La performeuse Marina Otero, entourée de quatre drôles de dames et de Nijinski himself, se livre sans fard dans le (très) narcissique Kill me. Entre danse, textes et vidéos, elle expose leurs histoires, leur folie et leur besoin d’être aimé. Fort. Merci les Célestins.
A chaud
KALÉÏDOSCOPE Revoilà le Ballet de Marseille & (LA)HORDE avec Roommates qui présente six pièces courtes aux écritures éclectiques. Brumachon, Childs, Peeping Tom, Bengolea/Chaignaud et même un extrait de Room with a view : en voilà une compilation qui a du chien !
15 > 18 AVR. Maison de la danse
JAZZ ADDICT Avec son quintet d’excellence, le jazzman Kyle Eastwood revisite quelques BO de l’impressionnante filmographie de son père. Une date exceptionnelle du Rhino Jazz(s) avec Jazz à Vienne, à réserver au plus vite.
24 AVR. La Verrière des Cordeliers Sainte Colombe
CASTING DE RÊVE Après Vers le spectre et l’autisme, le jeune Maurin Ollès signe l’adaptation d’un roman d’Alain Guiraudie (Rabalaïre) et donne la réplique à Pierre Maillet. Quand une histoire d’amour vire au polar fantasmatique…
06 > 17 MAI Théâtre des Célestins
PASSION GAINSBARRE La Comédie-Française – enfin cinq gars et une fille, tous chanteurs et comédiens –chante Gainsbourg ! Les Serge (..) est un stand-up joyeux avec 17 titres phare (Comme un Boomerang, La Javanaise, Les Sucettes…) pour « parcourir la Gainsbourie ». Chouette idée.
17 MAI Théâtre Théo Argence Saint Priest
21 > 31 MAI Théâtre des Célestins
ÇA DÉPOUSSIÈRE On peut compter sur Marie Dilasser pour mettre les contes à l’envers et parler aux enfants d’aujourd’hui. Ambiance pop pour ce Peau d’âne - La fête est finie insolent et déjanté, signé Hélène Soulié.
24 > 25 MAI TNG Vaise PAR
Brechtfor ever
Au TNP, Julie Duclos reprenait certains tableaux de Grand-peur et misère du III e Reich. Courts récits de la vie quotidienne où le racisme gangrène tout, dans le couple comme au travail ou à la ferme. Une pièce au scalpel qui donne à penser...
dans
les oreilles
Killer → The Raveonettes Mieno Iro → TEKE::TEKE catch these fists → Wet Leg
ESCAPADE
Paris, les enfants, les artistes, les années Vogue, les bistrots… Et 350 photos pour (re)voir le monde selon Doisneau. Iconique. L’expo Robert Doisneau. Instants Donnés démarre le 17 avril. > 12 OCT.
Coup de cœur pour L’Attachement de Céline Tardieu. Ce film sobre et délicat sur la complexité des sentiments narre le quotidien d’un jeune veuf dépassé (Alex) avec ses deux enfants, aidé par sa voisine célibataire (Sandra). Tout en pudeur et fragilité, Valeria Bruni Tedeschi et Pio Marmaï sont épatants.
En salle depuis le 19 février
À HAUTEUR
D’HOMME
Merci les Écrans du Doc pour Ernest Cole , photographe, documentaire poignant signé Raoul Peck (Œil d’or à Cannes 2024). Le SudAfricain fut le premier à montrer les atrocités de l’apartheid, avant de devoir fuir aux USA. Un film aussi sur la douleur de l’exil.
Bienvenue dans les nuits fauves
Le nouveau JC Grangé Sans soleil (800 pages en deux tomes, Albin Michel, jan. 25) est des plus addictifs. Une plongée hallucinée dans les années 1980 et le début du sida (le "cancer gay").
Tandis qu’un assassin découpe à la machette des malades du sida, un flic stylé, un médecin et une lycéenne mènent l’enquête…
On se rabiboche avec Grangé et on dévore !
La dream pop mystérieuse de Beach House continue d’enflammer les foules. Archi-complet au Radiant.
ELLE EST UNE FIGURE MAJEURE DE LA DANSE CONTEMPORAINE FRANÇAISE. ET MÊME AU-DELÀ ! LE THÉÂTRE DES CÉLESTINS PROPOSE EN MAI DE PLONGER DANS L’ŒUVRE DE MAGUY MARIN, AVEC UN FOCUS POÉTIQUEMENT BAPTISÉ PAYSAGES.
PAR GAlliA vAlETTE-PilENKO
IMAY B 13 > 17 MAI SINGSPIELE 20 > 28 MAI
Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com
nfatigable tête chercheuse, Maguy Marin arpente les scènes avec son regard acéré et un point de vue unique sur ses semblables dès les années 1980. Installée dans l’agglomération lyonnaise depuis 1998 – avec la création du CCN de Rillieux-la-Pape puis son installation à RAMDAM, un centre d’art –, elle a enchaîné les créations les plus dérangeantes et étonnantes qui soient. De Umwelt devenu culte à Salves qui puise dans la philosophie, en passant par le survolté BIT et tout récemment DEUX MILLE VINGT TROIS, l’une des trois œuvres que le Théâtre des Célestins a choisi de présenter. Profondément radicale et perturbante, elle s’attaque de front au capitalisme et à la domination de l’argent, sans filtre, tout en infusant une certaine poésie du chaos. Dénuée de danse, à part la farandole qui ouvre la pièce, elle s’affirme comme un manifeste de la chorégraphe. À l’instar de May B, le tube de la compagnie, également programmé en mai prochain, qui distille son univers beckettien sans avoir pris une ride malgré son “grand âge” et ses 846 représentations. Cette pièce lui a permis de garder son indépendance et de poursuivre son chemin jusqu’à aujourd’hui. Une œuvre qu’elle transmet depuis
quarante ans, inlassablement, et qui posait déjà les jalons de son univers. Maguy Marin ne se repose jamais sur ses lauriers et son savoir-faire, elle remet chaque fois son ouvrage sur l’établi. Même quand elle reprend Singspiele, ce solo de 2014 écrit à quatre mains avec son fils David Mambouch, comédien et metteur en scène, ou Les applaudissements ne se mangent pas, opus créé en 2002 pour la Biennale de la danse consacrée à l’Amérique latine, qu’on pourra (re)découvrir la saison prochaine à la Maison de la danse.
Quand on lui demande quel est son sentiment d'être à l'affiche, Maguy Marin répond qu’elle n’a « jamais opéré de division entre les arts depuis ses débuts » et qu’elle se « sent bien dans un endroit comme celui-là », y voyant « un signe d’ouverture ». Une ouverture en résonance avec « l’attention qu’elle porte aux êtres, leur diversité, leurs élans », selon les mots du directeur du théâtre rouge et or, Pierre-Yves Lenoir, pour décrire son travail et « une écriture chorégraphique éminemment théâtrale ». On ne saurait mieux dire…
Herve
À corps perdus
PAR TriNA MOUNiEr
DEPUIS QUATORZE ANS, LE FESTIVAL UTOPISTES CÉLÈBRE LE CIRQUE CONTEMPORAIN AVEC DES SPECTACLES SINGULIERS ET ENGAGÉS QUI QUESTIONNENT NOTRE HUMANITÉ. SOUS CHAPITEAU
OU EN SALLE, VINGT-SEPT FORMATS ARTISTIQUES SONT À DÉCOUVRIR DANS CETTE SEPTIÈME ÉDITION, QUI FAIT LA PART BELLE À LA JEUNE CRÉATION.
ENTRETIEN SUR LE POUCE AVEC MATHILDE FAVIER, QUI PROGRAMME AVEC MATHURIN BOLZE.
Que pouvez-vous dire de cette édition 2025 ?
MATHILDE FAVIER Ce festival a pour mission d’aider à la création et de porter le cirque dans tous les lieux pluridisciplinaires, de trouver les artistes en adéquation avec les publics de chaque territoire. Ce qu’il y a de singulier dans cette édition, c’est la volonté de montrer l’ensemble de la filière depuis la pratique amateur jusqu’à la création artistique elle-même et de mettre l’accent sur l’émergence, notamment au parc de Parilly, sous chapiteau. Pour nous, c’est une année charnière. Les utoPistes donnent de la visibilité à l’activité de la future Cité internationale des arts du cirque qui se déploie sur toute l’année. On est très sollicité par des salles qui sont en demande ; on a ainsi augmenté de 50 % notre jauge totale.
Quels spectacles recommanderiez-vous ?
MF On encourage les gens à venir à Parilly ! C’est là que seront les artistes de demain. Ainsi le 7 juin, le Plateau émergent montrera les premiers solos de jeunes circassiens, notamment Louise Hardouin
et Emmanuel Ritoux, en co-plateau avec trois jeunes Mexicains… À retenir aussi les deux propositions du Centre national des arts du cirque, dont l’énergisante et dystopique Brûler d’envies (20 et 21/6) ou les Échappées 2025 (14 et 15/6) avec 14 étudiants de la 37e promotion du CNAC qui se dévoilent avec des travaux personnels d’école (roue Cyr, acro-danse, corde lisse, etc.). On est très fier d’accueillir Cloche, la création de Rémi Luchez. Il sera accompagné par trois musiciens de pop-folk. Acrobate et jongleur, c’est un artiste assez confidentiel mais très talentueux, doux et espiègle, avec de la magie. Enfin Mathurin Bolze présentera sa dernière création, Immaqaa, ici peut-être (lire ci-contre). Il ne crée pas tous les ans, c’est donc une occasion à ne pas laisser passer…
UTOPISTES
22 MAI > 21 JUIN 16 lieux Lyon & Métropole utopistes ciac.fr
creuser dans les disciplines, les formes, les gestes, les esthétiques
Épopée humaine
PAR ANNE HUGUET
16 > 19 AVR.
Bonlieu
Annecy (74)
21 > 22 MAI
Espace des Arts
Chalon sur Saône (71)
03 > 06 JUIN
Maison de la danse Lyon 8
Mathurin Bolze est de retour avec sa dernière création au titre énigmatique, Immaqaa, ici peut-être. Une pièce grand format de 1h20, quelque peu abstraite, qui nous entraîne du côté du Grand Nord. Ce qui emporte illico ? La bandeson collectée au Groenland, lors d’un voyage avec le compositeur explorateur Philippe Le Goff : le grincement du vent dans les gréements, le crissement des pas dans la neige gelée, les hurlements de la tempête, le bruissement de la vie avec ses voix et ses cris d’animaux, téléportent dans un ailleurs sauvage… Il y a ensuite cette humanité en prise avec un monde instable et ce sol mouvant. Le dispositif scénique, tel un iceberg un peu menaçant ou une vague géante prête à déferler, est impressionnant avec ses 5,5 m de hauteur, son sol glissant et ses chausse-trappes qu’on devine. Huit acrobates s’y collettent et c’est parti pour force courses, plongeons, glissades, sauts, chutes, acrobaties, contorsions… Le duo au trampoline est bluffant de beauté et de poésie, là ce drôle de mât chinois surprend, il y a aussi ce bras articulé avec sa trapéziste suspendue. On se demande parfois où l’on va. Mais la poésie prégnante, la beauté des images projetées, la puissance des sons ouvrent la porte sur l’imaginaire, à chacun ensuite de lui donner un sens.
PAR ANNE HUGUET, TriNA MOUNiEr, GAlliA vAlETTE-PilENKO
l’art de la chute
À tout rompre. Le cou par exemple ? Peut-être, car il est beaucoup question dans ce spectacle de voltige, de sauts et de vertige. À toute allure ? C’est sûr, les quatre artistes du WAS groupe n’ont pas froid aux yeux : Alice Vannier et Sacha Ribeiro ont fondé la compagnie de théâtre Courir à la catastrophe. Vincent Brière est un surdoué, formé à l’acrobatie, au jonglage ou au mât chinois. Il travaille, depuis 2011, en duo de main à main avec Voleak Ung, voltigeuse venue du Cambodge. En fait, rompre, c’est aussi se casser, une crainte avec laquelle vivent les circassiens. Ici, ils explorent ce que “rompre” évoque : collisions, accidents, mais aussi séparations. Ils parlent de leurs fragilités avec sensibilité et sans faux-semblant, ni beaucoup de paroles. Cerise sur le gâteau, ils sont drôles et se jouent de la pesanteur par un pied de nez. TM
23 > 24 MAI Théâtre de la Croix Rousse
27 MAI La Mouche Saint Genis Laval
Nature profonde
La compagnie Libertivore n’est encore jamais venue aux utoPistes, alors qu’elle sévit sur les scènes depuis vingt ans. Aussi n’est-ce que justice que Fanny Soriano soit enfin invitée pour cette 7e édition ! D’autant que Phasmes (du nom de l’insecte qui imite les éléments végétaux) est la pièce qui lui a permis de se faire un nom sur la scène internationale. Créé en 2017, ce duo tout-terrain magnétique sur l’animalité et le rapport à la nature prend aux tripes grâce à la présence de ses deux interprètes, Voleak Ung et Vincent Brière, impressionnants partenaires de main à main – à retrouver aussi dans À tout rompre. À partir d’une scénographie réduite à l’essentiel – un tapis de feuilles mortes –, les deux complices développent un univers singulier, à mi-chemin entre danse et acrobatie, entre végétal et animal, qui emporte tout sur son passage. Prise de risque, violence et grâce se mêlent et fusionnent, déployant des images poétiques et sensibles qui jaillissent comme autant de fleurs sur un buisson de ronces. GV-P
05 > 08 JUIN TNP Villeurbanne
Dans le tourbillon
Dans les belles promesses de ces utoPistes 2025, on coche la nouvelle création de Juan Ignacio Tula. Sortir par la porte, une tentative d’évasion est une autofiction annoncée qui évoque une histoire réelle, la sienne et son enfermement injuste de 16 à 18 ans dans un centre de désintoxication, à Buenos Aires. La roue Cyr est au centre de son travail exigeant inspiré des derviches tourneurs. « Le choix de cet agrès raconte quelque chose de mon vécu », écrit-il dans sa présentation. Déjà avec Instante, beau et hypnotique jusqu’au frisson, il poussait son corps loin dans la douleur et la transe, tournant pendant vingt-cinq minutes coincé dans ce cerceau métallique d’une quinzaine de kilos et de trois mètres de diamètre. Cette fois-ci, il entend entraîner le spectateur à être au plus proche de ce qu’il ressent quand il tourne, avec une pièce polyphonique qui mélange roue Cyr, texte et vidéo (grâce à des caméras embarquées). Pour faire ressentir la contrainte de la force centrifuge ? De quoi donner le tournis… Création très attendue. AH 23 > 24 MAI Les SUBS Lyon 1
Un air de famille
CHALLAH LA DANSE EST LE PREMIER ROMAN DE
DALYA DAOUD.
D’UNE PLUME ALERTE ET TENDRE, L’EX-JOURNALISTE LYONNAISE
DONNE VIE À DES PERSONNAGES ATTACHANTS, ISSUS DE FAMILLES
IMMIGRÉES INSTALLÉES DANS UN LOTISSEMENT OUVRIER PRÈS DE LYON. ELLE EST L’UNE DES INVITÉS, EN MAI, DU FESTIVAL
LITTÉRATURE LIVE DE LA VILLA GILLET.
PAR BlANDiNE DAUvilAirE
Que souhaitiez-vous raconter en écrivant ce livre ?
DALYA DAOUD Je voulais parler d’une histoire d’amitié entre adolescents, qui se termine mal. Ces ados s’ennuient dans leur lotissement ouvrier. Ils créent des liens dans un village dont il est difficile de partir, car il y a peu de moyens de transport. Je me suis aussi intéressée à leurs familles, dont la plupart ont des trajectoires d’immigrés assez classiques en France. C’est une fresque qui s’étend sur vingt années.
Cette histoire universelle s’ancre-t-elle dans un territoire personnel ?
mots en arabe soient intégrés totalement à la narration. Qu’on les comprenne ou pas, peu importe, c’est générationnel.
Au Littérature Live, vous allez débattre avec Blandine Rinkel du thème de Écrire la famille : entre héritages et affranchissement. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
LITTÉRATURE
LIVE 2025
19 > 25 MAI
villagillet.net
Écrire la famille : entre héritages et affranchissement
23 MAI • 18H LES SUBS
DD Je me suis inspirée de choses que j’ai pu vivre ou voir. Les questions que se pose le jeune Bassou sur la place qui est la sienne, dans ce village de la banlieue lyonnaise ou dans sa famille, ont pu me traverser. J’ai mélangé cela avec des personnages de romans ou de films que j’ai adorés. C’est une vraie fiction. On m’a beaucoup dit que le roman parlait du vivre ensemble, or il n’y a aucune intention de cet ordre-là de ma part. En revanche, j’ai beaucoup retravaillé le texte afin d’injecter de l’humour. Il y a du burlesque dans pas mal des personnages et de situations, ce qui permet de parler de choses dramatiques et du racisme qui traverse certaines relations.
Le texte joue avec les assonances, les allitérations, il est ponctué de mots en arabe, tout cela crée une vraie musicalité…
DD C’était important pour moi qu’il y ait un enrichissement d’une langue très littéraire, que les
DD Je crois que c’est quelque chose qu’on a tous traversé, de manière heureuse ou malheureuse. C’est un territoire littéraire immense, qui a été exploré mille fois et qui l’est encore de plein de manières. L’écriture de Blandine Rinkel et la mienne sont très différentes, je suis heureuse que le festival nous réunisse pour parler de ce thème. Dans mon livre, les personnages vivent dans la périphérie de la périphérie, ils ont l’impression que la vie se passe ailleurs que chez eux et sont tous concernés par cette envie d’émancipation. À travers des anecdotes, j’aborde le sujet de la mainmise que les familles exercent sur certaines filles du lotissement. Bien sûr, les comportements sont différents d’une famille à l’autre, mais tout le monde cherche à s’échapper de ça.
Dans le cadre du festival, vous allez rencontrer plusieurs classes de lycéens…
DD C’est une grande joie car c’est à eux que je pensais en écrivant ce roman. J’espérais qu’ils se reconnaîtraient dans ce désir permanent d’inventer une langue qui est totalement codifiée, et qui permet de ne pas être compris des adultes. Je trouve fascinant que les ados
J’aurais aimé lire ce livre à l’adolescence
fassent ça en permanence, ce sont des poètes géniaux. Je crois que j’aurais aimé lire ce livre à l’adolescence, parce qu’il parle du monde dans lequel on vit, des personnes qui viennent de partout. Ces questions m’intéressaient déjà quand j’étais jeune.
Pensez-vous que la littérature puisse resserrer les liens familiaux ?
DD Je ne prête pas ce pouvoir-là du tout à la littérature. En revanche, que ce qui est écrit par un écrivain fasse débat au sein d’une famille, ça c’est très intéressant.
Foisonnante et engagée, la programmation de Littérature Live réunit 50 auteurs internationaux. Parmi les temps forts, le festival propose des Idées pour retarder la fin du monde, grâce à la lecture de textes d’Ailton Krenak par la comédienne Janaína Suaudeau ; une conversation entre Eliane Brum, Pedro Cesarino et Alessandro Pignocchi sur le thème de l’Amazonie ; des dialogues consacrés aux Afrodescendance et récits contemporains avec Anne-Sophie Stefanini et Gladys Marivat, ou encore Hemley Boum et Chigozie Obioma. Quant à Bora Chung, qui mêle humour noir et critique sociale dans ses récits, elle s’intéresse à Ce qui nous hante. Sans oublier
Jean-Baptiste Del Amo et Guadalupe Nettel, qui font le choix de l’étrange pour interroger les blessures et les contradictions de l’époque. BD
En 2025, Nuits Sonores se réinstalle dans une nouvelle configuration aux Grandes Locos pour ses Days (16h à minuit) et réinvestit la Sucrière pour le clubbing de ses Nuits (22h à 05h). On kiffe plus que jamais les grandes halles de La Mulatière à l’ambiance post-indus, carrément dans l’esprit de ce genre de raout ! Au final, sept scènes aux esthétiques bien tranchées attendent les festivaliers : de quoi satisfaire les zélateurs de toutes obédiences ! L’affiche est pléthorique, avec
Menu oversize
plus de 150 artistes attendus : vieille garde et grosses pointures (Jeff Mills, le pionnier de la techno de Detroit, pour ne citer que lui) versus jeune génération et découvertes du monde entier. Petit zapping totalement subjectif dans ce menu oversize ! On aurait adoré revoir Massive Attack (ils ont depuis annulé !), mais pas grave, on coche dans le désordre le Gallois Luke Vibert pour ses ambiances hallucinatoires un peu freak, la techno classe d’Ellen Allien en b2b avec la Brésilienne de l’underground BADSISTA et sa ghetto house, la trance tribale toujours captivante de Juno Reactor, les sons qui tabassent du pape de la hardcore
Manu Le Malin, le monde merveilleux d’Irène Drésel qui aime faire danser avec des BPM langoureux. Toujours pas sommeil ? On continue avec l’univers sans concession de KOMPROMAT jamais là où on l’attend, les bouillonnants Nubiyan Twist qui réinventent le broken beat et la néo-soul, le reggaeton subversif de la Colombienne Rosa Pistola, l’ovni intello John Maus féru d’expérimental, de baroque et de synthpop, le post funk débridé de Tshegue, la gabber ultra-violente des Japonais de Violent Magic Orchestra, ou encore l’électro minimale élégante de Chloé. Alors, on fait quoi à l’Ascension ?
grand chelem
Vingt ans déjà pour le Kraspek Myzik qui en profite, entre mars et avril, pour organiser une petite fiesta de 20 concerts avec 37 groupes, « comme une sorte de Plug & Play en format XXL », lâche Inès Bourgeois, l’une des deux programmatrices du lieu, depuis le départ de Franck Guscioni en juin dernier. « Un savant mélange entre passé, présent et futur, des artistes reviennent après de nombreuses années comme Buridane, lauréate de notre tremplin il y a 17 ans ! » D’autres, habitués du petit club de la montée Saint-Sébastien (Suissa, 111, Cabaret Genèse), sont annoncés. Tandis que quelques nouvelles têtes (Patchouli FM, Dear Pola) débarquent et que le hip hop s’invite dans les esthétiques défendues, avec toujours le mot “émergence” comme fil directeur. La songwriter lyonnaise Wendy Martinez (19/4) et le rock stoner de Barn Hooker (29/4) sont bien sûr de la party ! AH > 26 AVR. Kraspek Myzik Lyon 1
lE SUD EN Pl AN l ArGE
Voici des œuvres primées à la Mostra de Venise, au festival de Tribeca de New York ou encore au TIFF de Toronto, mais leur notoriété reste confidentielle. C’est pour pallier ce manque que le festival Cinémas du Sud s’évertue, depuis vingt-cinq ans, à montrer la prolifique création du Maghreb et du Proche-Orient. Cette année, avec pour marraine la réalisatrice-productrice égyptienne Marianne Khoury, neuf longs métrages sont présentés, dont trois en avant-première : L’Effacement de l’Algérien Karim Moussaoui, Chroniques d’Haïfa du Palestinien Scandar Copti et Les Enfants rouges du Tunisien Lotfi Achour. Les questionnements qui traversent le monde arabe contemporain alimentent une production riche et diverse : des hommes au cœur de la guerre en Syrie dans le documentaire My Memory Is Full of Ghosts de Anas Zawahri, les défis d’une mère célibataire dans un Liban « qui prend l’eau » (Arzé de Mira Shaib), ou encore Hajjan, le récit puissant, en plein désert saoudien, du lien entre les humains et les chameaux par Abu Bakr Shawky. Le Sud est vaste ! EB 23 > 26 AVR. Institut Lumière Lyon 8
PAR ANNE HUGUET
NUITS SONORES
28 MAI > 01 JUIN nuit sonores.com
BADSISTA
la fille aux bombes
VIRGINIE AKA VINIE GRAFFE DEPUIS SON ADOLESCENCE OCCITANE. SA SIGNATURE ?
SON PERSONNAGE FÉTICHE DE PIN-UP POP À L’AFRO FLAMBOYANT. SA BEAUTÉ COOL
DIFFUSE DE LILLE À PAPEETE EN PASSANT PAR LISBONNE. EN MAI, LA SEULE STREET
ARTISTE FÉMININE DU FESTIVAL SECRET SPOT À BOURGOIN-JALLIEU, C’EST ELLE !
viniegraffiti.com @vinigraffiti
SOUVIENS-TOI,
TON PREMIER MUR ?
TOULOUSE, AVEC LE AH CREW. DÉCOUVRIR UNE TECHNIQUE ET UN NOUVEAU SUPPORT AVEC DES COPAINS… QUI LE SONT TOUJOURS D’AILLEURS !
PLUTÔT CREW OU SOLO ?
CREW POUR LA RIGOLADE ; SOLO POUR LA PERFORMANCE.
LA PEINTURE DANS LAQUELLE TU AIMERAIS VIVRE ?
UNE AQUARELLE DE ZAO WOU-KI POUR LA LUMIÈRE, LA POÉSIE, LE CALME ET LA FORCE.
TOULOUSE OU PARIS ?
TOULOUSE DE CŒUR, MAIS PARIS
JE T’AIME AUSSI…
SI TU ÉTAIS UNE COULEUR ? LE BLEU.
LES ARTISTES QUI T’INSPIRENT
MICHEL-ANGE (PETITE). MISS VAN (ADO). SINON, BEAUCOUP D’ARTISTES D’AMÉRIQUE LATINE POUR LEURS COULEURS. ET CEUX DU QUOTIDIEN : LES ENFANTS.
FESTIVAL
SECRET SPOT : CULTURES URBAINES
08 > 10 MAI
Magasins généraux
6 rte de Saint Jean de Bournay
Bourgoin Jallieu (38) pff‑secretspot.fr
FINIS LA PHRASE : QUAND TU GRAFFES, TU… ?
… PARTAGES, TU TE DÉPASSES, TU FLIPPES (PARFOIS),
MAIS TU KIFFES (TOUJOURS).
DÉCRIS TON PERSONNAGE EN QUELQUES MOTS… FÉMININ. IMAGINAIRE. AFRO. POÉSIE.
TON PLUS BEAU SOUVENIR DE STREET ART ?
NEW YORK EN 2021. UN DÉFI ÉNORME, MAIS UN RÊVE DE PEINDRE LÀ-BAS… ON NE RÉALISE PAS SES RÊVES TOUS LES JOURS !
Eva Nielsen est l’une des quatre artistes nominées cette année pour le prestigieux prix Marcel-Duchamp. Ça tombe bien, les Lyonnais peuvent découvrir son travail actuellement à la Fondation Bullukian. Et il mérite franchement le détour, tant l’artiste parisienne s’est approprié l’espace et y déploie son univers où le réel se décompose pour laisser affleurer la poésie. Fruit d’une résidence conjointe Fondation Bullukian et Abbaye royale de Fontevraud, Alluvion saisit le visiteur avant même qu’il ait franchi la porte de l’exposition. Des filtres photographiques recouvrent toutes les vitres du lieu, lui donnant déjà un aspect troublant. À l’instar des images tendues à l’intérieur sur des structures en métal qui construisent une architecture. Parce que le travail de Eva Nielsen s’articule en un subtil aller et retour entre le paysage et la photo souvenir, entre photographie et peinture. Entrelaçant passé et présent, dehors et dedans – dans les images qu’elle accumule et fait vieillir, avec les filtres qu’elle garde d’un projet à l’autre –, elle procède par sédimentation et par accumulation pour obtenir des œuvres changeantes en fonction de l’angle du regard. Entre architecture fantasmée et reconfiguration du réel, ses toiles convoquent l’imagination et offrent de plonger dans un monde onirique et mystérieux.
PAR
GAlliA
vAlETTE
PilENKO
Décors intimes
Pour célébrer le printemps à sa façon, la fondation Renaud propose une exposition autour du paysage. Paysage au sens propre évidemment mais aussi paysage intérieur, vision d’artiste et observation de son évolution au fil du temps. Découpée en trois parties, l’expo Horizons sensibles se décline autour de 70 peintures, sculptures, photos, installation s’étirant de la fin du XIXe siècle à aujourd’hui. Se télescopent ainsi les œuvres de François-Auguste Ravier, peintre lyonnais du XIXe, et celles de Clémentine Chalançon, jeune artiste
installée à Lyon dont le public a pu découvrir le travail récemment au musée Paul Dini. Tout comme le pastel Chemin dans les collines de Adrien Bas fusionne avec une photographie de la série Écho de François Deladerrière. Des correspondances troublantes s’établissent. C'est le cas pour cette grande et très surprenante toile de Pierre Combet-Descombes, Rivage enchanteur, qui dialogue de façon parfaite avec les images intrigantes de Guenaëlle de Carbonnières – elle a été en résidence à la Fondation en 2022. Et, pour
la première fois, la fondation Renaud a sollicité l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne pour le prêt d’une œuvre sonore, Pacheû, croquis sonores, installation présentée en 2023, à l’IAC justement, lors de l’exposition Fond d’air consacrée à l’artiste Camille Llobet. Un paysage intérieur fantasmagorique, celui de la montagne qui chuchote et raconte son histoire. « On ne perçoit pas un paysage, on l’imagine », écrivait Gaston Bachelard, l’aphorisme correspond parfaitement à l’esprit de cette expo.
L’être humain passe un tiers de sa vie à dormir, et 20 % de sa nuit à rêver. Pas étonnant que le musée des Confluences ait eu envie de se pencher sur le sujet pour l’une de ses grandes expos de la saison. D’autant que c’est Michel Jouvet, un chercheur lyonnais, qui a identifié en 1959 la phase dite de sommeil paradoxal (la plus propice au rêve, mais pas la seule contrairement aux idées reçues). La machine qui lui a servi dans ses recherches fait partie des quelque 150 objets réunis pour l’occasion. Il n’est pas si évident de monter une exposition sur le rêve, à la matière insaisissable par définition et d’arriver à rendre compte de ce phénomène qui fascine depuis l’aube de l’humanité. C’est pourtant le pari réussi de l’expo Le Temps d’un rêve. Soit 1000 m² divisés en sept sections pour arpenter le rêve sous toutes ses formes. Le parcours se présente comme une sorte de labyrinthe dans lequel le public peut se perdre ou s’alanguir sur l’un des nombreux canapés installés un peu partout. De Heidi la petite pieuvre (Octopus Dreaming) qui accueille le visiteur à l’IA capable de rendre en images les mots de vos rêves prononcés en appuyant sur un bouton, on passe de l’Antiquité et ses temples à rêver à l’installation de Hans Op de Beeck (qui avait fait sensation lors de la 16e Biennale d’art contemporain) en apprenant toutes sortes de choses. On navigue entre les civilisations et les époques, les sciences et les arts, les objets et les documents sonores, vidéo et papier. En sortant, on croit même avoir saisi un peu de cet intangible et toujours aussi mystérieux phénomène, dont la science cherche encore à comprendre exactement la fonction. Tout simplement passionnant !
> 24 AOÛT
Musée des Confluences Lyon 2 museedesconfluences.fr
Musée d’art contemporain de Lyon Lyon 6 mac‑lyon.com
Àl’heure où l’intelligence artificielle nous est servie à toutes les sauces, le musée d’art contemporain de Lyon propose deux expositions dédiées aux nouvelles technologies, pour comprendre d’où l’on vient et où l’on va. Intitulée Univers programmé, la première fait dialoguer des œuvres de la collection du musée, avec de nouvelles créations. Sur deux niveaux, le parcours retrace trente ans d’une histoire parfois cocasse, souvent aventureuse, entre les artistes et la technologie. L’occasion de croiser le travail de Mathieu Briand, Brodbeck & de Barbuat, Mona Cara, Adrien M & Claire B… Plus accessible et d’une grande beauté plastique, l’exposition Échos du passé, promesses du futur donne à voir différentes versions de la nature sublimée par le numérique. « Dans cette exposition sensorielle, quinze artistes utilisent les nouvelles technologies pour parler de notre lien à la nature , résume Marilou Laneuville, commissaire de ce parcours. Certaines œuvres font revivre une nature disparue ou en danger critique d’extinction, d’autres s’inspirent du comportement de certaines espèces, ou font
BIANCA SHONEE ARROYO-KREIMES, THE POND (DÉTAIL), 2023 EXPOSITION ÉCHOS DU PASSÉ, PROMESSES DU FUTUR
des spéculations grâce à des récits d’anticipation. Toutes nous font réfléchir de manière positive et souvent poétique. » C’est le cas de Donatien Aubert, qui ressuscite cinq espèces végétales disparues, dans un bouquet-sculpture en polyamide imprimée en 3D. De son côté, Justine Emard a imaginé une installation lumineuse et sonore, constituée de cloches en verre robotisées. Calquée sur le comportement d’un essaim d’abeilles et sur leur intelligence collective, l’œuvre réagit au passage des visiteurs. « L’installationvidéo de Bianca Shonee Arroyo-Kreimes, pensée comme un diorama, est vraiment une œuvre phare de l'exposition, souligne la curatrice. À partir de sable, de plantes artificielles, d’un ventilateur holographique et d’écrans, l’artiste simule un étang dans lequel apparaissent des créatures hybrides. » Coup de cœur aussi pour la vidéo en animation 3D, réalisée par le duo Wang & Söderström. Ces artistes-designers nous projettent dans un temps futur, où une réaction solaire a fait disparaître les humains. Les espèces qui ont survécu s’emparent des déchets abandonnés, pour créer de nouveaux habitats… À travers de multiples propositions, cette exposition nous interpelle en douceur et imprime sur nos rétines de superbes images.
Photoshop est le meilleur ami de Charlène Planche. Grâce à ce logiciel, elle satisfait toutes ses fantaisies de bricoleuse d’images. La photo de rue ou documentaire, très peu pour elle : « Ennuyeux… », ose-t-elle, avant de raccrocher son sourire. Ce que la jeune femme aime, c’est sonder sa psyché, ses questionnements, ses rêveries. La prise de tête, la vraie, mais sublimée par la création. Charlène se présente comme « photographe surréaliste », on veut bien la croire à la vue de certaines images très “magrittiennes”. Une identité artistique trouvée sur le tard, puisque cette Clermontoise de naissance a eu le malheur d’être une élève brillante, orientée d’office vers le bac S des forts en calcul. Pas son choix de cœur, elle qui a « toujours eu de l’appétence pour l’art, le dessin, le théâtre ». Charlène choisit ensuite l’architecture, à l’ENSASE à Saint-Étienne, « je pensais que j’allais suivre des enseignements plus ou moins artistiques, mais pas du tout ! », raconte-t-elle. Là encore, l’étudiante est major de sa promo… mais se sent si peu à sa place et tellement mal qu’elle renonce à finir son master. Cette expérience douloureuse, Charlène l’a mise à profit pour créer certains de ses photomontages : une tête qui prend feu dans Burn-out, une figure (elle-même) dans un trou au milieu d’une foule d’ombres (encore elle, dupliquée !) pour Ordinaire. C’est puissant, évocateur, ça interpelle : « Je veux que ma photographie ait un impact. » Elle a appris la photographie en autodidacte, toujours l’esprit alerte. Un spot de chantier a fait l’affaire comme premier flash de studio dans son salon, lorsque la photographie est devenue une vraie occupation, au moment du confinement : « Je passais des journées entières à bouger les meubles de mon appartement pour créer des mises en scène. » Sa méthode : dessiner un croquis de l’image rêvée, l’importer sur Photoshop, tester la palette de couleurs et c’est parti. « C’est à ce stade que je vois les besoins en accessoires, puis je vais chiner. Ça fait partie du processus », explique Charlène. Une image est ainsi un montage d’autres, parfaitement exécuté – « j’ai un gros stock de photos dans lequel puiser ». Les modèles, c’est toujours elle. Au début par nécessité, aujourd’hui par choix. L’autoportrait répond à son envie d’assumer ses messages et d’exposer son théâtre intérieur, surtout les coulisses… La jeune femme travaille deux séries, l’une autour du triptyque paysage-rêves-écologie, l’autre sur le corps féminin. Pour celle-ci, elle troque l’inspiration surréaliste pour les codes de la peinture Renaissance, en particulier les vanités. Le genre lui permet d’exercer son amour du détail, de travailler le symbole. « Tout est choisi, millimétré. Chaque chose est à sa place. » Les couleurs, les contrastes, les perspectives, « j’adore pouvoir tout retoucher ». Charlène revendique une certaine introspection, mais aussi que chacun puisse ouvrir cette porte vers l’imaginaire et le rêve qu’elle propose, comme ce fut le cas au festival AiRT DE FAMILLE à la galerie des Terreaux au printemps 2024 : « J’ai ma propre symbolique et chacun a la sienne. J’aime entendre ce que les gens voient dans mes photos, ça me nourrit aussi. »
ELLE AIME
Les surréalistes, Erik Johansson, Dora Maar, Wes Anderson, Caravage, Grete Stern, Laura Makabresku
l ÀHAUT SUr l A MONTAGNE
PAR EMilAND GriÈS PHOTOS lA FOCAlE DES MONTS D'Or
PLE PRINTEMPS EST LÀ, OCCASION DE DÉCOUVRIR LE SINGULIER ET MYSTÉRIEUX ERMITAGE DU MONT CINDRE, SURPLOMBANT SAINT-CYR-AU-MONT-D’OR. RÉHABILITÉ DE FOND EN COMBLE, IL EST À NOUVEAU ACCESSIBLE. SA VISITE – GUIDÉE ET SUR RENDEZVOUS, UNIQUEMENT LE WEEK-END –ENTROUVRE UNE PORTE SUR LES ABÎMES DE LA CRÉATION HUMAINE.
as besoin d’aller en Thessalie : Lyon a sa Météore bien à elle !
Perché à 470 m d’altitude, un authentique anachorète nous a légué une étonnante retraite façonnée de ses mains à la charnière des XIXe et XXe siècles.
De l’origine de l’ermitage, on sait à la fois tout et rien, la légende se mêlant à l’histoire et participant à l’atmosphère unique du lieu. Sa fondation remonterait à 450 à en croire les écrits de l’évêque de Lyon de l’époque. Plus sûrement, un religieux du monastère de l’île Barbe, en mal de solitude, installe sur le site une recluserie en 1341. L’histoire est ensuite émaillée de traces plus ou moins avérées de son existence.
On retrouve le site déserté au milieu du XVIIe siècle. Les gens du coin s’en plaignent au chapitre de Saint-Jean : ils souhaitent pouvoir continuer de solliciter la protection de leurs vendanges et de leurs enfants auprès d’un ermite, dont la fonction, essentielle à leurs yeux, est d’intercéder par la prière. Pillé à la Révolution, l’ermitage est racheté par la commune qui y installe un gardien au statut peu explicite de “semi-religieux”. La chapelle Notre-Dame-de-la-Montagne est consacrée en 1820 et rebaptisée (tout un programme !) Notre-Dame-de-ToutPouvoir, illustrant un siècle de bras de fer permanent entre pouvoirs républicain et religieux. Les occupants se suivent, toujours seuls, priant et contemplant la nature, vivant de peu comme il se doit, et dormant sur un rocher comme on le raconte. L’un d’eux est décrit par un contemporain comme « partisan de la dolce farniente » !
ERMITAGE DU MONT CINDRE
La petite chapelle recèle une surprise, insoupçonnable sous ses airs d’humilité toute campagnarde : les parois de son porche en voûte à berceau et de son abside sont recouverts de fresques pleines de vie et d’énergie. Sous un intense ciel azuréen, Louis Touchagues (1893-1974) a croqué, dans une palette lumineuse, les membres de la communauté villageoise. Famille, amis, personnalités locales se dressent dans un décor champêtre, sur fond de collines verdoyantes, les regards tournés vers le médaillon de la Vierge qui surplombe la porte d’entrée. On retrouve dans cette scène le trait rapide et expressif et la stylisation graphique qui ont fait la renommée de l’illustrateur (né à Saint-Cyr-auMont-d’Or), décorateur de théâtre et affichiste, en vogue dans le Paris des Années folles.
En 1878, un certain Emile Damidot est nommé. Il s’installe dans un lieu envahi par la végétation et rongé par les intempéries. Tailleur de vêtements de formation, il s’habille d’une robe de bure comme on le voit sur les photos d’archives exposées sur place et se fait appeler frère François. Extravagant personnage, qui dort dans un cercueil et prend la pose entouré de crânes humains ! La foi du charbonnier chevillée au corps, il déblaie et répare les outrages du temps pendant trente ans. Après le service matinal de la messe au village, il remonte à travers les vignes qui tapissent alors les coteaux, ramassant pierres et autres “merveilles”, telles des grilles de chauffage, des escaliers en colimaçon de bibliothèque, des statues, des verres colorés, extraits de bâtiments désaffectés. Avec ce butin, il façonne un jardin de rocaille, sorte de catéchisme en 3D. Grottes, bassins, ex-votos et chapelles en modèles réduits qui font référence à la vie de ses saints préférés ou à des épisodes bibliques, jalonnent un parcours emprunt de mysticisme et de naïveté. Serpentant au milieu de plantations, un astucieux réseau de plomb scellé dans la maçonnerie est alimenté par un réservoir d’eau de pluie. Les enduits des petites constructions et le jointoiement des pierres non taillées sont façonnés sans brosse ni truelle. Fignolée à mains nues, la maçonnerie porte encore aujourd’hui l’empreinte démultipliée de ses doigts. Cette architecture spontanée, née d’un homme sans savoir savant apparent, fait écho au Palais Idéal drômois du facteur Cheval (ArKuchi #19), dont il est contemporain par un étonnant hasard, ou au jardin croix-roussien de Rosa Mir (ArKuchi #36), pour le mélange de rocaille et de végétation.
Le point culminant du parcours ouvre sur un immense panorama qui vaut à lui seul le détour : on découvre les lacets de la Saône contre le plateau de Caluire, les pentes verdoyantes des monts d’Or, les monts du Lyonnais, la basilique de Fourvière, dont l’ermite assiste de loin à l’édification, la plaine de l’Ain et au fond, les sommets alpins.
La chapelle, le réduit qui sert de lieu de vie et le jardin de rocaille sont à nouveau désertés à la mort de Damidot en 1910. Avant-dernier épisode de l’épopée du lieu : dans les années 1950, le peintre et illustrateur Louis Touchagues abandonne la vie mondaine parisienne et la célébrité dont il jouit, pour revenir sur ses terres natales couvrir les murs et le chœur de la chapelle de fresques multicolores. Grâce à la volonté municipale, la réhabilitation de l’ermitage est programmée en trois tranches de travaux entre 2017 et 2023, sous la direction des architectes lyonnais de l’agence Archipat, spécialisée dans les interventions patrimoniales. Il fallait en effet toute leur expérience en la matière et un sacré doigté pour sauvegarder sans le dénaturer un ensemble aussi fragile qu’atypique.
Ermitage du mont Cindre Saint Cyr au Mont d’Or montcindre.com archipat.fr
les secrets du 50
50, cours Franklin Roosevelt Lyon 6
PAR NADÈGE DrUZKOWSKi
LE 6E PEUT SE TARGUER D’ÊTRE “THE” ARRONDISSEMENT ART DÉCO DE LYON AVEC QUELQUES
FLEURONS TELS L’IMMEUBLE BARRIOZ OU LE PALAIS DE FLORE. PLUS MÉCONNU, LE COQUET IMMEUBLE DU 50, COURS FRANKLIN-ROOSEVELT CONTE LUI AUSSI L’HISTOIRE DE CES FOLLES ANNÉES.
Le luxe est dans chaque détail » Le couturier Hubert de Givenchy ne s’y était pas trompé. Et c’est justement en s’attachant aux détails que l’immeuble du 50, cours Franklin-Roosevelt commence à livrer ses secrets, en lien direct avec les plus grands noms de la haute couture. Construit en 1929 par les architectes Lanier et Bonnamour, l’immeuble, à la façade relativement classique, arbore néanmoins de discrets mais typiques motifs floraux Art déco, en écho à ce mouvement artistique qui atteint son apogée dans les années 1920 et privilégie les représentations géométriques stylisées. Au-dessus de la porte d’entrée, le bas-relief représentant le visage avenant d’une femme, lui aussi dans le style Art déco, attire le regard. Cependant, c’est la porte intérieure de l’allée qui livre l’indice le plus probant : délicatement ouvragés, de dodus vers à soie s'enroulent sur des motifs géométriques. L’adresse abrita un temps les soieries Ducharne, une Maison tombée dans l’oubli qui, pourtant, brilla de mille feux à Paris et outre-Atlantique. Se faisant un nom dans l’export d’étoffes aux États-Unis, le soyeux François Ducharne crée sa société en 1920,
s’entoure des meilleurs et s’installe à Paris tout en gérant ses usines dans la région lyonnaise. Doté d’un sens aigu des affaires, bousculant les codes des soyeux lyonnais, on l’affuble dans sa ville d’origine du nom “d’aventurier”. Il est vrai qu’il roule dans une Rolls Royce blanche, conduite par un chauffeur noir, conclut un accord avec le Casino de Paris pour y présenter ses créations et noue une amitié avec Colette qui le désigne comme « celui qui tisse le soleil, la lune et les rayons bleus de la pluie ». Il fournit alors les plus prestigieuses maisons de couture comme Schiaparelli, Dior, Balmain… Le mécène se fait construire une villa à Paris par l’architecte Pierre Patout (aujourd’hui détruite) et décorée par l’immense Jacques-Émile Ruhlmann. Les deux hommes s’étaient distingués à l’Exposition des arts décoratifs de 1925 – qui donna son nom au style Art déco –, tout comme l’incontournable Tony Garnier. Ce dernier avait imaginé le Pavillon de Lyon-Saint-Étienne, dont les superbes grilles d’entrées ouvragées étaient signées par le ferronnier Charles Piguet. Ce sont deux vantaux de ces mêmes portes, et leurs grassouillets vers à soie, qui ornent aujourd’hui l’entrée intérieure de ce discret immeuble…
VOICI QU’ARRIVE À LYON AVEC QUELQUE RETARD EN FINIR AVEC LEUR HISTOIRE, LE SECOND ÉPISODE DU CYCLE LILIANE ET PAUL, ÉCRIT ET MIS EN SCÈNE PAR MARC LAINÉ. ON AVAIT BEAUCOUP AIMÉ LE PREMIER VOLET, PAYSAGES MINEURS, IL Y A TROIS ANS. VINGT ANS ONT PASSÉ ET L’ENCHANTEMENT AMOUREUX N’EST PLUS.
Que s’est-il passé entre ces deux périodes ? C’est ce que vous racontez en filigrane dans leurs propos, leur nostalgie, leur amertume…
MARC LAINÉ Tout se passe au cours d’une balade nocturne dans Paris où tout ce qui n’a pu se dire émerge et va tenter de se résoudre. On découvre ainsi pêlemêle qu’ils se sont séparés, qu’elle est devenue prof de philo, qu’ils ont eu un enfant, que le brillant romancier est en panne d’inspiration et à cours d’argent, que leurs échanges lacunaires portent aujourd’hui sur des questions de pension alimentaire. Ce qu’on avait senti du caractère de Paul, foncièrement narcissique et égoïste, apparaît en pleine lumière, mais Liliane peine à résister à son pouvoir de séduction…
Votre titre semble indiquer que cette histoire d’amour est bien finie. Et la pièce acte une rupture irréconciliable…
ML Pas complètement terminée : il y aura un troisième volet, La chambre de l’écrivain. L’écrivain, cette fois, c’est le fils que Liliane et Paul ont eu et qui a souvent été l’objet de disputes dans le second épisode. Vous le verrez à la rentrée aux Célestins. J’aime bien l’idée de cycle car un spectacle ne me permet pas de faire le tour de mes personnages. Et je veille à me surprendre moimême régulièrement. Surtout depuis que j’ai acquis un certain savoir-faire dans l’entrelacement des récits et des esthétiques. C’est pourquoi je travaille sur plusieurs histoires en même temps. Une hygiène de travail en quelque sorte ! Ainsi je viens de terminer ma trilogie fantastique, dont Les SUBS accueilleront l’an prochain le dernier chapitre. L’idée de me faire un croche-pied artistique et d’aller en territoire inconnu, c’est volontaire.
Munstruosités
Artistes associés des Célestins depuis deux saisons, Louis Arene et Lionel Lingelser du Munstrum Théâtre se lancent dans une adaptation de Makbeth – la pièce vient d’être créée à Châteauvallon – avec un k qui promet d’être sauvage. On avait kiffé leur version burlesque et mordante du Mariage forcé de Molière pour la troupe de la Comédie-Française, où ils jouaient sur la confusion des genres (entre autres) et des masques, leur marque de fabrique. Avec la même impertinence, les deux compères et leur équipe vont pouvoir s’en donner à cœur joie. Parce que la joie, justement, est au cœur de leur travail, un moteur même. « Parce que, comme il (Shakespeare) nous l’apprend, les ténèbres sont pétries de lumière et sans malheur, pas de véritable Joie », écrivent-ils. À grand renfort de faux sang, de fumées et de machineries, et de corps prêts à tout, ils ont pour projet de « raviver le feu », et de partir à la « recherche dans la représentation théâtrale d’une expérience proche du rituel, voire du sacré », précise Louis Arene, le metteur en scène. On en redemande ! GV-P
15 > 16 MAI
Théâtre de la Renaissance Oullins Pierre Bénite theatredelarenaissance.com
l ’intime féminin
15 > 23 MAI TNP
Villeurbanne tnp villeurbanne.com
Christophe Rauck aime les histoires à tiroirs mais plus que tout, il aime les actrices. On se souvient de sa Dissection d’une chute de neige avec une Marie-Sophie Ferdane lumineuse, déjà au TNP. Il revient avec Anatomie d’un suicide , une pièce écrite par la Britannique Alice Birch, rompue aux scénarios télévisés et aux séries à succès. Mais ici, LA comédienne que tout le monde attend, c’est Audrey Bonnet. L’histoire se déroule au sein d’une famille marquée par le suicide. Celui de la mère Carol, puis de sa fille Anna. Que s’est-il passé pour que cette lignée soit à ce point meurtrie ? Alice Birch suit une introspection parallèle de trois générations – Carol, Anna et, enfin, Bonnie – en mettant sur le plateau les trois espaces-temps. En effet, les trois femmes occupent simultanément la scène, leurs histoires s’entremêlent : les paroles de l’une renvoient au vécu de l’autre qui évoque le destin de la troisième. Pour faire clair : Carol fait une première tentative de suicide juste avant la naissance d’Anna. Seize ans après, elle met fin à ses jours. Anna devient toxicomane et se suicide à son tour à la naissance de Bonnie. Cette dernière, lesbienne, pense mettre un terme à la malédiction en refusant la maternité. L’ensemble est passionnant et sacrément complexe. Il faut toute la maestria d’Alice Birch et de Christophe Rauck pour tisser des fils qui nous éclairent et nous bouleversent.
Décidément, l’Opéra de Lyon aura cette saison privilégié les personnages solitaires et torturés. Après un beau Wozzeck cet automne, voici que s’annonce le Peter Grimes de Benjamin Britten. Héros tragique s’il en est, ce pêcheur qui vit en marge de sa communauté villageoise est l’objet de tous les soupçons voire haines, spécialement quand ses mousses ont une fâcheuse tendance à présenter des ecchymoses et à tomber des falaises. Mais où se cache le véritable mal ?
Chez le possible bourreau d’enfants ou dans la furie collective nourrie par la rumeur ?
On pourra compter sur le chef Wayne Marshall pour servir la partition, tant celui-ci excelle dans le répertoire de la seconde moitié du XXe siècle, ainsi qu’il l’avait prouvé en dirigeant il y a deux ans le Candide de Bernstein. La mise en scène sera signée Christof Loy, dont ce seront les débuts à Lyon : on gage qu’il saura restituer toute l’ambiguïté, mais aussi la profondeur, de l’œuvre. CS.
09 > 21 MAI
Opéra de Lyon
Fantaisie dansée
SIMPLE est une pièce sans musique de la chorégraphe argentine installée en Belgique, Ayelen Parolin. Juste trois gars qui dansent et font musique de leurs corps. En académiques mouchetés (on dirait du Cunningham et ce n’est sans doute pas un hasard), ils bougent pour retrouver le goût du jeu. Celui des enfants, celui de la simplicité. Revenir aux fondamentaux de la danse, au plaisir de mouvoir son corps. À partir de gestes volontairement économes, les trois interprètes, très différents, se lancent dans des jeux de rythmes et de combinaisons, utilisant l’achevé et l’inachevé, déconstruisant et reconstruisant, comme des gamins qui expérimentent toutes les solutions. Ça donne un tourbillon coloré de mouvements qui convoque la liberté, le plaisir, la singularité et le commun, mais qui ne dédaigne pas la friction. Drôle et vif, SIMPLE emporte par son apparente simplicité et l’évidence du plaisir de danser. GV-P
20 > 21 MAI
Théâtre de la Renaissance
Oullins Pierre Bénite
Fable macabre
L’Australie et ses grands espaces, sa nature sauvage où hurlent les vents, où se déchaînent les incendies, où rancissent les haines. C’est dans une ferme isolée de ce pays que trois femmes viennent de tuer leur mari et père. Comment, maintenant, se débarrasser du corps de Barbe-Bleue ?
C’est le sujet de L’Arbre à sang, polar vibrant. Comme souvent chez l’auteur Angus Cerini, le problème n’est pas de conclure l’enquête, puisque nous savons tout dès le début, mais d’inventer une fin qui restaure ces femmes sans les juger. Tommy Milliot, le metteur en scène qu’on avait découvert il y a trois ans dans La Brèche, est friand de ces écritures rugueuses, de ces personnages rustiques et magnifiques que le destin n’a pas épargnés : relevant la tête crânement, ils trouvent au fond matière à lui tirer la langue dans un geste de défi !
Le texte, qui a reçu le soutien de la Maison Jean Vilar à Avignon, a été récompensé d’une avalanche de prix. La traduction de la multi-primée Dominique Hollier – qui interprète aussi la mère dans cette histoire de violences conjugales – lui assure toute son authenticité. Quant à Tommy Milliot qui fêtait ses quarante ans en 2024, il est le maître des mises en scène au cordeau et à l’os, sans fioriture et un directeur d’acteurs hors pair. C’est rapide (moins d’une heure), inventif, captivant, insolent. Alors, pas une hésitation : courez-y !
PAR TriNA MOUNiEr
13 > 15 MAI
Théâtre du Point du Jour Lyon 5 pointdujourtheatre.fr
Revoilà Emma Dante pour notre plus grand plaisir. L’autrice et metteuse en scène sicilienne revient au TNP avec Il Tango delle Capinere, une pièce entre danse et théâtre comme elle sait si bien faire. La Palermitaine reprend le fil de Ballarini , création de 2011 qui bouclait La Trilogia degli occhiali, avec le même duo de comédiens complices, Manuela Lo Sicco (vue aussi dans le génial Misericordia) et Sabino Civilleri (déjà à l’affiche de Bestie di Scena). En une heure, elle nous plonge dans le bain de la comédie humaine avec cet opus qui questionne la vieillesse (en filigrane la mort, jamais très loin chez Dante) et l’amour. Les deux interprètes, également couple à la ville, incarnent deux vieux amants lancés dans un dernier tango qui les fait plonger, à rebours, dans leurs souvenirs. Exhumant des objets d’une malle (un voile de mariée, des pilules, des ballons colorés), ils se rappellent, sur des airs de chansons italiennes populaires, les moments forts, joyeux ou pas, d’une vie à deux : rencontre, premier baiser, le fils, les engueulades, leur mariage… La pièce à la physicalité forte, sans doute plus dansée que jouée, s’interroge avec tendresse sur l’amour éternel et les outrages du temps, et se projette sur l’après lorsque l’autre ne sera plus... On devrait retrouver tout ce qui fait la force du théâtre d’Emma Dante : les cris, la musique et les couleurs, le dialecte sicilien, la pantomime, la théâtralité baroque, puis surtout la place des acteurs et leur puissance de jeu qui captive et touche.
Théâtre des Célestins Lyon 2 prixincandescences.com
Dans les coulisses
PAR TriNA MOUNiEr
LLE PRIX INCANDESCENCES PORTÉ
CONJOINTEMENT
PAR LE THÉÂTRE DES CÉLESTINS ET LE TNP
SE DÉROULE EN JUIN PROCHAIN. NOMBREUX
SONT LES CANDIDATS QUI ESPÈRENT VOIR
LEUR TRAVAIL SORTIR DE L’OMBRE, AVEC L’ASSURANCE D’ÊTRE JOUÉ DEVANT LE PUBLIC D’UN GRAND THÉÂTRE. ON A EU ENVIE D’EN SAVOIR PLUS SUR CEUX QUI SE PRÉSENTENT.
es candidats concourent dans deux catégories : certains se présentent dans la section Maquettes, tandis que d’autres, forcément plus aguerris, en sont au stade de présenter un spectacle grandeur nature. Les premiers sont souvent bien démunis devant cette épreuve : comment se préparent-ils au concours censé récompenser les meilleurs d’entre eux ? Car si tout le monde comprend ce qu’est une maquette d'architecte, le concept reste obscur pour des apprentis comédiens (mais aussi pour le public !). Heureusement le théâtre de l’Élysée et son équipe sont là : ils organisent à la demande des Célestins et du TNP des rencontres professionnelles pour les candidats aux maquettes.
« C’est un exercice très difficile, plutôt casse-gueule, confie Gabriel Laval Esparel, l’un des deux directeurs. Le principal écueil est justement le concept de maquette. Il a été pensé de façon à laisser toutes les portes ouvertes à leur imagination. Dans les faits, cette absence de contraintes rajoute souvent un obstacle supplémentaire. Une maquette peut-être un projet de début de pièce, quelques scènes disparates, et bien d’autres choses encore. L’œil de Nicolas Ligeon (l’autre codirecteur) qui a une grande expérience de production est un vrai plus. » Très vite, le théâtre des Clochards Célestes s’est aussi
joint à l’aventure. « Notre accompagnement se déroule en deux temps, explique Gabriel. D’une part des rencontres, où ils découvrent hors compétition où ils en sont, ce qu’il faut faire et ne pas faire. Puis, nous organisons des maquettes blanches avec quelques professionnels. C’est très formateur pour eux et moi, j’adore cet aspect de mon métier. Ça me nourrit. » Et la directrice des Clochards, Martha Spinoux, de poursuivre : « On commence par un truc tout bête : est-ce qu’on comprend quelque chose à cette maquette ? Cela les oblige à simplifier, préciser. La deuxième question est : perçoit-on la singularité de leur travail ? La plupart des lauréats ont déjà été programmés dans nos salles. » On peut ainsi citer Claude Leprêtre, Benoît Martin et Lucile Lacaze vus aux Clochards, Jérôme Cochet ou Sarah Delaby-Rochette passés par l’Élysée. Ce qui est important ? Qu’il n’y ait aucun conflit d’intérêt. « Martha et moi les accompagnons, mais ne sommes partie prenante ni du jury ni de la décision finale », rappelle Gabriel.
Jérôme Cochet, le binôme Germain-Hercule, la Bande K7, Aurélia Lüscher ou encore Ella et Pitr seront en lice en juin. Cela vaut vraiment la peine d’assister à ces journées : on y fait de belles découvertes. Une fois repérées, ces pépites risquent d’être attirées vers d’autres cieux.
La dernière fois qu’ils sont venus à Lyon, c’est avec FIQ ! (Réveille-toi !). Mais on se souvient encore de TAOUB, leur première pièce, en 2003, avec Aurélien Bory comme metteur en piste. Depuis ses débuts, le Groupe Acrobatique de Tanger, virtuose de l’art acrobatique marocain, cherche à réinventer ses pratiques « en questionnant les possibles et en bousculant nos mouvements et nos corps », rappelle sa directrice artistique Sanae El Kamouni. Après le génial Aurélien Bory et les trublions Zimmermann & de Perrot, c’est la circassienne et metteuse en scène Raphaëlle Boitel qui vient révéler la puissance du groupe et transcender à son tour leur art ancestral – l’acrobatie marocaine, née d’une tradition guerrière, combine pyramides humaines, roues et sauts. « Un cirque qui passera par le rythme et le(s) corps avant de passer par les agrès », annonce-t-elle dans sa note d’intention. KA-IN, créé début mars en ouverture du festival SPRING à Elbeuf, met sur le plateau une B-Girl, cinq B-Boys et sept acrobates pour un ballet acrobatique (ou un cirque dansé) bourré d’énergie, à l’image de ce collectif pluridisciplinaire. La pièce de 1h10, très physique, navigue entre tradition et modernité et mêle danse hip-hop ( popping , break), chant, acrobatie historique (saltos, roues, trapèze, équilibre), courses et autres figures de groupe. Avec, signature maison, les clairs-obscurs chers à Raphaëlle Boitel et son univers sombre et cinématographique. Derrière cette explosion de mouvements se cachent les doutes, la quête de liberté et l’espoir d’une vie meilleure de la jeunesse marocaine.
2H20 AUX CÔTÉS DE DYLAN/CHALAMET (UN PARFAIT INCONNU), 2H17 AVEC MICKEY 17, SANS OUBLIER LES 3H35 À SUIVRE TOTH/BRODY (THE BRUTALIST) : LES FILMS À RALLONGE SONT TENDANCE. UNE NOUVEAUTÉ ? PAS VRAIMENT…
PAR MArTiN
BArNiEr ET vAlÉriE
lEGrAiNDOUSSAU
Sept ans de sa vie : c’est ce qu’a coûté
UN PARFAIT
INCONNU
James Mangold
Sortie : 29 jan. 25
THE BRUTALIST
Brady Corbet
Sortie : 12 fév. 25
MICKEY 17
Bong Joon ho
Sortie : 05 mars 25
The Brutalist – le succès de ce début d’année – à Brady Corbet. Le jeune réalisateur américain a tourné cette fresque gigantesque avec l’ancien procédé de prise de vues sur pellicule 35 mm, Le VistaVision. Et a eu pitié de nous en prévoyant une pause de quinze minutes entre les deux parties de son film fleuve de 3h35… Les plus anciens se plaisent alors à imaginer la venue d’une ouvreuse avec son panier de bonbons et de glaces ! Corbet nous replonge ainsi dans la fin des années 1950 et le début des années 1960, à l’époque où les grands films classiques s’étiraient sur plusieurs heures, ponctués d’entractes. On pense par exemple au péplum biblique Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille (3h40), à Lawrence d’Arabie de David Lean (3h36) ou à Cléopâtre de Mankiewicz (3h53), qui a provoqué la quasi-faillite de la 20th Century Fox en 1963. Tous sont aujourd’hui considérés comme des chefs-d’œuvre. Produire de tels mastodontes nécessite d’avoir les reins solides. La dernière restauration “Grande Version”, en 2024, de l’immense Napoléon vu par Abel Gance (1927) dure, quant à elle, 7h18. Le film original a nécessité 450 000 mm de pellicule, dix-huit caméras, près d’un an de tournage et autant de montage. Il en existe à ce jour une vingtaine de versions de longueurs variables, attribuées aussi bien à Gance qu’à ses restaurateurs. Préparez vos thermos de café noir !
Les films longs ont toujours existé dans l’histoire du cinéma. Et contrairement à une idée répandue, ils n’ont pas toujours été boudés par le public, en dépit du défi de rester assis plusieurs heures dans une salle obscure. Dès les années 1910, certaines œuvres dépassent déjà la durée standard d’un long métrage. C’est souvent l’apanage des péplums, comme Cabiria de Pastrone et ses 3h10 en 1914. Le Ben-Hur de 1925 de Fred Niblo dure 3h15 et atteint même les 4 heures pour son remake de William Wyler en 1959. Un énorme succès populaire : numéro 1 au box-office américain pendant six mois, le film rafle 11 Oscars en 1960.
Autre temps avec les années 1970 : le film d’auteur très long se développe. Déjà en 1969, Rivette filme 4h12 d’improvisation dans L’Amour fou. Il bat son record avec Out One… qui dure presque 13 heures. La durée fait exister un film différemment. Ainsi on vit carrément avec l’équipe du tournage, quand on éprouve les 4h20 du Molière d’Ariane Mnouchkine en 1978 ! Même les 16 heures de la saga Heimat de Edgar Reitz, en 1986, qui se déploient en 4 séances de 4 heures, passionnent. En revanche, le documentaire-fleuve Shoah (1985) de Claude Lanzmann de plus de 9 heures reste une expérience éprouvante. Pour apprécier ces films, il faut se laisser embarquer par l’histoire. Comme pour la météo, il y a la durée réelle et la durée ressentie : il ne sert à rien de se focaliser sur la longueur, qui reste subjective. Encore faut-il que le film soit bon !
THE BRUTALIST, BRADY CORBET (2025)
MUSIQUES
PAR EMMANUEllE BABE, ANNE HUGUET, GAlliA vAlETTE-PilENKO
FROM LA…
22.04.25 | 20H30
Du proto-punk biberonné aux riffs durs, aux ambiances velvétiennes, à la pop soul façon Ronettes ou au funk éthiopien ? Oui, tout ça ! Les Californien(ne)s de Death Valley Girls mangent à tous les râteliers, passant du rock garage le plus sombre à une pop charnelle la plus joyeuse. En cinq albums, Bonnie Bloomgarden et sa bande ont posé les bases d’un rock hypnotique en perpétuelle mutation. De Get Home à Little Things en passant par I’m a Man too et Magic Powers, on ne sait plus trop où on habite, mais la voix magnétique de Bonnie captive illico. Des claviers, des riffs parfois saturés, des distorsions, des chœurs, du fuzz, une aura psyché, une once de surf voire un inattendu saxo free : la messe est dite. On a très envie de voir le girl band d’Echo Park sur une scène, d’autant plus qu’elles sont les chouchoutes de l’Iguane himself AH
L’Épicerie moderne Feyzin epiceriemoderne.com
POP COOL
06.05.25 | 20H30
Merci aux fées qui se sont penchées sur son lit d’hôtel le soir où, en déplacement pro comme roboticien, Danilo a tout largué pour se consacrer pleinement à la musique. Il aurait été dommage de se priver de la belle voix de crooner de ce jeune Lyonnais bercé au punk californien et à la sainte Trinité Daho-BashungDury. Hôtel Restaurant raconte ce changement de cap, laissant poindre ce doux mélange de mélancolie et de légèreté qui capte l’écoute. Son premier EP, LMQR (2024), confirme le charme de son pop rock vintage. Avec Week-end à Moneglia, on fait les valises direct ! EB
24 MAI CHANGEZFESTIVALD’AIR Saint-Genisles-Ollières
De Cédric de la Chapelle, on se rappelle surtout qu’il a ramené, du fin fond de l’Inde, Slow Joe et son incroyable voix de crooner. Le musicien et producteur lyonnais a aussi collaboré avec Buridane, Thomas Fersen ou le Nigérien Obi Bora. Et même fait de la chanson noise avec les obscurs S. (qui s’en souvient ?!). Le globe-trotter revient à ses premiers amours, écrire et chanter, pour le fun et sans se prendre la tête (d’où le Grand Gamin). Il lâche un 10-titres, 100 % autoproduit, de chansons pop bidouillées tout seul, avec plein de couches (synthés, batterie, guitare, mandole et autres patterns bien dansants). « Du bon n’importe quoi, rit-il, en français, avec des structures zarbi. Ça chante sur de la musique ! » Dans la série « je m’amuse et ça fait un bien fou », il a même concocté avec son poto Peter The Moon quatre clips, dont l’addictif Poussière. Ça va guincher à sa release party ! AH
Dans le genre gourou rock, The Brian Jonestown Massacre et son cerveau créatif Anton Newcombe se posent là depuis plus de trente ans et quelque vingt-et-un albums. On connait la réputation live sulfureuse du (des) sale gosse de San Francisco, capable de s’auto-saborder comme de vous mettre en lévitation avec son maelström de riffs malfaisants, de sonorités shoegaze, de noise pop, d’ambiances psyché-rock lancinantes, de cavalcades épiques et de voix vaporeuses. Newcombe est certes aussi imprévisible que génial, mais ça vaut toujours le coup de voir BJM, affirment ses zélateurs. À bon entendeur… AH
Transbordeur
Villeurbanne transbordeur.fr
VENDANGE DE NOTES
23.05.25 | 20H
Projet né de la rencontre entre le vigneron mélomane
Raphael Pommier (domaine de Cousignac, en Ardèche, partagé entre AOC Côtes du Vivarais et Côtes du Rhône) et le vibraphoniste Franck Tortiller, lui-même fils de vigneron, Cépage(s) promet une drôle de soirée où les papilles deviennent les oreilles. Ce dernier a monté avec ses complices du Quatuor Debussy un récital autour de cépages oubliés, comme Enfant trouvé, Folle blanche (ça ne s’invente pas !) et d’autres incontournables de la vallée du Rhône (Syrah, Cinsault, Grenache). Le compositeur s’est inspiré de ses expériences gustatives, les rapprochant de ses improvisations vibratiles pour inventer un concert entre cordes et vibraphone, entre chais et ceps. Avec dégustation à la fin ! GV-P
Théâtre Théo Argence
Saint Priest
theatretheoargence‑saint‑priest.fr
MEDLEY CHORAL
13.05.25 | 20H
All you need is love en version a cappella ? Chiche ?! C’est le défi qu’a relevé le chœur lyonnais Spirito toujours dirigé par Nicole Corti. Créé en 2023, Yes It Is est un genre de récital moderne. Portés par les arrangements de quelques spécialistes des musiques classique et actuelles (Ambroise Willaume aka Sage, Clément Ducol, Bruno Fontaine, Jérémie Arcache…), une vingtaine de choristes s’emparent de dix-sept morceaux de ce répertoire si familier pour le revisiter et lui donner une autre saveur. On écoute les chansons des Beatles avec une autre oreille, une nouvelle attention. Dans l’enceinte de l’église de Saint-Genis-Laval, cela devrait prendre une dimension quasi mystique ! GV-P
Église de Saint Genis Laval la mouche.fr
BELLE ÉVASION
24.05.25 | 20H30
Frànçois and The Atlas Mountains , c’est en partie le classieux François Marry, musicien, chanteur, auteur et peintre, originaire de Saintes (Charente-Maritime). Il est l’un des fondateurs du groupe franco-britannique, c’était il y a vingt ans. Depuis, il exalte une pop poétique et élégante, aux textures vivaces. Impossible de ne pas s’émouvoir à l’écoute de cette musique chantée en français, anglais, espagnol, qui combine dénuement et richesse, pudeur et émotions. Le sixième album Âge Fleuve (2025) ne produit pas autre chose, invitant à la réflexion sur le temps qui passe. « Je fais de la musique pour desserrer des nœuds », confiait François Marry en interview. Pari gagné. EB
Marché Gare Lyon 2 marchegare.fr
THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE
FRÀNÇOIS AND THE ATLAS MOUNTAINS
Cyberpunk à l’assaut du capitalisme
K-PUNK. FICTION, MUSIQUE ET POLITIQUE DANS LE CAPITALISME TARDIF (AUDIMAT ÉDITIONS) EST LE LIVRE-SOMME DE MARK FISHER, PHILOSOPHE, DJ ET PRODUCTEUR BRITANNIQUE
DÉCÉDÉ EN 2017. DANS LE SILLAGE DE LA CRITIQUE DE FREDRIC JAMESON, IL EXPLORE LES MILLE PLATEAUX DU MONDE CULTUREL À L’ÈRE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES, À L’AFFÛT DE FUTURS DÉSIRABLES. MANUEL DE SABOTAGE DU MARÉCAGE CAPITALISTE…
PAR MArCO JÉrU
K*Mouvement culturel et musical né dans la fin des années 1990. Il est fondé sur l'utilisation de traces du passé qui hantent le présent.
-punk : K pour Kyber (cyber) et Punk pour culture se développant en dehors des espaces légitimés. Douze ans (2004-2016) de publications sur le blog éponyme, moulinant joyeusement écrits visionnaires sur l’institution des sociétés de contrôle (Burroughs, Baudrillard, Atwood…), le cinéma fantastique (de Lynch et Cronenberg à Batman et Hunger Games ), les séries (de Breaking Bad à Westworld), la musique (The Fall, The Cure, Burial…) et l’action politique de Margaret Thatcher à Tony Blair… Le tout bien secoué, thématiquement, afin d’articuler une pensée capable de déjouer l’idéologie-zombie du capitalisme, ce carnaval techno plein d’écrans reproduisant à l’infini « l’hantologie* » d’une culture de masse aussi spectaculaire qu’inexpressive, bouillabaisse de synthèse inondant tous les « WembleyZénith-Arena » du monde… Qu’est-il arrivé pour que nous ne désirions plus de futurs différents de notre présent ? « Ce n’est pas parce que quelque chose est actuel qu’il est nouveau » : un voyageur dans le temps des années quatre-vingt-dix trouverait-il la musique contemporaine aussi radicale que le post-punk ou la jungle ? De même que ceux qui oublient le passé sont condamnés à le revivre, ceux qui suivent les modes rétro perdent le sens de l’histoire et leur emprise sur elle. Incapables de renouer les
fils des grands mouvements culturels et artistiques, de « produire de nouveaux potentiels par la négation de ce qui existe déjà », ils acceptent les nouvelles hybridations dans un geste vide : « Lorsque la pop ne peut plus rassembler une nihilation du Monde, une nihilation du Possible, alors seuls les fantômes seront dignes de notre temps. »
Contre l’acceptation généralisée « qu’il n’y a pas d’alternative au capitalisme » et le sentiment de tristesse qu’inspirent le champ politique et l’épuisante violence d’État partout démultipliée, Fisher appelle à une lutte des classes dans la culture : où il s’agit, pour sortir de la résignation, de miner chaque point d’appui du capitalisme et de retrouver la rêverie extatique de la découverte : « Est-il possible de reproduire, plus tard dans la vie, l’impact que les livres, les disques et les films ont entre quatorze et dix-sept ans ? » L’avenir qui nous a été promis par les romans fantastiques (de Swift à Joyce…), le cinéma de science-fiction et la musique pop utopique est-il encore du domaine du possible ? Quoique teinté de mélancolie, k-punk se termine par les premières pages de Acid Communism, un manifeste étrangement plein d’espoir pour une sorte de libération psychédélique – pour « une nouvelle humanité, une nouvelle vision, une nouvelle pensée, un nouvel amour ». Voilà un vœu bien actuel… Cybernautes du XXIe siècle, encore un effort ! De l’enthousiasme, de l’audace, de la transgression ! Soyons désarmants de culture curieuse !
lE STrEET MUSÉE DU MOIS
THEPOPSUREALIST
PAR ÉMilAND GriÈS, ENNA
PATOr & lENDASKiN
Salade de printemps
En voilà un mélange audacieux qui associe la douceur des fraises au poulet grillé : avec le printemps reviennent les couleurs… même dans les assiettes ! En ce matin charmant, retroussons nos manches pour composer un tableau en hommage à la saison nouvelle. Au fond d’une assiette colorée, allongeons nos feuilles de romaine tout juste ciselées. Elles sont la trame en camaïeu de verts, base chromatique de notre création. Place aux teintes chaudes. Nos filets de poulet entrent en scène et filent sur le grill, le temps de prendre une belle nuance mordorée. Les voilà striés de fauve. Passons à l’effeuillage en fines lamelles, qui vont égayer notre romaine au vert tendre. Mais la feta attend son tour : façonnée aux doigts en une ribambelle de petits flocons blancs, elle saupoudre l’assiette telle une neige légère. Les amandes effilées sont déjà dans la poêle bien chaude, elles se teintent de brun et goûtent le grillé. L’oblongue de ces précieux fruits secs ajoute au graphisme de l’ensemble. Puis l’écarlate entre dans la danse. Des lanières d’oignon rouge cru rejoignent la fête. Enfin place aux fraises bien juteuses : coupons en gros dés leur chair tendre et, tel un aquarelliste, jetons-les dans l’assiette, pour un ma ë lstrom d’odeurs et de couleurs. Faisons confiance aux convives pour la touche finale, le jaune de l’huile d’olive pour l’une, le noir du vinaigre balsamique pour l’autre, sel et poivre si besoin. Plaisir des yeux et du palais garantis !
2 F il ETS DE POU l ET 1 DEM i -B l OC DE FETA 1 CŒU r DE SA l ADE r OMA i NE 250 G DE F r A i SES P l E i NE TE rr E 1 O i GNON r OUGE 100 G D’AMANDES EFF il ÉES HU il E D’O liv E vi NA i G r E BA l SAM i QUE SE l ET PO ivr E
Horizontalement
1. Sorte de cirage, pas à chaussures. 2. Chercherai à me défiler. 3. Rumine et fatigue ! 4. À mettre en compote. Moyens d’échanges sans monnaie. 5. Entrelace ses torons. Confédération moyen-orientale. 6. Se moque ? Confortablement installé. 7. Terreurs des ados. Rendez-lui sa tête, elle vous étourdira. 8. Se dit d’atomes qu’on peut chimiquement décomposer. 9. Charmante étape pour les cyclotouristes du Val de Loire. A son utilité, surtout “lâché” ! 10. Accable. Bien silencieux, s’ils sont de loup…
verticalement :
A. Parlai en chameau. B. Indicateur épidémiologique très surveillé ou métal précieux modifié. Cette science-là a sans doute la faveur des Verts ! C. Propres aux oreilles. D. Tuniques oculaires. Pays gaëlique. E. Petite perle égéenne. Tamise. F. Dresses peut-être un inventaire. G. Héros shakespearien toujours en vogue. Inaugura… avec des bulles. H. Bandes de voyous. I. Crapauds de mer goûteux quoique épineux. J. Hausse la note. Superbe villa pour Romains pleins aux as.
Annecy Bonlieu. Bourg-en-Bresse Théâtre de Bourg-en-Bresse. Bourgoin-Jallieu les Abattoirs. MBJ (Musée). Maison de launay. Office de Tourisme. Brignais Briscope. Bron Espace Albert Camus. Ciné les Alizés. Ferme du vinatier. Jack Jack. Pôle Pik. Médiathèque de Bron. Université lyon ii. Caluire-et-Cuire Cinéma le Méliès. Médiathèque B. Pivot. radiant-Bellevue. TriBE Hôtel. Chalon-sur-Saône Espace des Arts. Chassieu Karavan Théâtre. Chazelles-sur-Lyon Musée du Chapeau. Corbas le Polaris. Dardilly l’Aqueduc. Décines le Toboggan. Écully Écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin l’Épicerie Moderne. Médiathèque. Firminy Site le Corbusier. Francheville l’iris. les Grandes voisines. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Grenoble MC2:. Musée de l’Ancien Évêché. Irigny le Sémaphore. La Mulatière Aquarium de lyon. Aux Bons Sauvages. Lyon 1 À Chacun sa tasse. À Thou bout d’chant. Antoinette. Archipel. Art Génération. Ateliers Terreaux. BistrO d’à côté. Bloom. Boîte à café. Café 203. CAUE rhône. Chez Grégoire. Cinéma Polycarpe. Clef de voûte. Condition des Soies. Dangerhouse. Delicatessen. Diable!. DrAC. Fromagerie B.O.F. Galerie Ceysson & Bénétière. Galerie Estades. Galerie Françoise Besson. Galerie Mainguy. Galerie regard Sud. Gd Hôtel des Terreaux. Hello Cutie. Hot Club de lyon. Hôtel Fort St-laurent. Hôtel de Paris. item Galerie. Kraspek Myzik. l’Alcove. l’Âne sans queue. la Bourse. la BF15. la Corniche. la Madone. la Menuiserie. labelalyce. le Bal des Ardents. le Bleu du Ciel. le Cloître AC. le voxx. léon de lyon. leptine. les Arcades. les Artpenteuses. les Clochards Célestes. les SUBS. librairie À Soi.e. librairie Ouvrir l’œil. livre en Pente. luthier Charlemagne. Maison Cobalt. Maison Nô. Mangiabuono. Manifesta. Matisse & Cow. Micro-Sillon. Mongi Guibane. NAFAS. Nuage Café. Ô Tao Bom. Opéra de lyon. Perko Café. Petit Bleu. Pilo Hôtel. Première loge. radio Canut. rat des villes, Champs. Sans Contrefaçon. SlO Hostel Pentes. SOÉM. Sofffa Terreaux. Spacejunk. Tikki records. Tomé. Un Brin de folie. Unité Centrale. villemanzy. Lyon 2 Agnès B. Ambiances & Mâtières. Archives Municipales. Atelier Parfumé. Autour de l’image. Baralo & Coste. Boscolo Hôtel. Boulangerie Saint-Marc. Cave aux curiosités. Chez Camille. Cité de la Gastronomie. CJB. CrAiE CrAiE. Cycles Marchi. David & David Studio. Docks 40. Fondation Bullukian. Galerie Dettinger. Galerie Em’Arts. Galerie O. Houg. Galerie Jl Mandon. Galerie Mi. Galerie Nathalie rives. Galerie SliKA. Galerie Tatiss. Galerie valérie Eymeric. Globe & Cecil. Hôtel 71/Heat. Hôtel l’Abbaye d’Ainay. Hôtel Carlton. Hôtel des Artistes. Hôtel des Célestins. Hôtel-Dieu. indies. Kazak. les Ateliers. l’institution. la Cloche. librairie Adrienne. librairie Expérience. librairie Gibert. librairie l’Œil Cacodylate. librairie Passages. Marché Gare. Mercure lyon Beaux-Arts. MJC Confluence. Musée des Confluences. Musée de l’imprimerie. OBBO Design. Omart. Ories Galerie. Ninkasi Cordeliers. Sociality Family. Sofitel Bellecour. Solis. Strate Design. Studio COD. Théâtre-Comédie Odéon. TNG-les Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. UClY. XS Bar. Lyon 3 Auditorium de lyon. AUrA Spectacle vivant. BM Part-Dieu. BO Concept. Café du rhône. Création Contemporaine. École E. Cohl. F.O.l. Gus & Gas. Hooper. Kartell. Kommet. les Assembleurs. librairie le Tramway. Métropole de lyon. Nuance & lumière. Pieds-Compas. Salle des rancy. Tandem. velcroc. voltex. Lyon 4 Agend’arts. Aquarium Ciné Café. Aux Trois Cochons. Bistrot fait sa Broc. Bistrot des voraces. Boîte à vape. Bonnesœurs. Boulangerie Jadis. Büfé. Canut & les Gones. Café Bouillet. Cavavin. Cave Tabareau. Cave valmy. Chez Grégoire. Chez robert. Chez Simone. Cinéma Saint-Denis. Coop du Zèbre. Diable rouge. Flow. Fromagerie Galland. iNSPÉ. KlS lunettes. l’Assiette du vin. la Curieuse. la valise d’Élise. le Grain de Folie. librairie laBd. Maison des Assos. Maison des Canuts. Paddy’s Corner. Paume de Pain. Poussineau Musique. Sibilia. Théâtre Croix-rousse. Un Grain dans le Grenier. villa Gillet. vivement Dimanche. Lyon 5 Acting’s Studio. Armada. Atelier Marinette. Caillou Café. Collège Hôtel. Crr de lyon. École de Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Fourvière Hôtel. Galerie de la Tour. Jaja Cave. l’Œil Écoute. librairie virevolte. lUGDUNUM Musée. la Mi Graine. MJC du vieux-lyon. MJC Saint-Just. Musées Gadagne. le Sonic. Phénix Hôtel. Puzzle Café. Têtedoie. Théâtre du Point-du-Jour. Lyon 6 Amal Gallery. Galerie Wawi. institut vendôme. Jobaar. l’Astragale. librairie Derain. librairie rameau d’Or. librairie Tsukimi. librairie les Biblios. MAC lyon. Taggat. velcroc. via Barcetta. Lyon 7 Arts en Scène. Atelier Chalopin. Athénium. Bibliothèque Diderot. Bistrot des Fauves. B.U. Chevreul. Café Botani. CHrD. Cinéma Comœdia. COrEP. EAC lyon. École de Condé. ENS. F Comme Cave. la Case en plus. la Commune. le 5 du mois. le Flâneur. Galerie Tator. HO36 Montesquieu. iEP. Kargo Kult. librairie Comics Zone. librairie Terres des livres. librairie la Madeleine. librairie la voix aux Chapitres. librairie rive Gauche. livestation DiY. Mama Shelter. Mécanique des Fluides. MiMO. Palmarosa Café. Plasma. Théâtre de l’Élysée. Lyon 8 le Ciel. institut lumière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJC Monplaisir. MUTG. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Cave valmy. Ciné-Duchère. CNSMD. Fondation renaud. l’Attrape-couleurs. les Mangeurs d’Étoiles. Médiathèque de vaise. Musée Jean Couty. TNG. Tomaselli Collection. Mâcon Cave à Musique. Musée des Ursulines. Théâtre de Mâcon. Miribel l’Allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Neuville-sur-Saône Médiathèque. Oullins la Mémo. MJC d’Oullins. Théâtre de la renaissance. Pierre-Bénite Maison du Peuple. Médiathèque E. Triolet. Rillieux-la-Pape CCNr. Ciné-rillieux. Espace culturel Marcel André. Médiathèque l’Échappée. MJC Ô Totem. Saint-Étienne Cité du Design. Comédie de Saint-Etienne. la Comète. le Fil. le MAMC. Musée d’Art et d’industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint-Étienne. Saint-Fons Médiathèque roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint-Genis-Laval la Mouche. Médiathèque B612. Saint-Priest Cinéma le Scénario. Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Sainte-Foy-lès-Lyon Bibliothèque. Ciné-Mourguet. Tassin-la-Demi-Lune Cinéma le lem. l’Atrium. librairie Pleine lune. Médiathèque. MJC Omega. Vaulx-en-Velin Atelier l. de vinci. C.C. Charlie Chaplin. Cinéma les Amphis. ENSAl. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de valence. Vénissieux Bizarre! C.A.P. Madeleine lambert. Cinéma Gérard-Philipe. Médiathèque lucie Aubrac. Théâtre de vénissieux. Vienne Théâtre de vienne. Villefontaine le vellein. Villefranche-sur-Saône Auditorium. Atelier Corlin. Atelier valentina. Ciné les 400 Coups. Conservatoire. Cours H. le 116art. librairie des Marais. Médiathèque P. Mendès France. Musée Paul Dini. Office du Tourisme. Premier Acte. Quai 154. Sunfish. Théâtre de villefranche. Théâtre Pêle Mêle. Villeurbanne Campus de la Doua. CCO. CCvA. Ciné le Zola. Galerie Domus. ENMDAD. ENSSiB. Espace info. Espace Tonkin. F.T. Scènes & images. iAC. la MliS. le rize. librairie Carbone. Pôle Pixel. Théâtre Astrée. Théâtre de l’iris. TNP. Transbordeur. UrDlA... Mais aussi dans vos mairies, bibliothèques municipales, écoles & facs, MJCs, hôtels...