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Dans le Rétro… Dans le Viseur

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C DANS L’AIR

Les 15 bougies d’Écrans Mixtes

Réouverture festive au TNG

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FORME & FONCTION

Vu(e) d'en haut

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EXPOS

Claude Venard, Format Paysage, IAC Villeurbanne, Un Empire, des peuples

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Agora

Entretien avec Cédric Van Styvendael

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Tête d’affiche

Lorraine de Sagazan

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Hors Champ Bienvenue chez moi

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Street Musée du Mois

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Popote(s)

Victoria Reddock & Jugeote

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FOKUS

Elise Toïdé Rêveries en images

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BÊTES DE SCÈNES

Émilie Capliez, Maud Lefebvre, Crystal Pite, Ballet de l’Opéra de Lyon, Johanny Bert, Étienne Gaudillère, David Geselson, Dorothée Munyaneza, Raphaëlle Boitel, Marina Otero, Olivia Granville, Myriam Muller, Yngvild Aspeli

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LETTRES & RATURES

Le beau monde du noir

ARKUCHI #48 Mars / a vr. 25

contact.arkuchi@orange.fr

Gratuit • Toutes les 6 semaines

Diffusion : plus de 450 lieux

Lyon, Métropole & Rhône‑Alpes

Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € ‑ 18 rue Belfort 69004 Lyon

Direction de la publication ‑ Rédaction en chef

Anne Huguet ‑ 06 13 07 06 97

Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe

Ont participé à ce numéro

Martin Barnier, Blandine Dauvilaire, Émiland Griès, Marco Jéru, Valérie Legrain Doussau, Trina Mounier, Enna Pator, Ponia & Jackson, Victoria Reddock, Carmen S, Gallia Valette Pilenko

Illustration de couverture : Elise Toïdé

Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97

Conception et mise en page

Impression : FOT

Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646‑8387

Larédactionn’estpasresponsabledestextesetphotos publiésquiengagentlaseuleresponsabilitédeleurs auteurs.Tousdroitsdereproductionréservés.

aBONNEMENT

7 num./an = 35 eur.

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évé- lation

Entre polar et fantastique, Le soleil brille pourtant dehors, avec son histoire de maison perdue dans la forêt et d’enfant disparue, a fait mouche. Une première création prometteuse –au Théâtre de l’Élysée –pour ces jeunes tout droit sortis de l’ENSATT. Bravo !

A chaud

COCON FAMILIAL Récit à trois voix pour la toute première pièce des sœurs jumelles Lina et Sarah Baraka. Okhty (« ma sœur », en arabe) plonge dans leur souvenirs, leurs racines et leur identité. Pour se retrouver ?

13 > 17 MARS Théâtre des Clochards Célestes

COULEUR LOCALE Revoilà les Brésiliens de Grupo Corpo avec deux œuvres phare (21 et Gira) de leur répertoire. Vingt-deux interprètes au plateau pour une danse virtuose à la précision implacable qui rayonne de couleurs et de joie. Pour le plaisir.

14 > 16 MARS Bonlieu Annecy (74)

22 > 30 MARS Maison de la danse

MÉNAGERIE SAVANTE Dix chats qui chantent et dansent leurs peurs, leurs doutes et leurs espoirs ? Les trublions performeurs Marlène Saldana & Jonathan Drillet osent surfer entre burlesque, comédie musicale et kabuki. Ovni.

27 > 28 MARS MC2: Grenoble (38)

03 > 04 AVR. Les SUBS

DYSTOPIE Dividus de Nacim Battou (découvert à Karavel) brouille les pistes avec une danse exigeante qui fait se télescoper hip hop, contemporain et acrobaties, pour questionner le monde de demain. À la fin, les corps épuisés exultent, portés par une transe généreuse.

01 AVR. Radiant Bellevue

03 AVR. Théâtre Jean Vilar Bourgoin Jallieu (38)

À DEUX VOIX Dans Nageuse de l’extrême (…), Élise Vigier raconte avec délicatesse le combat de deux femmes totalement différentes pour leur (sur)vie. Deux traversées qui parlent de volonté, de résilience et de vie. En tri-frontal.

02 > 04 AVR. Théâtre du Point du Jour

TROP BELLE HÉLÈNE Après Ménélas Rapsodie, Simon Abkarian continue de nous raconter à sa manière l'émouvante l’histoire de Troie, en braquant les projecteurs sur Hélène après la chute, quand elle retrouve Ménélas.

PREMIÈRE

Tous avec Turak Première pour Au fil d’avril et ses marionnettes. À tout seigneur tout honneur, Michel Laubu et son Turak créeront une petite forme autour des contes, Des chaussures dans la lumière des livres . En prime, un Avare loufoque signé Tàbola Rassa et les marionnettes de Franck Stalder.

Let’s go. 01 >12 AVR.

Théâtre de la Renaissance Oullins

Maison du Peuple Pierre Bénite

MEMENTO MORI

CINÉ

Toute la force du cinéma de Pedro Almodóvar dans son premier film américain, La chambre d’à côté, qui évoque le droit à mourir dignement. Décors flamboyants, actrices en majesté, bande son et images (sur)léchées. Lion d’Or 2024 de la Mostra de Venise. En salle depuis le 8 janvier.

L’heure des comptes ?

08 AVR. Théâtre de Villefranche

Florent
Hermet
ZORA, CIE HAUT LES MAINS

MARATHON THEATRE

Short festival, 1re ! Dix formats courts sur une dizaine d’heures non-stop par de jeunes artistes sortant de l’ENSATT. Ils ont entre vingt et quarante minutes pour nous emballer. Belle occasion de fouler le peu connu Théâtre de la Petite Rue à Villeurbanne !

15 MARS

39 petite rue de la Viabert Villeurbanne

Ravebaroque

LES ÉCRANS DU DOC #14

Toboggan Décines

14 films 25 > 30 mars

THE PL aCE TO BE

Du beau monde à la Comédie de Valence ! D’abord

Simon Delétang, rompu aux textes contemporains, offre une lecture très actuelle du Misanthrope sur la domination. Puis Emmanuel Noblet avec le bouleversant Article 353 du Code pénal donne matière à penser sur la justice sociale. Vincent Garanger y incarne l’un de ses plus beaux rôles. On réserve ?

LE MISANTHROPE

12 > 13 MARS

ARTICLE 353 DU CODE PÉNAL

27 MARS > 17 AVR.

Marco da Silva Ferreira confirme toute sa puissance créatrice dans a Folia, réussissant à sublimer les 24 danseurs du Ballet de Lorraine. À la fois jubilatoire et engagée, sa danse multiplie jeux de pieds, pliés, jetés, vibrations, corps en transe avec l’énergie folle du clubbing. Merci la Maison de la danse !

aU TraNsBO

sONO MONDIaLE

On coche Şatellites : le combo de Jaffa, passé par les Transmusicales en 2022, revisite à sa manière le folk turc et le psyché anatolien. La voix rayonnante de Yuli Shafriri, en prime.

23 MARS

ETHNO-TrIP

Sur scène, Orange Blossom transporte avec ses chants incantatoires et ses orchestrations grandioses qui fusionnent électro, sons du monde et pulsation punk. Grisant.

28 MARS

MOrDaNT

Vu aux côtés de certains Viagra Boys et Shame, Fat Dog débarque du sud de Londres avec son électro-punk-indus teigneux et une réputation live sauvage. On se colle WOOF dans les oreilles et on y va les yeux fermés.

05 AVR.

vaLEUr sÛrE

Le rock sixties en fil rouge avec riffs et claviers vintage, des projections visuelles toujours classe, un peu de talk over et le tour est joué : The Limiñanas repasse par Lyon pour défendre Faded. On se laisse embarquer !

08 AVR.

Jean Louis Fernandez

Christine and the queer

LA PRODUCTRICE AMÉRICAINE CHRISTINE VACHON EST L’INVITÉE D’HONNEUR DE LA FOISONNANTE QUINZIÈME ÉDITION DU FESTIVAL ÉCRANS MIXTES. DEUX NOUVEAUTÉS CETTE ANNÉE : UNE COMPÉTITION COURTS MÉTRAGES ET LA FABRIQUE QUEER POUR CÉLÉBRER L’UNDERGROUND.

Quinze ans après sa première édition, Écrans Mixtes n’en finit pas de grandir et d’évoluer. Le festival lyonnais dédié au cinéma queer français et international trace avec succès son sillon, donnant à voir les existences de celles et ceux qui occupent les (larges) contours de la norme : à savoir homosexuels, trans, drags, mais aussi militants de la cause féministe ou seniors luttant contre l’invisibilité. Le sujet est vaste et la matière riche à en croire la programmation de l’édition 2025, avec pas moins de 91 séances dans 30 lieux. Le festival cultive l’art et la manière de combiner l’enthousiasme de l’émergence avec l’aura des pionniers. Ainsi, cette année, on déroule le tapis rouge pour Christine Vachon, qui, contrairement à ce que son patronyme laisserait penser, n’a rien d’une frenchie : cette productrice américaine est depuis trente ans à la

manœuvre derrière la filmographie de Todd Haynes et quelques grandes œuvres du cinéma indépendant US (Kids de Larry Clark, Boys Don’t Cry de Kimberly Pierce...). Sa présence à Lyon est un événement : c’est elle qui préside le jury de la compétition longs métrages – elle tiendra une masterclass aux Célestins animée par la journaliste et cinéaste Iris Brey – tout en proposant une rétrospective riche de six films, dont le magnifique Carol de Todd Haynes et le désopilant A Dirty Shame de John Waters (avec la grande Tracey Ullman). Huit longs sont en compétition cette année, face à un jury où siège également Karim Dridi, primé l’an dernier pour Fainéant.es. Il fera d'ailleurs l’objet d’une soirée spéciale Pigalle pour les 30 ans de son film éponyme. Autre invité du jury, l’acteur et réalisateur Gio Ventura, à l’affiche récemment des Reines du drame de Alexis Langlois, présentera Les Sports X-trem dans le cadre de la Fabrique Queer : ces deux jours dans le festival (8 et 9 mars) sont l'une des nouveautés 2025, un espace dédié

VELVET GOLDMINE DE TODD HAYNES (1998)
l’enthousiasme de l’émergence avec l’aura des pionniers

aux œuvres militantes et auto-produites qui prendra vie au Lavoir Public. La seconde nouveauté est la compétition courts métrages, une sélection de 21 œuvres françaises et étrangères entre fiction, cinéma expérimental ou film d’animation. On y retrouvera notamment Florent Gouëlou (diplômé pour la petite histoire de l’école de la Comédie de Saint-Étienne) avec Nous les prochains. Il a aussi réalisé Habibi, chanson pour mes ami.e.s, documentaire de 80 minutes présenté en avant-première pour la soirée de clôture. En ouverture, un hommage à Marisa Paredes sera rendu, avec le flamboyant Talons Aiguilles de Pedro Almodóvar. Tout aussi culte, les deux géants du cinéma que le festival choisit de célébrer : le Géorgien

Sergueï Paradjanov (Les Chevaux de feu) et l'Italien

Pier Paolo Pasolini (L'Évangile selon saint Matthieu). Ces deux réalisateurs non conformistes ont été pris dans le piège de la machine soviétique pour le premier, celui de la justice moralisatrice pour le second. Leurs rétrospectives consacrent leur talent et leur admirable liberté, la sève de ce festival à la fois engagé et accessible.

La fête au TNG

WEEK-END DE FÊTE & RÉOUVERTURE

21 > 23 MARS

TNG Vaise

Lyon 9 tng lyon.fr

Une scène rénovée, un atrium agrandi, ça se fête ! Le TNG réouvre ses portes au public après trois ans de travaux. Une rénovation qui lui a permis d’agrandir la cage de scène, d’installer des équipements scéniques à la pointe de la technologie, d’isoler le bâtiment et de végétaliser le toit, de repenser l’atrium pour un meilleur usage des espaces. Ainsi, le TNG, pour « marquer le coup », a souhaité « ouvrir avec un spectacle au format atypique qui se déploie dans tous les espaces du théâtre et va permettre aux spectateurs à la fois de vivre une expérience artistique singulière – le travail de la compagnie des 3 Points de Suspension est vraiment étonnant – et d’explorer les imaginaires du futur. Ce qui est un leitmotiv du projet avec lequel nous avions candidaté il y a dix ans », explique Joris Mathieu, son directeur artistique qui achève son mandat en juin 2025. Avec ce parcours artistique, le spectateur pourra faire le tour du théâtre et des espaces et « surtout monter sur la scène pour la découvrir en la pratiquant et pas seulement en étant face à elle », précise-t-il. L’idée de cette réouverture est aussi de montrer que le TNG peut être un lieu de convivialité ouvert sur le quartier, c’est pourquoi il accueille aussi le spectacle Diorama en journée ainsi qu’un stand « Fabrique ton masque », un espace lecture et un espace goûter. Sans oublier un live sur Twitch animé par des ados et sans doute d’autres petites surprises… Cette réouverture est également l’occasion de dresser un bilan du projet porté depuis dix ans. Avec une fierté légitime pour Joris Mathieu « d’avoir renouvelé voire même rajeuni le public, puisque près de 70% des spectateurs ont moins de 30 ans », mais aussi de penser ce CDN « comme un lieu d’innovation, d’invention de nouvelles formes et de nouvelles écritures Tout en proposant aux jeunes générations des spectacles qui intègrent d’autres codes culturels que les seuls codes du théâtre. » C‘est aussi le moment pour le créateur de la compagnie Haut et Court de faire le point, de prendre le temps de se poser et de reprendre l’activité en compagnie. Avec une nouveauté qui n’en est pas une : celle de poursuivre le Vivier, mis en place au TNG pour soutenir la création émergente « hybride et immersive » en concevant des espaces de soutien à la recherche. Enfin, le travail de la compagnie autour de projets numériques se poursuit, « sa marque de fabrique » depuis le début.

PAR GaLLIa vaLETTE-PILENKO

ParDELÀ LE vIDE

PARTIR EN BALLADE, PAS SI LOIN QUE ÇA, RÉSERVE PARFOIS BIEN DES SURPRISES. OUTRE DE MAGNIFIQUES PAYSAGES, NATURELS OU FAÇONNÉS PAR DES SIÈCLES D’AGRICULTURE, LE RANDONNEUR DÉCOUVRE DES OUVRAGES D’ART EN OSMOSE AVEC CES PANORAMAS GRANDIOSES.

vienne condrieu.com myhauteloire.fr cabinet eric.com alpes‑inge.com collection‑architectes.com

irection les reliefs escarpés et tapissés d’épaisses forêts de la Haute-Loire, et plus précisément les gorges du Lignon, du côté de Saint-Maurice du même nom. Ce site, classé Natura 2000, propose un parcours d’une dizaine de kilomètres tout en éco-responsabilité, avec parking dédié et balisage sans faille. On promet aux plus chanceux de pouvoir observer loutres, castors, milans royaux et hiboux grand-duc, au fil d’un sentier qui suit le terrain accidenté sous un dense couvert de pins sylvestres et de chênes rouges. Ses innombrables raidillons et lacets serpentant débouchent sans crier gare sur une impressionnante passerelle himalayenne, jetée par-dessus le bien-nommé Pas de Géant. Se flattant d’être la plus longue de France, son étroite structure franchit, d’un trait, la vallée encaissée du Lignon du Velay qui s’écoule, inaccessible, près de 80 mètres en contrebas. Frisson assuré pour celui qui s’aventure sur le caillebotis métallique de son platelage. La passerelle, qui permet tout juste de se croiser, tangue sous les pieds au rythme des pas, avec une amplitude croissante quand on s’approche de son mitan. Cette prouesse technique, conçue et réalisée en 2022 par le groupement de bureaux et cabinets d’études CAN, VLM, ERIC et Alpes-Ingé est une commande de la communauté de communes des Sucs. Ses 270 mètres de long dessinent, sans appui intermédiaire, une fine structure métallique boulonnée et haubannée de câbles, dont l’apparente fragilité et la totale transparence du tablier et des garde-corps

procurent une expérience forte en émotions. Cette économie de moyens et la finesse de ses profilés garantissent à l’ouvrage une insertion respectueuse du site, qu’il semble survoler par magie. Un belvédère en forme de plongeoir le précède, s’avançant tout aussi vertigineusement dans le vide. Il permet d’apprécier sa silhouette graphique, inscrite dans une nature sauvage.

Autre destination, celle des paysages de la CôteRôtie, aux confins méridionaux du département du Rhône : le paisible village de Semons réserve en effet une surprise. Après avoir déambulé, au départ de Condrieu par exemple, le long de la piste cyclable de la ViaRhôna qui suit le fleuve, il faut grimper depuis l’île du Beurre le séculaire sentier agricole entre les vignes palissées sur de typiques échalas en châtaignier. Bien que le dénivelé soit fort, la marche d’approche est moins sportive qu’en Haute-Loire, mais son

PASSERELLE DES GORGES DU LIGNON
C. Le Corre / CCDS ©

BELVÉDÈRE DE TUPIN-ET-SEMONS

aboutissement est tout aussi spectaculaire : plantée sur un promontoire à l’abri des crues, la petite église du village, classée Monument historique depuis 1914, est désormais précédée d’un belvédère qui surplombe le paysage à 180°, avec côteaux en terrasses à perte de vue, méandres du fleuve en contrebas, plaine maraîchère sur l’autre rive et chaînes alpines visibles à l’horizon par temps clair. Cet aménagement, livré en août 2024 par les Grenoblois de Collection Architectes, reprend le principe des murets de soutènement en pierres qui étagent les vignes, pour déboucher sur une passerelle circulaire dilatant le parvis de l’église. Pour ce ponton courbe érigé dans le vide, les concepteurs ont choisi le bois pour son platelage et sa structure rayonnante en lamellé-collé, épurée par des tirants métalliques. Il est le premier d’une série de plusieurs belvédères qui jalonneront, dans quelques années, ce territoire aux portes du parc naturel régional du Pilat. Ces deux ouvrages d'art témoignent qu’un projet contemporain n’est pas systématiquement synonyme de traumatisme pour le paysage, mais peut au contraire le révéler avec respect, pour le plus grand plaisir du marcheur qui sommeille en chacun de nous. Alors, à vos baskets

LE POSTCUBISME DU BONHEUR

> 04 MAI

Musée Jean Couty Lyon 9 museejeancouty.fr

Le bonheur de peindre

Si le nom de Claude Venard (1913-1999) ne vous est pas familier, courez voir l’exposition que lui consacre le musée Jean Couty. Ce peintre français, associé au mouvement du post-cubisme, fut ami avec les frères Giacometti, Romain Gary, Jean Cocteau et Jacques Prévert. Il participa aussi au Salon des peintres témoins de leur temps, avec Jean Couty. « Mon père considérait Claude Venard comme un très grand artiste, raconte Charles Couty, directeur du musée éponyme. Quand le galeriste Michel Estades et Renata Venard, veuve de Claude, m’ont proposé de présenter ses toiles au musée, j’ai trouvé l’idée formidable. La quarantaine d’œuvres majeures que nous dévoilons sont issues de la collection privée de sa femme, elles n’ont jamais été exposées avant. » Ces tableaux de grand format, parfaitement conservés, vibrent de couleur et réunissent tous les thèmes chers à Venard. À commencer par les paysages, notamment les Moulins dans la neige qui

ouvre le parcours et accroche le regard. L’artiste excelle dans les compositions puissantes et audacieuses qui transcendent les sujets. Sa vue recomposée de Paris, à la manière d’un kaléidoscope, offre la quintessence des monuments de la capitale et force l’admiration. Nourries d’une matière riche, domptée au couteau à palette, ses œuvres irradient de lumière. Celle de la Provence où il s’installe dans les années 1950, et où il met en scène des natures mortes qui palpitent de bleu, de jaune, de vert. Des teintes vives entourées de cernes noirs et anguleux, dont Bernard Buffet s’inspirera plus tard. Venard se passionne aussi pour les bateaux, les locomotives et les avions qui emportent loin son imagination. « En observant les toiles plus sombres de sa première période, on voit qu’il a peu à peu laissé les couleurs éclater et trouvé un autre graphisme », reprend Charles Couty. Sa joie de vivre et de peindre se retrouvent dans ses huiles. C’est vraiment l’un des maîtres du post-cubisme ! »

Paysages intérieurs

FORMAT PAYSAGE

> 22 MARS

Galerie Ceysson & Bénétière Lyon 1 ceyssonbenetiere.com

La galerie Ceysson & Bénétière a plutôt coutume de proposer des expositions personnelles. Mais pour ce nouvel accrochage, elle a choisi le collectif pour questionner l’un des grands sujets de la peinture : le paysage. En présentant quatre artistes de son catalogue et en faisant dialoguer leurs univers, elle ouvre des perspectives et des correspondances (au sens où l’entendait le poète Charles Baudelaire) inusitées. À l’instar de celles qui s’établissent au sous-sol de la galerie entre les grandes toiles de Jérémy Liron, les toiles de jean petits formats de Pierre Buraglio et le tirage grand format des Borderland de Tania Mouraud. Commencée par l’artiste en 2007, cette série de photographies de bottes de pailles enrobées de plastique noir est saisissante : c’est le paysage environnant qui se reflète dedans. Le cadrage en gros plan des stries du plastique rappelle furieusement le trait du pinceau accentué par la taille de l’œuvre. La surface réfléchissante de la matière brillante devient photosensible, renversant même la notion de paysage. Une autre rencontre s’établit dans la salle principale entre les peintures de Pierre Buraglio et les impressions de Claire Chesnier. L’un recompose le paysage à sa façon, déstructurant le cadre ou même le motif, jusqu’à sa disparition. Comme cette porte de 2CV, à la vitre repeinte en jaune, dont on peut imaginer qu’elle garde en mémoire tous les paysages qu’elle a vus défiler. Tandis que l’autre expose de subtiles météorologies, par des nappes de couleurs vaporeuses devenant iridescentes…

aux frontières du visible

En l’absence de direction à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne (IAC), c’est Sarah Caillet, la coordinatrice artistique et de recherche, qui assure le commissariat de la nouvelle expo collective intitulée In the hours between dawns (littéralement « Entre deux aubes »). Elle rassemble onze artistes ou duos d’artistes « comme autant de poèmes desquels émergent de possibles horizons », selon les mots de Sarah Caillet. Construite autour d’un poème de l’activiste américaine Audre Lorde, Litanie pour la survie, elle se déploie sur onze salles à suivre dans le sens des aiguilles d’une montre. Onze univers à découvrir qui ont en commun un même intérêt pour les lisières et les personnes ostracisées. Même s’il se manifeste de façon très différente. Que ce soit Mutumia, l’installation de la Kényane Phoebe Boswell – qu’on a pu découvrir en 2019 lors de la Biennale d’art contemporain –, qui met en scène des femmes dessinées grandeur nature, ou celle de la Sud-Africaine de Johannesburg, Gabrielle Goliath avec This song is for… Vol.1, qui mêle son et vision. À parcourir sans tarder !

> 13 AVR.

IAC Villeurbanne i‑ac.eu

Mosaïque à la romaine

Alors que les crispations identitaires se font de plus en violentes, le musée Lugdunum a le bon goût de se pencher sur la pluralité des peuples dans le monde romain. L’exposition Un Empire, des peuples proposée actuellement (dé)montre que la civilisation occidentale est fondée sur le brassage des ethnies et des idées. À partir de stèles funéraires, mais aussi d’inscriptions gravées dont le musée possède l’une des plus riches collections de France, l’expo (riche de 150 œuvres dont des pièces jamais exposées) retrace le parcours réel et imaginaire de six personnages de l’Empire romain. Un notable gaulois, une fille d’affranchi devenue prêtresse, un verrier carthaginois installé à Lyon, un marchand syrien et deux épouses de vétérans de la légion romaine montrent la diversité des origines, des modes de vie, des cultes et des langues. L’occasion de faire le point sur l’avancée des recherches archéologiques à l’apogée de l’Empire – au IIe siècle de notre ère – et de pointer l’intégration à la romaine de ses populations diverses et variées… >

Lugdunum Musée & théâtres romains lugdunum.grandlyon.com

Cyrille Cauvet, courtesy Ceysson & Bénétière

ÉDUCATION, SPECTACLE VIVANT, MUSÉES… DANS UN CONTEXTE DE BAISSE DES BUDGETS ET À L’HEURE DES CHOIX, LA MÉTROPOLE DE LYON ENTEND MAINTENIR SES AMBITIONS EN MATIÈRE DE CULTURE. LE POINT AVEC CÉDRIC VAN STYVENDAEL, VICE-PRÉSIDENT

À LA CULTURE DE LA MÉTROPOLE ET MAIRE DE VILLEURBANNE.

Culture métropole

Quel rôle singulier joue la Métropole de Lyon en matière de culture ?

CÉDRIC VAN STYVENDAEL Jusque-là, elle exerçait plutôt cette compétence en complément des villes. En 2021, le nouvel exécutif a adopté une stratégie culturelle pour 2021-2026, avec trois axes majeurs. Nous avons d’abord multiplié par cinq le budget de l’éducation artistique et culturelle des 120 collèges. Nous soutenons aussi la structuration de la filière par diverses actions, comme la Recyclerie qui ouvrira fin 2025/début 2026 aux Grandes Locos, dédiée au réemploi des matériels de spectacles ou d’exposition. Enfin, le soutien à la diffusion du spectacle vivant est passé de 500 000 à 1 million d’euros. Il est confié aux dix conférences territoriales des maires, les CTM. Chacune pilote sa propre programmation. Ainsi, la CTM du Val de Saône subventionne le festival Saône en scène ou celle des Portes du Sud soutient la Machinerie à Vénissieux, le Polaris à Corbas et le Théâtre Jean Marais à Saint-Fons. Entre autres…

Malgré cette stratégie, la Métropole réduit certains budgets, comme celui des Confluences ?

Nous allons plutôt solliciter dans l’effort les cinq plus grandes structures que nous soutenons, le festival Lumière et les Nuits de Fourvière, les Biennales d’art contemporain et de la danse, ainsi que les musées des Confluences et Lugdunum. Cela s’est fait dans la concertation. Pour le musée des Confluences, en particulier, nous avons reporté à l’automne un million d’euros du budget de fonctionnement vers l’investissement : nous l’accompagnons notamment dans les travaux de rénovation de son bâtiment. Nous demandons aussi à ces acteurs majeurs, qui, tous, rencontrent un réel succès, de prendre en compte dans leur projet la transition écologique et l’égalité femme-homme, et de renforcer leur rayonnement métropolitain. Ils le font. Le musée des Confluences transporte ainsi ses cabanes à histoires dans des lieux de vie de la métropole. Les Nuits de Fourvière, l’an dernier, ont permis aux acrobates de la compagnie XY de créer à Vaulx-en-Velin, dans l’espace public, leur magnifique spectacle Les Voyages

Quels sont les grands projets du mandat ?

CVS D’abord, la Métropole a repris à la Ville de Lyon la gestion de la Chapelle de la Trinité et du Transbordeur, dont elle est propriétaire. Nous avons confié la délégation de service public (DSP) de la Chapelle aux concerts de l’Hostel-Dieu qui, avec Superspectives, ont lancé en octobre une belle programmation entre grandlyon.com

CVS Avec un budget culturel de 40, 3 millions d’euros en 2024 (il devrait se rétracter en 2025, NDLR), et malgré des restrictions budgétaires, l’aide à l’ensemble des acteurs et à l’éducation artistique est maintenue.

les Grandes Locos sont un lieu incroyable, majestueux

esthétiques baroque et contemporaine. Pour le Transbordeur, salle mythique, nous prolongeons d’un an la mission de l’actuel délégataire, Transmission, jusqu’à juin 2026. Une nouvelle DSP sera décidée au printemps, effective en 2026. Restrictions budgétaires obligent, notre projet de grande bibliothèque numérique est en pause.

Quid des Grandes Locos et de la future

Cité internationale des arts du cirque ?

CVS La réussite des Nuits sonores et de la Biennale d’art contemporain ont montré combien les Grandes Locos sont un lieu incroyable. Nous lançons dix-huit mois de travaux dans l’une des deux halles rachetées : elle accueillera toutes les formes artistiques dans un cadre événementiel. Et, bien sûr, le projet la Cité internationale des arts du cirque se poursuit aux côtés de la compagnie MPTA de Mathurin Bolze, et l’École de Cirque de Lyon de Ménival. Malgré le retrait de la Région du financement, le budget de 14 millions d’euros, à égalité Métropole/État, permet de construire une première phase de l’équipement. Nous sommes en train de choisir l’architecte. Ce pôle de formation et de création doit conforter une filière déjà bien vivante dans la Métropole et donner plus de visibilité aux foisonnantes esthétiques circassiennes. Implanté au Puisoz à Vénissieux (à côté d'Ikea, NDLR), il devrait ouvrir en 2028.

En dialogue avec le réel

LORRAINE DE SAGAZAN* A DÉJÀ PRÉSENTÉ PLUSIEURS DE SES PIÈCES À LYON. EN 2024, LA METTEUSE EN SCÈNE A CRÉÉ À AVIGNON

LÉVIATHAN, DERNIER VOLET D’UNE TRILOGIE QUI A MARQUÉ LES ESPRITS AVEC LA VIE INVISIBLE OU LE SACRE. SA DÉMARCHE ORIGINALE PASSANT PAR LE RECUEIL DE TÉMOIGNAGES REPOSE SUR LE DÉSIR D’INTERROGER LES ROUAGES DE NOTRE SOCIÉTÉ ET D’INTERPELER LE SPECTATEUR. RENCONTRE AVEC UNE ARTISTE ENGAGÉE.

PAR TrINa

MOUNIEr

À qui fait référence Léviathan, le titre choisi ?

LORRAINE DE SAGAZAN Léviathan est un mythe qu’on retrouve sous des formes différentes à des époques éloignées. Il y a bien sûr le monstre marin biblique qui porte la vengeance et la destruction, promis lui-même à la mort par la main de Dieu, mais aussi la métaphore qu’utilise le philosophe anglais Hobbes pour penser le pouvoir politique. Les figures sont multiples. J’ai conçu mon Léviathan comme une émanation de tous ces fantômes.

Comment se déroule la création d’un spectacle ?

LÉVIATHAN

25 > 28 MARS

Comédie de Saint Étienne (42)

02 > 06 AVR.

Théâtre des Célestins Lyon 2

10 > 11 AVR.

MC2: Grenoble (38)

16 > 17 AVR.

Comédie de Valence (26)

Ce monstre pourrait-il être la justice ?

LDS C’est la matière même du spectacle. On s’est intéressé à une particularité française, les comparutions immédiates, qui consiste à juger les prévenus au sortir de leur garde à vue, en trente minutes chrono. Cette justice expéditive qui prononce des peines de prison ferme exécutables à la sortie de l’audience, par la voix d’un procureur et non des représentants du peuple, est d’une grande violence. Elle n’existe nulle part ailleurs en Europe. Au départ justice d’exception, elle s’est normalisée peu à peu et s’étend. Elle génère environ 40 % des incarcérations et touche souvent les plus précaires. Elle est totalement discriminatoire.

LDS Avec mon équipe, nous avons assisté à des comparutions immédiates à la chaîne ; nous avons rencontré plus de trois cents personnes, avocats, prévenus, victimes, détenus, procureurs. Nous avons tout retranscrit, puis choisi certaines situations sur lesquelles j’ai demandé à Guillaume Poix d’écrire ce qui va se passer au plateau. L’écriture de spectacles fait partie du fonctionnement de la compagnie. Il est important que chacun se sente créateur. Il y a toujours une part d’improvisation, qui permet aux acteurs de se servir des imprévus pour les transformer en opportunités. Sinon ce n’est plus du spectacle vivant ! Il y a quelque chose de performatif dans mon travail. Je ne pense pas le théâtre comme la représentation du réel mais comme la création d’un nouvel espace. Je me suis beaucoup intéressée à un terme inventé par Michel Foucault, l’hétérotopie, qui est une contreutopie, un espace où l’on invente une nouvelle norme. Je conçois mes spectacles comme des hétérotopies, c’est-à-dire comme des endroits où on viendrait, non pas faire semblant, mais au contraire inventer un autre réel.

LEVIATHAN
* Invitée à la dernière Biennale d’art contemporain, elle a exposé cet automne, au MAC, Monte di Pietà, une installation saisissante, conçue comme un « sanctuaire des chagrins ».

lorrainedesagazan.com

quelque chose de performatif dans mon travail

Vous travaillez parfois avec des nonprofessionnels… LDS Oui. Cela a été le cas pour La Vie invisible où j’ai travaillé avec des non-voyants. C’est aussi le cas dans Léviathan où je fais intervenir un homme qui a vécu cinq comparutions immédiates et plusieurs années d’incarcération. Il remet en question cette injustice du temps donné : qui a le droit d’avoir du temps à l’ère néolibérale ? Ces personnes sont à la fois les témoins et les garants de notre récit.

Simon Gosselin ©

En suspension

Mes photos sont comme des puzzles

Faites le test et tapez son nom sur un moteur de recherche. « Artiste peintre », voilà ce qui sortira à propos d’Élise Toïdé. « Il faut que j’y remédie », plaisante la photographe parisienne, davantage amusée qu’agacée par « l’IA de l’application qui a analysé que je faisais de la peinture à cause du grain de mes photos ». La comparaison s’arrête là, même si Élise reconnait que la peinture « l’inspire », en particulier les postimpressionnistes, dont l’esprit habite ses photographies de fleurs, d’allées arborées et d’intérieurs veloutés chargés d’histoire. Des histoires, cette grande cinéphile adore en raconter. Cela a toujours été une certitude, même si elle s’est cherchée sur la manière de le faire. « Je savais juste que je voulais évoluer dans la création », se souvient-elle. Enfance dans le Gers, dessin en cours du soir, voyages de classe pendant lesquels elle se prend à photographier ses camarades et les paysages. Puis montée à Paris pour étudier l’architecture.

PAR EMMaNUELLE BaBE
PHOTOS ELIsE TOÏDÉ

En cours du soir, là encore, elle se forme à la photo, mais c’est à New York, où elle se pose quatre ans, qu’elle vit « une vraie révélation » pour cet art. Alors qu’elle s’entraîne à la photographie dans les rues de Brooklyn, le showroom où elle travaille lui ouvre les portes des défilés de mode. Aux podiums Élise préfère les coulisses, son identité encore aujourd’hui lorsqu’elle shoote pour des magazines. « Ce qui m’intéresse, c’est explorer ce qui est derrière. Pour capter des sourires, des regards, des émotions. » Retranscrire le réel l’intéresse moins que de proposer « des photos d’atmosphère », qui laissent libre cours à l’imagination. Son travail personnel répond à cette recherche. Ainsi la série Gabrielle, ouverte en 2019 et qui se poursuit. En la parcourant, on assiste au passage à l’âge adulte de cette adolescente qui avait seize ans à l’époque des premiers portraits, réalisés au 35 mm argentique. Ce grain si particulier sublime la dimension évocatrice de photographies qui sont comme des souvenirs couchés dans un journal intime. Derrière le regard de Gabrielle, chacun est invité à explorer ses propres sentiments et questionnements. C’est ce qui a plu au théâtre des Célestins, qui a choisi le travail d’Élise pour illustrer la saison 2024/25 : « Ici, ce qui fait l’histoire, c’est justement ce qui n’est pas dans l’image, ce que le spectateur va ajouter, imaginer », explique l’institution lyonnaise. Celle-ci a puisé sa sélection dans une autre série, Les Vagues. « Une collection de photos réalisées sur dix ans et que j’ai réunies là encore pour raconter une histoire, celle d'un dernier été », explique la photographe. Les scènes de plage au temps suspendu alternent avec des photos d’animaux, « comme dans un conte ». Suggestives et mélancoliques, voire intranquilles, ces images excitent l’imagination, à l’instar de la série Maisons. Où Elise fait du musée Marcel Proust l’évocation de « ce qui pourrait être la maison de nos grands-parents, à la campagne ». À chacun sa réalité.

INSPIRATIONS

elisetoide.com

@elise_toide

LES VAGUES
Eyd Books 2022
Guy Gilles, Mia Hansen Løve, Jacques Rozier, Ange Leccia, Pierre Bonnard, Charlie Kaufman, Jochen Lempert, Guillaume Brac…

UNE PIÈCE POUR LES VIVANT·E·S EN TEMPS

D’EXTINCTION

Contrer la mort

LES CRÉATIONS SONT LE CŒUR VIVANT DES SAISONS THÉÂTRALES, MÊME QUAND ELLES PARLENT DE LA MORT.

HARO SUR TROIS PIÈCES QUI FONT TRÈS ENVIE.

PAR

TrINa MOUNIEr

JVIVRE VITE

13 > 14 MARS

Théâtre Jean Marais

Saint Fons

UNE PIÈCE POUR

LES VIVANT.E.S EN TEMPS

D’EXTINCTION

18 > 20 MARS

Théâtre du Point du Jour

Lyon 5

JUSTE LA FIN DU MONDE

01 > 05 AVR.

Théâtre de la Croix Rousse

Lyon 4

ohanny Bert monte Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, auteur désormais classique, mort trop tôt il y a maintenant trente ans. C’est en soi une surprise car le metteur en scène fantasque et insolent ne se laisse pas facilement enfermer dans des cases. On ne l’attendait donc pas avec un texte du répertoire, l’histoire récurrente chez l’auteur, car traumatique, du retour du fils mourant (et prodigue) dans la maison familiale avec le désir de dire l’indicible, sa mort prochaine, mais aussi qui il est. Il n’arrivera pas à parler. Personne ne voudra l’entendre. Johanny Bert a confié le rôle de Lagarce à Vincent Dedienne. « J’aime l’humour très mélancolique de cet écrivain et je suis fasciné par les acteurs. Je connais Vincent depuis sa sortie de l’École de la Comédie de Saint-Étienne, j’ai tout de suite pensé à lui pour le rôle. D’ailleurs je monte parallèlement Il ne m’est jamais rien arrivé*, tiré du journal de Lagarce avec Vincent, seul en scène. Je voudrais qu’on les voie comme un diptyque. Car ce que Louis essaie de dire sans succès dans la pièce, Jean-Luc le dit dans son journal. L’aller-retour entre les deux est indispensable pour comprendre », détaille l’artiste hybride. Étienne Gaudillère, autre touche-à-tout, raconte être tombé sur Vivre vite, Prix Goncourt 2022, happé par l’écriture. Il en imagine immédiatement l’interprète en la personne

d’Anne de Boissy. Là encore, ces deux-là se connaissent bien. Elle a joué dans Pale Blue Dot, dans Cannes 39/40. Cerise sur le gâteau, Anne connaît Brigitte Giraud qui accepte et participe aux différentes versions qui vont jalonner la création. « C’est un vertige, cette succession de si qui ponctue le roman, confie la comédienne. Tous ces si qui auraient pu inverser le cours des choses, le cours du temps. Tous ces si qui imaginent l’impossible… » Étienne a décidé de recontextualiser ce fait intime. « Un des éléments-clés de la scénographie, c’est l’éclipse solaire totale de 1999, un fait très rare. À l’instar de ce soleil qui peu à peu s’éteint, comme un cœur qui bat et qui s’arrête. »

C’est aussi David Geselson, moins habitué aux scènes lyonnaises, que l’on pourra retrouver en mars. Les problématiques environnementales sont l’un des piliers de la programmation du théâtre du Point du Jour. Après avoir questionné nos origines dans Neandertal (MC2: en février), pas étonnant donc que le metteur en scène, également auteur, ne porte Une pièce pour les vivant.e.s en temps d’extinction, sorte de veillée funèbre d’un monde finissant, sur ce plateau-là éclairé à la bougie. L’affaire est trop sérieuse pour qu’on la traite à la légère : la pièce sera économe en énergie. Cela donne des images somptueuses…

* Il ne m’est jamais rien arrivé est programmé au Théâtre de la Croix Rousse, dans le cadre des Nuits de Fourvière. Dates à suivre.

Mythe et donjon

Le Château des Carpathes n’est pas le plus connu des Voyages extraordinaires de Jules Verne. Récit gothique écrit cinq ans avant le Dracula de Bram Stoker, il se déroule comme lui en Transylvanie, dans des contrées assez peu connues à l’époque, qui passent pour être sauvages et reculées. Il mêle légende ancienne et technologie nouvelle, comme toujours dans les œuvres de l’inventeur du capitaine Nemo. Mais il s’agit ici d’un château hanté qui suscite tous les fantasmes des villageois nichés à son pied. Prenant le roman comme support, Émilie Capliez, co-directrice de la Comédie de Colmar, l’adapte à notre temps tout en gardant son essence. « L’enjeu sera de parvenir à conserver l’histoire, le rythme et le souffle littéraire du roman tout en l’actualisant, notamment au regard de certains aspects du texte qui sont aujourd’hui désuets ou problématiques », explique la metteuse en scène dans sa note d’intention. Le défi, surtout, est de rendre les différents univers du roman sur scène – le donjon glacial, la salle de l’auberge, la forêt et les atmosphères fantastiques… Ainsi, musique (avec la complicité de la trompettiste et compositrice Airelle Besson), scénographie en perpétuelle métamorphose et vidéo contribuent à créer l’intrigue et tout un monde, celui de l’écrivain voyageur dans ce livre horrifique. Ce Château des Carpathes musical (comme un hommage à l’écrivain, grand amateur de musique), créé fin février à Colmar, nous embarque en compagnie de huit interprètes au plateau, dont trois musiciens et une chanteuse, dans les brumes et l’imagination d’un visionnaire à l’inspiration délirante.

25 > 26 MARS

02 > 04 AVR. Opéra Théâtre Saint Étienne

08 > 17 AVR. TNP Villeurbanne

15 > 16 MAI

PAR GaLLIa vaLETTE-PILENKO
Comédie de Valence (26)
Bonlieu, Annecy (74)
photo de répétition

11 > 22 MARS Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com

La fureur de vivre

SON TOUT PREMIER SPECTACLE, CANNIBALE, JOUÉ DANS LA PETITE SALLE DE L’ÉLYSÉE IL Y A UNE DIZAINE D’ANNÉES, FUT UN COUP DE TONNERRE, AVANT DE DEVENIR UN COUP DE CŒUR UNANIME. LA PIÈCE DE MAUD LEFEBVRE EST RESTÉE DANS LA MÉMOIRE DE TOUS LES AMOUREUX DE THÉÂTRE. ELLE LA REPREND.

Comment expliquez-vous cet engouement incroyable ?

MAUD LEFEBVRE C’est une pièce qui parle d’amour et de deuil, en cela elle est universelle. Et puis nous étions si jeunes, Martin Sève, l’un des deux amants, avait à peine vingt ans ! Je pense que cette jeunesse apportait au spectacle de l’enthousiasme, de la rapidité, beaucoup de joie et au milieu de ça, le sentiment d’urgence et l’effroi devant cette mort annoncée. Et sans doute un côté cinéma dans ma manière de mettre en scène… Nous le reprenons tel quel : mêmes mots, même décor, mêmes acteurs. Seulement ils ont dix ans de plus. Cela m’intéresse de voir ce que les années changent et j’aimerais le reprendre tel quel dans dix ans, dans vingt ans…

On se souvient bien de vos créations (Maja, Une femme sous influence, Le Royaume), toutes si différentes et toutes réussies, puis il y a comme un trou noir avant le formidable Nanashi créé dernièrement au TNG.

ML Il y a eu le Covid. J’ai eu besoin de me recentrer, de sortir de ce Collectif X qui avait été si riche pour moi pendant longtemps, d’aller voir ailleurs. Je pars avec ma compagnie The House rejoindre Vanessa Lassaigne – qui a été nommée le 21 janvier à la tête des 2 Scènes (Scène nationale de Besançon) –comme compagnie associée.

En dix ans, les jeunes ont changé, ils vivent dans le monde des jeux vidéo. Je voudrais les ramener dans les théâtres. Il faut donc les convaincre que c’est vivant et bon. En quelque sorte faire une école d’acteur et pas seulement du spectateur. D’acteur, mais pas au sens réduit de comédien, plus largement de celui qui fait. Pour aimer le théâtre, il faut monter un jour sur un plateau. Là je repars à zéro…

Danse électrique

Ça faisait un petit moment qu’on n’avait pas (re)vu Crystal Pite et son univers au cordeau sur la scène de la Maison de la danse. Elle revient avec Assembly Hall, plongée dans un monde fantasmatique où les frontières entre réel et fiction s’estompent. Après les immenses succès Betroffenheit et Revisor, la chorégraphe canadienne et son complice dramaturge Jonathon Young continuent de réinventer la danse-théâtre à leur façon. Ici, le texte omniprésent est littéralement parlé par les huit interprètes, qui jouent avec les mots autant qu’avec leurs corps. Pour raconter l’assemblée générale d’une association qui doit décider de son avenir, à savoir sa dissolution ou son maintien. Sauf que ladite association organise des reconstitutions médiévales et que le spectacle va basculer dans le fantastique, opérant des allers-retours entre la réalité d’aujourd’hui et les récits d’hier. Questionnement sur le besoin de se rassembler, Assembly Hall poursuit la quête de la chorégraphe pour tisser différents niveaux de réalité sur la scène et dans l’imagination du spectateur. GV-P

10 > 12 AVR. Maison de la danse Lyon 8 maisondeladanse.com

Jean Antoine Raveyre ©
PAR TrINa MOUNIEr

M aGIE v I s UELLE

12 > 14 MARS

Maison de la danse Lyon 8 maisondeladanse.com opera lyon.com

Le Ballet de l’Opéra national de Lyon sort le grand jeu avec Nature Studies. Réunissant le sublime

Beach Birds de Merce Cunningham et le tout aussi envoûtant Mycelium de Christos Papadopoulos, il promet de singuliers éblouissements. La première pièce a été créée en 1991 au Theater 11 de Zürich, après que le maître américain de l’abstraction a utilisé le logiciel Life Forms pour la première fois, et prend sa source dans l’observation des oiseaux cultivée par Cunningham sa vie durant. Habillés d’académiques blancs aux extrémités gantées noires, les interprètes composent des figures calligraphiques dans l’espace. Comme des mouettes sur la grève, ils se dispersent et se rassemblent selon des trajectoires aléatoires, induisant une sorte d’hypnose. À l’instar de Mycelium qui avait fait sensation en ouverture de la dernière Biennale de la danse en 2023. Cette pièce totalement extatique de Christos Papadopoulos se construit à partir du réseau de filaments permettant aux champignons et aux arbres d’échanger signaux et nutriments. Très organique dans sa façon d’aborder le mouvement, le chorégraphe grec impose une précision et une écoute hors du commun. Et les onze danseurs et neuf danseuses du Ballet excellent à rendre compte de ce débordement végétal-animal, plongeant le public dans une douce transe, à la fois fascinante et vibratile. Ils ne forment qu’un seul corps (de ballet) tout en restant irréductiblement des individus différents. Une merveille !

post scriptum

Poésie en clair-obscur

Grosse actualité pour Raphaëlle Boitel (la sœur de Camille, tombée dans la marmite cirque chez Fratellini, avant de jouer dans les premières pièces de James Thierrée, sacrée référence) qui tourne en mars avec deux de ses pièces. On connait le travail léché de la compagnie L’Oubliée avec ses lumières sombres et torturées (signées Tristan Baudoin) qui font partie intégrante du spectacle, ses mouvements millimétrés et son cirque habité, ses interprètes circassiens impeccables. Avec Ombres portées, le sujet n’est pas gai : les non-dits et les "valises" de famille qui peuvent transformer la vie en enfer, en filigrane la construction de soi. L’univers de Boitel est toujours dense, à la croisée des esthétiques (théâtre, cirque, cinéma, danse) avec énormément de clair-obscur. « J’ai rêvé Ombres Portées comme un spectacle total », explique-t-elle dans sa note d’intention. Tout aussi captivante, sa Chute des anges qui happe dès la première scène avec ses trois silhouettes suspendues et accrochées à leur porte-manteau. Ou avec cette scène de l’échelle qui s’échappe vers le ciel… AH

LA CHUTE DES ANGES

08 > 09 MARS

Radiant‑Bellevue

13 > 14 MARS

Théâtre de Villefranche

OMBRES PORTÉES

19 > 23 MARS

Théâtre des Célestins

Histoires d’amour

Kae Tempest et Dorothée Munyazena, la rencontre promet d’être explosive ! Elle est au menu de la prochaine Cosmologie orchestrée par la Maison de la danse, autour de la chorégraphe anglo-rwandaise installée à Marseille – et artiste associée de la Maison. Ce texte Hopelessly Devoted (2015) de Tempest, qu’elle a traduit et adapté, est aussi sa première mise en scène de théâtre. Créée au TNS en novembre dernier, Inconditionnelles raconte l’histoire de Chess et Silver, toutes deux incarcérées dans la même cellule. La langue brute et sauvage de Kae Tempest est rythmée par la bande-son de Ben LaMar Gay, compagnon de longue date de Dorothée Munyazena. Celle-ci orchestre un spectacle entre danse et théâtre, dans lequel le texte percute les corps et vice-versa. À l’instar de sa dernière production chorégraphique Umuko, présentée quelques jours avant à la Maison de la danse. GV-P

UMUKO

18 > 19 MARS Maison de la danse

INCONDITIONNELLES

26 > 28 MARS Théâtre de la Croix Rousse

PAR aNNE HUGUET, GaLLIa vaLETTE-PILENKO
BEACH BIRDS, MERCE CUNNINGHAM
Agathe
Poupeney ©

ELENA –NÉCESSITÉ

FAIT LOI

19 > 20 MARS

UNE MAISON DE POUPÉE

02 > 04 AVR.

MC2: Grenoble (38)

UNE MAISON DE POUPÉE

08 AVR.

Théâtre de Mâcon (71)

La programmation de la MC2: Grenoble est toujours d’une grande richesse. Quand de surcroît elle nous propose de rencontrer des artistes et des spectacles dont on ignorait presque l’existence, alors on dit bravo et on se précipite ! En mars, nous irons voir Elena – Nécessité fait loi , que la metteuse en scène luxembourgeoise Myriam Muller a adapté du scénario d’Oleg Neguine et Andreï Zviaguintsev, deux réalisateurs russes.

Des mondes d’ailleurs

Elle y démonte l’enchaînement de sujétions et d’injustices sociales qui poussent Elena au meurtre de son mari. Myriam Muller se réfère au cinéma de Chantal Akerman et inscrit son personnage dans la lignée des héroïnes antiques, Clytemnestre et Médée. Traquant les visages en gros plans vidéo, elle donne une grande force aux émotions de ses personnages sans gommer l’univers russe dans lequel ils sont plongés. Quelques semaines plus tard, c’est une autre histoire de femme qui déboule sur le plateau. Nora Helmer

Corps possédés

découvre dans Une Maison de poupée comment la conquête de la liberté passe par de nombreux renoncements et met en péril l’ordre social. L’artiste norvégienne qui l’incarne et qui la met en scène, Yngvild Aspeli, est une plasticienne marionnettiste talentueuse et très singulière. Le drame d’Ibsen déplacé dans un monde de masques et de mannequins prend une tournure fantomatique et fantastique d’une grande beauté.

Et de deux pour la performeuse argentine Marina Otero qui revient aux Célestins. On se souvient de loin en loin de Fuck me* et ses "Boys" aux corps parfaits : on découvrait par flash et en vidéo la dictature, sa grand-mère, ses débuts dans la danse, sa quête du geste ultime jusqu’à se faire mal, puis ce corps empêché et abîmé par l’opération. Avec Love me (pas vu), elle poursuivait cette auto-flagellation ou introspection autour de sa vie, plus axée sur ses histoires d’amour et de cul, ses fantasmes, sa rage. Beaucoup de "je" et toujours ce corps contraint, blessé, malmené, poussé à bout, au cœur de son travail. La revoilà avec Kill me, dernier volet d’une trilogie autofictionnelle, Recordar para vivir (Se rappeler pour vivre), « dans lequel je propose de présenter différentes versions de mes œuvres jusqu’au jour de ma mort ». Quatre danseuses et un sosie de Nijinski atteints de troubles psychiques et Marina diagnostiquée borderline : voilà le tableau de ce Kill me, sans doute "tarantinesque", qui vient titiller la maladie mentale. Avec l’art et la manière crue d’Otero, par le corps et la performance, les sauts et les chutes à se faire mal, en usant de violence mais aussi du rire et de la fantaisie. Sans concession, on vous prévient. AH

26 > 29 MARS

Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com * La pièce a été programmée aux Célestins en 2021, dans le cadre de Sens Interdits.

PAR TrINa MOUNIEr
ELENANÉCESSITÉ FAIT LOI
Jeannine

Dans la bulle

DANS LE CADRE DU FESTIVAL TRANSFORME*, OLIVIA GRANDVILLE ARRIVE AVEC L’UMAA (POUR UNITÉ MOBILE D’ACTION ARTISTIQUE), UN DRÔLE D’OBJET EN FORME DE NUAGE INSTALLÉ SOUS LA VERRIÈRE DES SUBS DU 22 AU 28 MARS. POUR EN SAVOIR DAVANTAGE, ON A RENCONTRÉ SA CONCEPTRICE, ÉGALEMENT DIRECTRICE DE MILLE PLATEAUX – CCN LA ROCHELLE.

Comment est né ce projet de l’UMAA ?

OLIVIA GRANDVILLE Il y avait eu avant des expériences, notamment au Lieu Unique à Nantes, avec le dance park, un dispositif scénographique qui permettait à des artistes d’occuper le lieu pendant trois mois. Puis le Covid est passé par là, avec notamment ces unités mobiles hospitalières installées dans des endroits non dotés d’outils pour soigner. Ça m’a donné l’idée d’un dispositif itinérant, avec des formats différents et une charte de programmes évoluant en fonction des publics et des territoires qui nous accueillent. Il y a toutefois une colonne vertébrale commune, qui propose des manières de rencontrer les publics autrement.

Comment s’est faite la rencontre avec Cocky Eek, l’artiste qui a conçu l’objet ?

OG J’ai commencé par me poser plein de questions sur l’objet lui-même. Il fallait qu’il soit en adéquation avec son utopie. Au même moment, il y a eu cette expo à Paris intitulée Aerodream à la Cité de l’architecture & du patrimoine. À travers cette histoire du gonflable, je retrouvais des artistes qui m’ont passionnée, avec ou sur lesquels j’ai travaillé, comme les post-modernes américains ou Yves Klein. En fait, c’est Patrick Gyger, l’ex-directeur du Lieu unique – et actuel directeur du Pôle muséal lausannois Plateforme 10 – qui m’a parlé de cette artiste néerlandaise. Je suis allée la rencontrer aux Pays-Bas et ça a immédiatement matché. Elle a tout de suite compris vers quoi je voulais aller… *Deuxième édition pour ce festival pluridisciplinaire à la programmation audacieuse. Avec Aurélia Lüscher, Steven Cohen, Marion Siéfert, Théo Mercier, etc.

FESTIVAL TRANSFORME

12 MARS > 04 AVR. Les SUBS Lyon 1 les subs.com

UMAA
Marc Domage ©

aux noirs corsets velus des mouches éclatantes

Est-ce parce que le ciel est en cette saison si bas et fait si grise mine ? Le fait est qu’au-delà de la rentrée littéraire de septembre, l’hiver offre une moisson éditoriale drue comme une tempête de neige, dont moult romans noirs. Bestsellers pressentis, un nouveau recueil de nouvelles d’horreur signé Stephen King (Plus noir que noir), un double roman de Jean-Christophe Grangé (Sans soleil) et un Lisa Gardner (Dernière Soirée). Pour les fans de fantastique, Strange Pictures du mystérieux Japonais Uketsu se présente comme un roman atypique, en partie graphique, où les indices se dissimulent dans des dessins d’enfants… Enfin, pour les fans de Harry Crews et du polar rural white trash, Chiens des Ozarks d’Eli Cranor devrait vous surprendre…

APRÈS UN DERNIER NUMÉRO CONSACRÉ À LA LITTÉRATURE DES BLANCS SOMMETS MONTAGNEUX, BIENVENUE DANS LES BAS-FONDS DU ROMAN NOIR, AU TRAVERS DES DERNIÈRES PARUTIONS DE CETTE RENTRÉE 2025. MANIÈRE, À UN MOIS DE QUAIS DU POLAR, DE DÉFRICHER L’ACTUALITÉ DU GENRE…

QUAIS DU POLAR 04 > 06 AVR. quaisdupolar.com

Côté français, de nombreux auteurs nouvellement publiés seront présents à Quais du Polar. Au rayon psycho killer féministe, Cédric Sire signe avec Survivantes un rape & revenge de bon aloi, sanglant et efficace. En matière de polar historique et géopolitique, l’excellent Frédéric Paulin, après sa trilogie Benlazar consacrée au nœud de vipères francoalgérien, arrive avec Rares ceux qui échappèrent à la guerre au pénultième tome de sa trilogie libanaise, captivante et très bien documentée. Hervé Commère sera là aussi avec Dernier Cri, un polar social haletant où un flic, pour sauver sa peau, doit reprendre en sous-ma(r)in, entre ses pairs assermentés – les cols bleus du textile et les cols blancs de la voyoucratie lobbyiste –, l’enquête d’une journaliste assassinée qui fut son ex. Présente évidemment Sandrine Collette, Goncourt des lycéens et des détenus,

avec Madelaine avant l’aube, un survival viscéral en forme d’ode aux liens familiaux. Notez que sont annoncés aussi Arnaldur Indriðason avec son infatigable inspecteur retraité Konrad et l’inénarrable James Ellroy qui poursuit avec Les Enchanteurs sa grande démystification de l’histoire américaine…

Et pour qui, hélas, ne goûterait pas au nectar du noir, force est de signaler, audelà de La Cité aux murs incertains de Haruki Murakami et du Trésor caché de Pascal Quignard (l’une et l’autre sans surprise), J’écris l’Iliade de Pierre Michon (le "grand" auteur des Vies minuscules), à la fois hommage à la mythologie, bousculade du panthéon littéraire, ode à l’amour délicieusement érotique, jubilatoire autoprofanation, jusqu’à complète mise à bas de soi, et de sa statue de Grand Écrivain. Au trou, les mythes !

CHAOS DANSE

LA RELÈVE

Depuis dix-huit ans, le festival Chaos Danse continue vaille que vaille à creuser son sillon en soutenant les nouveaux talents régionaux. Cette édition ne déroge pas à la règle ! Comme toujours, le festival s’ouvre avec le Jeune Ballet du CNSMD de Lyon et son nouveau programme de saison, composé de quatre créations commandées à des chorégraphes plus ou moins connus (dont Emanuel Gat). Pour le reste, la programmation est entièrement dédiée à la jeune création locale, telles les compagnies La Fiévreuse et Vigousse, toutes deux portées par des anciens du CNSMD de Lyon. Mais aussi le voyage onirique de la compagnie MF | Maxime & Francesco et Frédéric Cellé qui présente sa dernière pièce Furieux.ses, tout juste créée en janvier à Cluny. À découvrir également Terror Vacui et le travail de Lea Pischke, chorégraphe allemande installée à Lyon, déjà repérée par Desoblique. GV-P

theatre astree.univ lyon1.fr

11 MARS > 04 AVR.

Théâtre Astrée La Doua, Villeurbanne

FEsTImatons

FESTIVAL D'OPÉRAS L’AVENIR EN CHANTANT

Alors que l’horizon semble bien sombre, l’Opéra de Lyon invite à « Se saisir de l’avenir » — titre de son festival annuel. Pourtant, le gros morceau de cette programmation, La Force du destin de Verdi, conte une classique histoire d’amours contrariées qui, comme il se doit, s’achèvera dans force sanglots. On trouvera davantage de confiance avec le futur dans les autres œuvres. Comme son nom l’indique, L’Avenir nous le dira (au TNP), création de Diana Soh interprétée par la Maîtrise de l’Opéra et un orchestre mécanique, compte sur la jeunesse pour se saisir de la part d’aléatoire que comporte l’avenir tandis que 7 minutes de Giorgio Battistelli mise sur la force du collectif. Inspirée de la lutte des salariées de Lejaby, la pièce restitue les débats d’un groupe d’ouvrières confrontées à un chantage à l’emploi. Que l’opéra se saisisse de questions sociales d’une si brûlante actualité confirme que l’art reste la meilleure consolation devant les angoisses contemporaines. CS opera lyon.com

PAR EMMaNUELLE BaBE, aNNE HUGUET, TrINa MOUNIEr CarMEN s, GaLLIa vaLETTE-PILENKO

MAGNIFIQUE PRINTEMPS

POÉSIE TOTALE

Avec le mois de mars refleurit, chaque année, la poésie. Fête des mots, Magnifique Printemps célèbre conjointement la langue française et la francophonie. Seront ainsi à l’honneur Fabienne Swiatly, Eddy L. Harris, Dimitri Porcu, Lionel Bourg, Mercedes Alfonso, Samantha Barendson, etc. Il suffit d’ouvrir le programme, dense et copieux il est vrai, pour voir qu’il accueille voyageurs, écrivains, musiciens, comédiens et autres amoureux des paroles, des vers, des images et des sons. La manifestation, régionale, se déroule sur trois semaines, de Villefranche à Valence en passant par Lyon. Elle se tient dans les médiathèques, les parcs, les musées... Et propose une multitude de spectacles, dont un bel oratorio Exils en hommage aux peuples du monde, un Prix littéraire, des rencontres, des lectures, des performances (comme celle de Marc Nammour et Zone Libre sur des textes de Kateb Yacine) et une magnifique Nuit de la poésie. Demandez vite le programme. TM

magnifiqueprintemps.fr

08 > 30 MARS

CINÉMA IBÉRIQUE ET LATINO-AMÉRICAIN

OLA LES REFLETS

Le Zola prépare sa 41e édition des Reflets du cinéma ibérique et latino- américain, même si 2025 s’annonce « comme une année de transition » avec seulement 18 films et séances et 4 jours de festival. Mais on retrouve tout ce qui fait la force des Reflets : la découverte de films peu diffusés et de cinéastes confidentiels, les thématiques engagées qui traversent les sociétés latines et ibériques (parole des populations autochtones, lutte contre les régimes autoritaires, écologie, jeunesse, etc.). L’Argentine est particulièrement à l’honneur entre inédits (comme l’émouvant

Una Flor en el Barro sur le droit à l’éducation), avant-premières (Tranzmiztvah de Daniel Burman, l’un des cinéastes argentins les plus connus de sa génération) et premier film (avec le surprenant Simón de la montaña de Federico Luis, Grand Prix 2024 de la Semaine de la Critique à Cannes). Et même un vieil Almodóvar à revoir (La flor de mi secreto, le 08 avr.), pour le plaisir ! ¿ Vamos ? AH

lezola.com

26 > 30 MARS Cinéma Le Zola Villeurbanne

FESTIVAL RÉCIF

JAZZ CÔTÉ PILE

Seconde édition pour le festival jazz Récif, mis en musique par le Périscope, qui revendique « décloisonnement » et « éclectisme ». Les premiers noms sont tombés parmi les 18 concerts programmés sur cinq jours et dans quatre lieux. Le défi de la diversité est bel et bien relevé, avec tout d’abord un jazz cosmopolite porté par l’éthio-transe de Kutu (combo du violoniste Theo Ceccaldi) et par le lyrisme oriental de Sarab qui puise aussi sa belle énergie dans le rock. Côté fusion, le trompettiste français Daoud se pose là, tout en intensité jazz électro et avec une furieuse envie de faire du hors-piste ! Le « liquid jazz », c’est le trip du saxophoniste suédois Otis Sandsjö, dont la formation Y-OTIS hybride aussi jazz, hip hop et électro. Enfin, rendez-vous au Périscope pour un duo au sommet : Susana Santos Silva, trompettiste portugaise célébrée sur la scène mondiale de l’improvisation, et le guitariste anglais Fred Frith, pape de la musique expérimentale depuis cinquante ans. Une double dose de musique bien vivante ! EB

Périscope, Marché Gare, Le Sucre, Transbordeur

PETIT TOUR DE FRANCE À TRAVERS LE REGARD DE CINÉASTES QUI DONNENT À VOIR

TOUTE SA DIVERSITÉ. DES FILMS DANS LESQUELS LE LIEU DU RÉCIT S’IMPOSE PARFOIS COMME UN VÉRITABLE PROTAGONISTE.

CHEr PaYs DE MON ENFaNCE

QLEURS ENFANTS

APRÈS EUX

Ludovic et Zoran Boukherma

SORTIE : 04 DÉC. 24

VINGT DIEUX

Louise Courvoisier

SORTIE : 11 DÉC. 24

LA PAMPA

Antoine Chevrollier

SORTIE : 05 FÉV. 25

uel rapport entre Miséricorde d’Alain Guiraudie et Quand vient l’automne de François Ozon, sortis tous deux en octobre ? Certes, on n’envisage désormais plus aussi sereinement la cueillette aux champignons ! Mais ces deux films partagent un autre point commun : un lien fort avec l’histoire personnelle de leurs réalisateurs, particulièrement attachés aux lieux de leur enfance. Guiraudie, dont les parents étaient agriculteurs, propose un thriller rural campé dans le village de Sauclières dans l’Aveyron, rebaptisé pour le film Saint-Martial, proche de son lieu de naissance. Tandis que le dernier Ozon a pour cadre Donzy, un petit village bucolique – et vénéneux ! –de la Nièvre. « C’était important pour moi d’inscrire cette histoire intime en Bourgogne, une région que j’aime, et où j’ai passé, enfant, mes vacances », rappelle-t-il. Tous deux ont d’ailleurs fait appel aux habitants pour jouer les figurants. Dans son premier long métrage Vingt Dieux , Louise Courvoisier choisit aussi de tourner dans son Jura natal. On suit le parcours initiatique de Totone, dix-huit ans, confronté à la nécessité de gagner sa vie et de s’occuper de sa jeune sœur. Les comédiens, non professionnels, ont été repérés au gré de castings sauvages, la jeune réalisatrice ayant écumé les courses de moto-cross et les comices agricoles pour les dénicher. Clément Faveau, parfait dans le rôle de Totone, est d’ailleurs retourné dans son lycée agricole après le clap de fin de tournage.

Dès la première scène, avec un plan séquence digne d’Orson Welles, on plonge dans le monde méconnu des comices agricoles, avec son univers sonore festif et ce mélange de chansons populaires et de harangues par haut-parleurs. Et puisqu’on parle de territoire, signalons que cette toute jeune cinéaste est issue de la première promotion de la CinéFabrique lyonnaise, dont l’une des ambitions est d’ouvrir les métiers du cinéma à une plus grande diversité sociale, culturelle et géographique. Avec La Pampa, Antoine Chevrollier n’est pas en reste sur le sujet du territoire personnel. Dans son long métrage, il décrit avec précision Longué-Jumelles, son village d’origine, et la façon dont les jeunes du coin se retrouvent coincés dans des stéréotypes. Ancrer une histoire dans un territoire, c’est aussi raconter ce territoire, qui, parfois, fonctionne comme un marqueur social quasi indélébile. Ainsi, dans une Lorraine minée par le chômage, les adolescents de Leurs Enfants après eux grandissent en tentant vainement de rompre avec leur milieu. Une envie de fuir cette France profonde que les frères cinéastes Ludovic et Zoran Boukherma ont éprouvée, après une enfance passée dans une petite ville du Lot-et-Garonne.

Et pourtant, ils retournent avec chacun de leurs films dans ces zones périphériques, qu’on montre rarement à l’écran. Ce cinéma au fort ancrage personnel fait découvrir des morceaux de France dont on parle peu. Loin de tout voyeurisme, il offre de nouveaux récits et un autre regard sur notre société.

PAR MarTIN BarNIEr ET vaLÉrIE LEGraIN-DOUssaU
VINGT DIEUX DE LOUISE COURVOISIER (2024) Pyramide

LE sTrEET MUsÉE DU MOIS

PAR ENNa PaTOr & LENDasKIN
SAVEUR GRAFFIK
LAS GATAS STREET ART
GRÜNNIF

Avec le printemps, il est temps de prendre soin de ton physical body et de ton spiritual body . En avant donc pour un curry végé, à concocter au rythme de quelques exercices tantriques ! Tu connais pas ? Debout bien droit, épaules basses, pieds écartés de la largeur du bassin, mets en place un rythme lent d’expirations et inspirations ventrales par le nez. Tu te concentres tandis que tu épluches puis coupes en petits dés carottes, panais, patate douce et ton oignon rouge. Sens-tu le bon goût de l’air qui circule en toi ? Grâce au pranayama (1) , ton esprit se calme. Tout à ta respiration, tu jettes dans un faitout avec l’huile tes légumes coupés qui se colorent doucement. Décale ton bassin sur la jambe d’appui de ton choix, place l’autre pied contre le côté du genou de la jambe tendue. Bravo, tu pratiques une version de vrikshasana (2) ! Change de côté en versant le lait de coco et toutes les épices. Touille énergiquement sans perdre l’équilibre et ajuste l’assaisonnement (curry, sel et poivre). Cuisson couverte à feu doux pour au moins trente minutes : le temps d’une méditation en sukhasana (3) . Yeux clos, observe tes pensées, tels les nuages passant dans le ciel… Oups, ton ragoût te rappelle à l’ordre : les pois chiches bien égouttés doivent encore mariner (10 minutes) dans l’odorant mélange. Petite fantaisie gourmande, quelques crevettes en sus subliment le tout. En totale détente, place enfin dans l’assiette le curry jaune avec un riz tricolore (ou des nouilles asiatiques) et saupoudre de zestes de citron vert et de cébettes finement coupées pour plus d’ umami (4)

3 C ar OTTE s 3 P a N a I s 1 G r O ss E P a T a TE DOUCE 1 OIGNON r OUGE 300/400 G DE POI s CHICHE s EN CON s E rv E 3 OIGNON s CÉBETTE 2 CIT r ON s v E r T s 10 C r E v ETTE s (POU r LE s GOU r M a ND s ) 1 L DE L a IT DE COCO 4 CÀ s HUILE NEUT r E 3 CÀ s DE CU rr Y J a UNE EN POUD r E 1 CÀC DE CUMIN POUD r E 1 CÀC DE CO r I a ND r E POUD r E 1 CÀC GINGEMB r E EN POUD r E s EL ET POI vr E

Horizontalement

jugeote

1. Comme les balconnières au printemps. 2. Raccourcis rhétoriques très communs même aux illettrés. 3. Fait chuter le mauvais cheval. 4. Rivière berrichonne. Tel quel, pas l’abri rêvé de Médor. 5. Pied des plus utiles pour naviguer. Repérable sur la girouette. 6. Oiseaux familiers. Signe de possession. 7. Fournis, peut-être, un descriptif. À l’origine de l’Italie. 8. Qualité, bonne ou mauvaise. Pour être finale, indispensable d’y mettre bon ordre ! 9. Elles jouent des rames. 10. Carré payant aux cartes. Hors d’usage. Ni à moi, ni à toi.

verticalement

A. Filtre précieux. Ferma des derbies, pas des tongs ! B. Article d’Aragon. Amassas. C. Sans elle, point de fruit ! D. Celle de Bayeux en fut la première étape. E. Ses profs n’ont pas trop de copies à corriger. Institut français des administrateurs. Moitié enfantine de tante. F. Indispensables en cuisine. G. Conservateur hostile au progrès. Descendu ? H. Arrêts de la circulation. I. Petits maquereaux. J. De ménage, sont parfois violentes. Utilisa sans ménagement.

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PAR PONIa & JaCKsON
Victoria Reddock ©

OÙ TROUVER

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