ARKUCHI numéro#08 Mai 2019

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mensuel gratuit

mai 2019

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BRUT DE DÉCOFFRAGE

...

carte blanche

.06

Lettres & Ratures Métafictions OnThe AIR !

Le nouveau look de l’Espace des Arts réhabilité

MICHEL ELTCHANINOFF

.07

À la Moulinette Decibelles Déambulations Musiques

LYON SORT SES BOMBES

.11

Success Story

.20

20 sur Vin Le Chai Lombardi

mai 2019

08

contact.arkuchi@orange.fr

.23

Bêtes de Scènes

.26

.04

Déambulations Arts Visuels

à l'affiche

.28

L'ArKuchi du mois

Les Langagières

.29

Abd Al Malik

C’était mieux avant Michel Simon

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« La poésie bouleverse et nous rappelle qu’on est vivant. »

Cuisine-moi... La Courgette Cogite-toi

.31

Street Art by Graphull RUOMA

.32 Laurent Bouchard©

Lieux de dépôts

Impression : IPS I.S.S.N : 2646-8387

Michel Cavalca©

Softtwix et ses femmes

arkuchi.com (en construction) Mai 2019 n° 08 Mensuel gratuit Lyon, métropole & Rhône-Alpes Tirage : 12 000 ex. Direction de la publication Rédaction en chef Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Valie Artaud, Jérôme Bertin, Jeanne Brousse, Lucie Diondet, Ponia DuMont, Émiland Griès, Marco Jéru, Trina Mounier, Sacha Pech, Catherine Quiblier, Nikki Renard, Florence Roux, Priscilla Ségur, Laurent Turrel, Nans Vincent Illustration de couverture Laurent Bouchard Publicité Arnaud Carpentier (Hors Captif), Anne Huguet (Culture) Conception et mise en page

Les dissidents sont de retour

.08

C DANS L’AIR .18

.12

Triangle arlésien, 2013

Fokus

TRAJECTOIRES .21

UNE SAISON EN PARTAGE

LAURENT BOUCHARD

Mathilde Favier

Adresse administrative 5 impasse des Sources - 69390 Vernaison Adresse rédaction 18 rue Belfort - 69004 Lyon

BÊTES DE SCÈNES .22

ODE AUX FEMMES

La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.

Rejoignez la communauté ArKuchi

Julien Falsimagne©

Invité du mois Laurent Bouchard

Des visages et des paysages en monochrome 3

.16

Pauline Ribat chante le bel organe

numéro 08 - mai 2019

sommaire

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FORME & FONCTION .14


carte blanche

Les dissidents sont de retour. Par leurs actions belles et désespérées, ils se ressaisissent.

13es Assises Internationales du Roman Les Subsistances et autres lieux Lyon, Métropole 20 au 26 mai villagillet.net

Michel Eltchaninoff

cinq minutes

de liberté Par Michel Eltchaninoff Photo Julien Falsimagne

Michel Eltchaninoff est agrégé et docteur en philosophie. Rédacteur en chef de Philosophie Magazine, il a notamment publié Dostoïevski, Le Roman du corps (Éditions Jérôme Millon, 2013) et Dans la tête de Vladimir Poutine (Solin/Actes Sud, 2015). Il est aussi l’auteur des Nouveaux dissidents (Stock, 2018).

Le courage de la dissidence Michel Eltchaninoff etc. Les Subsistances 20 mai à 19h En rencontre autour des Nouveaux dissidents Ferme du Vinatier Bron 21 mai à 10h

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carte blanche

Le 20 août 1968, une jeune femme sort de chez elle, avec son bébé dans un landau. Elle va vers la Place Rouge. Elle approche et observe les aiguilles de l’horloge géante du Kremlin. Il va bientôt être midi. Le son du carillon, familier à des millions de Soviétiques, se fait entendre. La femme traverse la place. Avant que le douzième coup n’ait résonné, elle aperçoit quelques personnes qui se dirigent, comme elle, vers le lieu du rendez-vous, devant la basilique Saint-Basile. Elles ne sont même pas une dizaine. Elles se regardent et passent à l’action. La femme sort une banderole cachée sous le landau et la déploie. Ces mots y sont inscrits : « Pour votre liberté et pour la nôtre ». Les huit personnes se mettent à scander des slogans hostiles à l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie, qui a débuté quelques jours plus tôt, écrasant le Printemps de Prague. Des passants s’approchent, incrédules. Il ne faut que quelques secondes pour attirer les agents en civil qui patrouillent sur la Place Rouge. On arrache sa banderole à la jeune femme. L’un des participants est frappé. Une camionnette arrive sur la place pour embarquer les protestataires. Cette manifestation n’aura pas duré cinq minutes. La jeune femme est une poétesse, Natalia Gorbanevskaïa. Elle aide ceux qu’on appelle les dissidents. Elle copie et diffuse des nouvelles de ceux qui sont en prison ou en camp de travail. Et elle a décidé de participer à une manifestation, tout en connaissant parfaitement les risques. On ne tardera pas, d’ailleurs, à la séparer de son bébé. On l’enverra dans un lieu terrible, un hôpital psychiatrique où l’on enferme « ceux qui pensent autrement », où on les bourre de médicaments. Puis on l’exilera loin de l’URSS. Des années plus tard, cette femme m’a raconté qu’elle avait vécu ces cinq minutes de manifestation comme un moment de liberté, de pur bonheur : plus de silence, plus de honte, plus de mensonges. Je pensais, alors, que cette histoire faisait partie du passé. L’URSS n’existait plus, et la démocratie gagnait du terrain un peu partout dans le monde. Mais je me suis rendu compte que c’était une illusion. En Chine, le totalitarisme est de retour, avec plus d’un million d’Ouïgours envoyés dans des camps de rééducation et une surveillance généralisée. En Iran, dans le monde arabe, en Afrique, en Amérique latine, les citoyens continuent de souffrir de régimes autoritaires et corrompus, subissent ou élisent des dirigeants extrémistes. Dans le monde occidental, on se fatigue de la démocratie. On veut renverser la table. Des puissances économiques se croient tout permis. Alors, tout recommence. Durant la finale de la Coupe du monde de football de 2018, à Moscou, deux jeunes gens se sont introduits sur la pelouse pour rappeler au monde qu’il y avait en Russie soixante-dix otages ukrainiens emprisonnés, comme Oleg Sentsov, et des Russes innocents derrière les barreaux. De manière personnelle, sans violence, à visage découvert, ils font comme Natalia Gorbanevskaïa. Ils organisent des actions qui semblent dérisoires, mais qui sauvent l’honneur de leur société. Les dissidents sont de retour. Par leurs actions belles et désespérées, ils se ressaisissent. Et nous invitent, nous aussi, à nous ressaisir.

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Lettres & Ratures

Dans les coulisses de la création Rodrigo Fresán etc. 21 mai à 21h

13 Assises Internationales du Roman es

Les Subsistances et autres lieux Lyon Métropole 20 au 26 mai villagillet.net

De la violence sociale à la violence politique Santiago Gamboa etc. 23 mai à 21h

MÉtafictions

on the AIR !

E

Par Marco Jéru

n espagnol, meta avec son dernier roman La Part Si la " sud-américanité " reste un mystère, grâce en soit rendue à signifie« but, objectif ». Rêvée, où il convoque une matière ses écrivains. Portée autant par le Et c'est celui d'une première aussi universelle que fantastique que par la mélancolie (exils mystérieuse : les rêves. À la manière grande partie de sa et dictatures ont toujours fait " bon " de Thomas Pynchon, Philip Roth ou littérature que d'être ménage, comme chez les Russes), "méta" (littéraire) : à la Vladimir Nabokov, il nous offre, en elle n'a pas son pareil pour interroger fois réflexion, changement, passage même temps qu'une autobiographie la littérature – ses auteurs comptant au-delà, à côté de, entre ou avec... psychédélique, un cri de révolte face aussi parmi les meilleurs lecteurs, allez toute une affaire ! Au début de la à l’appauvrissement de l'écriture et savoir pourquoi. Deux de ses éminents littérature sud-américaine, Aleph de la lecture à l'ère numérique. représentants actuels participent aux oblige, il y eut Borges. Puis vinrent Santiago Gamboa, quant à lui, je l'ai Assises Internationales du Roman : Fresán et Gamboa. Cortázar, Sábato, Bioy Casares, Saer, découvert avec Perdre est une question Sada, Onetti, García Márquez... Et de méthode (un vrai programme un beau jour, apparut Bolaño, le existentiel pour un amateur de détective sauvage, le malin (2666) Colombo de la littérature (nazie en beautiful losers) et Nécropolis 1209. Deux romans noirs haletants, où l'on Amérique), la centrifugeuse digressive de tous les tropismes latinos : retrouve le journalisme d'investigation de l'auteur et ce goût typique de saudade et science-fiction, polar et poésie, surréalisme métaphysique. mettre en scène des écrivains. Lancé en littérature par García Márquez, « Tout ce que j'ai écrit est une lettre d'amour à ma propre génération », précise le Colombien a écrit depuis six romans fort différents. Chacun nous le Chilien exilé à Barcelone et mort en 2003. Force est de constater fait voyager dans le monde comme dans les êtres, dans les sociétés que ces caractères se sont perpétués dans la nouvelle génération. comme dans les intimités. Des romans polyphoniques, road-novels Rodrigo Fresán, je le rencontrai d'abord avec Mantra, un portrait de l'exil, sur lesquels planent les ombres de Julio Cortázar, de Henry halluciné de Mexico brassant allègrement science-fiction (K.Dick, Miller (Esteban le héros, Le Syndrome d'Ulysse) et, bien sûr, de Roberto Vonnegut), Beat Generation (Kerouac) et cinéma (Kubrick). Puis je Bolaño (Retourner dans l'obscure vallée). Tous écrivains-(anti) héros à poursuivis le méandreux et néanmoins pieux périple avec Vies de jamais étrangers au monde, sachant une chose : la vérité est ailleurs Saints, une délirante histoire mexicaine de serial killer de saints ! et le temps, une fiction. Une posture qui impose un humour ravageur Esthétique pop, goût pour les freaks, le kitsch, la psychologie et comme politesse du désespoir et le " sens de l'odyssée " : « Le seul endroit le surnaturel... Fresán déploie une cosmogonie* vertigineuse où où l’on puisse toujours revenir, c’est la littérature ». l'abracadabrant côtoie l'infra-ordinaire. Après avoir exploré les sur la création du monde et de l'univers rouages de l’imagination dans La Part inventée, l'Argentin (émigré lui * Théorie qui prend la forme soit de légendes et de mythes, aussi à Barcelone) poursuit sa trilogie sur les coulisses de la création soit d'hypothèses scientifiques. numéro 08 - mai 2019

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à la moulinette

DECIBELLES

À L’HEURE DU GOÛTER

Douze ans d’âge (de raison) pour le trio lyonnais toujours remonté à bloc. DECIBELLES aime le bruit, la noise, Steve Albini, le chili sans viande, les lives qui dépotent. Jeu de massacre avec Fanny, sa batteuse.

cope Le Pnér2eis- 2 mai Lyo age L’Ampér- 31 mai

Interpellé par Anne Huguet Photo Enzo Lucia

le

Grenob

Où étiez-vous hier soir à 22 heures ?

Quel est le plus beau jour de votre vie ?

Devant Game Of Thrones. Pas très original.

L’enregistrement à Chicago.

Qu’est-ce qui vous fait kiffer au quotidien ?

Qu’emporteriez-vous sur une île déserte ?

Le chocolat. L’heure du goûter et des grosses pâtisseries. Une institution dans Decibelles ! Comment peut-on manger son ex ?

C’est expliqué dans la chanson ! Au four, en rôti. Avec des épices, pas mal d’ail, un peu de pain. Qu’est-ce qu’une musique qui déton(n)e ?

Du bruit avec des refrains tubesques. À qui pourriez-vous dédier votre album ?

Philippe Poutou.

Que fait une " chanteuse rock " ?

Crier dans un micro en montrant qu’elle est énervée.

Des cinnamon buns*.

Qu’est-ce qui vous excite sur scène ?

Le studio c’est super fun. Mais live ça veut dire tous ensemble. On adore s’éclater sur scène et la spontanéité du live.

Qui auriez-vous aimé être si vous n’étiez pas vous ?

Tilda Swinton. Une actrice qui a la classe. Qu’est-ce qui vous fait dérailler ?

Les insomnies. Le manque de sommeil en tournée. De quoi l’avenir est-il fait ?

De richesse, de célébrité et de sommeil réparateur.

Une définition pour le mur du son ?

Willy Denzey.

*Pâtisseries à la cannelle

Quels artistes vous inspirent ?

Metz, Meat Wave ou Voyou pour sa spontanéité et sa joie de vivre. La Rock attitude existe-t-elle ?

Non. La Badass attitude existe mais dans tous les milieux ! Si on ne parlait que du rock ce serait trop réducteur.

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DECIBELLES Rock français Deaf Rock Records Sortie : 12 avril

numéro 08 - mai 2019


déambulations

03.05.19 20H

LE RAP DU FUTUR

musiques

Bizarre! s’invite au Théâtre de Vénissieux pour une soirée spéciale "Émergence" avec son affiche Tendances Urbaines qui fait la fête à de jeunes formations et compagnie – accompagnées en développement, pour la saison 18.19, dans le cadre du Plan B !*. Ainsi, à découvrir le travail du trio de danseurs de la Cie Krémenciel qui prépare une nouvelle pièce, Métamorphose. Côté filles rappeuses, outre la Lyonnaise KLM, on vous suggère d’aller écouter le rap plein de poésie de la jeune Élea Force qui a gagné le dernier Buzz Booster AuvergneRhône-Alpes avec Blu Jaylah. Cette formation atypique dans le rap (violoncelle/ sax/machines) surprend avec ses ambiances sombres et des textes souvent habités qui font mouche. A.H. * Dispositif d’accompagnement annuel à la professionnalisation pour six groupes de musique et une compagnie de danse

William Beaucardet©

Théâtre de Vénissieux theatre-venissieux.fr

03.05.19 19H

COCKTAIL SONORE Shake Your Classics est une vaste entreprise de décloisonnement des genres musicaux, orchestrée par le Grame, l’Auditorium et le Sucre. En mixant classique, contemporain et électro, l’idée est de proposer aux oreilles et aux esprits curieux une expérience musicale exploratoire et inédite. Pour cette nouvelle édition, rendezvous sur le rooftop du Sucre avec la DJ Dasha Rush, accompagnée pour l’occasion de la violoncelliste futuriste Schloss Mirabell. Le pianiste de musique contemporaine Wilhem Latchoumia, quant à lui, jouera des pièces majeures du répertoire, et la violoniste Mari Samuelsen interprétera des morceaux de Jean-Sébastien Bach, Max Richter ou encore Philip Glass. Un cocktail qui promet d’être détonant. V.A Le Sucre, Lyon 2e le-sucre.eu

EZ Controller©

Wilhem Latchoumia

09.05.19 20H30

POP RÉTRO À MOJITOS Dans la série Californiens inspirés par la Beat Generation et tombés dans la surf pop des années soixante, The Molochs (leur nom, un dieu païen dévoreur d’enfants, est, dit-on, emprunté à Allen Ginsberg et à son poème Howl) se posent comme il faut. Du look vintage (Clarks, coupe au bol et futal trop court) à leur pop garage biberonnée au Velvet, à Dylan, aux guitares sixties, à l’orgue Farfisa et au sitar planant, le duo n’invente pas grand chose mais accouche de bonnes chansons et de compositions joyeusement psychédéliques qui s’écoutent avec plaisir. Côté actualité, ils ont sorti l’automne dernier leur deuxième galette, Flowers In The Spring, sur le label de Hanni El Khatib, Innovative Leisure, qui accueille aussi, pour la petite histoire, leurs cousins des Allah-Las. Entre autres. A.H. Sonic-Lyon SonicLyon

numéro 08 - mai 2019

The Molochs

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déambulations

10.05.19 21H

RAVIOLIS MAGIQUES, BONBONS ET MARIONNETTES Excellente nouvelle, les Puppetmastaz reviennent avec un 7e opus, Sweet Sugar Rush, fraîchement sorti en avril. Il y est question de méchants vilains, de raviolis magiques, de bonbons, d’un braquage audacieux et de miel. Bienvenue dans l’univers délirant du PM crew ! Pour ceux qui ne connaissent pas, Puppetmastaz est le seul groupe de rap au monde composé de marionnettes. Qui rappent, vocalisent, gesticulent, barjaquent, se bastonnent. Entre autres. Ce " toyband " allemand, né il y a vingt ans dans les marais de Berlin et emmené par Mr Maloke, est capable d’entraîner le plus récalcitrant dans la folie mégalomaniaque de ses shows décapants. Il se raconte que Chilly Gonzales, le Peuple de l’Herbe ou Mocky se sont cachés en douce derrière les muppets. En 2019, Modeselektor et Hippocampe Fou sont à leur tour de la partie. Sur scène, les méchantes créatures mènent la danse, alliant humour trash et hip-hop hardcore. Au début, on est dubitatif, puis curieux, avant de basculer dans leur monde déjanté. On en redemande ! À ne rater live sous aucun prétexte. P.S.

Sung Yull Nah©

Cave à Musique, Mâcon (71) cavazik.org

13.05.19 20H

AU PAYS DES MATINS CALMES Trois ans après sa dernière tournée en Europe, Youn Sun Nah est de retour sur scène à l’occasion de la sortie de son nouvel album Immersion. Avec sa voix cristalline et un niveau d’interprétation jamais dans la surenchère, elle ose des reprises, comme Hallelujah de Léonard Cohen, pour leur donner un nouveau souffle aussi inattendu que lumineux. Orchestrations claires et bien senties, timbre modulable à souhait et technique vocale hors du commun font de la plus francophile des chanteuses sud-coréennes une artiste incontournable du jazz d’aujourd’hui. Elle est accompagnée du claviériste allemand Frank Woeste, maître en matière de sonorités étranges au Fender Rhodes et à l’orgue Hammond, et de trois grands de la scène new-yorkaise : le bassiste Brad Christopher Jones, le batteur Dan Rieser et le guitariste Tomek Miernowski. L’une des belles dates de cette fin de saison à l’Auditorium. V.A.

Youn Sun Nah

Auditorium, Lyon 3e auditorium-lyon.com

18.05.19 20H30

L’Âge d’or 17.05.19 20H30

SURF SPIRIT On ne sait pas grand-chose d’eux. À part qu’ils viennent de Portland, Oregon. The Shivas s’est formé en 2006, un bail finalement, et se targue d’avoir tourné dans plus de vingt-cinq pays du monde entier. De Mexico à l’Europe, ils balancent leurs sonorités psychédéliques baignées de reverb, de guitares planantes et d’harmonies vocales vintage. Le quatuor, avec une fille, Kristin Leonard, à la batterie, vient de sortir une nouvelle galette (la sixième ?), Better Off Dead, et s’en revient distiller son surf garage aux couleurs sixties qui oscille, au fil des titres, entre pop, psyché voire punk (quoique), se revendiquant autant des Sonics que du Velvet Underground ou de 13th Floor Elevator. D’un autre temps mais toujours contagieux ! A.H. er Le Farmer Lyon 1 13 mai La Tannerie, Bourg-en-Bresse (01) la-tannerie.com 9

Altin Gün ("l’âge d’or" en turc) : drôle de nom pour un groupe basé à Amsterdam, non ? À sa tête, le bassiste hollandais Jasper Verlhust qui a joué aux côtés de Jacco Gardner. C’est à Istanbul que ce grand amateur de vieux disques des années 70 découvre l’existence de cette pop turque. Il en revient totalement fasciné par le son de l’âge d’or du rock anatolien. Altin Gün prend alors tout son sens. Inspirés d’artistes comme Erkin Koray, Selda Bagcan ou Barıs Manço (des références au MoyenOrient), Jasper et sa joyeuse bande (dont Nic Mauskovic à la batterie, vu aussi chez Jacco Gardner) distillent une pop psyché orientalisante groovy et enivrante. Révélation des Transmusicales de Rennes 2017, ils viennent de sortir leur second opus Gece (chez Glitterbeat Records) et font escale "par chez nous". Save the date ! P.S. L’Épicerie Moderne, Feyzin epiceriemoderne.com

numéro 08 - mai 2019


déambulations

18.05.19 20H30

Dream pop en clair obscur

Flavie Durou©

Le Périscope, Lyon 2e periscope-lyon.com

Still Corners

Bernard Bur©

Duo chic du côté de la rue Delandine avec la venue des Americano-Londoniens Still Corners. Depuis leur rencontre à Londres – au hasard d’un arrêt de train, sacrée chance –, ces deux-là (en couple à la ville et sur scène) proposent une dream pop raffinée et mélancolique qui ne craint ni de flirter avec une electronica classieuse, ni de butiner du côté d’une indie pop onirique. Ils avaient carrément séduit avec Creatures of an Hour (2011) et des plages de toute beauté. Sept ans plus tard, ils offrent aux fans de la première heure Slow Air, un album troublant de la même veine. Éthéré, harmonieux et incarné. Avec des guitares, des synthés brumeux, pleins de bruitages et la voix envoûtante de Tessa Murray. The Message captive – oui, il y a un peu de Mazzy Star et de Hope Sandoval chez elle. Idéal pour rêver tout éveillé. A.H.

23.05.19 19H

SIROTER EN MUSIQUE Excellente nouvelle pour les amateurs de bon vin et de bon son, le Bruno’s est de retour ! Cette formule alliant concert et dégustation à l’heure de l’apéro rime pour cette seconde édition avec la sortie du nouvel album de Troy Von Balthazar, It Ends like Crazy. À cette occasion, le songwriter américain revient éclairer le plateau de l’Épicerie Moderne de sa pop lo-fi lumineuse. Avec une palette sonore étendue, un savoir-faire quasi artisanal et des boucles de guitares, son patchwork musical, bien distinct des univers plus dépressifs de Chokebore, a de quoi rendre l’alcool joyeux ! V.A. L’Épicerie Moderne, Feyzin epiceriemoderne.com

Marion Jongle©

Troy Von Balthazar

24.05.19 20H30

LES OGRES ONT TOUJOURS FAIM Cette famille, vous la connaissez forcément. Les frangins-frangines des Ogres de Barback ont vingt-cinq ans. Déjà. Les voilà de retour avec un nouvel album studio Amours grises et colères rouges : il était temps, le dernier, Vous m’emmerdez, est sorti en 2014. Mais il ne faut pas croire à cinq ans d’absence. Car Les Ogres de Barback sont partout et ailleurs, tout le temps et un peu plus. Citons juste le projet solo de Fred Burguière, le frère chanteur, et Un air, deux familles, croisement chantant au sommet des Ogres et des Hurlements d’Léo. Évidemment, l'album est une excuse, une raison pour repartir en tournée avec un spectacle-concert plein d’instruments (plus d’une trentaine) et de belles lumières. En sus la voix de baryton et l’écriture au scalpel d’Erwan Pinard en chauffeur de salle. N.V. Le Fil, Saint-Étienne (42) le-fil.com

numéro 08 - mai 2019

Ogres de Barback

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Success story

Nuits sonores

Des Nuits qui s'honorent des jours Par Marco Jéru

DR©

Fabrice Bourgelle©

Aux Nuits Sonores, il y aura des nuits et il y aura des jours – qui sont les brouillons de la nuit qui sont les brouillons du jour qui... sonnent à l'infini. Il y aura pour sûr les poids lourds habituels (Laurent Garnier et Jeff Mills – avec le grand Tony Allen s'il vous plaît) et les découvertes (The Horsebites – cocorico messieurs les Lyonnais)... Histoire de bouger son popotin, il y aura du trip-hop (Bonobo), du hip-jop (G-ology) et de la pop (Charlotte Gainsbourg, Flavien Berger). De la house pour décoller (Mall Grab, Glenn Underground), de l'acid (I Hate Models) ou du krautrock (Kikagayu Mojo) pour planer, du jazz psychédélique pour vriller (The Comet is coming, combo découvert l'an dernier au Périscope). Du hard beat (Avalon Emerson) pour monter et de l'electronica minimale (James Blake, Blackthread) pour redescendre. Chilly G. dans mon petit carnet et des DJ diggers divinement fêlés (Mambo Chick). De l'afrobeat (James Stewart), du post-shaabi égyptien (3Phaz), du breakbeat palestinien (Sama), de l'italo-disco (Abschaum, Nu Guinea) et de l'électro brésilienne (Barbara Boeing). Du dark (Qual) et du youpi (Jayda G., Vitalic). Du cool (Yu Su) et du brutal (Nitzer Ebb). Du martial (Marcel Dettman) et du peace... Et la nuit du jeudi pour se satelliser sur le Circuit : au choix les mondes merveilleux de Zombie Zombie, le rugueux et nerveux posthardcore des Hot Snakes (oh yeah, motherfucker !) ou l'afrobeat groovy de BCUC feat. Femi Kuti. Bref, aux Nuits Sonores, il y aura le monde, tous les mondes, dans toute la ville, émoi... Alors faites vos jours ! Faites vos nuits ! Tournez galettes... rien ne va plus !

The comet is Coming

Nuits Sonores 28 mai au 2 juin nuits-sonores.com The Horsebites

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numéro 08 - mai 2019


portrait

Nous sommes parfois anesthésiés au point de ne plus voir la douleur. Mon œuvre propose un peu d’harmonie. Les Langagières, 2018

Abd Al Malik

Transpercer les cœurs

En mai, revoilà Les Langagières au TNP de Villeurbanne. Dans cette quinzaine de la langue en liberté se croisent poètes, chanteurs et glaneurs d’absolu… Abd Al Malik, présent l’an dernier avec L’art de la révolte, revient avec sa dernière œuvre, Le jeune Noir à l’épée1.

Par Florence Roux Photo Michel Cavalca

numéro 08 - mai 2019

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portrait

Pourquoi revenez-vous aux Langagières ? Abd Al Malik – J’ai éprouvé l’an dernier le sentiment de quelque chose de très intuitif, de l’ordre du partage. Le verbe fait connexion entre les êtres. Il y a ici un rapport particulier entre le public et les artistes. Très fort. Au théâtre, le lieu " où tout s’origine ", on peut encore faire débat, donner du sens, travailler à faire peuple. Vous reprenez Le jeune Noir à l’épée, créé début avril au Musée d’Orsay. Quelle est l'origine de ce travail ? A.A.M. – Dans le cadre de l’exposition Le modèle noir dans la peinture de Géricault à Matisse2, on m’a invité à faire une création en m'inspirant d'une des œuvres présentées. J’ai eu le coup de foudre pour Le jeune Noir à l’épée, que Puvis de Chavannes a peinte en 1850, deux ans après la deuxième abolition de l’esclavage. Le tableau montre au premier plan un personnage avec un corps d’adulte et un visage d’enfant très serein. Il porte une épée devant un paysage chaotique. Dans l’épée, il y a l’idée du combat d’un homme libre. Je me suis vu dans ce tableau et j’ai eu envie de raconter comment j’ai été sauvé par la littérature. J’ai donc créé ce livre-album comme une feuille de route poétique pour un jeune Abd Al Malik d’aujourd'hui. 1

Et quelle est votre épée ? A.A.M. – Le verbe est mon arme. Dans le tableau, la peau noire du jeune homme symbolise tous ceux qui sont à la périphérie par leur couleur de peau, leur sexe ou leur origine géographique. Mon combat, pacifique, vise à conquérir plus de justice et d’égalité pour tous. Face au chaos du monde, nous sommes parfois anesthésiés au point de ne plus voir la douleur. Mon œuvre propose un peu d’harmonie. Reprenez-vous la même configuration qu’à Orsay ? A.A.M. – Non. Il y aura de la musique, composée par Bilal et par le regretté Gérard Jouannest. Quelques images. Mais aux Langagières, je lirai. Je veux amener la même puissance dans la forme brute de la lecture, sans artifice, avec la langue en direct. Je prendrai les mots à bras le corps, dans un lien nu et réel avec le public. Le cœur, c’est le verbe, " le dire ". Mon intention, avec cette œuvre, est de transpercer le cœur des autres. La poésie bouleverse, nous rappelle qu’on est vivant. L’essentiel est notre humanité et nous sommes gardiens les uns les autres. 1

2

L e jeune Noir à l'épée. Récit poétique I Vol. 1. Coédition Flammarion, Présence Africaine, Musées d'Orsay et de l'Orangerie Au Musée d’Orsay, jusqu’au 21 juillet

Les langagiÈres

TNP et autres lieux, Villeurbanne 14 au 25 mai

Le jeune Noir à l’épée Abd Al Malik 18 mai à 20h tnp-villeurbanne.com

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FORME & FONCTION

Brut

de décoffrage Depuis 1971, année de son inauguration, un ovni architectural se dresse avec force à Chalon-sur-Saône. Baptisé aujourd’hui Espace des Arts, cet imposant équipement culturel vient de bénéficier d’une rénovation complète, mais volontairement respectueuse de sa brutalité. Par émiland Griès

B

rutal : c’est bien le terme qui vient à l’esprit face à la masse de béton que représente l’Espace des Arts, en contraste total avec les douces façades de la vieille ville ! Né de la politique d’essaimage des Maisons de la Culture sur le territoire français voulue par André Malraux1, le bâtiment, dessiné par l’architecte Daniel Petit à la fin des années soixante, assume sa filiation directe avec une icône de l’histoire de l’architecture : numéro 08 - mai 2019

Photos François Brix

celle du Club ouvrier Roussakov à Moscou, conçu en 1927 par l’architecte constructiviste Constantin Melnikov2. Comme son honorable modèle, l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône développe un vocabulaire structurel rationaliste, utilise des matériaux simples et bruts – en l’occurrence le béton et le verre – et présente le volume de son auditorium en surplomb sur le parvis. La singularité de cet hommage au manifeste architectural russe ainsi que la qualité de son écriture ont certainement concouru à sa mise sous protection par classement au titre 14

de Monument historique en 2013. Ce que Melnikov décrivait, pour son club Roussakov, comme un « muscle tendu » se retrouve ici également exprimé dans l’imbrication savante des volumes, dans la striure du béton et dans les pattes griffues qui soutiennent la salle de spectacle. Malgré ses indéniables qualités, le bâtiment a fonctionnellement vieilli, nécessitant une modernisation de l’accueil du public, de l’installation scénique et des équipements techniques. L‘agglomération du Grand Chalon, son propriétaire, a donc confié sa


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Perrine Pépin©

perrine pépin©

FORME & FONCTION

rénovation – sur concours – à une équipe transfrontalière, constituée de spécialistes expérimentés en transformation patrimoniale et théâtrale. Il s’agit des ateliers d’architectes belges Pierre Hebbelinck et Pierre de Witt et lillois Heleen Hart et Mathieu Berteloot, assistés d’acousticiens, de scénographes mais également de Richard Klein, architecte historien, expert en architecture du XXe siècle. Le tour de force de cette équipe de concepteurs a été de donner une identité contemporaine au bâtiment, tout en préservant son concept initial. Depuis sa réouverture fin septembre 2018 à l’issue de deux années de travaux, il semble, tout le monde s’accorde à dire, que le défi a été relevé ! Les meilleures décisions possibles en terme de requalification ont été prises : d’abord, se débarrasser du socle opaque et inhospitalier – le parking automobile en rez-de-chaussée – qui pervertissait le projet originel. Puis ramener son hall d’accès au sol et, ainsi, ancrer d'un point de vue symbolique comme fonctionnel l’édifice à son parvis et par-delà, à la ville. Outre les nombreuses améliorations scéniques et techniques permettant à l’auditorium d’envisager sereinement son avenir, un élément du projet retient l’attention : il s’agit de la suppression de la dalle de l’ancien rez-dechaussée surélevé, choix qui illustre bien une attitude conceptuelle à la fois respectueuse et affranchie des fausses évidences. à l’arrivée, un espace d’accueil comme " dilaté ", affichant des dimensions enfin en rapport avec son rôle urbain et bénéficiant d’un éclairage naturel sensiblement augmenté. Les échanges et circulations intérieures sont désormais fluides et évidents, connectés à l’ensemble de l’équipement. Dans la démarche d’authenticité qui les caractérise, les architectes n’ont pas cherché à masquer cette transformation. Bien, au contraire, ils ont restitué l’histoire du bâtiment requalifié : les traces de sciage du plancher disparu sont laissées bien visibles sur les poteaux en béton, comme strates temporelles constructives, séquelles du temps qui passe, intégrées et non pas niées dans un ensemble remanié de fond en comble. Et pour reprendre les propos de Hart et Berteloot : « Qu’on ait enlevé de la matière ou qu’on en ait ajouté, il n’y a pas de confusion sur la nature de nos interventions ».

__ LE CONSTRUCTIVISME EN HÉRITAGE L’architecte Constantin Melnikov (1890-1974) eut une activité brève et fulgurante. Figure majeure de l’avantgarde artistique russe et du mouvement constructiviste, il refusa de se conformer aux diktats du stalinisme, imposant le réalisme soviétique naissant. À partir de 1933, il cessa donc de construire pour se tourner, jusqu’à la fin de sa vie, vers l’enseignement et la peinture. Au début du XXe siècle, le constructivisme proclamait une construction géométrique de l'espace et s’exprimait dans la peinture, la sculpture, le design et l’architecture, par des formes simples,

tels la ligne droite, le cercle, le cube... En cela, le Club Roussakov de Moscou est un archétype, avec ses volumes dépouillés, s’opposant à l’architecture européenne de l’époque et dénonçant, par sa simplicité, l’ornementation extrême héritée de la société bourgeoise du XIXe siècle. En plan, le bâtiment se déploie en éventail. En volume, il se divise en un socle et trois salles, s'avançant en porte-à-faux. Chacune d'elles peut être utilisée indépendamment comme auditorium. Réunies, elles accueillent 1 000 spectateurs. Les seuls matériaux utilisés pour son enveloppe sont le béton, la brique et le verre.

Ministre de la Culture de Charles de Gaulle de 1959 à 1969 voir le focus

Espace des Arts Scène nationale Chalon-sur-Saône 5 bis, avenue Nicéphore-Niepce espace-des-arts.com

Le nouvel escalier dans un hall d'accueil agrandi

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Série Territoires Fanés, Vervins, 2017

Photos Laurent Bouchard

Par Lucie Diondet

Plus qu’humanistes, il les veut « humanisantes », ces photographies.

GUEULES, PAYSAGES, INSTANTS VOLÉS

LAURENT BOUCHARD

Les photos s’exposent en noir et blanc au comptoir, mais pas seulement. On reconnaît parfois ce visage-là, son voisin, son buraliste, « la voleuse de sucre », toutes ces célébrités de notre quotidien, croix-roussien et bien plus loin. Barons & Coquettes, Territoires fanés, Grosses fatigues, Kidnapping… Autant de séries de gueules saisies par Laurent Bouchard, quarante-cinq années au viseur, qui n’ont pas fini de voyager. Il aime quand c’est « destroy, joy, bistroy ». Là où il écrit, lit, capte les vies. S’il ne quitte jamais son appareil, cet « artisan de la photo » n’aura jamais l’idée d’en faire son métier. Son amour pour la « petite cuisine du labo », découverte à l’adolescence, ne se ternira pas non plus. Avant tout, c’est la révélation, au gré des pas et des bains, qui l’anime. La marche et les prises de vue quotidiennes aiguisent le regard « instinctif » de l’autodidacte. L’argentique reste son dada, même s’il ne boude pas le numérique pour couvrir live et gracieusement un concert ou un festival littéraire. Il se délecte de la contrainte du cadre, des sessions à format unique, des scènes prises dans l’instant, le plus souvent volées. Il utilise le matériel qu’il chine avec passion, teste toutes les techniques, saisit l’auteur Michael Connelly au Rolleiflex1, s’essaie aux alternatifs cyanotypes2 et sténopés3. Plus qu’humanistes, il les veut « humanisantes », ces photographies. Le regard, tendre et positif avant tout, plutôt que le message social. Les séries naissent a posteriori, de ces images qu’il développe, conserve, ressort, trie et expose, d’abord à ses proches et maintenant sur les murs. Photographier a longtemps galvanisé de difficiles déplacements professionnels dans des zones d’Afrique francophone ou du Maghreb sous surveillance. Photographier l’homme, jusqu’à le rencontrer parfois, troublait alors la solitude. Il ne cache pas non plus que les réseaux sociaux ont changé sa posture, qu’il songe davantage à qui regarde son travail. Oser montrer, partager au-delà du cercle des intimes, donner à voir, pour recevoir aussi d’accueillants retours…

fokus


série Barons & coquettes – Une coquette, 8/12/2009 17

L'ombre, Camargue, Port-Saint-Louis, 2018

Série Couleurs Méditerranée, Djerba, 2012

lbouchard.myportfolio.com/projects

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GROSSES FATIGUES Passion Photo Rives (38) 2 et 3 novembre 2019 CPP38

GROSSES FATIGUES L’Ivry Lyon 4e 4 au 30 Juillet 2019

BISTROY Bistrot du Comœdia Lyon 7e Jusqu’au 20 mai

D’UNE RIVE, L’AUTRE Printemps des Photographes Georges Hostel & Café Sète (34) 29 mai au 10 juin

Ses repères Josef Koudelka, Willy Ronis, Raymond Depardon, Pentti Sammallahti, Ragnar Axelsson (dit Rax), Nobuyoshi Araki

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1

Rolleiflex : appareil photographique reflex bi-objectif de moyen format et vieux boitier argentique, à la fois mécanique et manuel. Le cyanotype est un procédé photographique monochrome négatif ancien, par le biais duquel on obtient un tirage photographique bleu de Prusse, bleu cyan. 3 Sténopé : petit trou percé dans une plaque très mince, faisant office d'objectif photographique.

Ainsi son noir et blanc se glisse au prochain Printemps des photographes à Sète. Des visages et des paysages du Liban, de Chypre, du Maroc, d’Italie, d’Espagne en monochrome pour une édition Couleurs Méditerranée ! Laurent Bouchard, fixateur d’expressions et faiseur de bons mots, s’en réjouit d’un grand rire, avant de quitter « ce bistrot, ce café, ce rade, ce crédit de boissons… ». Le lendemain, c’est développement couleur dans la petite chambre. Le moment (rare !) mérite d’être préparé, quand nous restons encore un peu… à essayer de deviner quelles figures l’homme a(urait) bien pu mettre en boîte ce soir-là.


C dans l'air

Street art

lyon sort ses Par Sacha Pech Photos Softtwix

Mercredi 10 avril, Softtwix était la première artiste, parmi les soixante-huit invités par le festival Peinture Fraîche, à prendre possession de la Halle Debourg. Dans l’ancien entrepôt de fret mis à disposition par la Métropole de Lyon, elle et ses femmes ont eu un défi à relever : réaliser un mur de sept mètres sur six. Soit la plus grande création jamais réalisée par la collagiste plutôt habituée à travailler sur des pans de murs parisiens, mesurés le jour avant d’être recouverts au cœur de la nuit par des visages féminins. Mais qui sont « ses femmes » ? Celles que Softtwix photographie et qui naissent dans la chambre noire de son atelier jurassien, l’argentique étant sa première passion. Une fois assemblées et collées – les nez, visages et yeux de chacun de ses portraits venant de visages différents –, elles deviennent ses E.Dolls, du nom du projet initié depuis 2014. Des idoles dont les faces imaginaires témoignent de l’humanité et des émotions de milliers d’autres femmes. Le street art étant depuis ses débuts un art aussi rebelle que revendicatif, des messages féministes, comme dans le travail de numéro 08 - mai 2019

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Softtwix, écologiques ou dénonçant la surconsommation lui sont aujourd'hui associés. Le festival Peinture Fraîche, préfiguré dès 2016 avec l’événement Wall Drawings, puis en 2017 avec Trublyon, donne ainsi la parole à des artistes originaires d’une douzaine de pays. Cette parole prend corps grâce au spray, allié incontournable des graffeurs, mais aussi grâce à des collages, des affiches, du numérique ou des interventions plus insolites, telles les réparations des trottoirs lyonnais par Ememem. " Curaté " par le street artist Cart’1, Peinture fraîche est une occasion unique de découvrir, durant dix jours, dans une halle Debourg mi-galerie, mi-performative, les tendances d’un art par essence éphémère.

Peinture fraÎche 3 au 12 mai 2019 Halle Debourg, Lyon 7e peinturefraichefestival.fr



comme

20 sur vin

intimiste, loin d’un esprit boutique, le Chai se divise en trois parties : d’abord le salon, mettant en lumière l’identité du domaine ; puis la cave, espace dédié au stockage des bouteilles et à leur vente. Pour finir, la partie terroir est le lieu destiné à la dégustation, aux animations et aux cocktails privatifs. Concept novateur, le principe du Chai Lombardi à Lyon a tout d’une petite révolution et devrait faire des émules assez rapidement ! Par Laurent Turrel Photos Jérôme Bertin

CHIC ET CHOC Coup de cœur. Stéphane Lombardi recommande vivement la cuvée Les Ruchets du Domaine Colombo. Un cornas1 lumineux, subtil et suave, au nez d’épices et de fruits rouges croquants. Un vin très plaisant, loin des cornas rustiques et tanniques que l’on rencontre parfois. Issu à 100% de syrah, on le déguste volontiers sur une belle viande grillée ou rôtie. Le cornas est un vin d’appellation d’origine contrôlée produit sur la commune de Cornas, rive droite du Rhône, en face de Valence.

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Domaine Colombo Cornas (07) Les Ruchets – AOC Cornas, 2016, 70€ vinscolombo.fr

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L’

idée de départ coule pourtant de source. Lyonnais d’origine, Stéphane Lombardi crée, en 2017, une maison de production en Champagne pour huit hectares au total, dont un hectare en propre et sept hectares en achat de raisins. Une production actuelle de 65 000 bouteilles par an. Très rapidement, Stéphane s’aperçoit que nombre de ses acheteurs se déplacent directement au domaine, parmi lesquels de nombreux Lyonnais. L’idée lui vient alors de créer une « ambassade » des champagnes Lombardi au cœur de Lyon, afin que ses clients puissent s’y rendre et s’y sentir « comme au domaine ». Quelques démarches plus tard, en 2018, le Chai Lombardi voit le jour dans le cadre cossu d’un joli appartement du deuxième étage de la rue de la Ré. Dans une ambiance 20

Quant aux champagnes proposés, le domaine étant situé au sud du vignoble, dans la Côte des Bar1, il s’agit ici de champagnes issus majoritairement de pinot noir, donc plus fruités et vineux. Mais il n’en est rien, car Stéphane Lombardi insuffle avant tout à ses vins un style droit, pur, frais, minéral et peu dosé (huit grammes par litre en moyenne). En rupture avec le champagne cultivé dans la région. Cinq cuvées sont ainsi produites, toutes de haute volée. Avec ce chai au cœur de Lyon, Stéphane peut ainsi parfaitement véhiculer son credo : « Le champagne n’est pas que festif. Il reste avant tout un vin qui doit s’employer tel quel, sur tout un repas, en accord avec la cuisine et les mets servis ». Venez vous en rendre compte par vous-même au Chai Lombardi2 ! Partie méridionale du vignoble de Champagne, soit 8000 hectares de vignes et plus de soixante communes classées. Bar signifie en celte « sommet ». Longeant le plateau de Langres, les paysages sont ici rythmés par une alternance de forêts, coteaux, cultures. Et vignes sur des coteaux très pentus. 2 Sans rendez-vous, du lundi au vendredi 10h/18h, le samedi 11h/18h 1

Le Chai Lombardi 71, rue de la République, Lyon 2e, 09 84 14 11 64 champagnelombardi.com


Festival du Parc de Beauregard 24 au 26 mai Paroles, Paroles Carte blanche à la Cie Ostinato/Olivier Maurin 25 juin

Ailleurs

Une saison En partage MATHILDE FAVIER

5e édition Un jour Au Cirque La Cascade et en ville, Bourg-Saint-Andéol (07) 4 mai lacascade.org Happy Manif TNG Lyon-Vaise 11 mai La Mécanique des ombres (Utopistes) Maison de la Danse 1er juin

Elle a vu du pays et multiplié les expériences. Après dix ans dans le milieu associatif du Val d’Oise, Mathilde Favier est revenue, en 2016, à la région rhônalpine et au travail avec des artistes. « Ma manière de partager », déclare la directrice de La Mouche. Ainsi la relation aux territoires et aux énergies locales, particulièrement ciblées spectacle, est-elle toujours au cœur de sa trajectoire professionnelle. Par Trina Mounier Photo Marion Bornaz

Comment concevez-vous votre travail ? Mathilde Favier – Le fil rouge de ma carrière, c’est la relation, l’envie de créer du lien. C’est aussi ma façon de fonctionner dans un espace comme La Mouche où j’entame ma troisième saison. Je suis présente dès qu’il y a des spectateurs, mais pas dans mon bureau : à l’accueil, dans la salle, au bar, pour recueillir leurs impressions, leurs désirs de spectacle. Bon an mal an, 22 000 personnes passent à La Mouche (et 11 000 au cinéma classé Art & Essai qui partage les lieux avec nous). Les gens me font confiance. Ce qui me permet de programmer des projets ambitieux bien que clivants comme La Crèche de François  Hien, sans inquiétude. Du coup, nous pouvons nous engager sur sa prochaine création. Son approche évite toute récupération politique et nous apprend ainsi à mieux regarder le monde. Qu’est-ce qui motive vos choix de programmation ? M.F. – Je m’appuie beaucoup sur des affinités artistiques, comme avec Olivier Maurin dont nous présenterons Don Juan ou Étienne Gaudillère qui viendra avec Cannes. Évidemment, je vois beaucoup de spectacles, environ 150 par an (j’en choisis 17) en parcourant les festivals où je retrouve tout un réseau de collègues – Mythos à Rennes,

Circa à Auch, Avignon bien sûr. Ajoutons que notre salle fait partie du Groupe des 20 et du réseau Cirque Auvergne Rhône-Alpes. Beaucoup d’occasions de voir et de parler "cirque"… M.F. – C’est une discipline qui me tient particulièrement à cœur, il est vrai. On y trouve des choses de plus en plus intéressantes du point de vue inventivité. Et le type de rapport au physique qui l’irrigue fait du bien. Maintenant que le festival du parc de Beauregard est intégré à notre saison, l’éclairage cirque est encore plus net. Comment construisez-vous le programme ? M.F. – Les dosages et les arbitrages en fonction des publics notamment sont nécessaires. Un certain nombre de spectacles ciblent prioritairement le jeune public, par exemple. L’important est de générer des désirs, de proposer des expériences de spectateur… Sans oublier personne. Mais la manière dont je programme reste très instinctive, elle s’attache à la qualité et au bon moment pour présenter un sujet… La Mouche, Saint-Genis-Laval la-mouche.fr 21

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trajectoires

La Mouche


Bêtes de scènes

Depuis l’aube (Ode au Clitoris) Théâtre de la Renaissance 9 au 11 mai theatrelarenaissance.com

Pauline Ribat

Ode aux femmes Pauline Ribat et ses deux compères, Florian Choquart et Lionel Lingelser, présentent à La Renaissance Depuis l’aube (Ode au Clitoris). Léger et grave, le spectacle chante le bel organe, mais surtout les femmes, leurs joies et leurs douleurs. Par Florence Roux Photo Victor Tonelli

En quoi le documentaire Femmes de la rue de la réalisatrice belge Sofie Peeters vous a-t-il inspirée ? Pauline Ribat – Ce film, en 2013, a été pour moi un électrochoc. Si je ne découvrais pas la violence envers les femmes dans la rue, j’ai réalisé combien ces insultes font partie de notre quotidien. Et combien nous nous taisons souvent, alors que c’est extrêmement violent, pour toutes, depuis l’insulte jusqu’au viol… Que signifie Depuis l’aube et ode au clitoris ? P.R. – Depuis l’aube est le titre d’une chanson du spectacle, créé par le Quartet Buccal. Cela rappelle aussi que, depuis l’aube des temps, la femme a souvent été opprimée. Le clitoris ? Mon spectacle est loin de ne parler que de lui ! Mais c’était politique de le placer bien en vue dans le titre. C’est également un hommage à toutes les femmes excisées.

Comment l’avez-vous écrit et construit ? P.R. – Je l’ai créé pour la journée nationale des violences faites aux femmes, le 25 novembre 2016… Je cherchais une manière décalée de rendre audibles les violences qui ne l’étaient pas, avec du jeu, des cris, des adresses, des chants. La musique apporte de la poésie, de la douceur et l’humour est notre plus belle arme. Je fais même la liste de toutes les insultes qu’on peut entendre, dont la plupart ne veulent plus rien dire. Je joue sur scène avec deux hommes. Parce que j’aime les hommes et qu’ils sont solidaires avec nous. C’est capital qu’un homme puisse prendre en charge le rôle d’une femme. Qu’a-t-il changé pour vous ? P.R. – Il m’a permis d’oser prendre la parole, de dire, de prendre conscience. Je le vis comme un spectacle d’utilité publique. Si je l’avais vu à seize ans, j’aurais gagné quelques années…

La politique tous azimuts Cachée sous les traits de Solange Dulac (à moins que ce ne soit l’inverse), Véronique Bettencourt signe le troisième volet de son triptyque autour des Grands Questionnements existentiels. Après avoir interrogé une bonne douzaine de poètes et rêveurs en tout genre sur leur Fantasme de l’échec, puis sur Les Espaces incommensurables, abordant de biais la question du Sacré, la voici

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partie en quête de sens à propos De la guerre et autres tremblements de terre. Toujours férue de bazars divers faits avant tout d’images filmées, elle a, de fait, inventé une forme naïve de spectacle documentaire qui se refuserait à toute hiérarchie entre les questions que nous pose le monde. Ces questions (et leurs réponses) participent du même regard 22

étonné et passionné sur son échantillon humain. Dernier volet, vraiment ? Véronique Bettencourt sait déjà que Solange Dulac, son double, va lui manquer… T.M. L’Élysée, Lyon 7e 16 et 17 mai lelysee.com


L  es yeux

Bêtes de scènes

Festivals

É car q uill É s Par Trina Mounier Photo Christophe Raynaud De Lage

Cirque, musique et créations collectives sont les maîtresmots de cette fin d’année qui enchantera le parc de Beauregard durant trois jours et trois nuits, avant de s’évader vers d’autres horizons… Riche d’un passé consacré à la musique savante, le festival du parc de Beauregard, à Saint-Genis-Laval, n'a cessé de se métamorphoser et s'ouvre désormais à d'autres formes artistiques ainsi qu’à un public très divers. Sans renoncer à ses ambitions historiques mais en donnant la baguette, par exemple, aux Percussions Claviers de Lyon qui savent si bien faire sonner les préludes de Debussy comme les rythmes brésiliens. Deux autres axes, et non des moindres, pour ce festival : l'appel à construire ensemble des villes imaginaires sous la houlette d'Olivier Grossetête qui emmène petits et grands à l'assaut d'immensités de cartons. Et le cirque avec deux performances solo éblouissantes : La Marche, une rêverie circulaire de Mathurin Bolze et Instante, de Juan Ignacio Tula, derviche de la roue Cyr, tous deux programmés parallèlement par le festival (biennal) Utopistes. Entre deux éditions, celui-ci s’invitera durant plusieurs semaines aux Subsistances, à la Maison de la Danse ou dans un autre parc, celui de la mairie du 5e, tout proche de l’École de Cirque de Lyon. Avec une programmation ouverte sur les arts du mouvement. On y retrouvera notamment Karim Messaoudi et ses danses " brindzingues " ou Phia Ménard dans sa nouvelle création en solo, Maison Mère…

Festival de Beauregard Saint-Genis-Laval 24 au 26 mai beauregard-festival.fr Utopistes 24 mai au 30 juin festival-utopistes.fr

Instante – Juan Ignacio Tula

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Bêtes de scènes

Les CÉlestins

La place royale Les Célestins 9 au 29 mai theatredescelestins.com

L’Éveil du

printemps

Après avoir monté Arthur Miller, Octave Mirbeau ou Thomas Bernhard, Claudia Stavisky se confronte, pour la première fois, à un grand auteur du théâtre classique français : Pierre Corneille… Par Trina Mounier Photo Hélène Builly

Un choix inattendu ? Claudia Stavisky – J’avais déjà monté Musset ou Tchekhov, mais les auteurs du XVIIe sont les maîtres d’une langue si somptueuse, l’alexandrin représente un tel défi qu'il faut avoir acquis la maturité et le courage nécessaires pour les affronter. Valérie Bezançon, que j’appelle familièrement "le docteur des mots", connaît parfaitement toutes les subtilités de la versification de l’époque. En tant que comédienne, elle sait mettre cette science au service du théâtre. Grâce à elle, les jeunes comédiens ont pu dépasser la rigidité apparente des vers pour en retrouver toute la fluidité et les dire naturellement comme si c’était leur langue maternelle. Pourquoi avoir choisi La Place Royale ? C.S. – Pour sa modernité et parce qu’elle parle de l’adolescence, de ce moment si difficile, si dangereux, où les corps se rencontrent et où les

garçons et les filles se posent, parfois sans le savoir et souvent dans une immense panique, la question de l’engagement. À cet âge, l’autre n’est que le prolongement de son propre désir, c’est pourquoi les jeunes gens sont si cruels. J’ai décidé de faire appel à une chorégraphe, Joëlle Bouvier, dont le travail sur les couples me bouleverse toujours. Elle sait placer les corps dans l’espace, le leur faire habiter, de même qu’elle leur apporte un sens du rapport à l’autre absolument magnifique. Cela me touche car je voulais que cette atmosphère de sensualité soit sensible. N’est-ce pas paradoxal d’insister sur la modernité pour un auteur du XVIIe ? C.S. – C’est pourtant une évidence quand on aborde cette pièce. Mais l’éveil de l’amour est universel. Le choix des décors et des costumes, intemporels, entend le souligner !

Le grand voyage... Ça commence fort. Alors que les spectateurs s'installent, un personnage arpente la scène, costumé à la Marx Brothers. Arrive alors un musicien qui fait vibrer les notes rock de We will rock you de Queen. Freddy Mercury débarque ! Patrice Thibaud himself, metteur en scène et chorégraphe : un touche-à-tout qui aime le mélange des genres. Welcome est une tragi-

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comédie musicale très enlevée : on est convié pendant plus de deux heures au grand voyage, celui qui va de la vie à l'au-delà. Lorsque le sosie de Freddy Mercury tombe en syncope en plein show lors d'une " teuf " entre sexagénaires, on comprend bien qu'il ne croit pas en son propre trépas. C'est là toute la profondeur de cette belle pièce qui chante et danse la vie que nous 24

connaissons tous mais aussi l'après dont on a peur. Tous les arts de la scène se mettent au service d'une réflexion philosophique qui touche au plus intime. Welcome dans le grand voyage... C.Q. Maison de la Danse 21 au 25 mai maisondeladanse.com


Bêtes de scènes

Ambivalence(s)

L'oreille de Denys

CONFLUENCE D’ESTHÉTIQUES La neuvième édition du festival Ambivalence(s) convie le théâtre, la danse, la musique, le cirque et le cinéma à questionner la notion de frontière. Par Florence Roux Photo Jean Louis Fernandez

Un " vent de liberté ". Voilà ce que propose Richard Brunel, directeur de spectacle-paysage qui dépeint la vie de la vampire Camila, héroïne la Comédie de Valence, pour le 9e festival Ambivalence(s) qui, dit-il, de Maladie ou Femmes modernes d’Elfriede Jelinek. Quant à Yann « pose à la ville, avec les moyens du théâtre, les questions que le monde se Verburgh, il s’associe au metteur en scène roumain Eugen Jebeleanu pose ». Avec cette thématique : la ville frontière ou la pour créer Itinéraires, spectacle franço-germanoville sans frontière ? Comment les murs s’érigent-ils roumain qui interroge : « À quel moment sommesdans un monde qui semble s’ouvrir ? Les réponses nous prêts à changer le monde ? À faire bouger nos fuseront, dans toute la ville et au croisement des frontières ? » disciplines. La relève arrive, répond-on au festival ll y aura certes du théâtre, mais ailleurs et autrement. Ambivalence(s). Le Centre du patrimoine Ainsi dans le port de l’Épervière, dans l’antre d’une arménien accueille les spectacles des ateliers Festival Ambivalence(s) péniche, Jeanne Candel et ses complices entraînent d’éducation artistique que la Comédie organise Divers lieux, le public sur les traces du musicien Denys qui dans les collèges et lycées. Place de la Comédie, les Valence (26) « emprisonne les autres dans son instrument ». À jeunes musiciens du conservatoire jouent du pop16 au 25 mai la Fabrique et au parc des Trinitaires, la Compagnie rock, du jazz band ou du funk. Quant au Lux et comediedevalence.com Une bonne masse solaire associe le théâtre, la danse au cinéma Le Navire, ils présentent les films ultraet les arts plastiques pour mieux faire entendre « les courts des élèves de la Poudrière, école de cinéma battements de la nature »... d’animation. Sans oublier deux longs métrages Y a pas grand-chose qui me révolte pour le moment : « sans frontières », L’époque de Matthieu Bareyre, avec cet autre spectacle, présenté au Théâtre de la Ville, les Belges film sur la jeunesse de l’après-Charlie, et Un Tramway à Jérusalem de Clinic Orgasm Society et la troupe de Tours, Théâtre à cru, jouent d’Amos Gitaï, qui peint, avec humour, de brèves rencontres et une avec la réalité. Mathilde Delahaye, elle, organise, dans la ville, un mosaïque d’êtres humains. 25

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Vincent Fournier©

déambulations

arts visuels

18.05.19

Space Oddity Jeux de contrastes, couleurs éclatantes et blancs maculés se partagent les clichés en grand format du photographe Vincent  Fournier à la Fondation Bullukian. Entre Hergé et Kubrick, c’est un savant mélange que nous propose cet artiste diplômé en sociologie et sorti de l’École de la photographie d’Arles. Chaque photo construit à elle seule un véritable univers fait d’évocations futuristes ou de clins d’œil rétro, jouant avec humour de nombreux détails, de la beauté des matières ou de grands espaces tout juste foulés du pied de l’homme. Une exposition intersidérale à vivre comme le fantasme d’un voyage spatial ou le souvenir lointain de rêves cosmiques. V.A.

Apollo model A7L spacesuit, Johnson Space Center, Houston, [NASA], USA,2017

Space Utopia Fondation Bullukian, Lyon 2e bullukian.com

Musée Nicéphore Niépce©

19.05.19

DE BATTRE LES CŒURS… Bons baisers de Chalon-sur-Saône où le musée Nicéphore Niépce livre une vision décalée d’un sujet vieux comme l’art. Let’s stay together, Jealous Guy, Nothin’ Else Matter… Les rapports amoureux sont disséqués en cinq chapitres aux titres musicaux, mêlant pièces vernaculaires des collections et travaux d’artistes contemporains. Chromos romantiques, tendre après-guerre de Brassaï ou Izis, photomontages presse de criminels passionnels, sites de rencontres… De haut(s) en bas, les photographes, amateurs et professionnels, mitraillent la vie de couple. Les albums de famille révèlent les humeurs – l’ex anonyme décapité par cent fois au cutter vengeur ! À l’instar du cinéma, cette iconographie foisonnante a inspiré nombre d’artistes dans leurs propres narrations. L’exposition en fait la démonstration avec les photo-biographies de Denis Roche, l’autoportrait indirect de l’artiste Jenny Rova par ses amoureux successifs, les reconstitutions de la Lyonnaise Delphine Bailey ou les romans-photos d’archives d’Anouck Durand. Loin des clichés et non dénué d’humour, ce parcours artistique, et ethnographique, est passionnant. Et gratuit. L.D. Probabilité 0.33 une chance sur trois de réussir sa vie de couple Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône (71) museeniepce.com Famille, années 30

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déambulations

07.05

08.06.19

LES FILLES SORTENT DU BOIS Trop peu visibles dans le street art, les filles sont mises à l’honneur par la galerie Sitio à l’initiative de l'association Superposition, dont le seul mot d'ordre est : « Que l'art envahisse l'espace urbain ! ». D'où de nombreux événements au cœur de la ville de Lyon et dans les 200 m² de Sitio, point d'ancrage des fondateurs de Superposition. En mai, c’est MétamorPHE, exposition en mode festival, qui rend hommage à l’effervescence artistique féminine et féministe. « Il y a, rappelle Bouda, l’artiste créatrice du visuel de cette deuxième édition, de sacrées pionnières comme Kashink, Lady Pink, Miss Van... Depuis plusieurs années, elles portent ce mouvement et s’imposent dans le milieu du street art et du graff. » Dès le 7 mai, photographes, skateuses, graffeuses, bdéistes ou tatoueuses investiront Sitio sur le thème de " la flamme ". Venez découvrir les "oxymores chromatiques" d’Angelina Guez, les illustrations et photos de la Lyonnaise Cara Mia, les créations d’Idys, les toiles de Bouda, les drôles de personnages à tête d’oiseau de Parvati et bien d’autres. C.Q. MétamorPHE # 2 Galerie Sitio, Lyon 2e superposition-lyon.com

Bouda

01.06.19

LA Photo A SA MAISON Petit nouveau dans le milieu de la photographie à Lyon, Poltred fait déjà figure d’exception. À la différence de galeries plus classiques, ce nouveau « concept store » en plein cœur du 3e s’affirme comme un vrai lieu de vie. Avec son troquet, sa boutique et son esprit très lounge, difficile de résister à l’envie de s’y attarder en milieu de journée et profiter de l’exposition en cours, acheter quelques clichés ou du matériel. Des master class, une agence et un laboratoire argentique et numérique ouvert à tous sont également proposés. Une véritable aubaine pour amateurs et photographes aguerris. À découvrir en ce moment l’univers d’Audrey Kahl. Time for café est une série de petits formats en noir et blanc dont le grain velouté confère un côté doux et feutré au quotidien. La présence récurrente de nombreux détails, objets et autres miroirs, transforment chaque prise de vue en un révélateur subtil de notre for intérieur. V.A. Poltred, Lyon 3e poltred.fr

07.07.19

Un monde de contrastes

Blaise Adilon©

Que de contrastes ! Au troisième étage du Musée d’art contemporain se déploie, à droite, l’univers de Maxwell Alexandre dans Pardo é papel (ou littéralement " le papier est brun "). D’emblée, les grands formats de Maxwell Alexandre, peints sur un papier d’emballage brun orangé, happent le regard. Ils palpitent aux couleurs de la favela de Rocinho, à Rio, et foisonnent de corps noirs aux cheveux blonds, avec ce motif de "vague" reproduit à l’obsession, tel le rythme rap qui inspire l’artiste. à gauche, sept jeune artistes européens construisent en direct l’exposition Storytelling, créant leurs œuvres in situ, l’un après l’autre, tel un " cadavre exquis ". En résidence courte, chacun développe son propre projet à partir d'indices laissés, à chaque étape, par l'artiste précédent. On plonge d’abord dans les étranges et immenses architectures en noir et blanc de Chourouk Hriech. Avant d’aller espionner les " soupiraux " et les culs "parlant" de Lou Masduraud & Antoine Bellini. Reste à deviner ce qui adviendra dans la salle suivante... F.R. Storytelling et Pardo é papel Musée d’art contemporain - MAC Lyon mac-lyon.com/mac

Chourouk Hriech 27

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Potemkine Films©

l'arkuchi du mois

musique, littérature, bd, cinéma… L’Arkuchi du mois attrape en un clin d’œil ce qui fait vibrer la scène actuelle. C’était mieux avant regarde dans le rétroviseur le foisonnement culturel d’hier et s’attarde sur les pépites qui brillent encore… Plutôt " bien maintenant " ? plutôt " mieux avant " ?

Biélorussie, 1943. Flioria, 14 ans, déterre un fusil et s’engage dans la lutte contre les nazis. Un voyage au bout de l’enfer. La ressortie en salles de Requiem pour un massacre est une détonation. Car il y a un avant et un après Requiem… Pendant la Seconde Guerre mondiale, des hordes de S.S. commettront 628 Oradour-surGlane dans les campagnes du pays, laissant un peuple entier traumatisé. Elem Klimov, alors jeune homme à Stalingrad, se jure de témoigner. De faire de cette barbarie un film, qui sera son dernier. Et de dévoiler le cauchemar absolu à travers les yeux d’un enfant, forcément. Le résultat laisse sans voix. Vertige du steadycam, naturalisme et lyrisme entremêlés, hors champs pudiques… Requiem pour un massacre se raconte difficilement. C’est un film comme la guerre. Violent, brûlant, traumatisant, fascinant. C’est le plus grand film de guerre. L.D. Requiem pour un massacre de Elem Klimov (URSS - 2h22 - Potemkine ) Sortie nationale : 24 avril (1ère sortie : 1985)

Cataractes est un thriller, de ceux qui vous kidnappent dès les premières lignes et qui vous laissent 420 pages plus loin comme groggy. Plongée dans la noirceur des âmes, vague de souvenirs (le retour aux racines balkaniques de Sonja Delzongle), déferlement de sensations mais aussi constante imbrication entre Histoire, psychiatrie, sciences et philosophie. C’est un trait caractéristique de l’écriture de Sonja, son récit est ancré (encré) dans un réseau d’informations. On apprend, on met en relation, on se questionne sans s’en rendre compte tant l’inclusion dans le déroulement de l’action est subtile et fluide. Laissez-vous entraîner par le flot, vous en ressortirez différent. C’est tout ce qu’on demande à la littérature, non ? L.B.

Les Irlandais de Fontaines D.C. (aka Dublin City) ont joué au Sonic en février. Sold out évidemment. Parce que le quintet de Dublin multiplie les EPs et les singles prometteurs (Liberty Belle) depuis des mois. Ils viennent de sortir leur premier 11-titres. Énervé et brut de décoffrage, mal léché, désordonné, sans parler de l’accent irlandais à couper au couteau de son chanteur-poète Grian Chatten. Vrai coup de cœur pour Hurricane Laughter qui met illico en apnée avec sa basse vrombissante et ses nappes telluriques. À sortir du lot, Big qui lance les hostilités, le rageur Too Real, Chequeless Reckless et sa rythmique épileptique, The Lotts ou Dublin City Sky où plane même l’ombre tutélaire de Shane MacGowan. Trente-neuf minutes plus tard, totalement " addict ", on se le remet dans les oreilles, un peu plus fort. La jolie surprise de ce mois d’avril. A.H.

Cataractes de Sonja Delzongle Éditions Denoël – Collection Sueurs Froides Parution : 11 avril

Dogrel, Fontaines D.C. (Partisan Records) Sortie : 12 avril

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c'était mieux avant

MICHEL SIMON

MONSTRE SACRÉ Par Nikki Renard

La chienne de Renoir

Photo Solaris Distribution

Né la même année que le cinématographe en 1895, ce comédien trublion de l’avant et après-guerre n’a de cesse de bousculer les conventions en imposant un jeu moderne et poétique. Michel Simon, enfant terrible du cinéma français, laisse à la postérité plus d’une centaine de films, tournés avec les plus grands réalisateurs de l’époque (Carné, Renoir, Duvivier, Guitry…). J’ai quinze ans, je découvre Michel Simon à l’écran dans Le Vieil homme et l’enfant de Claude Berri (1966) : c’est pour moi une révélation. Il campe le rôle d’un vieux pétainiste recueillant un enfant juif duquel il ne sait rien. Cruel et d’une infinie tendresse, ce récit autobiographique m’émeut aux larmes et m’ouvre les portes pour visiter, à rebours, la vie de cet immense acteur anticonformiste. Dans Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir (1932), il joue un clochard sauvé de la noyade par un libraire. Sa diction singulière et ses frasques choquent la femme de son sauveur autant que le public de l’époque. Connu et reconnu pour son sens comique dans lequel les producteurs veulent l’enfermer, son premier grand rôle tragique dans La chienne de Jean Renoir (1931) consterne l’auditoire. Michel Simon sait tout jouer. Il provoque l’admiration autant que le mépris. Pensionnaire de maisons closes et collectionneur d’objets érotiques, sa vie d’homme libre, anarchiste, me fascine encore. C’est un punk avant l’heure, se foutant des convenances, allant où bon lui semble, dans la vie comme dans ses rôles. Il resta jusqu'au bout un enfant avec ce que cela comporte d’insouciance et de désagréments. N’est-ce pas là l’essence même du jeu ? Vous l’aurez compris, Michel Simon est une gueule qu’on n’oublie pas, un caractère, un volcan, et cela manque beaucoup au cinéma contemporain, galeries de portraits talentueux souvent un peu trop lisses à mon goût. C’était mieux avant…

L’Atalante (1934) Jean Vigo La Chienne (1931) Boudu sauvé des eaux (1932) Jean Renoir La beauté du diable (1950) René Clair La fin du Jour (1939) Panique (1946) Julien Duvivier Le vieil homme et l’enfant (1967) Claude Berri Michel Simon ou Le roman d’un jouisseur Jean-Marc Loubier (Ramsay Cinéma, 1989)

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cuisine-moi

au marché • 6 jeunes courgettes de taille moyenne • 2 poignées de tomates cerises • 4 mini aubergines • 2 poivrons jaunes épépinés

• 1 botte d’oignons frais • 1 bouquet de basilic • 4 burrata • Huile d’olive • Sel et poivre du moulin

En mai fais ce qu’il te plaît ! Revenant de mon marché avec mon petit panier sous le bras, une envie légère de belles courgettes turgescentes à faire sauter avec quelques doux agréments, histoire d’inviter le sud dans vos assiettes mais pas que… Jeanne Brousse

Cette fois-ci, les courgettes seront préparées en spaghettis à l’aide d’un Spiralizer*. Enfournez cinq minutes vos tomates cerises badigeonnées au pinceau d’huile. Sous le grill encore chaud, envoyez à leur tour en cabine vos mini aubergines, en prenant soin de les tourner en milieu de cuisson, ainsi que vos poivrons en quartier. Ne pas oublier d’ôter leur peau avant de les sculpter en fines lanières. Avec un filet d’huile d’olive et à feu doux, faites hâler vos petits oignons émincés. Ensuite jetez vos spaghettis de courgettes sans cesser de mélanger. Sept minutes grand maximum ! Mi-croquantes ou fondantes, à vous de choisir selon votre goût. Enfin, dressez des petits nids de courgettes, glissez-y les lanières de poivrons. Ornez délicatement le tout de vos tomates rôties, d’une burrata et d’une petite aubergine grillée par assiette. Bigarrez de basilic ciselé, relevez avec sel et poivre. Coup de soleil garanti !

... la courgette

* coupe légumes spirale

25 minutes

30 minutes

cogite-toi

F.V.©

4 personnes

A

B C D

E

F G H

I

J

HORIZONTALEMENT

1

1. Les premières invitées au printemps. 2. Réviseras ton planning. 3. Héros crétois de la guerre de Troie. 4. Absorbe bien des vibrations… avec son bloc. Notable à Alger. 5. Vaut une attention. Personne en latin, mais quelqu’un pour Jules Verne. 6. " S’éclate " à la chasse… Incarne le propre de l’homme ? Ponia DuMont 7. Serres tes voiles. Séduit le samouraï, déçoit parfois le lord anglais. 8. Marque l’origine. Petite monture espagnole. 9. Un adepte des piquesolutions arkuchi 07 niques champêtres ? Lui n’a pas été récompensé. 10. Cachés à reculons. N’ont pas encore grandi. A C C E P T I O R S L I C A S VERTICALEMENT P ANO R AMA A. " Sniffes " ou aimes. Se bat contre les maladies. E P E E R I T B. Prit sa plume, peut-être. Dans l’alternative. C. Adorent tels des païens. D. Point d’orgies R E MU A N O romaines pour ses résidents. E. Allonges en tous S T A R I S E R sens. Abréviation connue des potaches. F. Tiède OS AN E R I ou glacé, ça décoiffe. Terrain peu propice au I UN E S O camping. G. Que c’est long ! Un entier, premier, R E N T E OS quasi parfait… H. L’un des condamnés de SU I S S E S Nuremberg. Fait du tort. I. Penses, sans doute. Insigne. J. Oreille-de-souris très fleur bleue.

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NS A I S E S A A S E S R E E E E S


street art

Ruoma Par Graphull

RUOMA réinvente en permanence les formes singulières qui signent ses œuvres. Sur les murs et les trottoirs, au Posca ou au pinceau, en mode graff ou collage...* *Ruoma est lyonnais. @ruoma_and_etse

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où trouver

Bourg-en-Bresse  Musée du Brou. Tannerie. Théâtre de Bourg-en-Bresse.  Bourgoin-Jailleu  Les Abattoirs. Musée de Bourgoin.  Bron  Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. MJC Louis Aragon. Pole Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II.  Caluire-et-Cuire  Bibliothèque municipale. Cinéma le Méliès. Le Radiant-Bellevue.  Chassieu  Le Karavan Théâtre.  Corbas  Le Polaris.  Dardilly  L'Aqueduc.  Décines  Centre de la Mémoire Arménienne. Le Toboggan.  écully  écully Cinéma.  Feyzin  L’Épicerie Moderne.  Irigny  Le Sémaphore.  L’Isle-d’Abeau  La CAPI.  La Mulatiere  Aquarium de Lyon.  Lyon 1  À chacun sa tasse. L'Antirouille. À Thou bout d’chant. Bar 203. Bar à vin. Bistrot Chardonnet. Boîte à café. Bomp. Cabane café. Café des Capucins. CAUE Lyon Métropole. Cinéma Opéra. Condition des Soies. Dangerhouse. Drac. Ecoworking. ENBA. Espace 44. Galerie AMR Pallade. Galerie Céline Moine. Galerie Mathieu. Galerie Paul Ripoche. Galerie PomeTurbil. Galerie Le Réverbère. Le Gargagnole. Hemingway’s. Ho36 Terreaux. La BF 15. Librairie Archipel. Librairie À titre d’aile. Librairie Le Bal des Ardents. Librairie le Livre en Pente. Librairie Le Tasse-Livres. Jarring effects. Kraspek Myzik. Mapra. Mas Amor. Médiatone. Musée des Beaux-Arts. Musicalame. Le Nombril du Monde. Opéra de Lyon. Original Watt. Le Perko. La Pinte douce. Radio Canut. Le Romarin. Sofffa Terreaux. Les Subsistances. Théâtre de L’Accessoire. Théâtre Les Clochards Célestes. Technoir. Tikki Records. Trokson. Unique en série. Les Valseuses. Vins Nature. Le Voxx.  Lyon 2  Archives municipales. Bar Petit Grain. Centre national de la Danse. La Cloche. Docks 40. ESMA. Fondation Bullukian. Goethe Institut. MJC Confluence. Mob Hôtel. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Librairie Passages. Musée des Confluences. Périscope. Région A.R.A. Sitio/Superposition. Théâtre Comédie Odéon. Théâtre des Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. Université catholique de Lyon.  Lyon 3  Auditorium de Lyon. De l’Autre côté du pont. Archives départementales. Café du Rhône. Gnome et Rhône. Hooper. IFRA. Librairie Esprit Livre. Librairie du Tramway. La Métropole de Lyon. Pôle Emploi Scène et Images. Poltred. Salle des Rancy. Taverne Gutenberg.Théâtre Improvidence.  Lyon 4  Aquarium Ciné Café. L’Assiette du vin. Aux Gogniols. Bistrot du Boulevard. Bistrot fait sa Broc. Le Canut et les Gones. Capucine bazar. Collectif la Machine. Comptoir du vin. Le Déjeuner. Diable Rouge. Drôle de Zèbre. Les Enfants du Tarmac. ENFIP. Galerie Vrais Rêves. Le Grain de Folie. L’Instant. IUFM. Labelalyce Librairie La BD. Le Modern Art Café. Ninkasi Croix-Rousse. Ô Vins d’anges. L'Oiseau sur la branche. Paddy's Corner. Le Petit Troquet. La Soierie. Théâtre de la Croix-Rousse. Théâtre Sous le caillou. La Valise d’Elise. Villa Gillet. Vivement Dimanche. La Voguette.  Lyon 5  Le Bar Bu. Brasserie du Doyenné. CRR de Lyon. CNSMD. Collège Hôtel. École du Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. La Gargouille. Instituto Cervantès. Librairie Virevolte. La Mi Graine. MJC du Vieux-Lyon. MJC Saint-Just. Musées Gadagne. Musée Gallo-romain. Ninkasi Saint-Paul. Le Sonic. Théâtre du Point-du-Jour.  Lyon 6  L’Apéro Rock. L’Astragale. Café Chloé. Musée d’Art Contemporain. L’Odyssée. Le Tout Petit Café.  Lyon 7  Arts en Scène. Atelier Garage. Bibliothèque Diderot. Le Bistroquet. Café 76. Centre Berthelot. CHRD. Cinéma Comœdia. La Commune. Court-circuit. ENS. L’Elysée. Les Fauves. La Fourmilière. Galerie Tator. Ho36 Montesquieu. Halles du Faubourg. IEP. L’Indocafé. Le Mondrian. Librairie Bédétik. Librairie Rive gauche. Librairie Terre des Livres. Librairie La Voix aux chapitres. Mama Shelter. Ninkasi Kafé. Le Petit Bouclard. Le Petit café rose. Pimpon bar. Les Raffineuses. Sofffa Guillotière.  Lyon 8  Faculté de médecine. Institut Lumière. Maison de la Danse. MJC Monplaisir. NTH8. Salle Genton.  Lyon 9  Au Bonheur des ogres. Campus René Cassin. Ciné Duchère. CNSMD. L’Attrape-Couleurs. La 9e Bulle. Médiathèque de Vaise. MJC de la Duchère. Ninkasi Vaise. TNG.  Mâcon  Cave à Musique. Cinéma Le Marivaux. Le Cadran Lunaire. Mâcon Scène nationale.  Miribel  L'Allégro.  Mornant  Espace Jean Carmet.  Oullins  La Mémo. MJC d’Oullins. Le Syndrome Peter Pan. Théâtre de la Renaissance.  Pierre-Bénite  Maison du peuple.  Portes-Lès-Valence  Train-Théâtre.  Rillieux-la-Pape  CCNR. Espace culturel Marcel André. Médiathèque. MJC O Totem. Piscine du Loup Pendu.  Saint-étienne  Cité du Design. La Comédie de Saint-Etienne. Le Fil. Le MAMC.  Saint-Fons  Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Centre d’arts plastiques. Théâtre Jean Marais.  Saint-Genis-Laval  La Mouche. Médiathèque. B612  Sainte-Foy-lès-Lyon  Ciné Mourguet.  Tassin-la-Demi-Lune    Théâtre L'Atrium.  Vaulx-en-Velin  Centre culturel Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. École d'architecture. ENTPE. Planétarium.  Valence  Comédie de Valence.  Vénissieux  Bizarre ! Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux.  Vienne  Théâtre de Vienne.  Villefontaine  Théâtre du Vellein.  Villefranche-sur-Saône  Auditorium. Cinéma Les 400 Coups. Conservatoire. Librairie des Marais. Médiathèque Mendès-France. Musée Paul Dini. Théâtre de Villefranche.  Villeurbanne  Atome Village. Bieristan. Campus de la Doua. CCO. CCVA. Cinéma Le Zola. Galerie Domus. Double Mixte. ENMDAD. Espace Info. Espace Tonkin. IUFM. IUT B. Librairie Lettres à Croquer. La MLIS. Pôle Pixel. Studio 24. le Rize. Théâtre Astrée. Théâtre de l'Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. Le Totem. Transbordeur. URDLA... ainsi que dans la plupart de vos mairies, bibliothèques, MJCs, espaces de coworking...

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