE RETOUR AUX CÉLESTINS AVEC UNE ADAPTATION

TRÈS LIBRE DE PLATONOV, BAPTISÉE SUR L’AUTRE RIVE RENCONTRE AVEC UN OBSERVATEUR AVISÉ DE LA COMÉDIE HUMAINE.

Sur l’autre rive s’inspire de Platonov et fait suite à La Mouette. Pourquoi avoir choisi Tchekhov à nouveau ?

CYRIL TESTE Un peu par hasard au départ. J’avais le Covid, j’ai relu les livres de ma bibliothèque et suis tombé sur Platonov que je ne connaissais pas. À cette période, je m’interrogeais sur la situation du théâtre, particulièrement fragilisé. J’avais envie de faire une grande fête avec mes amis. Platonov est arrivé, comme si le destin m'avait mis ça dans les mains. Puis j’ai compris qu’il y avait un lien entre La Mouette et Platonov, qui est la première œuvre de Tchekhov, écrite à 17 ans : les deux sont de grands chantiers sur le théâtre, la vie, la question de l'héritage, et ce que l’art peut encore guérir. Ce sont deux œuvres en stéréo.

Cette fois, il est question du manque de transmission entre les pères et les fils… CT Tous les hommes de cette pièce sont de purs produits du patriarcat, alors qu'ils sont d’une génération sans père. Ils critiquent ce système dont ils n’ont pas les clefs, mais ne proposent pas autre chose. La question de la transmission est fondamentale

pour moi. Qu'est-ce qu'on transmet, comment, de quoi on hérite ? La famille est la genèse d'une société. Ayant été élevé par des femmes, je n’ai pas été soumis à une éducation patriarcale, mais ce n’est pas une question de genre, c’est un système qui a touché tout le monde. Il faut réussir à s’en libérer car ça engendre des dysfonctionnements, des violences et une incapacité à produire du récit amoureux.

Dans cette performance filmique, votre caméra explore les plis les moins reluisants de la société, là où macèrent cupidité, rancœur, toxicité... Les images vous semblent-elles plus éloquentes que les mots ?

CT Je me méfie des mots, parce qu’on peut dire tout et son contraire. Les images sont également dangereuses, parce qu'on peut vous faire voir une chose et vous en cacher une autre. Je pense que l'éloquence est dans l'alchimie des deux. Si je crée ce dispositif de théâtrecinéma, c'est pour aller chercher les hors-champs. Le théâtre est une synesthésie, un lieu où les mots et les images font partie d'une chose invisible qui est beaucoup plus mystérieuse que ça.

SUR L'AUTRE RIVE

Y a-t-il un personnage de la pièce pour lequel vous éprouvez davantage d'empathie ?

CT Oui, pour Aliocha, l'enfant qu'on ne voit pas et qu’on ne verra jamais. C’est celui qui va devoir hériter du nihilisme social de ces gens qui ne croient plus. Il y a une chose très forte dans cette pièce, c'est l'absence du sacré, ce qui n’est pas le cas dans La Mouette Là, on montre une société qui n'a plus de dimension spirituelle, de lumière. Ces gens finissent par croire à ce qu’ils ont fabriqué, sauf l'enfant qui est là mais qu'on ne voit jamais. Au théâtre on a forcément besoin d'empathie, c'est un art miséricordieux.

Dans vos pièces le drame couve, les gens dansent sur un volcan dans l’ivresse des émotions décuplées. Êtes-vous désabusé quand vous regardez ce monde ?

CT Non, pas du tout, j'ai beaucoup d'amour pour ce monde, j'y vois beaucoup de beauté parce que j'apprends à regarder en hors-champ. Bien sûr que c’est difficile de voir ce qui se passe aujourd'hui, parfois je suis fatigué de constater qu’on n’a pas le sens du sacré, de faire des choses plus grandes que nous qui

Je vois beaucoup de beauté dans ce monde

continueront bien après nous. Dans la pièce, je critique cette fête où les gens dansent malgré tout, continuent à faire comme si de rien n’était, parce qu'il est temps que cette fête-là cesse. En revanche, j’espère que la fête qui permet de créer des liens entre les gens ne cessera jamais.

Que peut Tchekhov pour nous aujourd’hui ?

CT Réparer les vivants, j’espère ! Ce qui est génial, c’est que Tchekhov était médecin, il a soigné les gens au sens propre. J'ose espérer que son théâtre a continué d’apaiser les blessures. C’est un art qui doit nous apprendre à accueillir les choses, nous éclairer, aiguiser les sens. Il m’apprend à mieux vivre, à comprendre ce qui est important pour moi, ce que je dois laisser, ce que je dois accepter et ce que je dois refuser.

30 JAN. > 08 FÉV. Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com

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HaBITER L a vILLE

PAR éMILanD GRIÈS

avEC vILLEURBannE À TOUS LES éTaGES, La vILLE CéLÈBRE

LE LOGEMEnT SOCIaL, PILIER DE SOn IDEnTITé URBaInE DEPUIS PLUS D’Un SIÈCLE. PLUSIEURS EXPOSITIOnS SOnT À DéCOUvRIR SUR LE THÈME DE "L’HaBITER" : aU RIZE, MaIS éGaLEMEnT aU PIED DES EMBLéMaTIQUES GRaTTE-CIEL, DOnT On FÊTE CETTE annéE LES 90 anS.

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Le Rize

Villeurbanne lerize.villeurbanne.fr

L’

occasion de cet anniversaire était trop belle, et Le Rize en saisit l’opportunité pour raconter, pendant toute une année, l’histoire de cette banlieue fièrement ouvrière, accolée à Lyon la bourgeoise, sa rivale. L’établissement culturel, avec sa salle de spectacle, son café et son espace d’exposition, n’est pas qu’une médiathèque. Installé depuis une quinzaine d’années dans le bâtiment historique des archives du Crédit Lyonnais, Le Rize est aussi un pôle de sciences humaines, où étudiants et chercheurs travaillent à l’émergence et à la préservation du fragile patrimoine immatériel que sont les mémoires urbaines. Cela fait donc un bail que Villeurbanne se préoccupe de loger la classe ouvrière dans les meilleures conditions possibles. Le spectaculaire ensemble immobilier de l’avenue Henri-Barbusse, fierté bien fondée de ses habitants, en est l’éclatant vaisseau amiral. Les portes vitrées de ses nombreux halls d’entrée sont d’ailleurs actuellement le support de photos d’hier et d’aujourd’hui, tout comme un container, posé pour l’occasion sur la place de l’hôtel de ville.

Au Rize, l’exposition en libre accès est un savant mélange de clins d’œil – tel ce faux hall d’entrée d’immeuble où rien ne manque, même pas le tapis-brosse – et de pédagogie ludique, à base de panneaux aux teintes pastel, de mots au choix à aimanter – pour élaborer un aménagement urbain à son goût par exemple –, de téléphones vintage à décrocher pour "joindre" une archive sonore. Toutes les facettes de la notion d’habiter sont abordées en mode humoristique et participatif, histoire de mieux appréhender dans leur complexité des sujets parfois ardus. Pour n’en citer qu’un : le parcours du combattant pour trouver un logement privé comme social en ville (avec pour ce dernier, 80 000 métropolitains sur liste d’attente à ce jour !).

On convoque, à grands renforts de documents d’archives, un florilège de grands ensembles villeurbannais historiques du logement bon marché, ayant accueilli, et parfois extirpé des bidonvilles, les migrants attirés par l’embauche en ville. Dans l’ordre d’arrivée : ruraux, Italiens et Suisses, rapatriés, Maghrébins, Subsahariens, logés dans des cités tour à tour construites par de paternalistes industriels, sous l’impulsion de maires épris d’hygiènisme – Jules Grandclément et Lazare Goujon, tous deux médecins progressistes –, mais aussi de promoteurs plus ou moins avisés. Pas toujours une réussite quand certains grands ensembles virent au ghetto. Mais aussi de réels succès lorsque les voisins tissent dans leur cage d’escalier commune des réseaux d’entraide et de sociabilité quotidiennes. Pour preuve, les émouvants témoignages audio du passé, tranches de vies simples et heureuses.

Le parcours, conçu par les scénographes villeurbannais L+ M, conclut sur une note d’optimisme. Des modes constructifs alternatifs offrent en effet de prometteuses potentialités, en anticipant les besoins climatiques et sociétaux de demain grâce aux matériaux biosourcés ou issus du réemploi. On y devine une ville qui aura trouvé des solutions à ses maux actuels que sont la canicule, la pollution, le bruit, le mal-logement, la promiscuité. Des exemples en font foi tels la Coopérative Soubeyran à Genève ou le quartier Vauban de Fribourg-enBrigsbau en Allemagne.

À Lyon, Nexity prépare un immeuble de 24 logements collectifs conçu par l’agence d’architectes Baumschleger-Eberle. Il sera passif++, c'est-à-dire sans chauffage, climatisation ni ventilation mécanique, donc on ne peut plus frugal en énergies… et pourtant tout à fait confortable. Pas mal, non ?!

À Cœur beattant

MOITIÉ PENDANT DIX ANS DE SCHLAASSS, DUO RAP-PUNK STÉPHANOIS

DOPÉ À L’AUTODÉRISION ET AU BORDEL, CHARLIE DURAN EST AUJOURD’HUI

CŒUR, DIVA À LA FOIS SEXY ET FLIPPANTE, ULTRA-SENSIBLE ET RADICALE.

SA TRAP NOUS ATTRAPE, GARE À LA SURCHAUFFE !

QU’EST-CE QUI TE FAIT BATTRE LA CHAMADE ?

LES ÉMOTIONS FORTES.

TU TE DÉFINIS COMME

UNE RAPPEUSE ?

NON, JE NE ME DÉFINIS PAS, BE WATER, MY FRIEND .

QUELS ARTISTES

DANS TON TOP 3 ?

L’EAU, LE FEU, LA TERRE ET L’AIR. DÉSO Y’EN A 4. LE MORCEAU

DONT TU RÊVES ?

OL’DIRTY BASTARD.

TA PLAYLIST DU MOMENT

TON JURON FAVORI !

LA MIENNE, DANS LE BON ORDRE CHRONOLOGIQUE SUR SPOTIFY : MINOUCHE MAFIA MUSIC . LE FEAT

NIQUE TON PÈRE.

QUI TE FAIT PLEURER ?

SINNERMAN DE NINA SIMONE.

LYON OU SAINTÉ ?

GIVORS.

QU’EST-CE QUE LA MUSIQUE T’A APPRIS ?

QUE TOUT CE QUI COMPTE, C’EST LE FRISSON. QUELLE QUE SOIT LA FORMULE.

TON DERNIER DESSIN, C’ÉTAIT QUOI ?

UN PERSONNAGE GRIS ASSEZ

ÉNERVÉ AVEC UN T-SHIRT « JPP ».

TON IDOLE DE JEUNESSE ?

JIM MORRISON.

C’EST QUOI, CŒUR, SUR SCÈNE ?

IL FAUT VENIR, MINOUCHE. LE VÉCU N’EST PAS TRANSMISSIBLE.

BACH TO MINIMALISM

21 JAN.

François Mardirossian

24 JAN.

FESTIVAL

SYNTH CHAPELLE

21 > 23 FÉV.

Chapelle de la Trinité Lyon 2 trinitelyon.com

Baroque minimal

C’est une improbable association (encore que !) qui pilote le nouveau projet de la chapelle de la Trinité. L’église baroque du centre-ville de Lyon, désacralisée depuis cent ans, accueille désormais les projets croisés du Concert de l’Hostel Dieu et du festival Superspectives. Une alliance pour le moins réjouissante qui mêle joyeusement baroque et minimalisme et propose une programmation « pointue mais détendue » pour reprendre les mots d’un spectateur de Superspectives. Après une ouverture en fanfare fin novembre (autour des musiques festives du Sud de l’Europe), ça continue fort en janvier avec le Concert de l’Hostel Dieu jouant Bach to minimalism. Le compositeur

Frissons souterrains

allemand est le fil rouge de l’année, et prétexte à une soirée durant laquelle il voisine avec les musiciens contemporains Arvo Pärt, Steve Reich et Max Richter. Ensuite, la reprise du fameux Köln Concert de Keith Jarrett interprété par François Mardirossian – conseiller artistique du projet et cocréateur de Superspectives – s’annonce comme un grand moment. On retiendra aussi le festival Synth Chapelle dédié à Wendy Carlos, première compositrice trans et pionnière de la musique électronique, célèbre notamment pour avoir réalisé la BO du cultissime Orange mécanique de Stanley Kubrick. L’occasion, le temps d’un week-end, « d’explorer comment le répertoire s’est trouvé une seconde vie dans les musiques électroniques ». Découvertes et sons bizarres assurés !

Comme son nom l’indique, l’Opéra Underground poursuit son travail souterrain de sape des conventions et des frontières rigides. La programmation qui court de janvier à juin 2025 le confirme en présentant, comme à l’accoutumée, un éventail bigarré de formats — du traditionnel concert au documentaire en passant par la conférence immersive, la masterclass et jusqu’à l’écoute des oiseaux (17 au 28 mai, avec Marc Loopuyt). Tout aussi diverses sont les origines des sonorités convoquées, provenant, pour n’en citer que quelques-unes, d’Afrique mandingue (soirée Black Atlantic Club et James Stewart, 13 mars), du Venezuela (la chanteuse Rebecca Roger Cruz qui se lance en solo, 20 et 21 mars), du Brésil (le chantre de la culture afro-brésilienne Tiganá Santana, 24 mars) ou encore d’Espagne (Juan Carmona dont la Sinfonía Flamenca sera interprétée avec l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, 25 mai). Avec ce dernier spectacle comme avec le quatuor ukrainien bougrement pêchu et frondeur DakhaBrakha (31 jan.), l’Opéra Underground quittera son sous-sol pour s’élever jusqu’à la grande salle. Au sein de cette offre roborative, une proposition –déjà passée, c’était le 16 janvier – retenait particulièrement l’attention, celle de la conférence sur « Wendy Carlos : le frisson de l’écoute queer ». Quels que soient nos goûts, orientations ou désirs, le travail souterrain de l’Opéra Underground vise bien à ce que la musique produise en nous les frissons les plus délectables. CS.

PAR GaLLIa vaLETTE-PILEnKO
LE CONCERT DE L'HOSTEL DIEU
Julie Cherki

voyage de famille

Hâl (prononcez « Hol ») invite au voyage entre Orient et Occident. Une plongée dans les musiques savantes orientales (mais pas que) par les frères Chemirani autour de la voix de Maryam (la sœur), « dont la générosité, le timbre chaud et le charisme me touchent », dévoile l’aîné et virtuose du tambour zarb, Keyvan. Morceaux traditionnels réorchestrés et compositions subliment des poèmes d’amour chantés en persan et en anglais. Plus qu’à se laisser aller… AH

01 FÉV. Théâtre Théo Argence Saint Priest

08 FÉV. Théâtre de Roanne (42)

Icône afro-pop

Fatoumata Diawara est une grande voix de l’Afrique moderne. Sacré parcours de vie pour la belle Malienne d’origine peule qui a démarré au théâtre et au cinéma, a tourné avec Royal de Luxe, avant de se consacrer à la musique. Forte de trois albums dont London Ko (2023) réalisé avec Damon Albarn, Roberto Fonseca et -M-, elle chante en bambara, contre les violences faites aux femmes. Avec son blues joyeux, ça groove sec live, parfois jusqu’à la transe. AH

11 FÉV. Radiant Bellevue Caluire

12 FÉV. La Belle Électrique Grenoble (38)

Techno fleurie

Les sets de la musicienne et plasticienne Irène Drésel sont aussi de vrais spectacles : la demoiselle aux airs de nymphe assure le show au beau milieu d’une scénographie tout en fleurs ! La rose en l’occurrence, inspiration de son troisième album, Rose Fluo. Le décor New Age est trompeur : si la sensualité rayonne, le magnétisme de la transe et la puissance des beats sont toujours là. Une techno mutante comme une invitation à visiter le jardin psyché d’Irène. Bon voyage ! EB

14 FÉV. Transbordeur Villeurbanne

Java rock

Écouter Carmen Maria Vega a toujours quelque chose de revigorant ! La Lyonnaise quadra, qui a déboulé dans la chanson française avec La Menteuse (2009), continue de rouler sa bosse avec la même énergie et cet air effronté qu’on adore. Carmen Maria, c’est une gouaille (Mistinguett, Boris Vian), mais aussi une âme profonde, travaillée par ses origines guatémaltèques et son adoption (Santa Maria, 2017). Un répertoire sans artifice à redécouvrir sur scène. EB

15 FÉV. Maison du Peuple Pierre Bénite

NICOLAS BARRY

BROUILLEUR DE PISTES

nicolasbarry.com

Il ne vient pas du tout du monde de la danse. Nicolas Barry se destinait au départ à l’écriture dramatique. Il est d’ailleurs diplômé de l’ENSATT de la discipline. Mais la rencontre avec des danseuses du CNSMD de Lyon en a décidé autrement. Le voilà devenu chorégraphe, même s’il met aussi en scène des textes, notamment pour son prochain projet, Humb Dans Le Rêve de voler, duo drolatique, il expérimente son incapacité à danser, à l’inverse de sa partenaire Sophie Billon, tout comme celle à voler : « C’est normal, personne ne m’a appris. D’ailleurs je n’ai pas d’ailes, ni de plumes ! ». Tout-terrain, cette pièce ne se prend pas au sérieux tout en distillant une subtile dérision. GV-P

13 & 14 FÉV.

Maison de la danse Lyon 8 maisondeladanse.com

photomatons

LA BRILLANTE

05 > 20 FÉV. DESTINATION CRÉATION AA25 22 > 28 MARS

Théâtre de l’Ėlysée Lyon 7

LOU BERNARD-BAILLE DE BEAUX LENDEMAINS

@loubernardbaille

Jeune comédienne récemment sortie de l’ENSATT, Lou Bernard‑Baille s’impose déjà comme quelqu’un qu’il faudra suivre. Elle a joué sous la direction de Christian Schiaretti, de Tatiana Frolova et de Pierre Bidard. Et on vient de la voir dans Nos Intelligences au théâtre Le Ciel. Elle a aussi repris La Brillante, un solo de fin d’études toujours dirigé par Olivier Maurin. Cette courte pièce propose une incursion dans le cerveau d’une jeune actrice avant une audition décisive. Elle dit magnifiquement et avec beaucoup d’humour une tirade de Phèdre mais se laisse emporter par des pensées parasites. C’est original, personnel, intelligent. Elle revient encore en mars avec un spectacle de chansons. Une autre corde à son arc ? TM

PAR annE HUGUET, TRIna MOUnIER, GaLLIa vaLETTE-PILEnKO

LA DERNIÈRE

FOIS

29 > 31 JAN.

Théâtre de l’Élysée

Lyon 7

27 MARS

Théâtre Le Vellein

Villefontaine (38)

28 MARS

Maison de la Culture

Firminy (42) LA PREMIÈRE FOIS

04 > 06 AVR.

Théâtre des Clochards Célestes

Lyon 1

NICOLAS SEIGLELIBERTÉ CHÉRIE

duoseigle.com

Nicolas Seigle joue du violoncelle, depuis toujours. Débuts à cinq ans, CRR puis

un brillant cursus au CNSMD de Lyon, où « j’ai travaillé comme une bête, mais

j’ai adoré ! ». Il passe par l’Opéra de Lyon où il apprend « le métier d’orchestre ».

Y rencontre Kirill Petrenko, « un chef très inspirant, très libre dans son interprétation ». À 41 ans, il est co-soliste à l'Opéra de Saint-Étienne. Donne des cours, joue, multiplie les rencontres et projets, et travaille beaucoup pour « rester en perpétuel mouvement » dans la technique, dans les styles. Il forme surtout depuis 2008 le duo Seigle avec son frère Michaël, au violon. « Jouer ensemble ? Une évidence. On est à l’unisson. » Banco avec trois disques salués par la critique, dont le dernier Voyages Intérieurs (2022). Son leitmotiv ? Créer sa liberté. AH

REGGIANISSIMO

28 JAN.

Théâtre de Vienne (38)

BAUDELAIRE ET BACH (…)

17 MARS

Théâtre Saint‑Martin Vienne (38)

RAOUL VIGNAL

EN BALADE

raoulvignal.bandcamp.com

Retour aux sources pour Raoul Vignal, qui a sorti début novembre Shadow Bands, un quatrième album habité par Lyon, sa ville natale. Habité aussi par une lumineuse mélancolie, la patte du songwriter trentenaire au succès public (trop) confidentiel. Formé à la guitare à l’ENM de Villeurbanne, ce fils de professeur de flûte traversière pratiquera le punk rock avant de découvrir le blues et de devenir le désormais as du fingerpicking, formule magique de son folk intimiste et chatoyant. Berlin, Paris, puis le Beaujolais et enfin la Croix-Rousse, Raoul est un voyageur qui aime emprunter d’autres chemins. Comme avec les Bressans de L’Effondras, pour lesquels il joue de la guitare baryton, « accords étranges » à l’appui. De beaux vagabondages. EB

25 JAN.

Marché Gare Lyon 2 marchegare.fr

CLAIRE DOSSO & GUILLAUME MITONNEAU FORCE COMIQUE

laneigeestunmystere.fr

Un début d’année 2025 sur les chapeaux de roues pour ce duo de clowns contemporains. Claire Dosso et Guillaume Mitonneau, installés dorénavant à Saint-Étienne, se rencontrent en 2008 à l’école Le Samovar de Bagnolet, lorsqu’ils se découvrent l’une (qui vient du cirque et de la voltige) et l’autre (fondu de ski acrobatique, danseur et comédien, vu chez les Chiche Capons) une passion dévorante pour le clown et le burlesque. Ils déboulent sur nos plateaux avec La Première Fois (2016) qui voit Ruth et Étienne Palin questionner le mythe d’Adam et Ève et nos origines, puis La Dernière Fois (création 2024), nouvelle conférence sous le prisme de l’humour du duo Palin, autour de la mort. Drôle et déroutant. AH

Sarah
Bourgey

Certains gestes permettent de

nous

transformer Face Face to

FRANÇOIS CHAIGNAUD

IL EST UN PERFORMEUR HORS PAIR. FRANÇOIS CHAIGNAUD, À QUARANTE ET UN ANS, NE MÉNAGE PAS SA PEINE. IL N’Y AVAIT QU’À LE VOIR AUX CÉLESTINS, DANS LE CABARET QUEER DE MONSIEUR K, POUR S’EN CONVAINCRE. DESCENDRE DE LA CORBEILLE AU PARTERRE SUR POINTES EN HOMMAGE À ZIZI JEANMAIRE, IL FALLAIT OSER ! COMME IL FAUT OSER RENOUVELER SON ART, CE QU’ACCOMPLIT FRANÇOIS CHAIGNAUD DEPUIS PLUS DE VINGT ANS. DANS MIRLITONS, IL PARTAGE L’AFFICHE AVEC AYMERIC HAINAUX, UN BEATBOXER POÈTE. RENCONTRE.

Comment s’est faite la rencontre avec Aymeric Hainaux ?

FRANÇOIS CHAIGNAUD Je le connais depuis longtemps. Je l’avais vu jouer, il y a presque quinze ans, à la Fondation Cartier et ça avait laissé une forte empreinte en moi. C’était juste avant que j’essaie de trouver des stratégies pour associer la danse et le chant. De son côté, Dub Love que j’avais créé avec Cecilia (Bengolea) lui avait beaucoup parlé à cause du sound system et de la danse qu’on proposait. Ainsi nous avons entretenu une brève correspondance régulière. Ça s’est précisé lorsqu’il a souhaité retravailler avec la danse, de façon informelle. À l’époque, je me concentrais sur des rythmes à 7 temps comme support de composition. Après le confinement, nous nous sommes retrouvés pendant une semaine à la Villette. L’envie de créer une pièce est née, mais à une condition : être l’un et l’autre en charge de toutes ses dimensions, ne pas être

GaLLIa vaLETTE-PILEnKO

assigné l’un au son, l’autre au geste. Le deuxième défi était de ne travailler que sur des rythmes à 7 temps. Ce qui suppose d’inventer quelque chose qu’on ne connaît pas déjà pour trouver une langue commune. Chercher des ajustements. Enfin, nous ne voulions ni décor ni transporteur.

Pourquoi avoir appelé cette pièce Mirlitons ?

FC C’est venu de manière intuitive et spontanée, et ça nous a beaucoup plu. Personne ne sait exactement ce que ce mot veut dire. Il est une référence chorégraphique pour moi (la Danse des mirlitons dans Casse-Noisette ), mais aussi au son puisque c'est le nom d'une petite flûte.

De manière générale, qu’est-ce qui vous intéresse dans la performance extrême, le dépassement de soi ?

FC Je ne le formulerais pas comme cela.

Ce n’est pas tant que j’aime l’extrême, mais certaines pratiques, certains gestes permettent de nous transformer. Pour moi, c’est un délice que par la répétition du geste, on puisse excéder les limites de ce qu’on croit être. C’est ce qui m’émeut dans la danse, cet art permet d’éprouver quelle forme on m’a assignée, comment cette forme peut s’étirer. Jouir de l’élasticité de nos contours. Dans cette pièce, tout vient de nous. Même si je ne suis pas naïf, je sais que ce nous faisons là est traversé par toutes nos expériences passées, tous les palimpsestes qui sont dans nos corps et nos lèvres (pour Aymeric), chaque fois pour aller plus loin.

20 > 21 FÉV. Le Sucre Lyon 2 maisondeladanse.com

PAR
Jérôme

Monts et merveilles

La solitude du petit dans le grand

PAR EMManUELLE BaBE PHOTOS YOURI MEOT

« J’ai un petit côté rêveur inquiet. » Avec Youri Meot, le décor est planté sans artifice mais avec un enthousiasme paradoxal. Le chaleureux trentenaire qui a poussé au cœur des massifs haut-savoyards – il vit toujours à côté de Chamonix – évoque facilement sa grande sensibilité, ses hauts et ses bas qui peuvent compliquer le quotidien mais dont il a fait le matériau de sa créativité. On comprend mieux alors les affirmations du genre : « La photographie est un besoin vital, elle est nécessaire à mon équilibre. Elle a pris beaucoup de place dans ma vie » À 31 ans, Youri Meot a déjà une quinzaine d’années de pratique derrière lui. Depuis que, adolescent, il a acheté son premier boitier numérique « pour expérimenter des choses ». Quelques années plus tôt, il avait découvert « la magie » du tirage argentique au révélateur. « Mon grand-père avait installé un labo dans son grenier. Quand j’ai vu la photo apparaître sur le papier, j’étais fasciné. » Les études de graphisme et d’histoire de l’art qu’il a suivies ont confirmé son appétence authentique pour l’image et, surtout, la composition. La peinture, qu’il pratique « pour son plaisir », est une grande source d’inspiration. Et Youri de citer Joseph Turner ou Ivan Chichkine avant même Robert Doisneau ou Harry Gruyaert, dont le travail avec la couleur « a révolutionné la photographie d’art », commente-t-il, admiratif. Grand amateur de la photo de rue des années 1940 à 1960, le Chamoniard cultive un style minimaliste, qui crée des images « très composées et avec de grands aplats, c’est ce que j’adore ». Son thème de prédilection : « l’isolement de l’humain dans son environnement, la solitude subie ou désirée ». Les silhouettes qui traversent ses images ou que l’on devine à travers des ombres portées sont prises de dos ou de loin, dissimulées sous des chapeaux ou de longs manteaux ; peu importe qu’on les reconnaisse, elles servent une sorte de gravité, « une vraie esthétique que j’essaie de créer », explique le photographe. Il fait la plupart du temps le choix du noir et blanc, « j’ai l’impression que la couleur détourne le regard, empêche de voir l’équilibre des formes ». Quand il opte pour la couleur, elle est pastel, créant un décor évanescent comme dans ces aquarelles romantiques que le photographe aime tant : « J’ai essayé de récupérer cette matière pour la photo d’une maison blanche isolée dans une vallée. J’aime cette idée de la solitude du petit dans le grand. » La montagne est aussi un sujet, qui s’est imposé pour des raisons évidentes. « C’est mon environnement et parfois je ne peux pas m’empêcher de déclencher quand le spectacle est beau », explique Youri. En ville comme dans la nature, il se définit comme « un grand contemplatif. J’ai besoin d’un certain émerveillement. » Entre deux reportages pour des festivals, il est à l'écoute de son monde intérieur. Dans l’attente qu’il produise de nouvelles images.

IL AIME

Auguste Renoir, Joseph Turner, Caspar David Friedrich, Ivan Chichkine, Robet Doisneau, Harry Gruyaert, Delicatessende Caro et Jeunet, BetterCallSaul(série)…

De grâce & de fureur

Des artistes de flamenco comme Rocio Molina ou Israel Galván, il y en a peu. Ces deux-là révolutionnent, transforment, réinventent sans cesse les codes de cette danse ancestrale. Osant se mettre en danger, épurant à l’extrême ou a contrario ayant le courage « d'intégrer des éléments théâtraux, plastiques, narratifs voire philosophiques pour créer un langage qui va au-delà du flamenco traditionnel », rappelle Daniela Lazary, grande figure de l’art flamenco qui œuvre à sa promotion. Avec Trilogía sobre la guitarra, Rocio Molina revient à l’origine du mouvement et se recentre sur le dialogue entre le corps et la musique. Un projet ambitieux en trois volets qui a exigé de « repartir de zéro et de se défaire de beaucoup de choses », avouait-elle lors de sa venue à Lyon en 2023, pour danser Al fondo riela. Cette pièce expérimentale pour deux guitaristes (deuxième volet de la trilogie) explore la tension entre tradition et rupture avec une intensité quasi spirituelle. À coups de zapateados millimétrés, de cambrés vertigineux, de bras qui s’étirent à l’infini, et de cette présence féline qu’irradie Rocio. Et bien sûr, la guitare qui donne le la mais qui suit aussi aveuglément sa danseuse, les deux ne faisant bientôt plus qu’un. « C’est le musicien qui va provoquer la danse en moi. Il faut écouter, écouter, écouter la musique… L’aimer surtout, pour rentrer dans la danse… », confiaitelle d’ailleurs à l’issue du spectacle.

Fin janvier, on aura la chance d’enchaîner les trois pièces, des œuvres indépendantes et différentes, mais qui se complètent et forment un tout pour explorer et réinventer ce flamenco. Trois maestros, chacun avec son style, accompagnent la bailaora pour revenir au geste le plus pur, le plus juste. Inicio (Uno), avec le grand guitariste sévillan Rafael Riqueni, cherche « à dépouiller le flamenco de ses ornements pour atteindre son noyau émotionnel le plus pur », résume encore Daniela Lazary, tandis que la dernière Vuelta a Uno, avec la guitare de Yerai Cortés, est plus incarnée et charnelle, « une libération » dixit Rocio, lorsque tradition et avant-garde se rejoignent et que le plaisir de la danse prime sur la forme.

Voir Rocio Molina ? On adore. Ce petit bout de femme brune dégage une puissance hors du commun. Qu’elle soit en robe sombre, en shorty, en tacones ou pieds nus, elle irradie d’une force sauvage qui éblouit. On connait sa virtuosité technique, vitesse hypnotique des tacones qui tapent en rythme, poursuivant ou entraînant la guitare à leur suite, sensation d’un sol qui ondule. Tout aussi fascinants le magnétisme de son regard noir, tour à tour féroce, taquin ou séducteur, les expressions torturées de son visage et tous ces petits et grands gestes qui nourrissent sa danse tellement personnelle (déhanchés, cambrés, jeux de mains et de bras…). Pourtant, tout chez Rocio Molina respire flamenco, est viscéralement flamenco… Magistral et envoûtant.

PAR annE HUGUET
INICIO (UNO)
Óscar Romero ©

Regards engagés

L‘époque est inquiète. Contre les incertitudes sur l’avenir des démocraties, les guerres douloureuses et les ombres brunes qui vont se propageant en Europe, l’art semble être le seul rempart. Un rempart fragile, lui-même attaqué par les institutions et les collectivités. Reflets de ces réalités, de nombreux spectacles sur ce thème couvrent la saison. Après Edelweiss, France fasciste de Sylvain Creuzevault jouant de la démesure, Catarina et la beauté de tuer des fascistes écrit et mis en scène par Tiago Rodrigues et la pièce de Julie Duclos, Grand-peur et misère du IIIe Reich du grand Brecht, vont offrir de la réflexion à nos intelligences. C’est précisément cet auteur qui déjà nous rappelait que l’homme a pouvoir sur le monde et, au-delà, sur l’Histoire ; que c’est à l’art de l’expliquer et d’en convaincre, que plus l’époque est troublée, plus il lui incombe d’en faire le procès et d’éclairer enjeux et engrenages. Julie Duclos orchestre la trentaine de tableaux qui composent l’univers quotidien de la vie des Allemands pendant la montée du nazisme. Les échos sont assez unanimement élogieux : malgré la multiplicité des situations, des personnages, des univers (l’école, la famille, le bureau…), sa démonstration est d’une grande clarté et d’une grande efficacité, le spectacle dans son entier passionnant. Celui de Tiago Rodrigues ne jouit pas, semble-t-il, de la même adhésion. Au point que la pièce est le plus souvent dans la salle, certains spectateurs la quittant à grand bruit. Le titre énonce parfaitement ce qui les heurte. C’est l’histoire d’une famille de la campagne portugaise qui, chaque année depuis des décennies, confie à l’un des siens l’honneur de tuer un fasciste kidnappé pour l’occasion. Jusqu’au jour où la cadette des filles en ramène un particulièrement venimeux, haineux, radical et fier de l’être. Mais au moment de passer à l’acte, elle recule, créant ainsi l’occasion d’un grand débat intrafamilial : a-t-on le droit de tuer un ennemi ? Peut-on désobéir à une tradition sans mettre en péril la famille ? Pour conserver un peu d’impartialité, la parole est à la défense, soit au fasciste qui, pendant vingt minutes, éructe des propos de caniveau. C’est ce qui crée un vrai malaise dans la salle. Une entrée en matière percutante sur les grandes questions politiques d’aujourd’hui.

Histoire(s) de famille

La famille est un vaste sujet dont s’empare avec brio Marie Magdeleine , artiste programmée dans trois théâtres des Côteaux du Rhône (La Renaissance, La Mouche et Le Sémaphore) associés pour l’occasion. Venue des arts de la rue, Marie-Magdeleine a composé, avec son complice de la compagnie Mmm, Julien Marot, trois seules-en-scène où elle se coltine la famille, incarnant de nombreux personnages. Accompagnée de deux musiciens, elle emballe tout le monde, faisant rire et pleurer à la fois. Elle passe au crible de son regard aiguisé les relations qui se tissent en fratries et nous embarque dans un feuilleton en trois épisodes – on peut les enchaîner ou se contenter d’un seul – au gré des envies. GV-P

compagniemmm.com

LA FAMILLE VIENT EN MANGEANT 03 FÉV.

La Mouche

Saint Genis Laval

G.R.A.I.N. HISTOIRE DE FOUS 15 FÉV.

Le Sémaphore

Irigny

TANT BIEN QUE MAL 19 > 20 FÉV.

Théâtre de la Renaissance Oullins Pierre Bénite

CATARINA ET LA BEAUTÉ DE TUER DES FASCISTES 06 > 07 FÉV.

Théâtre de la Croix Rousse Lyon 4 croix rousse.com

GRAND-PEUR ET MISÈRE DU III E REICH 13 > 22 FÉV. TNP Villeurbanne tnp villeurbanne.com

CATARINA ET LA BEAUTÉ DE TUER DES FASCISTES, TIAGO RODRIGUES
PAR TRIna MOUnIER
Joseph Banderet ©

PAR GaLLIa vaLETTEPILEnKO

Miam

Miam

H31 JAN.

Les SUBS Lyon 1 subs lyon.com 08 > 09 FÉV. TNG, Ateliers‑Presqu’île Lyon 2 fng lyon.fr

élène Iratchet est un drôle de personnage. Installée à SaintÉtienne depuis quelques années, cette performeuse, chorégraphe, vidéaste et chercheuse crée des spectacles atypiques et singuliers, cultivant le décalage et un langage très coloré à l’humour décapant. Entre comics et esthétique psychédélique, entre danse contemporaine et comédie musicale, son univers est à la fois léger et engagé. Et prend toujours appui sur son histoire personnelle. Ex-athlète de haut niveau – elle a brièvement été entraînée par le coach de Carl Lewis –, cette ancienne interprète de Christian Rizzo (entre autres) a eu un coup de foudre pour la danse, après avoir vu Rosas danst Rosas de la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker.

Sacré rencard !

C’était pendant ses études de lettres à Toulouse. Depuis, elle a fait du chemin (Studio Le Fresnoy, master arts et politique à Sciences Po Paris, cycle de formation Prototype auprès de Hervé Robbe) et possède plusieurs cordes à son arc. Sans compter ses nombreuses participations en tant qu’interprète chez Xavier Le Roy ou Ivanna Müller. Un parcours riche qui a développé son goût pour l’expérimentation et l’amène aujourd’hui, après une dizaine de pièces dont Les Délivrés vue aux SUBS, à créer Croquette. Cette première œuvre jeune public (mais pas que) ressemble furieusement à une comédie musicale déjantée et drolatique où MarieFrance, youtubeuse aux recettes sucrées, partage son quotidien avec Croquette, une chatte-pouf (enfin un chat siamois croisé avec un coussin de velours). Une fable chorégraphique fantaisiste qui parle aussi des enjeux de l’alimentation, à découvrir sur scène.

Roman culte depuis sa sortie, Jewish Cock de Katharina Volckmer est un texte qui, de l’aveu même de son autrice, peut facilement s’adapter au théâtre. C’est ce qu’ont donc fait Jonathan Capdevielle et Camille Cottin avec Le Rendez vous, reprenant au passage son titre en anglais (The Appointement). Confession sans filtre d’une jeune femme allemande exilée à Londres, à l’instar de son autrice, Jewish Cock est le monologue d’une jeune patiente lors d’un rendez-vous avec son gynécologue pour se faire greffer un pénis circoncis. C’est Camille Cottin elle-même qui est venue chercher Jonathan Capdevielle pour mettre en scène et adapter ce roman explosif salué par la critique anglo-saxonne et par ses pairs. Créé au Jeu de Paume à Aix-en-Provence en septembre dernier, Le Rendez-vous ne se contente de mettre en scène un monologue cru et déjanté d’une comédienne qui sait déjà si bien user de son pouvoir comique. Il fait appel au chant, à la musique et à la danse (avec la chorégraphe Marcela Santander) et à un dispositif de transformation de la voix. « L’idée est de construire au plateau une partition où corps chorégraphié et voix entrent en dialogue et rendent compte de cette mue progressive du personnage vers sa nouvelle identité », explique Jonathan Capdevielle dans sa note d’intention. Quand on connaît le travail de ce fidèle collaborateur de Gisèle Vienne, on se dit que cette adaptation devrait être tout sauf politiquement correct ! À vérifier sur pièce au Radiant-Bellevue. GV-P

HÉLÈNE

L’odyssée d’ a dama

FAJAR OU L’ODYSSÉE DE L’HOMME QUI RÊVAIT D’ÊTRE POÈTE

Ils sont nombreux à avoir voulu travailler avec Adama Diop, ce grand comédien qui n’a pourtant qu’une quarantaine d’années. Jean-François Sivadier pour Othello, Tiago Rodrigues pour La Cerisaie, mais aussi Julien Gosselin, Stéphane Braunschweig… Et puis, il avait confié lors d’une précédente interview ce désir d’aller plus loin, de passer à l’écriture… C’est chose faite avec Fajar ou l’odyssée de l’homme qui rêvait d’être poète Fajar (« l’aube » en wolof), c’est une fiction, une véritable création. Mais il l’a nourrie de sa propre vie. Son héros, Malal, quitte son Sénégal natal pour un grand voyage plein de dangers et de rêves vers l’Europe. Si Adama Diop est lui-même d’origine sénégalaise, leur destin diffère, à telle enseigne que l’artiste a dû se rendre sur l’île de Lesbos pour voir de ses propres yeux et surtout entendre les récits terribles des migrants. Ainsi est né Fajar à la fois des réflexions autour de son expérience personnelle de jeune acteur noir débarquant dans Paris la blanche et de l'histoire de Malal. Adama Diop ne fait pas les choses à moitié : il écrit, met en scène, joue (en français et en wolof), chante aussi, car la musique occupe une place essentielle dans ce spectacle. Comme un accomplissement.

23 > 25 JAN.

MC2: Grenoble (38) 04 > 06 FÉV.

Comédie de Saint‑Étienne (42) 13 > 21 FÉV.

TNP Villeurbanne

PAR TRIna MOUnIER
Simon Gosselin ©

OÙ retrouver tous ces spectacles ?

Comédie de Valence (26)

MC2: Grenoble (38)

Comédie de Saint-Étienne (42)

Comédie de Clermont-Ferrand (63)

Espace Malraux

Chambéry (73)

Bonlieu Annecy (74)

À deux pas

THÉÂTRES EN RÉGION

ENTRE CLASSIQUES, ŒUVRES ANCRÉES DANS LE PRÉSENT ET CRÉATIONS, LES SCÈNES DE LA RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES AFFICHENT AUSSI DE BELLES PROGRAMMATIONS. PETIT TOUR D’HORIZON SANS PRÉTENTION.

On a souvent loué, notamment dans ces pages, la richesse de la création théâtrale lyonnaise. Celle-ci est due en grande partie à l’excellence de ses deux (grandes) écoles, l’ENSATT et l’École de la Comédie de Saint-Étienne, ainsi qu’à celle de son conservatoire régional qui fournissent chaque année leur contingent d’artistes jeunes, brillants et impatients. Ce foisonnement ne reste pas cloîtré entre les murs de la capitale des Gaules, mais rayonne, essaime largement alentour. L’envie nous a pris d’aller voir ce qui s’y joue, ce qui s’y trame et, franchement : ça vaut la peine ! Quel angle adopter ? Pas celui de la géographie en tout cas. Quid des classiques, occupent-ils toujours le devant de la scène ? À vrai dire non, à part la Phèdre de Racine qui revient à la Comédie de Saint-Étienne, sous la direction de Anne-Laure Liégeois, et à la MC2: Grenoble sous celle de Matthieu Cruciani. Si ces deux versions interrogent le désir féminin, elles sont pourtant radicalement différentes. Il faudra aussi voir une Bérénice assurément bousculée sous la patte de Romeo Castellucci à la Comédie de Clermont-Ferrand, théâtre où Vincent Dedienne présente Il ne m’est jamais rien arrivé (d’après des écrits de Jean-Luc Lagarce), prélude sans doute à la création qu’il nous promet de Juste la fin du monde en compagnie de Johanny Bert.

Sans vraiment monter des classiques, certains, à l’instar de Pauline Sales, revisitent des personnages de la mythologie, comme Perséphone et Demeter avec Les Deux Déesses, au prisme très contemporain de la sororité. Ou tentent, tel David Geselson avec Néandertal, de remonter le mystère des origines.

Mais les fracas de notre monde envahissent les thématiques de la plupart des créations, même si celles-ci prennent de la distance et de l’humour. C’est le cas de Lieux communs (créé cet été à Avignon) qui permet à Baptiste Amann, sur un fait divers plutôt glauque, de construire un thriller à plusieurs versions, comme une réflexion sur la vérité et les apparences. Dans Autopsie mondiale, Clément Poirée déploie une fiction musicale réjouissante où se rencontrent Britney Spears et Michael Jackson. Troublant. Juliette Navis de son côté propose J.C. et Céline (Dion ?), deux spectacles drôles et insolents posant la question de la perte de sens dans un monde pris de vertige. Des artistes très originaux, mais des questionnements pas si éloignés.

Enfin, rappelons la sortie du dernier volet de la trilogie fantastique que file Marc Lainé depuis plusieurs années : Entre ses mains change tout. Adieu les personnages de Paul et Liliane, focale sur l’artiste énigmatique de En travers de sa gorge. Finies les pièces de théâtre, place au puzzle musical, plastique, chorégraphique, place au mystère… Celui de la jubilation de la création ?

PAR TRIna MOUnIER
AUTOPSIE MONDIALE, CLÉMENT POIRÉE
Fanchon
Bilbille ©

L’envers du décor

13 > 21 FÉV.

Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com

Il était une fois une princesse qui allait se marier. Elle fit appel aux couturières les plus expertes du monde pour lui fabriquer une robe de mariage digne d’elle. Ce ne sont évidemment pas ces débuts de légende que nous raconte Caroline Guiela Nguyen dans LACRIMA, dont le seul titre indique une suite funeste. Mais la vie quotidienne et misérable des artisans de l’industrie du luxe réduits à des tâches répétitives, séparés les uns des autres par des routes et des océans. À sa manière très reconnaissable, la metteuse en scène – qui est la directrice du Théâtre national de Strasbourg (TnS) depuis la rentrée 2023 – compose une pièce chorale en hommage à ces travailleurs et (surtout) travailleuses de l’ombre aux savoirs pointus en passe de disparaître, qu’ils sont (parfois) une petite poignée à maîtriser à la perfection. Mais elle éclaire aussi de manière crue les conditions indécentes dans lesquelles ils travaillent, provoquant maladies du squelette et cécité. Elle jette un regard acéré et sans complaisance sur ce qu’on appelle l’esclavage moderne, dont elle rappelle les fondements historiques et politiques qu’elle peint des couleurs du vécu. Elle réunit sur le plateau les contraires comme le luxe et la misère et dénonce le cynisme des puissants, aveugles aux injustices. C’est tout l’art de Caroline Guiela Nguyen et ça donne à réfléchir.

post scriptum

Pastorale punk

Créée à Versailles lors du Grand Divertissement Royal du 18 juillet 1668 célébrant le traité d’Aixla-Chapelle (signé le 18 juin), la comédie-ballet George Dandin ou le Mari confondu est l’une des pièces les plus cruelles de Molière. C’est sur celle-ci que la Clinic Orgasm Society a jeté son dévolu pour sa première incursion dans le théâtre dit "classique". Sauf que la compagnie belge, qui sévit depuis vingt ans sur les plateaux, est réputée pour son extravagance et sa loufoquerie. Elle s’en empare dans un joyeux salmigondis de danse, de musique et de théâtre. Ce n’est plus Lully le compositeur mais de la musique live. Prix Maeterlinck 2022 du "Meilleur spectacle", George de Molière s’en donne à cœur joie dans l’outrance, l’intrigue de la pièce étant « enchâssée dans une pastorale », avec force accessoires et costumes, facéties et autres pitreries. Molière n’aurait certainement pas renié cette version joyeusement irrévérencieuse de sa pièce la plus sombre et grinçante. Irrésistiblement drôle. GV-P 28 JAN. > 01 FÉV.

Théâtre de la Croix‑Rousse Lyon 4

Mémoire vive

Après L’infâme, qui évoquait la fuite loin d’une mère toxique, Laurent Fréchuret passe de nouveau commande à Simon Grangeat : Vivante parle encore de famille, mais autour de la mémoire. On y retrouve Christine Brotons aux côtés d’une jeune actrice fraîchement sortie de l’école de la Comédie de Saint - Étienne, Lala Raymond. Car Vivante est avant tout histoire de générations. L’histoire d’une grand-mère et de sa petite-fille. La première est dépositaire de souvenirs de sa propre mère, qu’elle garde enfermés au propre comme au figuré. La seconde veut savoir. Les hommes sont incarnés par le trio de musiciens franco-syriens Bab Assalam. Cette histoire est traversée des échos des guerres d’Espagne et d’Algérie, mais aussi par la question des réfugiés d’aujourd’hui. Gageons que Laurent Fréchuret saura faire miracle de cette mosaïque. En primeur à Villefranche. TM 21 FÉV.

Théâtre de Villefranche sur Saône 02 AVR. E.CM. Thizy les Bourgs

PAR TRIna MOUnIER
LACRIMA

Happy Confluences to you !

DEVENU L’UN DES SYMBOLES DE LA VILLE DE LYON, LE MUSÉE DES CONFLUENCES – LE PLUS FRÉQUENTÉ EN FRANCE EN DEHORS DES GRANDS ÉTABLISSEMENTS PARISIENS –FÊTE SES DIX ANS. L’OCCASION DE RENCONTRER HÉLÈNE LAFONT-COUTURIER, SA DIRECTRICE.

Vous dirigez l’un des musées préférés des Français et des touristes étrangers, comment expliquez-vous son succès ?

HÉLÈNE LAFONT-COUTURIER C’est un musée atypique par son histoire et ses collections [3,5 millions d’objets de sciences naturelles, humaines et techniques, NDLR]. Son approche interdisciplinaire et ses scénographies immersives offrent une pluralité de points de vue, ce qui rend les choses plus accessibles. En dix ans, 6,5 millions de visiteurs sont venus admirer nos 45 expositions temporaires. C'est aussi un musée qui se confronte aux sujets d'actualité. À une époque où on a tendance, avec les réseaux sociaux, à mélanger opinion et information, les musées sont des lieux de référence où la parole doit être sûre, pour aider à comprendre le monde dans lequel on vit.

Quelles sont vos ambitions pour l'avenir ?

HL-C Que ce musée convivial et familial, qui attire un public fidèle, continue à grandir. Nous allons renforcer l’offre destinée aux plus jeunes avec l’exposition Trop forts !, dès le 19 février, qui fera découvrir des espèces capables de survivre dans des milieux extrêmes ; et l’ouverture d’un nouvel espace

permanent dédié aux 2-6 ans en juin. En avril, l’exposition Amazonies présentera une autre réalité de la forêt amazonienne, notamment la relation au monde de ses habitants. Puis en juin, Le mystère des anneaux nous offrira une plongée sous les mers, grâce aux photographies de Laurent Ballesta. Avec une équipe de scientifiques, il a découvert au large du cap Corse plus de 1 400 anneaux d’une vingtaine de mètres de diamètre. Cet ensemble unique au monde est formé par des algues calcaires, âgées de 8 000 ans, qui abritent une biodiversité étonnante.

Les donateurs du musée seront aussi à l’honneur…

HL-C Dès l'ouverture du musée, des donateurs sont venus nous confier leurs collections et ça ne s'est pas arrêté. Nous leur devons beaucoup car cela représente près de 70 % de nos collections. Nous allons continuer à leur rendre hommage dans la galerie Émile Guimet, et dans de nouveaux espaces qui valorisent leurs donations, incitant à la curiosité, au rêve et à la poésie. Plus que jamais, le musée des Confluences doit être un lieu de vie pour tous.

ESPACE AUDIOVISUEL ÉTERNITÉS
Musée des Confluences
Joël Laiter ©

FRANCISCO DE ZURBARÁN,

SAINT FRANÇOIS D’ASSISE CONTEMPLANT UN CRÂNE, VERS 1633-1635

En extase

Le Saint François de Francisco de Zurbarán (1590-1664) est l’un des fleurons du musée des Beaux-Arts de Lyon. Retrouvé dans les greniers (parce que les nonnes en avaient peur) du couvent des Colinettes à la Croix-Rousse par l’architecte lyonnais JeanAntoine Morand durant la Révolution, il est acquis par la Ville de Lyon en 1807, en faisant le premier tableau du peintre espagnol à entrer dans des collections françaises. C’est autour de ce splendide portrait de saint François d’Assise mort mais paraissant vivant que s’articule la grande expo de l’hiver du musée sis dans le palais Saint-Pierre, Zurbarán. Réinventer un chef-d’œuvre. Pour la première fois sont réunies dans la même salle les trois versions connues de ce Saint François debout momifié : celles de Lyon, de Boston et de Barcelone. Et d’apprécier toute la virtuosité du peintre qui crée, avec une palette réduite à l’essentiel, une image saisissante de vérité. Elle propose ainsi une

Tiny houses

composition quasi géométrique de la toile, en jouant sur les ombres et lumières L’occasion aussi de découvrir d’autres Saint François (il en aurait peint au moins une cinquantaine pour des couvents ou des particuliers) dont le magnifique Saint François d’Assise en prière prêté par le musée du Prado de Madrid. Ou cet Agneau aux pattes liées venu d’une collection particulière qui accueille le visiteur à l’entrée du parcours. Mais la singularité de cette belle expo, ce sont les ponts qu’elle jette entre l’œuvre elle-même et tous ceux qu’elle a inspirés. Une centaine d’œuvres créées du XVIe au XXIe siècle sont exposées, de l’écrivain Théophile Gautier, auteur du recueil Espana (« Comme il sait lui donner les pâleurs du suaire, / Si bien que l'on dirait des morts ensevelis ! /…) au couturier Balenciaga qui imaginait un incroyable imperméable en 1967. En passant par Eve Malherbe qui revendique la filiation ou Karel Funk, le peintre canadien au trait hyperréaliste. À découvrir.

Archipel souffle les dix bougies du Festival des Cabanes. Photos, maquettes, films des constructions, interviews des concepteurs : l’occasion de revoir – ou de découvrir – une sélection de ces petites constructions éphémères en bois, conçues par de jeunes architectes de toutes nationalités, dont ArKuchi vous a souvent parlé. On se rappelle certaines d’elles, implantées dans le lit d’un ruisseau, sur un pré en pente douce ou accrochées dans un grand arbre. Et surtout la poésie bucolique qui se dégage de leur ingénieuse simplicité et de leur relation avec le paysage environnant. Alors rendez-vous l’été prochain aux abords du lac d’Annecy, pour de nouvelles et singulières découvertes. EG

> 02 MARS
Musée des Beaux Arts de Lyon Lyon 1 mba lyon.fr
> 09 MARS
Archipel Lyon 1 archipel communs.fr
PAR GaLLIa vaLETTE-PILEnKO
Saint Louis Art Museum

DES BÂTIMENTS ET DES HOMMES

COMPAGNON

PAR éMILanD GRIÈS

> 08 FÉV.

Archives municipales de Lyon Lyon 2 archives lyon.fr

La photographie d’architecture est un art et le Lyonnais Gilles Aymard en connaît toutes les ficelles. Architecte de formation, un temps professionnel, il a fait un jour un pas de côté et délaissé le métier pour lui tirer le portrait. Et quels portraits ! Aux Archives municipales de Lyon, avec sa première rétrospective Voir Vivre l'Architecture, il en expose des décennies en grand format (plus de 130 photographies). Tout d’abord les commandes passées par des entreprises, des maîtres d’ouvrages ou des architectes : sous son objectif, les bâtiments tout neufs étincellent sous le soleil ou se dressent dans la nuit, après des heures de traque du cadrage et de l’instant parfait. N’oubliant pas que la construction est affaire d’hommes, il saisit aussi les ouvriers du BTP en pleine action, se rappelant leur fierté à se découvrir magnifiés par son œil lors d’expos organisées sur les chantiers. Ne sortant jamais sans son boitier, il mène parallèlement une quête personnelle, cadrant serré une cage d’escalier, une enfilade de poteaux, un détail, composant des géométries confinant à l’abstraction. Révélant enfin le cycle de vie des édifices, il prend sur le vif celles qui s’y déroulent, puis les stigmates du vieillissement, de l’abandon, jusqu’à la destruction, gravant pour l’éternité la mémoire des bâtiments disparus.

Gilles Aymard ©

editionsdumontblanc.com

APRÈS LA GRIMPE ET UNE FOULTITUDE D’EXPLOITS, CATHERINE DESTIVELLE (LA PREMIÈRE FEMME

LAURÉATE DU PIOLET D’OR CARRIÈRE, 2020)

S’EST ATTAQUÉE AU MONDE DES LIVRES :

ELLE COFONDE ET DIRIGE DEPUIS 2014 LES ÉDITIONS DU MONT-BLANC DÉDIÉES AUX TEXTES

QUI PARLENT D’ALPINISME ET D’ESCALADE.

140 TITRES EN DIX ANS ET QUELQUE 120 AUTEURS

AU CATALOGUE : SACRÉ PARCOURS POUR CETTE

PASSIONNÉE QUI CONSACRE TOUT SON TEMPS

À ÉTOFFER SES CINQ COLLECTIONS (BEAUX LIVRES, JEUNESSE…) ET À DÉNICHER DE NOUVEAUX

AUTEURS. ENTRETIEN.

Comment faites-vous vos choix ?

CATHERINE DESTIVELLE Cela dépend. Parfois, c’est un manuscrit reçu qui me plaît et que je publie. Je vais aussi chercher des livres étrangers à traduire. Et il m’arrive de demander à un auteur d’écrire sur un sujet ou un thème précis. Comme Le 9e Degré qui relate toute l’histoire de l’escalade, commande passée à David Chambre que je connaissais, il était ravi. Un de nos best-sellers ! On vient encore de le rééditer avec les dernières performances de grimpe, de nouvelles photos et une préface signée Seb Bouin, un des meilleurs grimpeurs actuels. […] Je suis ouverte aux sujets, dès lors qu’il y a un peu d’escalade. Je dois rester dans ma niche. Et j’apporte une grande attention à l’histoire ou à l’intrigue. À la qualité d’écriture aussi, bien sûr. À part les manuels techniques, plus pointus, je recherche des récits intemporels, ou qui expliquent une période de l’histoire.

Récits au sommet

Quid de la parité dans un milieu très masculin ?

CD L’air de rien, j’ai publié pas mal de textes écrits par des femmes. Franchement, c’est le hasard ! Je privilégie toujours l’intérêt du texte. Comme celui de mon ancienne éditrice chez Artaud et Denoël, Christine de Colombel, l’une des premières femmes à avoir fait l’Eiger. Ou ce Voyage sans retour de Micheline Rambaud sur la conquête du Cho Oyu en 1959 par douze femmes, de vraies féministes dans leur genre, avec les meilleures alpinistes de l’époque (Loulou Boulaz, Claude Kogan…). Micheline était la cinéaste de l’expédition. Elle raconte cette épopée, comme un carnet de voyage. On s’y voit vraiment ! J’ai rajouté de nombreuses photos pour qu’on se rende compte de l’équipement de l’époque. C’est un récit incroyable.

De quoi êtes-vous la plus fière ?

CD Sans doute tous les beaux livres sur lesquels j’ai beaucoup donné. Comme La saga des inventions qui raconte l’histoire du matériel de montagne et donc de l’alpinisme, bien sûr Le 9e Degré, ou encore Piolets d’or, qui retrace les plus grandes ascensions des derniers trente ans. J’ai dû demander des clichés à des alpinistes du monde entier. Pas facile. Mais les alpinistes sont solidaires entre eux ! Et on vient de publier Les Alpes et les compositeurs. On pense à Wagner, Mahler, Mendelssohn, Liszt… Écrit par un historien belge, on apprend beaucoup sur ces musiciens, contemplatifs ou eux-mêmes alpinistes, que la montagne inspirait…

Perchés !

QUE L’ON RANDONNE À LA COULE DANS SES VERTES VALLÉES OU QU’ON CHERCHE L’EXPLOIT ALPINISTE AU PLUS HAUT, ENTRE ROC ET GLACE, LA MONTAGNE EST UNE TERRE DIFFICULTUEUSE, PÉTRIE D’EFFORTS ET D’EXPÉRIENCES, UN LIEU PRIVILÉGIÉ POUR REPOUSSER LES LIMITES HUMAINES. UN ÉCRIN AUSSI ÉBLOUISSANT QU’HOSTILE. OÙ L’ON FAIT, BON GRÉ MAL GRÉ, SELON LE DEGRÉ DE LA PENTE ET L’ALTITUDE, DE LA MÉTAPHYSIQUE EXPÉRIMENTALE, BRUTE ET ABRUPTE.

PAR MaRCO JéRU

Institution pour tous les amoureux des sommets aux quatre coins du monde, Guérin (Paulsen) fait figure, depuis sa création en 1995, d’Everest de l’édition. Sous leur couverture rouge (la couleur des chaussettes et des pulls des montagnards d’antan), ses livres sont le nec plus ultra des refuges littéraires pour ceux et celles qui inventent de nouvelles façons d’arpenter les chemins escarpés. Arthaud, Glénat et les éditions du Mont-Blanc suivent, quelques bivouacs plus bas, avec des livraisons remarquables. Gages d’aventures humaines extrêmes et intenses, les récits de montagne possèdent leur cordée de classiques : Horace Bénédict de Saussure ( Premières ascensions au Mont-Blanc, 1787), Roger Frison-Roche (Premier de cordée, 1942), Maurice Herzog ( Annapurna , 1951), Gaston Rébuffat (Étoiles et tempêtes, 1954), Lionel Terray (Les Conquérants de l’inutile, 1961) ou René Desmaison (342 heures dans les Grandes Jorasses, 1973). Chefs-d’œuvre auxquels

il convient d’adjoindre Mallory & Irvine : À la recherche des fantômes de l’Everest (Conrad Anker et David Roberts), La Trace de l’Ange (Antoine Chandellier, sur Marco Siffredi) et, au rayon survie, La Mort suspendue (Joe Simpson), Tragédie à l’Everest (Jon Krakauer) ou Prisonnier de l’Annapurna (Lafaille et Heimermann). Sans oublier L’Amateur d’abîmes et Nouvelles d’en haut de Samivel, La Sanction de Trevanian, les récits du génial grimpeur Walter Bonatti (« L'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous. », extrait de L’Affaire du K2) et les ouvrages de Catherine Destivelle. En marge de ces récits d’expéditions proprement alpinistiques, la montagne, étant par nature un endroit propice à la quête spirituelle et à la communication avec l’au-delà, un hot spot où tutoyer les Dieux – lesquels, c’est bien connu, nichent sur l’Olympe –, compte par

ailleurs ses chefs d’œuvre littéraires et philosophiques. « Roman (inachevé) d’aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques », Le Mont Analogue de René Daumal est de ceux-là, à l’instar de La Grande Peur dans la montagne de Charles-Ferdinand Ramuz ou de La Montagne magique de Thomas Mann. Derrière ces monuments bien repérés dans le champ littéraire, il est un diamant glaçant bien caché : Ascension du Suisse Ludwig Hohl. Un roman sec et froid, paru en France chez Attila, et une méditation sur le sens de la vie et le destin maturée quarante ans. Où ce sont dans des conditions extrêmes que se révèlent les personnalités ; où la vanité aveugle la raison, et où les plus solides amitiés volent en éclats. Alors n’oublie pas, petit scarabée sherpa, « quand tu arrives en haut de la montagne, continue de grimper » (proverbe tibétain). Patience et ténacité, nom d’un livre en pente !

PaR-DELÀ LES CIMES

LE MONDE HOSTILE DE LA HAUTE MONTAGNE FASCINE COMME IL FAIT PEUR. DOCUMENTAIRES, FICTIONS, FILMS CATASTROPHE, LES CINÉASTES EN ONT FAIT LEUR TERRAIN DE JEU. ET LA MONTAGNE, BELLE ET DANGEREUSE, N’A JAMAIS QUITTÉ LES ÉCRANS. QUE RACONTENT CES FILMS ?

Déjà dans les années 1920, les films muets d’Arnold Franck, comme La Montagne sacrée (1929) avec une certaine Leni Riefenstahl – devenue tristement célèbre pour ses films de propagande nazie –, emmènent à l’assaut des sommets. Le Bergfilm (littéralement « film de montagne ») devient vite un genre cinématographique à part entière, exaltant le dépassement de soi, narrant la fragilité de l’homme ou documentant les cultures des hauteurs. Une évidence : la montagne est souvent plus forte que l’homme. « Plus on s’efforce de la quitter, plus la montagne nous assomme », constate amèrement l’un des protagonistes du Cercle des neiges de Juan Antonio Bayona, présenté en clôture de la Mostra de Venise en 2023. Il retrace les 71 jours que les survivants du vol 571 ont passés dans les montagnes de la cordillère des Andes en 1972. Cent jours de tournage sur les vrais lieux de l’accident ont été nécessaires pour retracer ce récit survivaliste. L’un des rescapés fait d’ailleurs une apparition dans le film, jouant le rôle de son propre père. Également inspiré d’une histoire vraie (celle de George Mallory et Sandy Irvine qui ne revinrent jamais de l’Everest), Le Sommet des Dieux (2021), le film d'animation de Patrick Imbert adapté du manga de Jirô Taniguchi, raconte le parcours de ces hommes assoiffés de conquêtes impossibles. Cent ans plus tard, l’Everest continue de fasciner. Version buzz avec le film controversé du youtubeur Inoxtag, Kaizen : un an pour gravir l’Everest, décrit par nombre d’alpinistes, dont Marc Batard, comme un exemple de la commercialisation croissante du Toit du monde.

Ce même Marc Batard que l’on retrouve dans le documentaire

L'Everest en partage de Théo Livet (2023), retraçant les cinq ans de préparation intensive pour sa reconquête – au demeurant ratée –du sommet mythique, à soixante-dix ans. Autre immersion bluffante avec Le Dernier Sommet de François Damilano (2024) : une plongée dans le monde de l’himalayisme et de la très haute altitude aux côtés de Sophie Lavaud dans sa quête (réussie) de gravir les 14 sommets de plus de 8 000 m de la planète...

Même sans la défier, la montagne peut se révéler dangereuse et "déclencheuse" de catastrophes. Dans Snow Therapy (2014), le corrosif Ruben Östlund dépeint une famille suédoise profitant de vacances de rêve à la neige. Mais une avalanche va faire exploser ce beau tableau familial lorsque le père, au lieu de protéger les siens, se saisit de son téléphone et fuit lâchement le lieu du drame. Ambiance ! Décor de rêve ou de fiction, la montagne, lumineuse et inspirante, est aussi porteuse d’un discours environnemental. Dans Horizons lointains de Frank Capra (1937), les héros découvrent un monde idyllique au cœur de la mythique et secrète vallée de Shangri-La. La montagne tibétaine symbolise la douceur, l’harmonie et la paix. Le film, tourné en studio, utilise des images d’archives pour montrer les véritables cimes. Pour finir, direction le mont Blanc, avec La Montagne (2022) signé Thomas Salvador. Une fable écologique et métaphysique avec un héros qui abandonne tout pour aller se perdre sur les flancs du plus haut sommet des Alpes. Belle occasion pour les cinéphiles du monde d’en bas de prendre de la hauteur. Laissez-vous tenter !

PAR MaRTIn BaRnIER ET vaLéRIE LEGRaIn-DOUSSaU
SOPHIE LAVAUD : LE DERNIER SOMMET DE FRANÇOIS DAMILANO (2024)
Francois Damilano ©

LE STREET MUSéE DU MOIS

PAR LEnDaSKIn & CO
NARO
LAKRISE
MY STENCIL
BRUSK
BRUSK
DROP & MISTER HOSE
ATELIER MORY
CAP PHI
BRUSK
NARO

Tourte vintage

*Fanny Maugey est "plastissière" invitée aux SUBS

En voilà une tourte totalement red flag comme diraient les jeunes ! Pas faux, mais cher bon ! On rembobine : bienvenue dans les années 1960 avec cette recette qui mise avec insouciance sur le gras, la viande, le gluten et une petite pointe d’alcool. On vous la ressert en mode friendly 2025 ! Aujourd'hui comme hier, on chauffe le four à 180°. Dans une "tôle à tarte", allongez avec précaution une pâte feuilletée, les plus fortiches l’auront pétrie eux-mêmes ! Faites dorer à souhait les champis coupés en lamelles avec l’ail, le sel et le poivre. Roulez les tranches de jambon (ou le potimarron pour la version végé) avant de les dresser en rayons de soleil sur la pâte. Joli ! Jetez en pluie les champignons, puis le fromage râpé. Place à la sauce : portez à ébullition le madère** puis versez la maïzena délayée, un dernier coup de bouillon avant la crème, hors feu, pour la touche onctueuse. Ensuite, tel un Jackson Pollock, on barbouille nos champignons à coups de cuillères de sauce (environ 1/4), le reste pour le nappage final. On recouvre avec la seconde pâte feuilletée, en pinçant bien les bords, aïe ! Lâchez-vous sur les décors au couteau –si, si, vous êtes un artiste –et dorez au jaune d’œuf.

2 PÂTES FEUILLET é ES

**L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération

L’étape la plus sensationnelle étant la création d’une petite cheminée : faites un trou au centre de la tourte et plantez-y du papier sulfurisé sur quelques centimètres. Glow up garanti pour votre modeste plat ! À cuire environ 30 minutes, puis servez aussitôt en arrosant à volonté de sauce au madère bien chaude. Un délice, cette recette de boomer !

200 G DE CH a MPIGNONS 6 TR a NCHES DE J a MBON OU DINDE OU 8 L a MELLES DE POTIM a RRON RÔTIES 65 G D’EMMENT a L OU MORBIER RÂP é 2 GOUSSES D’ a IL 1 J a UNE D’ŒUF S a UCE 15 CL DE CRÈME FR a ÎCHE OU CRÈME DE SOJ a 1/2 TOPETTE DE v IN DE M a DÈRE** (10 CL) 2 CÀC DE M a ÏZEN a D é L a Y é E av EC 2 CÀC D’E a U

Horizontalement

jugeote

1. De cadeaux ?... Alors sans danger vital ! 2. Un septième des péchés capitaux. Un tel ton est somnifère ou tristounet. 3. Les premiers "ingrédients" d’un film qui fit un tabac en 1958 ! 4. Grande ou petite, prend l’eau de toute part. Goupil polaire. 5. Enfanta son Amant. Moyen d’échange au Ghana. 6. Dressent. 7. Arrivée à terme. Torpille, plongeurs méfiez-vous d’elle ! 8. Effectuais un travail d’orfèvre. 9. Pour la presse gratuite sont le nerf de la guerre ! 10. Sommes de courte durée. Contracté mais aussi précieux.

verticalement

A. Partis dans les décors ? B. Savoir la réduire : un art consommé pour les navigateurs du Vendée Globe ! Liaison négative. C. Maghrébine. D. Licence à "délier" les langues… ! Souvent annuelle, entérine les comptes de gestion. Petit paradis des Cyclades. E. Prirent des ris. F. Bien ?, appartiennent peut-être au Gotha. Jette en désordre. G. Ont le contact physique facile ! H. Habitat rudimentaire. L’un des éléments vitaux. I. Célébration épique du fondateur de Rome. Satisfera. J. Une ravissante Élisabeth au destin tragique. Sûrement costaud.

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Fanny Maugey ©

OÙ TROUVER

Annecy Bonlieu. Bourg-en-Bresse Théâtre de Bourg-en-Bresse. Bourgoin-Jallieu Les abattoirs. MBJ (Musée). Maison de Launay. Office de Tourisme. Brignais Briscope. Bron Espace albert Camus. Ciné Les alizés. Ferme du vinatier. Jack Jack. Pôle Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire-et-Cuire Cinéma Le Méliès. Médiathèque B. Pivot. Radiant-Bellevue. TRIBE Hôtel. Chalon-sur-Saône Espace des arts. Chassieu Karavan Théâtre. Chazelles-sur-Lyon Musée du Chapeau. Corbas Le Polaris. Dardilly L’aqueduc. Décines Le Toboggan. Écully écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’épicerie Moderne. Médiathèque. Firminy Site Le Corbusier. Francheville L’Iris. Les Grandes voisines. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Grenoble MC2:. Musée de l’ancien évêché. Irigny Le Sémaphore. La Mulatière aquarium de Lyon. aux Bons Sauvages. Lyon 1 À Chacun sa tasse. À Thou bout d’chant. antoinette. archipel. art Génération. ateliers Terreaux. BistrO d’à côté. Bloom. Boîte à café. Café 203. CaUE Rhône. Chez Grégoire. Cinéma Polycarpe. Clef de voûte. Condition des Soies. Dangerhouse. Delicatessen. Diable!. DRaC. Fromagerie B.O.F. Galerie Ceysson & Bénétière. Galerie Estades. Galerie Françoise Besson. Galerie Mainguy. Galerie Regard Sud. Gd Hôtel des Terreaux. Hello Cutie. Hot Club de Lyon. Hôtel Fort St-Laurent. Hôtel de Paris. Item Galerie. Kraspek Myzik. L’alcove. L’Âne sans queue. La Bourse. La BF15. La Corniche. La Madone. La Menuiserie. Labelalyce. Le Bal des ardents. Le Bleu du Ciel. Le Cloître aC. Le voxx. Léon de Lyon. Leptine. Les arcades. Les artpenteuses. Les Clochards Célestes. Les SUBS. Librairie À Soi.e. Librairie Ouvrir l’œil. Livre en Pente. Luthier Charlemagne. Maison Cobalt. Maison nô. Mangiabuono. Manifesta. Matisse & Cow. Micro-Sillon. Mongi Guibane. naFaS. nuage Café. Ô Tao Bom. Opéra de Lyon. Perko Café. Petit Bleu. Pilo Hôtel. Première Loge. Radio Canut. Rat des villes, Champs. Sans Contrefaçon. SLO Hostel Pentes. SOéM. Sofffa Terreaux. Spacejunk. Tikki Records. Tomé. Un Brin de folie. Unité Centrale. villemanzy. Lyon 2 agnès B. ambiances & Mâtières. archives Municipales. atelier Parfumé. autour de l’Image. Baralo & Coste. Boscolo Hôtel. Boulangerie Saint-Marc. Cave aux curiosités. Chez Camille. Cité de la Gastronomie. CJB. CRaIE CRaIE. Cycles Marchi. David & David Studio. Docks 40. Fondation Bullukian. Galerie Dettinger. Galerie Em’arts. Galerie O. Houg. Galerie JL Mandon. Galerie MI. Galerie nathalie Rives. Galerie SLIKa. Galerie Tatiss. Galerie valérie aymeric. Globe & Cecil. Hôtel 71/Heat. Hôtel L’abbaye d’ainay. Hôtel Carlton. Hôtel des artistes. Hôtel des Célestins. Hôtel-Dieu. Indies. Kazak. Les ateliers. L’Institution. La Cloche. Librairie adrienne. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Librairie L’Œil Cacodylate. Librairie Passages. Marché Gare. Mercure Lyon Beaux-arts. MJC Confluence. Musée des Confluences. Musée de l’Imprimerie. OBBO Design. Omart. Ories Galerie. ninkasi Cordeliers. Sociality Family. Sofitel Bellecour. Solis. Strate Design. Studio COD. Théâtre-Comédie Odéon. TnG-Les ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. UCLY. XS Bar. Lyon 3 auditorium de Lyon. aURa Spectacle vivant. BM Part-Dieu. BO Concept. Café du Rhône. Création Contemporaine. école E. Cohl. F.O.L. Gus & Gas. Hooper. Kartell. Kommet. Les assembleurs. Librairie Le Tramway. Métropole de Lyon. nuance & Lumière. Pieds-Compas. Salle des Rancy. Tandem. velcroc. voltex. Lyon 4 agend’arts. aquarium Ciné Café. aux Trois Cochons. Bistrot fait sa Broc. Bistrot des voraces. Boîte à vape. Bonnesœurs. Boulangerie Jadis. Büfé. Canut & Les Gones. Café Bouillet. Cavavin. Cave Tabareau. Cave valmy. Chez Grégoire. Chez Robert. Chez Simone. Cinéma Saint-Denis. Coop du Zèbre. Diable Rouge. Flow. Fromagerie Galland. InSPé. KLS Lunettes. L’assiette du vin. La Curieuse. La valise d’élise. Le Grain de Folie. Librairie LaBd. Maison des assos. Maison des Canuts. Paddy’s Corner. Paume de Pain. Poussineau Musique. Sibilia. Théâtre Croix-Rousse. Un Grain dans le Grenier. villa Gillet. vivement Dimanche. Lyon 5 acting’s Studio. armada. atelier Marinette. Caillou Café. Collège Hôtel. CRR de Lyon. école de Cirque Ménival. EnSaTT. Espace Gerson. Fourvière Hôtel. Galerie de La Tour. Jaja Cave. L’Œil écoute. Librairie virevolte. LUGDUnUM Musée. La Mi Graine. MJC du vieux-Lyon. MJC Saint-Just. Musées Gadagne. Le Sonic. Phénix Hôtel. Puzzle Café. Têtedoie. Théâtre du Point-du-Jour. Lyon 6 amal Gallery. Galerie Wawi. Institut vendôme. Jobaar. L’astragale. Librairie Derain. Librairie Rameau d’Or. Librairie Tsukimi. Librairie Les Biblios. MaC Lyon. Taggat. velcroc. via Barcetta. Lyon 7 arts en Scène. atelier Chalopin. athénium. Bibliothèque Diderot. Bistrot des Fauves. B.U. Chevreul. Café Botani. CHRD. Cinéma Comœdia. COREP. EaC Lyon. école de Condé. EnS. F Comme Cave. La Case en plus. La Commune. Le 5 du mois. Le Flâneur. Galerie Tator. HO36 Montesquieu. IEP. Kargo Kult. Librairie Comics Zone. Librairie Terres des Livres. Librairie La Madeleine. Librairie La voix aux Chapitres. Librairie Rive Gauche. Livestation DIY. Mama Shelter. Mécanique des Fluides. MIMO. Palmarosa Café. Plasma. Théâtre de L’élysée. Lyon 8 Le Ciel. Institut Lumière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJC Monplaisir. MUTG. Salle Genton. Lyon 9 au Bonheur des Ogres. Cave valmy. Ciné-Duchère. CnSMD. Fondation Renaud. L’attrape-couleurs. Les Mangeurs d’étoiles. Médiathèque de vaise. Musée Jean Couty. TnG. Tomaselli Collection. Mâcon Cave à Musique. Musée des Ursulines. Théâtre de Mâcon. Miribel L’allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Neuville-sur-Saône Médiathèque. Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Théâtre de La Renaissance. Pierre-Bénite Maison du Peuple. Médiathèque E. Triolet. Rillieux-la-Pape CCnR. Ciné-Rillieux. Espace culturel Marcel andré. Médiathèque L’échappée. MJC Ô Totem. Saint-Étienne Cité du Design. Comédie de Saint-Etienne. La Comète. Le Fil. Le MaMC. Musée d’art et d’Industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint-étienne. Saint-Fons Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint-Genis-Laval La Mouche. Médiathèque B612. Saint-Priest Cinéma Le Scénario. Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo argence. Sainte-Foy-lès-Lyon Bibliothèque. Ciné-Mourguet. Tassin-la-Demi-Lune Cinéma Le Lem. L’atrium. Librairie Pleine Lune. Médiathèque. MJC Omega. Vaulx-en-Velin atelier L. de vinci. C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les amphis. EnSaL. EnTPE. Planétarium. Valence Comédie de valence. Vénissieux Bizarre! C.a.P. Madeleine Lambert. Cinéma Gérard-Philipe. Médiathèque Lucie aubrac. Théâtre de vénissieux. Vienne Théâtre de vienne. Villefontaine Le vellein. Villefranche-sur-Saône auditorium. atelier Corlin. atelier valentina. Ciné Les 400 Coups. Conservatoire. Cours H. Le 116art. Librairie des Marais. Médiathèque P. Mendès France. Musée Paul Dini. Office du Tourisme. Premier acte. Quai 154. Sunfish. Théâtre de villefranche. Théâtre Pêle Mêle. Villeurbanne Campus de la Doua. CCO. CCva. Ciné Le Zola. Galerie Domus. EnMDaD. EnSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. F.T. Scènes & Images. IaC. La MLIS. Le Rize. Librairie Carbone. Pôle Pixel. Théâtre astrée. Théâtre de l’Iris. TnP. Transbordeur. URDLa... Mais aussi dans vos mairies, bibliothèques municipales, écoles & facs, MJCs, hôtels...

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