ARKUCHI numéro#11 - Octobre 2019

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11 oct. 2019

mensuel gratuit

numĂŠro



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arkuchi.com (en construction) Octobre 2019 n° 11 Mensuel gratuit Lyon, Métropole & Rhône-Alpes Edité par ArKuchi, 18 rue de Belfort, Lyon 4

Direction de la publication Rédaction en chef Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Valie Artaud, Emmanuelle Babe, Jérôme Bertin, Claudia Cardoso, Lucie Diondet, Ponia DuMont, Graphull, Émiland Griès, Marco Jéru, Karim Kal, Élodie Martinez, Trina Mounier, Nikki Renard, Rico, Florence Roux, Laurent Turrel, Gallia Valette-Pilenko Illustration de couverture Bertrand Gaudillère / Collectif Item Publicité contact.arkuchi@orange.fr 06 13 07 06 97 Conception et mise en page Impression : FOT

Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646-8387

La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.

Abonnement 9 numéros par an = 27 eur.

Blaise Adilon©

saga queer aux usines fagor

Festival de combat et de théâtre

.01

...

Invité du mois Collectif Item

.06

Bêtes de Scènes

.04

.10

Trajectoires Vincent Roche-Lecca

.18

Spécial Rentrée Théâtre & Cirque

La Poupée, le Doigt d' Or et les Dents : Fou de Rage (détail)

Salins / cube Orange

Forme & fonction

.20

Vin sur 20 Salon des Vignerons Indépendants

.21

Musica

.22

Déambulations Musiques

.25

L'ArKuchi du mois

.28

7e Art Festival Lumière

.29

C'était mieux avant Marlon Brando

.30 Rejoignez la communauté ArKuchi

C dans l'air

sens interdits

Guillaume perret_cardinal©

octobre 2019

11

à l'affiche .7

Cuisine-moi La Burrata Cogite-toi

écologie urbaine 2.0 à confluence

.14

théma du mois .8

SUCCESS STORY .12

théâtre en vo

karavel

L'art précieux du surtitrage

Toute la richesse du hip-hop

.31

LETTRES & RATURES .26

Fokus

éric dussert

collectif item

recrée la vie littéraire

.16

Frontière franco-italienne, 9 avril 2018 Quelles que soient les conditions météo les migrants traversent pendant la nuit. La peur de croiser la police ne les arrête pas, elle leur fait juste prendre davantage de risques.

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numéro 11 - octobre 2019

Bertrand Gaudillère / Collectif Item©

Street Art by Graphull POLKA


C dans l'air

Biennale d'art contemporain de Lyon là où les eaux se mêlent Usines Fagor, MAC-Lyon, I.A.C. Villeurbanne, etc. Jusqu'au 5 janvier biennaledelyon.com

SAGA QUEER Parmi les cinquante-six artistes programmés pour cette quinzième Biennale d’Art Contemporain de Lyon, les deux artistes autrichien(ne)s, Jakob Lena Knebl et Ashley Hans Scheirl, livrent une œuvre particulièrement atypique. Par Gallia Valette-Pilenko Photo Blandine Soulage

Elles/ils sont deux à œuvrer ensemble. Ou séparément, c'est selon ! Ashley Hans Scheirl et Jakob Lena Knebl ont investi l'un des espaces les plus intrigants des Usines Fagor, une fosse bordée d'un très grand mur, pour y installer l'œuvre protéiforme imaginée pour cette Biennale 2019. Intitulée La Poupée, Le Doigt d'Or et Les Dents : Fou de Rage, elle se compose d'un immense papier peint représentant Jakob Lena Knebl grimée et Ashley Hans Scheirl en robe surplombant un espace entièrement recouvert de miroirs. On y voit un grand lit, le sofa du papier peint, des objets hétéroclites (mais qui n'ont pas été mis ici par hasard) et bizarres, comme numéro 11 - octobre 2019

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ces quatre poupées en céramique affublées de tous les attributs sexués. Et une vidéo hilarante des deux artistes rejouant des scènes d’Oscar d' Édouard Molinaro, où Louis de Funès (dont elles sont de très grandes fans, surtout Jakob Lena Knebl, oui, oui !) fait une crise de nerfs. Elles ont travaillé en fonction du lieu « qui n'est pas un white-cube », mais un « espace paradoxal, un espace dans l'espace, une pièce dans une pièce », explique Ashley Hans Scheirl. Jakob Lena Knebl ajoute « qu'en fonction de l'endroit où l'on se place, on ne voit pas la même chose et l'œuvre ne raconte pas la même chose non plus ». Une œuvre très colorée et foisonnante, qui établit un fort contraste


c dans l'air

Courtesy des artistes et [of the artists and] Galerie CRONE, Berlin ; Georg Kargl Gallery, Vienne [Vienna] ; Belmacz Gallery, Londres [London] ; Galerie Loevenbruck, Paris.

La Poupée, le Doigt d'Or et les Dents : Fou de Rage (détail)

avec le lieu lui-même, tout comme elles creusent les paradoxes de notre monde. Leur travail, qui fouille les liens sociaux et culturels, les identités et comment elles se forgent, ne pouvait que trouver écho dans ces lieux chargés « de tristesse et de violence sous-jacente », comme le précise Daria de Beauvais, la curatrice qui a choisi les deux artistes. D'ailleurs, le directeur technique, Thierry Prat, fait remarquer qu'elles avaient repéré le lieu et qu'elles avaient déjà une partie de leur projet en tête. Une création qui met en scène les multiples facettes de leur travail, plongeant dans l'univers psyché des années soixante-dix, la marchandisation tous azimuts, la critique et la déconstruction des systèmes de pouvoir (masculin), tout cela saupoudré d'une grosse pincée d'humour, d'ironie et d'autodérision. D'ailleurs, elles ont imaginé pour les gardiens et gardiennes de la Biennale des tee-shirts et des doudounes avec une bouche – qu'on retrouve dans leur papier peint – symbolisant la colère, celle dont les femmes sont le plus souvent privées ! CQFD. 5


bêtes de scène

ITINÉRANCES

Festival En Acte(s) NTH8, Lyon 8e 8 au 19 octobre

Nicolas Ligeon©

nth8.com

François Hien

Le festival En Acte(s) est passé par ici, il repassera… au NTH8 pour sa cinquième édition.

Perrine Gérard©

Par Trina Mounier

Julie Guichard

En Acte(s) est né d’un désir de liberté, d’itinérance. Très vite, il s’est structuré de façon particulière, atypique chez les jeunes compagnies : auteurs et metteurs en scène s’associent autour de l’écriture scénique, comme Julie Guichard et François Hien dans Gestion de colère. Ils travaillent sur le matériau brut de la langue en multipliant les contraintes de durée, de nombre de comédiens, de sobriété (pour ne pas dire d’absence) de moyens. En un mot ils réinventent dans l’urgence (en trois mois maximum) un théâtre de tréteaux au service de textes traitant d’actualité. Avec un outil tout simple mais essentiel : l’acteur. Ce théâtre est par essence et par tradition très mobile. Aussi a-t-il pu être organisé dans de petits lieux tel le Théâtre de l’Élysée, comme dans des espaces ouverts, ainsi sur la place du Palais des Papes à Avignon cette année. « C’est pour nous, dit son créateur Maxime Mansion, « animateur » préfère-t-il, une manière d’aller à la rencontre

d’autres publics.» En s’installant cette rentrée au NTH8, c'est ce qu'il espère : « L’implantation de ce lieu en plein quartier populaire a des conséquences. Le NTH8 y déploie toutes sortes d’actions qui nous intéressent. Son investissement en faveur d’une mixité entendants/malentendants, le travail au long cours avec des auteurs mexicains, le recours quasi systématique à un doublage en langue des signes nous ouvrent aussi à d’autres types de spectateurs. » Surtout, En Acte(s) s’est ouvert l’an dernier aux jeunes auteurs francophones. L’expérience leur a semblé si riche qu’ils en ont fait le cœur de cette édition se déroulant justement dans un quartier où langues et cultures se côtoient. De nouveaux auteurs canadiens, camerounais, réunionnais, ivoiriens et haïtiens vont donc travailler en binôme avec les metteurs en scène et teinter le matériau linguistique de nouvelles colorations et idiomes…

forte, crue, vivifiante, parfois jubilatoire, à l’image de la vie de ces prostituées qui sont, et elles aiment le répéter, avant tout des femmes, souvent des mères. Mais la pièce ne se contente pas de décrire. Elle montre la progression d’une prise de conscience, les élans de solidarité, l’exigence d’être respecté, la revendication de leur dignité. Ce faisant, ces combattantes font évoluer les mentalités de tous, même si, il n’y a pas de miracle, elles

seront assez rapidement délogées. La coïncidence avec l’ouverture du festival Sens interdits leur donne encore une autre résonance. T.M.

UNE VIE DE… PUTAIN Lyon, 1975. Des prostituées sont assassinées. La colère des travailleuses du sexe flambe. Autant pour alerter sur cette situation que pour dénoncer le harcèlement dont elles sont victimes, une centaine d’entre elles se réfugient dans l’église Saint-Nizier, où elles reçoivent l’accueil sans réserve du curé de la paroisse. Loveless s’inspire des témoignages recueillis par Claude Jaget dans Une vie de putain. La pièce de Anne Buffet et Yann Dacosta est

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Loveless Radiant-Bellevue, Caluire 5 octobre radiant-bellevue.fr


à l'affiche

CIRCULEZ

ire

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Festival Sens Interdits #6 ESPOIR ET UTOPIE… Lyon et Métropole 16 au 27 octobre sensinterdits.org

Route 1 - collectif du prélude

Y A TOUT À VOIR

__

Sens Interdits, avec sa dimension internationale, est l'événement culturel majeur de ce mois d'octobre. Par Trina Mounier Photo Loic Nys Sileks

Festival de l’urgence, Sens Interdits est nécessaire car il relaie les créations de compagnies empêchées de se faire entendre dans leur pays. Sa dimension politique constitue sa raison d’être et son répertoire. Non content de soutenir les artistes, le festival leur donne de la visibilité, leur assurant ainsi une protection minimum et un peu de tranquillité pour travailler. La présence de Tatiana Frolova*, de toutes les éditions, en est une bonne illustration. Oui, Sens Interdits parle de politique, c’est un festival engagé, militant, qui donne la parole et de toute façon la prend. Sur ce chapitre, la présence du grand Milo Rau avec Oreste à Mossoul vaut reconnaissance. C’est surtout un authentique festival de théâtre qui promeut ceux qui osent témoigner au péril de leur vie et dépassent leurs souffrances dans un geste authentiquement artistique. Pluridisciplinaire, il montre du théâtre, mais aussi de la danse, des formes hybrides. Il se penche sur des

thématiques qui englobent les guerres brisant les destins, comme dans Peer Gynt From Kosovo ou Pequeños territorios en reconstrucción, ou le terrorisme, sujet central de Danse avec le diable. Plusieurs spectacles, comme Girls Boys Love Cash ou le très moderne Henrietta Lacks, évoquent sans fausse pudeur la marchandisation des corps. Sens Interdits, c’est également un espace de réflexion qui débusque d’autres atteintes à l’humanité, plus sournoises, comme le travail déshumanisant. C’est le cas de Tijuana et du Quai de Ouistreham. Autre sujet de préoccupation, la citoyenneté et les droits de l’homme qu’évoque notamment le spectacle russe Constitution. L’heure n’est pas à l’apitoiement politiquement correct mais à la colère, au respect et même à l’humour. Sens interdits est d’abord un festival de combat et de théâtre. *Artiste de théâtre russe, fondatrice du Théâtre KnAM. Carte Blanche, ArKuchi #04

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OVNI THÉÂTRAL Des caravelles et des batailles ne vient ni de Syrie ni du Brésil, mais de Suisse. Et les Suisses ont une manière à part d’aborder la politique comme le théâtre. L’an dernier, Massimo Furlan avait surpris (et ravi) avec Hospitalités, un cri d’optimisme. Cette fois, Elena Doratiotto et Benoît Piret nous entraînent à la suite d’ Andréa qui débarque sac au dos et par hasard au milieu d’une petite communauté, dont nous allons découvrir les bizarreries. Ils parlent la même langue que nous, vivent dans le même siècle, mais n’en partagent ni les codes ni les valeurs : ici on prend le temps de regarder les étoiles, de jouer et de parler d’histoire. Ce ne sont ni des primitifs ni de petits hommes verts. Une grande fresque imaginaire orne les murs. Elle raconte l’extermination des Incas. Ces hommes-là seraientils des sages qui refusent tout, autant d’être des Incas que des conquistadors ? Un spectacle tranquillement subversif… T.M. Des caravelles et des batailles Radiant-Bellevue, Caluire 26 et 27 octobre radiant-bellevue.fr

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THema du mois

Chroniques d'une ville qu'on croit connaître Wael kadour

L’art précieux du théâtre en VO Par Florence Roux

Photo Nabil Boutros

Sans traduction, c'est un monde entier qui ne

La traduction avec surtitrage donne accès aux spectacles en les laissant résonner dans leur langue d’origine. Un plaisir que le public lyonnais s’offre ce mois au festival Sens interdits, dans le travail de Sylvie Mongin-Algan ou d’Éric Massé… Par exemple.

Une mauvaise traduction et un mauvais surtitrage, ça peut tuer une œuvre Eric Massé

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Depuis sa création, en 2009, le festival Sens interdits a accueilli des spectacles dans trente-et-une langues différentes. Occasion rare à Lyon d’entendre sur scène, avec surtitrages, l’albanais ou l’espagnolmapudungun1, le kazakh ou l’araméen, le dari2 ou le khmer… « Entendre une langue d’ailleurs ouvre à l’art de l’autre, lance Patrick Penot qui dirige le festival. Cela permet aussi à des personnes de communautés étrangères de voir un spectacle dans leur langue. Mais pour combiner ce plaisir avec une bonne compréhension du texte, il est crucial que les surtitres soient clairs et ramassés. » 8

Compagnie habituée au festival, le Théâtre KnAM travaille avec la traductrice et interprète du russe Bleuenn Isambard. Traduire et surtitrer ? « C’est magique et vivant !, estime-t-elle. Il faut donner accès au sens et à l’énergie des mots, en restant concis. En se faisant discret pour que le spectateur apprécie l’œuvre au plateau. » Ce travail d’orfèvre associe la metteuse en scène, les comédiens et la traductrice dans l’intimité de la pièce. Après sa première traduction, elle retravaille avec les artistes, « notamment pour affiner la sonorité des mots ». Puis, Bleuenn gère les surtitrages en direct, les « réajuste


thema du mois

UNE TECHNIQUE AU RANG D’ART

me parvient pas... Sylvie Mongin-Algan

après chaque représentation ». Une chance, ajoute-t-elle, « l’intégration des surtitres à la scénographie ménage l’attention du spectateur ». Plus qu’une évidence, « elle est un élément moteur dans l'écriture visuelle du spectacle », pour Sylvie Mongin-Algan du NTH8. La metteuse en scène, qui crée depuis dix ans des œuvres hispanophones, met en œuvre dans son dernier spectacle Les Ménines d’Ernesto Anaya, un véritable ballet de surtitres, en français ou en espagnol, tandis que les comédiens jouent parfois en bilingue. « J'adore l'idée d'un théâtre où la pensée sensorielle et onirique s’exprime dans deux langues dans le même spectacle. Pour notre traductrice, Adeline Isabel, ce travail méticuleux est un art. » Bilingue français-espagnol, surtitrage intégré à la scénographie : Éric Massé, co-directeur du Théâtre du Point du Jour, travaille dans la même veine avec Mujer Vertical. Dans ce spectacle puissant,

Par Trina Mounier

Displaced women - Sens interdits (2015)

Michel Bataillon a participé aux grandes heures du TNP aux côtés de Roger Planchon, Patrice Chéreau et Georges Lavaudant. Cet éminent germaniste a traduit nombre d’œuvres du théâtre allemand, de Bertolt Brecht à Manfred Karge. On sait moins qu’il a beaucoup surtitré, ne considérant jamais cette fonction comme mineure : « Il n’y a pas de hiérarchie entre surtitrage et traduction littéraire. Au théâtre, l’objet traduit n’est pas la pièce mais une mise en scène ou plus précisément un spectacle particulier. Le surtitrage, concrétisation de la traduction, s’adapte à la globalité scénique avec sa dramaturgie. D’ailleurs, quand on aime un spectacle, on a mauvaise conscience à envoyer les titres. C’est comme enfoncer un coin dans l’instant théâtral. C’est pourquoi des gens comme Ostermeier y accordent une attention pointilleuse. Et Kantor refusait tout net cette intrusion du texte dans l’image. » Michel Bataillon rend hommage à un de ces hommes de l’ombre qui font vivre et évoluer le spectacle vivant : Pierre-Yves Diez a cosigné avec lui le Guide du surtitrage au théâtre*, un ouvrage précieux, documenté, qui fourmille d’anecdotes savoureuses. Cet ingénieur a révolutionné la technique du surtitrage à la demande d’un Bernard Faivre d’Arcier très attaché à la construction de l’Europe des langues. Sans entrer dans des détails pointus et complexes, Diez a rendu invisible la partie technique, informatique, du surtitrage, à la fois pour le public et pour les traducteurs. Depuis vingt-cinq ans, son logiciel, loué pour sa simplicité d’utilisation, est utilisé partout dans le monde, en Syrie comme en Uruguay, sans mise à jour ni adaptation à chaque langue. à son propos, Jean-Louis Martinelli reprenait les mots d’Einstein : « Une chose est parfaite quand on ne peut rien lui retirer. »

Manon Valentin©

*Téléchargeable sur le site de la Maison Antoine Vitez maisonantoinevitez.com/fr/ sur-titrage.html

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créé en 2017 et réadapté l’an dernier, il croise les témoignages de quatre femmes colombiennes, emblématiques de la pacification du pays, les écrits de figures féminines françaises et ses propres mots. Le surtitrage final, fruit d’un travail entre le metteur en scène (qui joue aussi), Manuel Orjuela, artiste colombien, et la traductrice Magali Kabous, soigne « les registres de langues, décode parfois l’ironie » et, dans la version la plus courte possible, « se positionne pour respecter le jeu et le confort du spectateur ». À l’occasion, Éric Massé traduit en direct les mots des femmes. « Ce sont des moments polyphoniques et psalmodiés où l’on est à l'unisson ». Dans deux langues.

1 Mapudungun ou"langue de la terre" littéralement est la langue amérindienne parlée par la communauté mapuche au Chili et en Argentine. 2 Le dari est une langue persane, proche du farsi et du tadjik, parlée en Afghanistan.

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trajectoires

Théâtre de Bourg-en-Bresse (01) theatre-bourg.fr

Au Théâtre de Bourgen-Bresse (01) Petit théâtre de gestes Bêtes de Foire 17 au 23 octobre Bertrand Belin 5 et 6 novembre La Chute des anges Raphaëlle Boitel 14 et 15 novembre

Ailleurs Riche de multiples aventures dans la culture, de Paris à la Normandie ou l’Hérault, Vincent Roche-Lecca, 40 ans, diversifie depuis trois ans la programmation du Théâtre de Bourgen-Bresse, scène conventionnée marionnettes et cirque. Et multiplie les lieux de représentation.

The Amazing Keystone Big Band raconte West Side Story Théâtre de Mâcon (71) 4 octobre

vincent roche-lecca

L’EXPÉRIENCE

Les mains de Camille ou le temps de l’oubli Les Anges au Plafond Train-Théâtre, Portes-lès-Valence (26) 12 octobre Tabarnak, Cirque Alfonse Théâtre de Villefranche 12 et 13 novembre

DE LA VARIÉTÉ Par Florence Roux Photo Jérôme Bertin

Quel bilan tirez-vous de ces trois saisons à la tête du théâtre ? Vincent Roche-Lecca – En 2016, le théâtre était déjà à 80 % de taux de remplissage. Le défi était plutôt d’élargir son public. Nous avons diversifié les partenariats et les lieux de représentation, dans des hôpitaux, des friches ou sous chapiteaux. Nous avons ajouté la mention cirque à celle de la marionnette, choisi plus de spectacles de rue. Nous accueillons 70 000 "usagers" du théâtre, spectateurs, artistes ou amateurs. Avant Bourg, j’ai eu un parcours varié : j’ai démarré dans des salles de concerts à Paris. Puis, en Normandie, j’amenais des spectacles dans des villages, quartiers sensibles ou prisons, avant de m’occuper pendant sept ans d’un festival des arts de la rue à SaintJean-de-Védas (34). Mon premier moteur est de mettre des artistes qui me passionnent face à des spectateurs. Qu’apporte cette 4e saison ? V.R-L. – Comme les précédentes, elle garde une dynamique de temps forts, avec le festival de danse T’en veux en corps en ouverture de numéro 11 - octobre 2019

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saison et, en toute fin, Br’Ain de cirque, le festival de l’école de cirque de Bourg avec lequel nous collaborons. Nous misons beaucoup sur l’immersion, avec des spectacles sous casque ou dans une yourte... Je fais le pari qu’au-delà de la rencontre avec une œuvre, il faut en faire l’expérience. Quels spectacles recommandez-vous ? V.R-L. – Comment choisir ?! En 2020, nous attendons avec impatience le Turak à qui nous confions les clés du Monastère de Brou ou Les Naufragés d’Emmanuel Meirieu, qui m’avait bouleversé. Plus près de nous, nous accueillons Bêtes de foire, un projet immersif entre marionnettes et cirque, qui nous ressemble. Mais aussi Persona Tour de Bertrand Belin, qu’on aime beaucoup et la grande circassienne Raphaëlle Boitel. Hors de Bourg, je n’ai pas envie de rater Les Anges au Plafond, magnifique compagnie de marionnettes, ni le Keystone Big Band et son jazz assez contemporain. Il y a aussi Tabarnak du Cirque Alfonse que je suis vraiment curieux d’aller voir ! •


Karim Kal /Veduta_2019©

L'Issue n°3 Etablissement Pénitentiaire pour Mineurs du Rhône - Meyzieu


SUCCESS STORY

Tentacle Tribe Threesixnine

__ péter les codes

VOUS VOULEZ DU

Marion Blanchot est danseuse, hip-hop entre autres, elle est aussi la fondatrice du collectif Lignes Urbaines*.

Festival Karavel Bron, Lyon, Caluire et Métropole 9 octobre au 3 novembre karavelkalypso.com

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Le métissage, ADN de Marion Blanchot ? Marion Blanchot – Dès le début, j’ai été accueillie dans le hip-hop comme une nana qui veut péter les codes : j’ai toujours cherché à mélanger contemporain (j’ai une formation en contemporain et modern-jazz) et hiphop. Je suis en perpétuelle recherche de nouveaux fonctionnements, d’inspirations… La possibilité dans les rencontres est infinie et cela me passionne. Le break, votre discipline ? M.B. – C’est un milieu très masculin avec une grande technicité et des méthodes de travail basées sur la confrontation et la compétition (Marion a déjà fait beaucoup de battles). Les filles n’ont ni le même corps, ni le même centre de gravité, ni le même développement musculaire. Discipline créée par des hommes avec des corps d’hommes : oui cela peut paraître insurmontable, mais certaines y arrivent à force de travail. On peut juste regretter qu’il n’y ait pas un break développé par les femmes avec leurs spécificités. Une création one-shot pour l’ouverture de Karavel ? M.B. – 100 Profils est une commande de Pôle En Scènes. Cela va impliquer une centaine de danseurs (pros et amateurs) qui n’ont pas le même niveau technique. Une petite gageure ! On a imaginé un spectacle avec l’entrée progressive des danseurs. Que la masse s’agglutine, pour qu’on se demande si cela va s’arrêter... Cela va jouer en extérieur pendant la block party et le public pourra même participer s’il en a envie ! Espace Albert Camus, Bron 9 octobre * Première création Profil bis à Karavel en 2018.

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Karavel fait partie des rendez-vous dorénavant incontournables de la rentrée lyonnaise. Le festival, porté par Mourad Merzouki, aligne quelque trentetrois soirées qui donnent à voir toute la richesse et la diversité de la danse hip-hop.

Par Anne Huguet Photo Alexandre Gilbert

16 villes, 21 lieux, 38 spectacles : Mourad Merzouki ne fait pas les choses à moitié ! Il double même la mise, depuis sept ans, avec le jumeau Kalypso à Créteil et en Île-de-France (52 compagnies, 71 représentations). À deux on est plus visible ! Lyon se met donc aux couleurs du hip-hop en octobre. Pour la joie de ses aficionados mais aussi de tous ceux qui aiment simplement la danse. Karavel continue de faire le lien entre la scène – et des compagnies plus aguerries –, les battles, le freestyle voire l’underground. Pour la deuxième fois, la finale du Hip Hop Games France (3/11) se jouera à Bron pour un show haut en couleurs qui allie technique et improvisation. À y regarder de plus près, l’ossature de la programmation n’a guère changé en treize éditions : un mix de compagnies repérées et de nouveaux talents qui « aspirent à modeler la danse du XXIe siècle », des battles (le grand rendez-vous pour petits et grands, Can you Rock ?!, 20/10), des shows chorégraphiques (en point d’orgue, la première création de Mehdi Kerkouche


SUCCESS STORY ire

na

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sur fond de Dabkeh*, 12/10) et des spectacles pour les familles (en primeur, la création de la compagnie 4e Souffle avec la clown Muriel Henry). Anne Nguyen, Käfig, Wanted Posse, le trio révélation ETRA, sans oublier Hervé Koubi avec Boys don’t cry, une pièce, commente le chorégraphe « un peu à contre-pied de mes créations habituelles ». Sur un mode carrément plus léger, la compagnie YZ, très attendue, présente R1R2 Start (15/10) sur le gaming et la culture geek sur fond de musique 8 bits : locking, combat virtuel, virtuosité et humour sont au programme. D’une beauté à couper le souffle, Finding Now (23/10) emprunte avec talent aux danses hip-hop, classique et contemporaine. Le chorégraphe américano-canadien Andrew Skeels travaille sa gestuelle sophistiquée jusqu’à la perfection, trouvant le point de tension parfait entre technique, vitesse d’exécution, fragilité et émotion. On est impatient. Des Canadiens encore : Tentacle Tribe "déménage" avec une pièce intense, Threesixnine (19/10), au langage gestuel inventif entre break, arts martiaux et danse contemporaine. Du solo au sextuor, les b-boys et b-girls brûlent les planches, passant du break au popping et aux danses tribales. Et Karavel ouvre en fanfare avec une block party. Let’s dance ! *Danse folklorique, d’origine libanaise, puissante et festive.

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FORME & FONCTION

la confluence

Asylum_ SPL Lyon Confluence©

DOWN TO THE RIVER

Lyon Confluence depuis le Sud

S’étirant sur une bande de terre prise entre fleuve et rivière, le dernier-né des quartiers du centre-ville lyonnais synthétise toutes les ambitions contemporaines, en prétendant à un développement urbain 2.0. L’ambition qu’il lui est assignée est d’allier densification et durabilité, au sens écologique du terme. Par émiland Griès

L La Confluence Lyon 2e Tram T1 Hôtel de Région Montrochet

numéro 11 - octobre 2019

a grande majorité de la population mondiale vivra bientôt en ville. Face à ce mouvement général, il est vraiment temps de s’interroger sur les conséquences de ce tropisme, potentiellement ravageur pour l’environnement, si le laisser-faire continue. Les citadins sont d’ailleurs bien placés pour le savoir. Ils supportent plus ou moins stoïquement un des avatars de la dégradation climatique, engendré notamment par la concentration urbaine. Le phénomène, appelé ICU, ou « îlot de chaleur urbaine », est à la fois aggravant et aggravé par la hausse des températures de la planète. Trop minérale, trop réverbérante, trop déperditive en calories 14

et en gaz à effet de serre, bref trop polluante et polluée : la ville devient un véritable four invivable, montant inexorablement en température dès les premiers rayons de soleil. Et elle est bien incapable de se rafraîchir naturellement ! Lyon, comme d’autres villes des contrées dites tempérées, se méridionalise – au mauvais sens du terme –, lentement mais sûrement. Sans tradition à ce sujet, elle connaît mal les usages mis en œuvre depuis des siècles dans les cités du Sud, permettant, si ce n’est la maîtrise, du moins la pondération de la chaleur. Pourtant, Lyon a été classée première ville intelligente de France et dixième d’Europe par le Parlement européen en 2015. La métropole


FORME & FONCTION

Non, l’architecture passive n’est pas un art qui se laisserait faire… Bien au contraire. Concevoir et construire « passif » signifie recourir à toutes les techniques possibles pour réduire la consommation d’énergie fossile nécessaire à l’usage du bâtiment. Prise de conscience des limites des ressources de la planète et de la dégradation environnementale oblige ! Le bâtiment passif est orienté de façon optimale. Ses façades et sa couverture sont thermiquement très bien isolées, avec le moins de ponts thermiques et de fuites d’air possibles. Ses installations techniques sont frugales, avec des systèmes traquant la perte ou la faible rentabilité des calories. Last but not least, un tel bâtiment a recours à une énergie renouvelable, tel le soleil pour la plus connue, mais cela peut être plus prosaïquement la récupération des calories avant rejet de l’air vicié ou des eaux usées. En fait, on n’a plus vraiment le choix !

Aurélie Pétrel_ SPL Lyon Confluence©

Ynfluences Square

Laurence Danièrel_ SPL Lyon Confluence©

T’ES PASSIF, TOI ?

régionale a, en effet, fortement investi pour amorcer sa transition écologique. Et l’un de ses fers de lance en la matière se veut être La Confluence, estampillée « éco-quartier intelligent ». En une vingtaine d’années, place nette a quasiment été faite de ce côté-ci des voûtes de Perrache, ce qui est ultra rapide dans l’histoire des villes aux cycles de transformation habituellement plus lents. Exit le marchégare, les prisons, les entrepôts, le triage ferroviaire, la prostitution… Bref, tout ce qui n’est pas glamour et s’avère difficilement envisageable par l’imaginaire mainstream dans un quartier de centre-ville ! Quelques vestiges de ce passé de frange urbaine laborieuse sont certes conservés de-ci de-là, sans doute par goût du pittoresque, tels les petits tronçons de bâtiments appartenant à l’ex-tentaculaire marché de gros. Témoins disséminés et, par ce fait, privés de sens, ils seront englobés dans les aménagements qui accompagneront bientôt les bâtiments actuellement en chantier. L’ambition affichée pour la Confluence est de réduire sa consommation énergétique, voire de construire « passif », c’est-à-dire des bâtiments bénéficiant des dernières innovations pour produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment ! Avec sa darse fluviale, ses quais de Saône piétonniers, ses espaces verts en cœur d’îlots, ses quelque

Les Docks de La Confluence (2018)

3 500 arbres plantés, la Confluence est même labellisée premier Quartier Durable de France par l’ONG internationale WWF. L’ambition a été placée très haut pour la suite : en 2020, les émissions de CO² de La Confluence ne devront pas dépasser le niveau relevé en 2000, et ceci malgré la forte augmentation du nombre de ses habitants et usagers. Dès 2015, par exemple, l’ensemble de bâtiments baptisé Hikari (« lumière » en japonais), conçu par l’architecte Kengo Kuma, fait la démonstration que la passivité énergétique en matière de construction est aussi possible à Lyon, grâce à des panneaux photovoltaïques en façades et en toitures, un cogénérateur à huile de colza ainsi qu’au recours à la géothermie issue de la Saône. Ainsi, Hikari consomme moitié moins 15

d’énergie qu’un bâtiment classique. De plus, il autoproduit 80 % de ses besoins électriques, en chauffage et en climatisation. Les concepteurs, architectes et bureaux d’études, sont donc à la tâche depuis plusieurs années dans ce quartier ! Lancés par des opérations phares tels le Musée des Confluences du collectif autrichien Coop Himmelb(l)au, le centre commercial du Français Jean-Paul Viguier, l’Hôtel de Région de Christian de Portzamparc, les grands noms de l’architecture nationale et internationale signent à la Confluence des immeubles de logements et de bureaux : Jean Nouvel, Rudy Ricciotti, Odile Decq, Massimiliano Fuksas, Lipsky + Rollet, Jakob & MacFarlane, Herzog et de Meuron... Impossible de tous les citer ! numéro 11 - octobre 2019


Item, c’est le plus petit élément d'un ensemble »

Photos Collectif Item

Par Florence Roux

variations sur un item

collectif item

numéro 11 - octobre 2019

Des silhouettes gravissent une montagne, une main verse du thé, des visages dorment dans l’herbe, un homme nous regarde, assis devant un mur de feuilles ; là, c’est une manif, ici des grillages sur le ciel bleu… D’une page à l’autre, les images multiplient les angles, en couleur ou en noir et blanc. Marche ou rêve, livre autoédité l’an dernier par le collectif des douze photographes d’Item, basé à Lyon, retrace la marche citoyenne et solidaire organisée au printemps 2018 par l’ Auberge des Migrants, de Vintimille à Londres. « Nous avons éprouvé le temps long, questionné la notion de frontière, estime Hugo Ribes, l’un des reporters qui se sont relayés aux côtés des citoyens migrants et français. Dans l’esprit de notre collectif : nous sommes indépendants, mais nous engageons ensemble sur des valeurs communes. » L’engagement est un des ferments d’Item. « Nous avons créé le collectif à trois, en 2001, pour nous réapproprier nos conditions de production et de diffusion, asseoir un dispositif de solidarité entre nous, en affirmant une vision politique », rappelle Bertrand Gaudillère. Les photographes ne mutualisent pas que leurs contacts. « Nous confrontons notre travail et nos idées au regard des autres, poursuit le cofondateur. À plusieurs, on est toujours plus intelligent que seul. » Qu’ils habitent en Centrafrique, au Cameroun, à Paris, Metz ou Lyon, les membres d’Item alternent commandes pour la presse, "corporate" et travaux plus personnels au long cours. Captivants, divers et vibrants. Ainsi, Adrienne Surprenant a documenté la vie d’esclaves domestiques au Liban ou tiré le portrait d’Hélène, femme camerounaise handicapée à cause de la poliomyélite. Hugo Ribes photographie la première autoroute de Birmanie, après s’être intéressé aux exilés birmans en Thaïlande. Bertrand Gaudillère, qui travaille depuis longtemps sur la question des migrations et les sans-papiers, a récemment accompagné un réseau

fokus Kasia Strek / item©


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Cyril Marcilhacy / item© Romain Etienne / item©

Romain Etienne / item©

collectifitem.com

numéro 11 - octobre 2019

marche ou rêve Les Éditions Collectif Item Sortie : octobre 2018 En vente sur le site

Le village Cyril Marcilhacy MJC Ménival Lyon 5e Jusqu'au 26 octobre

Influences Eugene Richards, Carl De Keyzer, Raymond Depardon, Philip Blenkinsop, Jessica Dimmock, Nan Goldin, Philippe Djian, Pedro Almodóvar...

d’aide dans le Briançonnais. En République démocratique du Congo, Leonora Baumann témoigne, quant à elle, des effets de la déforestation massive ou des destins de mères adolescentes victimes d’agressions sexuelles. Romain Etienne explore les Zones à défendre (ZAD), à Notre-Dame-des-Landes ou Roybon, comme les scènes de musiques actuelles… En parallèle, souligne Mika Sato, chargée de projets, « les membres du collectif s’impliquent dans des projets communs, animent des cours pratiques ou théoriques sur l’image »… Quand ils n’exposent pas à L’ Atelier, siège d’Item, au pied de la CroixRousse. Cette année, le Théâtre du Point du Jour a choisi une photo de Leonora Baumann comme étendard de saison – une foule sur la place Taksim, à Istanbul – et collabore avec le collectif Item pour organiser des expositions sans frontières.


spécial rentrée

MICMAC DE SAISON(S) – ÉP. 3

soyons curieux ! Par Trina Mounier Photo Victor Tonelli

Pour terminer le tour d’horizon des différents lieux culturels, penchons-nous sur ce qu’on appelle communément, par un souci de généralisation un peu hâtif, les "petites" salles. Elles ont dorénavant toutes dévoilé leurs saisons. La plupart ont de petites jauges, ce qui empêche les grosses productions. Mais, à y regarder de plus près, l’exigence artistique et le goût des découvertes ne sont pas en reste et les rassemblent par-delà leurs différences. Ce sont leurs spécificités, en effet, qui fidélisent leur public et font que leurs spectacles affichent souvent complet. Les Marronniers confirment leur identité mixte théâtre et musique, l’occasion, par exemple de retrouver, avec Legrand Écran (février 2020), les mélodies du compositeur touche-à-tout sur fond d’images cinématographiques. Avec sa grande salle, le Théâtre Comédie Odéon occupe un créneau peu représenté à Lyon jusqu’à son arrivée : les comédies pétillantes. Certaines connaissent un vif succès et caracolent de reprise en reprise : c’est le cas de La Maîtresse en maillot de bain. Avec Le Porteur d’Histoire (dès le 20/10), on explore carrément en un temps record et avec une belle vitalité un grand pan d’Histoire. L’Espace 44 accueille de son côté des variations autour d’Œdipe, d’Antigone ou Notre Dame de Paris, mais pour mettre en évidence leurs résonances contemporaines, il mêle à ces héros de la mythologie grecque les préoccupations d’aujourd’hui. En témoigne Antigone, 13 novembre (19 au 24/11) dont le titre est parlant. Le Théâtre de l’Iris, quant à lui, poursuit son fort ancrage populaire avec, notamment, le festival Brut de Fabrique en mai numéro 11 - octobre 2019

– qui offre une visibilité aux expériences théâtrales villeurbannaises – et un choix de programmation large mais ambitieux. Avec des auteurs contemporains comme Pierre Notte et ses Couteaux dans le dos (26/11 au 07/12) et plus classiques comme Camus avec l’adaptation de L’Étranger. Enfin, le Lavoir Public poursuit sa carrière de trublion génial et propose, entre festival Tra n s i d e nt i té s e t festival OnlyPorn, des spectacles plus graves, comme Paroles de poilus ou Roi du silence. Tous ces lieux mettent à profit l’extraordinaire pépinière que constitue la métropole en termes de jeunes

Roi du silence - geoffrey rouge-carrassat

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talents et sont fiers de les aider à se lancer pour tenter d’exister. Prenons l’exemple des Marronniers : ils travaillent avec le Pôle lyrique d’excellence, un centre de formation destiné aux jeunes chanteurs lyriques en Europe. Toutes ces "petites" salles ont à cœur ce rôle de transmission et de soutien à la jeune création.


spécial rentrée

CIRQUE

sur le fil

Encore la vie Collectif Petit Travers Le Vellein Villefontaine (38) 15 octobre LES PIEDS DANS LES POCHES Cie Rêve De Singe Polaris, Corbas 20 octobre

À la croisée des autres arts (danse, théâtre, vidéo, musique), le cirque contemporain ne cesse de réinventer son vocabulaire, ses figures, ses agrès, pour faire rêver, provoquer des émotions mais aussi des réflexions en prise directe avec le monde. Sacrée gageure mais plaisir absolu.

BURNING Julien Fournier Les Subsistances Lyon 1er 24 et 25 octobre

Par Anne Huguet Photo Cholette Lefébure

De la virtuosité, on en aura à la Maison de la Danse. D’abord avec les explosifs Québécois des 7 Doigts de la Main (au Vellein, en avril) qui s’offrent une épopée en train avec une pièce

assez inclassable sur les rapports humains. Ensuite, avec la Compagnie XY qui cherche à voler toujours plus haut. La prise de risque, la confiance, on sait ce qui forge l’identité de ce collectif, cette fois-ci sous le regard du maître chorégraphe, Rachid Ouramdane. Nouveauté 2020, utoPistes (23 au 29/5) s’installe dans le 8e pour raconter l’émergence (Premières pistes) et la vitalité circassiennes. On y verra la pièce pour cinq acrobates de Mathurin Bolze, Les Hauts Plateaux, qui s’intéresse, entre rebonds et jeux de vertiges, à l’esthétique des ruines. De la pyramide humaine encore et du risque poussé au paroxysme chez les fougueux Australiens de Gravity & Other Myths (Backbone et A simple space, à suivre en tournée) qui expérimentent les limites du corps humain avec des pièces un peu brouillonnes mais bluffantes. Allez voir. On ne change rien aux Subsistances avec des

objets circassiens singuliers qui « subvertissent les habitudes des spectateurs ». Dont acte, en novembre, avec un cirque du troisième type qui invite la technologie et le Net sur le plateau. Au programme : jonglage 2.0 avec Antoine Clée, tandis que Corinne Linder invite, aux confins du réel (avec lunettes VR*), à se glisser dans la peau d’un voltigeur… jusqu’au numéro aérien final. Après le burn-out de Julien Fournier, acrobate-Charlot des temps modernes, Ikuemän et ses mâts chinois s’attaquent à la question des migrations avec des chorégraphies aériennes et une esthétique de l’épure. Bref, du cirque sérieux voire politique. Le Vellein à Villefontaine défend, lui, un cirque familial et des compagnies régionales. De l’étrange à découvrir avec À Vue (en tournée RhôneAlpes) et ses nouveaux protocoles de magie, tandis que le Collectif Petit Travers jongle en musique avec Tactus, partitions versus balles. On n’oublie pas la 7e Biennale du Cirque, en juin, avec en guest star, les foutraques du Cheptel Aleikoum. Retour à la case rentrée avec le duo vertical de Rêve De Singe. Créée au Polaris, la pièce mêle escalade, chorégraphie et arts du cirque et s’amuse d’envers et d’endroit. Demandez les programmes… *VR ou réalité virtuelle

mÖbius - Cie XY

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20 sur vin

Domaine des Gandines Route de la Vigne Blanche à Clessé (71) gandines.com

Par Laurent Turrel Photos Jérôme Bertin

L’

automne est incontestablement le mois du vin. Après les vendanges qui ouvrent le bal dans chaque région, place aux plus ou moins intéressantes "Foires" aux vins des grandes enseignes, avant que la saison ne se clôture par un florilège de salons. Parmi ceux-ci, le Salon des Vignerons Indépendants de Lyon fait figure de référence.

TOUS AU LARZAC Superbe cuvée que ce Languedoc rouge en appellation « Terrasses du Larzac », du Mas des Agrunelles, cuvée Indigène (la vinification n’est faite qu’avec les levures du raisin). Couleur profonde, nez de fruits rouges et d’épices, bouche mûre et digeste, due au terroir particulièrement frais qui nourrit ces vignes. Un vin d’équilibre plein de délicatesse. Indigène, AOC Terrasses du Larzac Mas des Agrunelles (Argelliers, 34) Rouge 2016 (12 euros) masdesagrunelles.com

numéro 11 - octobre 2019

Regroupant plus de 530 vignerons exposants, tous indépendants, ce salon a su parfaitement évoluer au fil des éditions (la 29e pour 2019), proposant à ses 56 000 visiteurs une offre qualitative et moderne, parfaitement dans l’air du temps. C’est ainsi que l’association Vigneron Indépendant est à l’origine de la certification publique Haute Valeur Environnementale (HVE), qui s’impose progressivement comme l’autre segment d’une agriculture écoresponsable, à côté du Bio. À ce jour, près de 40% des exposants du Salon des Vignerons Indépendants de Lyon sont engagés en certification HVE ou Agriculture Biologique. Parmi ces domaines présents au salon de Lyon, citons, dans la région, le domaine Poulet en Diois, le domaine Dupasquier en Savoie, 20

tous au

29e Salon des Vignerons Indépendants Halle Tony Garnier, Lyon 7e 31 octobre au 4 novembre vigneron-independant.com

le Château de Belleverne en Beaujolais ou le Domaine des Gandines en Mâconnais. Ce dernier, situé à Clessé, appartient à la famille Dananchet depuis sa création en 1925. Exploitation d’une quinzaine d’hectares conduite en biodynamie et certifiée bio depuis 2009, les cuvées qui y sont produites – essentiellement en blanc – sont d’une précision et d’une gourmandise incomparables. Que ce soit en appellation Mâcon-Villages ou Viré-Clessé, chacun des vins de ce domaine exprime parfaitement l’identité de son terroir, couplée à un fruité juteux et généreux. « Nos pratiques culturales bio et biodynamiques nous permettent d’atteindre cet équilibre et cette complexité dans nos vins », précise Florent Dananchet, qui a rejoint le domaine en 2015. Pour ce domaine, l’agriculture biologique est la réponse écologique à l’agriculture conventionnelle. Les traitements sont réalisés grâce à des produits provenant de la nature, et les produits chimiques obtenus à partir du pétrole sont bannis. « Nous utilisons des petites quantités de cuivre (6 kg/ha/an autorisés) et de soufre pour lutter contre les maladies de la vigne (mildiou, oïdium). Mais aussi des tisanes et décoctions de plantes (orties, osier, prêle…) qui, associées aux traitements, renforcent les défenses naturelles de la vigne et luttent directement contre les maladies, permettant de diminuer les doses de cuivre de moitié. » Bref, si vos pas vous mènent au Salon des Vignerons Indépendants de Lyon, pensez à rendre visite au Domaine des Gandines (stand E 98) !


musica

FACE FACE Par Elodie Martinez Photo Silvia Lelli

L’Auditorium de Lyon promet deux rendez-vous forts en ce début d’automne. Octobre ouvre sur le Messie de Haendel par Les Arts Florissants de William Christie avec une distribution prometteuse (Emmanuelle de Negri, Katherine Watson ou Padraic Rowan), dans le cadre des quarante ans du festival d'Ambronay (3/10). Il se termine en beauté avec le retour de Daniel Barenboim. Chef talentueux habitué des plus grandes scènes du monde et ancien directeur musical de l'Orchestre de Paris, il est aussi un pianiste réputé. À Lyon, il retrouvera un compositeur qu’il connaît parfaitement, pour avoir maintes fois dirigé et interprété ses œuvres : Beethoven. Le lien qui les unit à travers les âges est toujours source d’émotions. On pourrait penser qu’à force de jouer ses œuvres, plus précisément ici ses Sonates pour piano, Daniel Barenboim (se) lasserait. Il n’en est rien. Chaque interprétation semble nouvelle, comme si, à chaque lecture de la partition, le pianiste argentino-israélien la redécouvrait et ouvrait de nouvelles portes au public, envoûté. Pour cet artiste qui œuvre en faveur de la paix au Proche-Orient – il a cofondé le West-Eastern Divan Orchestra où se mêlent jeunes musiciens israéliens, palestiniens et arabes des pays voisins –, la musique de Beethoven « est une expérience profondément humaine ». Une expérience qui devrait faire vibrer les âmes...

Daniel Barenboim / Beethoven Auditorium de Lyon 28 octobre auditorium-lyon.com

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déambulations

12.10.19 | 21H

icône reggae

musiques

On recycle, on ressasse ! Mais on est toujours sous le charme de la voix de Max Romeo. Le rasta de Kingston a écrit quelques-unes des belles pages de la musique jamaïcaine et signé plus d’un morceau d’anthologie. On pense à son fameux Chase The Devil ou encore au skank de One Step Forward qui n’ont pas pris une seule ride. Toujours fringant à soixantequatorze ans, il a même trouvé le temps de sortir, en juin dernier, un nouvel opus, Words From The Brave, avec son backing-band Roots Heritage. Des riddims et des orchestrations léchées (rocksteady, rub-a-dub, reggae roots) sur lesquels il pose sa voix souple au vibrato chaloupé de vieux sage toujours militant. Immanquable, non ? a.h.

ge la gran ue à musiliq (26)

Les Abattoirs, Bourgoin-Jallieu (38) lesabattoirs.fr

Cre

30

9 | 20h

03.11.1

05.10.19 | 20h30

Jazz supersonique Entre jazz et pop rock, l’infatigable Thomas de Pourquery n’en finit pas de nager entre deux eaux. Jamais là où on l’attend, il promène avec un talent peu commun son style unique et protéiforme. Riche de nombreuses collaborations allant de Metronomy à Jeanne Added, de Babx au Magnetic Ensemble, le saxophoniste de génie, à la barbe digne de Moondog, tisse sa toile au fil d’albums qui se suivent sans jamais se ressembler. Créateur d’une musique fiévreuse survoltée, il fait souffler un vent frais dans le paysage du jazz français. Avec son quintet Supersonic. V.A.

Flavien Prioreau©

Le Fil, Saint-Etienne (42) le-fil.com

16.10.19 | 20H

PAS FOLLE, LA GUÊPE Elle a épluché des patates au cinéma, mangé du nougat avec Zebda, défait l’Europe avec Noir Désir, fait le zazou avec M et la demie-clocharde avec Sonic Youth. Elle s’est aussi frottée au free jazz avec Archie Shepp. Brigitte Fontaine est cette drôle de libellule qui déglingue toujours les planches à quatre-vingts balais. Celle de Comme à la radio, enregistré en 1970 avec les complices Areski, Higelin et le Art Ensemble of Chicago, odyssée foutraque devenue culte. C’est aussi « l’auteur et écrivain*, au masculin depuis toujours, comme girafe est du féminin, même étant mâle », qui chante et joue « pour contribuer à rétablir l’honneur des femmes. » Poétesse, performeuse, baiseuse, buveuse, fumeuse, militante, décadente… Brigitte Fontaine est jeune, vieille, et vous enc…hristera au Radiant car quand « [elle] chante, ce n'est pas un concert, ce n'est pas un récital, c'est un drame. » Et comme Brigitte Fontaine est inadaptée, c’est normal ! L.D. *Paroles d’évangile, Le Tripode, mars 2019

Thomas de Pourquery

Radiant-Bellevue, Caluire radiant-bellevue.fr

jusqu'au 20.10.09

LES JAZZ(S) EN APPÉTIT 41 ans d’existence, plus de 23 000 spectateurs l’an dernier, 34 concerts dans 24 villes : le Rhino Jazz(s) aligne les chiffres. Mais il cultive surtout une curiosité musicale tous terrains (du New Orleans à l’underground londonien actuel, en passant par la soul ou le manouche). Et ça donne ? De la diversité ! Ainsi la diva Noa livre une joyeuse adaptation de Bach avec le guitariste Gil Doret et le bassiste Or Lubianiker (3/10), tandis que la saxophoniste londonienne, Nubya Garcia, dévoile son jazz teinté de hip-hop et de Caraïbes. À entendre, et c’est à Oullins, l’hommage à Zappa qu’a mijoté le vibraphoniste Franck Tortiller (15/10) ou les morceaux brillants et gourmands du saxophoniste Émile Parisien, inspiré de Coltrane, Coleman et Shorter (16/10). En clôture, les deux saxophonistes fans de hard bop, Thomas Ibanez et Grant Stewart, dialogueront en quintet (20/10). Point commun à toutes ces soirées ? Un gros appétit de notes bien balancées ! F.R. Rhino Jazz(s) Festival Divers lieux Loire et Rhône rhinojazz.com

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Valentin Campagnie©

déambulations

max romeo

23.10.19 | 20H30

Elle a bon dos la messe ! Le Jack Jack à Bron nous rappelle à son bon souvenir et annonce un trimestre sous des auspices carrément rock. Dans la série garage, c’est le rockeur ténébreux Jim Jones qui s’y colle. Après avoir œuvré avec son gang tapageur The Revue – splitté en 2014 –, il renaît, tel un phénix, avec The Righteous Mind, guitare, piano et batterie au menu. Le combo a déjà lâché sa deuxième galette CollectIV, en mars dernier, qui pétarade sec. Des guitares, des ambiances bien fermentées entre métal et blues, des tempos plombés, des vociférations, mais aussi de vraies chansons de crooner : Jim Jones n’est pas là pour amuser la galerie et va faire trembler les murs. Ce sont les amis de Cold Fame qui organisent cette sixième… messe sous haute tension. A.H.

TuMinhTan©

Jack Jack, Bron jackjack.fr

24.10.19 | 20h30

À CORDES ET À CRIS 1980, Brigitte Giraud a dix-sept ans. Elle vit à Rillieux-la-Pape, où naît Carte de Séjour. Les enfants de la "deuxième génération" et la fille d’ancien appelé d’Algérie ne se quitteront plus. 2019, Brigitte Giraud, romancière reconnue, crée Rachid Taha, la brûlure, lecture musicale en hommage à son ami disparu. Un récit de résistance, étreint par le blues du guitariste Christophe Langlade. Des mots, des grincements, des frottements, le mélange, forcément. Le duo qui, aux côtés des musiciens de Carte de Séjour, ravive des souvenirs (plus ou moins) familiers de concerts et de luttes. (Projection et lecture musicale) L.D. Le Périscope, Lyon 2e periscope-lyon.com

17.10 au 19.10.19 | 20h30

MAGIC MAGYD Ses textes, ses musiciens, la cause fraternelle chevillée au corps, c’est le combo gagnant que propose Magyd Cherfi au public d’ A Thou Bout d’Chant. Celui qui fut la voix engagée et motivé(e) de Zebda trace avec succès sa route en solo, en tant qu’écrivain, chanteur et acteur. À l’arrivée, trois livres sous sa plume, dont Ma part de Gaulois, dans la première sélection du Prix Goncourt 2016, et un dernier album Catégorie reine sorti en 2017. La musique et les mots, l’homme est un artiste complet. E.B. brigitte fontaine

A Thou Bout d’Chant, Lyon 1er athouboutdchant.com

18.10.19 | 21H Rod Maurice©

On connait la chanson Nouvelle Vague continue de faire des reprises (pas toujours réussies, certes) en version bossa ou calypso (pour faire vite) de titres emblématiques (ou moins) du répertoire new wave et postpunk. Marc Collin et Olivier Libaux sont des mordus de l’époque. De P.I.L. à Cure, de XTC à Joy ou Sisters of Mercy en passant par Depeche Mode, Blondie, Buzzcocks, Cramps, Daho, Jad Wio ou les Rita Mitsouko, on ne compte plus les chansons passées à la moulinette et relookées à la sauce du collectif parisien aux voix multiples. Too Drunk To Fuck chanté par Camille est toujours aussi plaisant dans ce répertoire totalement décalé. Pour fêter ses quinze ans, le groupe renoue avec son show originel de 2004. Épuré et délicatement chaloupé. Avec une guitare acoustique et quelques claviers qu’accompagnent deux chanteuses : Phoebe Killdeer et Mélanie Pain pour la date de Bourgoin. A.H. nouvelle vague

Les Abattoirs, Bourgoin-Jallieu (38) lesabattoirs.fr 23

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Ode à la mélancolie

25.10.19 | 20H30

POP ATTITUDE Sans doute n’aurait-on pas parié un kopeck sur la musique de cette "fille de" ! Pourtant prenez le temps d’aller écouter ses ballades folk bluesy mélancoliques et laissez-vous troubler par sa voix rocailleuse délicieusement ébréchée. C’est avec Places (2012), parrainé par un certain Étienne Daho (un ami de la famille !), et des chansons folk un peu dark que Lou Doillon se fait remarquer. La suite passe par une collaboration avec l’exigeant chanteur de Timber Timbre (belle référence) : Lay Low (2015) est un opus dépouillé aux couleurs folk blues et americana qui s’accordent à merveille avec son chant éraillé. Tonalité carrément pop pour Soliloquy (2019), avec des sonorités plus synthétiques et clinquantes. Pas sûr qu’on aime cette Lou-là. On préfère de loin celle plus fragile et folk des débuts avec ses chansons cabossées. A.H. L’Épicerie Moderne, Feyzin epiceriemoderne.com

Duarte Photographie©

déambulations

25.10.19 | 20h00

Avec ce huitième album solo, Bleue (2019), et dont l’intégralité des textes est en français, Keren Ann prouve – si cela était encore nécessaire – son talent à sonder le délitement des choses, la fugacité des sentiments, le caractère mouvant de ce que l’on croyait fixe. Dans cette délicate ode à la mélancolie, l’artiste semble avoir puisé depuis les profondeurs aquatiques de quoi donner à chaque morceau les contours d’une folk douce-amère. Comme une vague, elle happe celui qui l’écoute pour ne plus jamais le lâcher. Son passage au Toboggan est l’occasion parfaite pour se laisser chavirer. V.A. Le Toboggan, Décines letoboggan.com

Johnny Mafia

30.10.19 | 20h30

Non, le rock n’est pas mort Ils font partie de cette jeune garde française qui fait du garage-punk pied au plancher. Bourguignons de Sens (« la capitale du monde »), ils se revendiquent comme les rejetons des Ty Segall, Jay Reatard et autre Thee Oh Sees. En cinq ans, ils n’ont pas amusé le terrain, avalant tournées, festivals tous azimuts et partageant la scène avec quelques cadors du genre (Parquet Courts, Jim Jones Revue, Nashville Pussy, Boss Hog, etc.). Johnny Mafia a aussi enregistré son deuxième album, Princes de l’amour, avec Jim Diamond, producteur des Dirthbombs et White Stripes. Sur scène, ça cogne fort, les guitares fuzzent, les riffs sont assourdissants et le chant hurlé à deux voix vous en met plein les oreilles. On n’a pas le temps dire ouf que c’est presque fini, les pogos en plus. Avec Not Scientists en tournée pour la sortie d’un 45t commun. A.H. Ninkasi Kao, Lyon 7e ninkasi.fr

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28.10.19 | 21H

Agent side grinder

Souffle gothique Les géants de l'électro-rock suédois Agent Side Grinder sont de retour à l’occasion de la sortie de leur cinquième album A/X. Sons métalliques, lignes de basses contagieuses, mélodies de synthés rapides pour morceaux puissants, Agent Side Grinder fait déjà figure de classique de l’underground suédois. Durant leurs performances live, krautrock et post-punk fusionnent en une électro gothique doublée d’un sens maîtrisé de la new wave et des mélodies qui ne sont pas sans rappeler Depeche Mode. Quant à leur usage quasi exclusif d’instruments analogiques, et de machines maison, impossible de ne pas penser à Joy Division ou Einstürzende Neubauten. V.A. Sonic, Lyon 2e SonicLyon 24


l'arkuchi du mois Jean Louis Fernandez©

musique, littérature, bd, cinéma… L’Arkuchi du mois attrape en un clin d’œil ce qui nous fait vibrer.

Dans le Sertão brésilien, le village de Bacurau enterre sa matriarche avant de disparaître mystérieusement des cartes. Coupé du monde mais pas des radars de l’élite locale et de touristes gavés de dollars, le coin désertique devient le terrain de jeux assassins. Après Aquarius, Mendonça balance une nouvelle salve contre les délires capitalistes et identitaires des dirigeants, dans un mélange des genres audacieux. Quand la communauté, ivre d’indépendance (et autre substance) rentre en résistance, le ton quasi documentaire vire au western horrifique. Hommage aux maîtres de l’anticipation jusqu’aux synthés de Carpenter à la BO, Bacurau est avant tout un film sud-américain, politique, écologique et d’actualité. L.D. Bacurau Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles Brésil, France - 2h12 - SBS Distribution Sortie nationale : 25 septembre

La team du Zèbre (le webzine croix-roussien) a sorti fin juin un chouette bouquin. Je suis souterrain raconte 40 groupes de la scène underground des 40 dernières années en 40 images. Beaucoup de photos de scènes sur le vif et des textes parfaitement subjectifs, rigolos et tout sauf nostalgiques. Rock, punk, batcave, hip-hop, dub : il y a du beau monde même si certains groupes sont passés à la trappe. On se replonge avec bonheur dans ces années-là. R.G. Je suis souterrain – La scène lyonnaise en nage, en rage et en images, 1980-2020 Les Éditions du Zèbre – Parution : 28 juin (en vente, Librairie Le Livre En Pente) lezebre.info

Une chambre d’hôtel. Une femme s’y précipite. Par la fenêtre, elle épie son mari qu’elle vient de quitter. Va-t-elle ou non mettre un terme à des années de vie conjugale ? Et la chambre de se peupler de fantômes… Comédie diablement efficace sur l’usure du couple et les délices de la séduction, Chambre 212 de Christophe Honoré, offre un retour mélancolique sur l’impossible reset, la superposition des strates de la vie. Chiara Mastroianni superbe et Benjamin Biolay à contre-emploi, très émouvant. T.M. Chambre 212 de Christophe Honoré (France – 1h30) Sortie nationale : 9 octobre

Philosophe polémiste, disciple de Parménide, Zénon d’Élée a été depuis l’Antiquité traité de tous les noms : cruel Zénon, palamède d’Élée, "amphotéroglôsse"... Autant de louanges ou de blâmes qui trahissent la difficile réception d’une pensée atypique. L'auteur lyonnais Nicolas Pineau, livre un premier essai, La Cigale par les ailes [Zénon d’Élée par ses surnoms], aussi étrange que séduisant : une monographie du présocratique à travers ses surnoms. Il y démêle histoire et légende – de Platon à Deleuze et Nietzsche – et carambole avec bonheur philosophie antique, littérature contemporaine et histoire de l'art. M.J. La Cigale par les ailes [Zénon d'Élée par ses surnoms] de Nicolas Pineau

Éditions Æthalidès – Parution : 30 avril 25

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Lettres & Ratures

aventurier de l'archive perdue

Par Marco Jéru Photo Gilles Desrozier

Conservateur à la Bibliothèque nationale, chroniqueur au Matricule des Anges, éditeur dans de nombreuses maisons (notamment de La Littérature sans estomac à l’Esprit des Péninsules), Éric Dussert, après avoir dirigé L’Alambic, une collection de rééditions d’introuvables et de curiosa, poursuit son travail chez l’excellent éditeur L’Arbre Vengeur. Une drôle d'activité qu’il évoquera au Livre en Pente.

« Les textes, si on ne va pas les lire, ils ne vous sautent pas dessus. » Qu'on se le tienne pour dit : l'invention de la littérature est avant tout histoire d'effort. Se contenter du Lagarde & Michard ou du Laffont-Bompiani équivaut à accepter qu'il n'y ait que 2 % de femmes dans l'histoire de la littérature – quand bien même elles l'ont en bonne partie inventée – et bien peu d'auteurs détonants en général, numéro 11 - octobre 2019

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la conservation étant par définition affaire de conservateurs sinon paresseux, peu anarchisants. Aux esprits rudes peu enclins à se reposer sur les lauriers de la bien-pensance académique, il apparaît de toute première nécessité de défricher les broussailles de la littérature et de susciter cette espèce dite en voie d'extinction : les lecteurs. Prodiges prodigues,


lettres & ratures

Le Livre en Pente Lyon 1er 12 octobre

intercesseurs des marges, ces « orpailleurs à la ligne » sacrifient leur temps (et leur vue) à plus de clarté commune. De la même manière que le Collège de Pataphysique est né pour pallier l'absence de travaux sur Rimbaud, Lautréamont et Jarry, Éric Dussert explore les angles morts de la chose écrite, étudie les conditions de réception des œuvres et des auteurs, recrée la vie littéraire et les interactions entre les arts et les époques. Parmi ses marottes, citons les revues littéraires, les anthologies, le haïku, la littérature populaire, la littérature « brute », les mystifications littéraires, les utopies et les uchronies, la bibliographie littéraire (et ses recoins secrets), voire quelques grand(e)sécrivains-en-devenir d’aujourd’hui... Grâce à cette patiente besogne, des auteurs négligés, enfin réédités, reprennent vie. Et l'histoire de la littérature de reprendre corps. Un corps autre. Ainsi, en 2013, Éric Dussert publie à La Table ronde Une Forêt cachée, qui brosse le portrait de 156 écrivains dits mineurs. Cinq ans plus tard, Cachées par la forêt présente 138 femmes écrivains, elles qui furent longtemps cantonnées à la littérature pour enfants, aux manuels de bonnes manières, à la poésie et à la gynécologie – surtout pas d'impertinence ni de mots d'esprit ! L'occasion de (re) découvrir Christine de Pisan, Marguerite Audoux, Lil Boël, Rose Celli, Christiane Rochefort et tant d'auteurs mises sous le tapis. Loin des troupeaux imbéciles qui sacrifient toute lecture à l'actualité et pensent que « si ça se vend, c'est que ça plaît donc que c'est bon », Éric Dussert nous convie à gonfler la voile vers de nouveaux archipels et à reprendre langue, histoire et commune humanité. « La vie est trop courte pour s'embarrasser de petit bois. On ne bavarde pas, on parle. On n'essaye pas d'exister, on vit. C'est toute la différence entre Virginia Woolf ou Jack London et certains de nos aspirants "auteurs" qui en sont bien dépourvus, de hauteur ». Avis aux "âm-auteurs"... 27


mgm©

7e art

CASTING DE RÊVE

Belle de saigon (1932)

Francis Ford Coppola, Bong Joon-ho, des pépites ressuscitées : l’affiche du 10e Festival Lumière est belle pour célébrer encore plus fort la mémoire du cinéma. Par Emmanuelle Babe

Festival Lumière Divers lieux, Lyon et Métropole 12 au 20 octobre festival-lumiere.org

Un réalisateur monument absolu, l’âge d’or du Hollywood sulfureux, le dernier des muets sorti de l’oubli, un invité d’honneur palmé d’or… Le Festival Lumière 2019 ne redoute pas les superlatifs. À commencer par le Prix Lumière : Francis Ford Coppola. Cinq Oscars, deux Palmes d’or, quatre-vingts ans dont soixante passés à construire une œuvre magistrale, à la fois dantesque et intimiste. Outre la remise du Prix, figurent à l’affiche de cet hommage lyonnais une rétrospective, une « conversation », une Nuit avec Le Parrain et une version remontée du film-culte, Apocalypse Now Final Cut. Le réalisateur américain est en tête d’une belle liste d’invités : Bong Joon-ho (Palme d’or 2019 pour Parasite), Frances McDormand, Marco Bellochio, Daniel Auteuil, Ken Loach… animeront des master class. Marina Vlady également, devenue icône glamour en 1954 en héroïne d’Avant le déluge d’André Cayatte. Le festival consacre une rétrospective à cet avocat parisien devenu réalisateur

passionné, engagé et non-conformiste. Une seconde rétrospective (Forbidden Hollywood) lèvera le voile sur les œuvres tournées entre 1930 et 1934, année d’entrée en vigueur du Code Hays qui fit régner la morale dans les productions hollywoodiennes. Quatre ans de folle subversion. Reconnu pour l’intérêt qu’il porte à la dimension patrimoniale du 7e Art, le festival crée pour ses dix ans le label Lumière Classics, destiné à accueillir les plus beaux films restaurés de l'année. Un jury sera chargé d’apprécier le travail de restauration. Attaché à cet esprit « fabrique », le festival présente deux pépites ressuscitées : Dans la Nuit de Charles Vanel, le dernier film muet français, tourné dans l’Ain en 1929, et le mythique La Roue d’Abel Gance. La restauration de cette fresque lyrique de sept heures, projetée en deux parties, est présentée en avant-première mondiale, à Berlin et à Lyon.

LA ballade de jim Après la rétrospective, cet été, de ses six premiers films en versions restaurées, Jim Jarmusch est programmé, en octobre, dans de nombreuses salles (26) du réseau GRAC. L’occasion de revoir trois de ses films. Down by Law (1986) et ses travellings latéraux de paysages de banlieues, sur une chanson de Tom Waits, sont d’une grande "poésie-Beat". Trois personnages un peu paumés, incarnés

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par Tom Waits, John Lurie et Roberto Benigni, se retrouvent dans une même cellule et s’en évadent. C’est le début d’une longue errance dans les marais du bayou. Avec la photographie en noir et blanc de Robby Müller, ce film sur le langage et ses limites est à redécouvrir. Roberto Benigni et son coup du lapin sont un moment d’anthologie du cinéma ! N.R.

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CINÉCOLLECTION BUZZ OFF... JIM JARMUSCH STRANGER THAN PARADISE (1984) DOWN BY LAW (1986) DEAD MAN (1995) Jusqu’au 28 octobre grac.asso.fr


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c'était mieux avant

LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES (1961)

MARLON BRANDO

LE FEU sous LA GLACE Par Nikki Renard

Avec un jeu absolument novateur, Marlon Brando influença toute une génération d’acteurs, de Al Pacino, Robert de Niro à Andy Garcia. écorché vif et insaisissable, sa carrière, à l’image de sa vie, sera jalonnée d’énormes succès et de scandales retentissants. Quinze ans après sa disparition, son pouvoir de fascination demeure intact.

Sex-symbol dès ses débuts en 1951, grâce au brûlot Un tramway nommé Désir réalisé par Elia Kazan, Brando devient une star planétaire. Il retrouve le réalisateur dans Sur les Quais (1954) et reçoit l’Oscar du meilleur acteur l’année suivante. Cette image de sale gosse rebelle, dans L’équipée sauvage de Laszlo Benedek (1953), moto Thunderbird et casquette en cuir, est si iconique qu’on ne compte plus ses représentations. Elvis Presley, Kenneth Anger ou plus récemment Étienne Daho. Brando est un si beau monstre, qu’il détruit au fil de sa vie cette gueule et de ce métier qu’il démystifie sans relâche. Si les années cinquante l’ont consacré, la décennie suivante sera impitoyable. Il faut attendre les années soixante-dix pour le voir renouer avec le succès dans Apocalypse Now (1970) puis Le Parrain (1972) de Coppola, et enfin Le Dernier Tango à Paris de Bertolucci (1972) qui fit scandale.

Avec Le Parrain, ambitieux projet pour un jeune réalisateur, Coppola voit grand, il réussit avec maestria cette grande fresque familiale devenue un classique. Il ne s’est pas trompé dans son casting en imposant Brando aux producteurs. Il interprète un Don Corleone, patron de la pègre, avec une économie de moyens qui suscite l’admiration. Une véritable performance d’acteur comme on en voit rarement. Sa diction si particulière, comme un râle, le place au rang d’animal, blessé. Brando convoque la peur autant que la bravoure dans ce rôle taillé à sa démesure, en grand chef de famille qu’il veut protéger. Ce n’est pas un hasard si les grandes stars italoaméricaines figurent dans la saga du Parrain que nous propose de revoir le festival Lumière.

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La Nuit du Parrain (Le Parrain 1Le Parrain 2 Le Parrain 3) 19 octobre à 20h30 Halle Tony Garnier Lyon 7e Apocalypse Now (Final Cut) 20 octobre à 15h Halle Tony Garnier Lyon 7e Un si beau monstre François Forestier Albin Michel 2012

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cuisine-moi

au marché • 4 burratas • 300 g de courge et 1 carotte coupés en dés • 2 oranges • 200 g de roquette

... la Burrata

• 4 c. à soupe de pistaches • 1 gousse d’ail • 4 à 5 feuilles de sauge • 10 cl d’huile d’olive • Sel, poivre

Les déjeuners en terrasse se sont fait la malle. Le palais ému, on repense à cette tomate-mozza du café du coin : où est-elle ? Que fait-elle ? Existe-t-on encore pour elle ? Basta, place à l’été indien ! Jetons plutôt notre dévolu sur la burrata, bien plus gourmande, et servons-la avec une gremolata* de roquette à l’orange.

cogite-toi

4 personnes

A

15 minutes

B C D

Claudia Cardoso©

Par Claudia Cardoso

5 minutes

E

F G H

I

On ébouillante 80 g de roquette, on rafraîchit et on égoutte bien. Puis on mixe avec l’ail, l’huile d’olive, sel et poivre, le zeste d’une orange. Maintenant faisons-lui la peau, à l’orange ! Retirons-lui sa robe et sous la dentelle, glissons la lame du couteau quartier après quartier, pour ne garder que le fruit dans son plus simple appareil. Le reste de roquette est assaisonné du jus de l’autre orange, d’un peu d’huile d’olive et de sel. Puis la carotte et la courge entrent en scène : blanchies, elles s’offrent à la sauge ciselée et… à la poêle, pour quelques minutes. Dans l’assiette, une généreuse cuillerée de gremolata recouverte de légumes poêlés, de feuilles de roquette et de quartiers d’orange. Enfin la burrata, arrosée d’un filet d’huile d’olive, de fleur de sel, et de pistache hachées. Et si c’était ça, l’été indien ? Mais ça ne nous fera pas revenir Joe Dassin… Ni les tomates. Zaï zaï zaï zaï ! *Condiment italien traditionnellement fait à partir de citron, d’ail et de persil

J

HORIZONTALEMENT

1

1. Plus éprouvant qu’un marathon. 2. Plus vicieuse que la ruse. Marque de lieu. 3. Anobliras peut-être ? 4. La bonne norme. Perdis complètement pied. 5. Bien lustrée. Lointaine origine porcine ! 6. Parfaitement désagréable, ou mélodieuse, c’est selon… Serpents emmêlés. 7. Ordre social de la Rome antique. Ponia DuMont 8. Pour le maçon, inclinée voire verticale. Existes. 9. Assemblée féminine… On en tombe très étonné. 10. Bien apprise. État de ravissement solutions arkuchi 10 quasi mystique.

2 3 4 5

VERTICALEMENT

6

A. Causées par la méduse ? B. Espace de liberté. Petit métal. C. Formatrice et éducatrice. D. Circule quotidiennement, en tout sens. Juge aux Enfers. E. Espace de combat physique ou verbal. Des morts… disloqués. F. Étendit. Grande ouverte. G. Ne restent pas passifs. H. Confère à ses hôtes un certain train. Assemblée d’États. I. Personnel singulier. Aimées très fort. J. Rendue. Ouverture au violon.

7 8 9 10 numéro 11 - octobre 2019

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F E S T I V A L S

I E VR N L I A V E L T V E T RON E E N I S S E Z E S O D F N A I N E

E US E S N T ME E R AN EME N T E T A I E D I T UN I E US SO L O E NU S E S T


street art

polka Par Graphull

Les petits monstres dansants de POLKA sont lâchÊs dans la ville !

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où trouver

Bourg-en-Bresse  Musée du Brou. Tannerie. Théâtre de Bourg-en-Bresse.  Bourgoin-Jailleu  Les Abattoirs. Musée de Bourgoin.  Bron  Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. MJC Louis Aragon. Pole Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II.  Caluire-et-Cuire  Bibliothèque municipale. Cinéma le Méliès. Le Radiant-Bellevue.  Chassieu  Le Karavan Théâtre.  Corbas  Le Polaris.  Dardilly  L'Aqueduc.  Décines  Centre de la Mémoire Arménienne. Le Toboggan.  écully  écully Cinéma.  Feyzin  L’Épicerie Moderne.  Irigny  Le Sémaphore.  L’Isle-d’Abeau  La CAPI.  La Mulatiere  Aquarium de Lyon.  Lyon 1  À chacun sa tasse. L'Antirouille. À Thou bout d’chant. Bar 203. Bar à vin. Bistrot Chardonnet. Boîte à café. Bomp. Cabane café. Café des Capucins. CAUE Lyon Métropole. Cinéma Opéra. Condition des Soies. Dangerhouse. Drac. Ecoworking. ENBA. Espace 44. Galerie AMR Pallade. Galerie Céline Moine. Galerie Mathieu. Galerie Paul Ripoche. Galerie PomeTurbil. Galerie Le Réverbère. Le Gargagnole. Hemingway’s. Ho36 Terreaux. La BF 15. Librairie Archipel. Librairie À titre d’aile. Librairie Le Bal des Ardents. Librairie le Livre en Pente. Librairie Le Tasse-Livres. Jarring effects. Kraspek Myzik. Mapra. Mas Amor. Médiatone. Musée des Beaux-Arts. Musicalame. Le Nombril du Monde. Opéra de Lyon. Original Watt. Le Perko. La Pinte douce. Radio Canut. Le Romarin. Sofffa Terreaux. Les Subsistances. Théâtre de L’Accessoire. Théâtre Les Clochards Célestes. Technoir. Tikki Records. Trokson. Unique en série. Les Valseuses. Vins Nature. Le Voxx.  Lyon 2  Archives municipales. Bar Petit Grain. Centre national de la Danse. La Cloche. Docks 40. ESMA. Fondation Bullukian. Goethe Institut. MJC Confluence. Mob Hôtel. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Librairie Passages. Musée des Confluences. Périscope. Région A.R.A. Sitio/Superposition. Théâtre Comédie Odéon. Théâtre des Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. Université catholique de Lyon.  Lyon 3  Auditorium de Lyon. De l’Autre côté du pont. Archives départementales. Café du Rhône. Gnome et Rhône. Hooper. IFRA. Librairie Esprit Livre. Librairie du Tramway. La Métropole de Lyon. Pôle Emploi Scène et Images. Poltred. Salle des Rancy. Taverne Gutenberg.Théâtre Improvidence.  Lyon 4  Aquarium Ciné Café. L’Assiette du vin. Aux Gogniols. Bistrot du Boulevard. Bistrot fait sa Broc. Le Canut et les Gones. Capucine bazar. Collectif la Machine. Comptoir du vin. Le Déjeuner. Diable Rouge. Drôle de Zèbre. Les Enfants du Tarmac. ENFIP. Galerie Vrais Rêves. Le Grain de Folie. L’Instant. IUFM. Labelalyce Librairie La BD. Le Modern Art Café. Ninkasi Croix-Rousse. Ô Vins d’anges. L'Oiseau sur la branche. Paddy's Corner. Le Petit Troquet. La Soierie. Théâtre de la Croix-Rousse. Théâtre Sous le caillou. La Valise d’Elise. Villa Gillet. Vivement Dimanche. La Voguette.  Lyon 5  Le Bar Bu. Brasserie du Doyenné. CRR de Lyon. CNSMD. Collège Hôtel. École du Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. La Gargouille. Instituto Cervantès. Librairie Virevolte. La Mi Graine. MJC du Vieux-Lyon. MJC Saint-Just. Musées Gadagne. Musée Gallo-romain. Ninkasi Saint-Paul. Le Sonic. Théâtre du Point-du-Jour.  Lyon 6  L’Apéro Rock. L’Astragale. Café Chloé. Musée d’Art Contemporain. L’Odyssée. Le Tout Petit Café.  Lyon 7  Arts en Scène. Atelier Garage. Bibliothèque Diderot. Le Bistroquet. Café 76. Centre Berthelot. CHRD. Cinéma Comœdia. La Commune. Court-circuit. ENS. L’Elysée. Les Fauves. La Fourmilière. Galerie Tator. Ho36 Montesquieu. Halles du Faubourg. IEP. L’Indocafé. Le Mondrian. Librairie Bédétik. Librairie Rive gauche. Librairie Terre des Livres. Librairie La Voix aux chapitres. Mama Shelter. Ninkasi Kafé. Le Petit Bouclard. Le Petit café rose. Pimpon bar. Les Raffineuses. Sofffa Guillotière.  Lyon 8  Faculté de médecine. Institut Lumière. Maison de la Danse. MJC Monplaisir. NTH8. Salle Genton.  Lyon 9  Au Bonheur des ogres. Campus René Cassin. Ciné Duchère. CNSMD. L’Attrape-Couleurs. La 9e Bulle. Médiathèque de Vaise. MJC de la Duchère. Ninkasi Vaise. TNG.  Mâcon  Cave à Musique. Cinéma Le Marivaux. Le Cadran Lunaire. Mâcon Scène nationale.  Miribel  L'Allégro.  Mornant  Espace Jean Carmet.  Oullins  La Mémo. MJC d’Oullins. Le Syndrome Peter Pan. Théâtre de la Renaissance.  Pierre-Bénite  Maison du peuple.  Portes-Lès-Valence  Train-Théâtre.  Rillieux-la-Pape  CCNR. Espace culturel Marcel André. Médiathèque. MJC O Totem. Piscine du Loup Pendu.  Saint-étienne  Cité du Design. La Comédie de Saint-Etienne. Le Fil. Le MAMC.  Saint-Fons  Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Centre d’arts plastiques. Théâtre Jean Marais.  Saint-Genis-Laval  La Mouche. Médiathèque. B612  Sainte-Foy-lès-Lyon  Ciné Mourguet.  Tassin-la-Demi-Lune   Théâtre L'Atrium.  Vaulx-en-Velin  Centre culturel Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. École d'architecture. ENTPE. Planétarium.  Valence  Comédie de Valence.  Vénissieux  Bizarre ! Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux.  Vienne  Théâtre de Vienne.  Villefontaine  Théâtre du Vellein.  Villefranche-sur-Saône  Auditorium. Cinéma Les 400 Coups. Conservatoire. Librairie des Marais. Médiathèque Mendès-France. Musée Paul Dini. Théâtre de Villefranche.  Villeurbanne  Atome Village. Bieristan. Campus de la Doua. CCO. CCVA. Cinéma Le Zola. Galerie Domus. Double Mixte. ENMDAD. Espace Info. Espace Tonkin. IUFM. IUT B. Librairie Lettres à Croquer. La MLIS. Pôle Pixel. Studio 24. le Rize. Théâtre Astrée. Théâtre de l'Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. Le Totem. Transbordeur. URDLA... ainsi que dans la plupart de vos mairies, bibliothèques, MJCs, espaces de coworking...

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