MENSUEL GRATUIT
SEPT. 2019
10
CARTE BLANCHE .04
PATRICK PENOT
Oui au théâtre qui dit non !
.01
Projecteur 365, Le Corbusier
Invitée du mois Aurélie Foussard
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Bêtes de Scènes
.08
Trajectoires Victor Bosch
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Déambulations Musiques
.20
Vin sur 20 Escapade en Beaujolais FORME & FONCTION
.22
Spécial Rentrée Théâtre à l'affiche
.30 Rejoignez la communauté ArKuchi
Charly Jurine - F.L.C / ADAGP©
SEPTEMBRE 2019
10
...
Déambulations Arts visuels
.34
Street Art Parvati Cogite-toi
PERRIAND ET LE CORBUSIER SOUS LES FEUX DE LA RAMPE
contact.arkuchi@orange.fr
Direction de la publication Rédaction en chef Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Valie Artaud, Jérôme Bertin, Lucie Diondet, Ponia DuMont, Graphull, Émiland Griès, Marco Jéru, Élodie Martinez Trina Mounier, Sacha Pech, Nikki Renard, Florence Roux, Laurent Turrel Illustration de couverture Aurélie Foussard Publicité contact.arkuchi@orange.fr 06 13 07 06 97 Conception et mise en page
À L’AFFICHE .10
C’ÉTAIT MIEUX AVANT .14
SPÉCIAL RENTRÉE .26
ROCK’N’ROLL PARTY
BILLIE HOLIDAY
PHOTOMATONS
Tous à la Messe de Minuit !
Femmes et hommes de théâtre
I’m a fool to want you
Aurélie Foussard©
arkuchi.com (en construction) Septembre 2019 n° 10 Mensuel gratuit Lyon, Métropole & Rhône-Alpes Edité par ArKuchi, 18 rue de Belfort, Lyon 4
SUCCESS STORY .28
AMBRONAY TAILLE XL 40 ans de découvertes et concerts
Impression : FOT
Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646-8387
La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.
ArKuchi est présent dans plus de 380 lieux : centres culturels, théâtres & salles de spectacles, bibliothèques, musées, cinémas, magasins spécialisés, bars & restos, mairies, etc. ABONNEMENT 9 numéros par an = 27 eur.
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FOKUS
AURÉLIE FOUSSARD
LETTRES & RATURES .32
(…) UNE FENÊTRE SUR LE MONDE, TOUT EN FRAGILITÉ ET SPIRITUALITÉ. 3
UNE RENTRÉE SOUS LE SIGNE DE LA SF
.18 NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
CARTE BLANCHE
QUI DIT
AU THÉÂTRE
PATRICK PENOT
Par Patrick Penot Photo Andréa Chamblas Sens Interdits
Patrick Penot est un passionné de théâtre. Il a travaillé, pendant plus de vingt ans, pour l’Institut Français dans différents pays d’Europe (Pologne, Grèce, Italie, Autriche). Ancien co-directeur des Célestins, il est le directeur artistique (bénévole) du festival lyonnais Sens Interdits, qu’il a également fondé en 2009.
UN THÉÂTRE CITOYEN, SOCIAL, DOCUMENTAIRE OU DOCUMENTÉ
IRE
NA
TE
R PA
FESTIVAL SENS INTERDITS #6
ESPOIR ET UTOPIE… Lyon & métropole 16 au 27 octobre sensinterdits.org
NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
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CARTE BLANCHE
En
dix ans, Sens Interdits a proposé à son public une centaine de spectacles internationaux d’une telle variété de formes, de tailles, de natures qu’il semble vain de les regrouper sous une étiquette commune. "Théâtre de nécessité" est aussi réducteur que "théâtre d’urgence" ou "théâtre d’investigation". Souvent politique, il peut être citoyen, social, documentaire ou documenté. Le seul point commun est l’engagement total des artistes qui le fabriquent. Pour faire simple, disons que c’est un théâtre qui dit non ! C’est un théâtre qui s’oppose et dénonce, mais un théâtre qui, souvent, dépasse le cadre du projet artistique initial et devient levier de changements sociétaux.
QUELQUES EXEMPLES Quand Tatiana Frolova, artiste fétiche du festival et fondatrice en 1985 du Théâtre KnAM à Komsomolsk-sur-l’Amour, fouille avec obstination l’histoire russe, elle exhume des pans entiers de mémoires bafouées, tronquées, manipulées qu’elle passe au filtre exigeant et sans concession de son théâtre. Ce faisant, sa ville si excentrée devient alors l’un des rares épicentres du courage artistique et de la liberté d’expression dans un pays où le rapport de l’artiste au pouvoir n’a jamais été simple. Quand, en 2009, Paula González Seguel, jeune Chilienne d’origine mapuche, utilise pour la première fois le théâtre pour mettre sur le plateau cinq générations de femmes, c’est pour dire la fierté d’une culture et d’une langue. C'est aussi la volonté de défendre la mémoire et les droits de sa communauté. Elle ne sait pas alors que, dix ans plus tard, sa compagnie KIMVN Teatro sera devenue un centre de ressources sur l’histoire et la mémoire des peuples premiers d’Amérique latine. Échappant largement aux contours du projet théâtral d’origine, KIMVN Teatro a su étendre ses activités à la musique, au cinéma et au combat social et politique. « Le plus important est de sentir que nous sommes devenus une voix importante qui rend visibles les injustices et les revendications du peuple mapuche, mais aussi celles d'autres peuples opprimés du continent. » En 2015, Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu, créé, après cinq ans de recherche documentaire sur la crise migratoire, par le Nimis Groupe, met sur le plateau huit acteurs et sept demandeurs d’asile. Il s’agit bien sûr d’un théâtre documentaire, mais surtout du plus courageux et du plus politique des spectacles sur l’Europe face à la crise des migrants. C’est bien de l’Acceso de Pablo Larraín dont nous avons eu besoin pour prendre conscience de l’ampleur internationale de la pédophilie dans l’Église, comme de Hate Radio de Milo Rau pour comprendre le mécanisme diabolique qui a conduit au génocide au Rwanda… Inutile de multiplier les exemples. Continuons à proposer la diversité d’un théâtre indocile. Nous en avons besoin pour réarmer notre humanité face aux violences et aux laideurs du monde. 5
BÊTES DE SCÈNES
DU GENRE Par Sacha Pech
Photo Nino Laisné
ROMANCE INCIERTOS, UN AUTRE ORLANDO Maison de la Danse Lyon 17 et 18 septembre Comédie de Valence (26) 24 et 25 septembre Espace des Arts Chalon (71) 13 novembre Théâtre du Vellein, Villefontaine (38) 14 avril 2020
Sa réputation (réductrice) d’enfant terrible de la danse, François Chaignaud l’a acquise lorsque lui et sa complice argentine, Cecilia Bengolea, ont créé Pâquerette, pièce pour deux danseurs et autant de godes. C’était en 2008. Depuis, tous les deux ont savamment su mêler "éclate" et rigueur dans des pièces où le genre, les chants médiévaux et les rythmes urbains se marient à merveille. Lyon les a découverts en 2012 avec TWERK*, bien avant que Miley Cyrus ne fasse de cette danse son gagne-pain. Comment oublier cette scène incroyable pour cinq popotins, alignés en chenille au sol et pris d’une transe remuante ?! Des images, reflets de toutes ses identités et de ses références esthétiques, François Chaignaud en a depuis créées à la pelle : un jour danseur sur pointes sur de la musique jamaïcaine dans Dub Love, un soir
créature soumise d’un duo érotico-maso dans Radio Vinci Park, le voici aujourd’hui artiste chouchou des scènes européennes, dont la Maison de la Danse qui lui confie l’ouverture de sa saison 2019/2020. En collaboration avec Nino Laisné à la direction musicale, il propose Romances Inciertos, un autre Orlando. Dans ce récital en trois actes, l’artiste se lance dans un jeu de métamorphoses, et endosse les costumes d’une jeune fille partie au combat sous l’armure d’un homme, d’un archange sensuel et voluptueux monté sur échasses, puis d’une gitane andalouse androgyne. Théorbe, viole de gambe, bandonéon et guitare baroque bercent cette épopée espagnole dans laquelle Chaignaud dévoile aussi ses talents lyriques. Avec pudeur, fragilité et virilité. De terrible, le voici devenu iconique. *Altered Natives' Say Yes To Another Excess - TWERK
KÄFIG, TOUJOURS SANS CAGE Dépasser les limites : tel est l’un des charmes contagieux des spectacles de Mourad Merzouki et de ses danseurs. Ils s’ingénient à toujours aller ailleurs, au-delà du hip-hop, sans le lâcher tout à fait, au détour d’un break, d’un glissement, d’un rythme… Avec une grande liberté et un art irrésistible de la scène. C’est une chance, trois créations de la compagnie Käfig, dont la "pièce anniversaire" des vingt ans Cartes Blanches, sont à l’affiche en septembre dans l’agglomération lyonnaise. Dans le somptueux Pixel, joué plus de 368 fois dans le monde depuis sa création en 2014, les danseurs explorent les arts numériques au cœur d’un dispositif en 3D, élaboré par Adrien Mondot et Claire Bardainne. Dans un espace qui réagit à leurs mouvements, le sol, parfois, se dérobe, dans un troublant équilibre entre technique et poésie. L’équilibre est également au cœur de Folia, créé en 2018 aux Nuits de Fourvière. Ici, le baroque et la tarentelle se frottent à l’électronique, les musiciens du Concert de l’Hostel Dieu côtoient sur scène les danseurs et un derviche tourneur. Sous le signe du partage. F.R.
NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
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PIXEL L’Intégral, Belley (01) 13 septembre Pôle en Scènes, Bron 21 septembre FOLIA Le Radiant-Bellevue, Caluire 25 au 29 septembre CARTES BLANCHES L'Allegro, Miribel (01) 18 octobre Théâtre Théo Argence Saint-Priest 13 et 14 novembre
BÊTES DE SCÈNES
TNG
Nicolas-Joubard©
IDOLES, KARAOKÉ ET PLAYBACK
Cette année encore, le TNG (Théâtre Nouvelle Génération) ouvre la saison sur un événement interactif et ludique (l’an dernier, c’était Happy manif), qui annonce quelques suites désopilantes... Où Jean Lambert-wild s’en prend sauvagement à Dom Juan (octobre), où la compagnie Haut et Court orchestre une invasion de mammouths laineux (novembre), où la compagnie flamande Ontroerend Goed invite les spectateurs à jouer les traders (novembre)... Avant cela, le metteur en scène Arnaud Pirault et le Groupenfonction proposent aux spectateurs de devenir les “stars d’un jour”, tous ensemble, dans We can be heroes. L’idée : après 24 heures d’atelier dirigé par les artistes de la compagnie, les participants chanteront, en playback, l’une des sept chansons d’une playlist, plutôt ambitieuse en termes de chorégraphie. Comment donner corps à Jòga de Björk, Kids de MGMT ou Lose yourself d’Eminem ? Réponse à la mi-septembre place Carnot, où les "étoiles" volontaires se produiront à l’intérieur d’un carré tracé au scotch noir et piqué d’une trentaine de pieds de micro. Cette performance, à la fois individuelle et collective, tente, selon ses organisateurs, « de donner à voir la force de l’individu dans une pluralité́ ». Et pour éclairer l’esthétique pop du playback, WE CAN « son ironie proche du théâtre », ils citent BE HEROES Place Carnot Jankélévitch : « L’ironie est de pouvoir Lyon 2e jouer, de voler dans les airs, de jongler 14 septembre avec les contenus soit pour les nier, soit tng-lyon.fr pour les recréer. » F.R. 7
TRAJECTOIRES
Au Radiant Bellevue PIXIES 20 octobre
UN CONTE DE NOËL JULIE DELIQUET 5 au 9 février 2020
Ailleurs
LA FABRIQUE À SUCCÈS
MORT PRÉMATURÉE D’UN CHANTEUR POPULAIRE DANS LA FORCE DE L’ÂGE WAJDI MOUAWAD TNP Villeurbanne 26 mars au 5 avril 2020
VICTOR BOSCH
BLANCHE-NEIGE, HISTOIRE D’UN PRINCE MICHEL RASKINE Comédie de Valence (26) 1er au 4 octobre Théâtre du Vellein Villefontaine (38) 22 novembre Théâtre de la Croix-Rousse 21 au 25 janvier
L’ancien batteur de Pulsar a fait du chemin : Victor Bosch a monté de toutes pièces le Transbordeur, salle de concerts lyonnaise devenue incontournable. Il a aussi produit maintes comédies musicales (dont Notre-Dame de Paris), et surtout métamorphosé le Radiant, lui offrant un rayonnement à hauteur de métropole. Par Trina Mounier Photo Jérôme Bertin
Le Radiant a rouvert, en 2013, après d'importants travaux. Ce n’est pas un détail, cette question d’agrandissement… Victor Bosch – Au contraire, c’est la pierre angulaire de la métamorphose. Construire une petite salle de proximité n’a aucun sens aujourd’hui. Il fallait, pour répondre aux besoins, un lieu ambitieux comme celui-ci, capable de rivaliser avec les Célestins, le TNP, la Maison de la Danse, le Théâtre de la Croix-Rousse. Ce qui suppose de gros moyens. Or le cahier des charges – tout à fait honorable – pompe toutes les subventions municipales. L’argent doit venir d’ailleurs. Le nerf de la guerre, c’est la billetterie. Avec 500 places, on vivote avec de petits spectacles. Ici, avec 1100 spectateurs assis ou 2500 debout, on a les coudées franches. C’est la base pour équilibrer un budget. La billetterie des Pixies permet ainsi de proposer une programmation plus confidentielle. Comment construisez-vous cette programmation ? V.B. – Nous sommes en résonance avec tout ce qui se passe dans la ville. Les Nuits de Fourvière, l’Opéra de Lyon… Je cherche l’équilibre et le mélange des publics. Que personne ne soit laissé pour compte. NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
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Je chine des perles atypiques ; pour cela je sors beaucoup. Ma ligne, c’est l’excellence. Ce qui m’a permis de proposer l’an dernier Vu du pont d’Ivo Van Hove, qui requérait une salle entièrement modulable. D’un autre côté, je travaille avec l’Espace Gerson, grâce auquel j’ai programmé Blanche Gardin. La transversalité, c’est essentiel. Des spectacles à ne pas rater ? V.B. – J'aurais aimé avoir Tous des oiseaux de Wajdi Mouawad. C’est lui que je voudrais accueillir. Tout ce que fait ce garçon, j’adore. Je suis sûr que Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge avec Arthur H, ça va être génial ! Au Radiant, venez découvrir le travail de Julie Deliquet ou une formidable Guesch Patti qui retourne à la scène à soixante-dix ans avec de jeunes danseurs dans Per au travers. Allez encore voir Blanche-Neige, Histoire d’un Prince de Michel Raskine, une des voix fortes du théâtre aujourd’hui.
Le Radiant-Bellevue, Caluire radiant-bellevue.fr
À L'AFFICHE
LA MESSE DE MINUIT L’Épicerie Moderne Le Périscope Le Transbordeur 19 au 21 septembre messedeminuit.fr
Fat White Family
ROCK’N ROLL Par Anne Huguet Photo Ben Graville
Comment est né le projet ? Tim – On a beaucoup tourné avec Last Train, sur des gros et des petits festivals. Les Vieilles Charrues, les Eurockéennes… ça nous a donné des envies. Faire un festival qui nous ressemble, avec des guitares et des artistes à voir en live. On a souhaité aussi investir les salles qu’on aime, celles où l’on va voir des concerts. Je pense à la petite salle d’enfer qu’est le Périscope ! Du rock donc ? Tim – Oui. Un rock sans filet. Sans ordinateur. On veut remettre les guitares au centre des débats ! On veut ce côté unique et sur l’instant d’un vrai concert live, où la batterie peut être désaccordée à cause de la chaleur ou lorsque ta corde pète. On veut des gens qui viennent écouter de la musique et se prennent des claques sur scène. Idles, qui vient de passer aux Nuits de Fourvière, était le genre d’artiste qui nous faisait kiffer, car
PARTY
c’est vraiment rock’n’roll. Après il a fallu faire avec notre budget ! Musicalement, on a cherché à avoir les représentants du rock français d’aujourd’hui, je pense à Lysistrata, The Psychotic Monks. On a aussi misé sur des artistes qui nous plaisaient et qui, bien sûr, étaient en tournée, toujours cette histoire de calendrier. Il nous semble important de mélanger diverses esthétiques au sein même de ce rock qu’on défend et qu’on aime. Ainsi Fat White Family amène l’esprit garage, Night Beats ses influences psyché, Decibelles le côté punk et Last Train ses tendances un peu stoner… Une manière aussi de dire haut et fort que le rock n’est pas mort. Et de montrer qu’il y a encore du public pour le rock ! Votre coup de cœur de cette première édition ? Tim – Les Londoniens de Bad Nerves qui font une espèce de garage-punk-surf. C’est énervé sans être ultra méchant. Et il y a une
Ce n’est pas tout à fait l’époque mais on ira bien à la Messe de Minuit en septembre ! La bande à Last Train (le groupe de rock) et Cold Fame osent lancer leur festival. Trois soirées, une dizaine de groupes pour faire la fête au rock indé pointu et aux guitares et surtout remettre le live au cœur des débats. Un nouveau rendez-vous qui s’annonce comme le bruyant petit frère de rentrée de Transfer, l’autre festival indé lyonnais. Présentation express avec Tim, le bassiste de Last Train.
vraie fraîcheur chez eux. On connait peu de choses d’eux, donc surprise. On est aussi super fier de la venue des Fat White Family : des "grands malades" sur scène pour ceux qui connaissent ! À découvrir le jeune duo Bandit Bandit et son rock un peu lourd à la Black Rebel Motorcycle. Puis cela ne pouvait pas mieux tomber : Last Train fêtera la sortie de son nouvel album* et lancera sa tournée… ici à l’Épicerie Moderne. * The Big Picture, Deaf Rock (sortie : 13 septembre)
NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
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DÉAMBULATIONS
10.09.19 20H
JOLI MONSTRE DE SCÈNE
MUSIQUES
Novocaine For The Soul fait partie de ces tubes qui ont marqué durablement la pop rock alternative des années 90 et l’album Beautiful Freak a forgé la solide réputation de Eels. Fondateur, chanteur, compositeur, parolier, multi-instrumentiste, Mark Oliver Everett est l’âme du groupe. Timbre de voix légèrement éraillé, sensibilité d’écorché vif, ruptures de rythme virtuoses, tout ce qui fait l’inclassable style de Eels se retrouve dans ce douzième opus The Deconstruction, sorti en 2018. Une quinzaine de titres pour un album qui sonne déjà comme un classique, quelque part entre pop, jazz et blues avec ce quelque chose d’étrange qui fait la patte si reconnaissable du célèbre one-man band. De passage du côté du Radiant, un évènement suffisamment rare pour s’en réjouir d’avance ! V.A. Radiant-Bellevue, Caluire radiant-bellevue.fr
15.09.19
HAPPY TEUF DE RENTRÉE
L’équipe du Ninkasi organise son raout de rentrée avec quarante événements, dont deux open air (avec Happiness Therapy) pour festoyer à la fraîche ou un kabar maloya comme si on y était. Mot d’ordre : un festival « sans chichi » avec une programmation exigeante. C’est gratuit et il y en aura pour tous les goûts : blind-test, karaoké géant spécial nineties, visite guidée de la brasserie de Tarare, etc. Côté musiques, on ne devrait pas s’ennuyer avec un mix d’artistes grand public et de plateaux plus pointus. Pour se mettre dans le move, on fait confiance à la lady soul lyonnaise, Ciara Thomson, et ses Buttshakers (7/09) avec leur funk rêche teinté de soul lascive. Shake your hips ! À leurs côtés les petits Clusiens de Bear’s Towers, tout droit sortis du dernier Music Lab, viendront distiller leur folk-pop délicate. Trois jours plus tard, c’est l’excellent label Bord Bad qui offre sa nuit (11/9) avec deux de ses pépites sur scène. Sans doute Bryan Magic Tears n’est-il pas leur combo le plus connu. Reste que les Parisiens ont assuré avec leur deuxième opus 4 AM, tout à la fois retors, débraillé, toxique, dépressif, fêtard et branleur. Rien que cela. Des refrains à la Pavement et Sebadoh (ce sont des zélateurs de cette noise revival), des riffs expéditifs, des ambiances distordues, un spleen très dark : on vous prévient, le quintet n’est pas là pour faire de la figuration. Avec l’ovni Marietta et sa pop décadente. A.H. Ninkasi Gerland + dans tous les Ninkasi ninkasi.fr
NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
26.09.19 20H
POURFENDEURS DE GROOVE
Le label indépendant parisien Underdog Records fête ses quinze ans de bons et loyaux services aux musiques défricheuses et aux trésors musicaux des années 70. Maxime Péron et Laurent Loudier, ses deux fondateurs, aiment les mélanges, la « sono mondiale » chère à Bizot et tout ce qui groove. Dans leur catalogue nos Buttshakers lyonnais, la fusion soul d’Otis Stacks, le projet afro-futuriste de Cyril Atef avec CongopunQ ou l’afro-soul-jazz de TribeQa. Entre autres. Avec FIP qui les soutient depuis le début, trois de leurs artistes emblématiques seront à l’affiche d’Opéra Underground pour l’occasion. Tous avec une actualité de sortie : ambiance carnet de voyages avec The Bongo Hop où l’on retrouvera Bruno Patchworks (The Dynamics), l’électro-jazz créolisée de Dowdelin et les expérimentations vitaminées du trio TribeQa. En prime, c’est gratuit. A.H. Opéra Underground Amphi-Opéra de Lyon opera-lyon.com Seb Criner©
07.09.19
eels
The Bongo Hop
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MATIÈRE SONORE
Le Périscope, Lyon 2e periscope-lyon.com
Roger Sargent©
D.R.©
C’est avec la musique concrète de Graham Dunning que le Périscope ouvre, entre autres, le bal cette saison. L’auteur de l’OMNI (Objet Musical Non Identifié) Mechanical Techno est un système à lui tout seul. Des LEGO à la réparation de vélos, Graham Dunning a toujours été passionné par le fait de fabriquer les choses. Dans son monde, les instruments ont laissé place à des objets de récupération et les disques n’ont d’autre fonction que celle de tourner. De boucles en dissonances, d’effets mécaniques en cadences robotiques, c’est un véritable atelier de bricolage musical en mouvement, qui évolue et se transforme sous nos yeux, un monde étonnant dans lequel il y a autant à voir qu’à écouter. V.A.
Sleaford Mods
04.10.19 20H30
DANS TA FACE
Sleaford Mods n’est pas du genre politiquement correct. Le duo britannique, sans concession, envoie ce qu’il a à dire. Sans prendre de gants, on vous prévient. Les deux quadras de Nottingham ont sorti en février dernier leur cinquième opus Eton Alive qui crache, on l’a compris, dans la soupe de la prestigieuse école britannique, machine à élites stéréotypées depuis des siècles. Douze brûlots et 38 minutes plus tard, le duo minimal ne déroge toujours pas à sa ligne de conduite : les punchlines scandées de Jason Williamson (« des monologues intérieurs qui explosent en diatribes », peut-on lire dans un Telerama de mai 2017) qui tirent à vue sur tout le monde et la musique lancinante et minimaliste de son faiseur de sons et bassiste, Andrew Fearn, planqué derrière ses machines. Entre post-punk et spoken word, Sleaford Mods postillonne et déverse sur scène, avec un accent british à couper au couteau, sa rage et son mauvais esprit de prolo. C’est bruyant, revendicatif, radical, du genre à vous mettre une grosse claque derrière les oreilles, « you fat bastards » ! A.H. L’Épicerie Moderne, Feyzin epiceriemoderne.com 13
DÉAMBULATIONS
25.09.19 21H
C'ÉTAIT MIEUX AVANT
L'ÂME DE BILLIE HOLIDAY MARC-ÉDOUARD NABE Éditions Denoël 1986 LADY DAY HISTOIRE D'AMOURS ALAIN GERBER Fayard 2005
MUSIC FOR TORCHING BILLIE HOLIDAY Clef Records 1955
LADY DAY
LADY IN SATIN, BILLIE HOLIDAY & RAY ELLIS AND HIS ORCHESTRA Columbia 1958
HÉROÏNE
Billie Holiday au Downbeat club. New-York, février 1947
17 juillet 1959, la plus grande chanteuse de l'histoire tire sa révérence. Soixante ans plus tard, l'admiration que Billie Holiday suscite demeure intacte.
Par Nikki Renard
Rights and restrictions : in accordance with the wishes of William Gottlieb, the photographs in this collection entered into the public domain on February 16, 2010.
1986, la voix de Billie Holiday est une révélation pour le jeune homme de dix-sept ans que je suis. Malgré l'incompréhension de la langue, je suis submergé par l'émotion de Gloomy Sunday. Sombre dimanche. Sur le microsillon de mes veines, de mon ADN, Billie est mon héroïne. L'art de la ballade blues est son domaine d'excellence. En quelques phrases, elle expose la confusion des sentiments du cœur humain et mon âme défaille. Good Morning Heartache. Jouir du désespoir d'être triste est mon credo. Cette voix singulière me chuchote à l'oreille sa plainte, comme une amie se confie. Le génie de Billie est sa faculté à chanter les mots de façon abstraite, à les étirer, à les malaxer, à les dégurgiter pour en exprimer la quintessence. « J'essaie de vivre cent jours en un, de faire plaisir à tant de monde, de tordre cette note puis cette autre, d’avoir toutes les sensations, de tout dévorer, tout en un seul jour. » Cette "sainte" lascive me balance son désespoir à la figure en un chant hypnotique, meurtrier. Lady Day n'a peur de rien, ni de personne. La grande faucheuse peut bien se pointer, elle l'invitera à danser. Elle a ce supplément d'âme, cette grâce unique, intemporelle, qui m'émeut. En 1957, la télé américaine CBS diffuse The Sound of Jazz où elle interprète My Man don't love me avec, entre autres, Lester Young. Elle y est superbe, se mordant les lèvres de plaisirs partagés avec tous ces grands jazzmen. Son chant du cygne, accompagné par l'Orchestre de Ray Hellis, témoigne de sa fragilité et de sa voix caillou, ici elle nous susurre I'm a fool to want you.
NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
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William P. Gottlieb collection, Library of Congress©
BILLIE HOLIDAY
FORME & FONCTION
LA LUCE CHARLOTTE PERRIAND / LE CORBUSIER Église Saint-Pierre, Firminy (42) Jusqu’au 03 novembre
SLC - F.L.C / ADAGP©
sitelecorbusier.com
Exposition La Luce
L’exposition itinérante La Luce joue les prolongations dans la région. Inaugurée au début du printemps dans le cadre de la 11e Biennale du Design de Saint-Étienne, sa scénographie initiale a été adaptée à l’édifice si particulier et riche de sens qui la reçoit : l’église corbuséenne de Firminy-Vert.
Par Émiland Griès
Firminy, dans la Loire, est le siège d’un patrimoine architectural exceptionnel. Sous l’impulsion de son maire de l’époque Eugène Claudius-Petit, également ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme d’aprèsguerre, Le Corbusier y a construit, au début des années soixante, un ensemble urbain unique en son genre. Une longue maison de la Culture aiguisée comme un silex, un stade à tribune partiellement couverte, une énorme barre de logements collectifs (l’une des quatre "unités d’habitation" existantes au NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
monde) et une église tronconique forment ensemble, sur un site en lisière de la ville, un authentique et cohérent manifeste d’architecture moderne. Cette réalisation, toujours en fonctionnement – ces édifices se visitent encore librement – a valu à son auteur "le Grand Prix d’urbanisme" en 1961. Au même titre que Chandigarh* en Inde, elle est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Installée dans le soubassement de l’église Saint-Pierre, La Luce présente des 16
luminaires conçus au cours du XXe siècle par Le Corbusier et Charlotte Perriand, en collaboration ou indépendamment. Cette exposition se découvre sur un mode itératif, cher à Le Corbusier. Elle se déploie dans des volumes successifs, tour à tour ouverts ou retournés sur eux-mêmes. Dans ces espaces pourtant moins nobles de l’édifice cultuel, l’architecte, au fait de ses capacités créatrices, a donné libre cours à son concept de promenade architecturale. Vues
FORME & FONCTION
En point d’orgue à cette exposition, la visite de l’église à l’étage supérieur s’impose, comme une conclusion logique. Le gigantesque cône de béton qui la coiffe, percé de fentes, de canons de lumière et d’une myriade de petits orifices, illustre avec maestria la relation du maître ès architecture moderne avec la lumière naturelle et artificielle et l’usage savant qu’il a su en faire.
en permanence qu’ils ont été pensés pour un usage quotidien. Certains d’entre eux présentent des solutions techniques astucieuses, permettant par exemple une multitude de positions par le mouvement et une adaptation précise à de nombreux usages différents tout au long de la journée. Pour preuve de l’intemporalité de la réflexion de ces deux concepteurs, l’exposition présente également la version actuelle de certains luminaires, encore édités dans le respect de leur dessin initial. L’œil exercé du visiteur s’amusera toutefois à comparer les originaux et leurs copies, pour découvrir les évolutions, mêmes minimes, que l’industrialisation ou les contraintes réglementaires de sécurité actuelles – voire la notion d’économies d’énergie – ont suscitées.
* Ville nouvelle construite par Le Corbusier à la même époque, à la demande du Premier ministre Jawaharlal Nehru.
__ ELLE AUSSI
Charly Jurine - F.L.C / ADAGP ©
Charly Jurine - F.L.C / ADAGP ©
cadrées intérieures et extérieures, rampes et escaliers guident le visiteur par le regard, happé de pièce en pièce, tantôt grande, tantôt petite, dans lesquelles le béton brut omniprésent fait office de fil conducteur. Dans les pièces sont répartis des modèles originaux, des croquis, des dessins de conception, des photographies d’archives situant les luminaires dans leur environnement d’origine. Chaque luminaire a en effet été conçu pour éclairer les abords ou l’intérieur d’un projet de logement ou d’équipement public bien particulier. Ainsi recontextualisés, ils reprennent tout leur sens, grâce à l’apport iconographique et aux notices explicatives. Ces objets, au dessin simple et rationnel, réalisés en matériaux sobres, tels l’acier peint ou le béton, sont à des années-lumière de toute notion de surenchère formelle et d’ostentation. Leur géométrie basique exprime une qualité unique : celle issue d’une conception ergonomique en relation avec les dimensions et les besoins humains. Bras articulés, rotules, abat-jours, poignées rappellent
Lampe à volet pivotant, Charlotte Perriand
Lampe escargot Le Corbusier 17
L’architecte et designer française Charlotte Perriand (1903-1999) est beaucoup moins connue du grand public que Le Corbusier, avec qui elle a notamment collaboré pendant une dizaine d’années. Certainement victime de l’ombre tutélaire du grand homme, son apport conceptuel à la modernité et à notre environnement quotidien est pourtant indéniable. Comme lui, elle a promu en son temps le renouveau des valeurs esthétiques dans l’habitat. L’exposition lui rend en cela hommage, en présentant des luminaires conçus pour ses propres projets, tels dans les logements de vacances de la station d’altitude des Arcs en Savoie. Sa réflexion sur la production industrielle, fondée sur le minimalisme formel, est à l’origine d’un mobilier simple, fonctionnel et flexible, adapté à la vie moderne. Celui qui nous entoure aujourd’hui en est un héritier en droite ligne. Charlotte Perriand est à son époque l’une des seules femmes à percer dans le domaine de l'architecture. La rareté des expositions sur n son travail est Fondatioton it V également Louisaris 16e P une excellente re au raison de ne 2 octob r 2020 ie r v fé 24 pas rater cet évènement.
NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
J’AIME LA LENTEUR ET LE SILENCE. CELA FAIT PARTIE DE MON TRAVAIL.
Photos Aurélie Foussard
Par Anne Huguet
ABSTRACTION POÉTIQUE
AURÉLIE FOUSSARD
NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
« J’ai toujours vécu de la photographie ». Tout est dit. Aurélie Foussard est photographe à temps complet, « dans ma tête en permanence ». Elle photographie des lignes, des courbes, le béton, la pierre, les volumes, le vide, le plein et surtout les nimbes de lumière qui subliment les formes et le réel. Des photos en couleur grisées, en noir et blanc, de bâtiments, enfin des fragments de bâtiments sortis de leur environnement et de leur espace-temps. « Je suis dans un constat du monde qui m’entoure. Je donne à voir une certaine beauté dans une interprétation très personnelle ». Des images sans présence humaine, rarement la nature, qui vibrent d’une espèce d’abstraction géométrique et éthérée, où l’on entend le silence… Ombres et lumières, jeux de contrastes, épure. Son fil conducteur ? Une quête autour de la disparition/apparition qui revient dans ses séries. Et ce depuis son premier travail de photomontage à partir d’un nu de Giacometti en Terminale… Histoire de l’art (la théorie), école des Gobelins (la technique), quelques années auprès de la photographe Anne Garde reconnue pour ses œuvres plastiques sur les sites industriels et lieux désaffectés (la pratique), c’est surtout la rencontre avec Le Corbusier et les abbayes cisterciennes qui pose la pierre angulaire de son travail. « J’ai eu la chance de lire Les Pierres sauvages de Fernand Pouillon. Cette histoire romancée de la construction de l’abbaye de Thoronet a été une révélation qui a orienté mon regard de photographe sur les lignes simples et épurées de l’architecture. » La fonctionnalité du bâtiment chez Le Corbusier, la spiritualité et l’ascèse chez les cisterciens, sans oublier l’architecte Tadao Ando qui s’inspire un peu des deux dans ses œuvres, auxquelles s’ajoutent sa culture japonaise et son attachement à la nature. C’est ce qui a façonné son exigence de photographe.
FOKUS
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série architectures du silence
série JAPAN#06
EXPOSITION Poltred Lyon 3e 30 janvier au 28 mars 2020 série un autre paysage
aureliefoussard.com
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Références & inspirations Goliarda Sapienza, Nancy Huston, Le Corbusier, Andreï Tarkovski, Pedro Almodóvar, Oscar Niemeyer, Lucien Hervé, Rothko, Marcel Gautherot, Joseph Losey…
Sa série Un autre paysage – des paysages lunaires ? des montagnes en contre-jour ? – étonne et subjugue, laissant libre cours à l’imagination. « Pour donner une cohérence à ton travail, il faut approcher l’abstraction ». Des photos énigmatiques, sans titre, pour que chacun puisse s’approprier l’image. Cela se rapproche de sa définition de la "bonne photo" : « Less is more ! Une quête d’absolu. C’est très personnel. Cela peut être un voyage…. ». « J’aime photographier les projets qui ont un sens pour moi ». Après les bâtiments et l’architecture, place à l’humain. « Photographier quelqu’un n’est pas anodin. Il y est question de confiance. » Elle a démarré une série de portraits de fillettes (noir et blanc, argentique) où elle cherche à capter « dans le regard les personnalités qui vont émerger ». Elle expérimente aussi sur des photos de famille à partir de plaques de photos des années trente. Pas très loin de la photographie d’architecture, elle travaille là encore sur des détails qu’elle agrandit (un bras, une main, une bouche…) faisant disparaître au blanc les visages, mais aussi le fond et le cadre. Une manière d’appréhender l’archive, la mémoire, le souvenir… Les photographies d’Aurélie Foussard ne sont pas anodines. Elles sont une fenêtre sur le monde, tout en beauté, fragilité et spiritualité. Prenez le temps de regarder et d’entendre ses (ces) histoires…
À une heure de Lyon, la région de Chiroubles en Beaujolais offre un véritable havre de gourmandise pour tout épicurien qui se respecte. Par Laurent Turrel Photos F. Lechenet, DR
MADE IN PORTUGAL On part au Portugal à Leiria, au nord de Lisbonne, sur la côte : le domaine Serradinha est une petite exploitation familiale. Coup de cœur pour un vin rouge nature 2012, un assemblage de différents cépages autochtones (baga 50%, castelão 25%, touriga nacional 15% et alfrocheiro 10%). Belle robe légèrement tuilée, nez d'épices, poivres et fruits noirs, en bouche une attaque sur la vivacité et une fraîcheur : étonnant pour un vin portugais, un vin 2012 qui plus est. Sur des vignes proches de l'océan, l'air marin ça aide ! Une finale sur des tanins ronds pour un vin tout en finesse, avec une belle complexité, qui a encore de belles années devant lui... Quinta da Serradinha Tinto Regional de Lisboa, 2012 (14 eur.) Quinta da Serradinha
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S
ituée au cœur des dix crus du Beaujolais et bien encadrée par les appellations Fleurie au nord et Morgon au sud, la petite appellation Chiroubles reste l’une des plus attachantes du Beaujolais. Grâce à l’altitude élevée de ses vignes – en moyenne 400 mètres –, c'est l'une des dernières à être vendangée. Cette particularité, associée à un sol caractéristique de sable granitique, lui confère un style charmant et savoureux. Au nez, aux notes de petits fruits rouges (framboise, cerise) se mêlent des arômes plus épicés de fleurs (lilas, rose, violette). Sa bouche est souple, intensément fruitée, finement acidulée avec une texture légère qui lui confère toute son élégance. C’est un cru qui accompagne idéalement charcuteries, belles volailles fermières rôties et fromages frais de la région. Plusieurs domaines produisent d’excellents Chiroubles, tels le domaine Emile Cheysson, le Château de Raousset, le Château de Javernand et le bien-nommé Domaine de la 20
EN BEAUJOLAIS
Domaine de la Grosse Pierre à Chiroubles (69) 04 74 69 12 17 chiroubles-passot.fr
CHIROUBLES
20 SUR VIN
Destination Beaujolais à Beaujeu (69) 04 74 07 27 40 destination-beaujolais.com
Grosse Pierre. Cette exploitation familiale de onze hectares, située à flanc de coteau, juste en-dessous du village de Chiroubles, est dirigée par la sémillante Pauline Passot aux côtés de ses parents, Véronique et Alain. En plus de celles en Beaujolais-villages, Morgon et Fleurie, on trouve les cuvées phare du domaine : le Chiroubles et le Chiroubles "cuvée Claudius", produit à partir de vignes plantées en 1930 sur une parcelle exposée plein sud. Vendange manuelle, vinification beaujolaise classique, ces deux cuvées offrent une synthèse parfaite du cru Chiroubles : à la fois frais, léger et délicat, mais avec une empreinte du terroir bien marquée et une belle profondeur en bouche. Mais Chiroubles ne s'arrête pas à son simple vignoble. Outre la visite de ses domaines réputés, il ne faut pas hésiter à monter au mythique col du fût d’Avenas : le panorama sur l’ensemble du vignoble beaujolais le dispute à la dégustation (à La Terrasse de Chiroubles) de différents vins de l'appellation, comme le domaine des Marrans ou celui de la Combe au Loup. À deux pas, à l’entrée du petit village d’Avenas, Ema Restaurant concocte une cuisine gourmande accompagnée d'une belle carte des vins qui fait la part belle aux Beaujolais, mais pas que. On notera ainsi les remarquables Clos Rougeard en Saumur ou les confidentiels vins de chez Didier Dagueneau en Pouilly-Fumé. Une escapade idéale pour prendre l’air entre vignes et forêts et approvisionner dignement sa cave !
SPÉCIAL RENTRÉE
Blanche-neige, histoire d'un prince
MICMAC DE SAISON(S) – ÉPISODE 2
FAITES VOS JEUX ! En juin, on vous proposait une sélection partiale de coups de cœur pour la prochaine rentrée. Autres lieux et nouvelles programmations : on complète la liste et en route pour un marivaudage de spectacles. Injuste et non exhaustif ! Par Trina Mounier Photo Venkat Damara
Coup de frais à L’Élysée qui tisse des liens avec la Biennale d’Art Contemporain en accueillant en résidence le performeur Laurent Chanel. Autre rendez-vous à retenir : Nicolas Ramond, dont le spectacle Ça marchera jamais a valu, dans la catégorie grand format, un Prix spécial du jury Célest’1 à Anne de Boissy et Jean-Philippe Salério, aura carte blanche à L’Élysée. Il invitera notamment Anne de Boissy avec Boire, dans une mise en scène de Guy Naigeon. Du côté des Clochards Célestes, on est boulimique avec trentesept spectacles, un record ! À noter une collaboration accrue avec l’ENSATT qui accueillera trois des spectacles de la saison. En retour, certains travaux des élèves de dernière année bénéficieront d’une expérience live aux Clochards. Notons aussi la nouvelle création d’Olivier Borle, La Révolte d’après Villiers de l’Isle-Adam. Et Subutex d’après Virginie Despentes, la première mise en scène de Charlotte Villalonga, fort appréciée l’an dernier. Le Théâtre de Vénissieux a tiré le gros lot. Les Naufragés mis en scène par Emmanuel Meirieu, spectacle-phare des Nuits de Fourvière 2018, seront sur le plateau pour une représentation unique. À ne rater sous aucun prétexte. Dans leur gibecière aussi, Désobéir de Julie Berès, mon coup de cœur d’Avignon, la nouvelle création de NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
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Baptiste Guiton, Dunsinane de David Greig, et bien sûr tg STAN. La Mouche continue de soutenir les jeunes compagnies régionales qui ont fait leurs preuves : Olivier Maurin et son Dom Juan, François Hien et Olivier Masson doit-il mourir ?, Étienne Gaudillère avec Cannes 39/90 et beaucoup de cirque… On retrouve à peu près les mêmes au Théâtre du Vellein, avec en plus Festen de Cyril Teste ou Dreck de Thomas Poulard, tous deux passionnants dans des registres fort différents. Quelques mots pour le Théâtre de la Croix-Rousse qui, non content d’accueillir Un Instant de Jean Bellorini, nous annonce une rétrospective La Cordonnerie. Personnellement je n’en rate aucun ! La Comédie de Saint-Étienne et celle de Valence ont les moyens des super-productions et c’est tant mieux. On y verra l’hilarant BlancheNeige de Michel Raskine et le très attendu Conte de Noël de Julie Deliquet. Mais, tandis que Saint-Étienne nous promet la création de Candide d’après Voltaire dans une mise en scène d’Arnaud Meunier, Richard Brunel présentera Otages, une peinture au vitriol du monde de l’entreprise. Il reste plein d’autres lieux formidables. Épluchez les programmes à côté de chez vous, ou plus loin !
SPÉCIAL RENTRÉE
RACINE
bérénice
Pascal Victor©
RETOUR AUX MYTHES
Il est l’auteur le plus représenté cette saison sur les scènes lyonnaises, hormis Molière. Sans doute parce que Racine incarne l’art de l’alexandrin dramatique, que ses tragédies sont un modèle du classicisme, mais aussi que sa langue est sublime. Phèdre est la reine incontestée des pièces abordées. On pourra la voir dans trois mises en scène différentes. L’une de Brigitte Jaques-Wajeman qui n’en finit pas d’explorer les classiques avec talent. L’autre, dans un style fort différent, puisqu’on la doit au jeune Collectif Bis formé à bonne école chez Gwenaël Morin. Cette Phèdre créée par Michaël Comte sera au Théâtre de l’Élysée. Enfin, la troisième sortira des mains de Christian Schiaretti qui la monte en diptyque avec Hippolyte de Robert Garnier, un proche de la Pléiade. Au-delà de l’inspiration grecque, Schiaretti s’intéresse, comme toujours, à l’évolution de la langue et mettra en perspective une dramaturgie de la rétention et les débordements de Garnier. Racine inspire aussi deux autres diptyques. Celui que propose Les Clochards Célestes à l’ENSATT rapproche Iphigénie de l’Électre de Sophocle. Non seulement elles sont sœurs liées par le sacrifice, mais le metteur en scène Marceau Deschamps-Ségura entend aussi confronter deux époques, deux codes de la représentation. Quant à Frank Castorf, une des figures majeures du théâtre allemand, connu pour son art de la démesure, il mêlera les vers de Bajazet aux réflexions d’Antonin Artaud dans Le Théâtre et la Peste. Sans aucun doute un grand moment théâtral. Terminons avec une singulière Bérénice d’Isabelle Lafont qui fait travailler « à la table » quatre comédiennes pour un acteur. Bérénice, Titus, Antiochus… le compte n’y est pas ! T.M. 23
SPÉCIAL RENTRÉE
La posibilidad que desaparece frente al paisaje
DU RIFIFI
SUR LES PLANCHES Va y avoir du changement à la rentrée ! Intramuros en tout cas, du côté de la vie des « maisons » et des équipes. Car, question programmation, les nouveaux venus n’auront guère eu le temps de mettre la main à cette saison. Par Trina Mounier Photo Luisa Guitierrez
Force est de constater qu’il n’y a pas eu de jeu de chaises musicales. Tous les "entrants" viennent de loin, hors région Rhône-Alpes en tout cas. Ainsi Marc Lainé, metteur en scène au fort ancrage musical dont on a aimé Hunter ou Vanishing Point, prendra la suite de Richard Brunel qui quitte la Comédie de Valence en 2020. Tous sauf Eric Massé et Angélique Clairand, déjà installés dans la région. Le tandem de la compagnie des Lumas reprend un théâtre du Point du Jour laissé quelque peu en friche par Gwenaël Morin. Il a les coudées franches pour bâtir un projet très ancré dans le réel : beaucoup de formes nomades, de spectacles hors les murs pour aller à la rencontre des publics, notamment ceux les plus éloignés de la culture. Leur saison fera la part belle aux compagnies régionales, notamment le Collectif Marthe en résidence, mais recevra aussi quelques grosses pointures, Stanislas Nordey et Richard Brunel, pour ne citer qu’eux. À l’affiche également, trois de leurs créations et reprises, occasion de mieux connaître leur travail… Qui pour remplacer Christian Schiaretti à la tête du TNP ? La question est mal posée puisque ce dernier devrait rester au titre de mentor du très jeune Jean Bellorini venu de Seine-Saint-Denis. La mutation risque de prendre son temps. Mais Bellorini n’arrive pas NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
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les mains vides et, s’il aime comme son aîné un théâtre poétique et le beau langage – ce que confirme son dernier spectacle, Un Moment d’après Marcel Proust –, il rêve aussi d’une envergure internationale pour le TNP, s’intéresse au jeune public et a lié quelques amitiés fortes dans le milieu, à commencer par Joël Pommerat. Pierre-Yves Lenoir a remplacé Marc Lesage aux Célestins, auprès de Claudia Stavisky. Cet homme discret, passé par La Colline, L’Odéon ou La Scala à Paris, possède un beau carnet d’adresses et surtout on le voit dans les salles. Il s’enorgueillit d’avoir aidé à la venue de Milo Rau, d’avoir glissé dans la saison Zaï Zaï Zaï Zaï d’après la BD de Fabcaro et fait venir l’Iranien Amir Reza Koohestani. Le grand inconnu de ces "nouveaux" arrive à la tête des Subsistances. Âgé de quarante-trois ans, Stéphane Malfettes a pourtant roulé sa bosse et travaillé au CDN des Amandiers, au Musée du Louvre, à la Maison de la Culture de Grenoble ainsi qu’à l’Opéra. Habitué du travail auprès d’artistes réfugiés à Paris, il se dit très intéressé par une collaboration avec Patrick Penot. Ce touche-à-tout devrait continuer à faire bouger les lignes et sortir du cadre une institution qui a déjà des fourmis dans les jambes. Bienvenue aux arts pluriels dans un lieu fait pour la création plus que pour le spectacle !
Rebecca Diaz©
Après un décollage en fanfares avignonnaises de son premier opus, Pale Blue Dot, une histoire de Wikileaks, Étienne Gaudillère récidive avec Cannes, 39/90 tout aussi ambitieux par son sujet et son ampleur.
Théâtre Point du Jour ELLE ET LUI 20 au 25 septembre PALE BLUE DOT 12 au 14 mai
Ailleurs CANNES, 39/90 Théâtre de Villefranche 2 et 3 octobre La Mouche Saint-Genis-Laval 15 octobre
Qui êtes-vous, Étienne Gaudillère ? Étienne Gaudillère – Je suis bourguignon d’origine, j’ai trente-deux ans (rires) et j’ai toujours aimé faire des spectacles. En fait, j’ai commencé modestement dans un conservatoire d’arrondissement parisien avant de faire le compagnonnage avec le NTH8. Et ce fut Pale Blue Dot. Mais pendant longtemps, je ne savais pas si je voulais faire du cinéma ou du théâtre. J’allais régulièrement à Cannes pour le festival. J’ai même hésité à entrer dans une école de réalisateurs… Justement, parlez-nous de Cannes… E.G. – Ce sujet m’a permis de réconcilier mes deux amours, pour le théâtre et pour le cinéma. Les retombées de Pale Blue Dot en termes de tournée avaient été décevantes. Mais Avignon a joué un rôle de formidable accélérateur, nous donnant une visibilité qui a permis de monter Cannes. En fait tout s’est passé très vite et très simplement. En résidence au Point du Jour, vous présenterez Elle et Lui, "en appartement". Voici qui a de quoi surprendre. E.G. – Déjà pour Wikileaks, j’avais créé une petite forme entre un comédien et un écran. Comme un électron libre qui gravite autour du grand spectacle, un exercice de style qui s’appuie sur un rapport d’intimité avec les spectateurs. Cette fois-ci, les dialogues seront constitués uniquement de répliques de films. Comment construisez-vous vos spectacles ? E.G. – La forme comme le fond naît de tout le matériau que m’apportent les acteurs. Nous travaillons beaucoup. À la fin, tout est écrit. 25
SPÉCIAL RENTRÉE
UN HOMME PRESSÉ
agatha
RÉSOLUMENT RADICALE
clochardscelestes.com Agatha TNP, Villeurbanne, 4 au 21 février Le quai de Ouistreham Théâtre de la Croix-Rousse, 18 au 28 mars
D.R.©
À la tête du Théâtre des Clochards Célestes, à Lyon, Louise Vignaud a certes un lieu d’ancrage, mais elle y prône une radicalité loin de toute immobilité. La saison ouvre ainsi avec Waliki, le reportage photo-théâtre en Bolivie du Collectif La Onzième (11 au 16/09), et Love manifeste (18 au 22/09), lettre d’amour brûlante de la Pragoise Jana Cerná. Hors les murs, Louise Vignaud, metteuse en scène de la compagnie La Résolue, présente elle-même deux spectacles. Un reportage : Le quai de Ouistreham, créé l’an dernier aux Clochards et interprété par Magali Bonat, est le récit des six mois d’immersion de Florence Aubenas dans la précarité. Et une histoire d’amour : Agatha de Marguerite Duras, duo fraternel brûlant qui sera créé au TNP. Pour ce désir de « retrouver la langue de Duras » et de « plonger dans les abysses de l’âme humaine ». F.R.
PHOTOMATONS
CATHERINE ANNE
FERVEUR AU FÉMININ
MINIATURES DE QUELQUES SPECTACLES ET ARTISTES À DÉCOUVRIR LA SAISON PROCHAINE.
À brûle-pourpoint, c’est le beau nom qu’avait choisi Catherine Anne pour sa compagnie en 1987… Et cette expression d’une urgence et d’un feu traduit bien la dynamique de l’œuvre de la dramaturge, également metteuse en scène et comédienne : en phase avec le présent. Trois femmes, présentée à la Renaissance et à la Comédie de SaintEtienne (dont Catherine Anne est originaire), est la recréation d’une pièce de 1999. Sur scène, un trio d’enfer remue là où ça fait mal : âge, classe, genre ou famille... À vif. F.R.
Par Trina Mounier Et Florence Roux
Baldwin/Avedon
catherineanne.info Trois femmes Théâtre de La Renaissance, 6 au 8 novembre Comédie de Saint-Étienne, 19 au 22 novembre
Tristan Jeanne-Valès©
Trois femmes
ÉLISE VIGIER
L’ART DU DUO
Le duo tel un fil rouge. Depuis plus de vingt-cinq ans, Élise Vigier travaille souvent en binôme avec Marcial di Fonzo Bo, son alter ego comédien, metteur en scène et directeur de la Comédie de Caen. Elle présente cette saison trois spectacles dans la région : Baldwin/Avedon, où elle le met en scène – en parallèle avec un portrait de Nina Simone signé David Lescot. Le Royaume des animaux, où les deux orchestrent une pièce de Schimmelpfennig sur le théâtre. Idem pour M comme Méliès dédié à l’un des pères du cinéma, Molière du spectacle Jeune public 2019. Duo gagnant. F.R. comediedecaen.com
D.R.©
SPÉCIAL RENTRÉE
LOUISE VIGNAUD
NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
James Baldwin / Nina Simone Théâtre de la Croix-Rousse, 19 au 22 novembre M comme Méliès Théâtre de Mâcon (71), 19 décembre 26
Le royaume des animaux Théâtre de la Croix-Rousse, 12 au 16 mai
SPÉCIAL RENTRÉE
Regardez la neige qui tombe...
Bob Mauranne©
Quoi/Maintenant
PHILIPPE MANGENOT
Koenbroos©
LA PASSION DU TEXTE
TG STAN
EN PLEIN DANS LE MILLE
Les tg STAN ont pris trente ans – la compagnie est née à Anvers 1989 – sans s’assagir. Les comédiens flamands partent à l’abordage de tous les textes qu’ils montent – Molière, Tchekhov ou Reza. Sans metteur en scène, ils servent toujours ce jeu barré, à la fois décalé et en plein dans le mille : en osmose avec les mots. À vérifier dans Après la répétition, où ils abordent un Bergman vieillissant. Ou dans Quoi/Maintenant, spectacle où ils croisent les langues de Jon Fosse et von Mayenburg pour mieux croquer les bobos… Pour rire. F.R.
Philippe Mangenot a des références. En même temps, c’est un toucheà-tout talentueux qui a longtemps travaillé avec Gwenaël Morin, grand défricheur du théâtre. Il aime prendre les textes classiques et leur faire rendre leur jus. Ainsi avec Hamlet 60 ou avec Regardez la neige qui tombe, consacré à Tchekhov, spectacles diablement intelligents et poétiques. Ces derniers temps, grâce à ses complices de En Acte(s), il a fait la rencontre d’une jeune auteur, Gwendoline Soublin, dont il créera dès novembre Pig Boy, une fable futuriste et flippante, à Andrézieux-Bouthéon. T.M. Théâtres de l'Entre-Deux Pig Boy, 1986-2358 Théâtre du Parc, AndrézieuxBouthéon (42) 7 et 8 novembre Théâtre 145, Grenoble (38) 15 et 16 novembre La Renaissance, Oullins 14 au 16 mai
On dit que Josepha ENSATT, Lyon 5e 16 au 20 décembre EC Jean Carmet, Mornant (69) 7 avril Duo Juan CC Jean Moulin, Mions (69) 21 janvier
Dom Juan ou le Festin de pierre
stan.be/fr Après la répétition La Comédie de Saint-Étienne (42), 31 mars au 3 avril Quoi/Maintenant Théâtre de La Mouche, Saint-Genis-Laval, 4 et 5 avril Théâtre de Vénissieux, 10 avril
JEAN LAMBERT-WILD
L’HOMME AUX CHEVEUX ROUGES Sa dernière création, c’est Dom Juan ou le Festin de Pierre et la photo jointe illustre bien le personnage fantasque à l’imagination débridée qu’est Jean Lambert-wild. Il croit en un art multi-medium où peuvent s’exprimer toutes les disciplines et ne s’interdit ni le répertoire classique ni les textes contemporains. Loin de lui un Dom Juan empesé et compassé ! Il est lui-même directeur du Théâtre de l’Union, CDN du Limousin et, bien sûr, acteur. L’homme aux cheveux rouges, c’est lui ! T.M.
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Tristan Jeanne-Valès©
lambert-wild-malaguerra.com Dom Juan ou le Festin de Pierre TNG, 8 et 9 octobre La Chanson de Roland Comédie de Saint-Étienne, 7 au 9 avril
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SUCCESS STORY
FESTIVAL D’AMBRONAY Divers lieux Ambronay (01) 12 septembre au 6 octobre festival.ambronay.org
Stéphanie D’oustrac
40 ANS
AMBRONAY TAILLE XL Par Élodie Martinez Photo Bertrand Pichène
Devenu incontournable, le festival d’Ambronay fête, en septembre, Destouches dont Ambronay et Les Surprises nous ont fait redécouvrir ses quarante ans d’existence et de découverte durant lesquels se sont les génialissimes Éléments dans un disque sorti en 2016. révélés – ou se sont épanouis – des talents connus de tous aujourd’hui : Christophe Rousset dirigera, lui, son Giulio Cesare de Haendel. Ce William Christie, Philippe Jaroussky, Jordi Savall, Christophe Rousset, concert dont la direction vaudra le détour, donnera aussi à entendre Sébastien Daucé, Stéphanie d’Oustrac, Leonardo García Alarcón, Éve-Maud Hubeaux (Cornelia) que les Lyonnais ont pu découvrir à Paul Agnew, et tant d’autres. l’Opéra dans Ermione en 2016, ou plus récemment – et intensément – Cela fait une grande famille à réunir ! Finalement en sensuelle princesse Eboli en 2018. Comment beaucoup ont répondu présents, telle la mezzone pas succomber à l’écoute de cette voix charnue soprano Stéphanie d’Oustrac. Si elle brille dans et ambrée ?! Quarante ans, cela tous les registres, de la mélodie française au chant Comment également passer à côté d’Il Diluvio se fête assurément, mozartien, elle n’en oublie pas ses premières Universale sous la baguette de l’un des chefs surtout pour un festival de musique dite amours baroques, répertoire dans lequel on prend baroques les plus talentueux d’aujourd’hui, "ancienne" ! tant plaisir à la voir s’exprimer. Son récital Éclats Leonardo García Alarcón ? Après avoir recréé de folie sera un formidable terrain de jeu dans l’œuvre oubliée lors de l’édition 2010 du festival, lequel elle nous entraînera, pour notre plus grand puis l’avoir immortalisée sur disque et l’avoir fait plaisir, aux côtés de l’ensemble Amarillis, accompagné et dirigé par la vivre sur les plus grandes scènes du monde, il la ramène cette année flutiste et hautboïste Héloïse Gaillard. Parmi les autres compositeurs « à la maison » lors de cet anniversaire plein de surprises, pour notre présents à la fête, notons les éternels Purcell et Haendel, et surtout plus grand bonheur. NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
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DÉAMBULATIONS
Marc Domage©
ARTS ARTS VISUELS VISUELS
15.09.19
À CIEL OUVERT 20.09.19
29.11.19
LA BIBLIOTHÈQUE DU BAUHAUS
Le Bauhaus fête ses cent ans. Fondé à Weimar, en Allemagne, par l’architecte Walter Gropius, ce courant artistique posa les bases de la réflexion sur l’architecture et le design moderne. Il fut dissous par les Nazis en 1933 pour « bolchévisme culturel », en raison de son fort engagement social. Son influence continua néanmoins à prospérer aux Etats-Unis, où s’exilèrent nombre de ses artistes et professeurs d’avant-garde, pour regagner l’ensemble du monde occidental après la Seconde Guerre mondiale. Le Goethe Institut de Lyon rend hommage à ce mouvement allemand. Benjamin Subtil, commissaire de l’exposition, proposera une sélection d’ouvrages et de publications, tels qu’issus de la bibliothèque d’un architecte moderne. E.G. Goethe Institut, Lyon 2e goethe.de/lyon
La deuxième édition du festival Annecy Paysages développe cette année le thème de l’eau au cœur de la ville. Le bassin des Cordeliers accueille ainsi Dystopia, une ville quasiment submergée, évoquant la montée des eaux et le réchauffement climatique. Le long de la promenade d’Albigny, les six grands globes gonflables flottants, saturés de couleurs, de Out/Elodie ouvrent le regard sur la grande perspective du lac. Posée sur le Thiou, la sphère végétalisée Dérive des rives porte trois lianes fleuries, nourries par l’eau. D’autres installations artistiques – signées par des plasticiens, des paysagistes et des architectes, 32 au total – sont à découvrir, révélant chacune à leur manière les éléments naturels fondateurs de la cité alpine et de son paysage enchanteur, que sont le lac et sa rivière-déversoir le Thiou. E.G. Divers lieux à Annecy (74) annecy-paysages.com
22.09.19
LIRE, C’EST VIVRE
Fonds Irène Nemirovsky / Archives IMEC©
Le siège de Sarajevo eut raison de sa Bibliothèque Nationale. Celle de Mossoul s’est consumée sous les roquettes de Daesh. Quant à l’autodafé d’Alexandrie… La liste est longue des attentats à la culture sapant le moral et la mémoire. Plutôt que de se résigner au mal, le Musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique a choisi de témoigner de destins livresques incroyables. Au fil d’une Odyssée des livres sauvés aux mille rebondissements, l’on se bat aux côtés de victimes de la censure (Frantz Fanon, Edna O’Brien), d’incendies (Malcom Lowry), de falsifications (Sylvia Platz, Friedrich Nietzsche)… et de sauveurs célèbres ou inconnus. Parmi cette "Reading Class Hero", qui se souvient des "Anges de la boue" remontant de l’Arno la moitié des chefs-d’œuvres florentins ? De la "Brigade des papiers" qui cacha 170 000 livres dans le ghetto de Vilnius ? Qui connaît Alberto Guttierez, éboueur à Bogota, surtout "Seigneur des livres" ? Toute une mémoire réhabilitée dans une exposition intimiste, illuminée par les portraits de l’artiste lyonnais Yann Damezin, et gravée dans un très bel ouvrage*. Par-delà le temps et les continents, coûte que coûte « Lire, c’est vivre ! ». L.D. *BibliOdyssées. 50 histoires de livres sauvés, Kamel Daoud & Raphaël Jerusalmy (Imprimerie Nationale Éditions, 2019)
L’ODYSSÉE DES LIVRES SAUVÉS Musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique Lyon 2e imprimerie.lyon.fr
NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
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DÉAMBULATIONS
18.09.19
05.01.20
DE L’ART, PARTOUT, POUR TOUS
En septembre, il sera bien difficile d’échapper à la Biennale d’Art contemporain. Il y en aura pour tous ! Avec le retour de Veduta, un focus dédié à la jeune création, Résonance et bien d’autres évènements dans les galeries et centres d’art associés, cette quinzième édition s’apprête à irriguer l’ensemble du territoire avec des œuvres en accès libre, disséminées un peu partout. À commencer par le centre-ville avec la façade du Lyon Parc Auto des Cordeliers recouverte d’une installation végétale et lumineuse, signée Trevor Yeung. Le Portail de l’Oracle de Shana Moulton, œuvre monumentale dédoublée, sera visible en Presqu’île (rue du Président Carnot) ainsi que du côté des Usines Fagor à Gerland, nouveau lieu central de la Biennale. À l’entrée des usines également, L'agora-île, installation tout droit sortie de Crash Park, dernier spectacle du plasticien et metteur en scène Philippe Quesne, ainsi qu’un mobile géant de Stéphane Calais pour accueillir les visiteurs de passage... Le week-end d’ouverture (21 et 22 septembre) s’annonce festif avec des horaires élargis et de nombreuses animations (visites gratuites, performances avec l'artiste Felipe Arturo...). V.A.
Martin Argyroglo©
Anciennes Usines Fagor, MAC-Lyon et dans toute la ville Week-end d’ouverture, 21 et 22 septembre biennaledelyon.com
Philippe Quesne - Crash Park, la vie d’une île, 2018, Théâtre des Amandiers, Nanterre.
01.12.19
JOUER À LUGDUNUM Le premier jeu, ici, c'est l'exposition. Intitulée Ludique, celle-ci présente en effet les jeux de l'Antiquité dans un parcours interactif en forme de marelle, où chaque case présente un thème : jeux d’adresse, jouets mobiles, poupées et rites de passage… Au fil de la progression, les gones peuvent jouer dans des recoins dédiés, tandis que les plus grands disposent à la fin de jeux de plateau, casse-tête, tablettes et video games… Ludique raconte à quoi jouaient les enfants et les adultes de Lugdunum, tout en faisant le lien avec nos pratiques. Du hochet antique à Sophie la Girafe, quelle différence in fine ? Des siècles d’oubli, dont des archéologues et des historiens tentent de réduire l’effet, déterrant, ranimant objets et images. Leur redonnant un sens. F.R. Lugdunum Musée & théâtres romains Lyon 5e lugdunum.grandlyon.com 31
LETTRES & RATURES
LES MACHINES FANTÔMES Olivier Paquet L'Atalante (parution : 22 août)
M
SF
CHIMÈRE
Emmanuelle Pireyre L'Olivier (parution : 22 août)
on premier William Burroughs ou à J.G. Ballard. Journaliste, Emmanuelle Pireyre tient du thriller Par Marco Jéru enquête sur les OGM. Après avoir cyberpunk, dans rencontré une biologiste obsédée la veine de par les manipulations génétiques William Gibson Au chapitre des auteurs régionaux de et leurs monstrueuses chimères, et d'Iain M. sortie en cette rentrée littéraire – aux elle suit au fin fond du Morvan un Banks. Olivier Paquet convoque côtés de Brigitte Giraud, de Laurence panel de citoyens tirés au sort pour six personnages – un trader, une Nobécourt, de Pierre Péju et de nouveaux réfléchir au futur dans le cadre chanteuse pop, un ancien tireur venus –, Olivier Paquet et Emmanuelle d'élite, une joueuse de jeu vidéo, d'un programme européen qui Pireyre se distinguent en publiant deux livres de science-fiction aux titres pour etc. –, ainsi que Hans/Joachim, attribue à chaque pays une grande le moins énigmatiques : Les Machines question : intelligence artificielle, un mystérieux jeune homme Fantômes et Chimère... nanotechnologies, transgenre... Le décidé, pour nous amener au bonheur, à confier nos destins aux sujet attribué à la France, et sur intelligences artificielles. Car, si chacun croit jouer pleinement sa lequel se penchent différents panélistes (une manouche idéaliste carte sur l'échiquier de la société, nul ne perçoit qu'il est piégé dans voulant aider les gadjé, une candidate à Koh-Lanta, un entrepreneur des fictions confortables dont il n'est pas le seul acteur. Chacun est trop sérieux, une psychanalyste voilée, un employé d'Amazon amateur confronté au jeu des illusions créé par l'intervention du monde de drogues...) est le "Temps libre". Sujet politique, s'il en est. Entre essai virtuel dans la réalité. Prenant lentement conscience de leur documenté et fiction, Emmanuelle Pireyre, « écrivain-DJ » rompue inexorable perte de contrôle ainsi que des fils intimes qui les relient, aux dispositifs cyber-poétiques consistant à croiser sources et registres les six personnages doivent alors se liguer contre Hans/Joachim. Ce de langue hétéroclites, pour soulever des questions fondamentales cheminement émotionnel, brillamment orchestré par l'illusionniste- et sociales, réussit à transformer le réel en créant des courts-circuits auteur, est vécu par le lecteur comme une affaire personnelle et le explosifs. Et fait de cette enquête originale, tissée autant des récits des personnages que d'études scientifiques transdisciplinaires, une roman fonctionne comme un algorithme étourdissant. Mon second, Chimère, relève davantage de l'anticipation chère à fantastique comédie. NUMÉRO 10 - SEPTEMBRE 2019
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PARVATI
STREET ART
Par Graphull
COGITE-TOI
MI-HUMAINES MI-OISEAUX, LES CHIMÈRES POÉTIQUES DE PARVATI FONT LE LIEN ENTRE MIGRANTS ET OISEAUX MIGRATEURS
A
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parvati-artwork.com
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I
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HORIZONTALEMENT
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1. Atteintes d’une infection ? 2. Unissant des pierres. Petit notaire. 3. Mince, alors ! Tambour battant. 4. Se porte plus léger en été. 5. Principe odorant. Prolonge la ruine. 6. Début d’une tirade victorieuse de César. La loi du roi. 7. Cri d’exaspération ? Forte donc. 8. A plusieurs, donne son ampleur à la jupe. Richesse de l’OPEP. 9. Ignore son adresse. Membre fondateur de la SPA. Peut-être sans culotte… 10. Autrefois privilégiés de leur père. S’éclaire tôt.
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VERTICALEMENT
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A. Abondent en été. B. Bon cru troublé. Plante odorante d’un certain vert. C. Tentons d’éduquer. Que de mépris ! D. Bassesses. E. Petite patate allongée. Espace parfois mal famé. F. Causa la mort de Didon. Neuve, brille à l’envers. G. Note de musique. Admirez son radeau…mais fuyez son contact. H. N’oublia pas. I. On les préfère embaumées. J. Eprouvé. Prit part au suffrage.
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Ponia DuMont
solutions arkuchi 07
CU L ANA NA I E N T V I E AMU S I S T E T E S US
T UR E RO N E S AME I A S E U E S C A T E R E V E
E L L B I E C R RON L E R S O P T R E I ON N T E
E S U S T I S S E