Arkuchi n° 2 octobre 2018

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mensuel gratuit

oct. 2018

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sommaire

02 octobre 2018

carte blanche

ma vie

de grenouille Par Christophe Gellon

événement

à l'affiche .08

« Un monde où la musique consolerait »

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ADN .12

20 sur vin .20

Les "lignes et les pixels" De Stéphane

troublantes cuvées Ô Vins d'Anges

Julie Cherki©

Samuel Achache

10 ans d'amour e au 7 art Compagnie Française Cinématographique - Films EGE / DR©

numéro 02 - oct. 2018

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.01

C. Pierot©

sommaire

forme & fonction

Invitée du mois Emma Arbogast

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Bêtes de scènes Spectacle vivant

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Qui a tué l'ornement ? une belle leçon d'histoire

Déambulations Musiques

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Lettres & Ratures

.26

Déambulations Arts visuels

.28

.14

du design mobilier

L'ArKuchi du mois

.29

C'était mieux avant

.30

Cuisine-moi Cogite-toi

.31

trajectoires .22

à la moulinette .24

portrait .25

Olivier Conan

DITA VON TEESE se dévoile !

Chloé Serre

"Nouvelle tête chercheuse" à l’Amphi-Opéra

Street Art

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Lieux de diffusion

contact.arkuchi@orange.fr arkuchi.com (en construction) Octobre 2018 n° 02 Mensuel gratuit Lyon, métropole & Rhône-Alpes Tirage : 15 000 ex. Publication - Rédaction Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Administration - Diffusion Delphine Guillot - 06 04 95 54 17 Secrétariat de rédaction Vérène Saint-André Ont participé à ce numéro Valie Artaud, Romain Berthault, Jérôme Bertin, Jeanne Brousse, Lucie Diondet, Ponia DuMont, Graphull, Émiland Griès, Marco Jéru, Enna Pator, Nikki Renard, Florence Roux, Gallia Valette-Pilenko Illustration de couverture Emma Arbogast Conception et mise en page

Sculptrice aux talents multiples

fokus

EMMA ARBOGAST « La photo [...] est liée au vagabondage »

Impression : IPS I.S.S.N : dépôt en cours

La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.

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Emma Arbogast©

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numéro 02 - oct. 2018


carte blanche

Christophe Gellon est danseur interprète, il est aussi le directeur artistique de la compagnie lyonnaise Voltaïk. Venu à la danse par le hip-hop (battles, graffiti…), il développe, aujourd’hui, sa propre gestuelle. Les créations de la compagnie Voltaïk (Funambul’ est la quatrième ), tout en sensibilité et tendresse, sont une recherche permanente de métissage corporel et d’un vocabulaire organique.

Avoir la foi, c’est monter la première marche même quand on ne voit pas tout l’escalier Martin Luther King

FUNAMBUL’

Festival Karavel Agora, Limonest 18 octobre

Festival Mouvemen-T #5

ma vie de grenouille Par Christophe Gellon Photo Julie Cherki

26 au 30 mars 2019

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carte blanche

Il

y a quelques années, j’ai pris part à une formation de développement personnel avec un groupe de personnes issues d’horizons très différents. Lors d’un partage d’expériences, l’un des participants, le plus effacé et discret de tous, prit la parole au grand étonnement de chacun. Il nous raconta l’histoire de "La course des grenouilles", histoire qui s’imprégna en moi et qui, depuis, guide mes ambitions et mes rêves.

Une fois par an, dans le monde des grenouilles, une course était organisée. Cette année-là, il fallait arriver au sommet d’une vieille tour. Toutes les grenouilles de l’étang se rassemblèrent pour voir et encourager les concurrentes. Une fois la course engagée, partout on entendit : « Impossible ! Elles n’y arriveront jamais ! ». Les concurrentes commencèrent à renoncer, sauf quelques-unes qui persistèrent, malgré les cris décourageants des autres grenouilles : « Personne ne peut y arriver ! ». Petit à petit, les dernières grenouilles abandonnèrent, hormis une qui continuait de grimper envers et contre tout. Seule et au prix d’un énorme effort, elle atteignit la cime de la tour. Les autres, stupéfaites, voulurent savoir comment elle y était arrivée. L’une d’entre elles s’approcha pour lui demander comment elle avait réussi l’épreuve. Elle découvrit… qu’elle était sourde !

« Ça ne vaut pas le coup », « La culture n’aide plus comme avant », « Créer sa compagnie, aujourd’hui, c’est trop dur ! », « C’est trop hip-hop », « C’est trop contemporain », « Ta compagnie ne tiendra pas », « Aucun théâtre ne t’accompagnera », « Les grosses compagnies ne laissent plus de place »… Nombreux sont ces discours que je peux entendre autour de l’étang dans lequel j’évolue. Aujourd’hui, il me plaît d’être sourd et de n’écouter que ma danse. Elle me guide de pas de danse en pas de danse. Elle efface mes doutes, libère mes rêves. À l’image de mes origines, mon écriture chorégraphique se veut être métissage et rencontres. Un grand écart entre le monde de Peeping Tom et Käfig, entre Street Off et Les 7 doigts de la main, entre Cut Killer et Nils Frahm. En Puma ou "Nus pieds"*, j’aime rassembler pour créer et créer pour rassembler. J’aime partager ma vision et ma danse en laboratoires chorégraphiques. J’aime me nourrir de ces rencontres et laisser vivre la création dans l’instant. J’aime offrir un temps d’évasion, voir et ressentir mon public ému, rieur ou bouleversé. J’aime cette vie de grenouille et monter chaque marche sans même voir tout l’escalier. « Soyons sourds et dansons ! »

*Les "Nus pieds" sont le surnom donné aux danseurs contemporains dans le monde du hip-hop.

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DR MAX LINDER (Gabriel Maximilien Levielle)©

événement

Max Linder, acteur et realisateur francais (1883-1925) ___

Première star mondiale du cinéma, Max Linder, dès ses débuts en 1906, déroute, surprend et invente tout un langage cinématographique et corporel burlesque, si moderne, qu’aujourd’hui encore et parfois sans le savoir, nous l’imitons. Il crée un personnage de dandy élégant, séducteur à moustaches (qui revient à la mode), coiffé d’un haut de forme et, pour touche finale, une canne. Max Linder tourne un court métrage par semaine pour la firme Pathé. L’accueil dans toute l’Europe puis à Hollywood est grandiose. Chaplin l’appelle « Le Professeur », il inspire Buster Keaton, Douglas Fairbanks ; les Marx Brothers le vénèrent au point de refaire la célèbre scène du miroir. En France, ses fils spirituels sont Jacques Tati et Pierre Etaix. Il est fêté et invité partout. Toute sa vie, sa fille Maud Linder, disparue l’an dernier, ne cessa de déterrer des pépites (150 films parmi les 500 tournés) dont nous ne pouvons que nous réjouir. L’Institut Lumière a redonné à Max Linder la place qui lui revient dans l’histoire du cinéma mondial, acté par la naissance de l’Institut Max et Maud Linder. En ces temps moroses, un conseil : courez découvrir Max Linder et actionnez vos zygomatiques. N.R. Le Retour de Max Linder Institut Lumière, 15 octobre à 16h30

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MGM / DR©

CHAPEAU BAS MAX LINDER

2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE de Stanley Kubrick, 1968

festival lumière

10 ans d'amour e pour le 7 art Par Florence Roux

Le 10e Festival Lumière, présentera, du 13 au 21 octobre, les cinémas d’hier les plus divers, de Decoin à Kubrick, du muet au blockbuster fantastique. Côté paillettes, il décernera le prix Lumière à Jane Fonda. Classe !

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événement

artistes méconnus ou oubliés, avec un petit faible, peut-être, cette année, pour Hélène Box, cinéaste féministe britannique et Henri Decoin, « ce passionné de cinéma devrait être reconnu comme Carné, Duvivier ou Renoir ». Enfin, au festival Lumière, les artistes se bousculent pour animer une masterclass ou présenter un film, à l’instar de Jane Fonda qui recevra le Prix Lumière le 19 octobre. Mais aussi Alfonso Cuarón et Liv Ulmann, Claude Lelouch, Claire Denis, Javier

Bardem, Biyouna et Peter Bogdanovich… Maelle Arnaud l’assure : « le cinéma en salle a encore de belles années devant lui. » Festival Lumière Lyon et métropole 13 au 21 octobre festival-lumiere.org

Il y a tant à aimer dans le cinéma, en évitant les chapelles et l’élitisme ___ GRAND ANGLE SUR DECOIN  Le festival Lumière propose une rétrospective Henri Decoin avec quinze de ses plus grands films en copies restaurées. On pourra se délecter de ces classiques du cinéma français et de ces acteurs aux gueules et aux phrasés si atypiques. Retrouver Michel Simon et Gaby Morlay dans Les Amants du pont Saint-Jean (1947), drame néoréaliste tourné près de Valence. Michel Simon, encore, sublime dans Non coupable (1947), joue le rôle d’un médecin en pleine déchéance qui, un soir de beuverie, provoque un accident mortel. Drame social, tragique, où la notabilité et l’incrédulité de ses pairs le protègent. Les inconnus dans la maison (1942), drame signé Simenon, montre un Raimu grandiose et surprenant. Decoin a été prolifique avec une qualité de l’image, des scenarii et par-dessus tout une pléiade d’acteurs qui font rêver. On pense aussi à Battement de cœur (1940) où il fait jouer sa muse – et épouse – Danielle Darrieux, chef d’œuvre où l’on peut admirer les excentriques du cinéma qu’étaient Carette et Saturnin Fabre. N.R. 13 au 21 octobre Lyon et métropole 7

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Andrew Eccles / August-Agence A ©

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lassique, le festival Lumière ? Et comment  ! À dix ans tout juste, avec 172  000 spectateurs l’an dernier, l’événement lyonnais s’est imposé en projetant des films d’hier et d’avant-hier et en remettant chaque année une sorte de Nobel à des “grosses pointures” du 7e art (Eastwood, Loach, Tarantino…). « Depuis 2013, nous organisons aussi, en parallèle, le marché international du film classique, explique la programmatrice Maelle Arnaud. Du 16 au 19 octobre, quelque 300 ayant-droits, détenteurs de catalogues et diffuseurs se rencontrent à Lyon. » Le “cinéma de patrimoine” est un marché florissant, à l’heure où les restaurations de pellicules se multiplient, où les supports de diffusion se diversifient. Classique, le festival Lumière est bien ancré dans le XXIe siècle. Pour cette édition, les spectateurs lyonnais pourront voir sur grand écran Roma. Une chance rare : le dernier film du cinéaste mexicain Alfonso Cuarón (auteur du haletant Gravity) vient de remporter le Lion d'Or à Venise mais, produit par Netflix, il ne sortira pas en salle en France… « Sa venue nous permet d'être dans une certaine contemporanéité, relève Maelle Arnaud, de conserver un œil sur ce qu'est le cinéma aujourd'hui. » L’autre œil, lui, veille sur le passé, avec la même gourmandise que Bertrand Tavernier, président de l’Institut, quand il tourne Voyages à travers le cinéma français. Ici, le 7e art s’entend toujours au pluriel. « Il y a tant à aimer dans le cinéma, s'enflamme la programmatrice. C'est pourquoi nous visitons tous les styles. » Dans cette 10e édition, on peut revoir des muets de Chaplin ou de Keaton accompagnés par des musiciens live. On peut passer la nuit avec Le Seigneur des agneaux ou avec Sergio Leone, mais aussi savourer le dernier film de Jean-Luc Godard, Le Livre d’image et, luxe rare, admirer en grand 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, restauré en 70 mm… Maëlle Arnaud défend tout, mais aime aussi pointer le projecteur sur des


à l'affiche

Samuel Achache

Au théâtre des Songs baroques Par Florence Roux

à voir Théâtre de la Croix-Rousse 2 au 5 octobre Comédie de Valence (26) 17 et 18 octobre

Photo Diego Salamanca

Au Théâtre de la Croix Rousse et à la Comédie de Valence, la contralto Lucille Richardot, l’ensemble Correspondances et le chef Sébastien Daucé créent Songs, spectacle de chansons du XVIIe anglais. Samuel Achache, le metteur en scène qui avait déjà dépoussiéré Didon et Enée de Purcell, raconte ce nouveau défi. Après la sortie du disque baroque Perpetual night au printemps*, pourquoi porter à la scène Songs ? Samuel Achache - L’idée du spectacle a émergé bien avant la sortie du disque. Il y a un an, Sébastien Daucé m’a proposé de réfléchir à une forme scénique pour mieux présenter des consort songs, des chansons trop méconnues du XVIIe anglais. Cette période, instable politiquement, est passionnante sur le plan musical. Mais seuls deux ou trois compositeurs ont traversé la barrière des siècles : Purcell bien sûr, John Dowland ou John Blow. Sébastien Daucé et Lucille Richardot ont défriché un millier de pièces de cette époque et déniché des bijoux. Pour mieux les faire découvrir, ils avaient envie de dépasser le récital traditionnel, la chanteuse un peu statique avec sa belle robe et sa rangée de perles... Quel devenait alors l’enjeu du spectacle ? S.A. - Que cela tienne ensemble ! Je pars de la forme du récital – avec des gens qui chantent et des musiciens qui jouent, pour aller vers autre chose. Je pars d’une multitude d’histoires et de chansons diverses pour construire un univers. Sans effacer toute frontière entre musique et théâtre, nous travaillons à les rapprocher. Dès qu’on pose le pied sur scène, il y a jeu... Dès lors on fait du théâtre, même quand on joue d’un instrument, même quand on s’exprime en musique. Comment avez-vous procédé ? S.A. - J’ai écrit une trame. C’est l’histoire d’une femme qui, au moment de dire “oui” pour son mariage, recule et se retranche en elle-même. Au lieu de se marier, elle va visiter son palais d’histoires, grâce à la musique. Deux actrices jouent les rôles de cette femme et d’une intendante, des femmes d’aujourd’hui. À partir de là, nous avons improvisé avec les musiciens, la chanteuse et les comédiennes. Nous avons confronté nos hypothèses à l’empirisme du plateau, pour construire un univers autre, un monde où la musique aurait une fonction sociale consolatrice. Elle aiderait à épancher ses peines, à déstocker ses différents affects. Que vous évoque le spectacle ? S.A. - Il décrit avec force le pouvoir consolateur de la musique, tout en abordant les thèmes habituels de l’amour, de la mort et de la mélancolie… Cette musique m’atteint particulièrement. Je trouve qu’il y a une force d’évocation énorme et beaucoup d’énergie dans la mélancolie. La musique, très “horizontale”, ne cesse d’ailleurs de se transformer. Et nous, nous prenons la tristesse des chants à contre-pied : nous traitons avec légèreté des sujets dramatiques. Qui sait s’il n’en deviennent pas plus profonds ? * Perpetual Night, chez Harmonia Mundi, avril 2018 numéro 02 - oct. 2018

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Un monde où la musique consolerait... Samuel Achache


Bêtes de scènes

à voir Festival Les Turbulents 12 au 21 octobre

Antoine Pulia©

Les Enivrés de Philippe Clément 20 novembre au 1er décembre

compagnie de l’Iris Les Enivrés

Théâtre de l’Iris Villeurbanne theatredeliris.fr

Théâtre de l’Iris

30 ans de théâtre “au travail” Pari tenu. Trente ans après leur installation dans cet ancien cinéma du quartier de Cusset (Villeurbanne), Philippe Clément et ses compères, Caroline Boisson, Didier Vidal et Béatrice Avoine, poursuivent une aventure théâtrale pérenne et totale. Le théâtre de l’Iris est aujourd’hui une salle, une compagnie permanente et un département d’art dramatique qui compte, depuis 2001, un 3e cycle d'orientation professionnelle en collaboration avec l’École nationale de musique, de danse et d’art dramatique (ENMDAD). Le lieu mène aussi maintes actions culturelles dans la ville dont, en 2004, un chantier de création avec des personnes en insertion. Côté saison 2018-2019, pas question de revoir les ambitions. Du 12 au 21 octobre, le 10e festival Les Turbulents présente les premiers spectacles des récents diplômés des conservatoires de Villeurbanne, Tours, Nantes ou Toulouse... En novembre, la compagnie de l’Iris reprend sur sa scène Les Enivrés d’Ivan Viripaev, créé en 2016. Ce texte intense entraîne quatorze 9

personnages dans une ébriété à la fois folle et révélatrice. En janvier, Philippe Clément met en scène la nouvelle création de la troupe, Les couteaux dans le dos de Pierre Notte. Ce texte drôle, annonce le metteur en scène, parle de « deux familles qui n’auraient jamais dû se rencontrer » et raconte un monde « où enfants et adultes, bien que vivant ensemble, sont comme deux trajectoires qui ne se croisent jamais » et « où les morts et les vivants se fréquentent de manière naturelle ». Du 7 au 13 février, la compagnie offre encore à “son” théâtre un spectacle inédit sur “le” théâtre, anniversaire oblige ! Pour Philippe Clément, il importe de « se jouer du travail et se laisser travailler par le jeu ». La célébration des trente ans s’achèvera, après un cycle de conférences et l’accueil de quatre spectacles extérieurs, avec le Festival Brut de Fabrique, qui mêle créations d’amateurs villeurbannais et de professionnels (15 au 25 mai). Clôture le 25 avec un bal chorégraphié par Denis Plassard, au parc de la commune de Paris. La fête ! F.R.

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Bêtes de scènes

dada masilo Giselle

John Hogg©

à voir Maison de la Danse 3 au 7 octobre maisondeladanse.com

La revanche féministe

de Giselle * wilis (ou willis) : créatures fantastiques de la mythologie slave. Sorte de nymphes, elles incarnent de jeunes filles défuntes qui poursuivent leurs fiancés jusqu’à la mort

Revoilà la petite Dada Masilo, corps d’ébène sculpté et énergie solaire, avec sa quatrième réinterprétation d’un ballet classique. On se souvient encore avec une émotion joyeuse de son Carmen féministe version sudafricaine qui dépotait, elle s’attaque cette fois-ci à Giselle, autre héroïne trahie par un homme qui se transforme en wili*. Ici point de ballet romantique, ni rédemption, ni demi-mesure, Dada Masilo danse « pour prendre position » et même si ses pièces donnent à rire – il y a toujours de l’humour dans son travail – et divertissent, la danseuse et chorégraphe de Johannesburg n’oublie jamais de faire réfléchir le public, de lancer des débats et de fustiger ce qui doit l’être.

Sa Giselle, réinventée sous un angle féministe, connaîtra le chagrin, la colère et la vengeance, avant d’en sortir libérée. « Giselle, ça parle d’émancipation pour moi. » Rien de classique ni conventionnel chez Dada Masilo, on vous prévient : la partition musicale, revue par le compositeur Philip Miller, mêle musique classique, percussions et voix africaines tandis que la danse, époustouflante de précision et de vitesse, met en place un nouveau vocabulaire du mouvement pour Giselle, qui va piocher dans l’explosivité électrique de la danse africaine. Lumineux. A.H.

Cabaret des Lucioles « Ici on chante en langues, on chante les langues », tel pourrait être le slogan de cette nouvelle aventure que propose le Théâtre du Grabuge. L'Assemblée des Lucioles, création participative, sera l'aboutissement du Cabaret citoyen mis en place par la compagnie tout au long de l'année 2018 dans le quartier Mermoz, dernier bastion réellement populaire de Lyon. Sur la scène de la Maison de la Danse, du théâtre, donc et pas n'importe lequel. Celui, résolument engagé, de Géraldine

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Bénichou et ses compagnons de route qui, inlassablement, partent à la rencontre des citoyennes et citoyens pour croiser les paroles, les récits, les cultures. Pour les tisser de nouveau et libérer la langue, les langues. Pour cette Assemblée des Lucioles sont convoqués dix artistes et un chœur de minimum cinquante personnes, qui ont travaillé préalablement lors d'ateliers menés dans le quartier. Ici cohabitent professionnels et amateurs, texte et vidéo, témoignages et 10

chants polyglottes pour essayer d'inventer un espace commun, qui « peut dire la singularité tout en racontant une histoire collective », qui peut faire émerger sur le plateau « un espace d'invention d'une société qui produirait du commun ». Comme une utopie réalisée d'un monde qui pourrait s'échafauder. G.V.P. Maison de la Danse 27 et 28 octobre maisondeladanse.com theatredugrabuge.com


Le meilleur de la danse

hip-hop

actuelle à KaraveL

Laurent Philippe©

blanca li Elektrik

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Anthony Abbeloos©

Bêtes de scènes

La culture hip-hop est à l’affiche avec le festival de danse Karavel qui aura lieu du 10 octobre au 4 novembre. 3 semaines pour fêter le hip-hop, 19 lieux, 37 compagnies, 52 représentations et un lancement en fanfare avec le Défilé Chorégraphique (10/10) : quatorze danseurs triés sur le volet (les meilleurs !) se défient sur un catwalk au cœur du Palais de la Bourse, à coup de performances de haute volée. Fidèle à une ligne artistique qui mise sur l’émergence, Mourad Merzouki fait se croiser grands noms de la scène actuelle (Wang Ramirez, Kader Attou…), artistes qui feront la danse de demain – on pense à Jann Gallois à (re)voir avec BurnOut ou Julien Rossin, coup de cœur 2018 du festival francilien Kalypso – et la figure emblématique du mouvement hip-hop Bruce Ykanji – carte blanche 2018 et une soirée autour de la richesse du hip-hop (13/10). On aurait presque envie d’aller tout voir ! D’Elektrik, ballet décoiffant autour de la danse électro signé Blanca Li, à Usure (du corps) de Brahim Bouchelaghem et Zahrbat (première le 16/10), le travail poétique de la jeune compagnie Drive autour du vivre ensemble, Muse version concert chorégraphique d’Anthony Égéa (première le 3/11) ou le plateau international à quatre têtes, dont les à voir huit danseurs électriques de The 12e festival Karavel Ruggeds. Sans oublier le Hip Hop Bron, Lyon, Caluire et agglo 10 octobre au 4 novembre Contest et ses battles, ou encore le karavelkalypso.com spoken word qui s’invite aussi à la fête avec Gyslain.N live au Jack Jack (11/10). Shows devant ! A.H.

Piletta ReMix ___ APARTÉ Fiction radiophonique à Vénissieux. Piletta Remix est une fiction radiophonique live où les comédiens parlent derrière un micro, tandis que les techniciens fabriquent les sons en live et à vue. Les spectateurs, dès huit ans, écoutent avec un casque l’histoire de la jeune Piletta qui recherche une fleur de "bibiscus" pour soigner sa grand-mère… Mais sur la scène, les artistes du collectif belge Wow rivalisent de lumières, mimiques et jeux de scène pour rappeler que l’on est bien au théâtre... À voir autant qu’à écouter. F.R. Théâtre de Vénissieux 14 octobre theatre-venissieux.fr Cœurs fugitifs au NTH8. La performance Cœurs fugitifs, hommage à l’auteur et à l’artiste chilien Pedro Lemebel, mort en 2015, ouvre le festival Bellas Latinas en même temps qu’elle révèle les prémices du projet Pedro, qui sera créé en 2019 par Manon Worms. Pour la metteuse en scène, explorer la figure de Lemebel, communiste et militant gay, permet de « déplier à travers sa langue nos propres paysages, ceux qui disent que le désir peut être transgressif, que l'amour est politique, que l'acte de travestissement peut encore être révolutionnaire. » F.R. NTH8 - Lyon 8e 10 octobre nth8.com Maurin à fleur d’Illusions au TNP. Avec Illusions d’Ivan Viripaiev, Olivier Maurin s’empare d’un texte sur l’amour et ses leurres : quatre narrateurs content l’histoire de deux couples mariés qui, à l’heure de mourir, s’essayent au jeu de la vérité et des aveux. D’une simplicité initiale – l’amour toujours, on avance vers plus de complexité. Le metteur en scène et ses comédiens mettent en place un dispositif et un jeu qui favorisent une certaine intimité avec le texte et ses sentiments troublants. F.R. TNP Villeurbanne Jusqu’au 13 octobre tnp-villeurbanne.com

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adn

des lignes

et des pixels

La Manufacture du Pixel manufacturedupixel.com Les Éditions Seconde chance stephaneheska.fr (rub. les editions seconde chance)

La « première vie » nous conduit sympathiques et courageux ». du côté des lignes de cars Enfin pour plonger dans scolaires. Pour Stéphane, la « troisième vie » de notre ingénieur en charge du « surefficient », rendez-vous sur transport de vingt mille élèves, internet tout court. Stéphane Par Lucie Diondet l’activité est dense ce début sévit aussi dans le Pixel Art, Photo Enna Pator septembre et le besoin de technique issue du numérique s’évader de ce « travail certes des années 80 (les Space passionnant, mais pointu, parfois Invaders, vous voyez ?). Un peu Il nous donne rendez-vous près du bureau de frustrant de trop de cadre  », geek sur les bords, il a repris le sa « première vie », au pied des tours de la évident. Vers quel refuge ? flambeau de la Manufacture Part-Dieu. Avant cet apéritif de rentrée, nous Dans sa « deuxième vie », celle du Pixel, fondée en 1858 par ne connaissions pas Stéphane. Cet urbaniste, des livres, il donne libre cours son aïeul Ferdinand Pique auteur-éditeur et « entrepreneur en Pixel à son imagination débordante. Sel. Tout est (presque) Art » avait de quoi chatouiller notre curiosité. Loin de se contenter de tourner véridique dans cette histoire. D’autant que ces « trois métiers » n’ont a les pages, ce grand lecteur Pour « contrer la dictature de la priori pas grand-chose à voir ensemble… a déjà écrit cinq romans. Et Mosaïque et réhabiliter le tapis ce n’est pas fini ! Un nouvel tramé et les carrés souples  » ouvrage est en cours, à paraître lui aussi aux Éditions Seconde tombés en désuétude avec l’avènement du jeu vidéo, Stéphane Pique Chance… créées par Stéphane lui-même qui, pour cette « facette », se Sel a développé une gamme de pixels en volume, en passant par tous fait appeler Stéphane Heska. Ne supportant plus le joug d’un éditeur les tests et mises aux normes possibles. Destinée aux écoles et au et les obligations de dédicaces, salons et autres « foires au boudin », grand public, à visée pédagogique ou ludique, cette activité, plutôt notre faiseur d’histoires a préféré créer sa propre structure éditoriale. florissante, n’a pas vocation à être lucrative. Tant qu’elle ne coûte pas Un seul but : « éditer, diffuser et promouvoir » ses romans et ceux de à Stéphane, Stéphane Heska ou Stéphane Pique Sel… ses copains. Sans trop se prendre au sérieux. Pourquoi les gentils ne se Sinon, quoi d’autre dans l’ADN de ce jeune homme de 35 ans ? Il feront plus avoir, Le roman le plus nul du monde… Pour lire les aventures court beaucoup et, selon sa bio (presque véridique !) : quand il ne du nain-nimateur Passe-Nulle-Part ou des poireaux réfractaires fait pas ça, il voyage ou fait des photos dans lesquelles il a « l’air un au potage, rendez-vous sur internet et chez « quelques libraires peu benêt ». numéro 02 - oct. 2018

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FORME & FONCTION

à voir L’Ornement est un crime Jusqu’au 6 janvier 2019 Cité du Design Saint-étienne (42) citedudesign.com

Qui a tué l’ornement ? Par Emiland Griès Photo C. Pierot

La Cité du design de Saint-Etienne nous convie jusqu’à la fin de l’année à une belle leçon d’histoire récente du design mobilier. Cette exposition nous rappelle l’origine conceptuelle des objets de notre quotidien, en présentant quelques masterpieces qui ont traversé le siècle sans prendre une ride.

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FORME & FONCTION

L’

exposition est courte mais roborative. Elle nous raconte, exemples à l’appui, l’histoire et l’évolution des objets qui nous accompagnent chaque jour. Fil conducteur de cette rétrospective : l’abandon de la décoration et du formalisme superflu dans la conception du mobilier et des objets. Dans son titre, l’exposition reprend d’ailleurs presque mot pour mot le slogan du manifeste d’Adolf Loos, architecte autrichien qui conceptualisa et expérimenta au début du XXe siècle sa théorie du Raumplan. Libérée de toutes les parures ayant pourtant cours en cette époque, sa production architecturale développe, dans des maisons et des commerces encore visitables à Vienne et à Prague, une certaine complexité tridimensionnelle, à laquelle la pratique de l’espace, son parcours physique et sa découverte visuelle donnent sens. À cette époque, les architectes dessinent les bâtiments qu’on leur commande, mais aussi le mobilier qui les équipe. Cet abandon de l’ornementation en toute chose (architecture, meubles, objets, mode vestimentaire…), présentée comme ultime artifice d’une société à bout de souffle et d’inspiration, est alors une quête commune à quelques concepteurs visionnaires en Europe et aux États-Unis. Une introduction, en forme de contreexemple, nous donne d’abord à voir quelques objets du XIXe siècle, que nos yeux de 2018 qualifient de summum du kitch. Ils nous rappellent combien la société qui a précédé l’époque moderne était formellement empesée. Passé cette antichambre, qui fait office de sas de décontamination que l’on espère irréversible, les meubles et les objets les plus emblématiques de cette recherche de simplicité et de sobriété sont présentés dans une fresque chronologique. Elle débute en 1859 avec la chaise N°14 de Thonet pour aboutir à la Ribbon Chair dessinée par Paulin en 1966. Chaque meuble est placé dans le contexte global de ce siècle, défini par la

montée en puissance de l’industrialisation, mère de toute rationalisation, et par le consumérisme d’avant la prise de conscience écologique. Si l’impact de la standardisation dans les formes produites est avéré, d’autres thèmes, plus intimes de la conception et des concepteurs, sont également développés, tels la couleur, les matériaux, la réflexion sur l’usage.... Chacun de ces thèmes est illustré par du mobilier, de l’électro-ménager tiré du fonds remarquable du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne. L’histoire de la production de la firme allemande Braun dans les années 50 et 60 est, par exemple, relatée avec quelques pièces de hi-fi, naissante à l’époque. La démarche fonctionnaliste du designer maison Dieter Rams est évidente dans ces objets, auxquels il a donné des formes simples et épurées. Cette quête ascétique du less is more, appliquée à la création d’objets technologiques du quotidien, a des héritiers auto-proclamés aujourd’hui. Le plus connu est Apple qui perpétue ce minimalisme dans sa production d’objets connectés, comme expression de qualité et d’avancée technologique. Outre son aspect didactique, cette exposition présente un atout tout particulier : sa mise en scène permet d’aller presque au contact de ces objets originaux. Le visiteur peut observer leurs moindres détails de façonnage, d’assemblage, mais également la dimension sensible du rendu des matières et des formes. Véritable privilège, car ces objets ont été conçus par les plus grands noms historiques du design : Rietveld, Perriand, Prouvé, Breuer, Eames, Jacobsen, Caillette, Paulin… Chacun pourra constater que le mobilier, largement diffusé aujourd’hui par les enseignes internationales, découle immédiatement de cette histoire récente de l’humanité, au cours de laquelle l’avènement du simple et du pratique a été long et difficile. Ce combat pour le beau qui rejoint le bon est toujours un enjeu d’actualité, auquel s’ajoute désormais la notion de développement durable.

___ LA FAMEUSE CHAISE EAMES  Un corner dans l’exposition est réservé à la plastic chair, prototypée pour un concours lancé par le MoMa en 1948. Leurs designers sont le couple américain – à la ville comme au travail – Charles et Ray Eames. Cette chaise est constituée d’une coque moulée en résine polyester, renforcée de fibres de verre et vissée sur des piètements. Une partie de ses innombrables déclinaisons (par les teintes de la coque, avec ou sans accoudoir, sur patins rocking-chair, sur piètements bois, sur structure en acier inox…) est présentée sur gradins. Cette humble petite chaise mérite cet hommage, car elle a fait d’innombrables émules chez les designers. Emblématique du début des Trente Glorieuses et du mythique way of life des ÉtatsUnis, elle est devenue l’un des plus grands hits du mobilier international. Diffusée exclusivement par l’éditeur suisse Vitra selon son dessin initial, ses copies plus ou moins respectueuses et à tous les prix, rançon du succès, sont également aujourd’hui innombrables…

numéro 02 - oct. 2018


Son travail est graphique, épuré, sans doute conceptuel et mental. Emma Arbogast fabrique des images en photographiant des paysages, des éclats de lumière, des objets, des humains parfois même si elle reconnaît n’avoir pas « besoin de chair humaine ». Des bouts de quotidien qui lui permettent « d’épouser » son présent et de rendre compte d’un chemin individuel qu’elle s’invente et qu’elle partage au travers de son regard.

Photos Emma Arbogast

Par Anne Huguet

d’Emma Arbogast

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OSE - Sud La camarguaise

La photographie mentale

numéro 02 - OCT. 2018

Emma Arbogast se destinait à la peinture (Beaux-Arts de Poitiers) avant de tomber sur la "boîte noire" et la photographie. Elle est « photographe à plein temps et photographe tout le reste du temps ». Son métier l’amène à photographier « de vraies gens dans des endroits moches avec des lumières super pourries ! ». Il y a ensuite tout le temps à côté, pour la photographie encore. Parce que « je suis toujours dans un état photographique , c'est un art de vivre. » Depuis qu’elle a découvert la fameuse petite boîte noire, un objet, pour elle, fascinant, aujourd’hui comme hier, faisant fi du conflit argentique numérique : « C’est un jouet ! J’aime découvrir ce que je vais pouvoir produire avec, parce que chaque boîte noire a quelque chose à t’apporter. J’ai un vrai rapport à la machine. Je suis une "polytechnicienne" ! »

fokus


OSE - Est De chair et de cuir

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Emma Arbogast

Une bonne photo ? Quand elle libère des émotions, des odeurs, des couleurs… quand elle propose un espace singulier dont le spectateur peut s’emparer.

emma-arbogast.fr laplacedesphotographes.com

numéro 02 - OCT. 2018

Des photographes qui l’accompagnent Bernard Plossu, Farida Hamak, Diane Arbus, Mathieu Farcy, Michael Wolf ou encore les photographes japonais comme Miyako Ishiuchi, Toshio Shibata, Shoji Ueda...

Dans son travail personnel, elle explore une autre dimension photographique qui pose les contours d’une géographie intérieure personnelle. « Je confectionne des images dans la "solitude heureuse" de l’artisan (sous-jacente l’idée de la pièce unique), en accord avec mon imaginaire et les outils que je choisis pour créer. » Liberté, lenteur, artisan sont autant de mots qui reviennent quand elle parle de son travail. « La photo est liée pour moi au vagabondage. J’aime être dehors, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ! » Elle avoue « fabriquer » ses images dans la solitude, le silence et la lenteur. L’une de ses « triangulations », comme elle dit, pour se raconter. Deux autres triangulations dessinent le contour de son chemin photographique : ouverture, vitesse, sensibilité (celle de l'appareil) et aussi OSE (celle de l'âme) soit Ouest - Sud - Est, son projet autour de ses « territoires d’origine et de cœur. Je les parcours sans cesse pour les photographier et les photographie pour les parcourir dans la lenteur qui, elle seule, préside à tout acte photographique ; c'est elle qui me permet de regarder avant de voir. […] Les territoires deviennent alors des espaces sans limites ni frontières où il n’est plus besoin de dater, de nommer précisément, d’archiver… L’ailleurs est ici, seuls les pôles sont un repère tangible, qui témoignent de ma trajectoire de vie. » Des photos en noir et blanc ou en couleurs : bienvenue dans le monde d’Emma Arbogast, « l’ouvrage silencieux d’une photographe solitaire ».

OSE - Ouest Dame Jeanne


déambulations

10.10.18 20h30

Transe mystique

musique

Pianiste, percussionniste, compositeur, chef d’orchestre, chanteur : Bachar Mar-Khalifé, musicien accompli, sait tout faire. Il fait partie de ces artistes inclassables qu’il est difficile de cataloguer. Parce qu’il fuit les cases et que sa musique zigzague à vue entre musique classique, électro, rock, jazz et musiques traditionnelles orientales. Parce qu’il aime fusionner les genres et donner vie à une musique complexe nourrie de rythmiques hypnotiques et de lyrisme oriental. Son quatrième album The Water Wheel rend hommage au chanteur et joueur de oud Hamza El Din, le père de la musique nubienne contemporaine. Une fusion réussie, entre musique arabe populaire et expérimentations électro, où le chant à la ferveur quasi mystique de Bachar subjugue et embarque… jusqu’au bout de la nuit. A.H.

04.10.18 20h30

Le fond de l’air est rose Avis aux aficionados de mélodies rock sensuelles infusées au jazz, le très sexy duo de Brooklyn Elysian Fields est de retour. À l’occasion de la sortie de leur dernier et onzième album Pink Air, Jennifer Charles et Oren Bloedow reviennent nous susurrer au creux de l’oreille leurs textes envoûtants à la poésie vénéneuse. Si le précédent album Ghosts of No avait donné lieu à une série de dates alternant ballades folk sombres matinées de mélodies suaves au piano et d’arrangements plus intimistes à la guitare acoustique, Pink Air annonce le retour aux sources d’un rock voluptueux et charnel qui ravira les nostalgiques de l’inoubliable Queen of the meadow. Nul doute que la température va monter du côté de Feyzin. V.A. L'Épicerie Moderne, Feyzin epiceriemoderne.com

Le Sucre, Lyon 2e e-sucre.eu

12.10.18 20h30

Classe australienne The Apartments, ça vous parle ? Groupe culte pour les uns, mythique pour certains, inconnu pour les autres. On vous conseille vivement d’aller jeter une oreille attentive à leur songwriting sombre et élégant. Les Australiens de Brisbane, dorénavant basés à Sidney, sont revenus sur le devant de la scène en 2015 – après quasi dix-huit ans de silence – avec No Song No Spell No Madrigal, disque à la mélancolie poignante, élu, entre autres, album de l’année par Magic et encensé par la presse spécialisée, les fans et simplement les adeptes de belle musique. Leurs chansons fantomatiques, aux tempos ouatés et à la patine surannée, portées par la voix désincarnée de Peter Milton Walsh font mouche. Classieux, intimiste, intense, essentiel : les adjectifs pleuvent pour décrire les concerts des Australiens. Alors, convaincus ? A.H.

5 octobre ace Gl au Briseecy ann (74)

Sonic, Lyon 2e Sonic Lyon

19.10.18 23h30

Michael Lavine©

Berlin versus Lyon Pour sa sixième saison, le collectif Tapage Nocturne voit les choses en grand et nous offre le baron de la techno moderne. Ben Klock fait partie du club très restreint des résidents emblématiques du Berghain depuis 2005. Grooves hypnotiques, basses percutantes, sonorités industrielles, sa patte a façonné le son aujourd'hui caractéristique du mythique club berlinois. Le DJ et fondateur du label Klockworks a aussi collaboré avec les plus grands, de Depeche Mode au pape de la deep-house Kerri Chandler. Un nouveau passage à Lyon pour ce monstre sacré du monde de la nuit et une belle claque en perspective. R.B. Le Petit Salon, Lyon 7e clubpetitsalon

Elysian Fields

numéro 02 - oct. 2018

18


déambulations

20.10.18 20h00

Invitation au voyage Dépaysement assuré avec Alash : le trio en provenance de la République de Touva pratique le chant diphonique ou encore "chant de gorge". Cette technique traditionnelle permet à un seul chanteur de produire, à partir de la gorge, jusqu’à trois mélodies distinctes et de créer ainsi un chant harmonique. Les trois musiciens de Alash ont étudié avec l’un des maîtres du genre, Kongar-ool Ondar. Tout en cherchant à perpétuer la tradition ancestrale, ils entendent la renouveler avec des instrumentations non-traditionnelles. Leur chant de l’âme à la force hypnotique transporte illico, l’expérience est bluffante. Une première en France. A.H.

27.10.18 20h30

Pop multi-teintes Découvert aux TransMusicales de Rennes en 2014, I Me Mine séduit par sa maîtrise d'une pop extatique, classieuse, mélancolique parfois, incarnée par des mélodies bien senties et des thèmes on-ne-peut plus catchy. Une formule qui atteint sa quintessence sur Ellipsis, le second album du trio toulousain, sorti en début d'année. Les sonorités rappellent Tame Impala ou General Elektriks - Hervé Salters a d'ailleurs signé les claviers du premier single Expectations). Un des must de l'automne. R.B.

Amphi-Opéra opera-lyon.com

Le Farmer, Lyon 1er LeFarmerLyon

22.10.18 20h00

Guitar heroin Retour gagnant pour Anne Calvi, la virtuose à la six-cordes : son troisième opus Hunter (sorti le 30 août) est dans la continuité du sa musique vibrante. Elle y souffle le chaud, le froid, monte dans les octaves et repousse les limites de la guitare et de la voix comme jamais. Il affirme aussi une Anna Calvi plus queer, sans doute plus libérée. En dix titres, l’ombrageuse Italo-anglaise pose le décor d’un rock tendu et vibrant qui ne s’interdit rien, alternant riffs acérés, arpèges orageux et même dissonances, chant cristallin et couplets plus sexy où sa voix, rauque et sauvage, fait merveille. L’un des concerts attendus de cet automne. A.H.

Blaise Arnold©

Radiant-Bellevue, Caluire radiant-bellevue.fr Anne Calvi frustration

03.11.18 20h30

Frustration, la force des contraires Que vous les suiviez depuis un an ou dix ans, vous serez là ! Si ça ne vous parle pas, on vous en dit un peu sur ce groupe français connu à force d’être méconnu. Des influences puisées à la source – Joy Division, Death In June, Crisis, The Fall, des textes qui évoquent la disharmonie du monde et nos failles, un chant contenu et habité, une énergie électrisante et tendue comme les cordes d’une Fender Mustang, des refrains à reprendre comme des hymnes (No trouble, Assassination, Midlife Crisis, Excess…). En quatre albums (Born Bad Records), Frustration a su fondre la part sombre et synthétique de la cold wave dans la frénésie frontale du punk, un alliage brut et subtil qui résiste au temps et fait des émules. Incarné sur scène par un chanteur fantasque, aux apostrophes facétieuses et à l’allure ombrageuse, le groupe se fait plaisir 20 et donne tout ce qu'il a. V.S.A. octobre ace Gl au Briseecy ann L'Épicerie Moderne, Feyzin (74) epiceriemoderne.com 19

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cuvées

Troublantes

20 sur vin

Par Lucie Diondet Photos Jérôme Bertin

A UN BEAUJOLAIS EN TOUTE AUTONOMIE Exspectatia : troisième forme du temps, celle qui assure la présence de liberté dans le temps de la création (Augustin, Ve siècle). L’étiquette ne le dit pas, mais c’est bien un Régnié qui se cache derrière la formule. Issu d’un petit domaine du Beaujolais labouré et pulvérisé de tisanes par deux juments, ce gamay est élaboré par un pionnier de la biodynamie qui, en toute humilité, a retiré ses quatre cuvées de l’appellation. Un vin léger, floral et épicé qui saura nous revigorer cet automne, tout en sachant très bien se faire garder. “Exspectatia”, Vin de France Domaine Christian Ducroux Lantignié (69) Rouge, 2017 (13,60 eur.)

numéro 02 - oct. 2018

u cœur d’un quartier qui ne crache pas sur la bonne chère, nous voilà Ô Vins d’Anges dans un ancien “canut” devenu commerce de vin. Sébastien Milleret, en huit années d’une reconversion heureuse et passionnée, a su rendre les lieux aussi vivants que les vins qu’il défend. Dans cette cave atypique, pas de vin “conventionnel” ni même de label bio, c’est le “tout nature” qui prime. Avec la confiance entre le vigneron et notre marchand d’âme pour seul certificat. Apparu ces dernières années sur les tables branchées des villes ou dans les salons écolos, ce breuvage singulier, dont la réputation reste à faire auprès de qui n’y voit qu’un effet de mode ou la piquette chantée par Ferrat, mérite explication. Et Sébastien Milleret de la donner simplement : « Le vin nature, issu de raisins bio vendangés à la main, est vinifié sans ajout de produits chimiques sauf de rares sulfites. Le Romanée Conti en est un ! ». Pas de vanille dans les fûts, pas d’uniformisation des goûts et des choix pour la cave dictés par le terroir uniquement. Un procédé de fabrication artisanal, qui peut aussi dérouter. Qui a déjà 20

ouvert une de ces bouteilles comprendra, au parfum et au trouble du liquide, toute la teneur de l’expression “vin vivant”. Mais Sébastien Milleret sait dénicher des pépites du genre et convaincre les sceptiques. Au point de les faire revenir Ô Vins d’Anges. Non content de proposer plus de 800 références rapportées de ses tours de France et d’Italie (sa « deuxième cour de récré »), et autres échappées vers la Slovénie ou l’Autriche, notre puriste invite chaque fin de semaine aficionados du genre, curieux et vignerons à s’asseoir autour de ses quatre tables garnies de vins, charcuteries et fromages de fabrication artisanale. Un accueil qui n’a rien d’élitiste, à l’image de celui qu’il rencontre dans les petites exploitations et des prix affichés en boutique. Et parce que le voyage n’est jamais sans partage, les viticulteurs « emballés en trois bouts de mots » font parfois route vers la Croix-Rousse, invités à jouer du tire-bouchon et du piano de cuisson dans sa cave à manger. Oui, cet automne, on ne manquera pas les grands dîners, soirées italiennes ou « tables d’hôtes » qui font l’autre réputation de l’enseigne, où l’on se presse pour le fromage de brebis rôti ou la fabrication des gnocchis, dégustés entre deux gorgées d’une troublante cuvée. Une carte des vins et des festivités à surveiller de près… tout naturellement. Ô Vins d'Anges 2 place Bertone, Lyon 4e ovinsdanges.fr


Lettres & Ratures VSA©

Littérature américaine

Par Marco Jéru

à l'instar de Richard Powers qui sort ce mois-ci L'Arbre-Monde, la littérature américaine se porte bien. Trois propositions, ici, pour vous mettre le pied à l'étrier : un récit âpre et halluciné, une petite merveille d'espionnage ou un roman d'aventures haut perchées. à vous de voir... Si Bandini et l’œuvre de John Fante (réédition complète chez 10/18) n’ont pour vous plus de secret, jetez votre dévolu sur l’un de ses meilleurs rejetons, Earl Thompson, et son Jardin de sable, paru en 1970 et publié cette année par Monsieur Toussaint Louverture. Ce roman conte les tribulations d'un gosse pendant la Grande Dépression. Une odyssée noire, bouture des Raisins de la colère et de Bukowski, parfum Léo Malet. Autre fresque envoûtante invitée dans "mes grottes" estivales : La Femme qui avait perdu son âme (Gallmeister, 2015). Une saga géopolitique dépliée sur cinq décennies et autant de continents qui narre, en même temps que l'histoire d'un père et d'une fille, celle de la politique étrangère américaine pré-11 septembre. Un travail de dix ans solidement documenté, qui fit de son auteur, Bob Shacochis, un dauphin du Pulitzer. Pour filer l'aventure sauce espionnage, plongez dans Féroces infirmes, retour des pays chauds... Si le titre est tiré d'Une Saison en enfer, c'est au paradis des doux dingues que nous emmène Tom Robbins, roi du conte métaphysique déjanté. Agent de la CIA doué en cybernétique et linguistique, Switters peut nommer le sexe féminin en soixante et onze langues et nourrit un fort penchant pour les jeunes filles, à commencer par sa demi-sœur. Menacé de chantage par sa grand-mère, il part en Amazonie libérer le perroquet de l'aïeule. Envoûté par un chaman local, il ne peut plus poser un pied sur le sol au risque d'en mourir et doit, dès lors, utiliser un fauteuil roulant. Dépêché au MoyenOrient pour apporter des masques à gaz aux Kurdes, il atterrit dans un couvent de nonnes perdu en plein désert syrien… Foutraque, non ? 21


trajectoires

Opéra Underground

l’autre scène de l’Opéra Il a débarqué de New-York pour prendre la suite de François Postaire : Olivier Conan est la nouvelle tête chercheuse de l’Amphi-Opéra. Opéra Underground est sa marque de fabrique avec une programmation à la fois éclectique, pointue, sans frontières, populaire et surtout hybride. Discussions à bâtons rompus avec ce passionné des musiques tropicales (la cumbia, la chicha), des sons d’ici et d’ailleurs et simplement des musiques de tous bords.

Par Anne Huguet Photos Blandine Soulage

Dorénavant on parle d’Opéra Underground pour la programmation de l’Amphi-Opéra. Cela interpelle, non ? Olivier Conan – Il y a une juxtaposition presque oxymorique entre opéra et underground : l’opéra n’est pas vraiment un genre très underground ! Littéralement, la salle de l’Amphi est souterraine. Et simplement on va aller fouiller dans les courants underground de ces quarante dernières années. Avec mon arrivée*, il y a une véritable volonté de s’ouvrir au monde. Ma programmation reflète plus la vie, le monde et les différents courants musicaux. Ce qui m’intéresse ? Les musiques qui ont été repensées, "hybridisées" donc moins "trad". *Olivier Conan est arrivé à l’automne dernier

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Parlez-nous de votre programmation. Que donnez-vous à entendre et voir ? O.C. - Toutes sortes de musiques. J’ai juste envie d’ouvrir ma programmation à des gens qui s’inspirent de plein de musiques différentes. Tous les musiciens ont des multitudes d’intérêts, de souvenirs musicaux et il faut aller piocher là-dedans. Dans la générosité créatrice des musiciens. Ma programmation essaie juste de refléter cela. Terry Riley est pour moi l’exemple parfait du musicien aventureux, qui a cherché, toute sa vie, les courants underground. Il faisait du minimalisme quand le minimalisme n’existait pas, de la musique électro avant que ce ne soit codifié.


trajectoires

Opéra Underground Porteños feat. Melingo & Bloque Depressivo 18 octobre ALASH 20 octobre

ailleurs

KAMILYA JUBRAN SARAH MURCIA 21 novembre

ELYSIAN FIELDS Épicerie Moderne, Feyzin 04 octobre

MARC RIBOT’S Ceramic Dog 01 décembre

BALOJI Le Sucre, Confluence 13 octobre

Sans parler de ses collaborations avec le Kronos... On ne s’attend pas non plus à entendre Ceramic Dog de Marc Ribot. Un projet grosses guitares, presque hardcore mais une musique tellement pensée en même temps. Donc rock ? Savant ou populaire ? Difficile à dire. Même constat avec Kamilya Jubran et Sarah Murcia : comment qualifier Habka ? Ce n’est pas que de la musique du monde, malgré la présence de Kamilya – chanteuse, poétesse et joueuse de oud palestinienne. C’est aussi une musique de pensée, contemporaine et improvisée avec des éléments d’avant-garde. Comment se construit une programmation ? O.C. - On a beau avoir des principes, des idées, des esthétiques, il y a quelque chose de définitivement arbitraire et empirique dans la programmation et dans l’impulsion artistique qu’on veut y mettre. J’ai surtout une mission presque "exotérique". Faire découvrir des choses obscures que les gens ne connaissent pas ou dont ils ont peur. Mais je ne suis pas élitiste à la base. Mon rôle est de faire confiance à des musiciens qui ne se cantonnent pas à un style, un genre ou s’ils le font, qui mêlent tout cela de manière cohérente. Il faut faire tomber tout ce qui peut ressembler à des murs, à des frontières, cela n’a pas lieu d’être entre les musiques. Comment vous nourrissez-vous ? O.C. - Avant d’écouter, il faut entendre. Écouter tout. Aller voir des concerts. Il n’y a pas de mauvais genre. On peut piocher de partout. Quels concerts vous font envie cette rentrée ? O.C. - Il y a Baloji, rappeur belgo-congolais au Sucre, je crois. Il a un sens visuel incroyable et son disque qui vient de sortir est magnifique, je suis très curieux de le voir sur scène. Puis j’adore le groupe de rock new-yorkais Elysian Fields qui joue à l’Épicerie Moderne. À voir, vraiment.

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à la moulinette

DITA DIT TOUT OU PRESQUE Dita Von Teese

Interpellée par Florence Roux Photo Stefanie Saujon

Danseuse érotique, Mannequin, couturière, modèle, actrice et même chanteuse. "Ex" de Marilyn Manson. Diva de l’effeuillage. Boucles brunes, bouche rouge sur teint de porcelaine, robe vintage sur dessous ultra chic : la classe américaine d’une star d’Hollywood, époque burlesque.

Qui ou que seriez-vous si … ... si vous étiez un acteur/ une actrice ?

Une actrice comme Isabelle Adjani.

... si vous étiez une période de l’histoire ?

L’ère en technicolor des comédies musicales des années 1940. ... si vous étiez un pays ?

La France, car ça me fait penser au plaisir, à la sensualité et à la beauté… Tout ce que j’aimerais posséder. ... Si vous étiez un oiseau ?

Un paon.

... Si vous étiez un animal ?

Un léopard, toujours bien habillé ! ... Si vous étiez une fleur ?

Une rose Baccara rouge sombre. ... Si vous étiez une œuvre d’art ?

Une peinture de René Gruau des années 1950. ... Si vous étiez une chanson ?

Let’s Fall in Love.

... Si vous étiez une couleur ?

... si vous étiez un vêtement ?

Un corset en dentelles.

... Si vous étiez une partie du corps ?

Le décolleté.

... Si vous étiez un péché ?

La luxure décadente.

... Si vous étiez une qualité ?

Rouge lipstick.

L’intégrité.

... Si vous étiez une boisson ?

... Si vous étiez un sentiment ?

Du champagne avec une larme de sirop Monin à la violette.

Passionnément inspirée.

... Si vous étiez une épice ?

Le glamour.

... Si vous étiez un accessoire de mode ?

Une que je pourrais certainement tenir.

L’anis étoilée.

Un panache vintage en plumes d'autruche bouclées.

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... Si vous étiez un mot ? ... Si vous étiez une promesse ?

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à voir The Art of Teese 3 et 4 novembre Salle 3 000 Cité internationale, Lyon 6e artoftheteese.com dita.net


portrait

à voir BF15 Lyon 1er jusqu'au 17 novembre labf15.org

U

ne bien étrange installation attend le visiteur de la galerie la BF15, du nom d'une célèbre variété de pommes de terre, descendantes de la Belle de Fontenay. Celle de Chloé Serre, jeune artiste aux talents multiples dont c'est la première exposition personnelle. La jeune femme installée à Saint-Étienne se revendique haut et fort sculptrice, pour autant elle explore dans son travail divers supports : l'image, l'objet, la performance, même si son « biais pour regarder les choses passe toujours par la sculpture ». Sourde d'une oreille de naissance, « je n'ai pas la stéréo », s'amuse-telle, elle a développé un rapport au monde singulier, un « décalage » qui la pousse vers l'absurde. C’est sans doute pour cette raison qu'avant de se tourner vers l'art, elle a emprunté les chemins des sciences cognitives et de la psychologie, pour comprendre et décoder. Sans doute pour cela aussi qu'elle examine ce qu'elle appelle Les conventions ordinaires, que le sociologue Erving Goffman* nomme les « rites d'interaction » qui « régissent nos relations quotidiennes à l'environnement et à autrui », en construisant elle-même des sculptures qui sont activées par des danseuses.

Les drôles de Conventions ordinaires de Chloé Serre

Pour recréer des situations banales, celle qui se réclame de Jacques Tati compose des objets aux formes simples, artefacts du monde moderne, costumes transformables et cadres aux dimensions diverses. L'imagination et les danseuses font le reste. Ce qui frappe chez Chloé Serre, c'est sa détermination et l'évidence de son art. Un art qui s'est presque imposé à elle comme seul moyen d'exprimer ses questionnements et de mettre en forme sa recherche. Un art qui s'appuie toujours sur des lectures, des idées et, de plus en plus souvent, sur des collaborations avec d'autres champs, qu'ils soient artistiques, scientifiques ou techniques. C'est le cas à la BF15, où Chloé Serre a collaboré avec une entreprise de menuiserie pour réaliser ses formes. Tout comme elle a tissé des liens avec des "seniors" du centre social de la Croix-Rousse pour les photos, imprimées sur de la toile nautique, qui composent la deuxième partie de l'accrochage. À découvrir illico presto !

Par Gallia Valette-Pilenko Photo Enna Pator

Chloé Serre est une jeune sculptrice singulière aux idées fraîches et claires. Elle développe un univers ludique et sérieux à la fois, qui questionne notre quotidien et la danse invisible qui s'en dégage.

* sociologue et linguiste américain d'origine canadienne

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numéro 02 - oct. 2018


déambulations

arts visuels

04.10

13.10.18

Bowie Odyssée au Rhino Jazz(s) Tous les mondes de Bowie dans une expo inédite ! Le Rhino Jazz(s) Festival, 40 ans cette année, propose une immersion dans le demi-siècle de création de l’artiste, avec plus de 600 objets issus d’un collectage minutieux auprès de fans, d’archivistes ou des collectionneurs fous. Bowie toujours avec Daniel Yvinec qui pilote deux concerts en création mondiale : Bowie Acoustic (4/10), avec, entre autres, la chanteuse Sandra Nkaké et Jî Drû à la flûte, et Bowie Symphonic (6/10) avec notamment Eric Truffaz et Nosfell. Bowie n’en finit jamais… F.R. festival (s) zz Rhino Ja 27 4 au octobrE

Bowie Odyssée rhinojazz.com

05.10

11.11.18

Éphémères Halles du faubourg Dans le 7e arrondissement de Lyon, l’ancienne usine de lingerie Lisa Charmel (1 200 m2 sous poutres métalliques) devait rester vide jusqu’au lancement du projet urbanistique du groupe Duval et du bailleur Vilogia, prévu en mars prochain... En attendant, la Taverne Gutenberg, les collectifs Intermède et l’Atelier de la Mouche, experts dans l’occupation éphémère de lieux industriels, ont lancé les Halles du faubourg. Ce projet prévoit une grande exposition, Les nouveaux sauvages, concoctée avec Frigo&Co, le Bleu du Ciel, la galerie Françoise Besson, Mirage Festival et Superposition... Parmi la quinzaine d’artistes “sauvages” : Laurent Perche, plasticien venu de l’architecture, présentera son travail où le dessin devient matériau, jusqu’à quitter parfois le plan pour s’élancer et sculpter l’espace… Henri Lamy a choisi une figuration aux couleurs vives, voire vibrante, acrylique, qui s’inspire du dripping et de Pollock qu’il admire. Thaïva Ouaki, elle, interroge l’identité humaine par le cadre, normatif ou temporel avec, toujours, la liberté dans le viseur. Il y aura aussi des débats, rencontres, visites et des cartes blanches comme, le 12 octobre, les compagnies de danse Relevant et Chatha. F.R.

D.R.©

Les nouveaux sauvages 10, impasse des Chalets, Lyon 7e leshallesdufaubourg.fr

Henri Lamy

numéro 02 - oct. 2018

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katinka bock - radio - tomorrow's sculpture

05.10.18

20.01.19

Retour à la terre Le moins que l’on puisse dire est que Katinka Bock est une habituée des lieux. Après trois accueils collectifs, l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne lui consacre à nouveau une exposition monographique d’ampleur, composée de productions recréées in situ. Radio est le troisième volet du cycle Tomorrow’s Sculpture, accueilli dans différents musées européens avec une même pré-sélection d’œuvres explorant les multiples variations de la matière (par opposition à la pensée). À partir d’actes simples, l’artiste allemande donne corps à ses œuvres. Telles des émanations directes du geste sur la matière, ses créations témoignent d’un labeur délicat mais puissant, qui met en exergue la fragile nudité de matériaux comme l’argile, le bois, voire de métaux ou encore de tissus. Entre création et abstraction, chacune de ses œuvres atteste au plus profond de sa forme de tout ce qui l’a précédée. Par la mise en jeu de processus naturels comme la chaleur, l’évaporation, la circulation des flux ou encore l’influence de l’environnement extérieur, les créations de l’artiste manifestent la trace éphémère de l’instant. V.A. Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne i-ac.eu


Philippe Calandre, photographe de la dystopie

13.10.18

Les photomontages de Philippe Calandre proposent une échappée dans un monde imaginaire, avec l’architecture industrielle pour seul témoin. Des friches, des usines, des tuyaux, du métal, du béton : un univers minéral et dépeuplé où les tours au bord de la rupture et les cheminées qui fument fixement évoquent un autre espacetemps. Ces grands et petits formats, à la (re)composition rigoureusement soignée et au noir et blanc contrasté, font figure de reportage fantastique  : fascinant et inquiétant. Une illusion proche du réel qui fait l’effet d’un songe trop grave pour rêver, comme une utopie qui tournerait mal… V.S.A.

Les arbres "témoins" d’Item Que racontent les arbres ? En République du Congo, ils sont nombreux, précieux pour certains, menacés par une humanité parfois sans scrupule, parfois sans moyens. à Dubaï, ils se font rares, comme isolés face une humanité qui n’en finit pas de construire dans le désert. Le collectif de photographes Item propose de découvrir dans une expo ces deux conditions d’arbres dans le monde d’aujourd’hui. Avec Kotya Libaya, Leonora Baumann présente le reportage magnifique et éloquent, réalisé en 2014, sur les forêts menacées de la République Démocratique du Congo. Avec Trees, Franck Boutonnet et Philippe Somnolet montrent, eux, les arbres “témoins” du “chantier perpétuel” qu’est Dubaï. Troublant face à face nature-culture. F.R. Bibliothèque du 1er, Lyon 1er collectifitem.com

MONUMENT OF ETERNITY

Franck Boutonnet©

Philippe Calandre©

Galerie Vrais Rêves, Lyon 4e vraisreves.com

30.11.18

Dessine-moi un son L’URDLA, qui fête ses 40 ans cette année, présente Plunder, archives du plasticien et musicien Rainer Lericolais. Ces expérimentations aux noms et aux procédés improbables, Photogrammes, Oscillogrammes, Scannogrammes, Phantômes, tentent de saisir l’insaisissable. Comment voir un son ? Comment mouler l’eau ? Comment photographier les fantômes (s’ils existent) ? Rainer Lericolais porte un défi au temps, au mouvement, à la disparition, aux variations dès lors qu’il tente de fixer, figer, enregistrer, représenter. En vous baladant dans cette œuvre épurée, ouvrez grand vos yeux, vous entendrez tout… V.S.A. L’URDLA - Centre internationale estampe & livre, Villeurbanne urdla.com 27

numéro 02 - oct. 2018

déambulations

10.11.18


l'arkuchi du mois

musique, littérature, bd, cinéma… L’Arkuchi du mois attrape en un clin d’œil ce qui fait vibrer la scène actuelle. C’était mieux avant regarde dans le rétroviseur le foisonnement culturel d’hier et s’attarde sur les pépites qui brillent encore… Plutôt "bien maintenant" ? plutôt "mieux avant" ?

A voir aussi Foolish wives (1922) Folies de Femmes en VF

A lire L’homme que vous aimerez haïr de Joséphine Dedet (2010)

Léon Sadorski, l’un des flics les plus affreux que le polar connaisse, trouvera-t-il sa rédemption dans ce dernier tome d’une trilogie qui nous plonge sans égard dans les ténèbres de la France de l’Occupation ? Rien n’est sûr. Car le chef du « Rayon juif », s’il protège sa jeune voisine réfugiée chez lui après les rafles de l’été 1942, ne quitte pas pour autant ses petits trafics et son profond racisme… jusqu’à tuer lui-même. Romain Slocombe poursuit ici un travail admirable d’écriture et de documentation sur une bien sombre période, nous entraînant des quais de Seine à Drancy, en passant par le Vél' d'Hiv' ou les plateaux de tournage du premier film de Bresson. Sinistre et fascinant. L.D. Sadorski et l’ange du péché de Romain Slocombe Éditions Robert Laffont - Collection La Bête noire - Parution : 22 août

Philippe (Rebbot), « marxiste lennoniste », et Romane (Bohringer), 100 % énergie, vivent ensemble avec leurs deux mômes et leur chien. Ils s’entendent bien mais ne s’aiment plus. Alors ils décident de se séparer, de déménager dans un "sépartement", chacun dans une aile ouverte séparée de l’autre par la chambre des enfants. Un pari fou, comme ce premier film écrit et réalisé par deux comédiens et "ex" dans la vie, dans lequel chaque membre de leur famille joue son propre rôle. Plus que le réel, c’est l’humour déjanté qui dépasse cette fiction, offrant une comédie hyper intime mais jamais voyeuriste. L’amour flou ou la séparation réussie ! L.D.

Ce roman graphique s’inscrit dans la lignée de L’Arabe du Futur de Riad Sattouf. Le parfum d'Irak de Feurat Alani offre une suite de petites histoires, sans prétention, corrigeant pourtant sensiblement l’image que l’on se faisait de la grande. Composé de 1 000 tweets postés durant l’été 2016, dans un besoin urgent de raconter son "bled", ses couleurs, ses odeurs, sa complexité, depuis son premier séjour à l’âge de 9 ans, jusqu’à son expérience de journaliste sur place, en 2003. D.G. Le parfum d’Irak de Feurat Alani Illustrations de Léonard Cohen Nova Eds - Sortie : 3 octobre Sortie simultanée d’une série web éponyme sur Arte

numéro 02 - oct. 2018

L’amour flou de Philippe Rebbot et Romane Bohringer (France - 1h37) - Sortie nationale : 10 octobre 28


c'était mieux avant

Erich Von Stroheim

Eric von Stroheim The Great Flamarion (1945)

L’homme que vous aimerez haïr Par Nikki Renard

Metteur en scène, acteur, écrivain, scénariste et décorateur, Erich Von Stroheim, adulé puis banni du "Hollywood" des années vingt et trente, a payé cash, avec son cinéma ambitieux et visionnaire, le prix de son génie et de ses frasques légendaires.

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es premières images de Stroheim qui me viennent à l’esprit sont celles de La grande illusion de Jean Renoir (1937) où il campe le commandant allemand Von Rauffenstein. Ensuite, je le retrouve en professeur d’anglais aux côtés de Michel Simon dans Les Disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque (1938). Sa voix à l’accent viennois impressionne les trois gosses de la société secrète Les Chiches Capons qui projettent de partir pour les Amériques. Ce film baigne dans la peur et le fantastique réaliste et les allusions à la guerre imminente teintent cette fable d’une étrangeté rare. C’est l’un des films de chevet qui a le plus marqué mon imaginaire et développé mon goût immodéré pour les vieux films français d’avant-guerre. Stroheim, cinéaste, a débuté comme assistant de D.W Griffith, le maître du muet et son mentor. Il a peu tourné car ses exigences étaient telles qu’il était la terreur des producteurs. Greed (1924) – Les Rapaces en VF – est un chef-d’œuvre mutilé du muet ; une histoire sordide, certes, mais emplie de toutes nos obsessions : le sexe et l’argent... Les images, d’une violence crue et poétique, me hantent autant qu’elles me subjuguent. Ce film fondateur trop méconnu est à redécouvrir. Dans Sunset Boulevard (Boulevard du Crépuscule en VF) de Billy Wilder (1950), film noir qui dépeint l’univers cruel du monde du cinéma hollywoodien, Von Stroheim joue le rôle de Max, réalisateur déchu devenu valet dévoué et protecteur de Norma, incarnée par Gloria Swanson, star du muet à l’écran comme dans la vie. Lors d’une scène, le « couple » regarde un film qui n’est autre de Queen Kelly, réalisé par Von Stroheim lui-même en 1929, chant du cygne de ce cinéaste génial. 29


cuisine-moi

... le poireau

Chéri, tu as la nouille exotique ou le poireau gourmand ? Un wok dans une main, sortez vos poireaux pour un plat exotique à glouglouter.

au marché • 7 poireaux bien fermes • 400 g de nouilles de riz • 12 crevettes décortiquées • 2 escalopes de poulet fermier en lamelles • 2 branches de cœur de céleri • 8 oignons verts • 1 cube de bouillon de volaille • 4 gousses d’ail • 1 petit piment rouge • 2 c. à soupe de sauce soja • huile de sésame, huile d’olive • 1 noix de beurre

Jeanne Brousse

Émincez finement les branches de céleri ainsi que les oignons jusqu’à la partie la plus tendre. Occupez-vous joyeusement de vos poireaux, rincez à l’eau fraîche puis épongez-les. Tranchez les racines et découpez dans le sens de la longueur en fines lanières. Ouvrez le petit piment, ôtez les graines, hachez menu.

Dans une casserole d’eau bouillante, jetez les nouilles et quelques gouttes d’huile, coupez le feu et laissez reposer dans l’eau 5 minutes en remuant en douceur. Égouttez et gardez un bol de bouillon à part. Réservez vos nouilles avec un trait d’huile de sésame. Ensuite faites suer vos poireaux patiemment dans 2 c. à soupe d’huile d’olive avec la noix de beurre à feu doux, mouillez au fur et à mesure avec le bouillon restant jusqu’à une cuisson légèrement craquante sous la dent. Faites chauffer un wok huilé et jetez vos morceaux de poulet à feu vif sans cesser de secouer avec les crevettes, la sauce soja, les oignons et le piment émincés. Poursuivez la cuisson jusqu’à évaporation.

cogite-toi

4 personnes

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Stéphane Léger©

Ajoutez les poireaux et laissez mijoter 5 minutes à couvert. Puis les nouilles à feu doux à découvert.

25 minutes

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Servez chaud et dévorez sans tarder.

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1. L’un des inventeurs du cinématographe - Initiales d’une actrice Lumière. 2. Chargée du maintien de la paix en Europe - Fortement membrée. 3. A bien de la peine à se construire - Place au mieux les éléments du décor. 4. Tel un roseau pascalien ! 5. Celui de Brecht en compte 4 ! - Célèbre cinéaste prochainement à l’honneur à Lyon. 6. Toujours associé à un certain "fac" - Démonstratif ou représentant du personnel, au choix ! 7. Qui a lieu en ce moment - Celui de Depardieu lui valut d’incarner Cyrano de Bergerac... 8. Celle-là n’aime guère le changement. 9. Mesure d’angle symbolique Assortira joliment les couleurs. 10. "Les Lumières de la Ville" ne le sont toujours pas...

VERTICALEMENT

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A. Prénom du 1 horizontal - à signer à l’Etude. B. Premier habitant d’un état américain - Précieuse récompense pour un bon acteur. C. Possessif - Celui de sciences ne désaltère pas ! D. Se sont singularisées à leur indépendance Changeait de voix ou de plumage. E. Cet été-là est bien plaisant ! F. L’un des grands néo-réalistes du cinéma italien. G. Où Kubrick place l’Odyssée. Déshabillée à l’envers. H. Source de décibels Dans la devise du boy-scout. I. Elle aurait assurément le beau rôle dans un western ! J. Bienveillante ou maléfique au berceau Parcourut les mers autrefois - Champion toute catégorie.

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Ponia DuMont

solutions arkuchi 01

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street art

agrume Par Graphull

Délicat poète urbain, Agrume transforme les hommes en ombres, menaçantes ou protectrices

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où trouver

Bourg en bresse  Théâtre de Bourg-en-Bresse. La Tannerie.  Bourgoin-Jailleu  Les Abattoirs.  Bron  Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Pole Pik. Université Lyon II.  Caluire et Cuire  Le Radiant-Bellevue.  Chassieu  Le Karavan théâtre.  Corbas  Le Polaris.  Dardilly  L'Acqueduc.  Decines  Le Toboggan.  Ecully  École centrale. École des arts culinaires. EM Lyon.  Irigny  Le Sémaphore.  La Mulatiere  Aquarium de Lyon.  Lyon 1  A chacun sa tasse. A Thou bout d’chant. A titre d’aile. Aloha bar. Bar 203. Les Beaux Arts. Bistrot Chardonnet. Bomp. Cabane café. Café des Capucins. Cinéma Opéra. Clochards Célestes. Conditions des Soies. Dangerhouse. Drac. Espace 44. Galerie Le Réverbère. Galerie Mathieu. Galerie Pome Turbil. Kraspek myzik. L’Absynte. L'Antirouille. La Clé de voute. La Pinte douce. Le Bal des Ardents. La boîte à café. Le Perko. Le Romarin. Le Gargagnole. Le Voxx. Librairie Musicalame. Mapra. Mas Amor. Médiatone. Musée des Beaux-Arts. Nombril du Monde. Opéra de Lyon. Original Watt. Radio Canut. Sofa disques. Steambot. Les Subsistances. Tasse Livres. Théâtre Accessoire. Tikki Records. Tostaki. Trokson.  Lyon 2  Archives municipales. Bar Petit Grain. La Cloche. Centre National de la Danse. Fnac Bellecour. Fondation Bullukian. Goethe Institut. Institut culturel Italien. Le Périscope. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Marché Gare. Mob hôtel. Musée des Confluences. Théâtre des Ateliers. Théâtre des Célestins. Université Catholique de Lyon.  Lyon 3  Auditorium. Archives départementales. Fnac Part-Dieu. La Métropole. Salle des Rancy.  Lyon 4  Le Bon Beurre. Bistro Broc. Café la Crèche. J’Adore. Comptoir Du Vin. Diable Rouge. École Trésor Public. Le Déjeuner. Galerie Vrais Rêves. Grain De Folie. IUFM. Label Alice. L'Oiseau sur la branche. La BD. La Famille. La Machine. La Valise D’Elise. La Soierie. Le Canut & Gones. Livres En Pente. Les Gogniols. Ninkasi. Paddy's Corner. Théâtre sous le caillou. Théâtre Croix-Rousse. Villa Gillet. Vivement Dimanche.  Lyon 5  Ninkasi. Brasserie du Doyenné. CRR de Lyon. CNSMD. Collège hôtel. École du cirque de Ménival. Ensatt. Espace Gerson. Institut Cervantes. La Gargouille. La MiGraine. Librairie Virevolte. Musée Gadagne. Musée Gallo Romain. Théâtre du Point du Jour.  Lyon 6  Apéro rock. Musée d’art contemporain.  Lyon 7  Café 76. CHRD. Ciné Cœmedia. Corep. Court-circuit. École Normale. Galerie Tator. Iep - Sciences Po. Centre Berthelot. La Commune. L'autre côté du pont. L’Elysée. Les Raffineuses. Librairie rive gauche. Ninkasi Kao/Kafé.  Lyon 8  Fac de médecine. Institut Lumière. Maison de la Danse. Nth8.  Lyon 9  Ciné Duchère. Conservatoire National. Librairie au bonheur des ogres. Nakamal. TNG.  Mâcon  La Cave à musique - Mâcon Scène Nationale.  Miribel  L'Allégro.  Oullins  La Mémo. La Renaissance. Le Syndrome Peter Pan.  Pierre-Bénite  Maison du peuple.  Saint-Genis-Laval  La Mouche.  Rillieux La Pape  CCNR. Les Transmetteurs.  Saint-Etienne  La Comédie. Le Musée d’art moderne. Le Fil.  Saint-Fons  Centre d’arts plastiques. Théâtre Jean Marais.  Saint-Priest  Théâtre Théo Argence.  Tassin La Demi Lune  L'Atrium.  Vaulx En Velin  Centre culturel Charlie Chaplin. École d'architecture. Planétarium.  Venissieux  Théâtre de Vénissieux.  Villefontaine  Théâtre du Vellein.  Villefranche-sur-Saone  Auditorium. Casa Musicale. Cinéma Les 400 Coups. Musée Paul Dini. Théâtre De Villefranche.  Villeurbanne  CCO. Cinéma le Zola. ENMDAD. Espace Info. Espace Tonkin. Iufm. Iut B. La Doua. Théâtre Astrée. M.L.I.S. Studio 24. Théâtre de l'Iris. TNP. Toï Toï - Le Zinc. Transbordeur... ainsi que dans la plupart de vos mairies, bibliothèques et MJC.

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