nov. 2019
mensuel gratuit
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Vivre des expériences
arkuchi.com (en construction) Novembre 2019 n° 12 Mensuel gratuit Lyon, Métropole & Rhône-Alpes Edité par ArKuchi, 18 rue de Belfort, Lyon 4
Direction de la publication Rédaction en chef Anne Huguet - 06 13 07 06 97 Secrétariat de rédaction Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Valie Artaud, Emmanuelle Babe, Jérôme Bertin, Claudia Cardoso, Lucie Diondet, Ponia DuMont, Graphull, Émiland Griès, Marco Jéru, Karim Kal, Trina Mounier, Enna Pator, Nikki Renard, Florence Roux, Laurent Turrel, Nans Vincent Illustration de couverture Delphine Balley Publicité contact.arkuchi@orange.fr 06 13 07 06 97 Conception et mise en page Impression : FOT
La rédaction n’est pas responsable des textes et photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés.
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Invitée du mois Delphine Balley
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Bêtes de Scènes
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Trajectoires Arnaud Meunier
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Déambulations Arts visuels
BÊTES DE SCÈNES .10
Olivier Maurin s’en prend à Dom Juan
Jean-Marc Avocat Le rôle d’une vie
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L’ArKuchi du Mois
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20 sur Vin Le 3e Fleuve à Lyon
Fokus
Déambulations Musiques
lES MONDES FANTASMAGORIQUES de Delphine Balley
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C’était Mieux Avant Bulle Ogier
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Street Art by Graphull ZORM
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Cuisine-Moi Cogite-toi
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Lieux de diffusion
carte blanche
Les «fenêtres» de Karim Kal Jérôme Bertin©
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BÊTES DE SCÈNES .06
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Tirage : 15 000 ex. Dépôt légal à parution – ISSN : 2646-8387
Abonnement 9 numéros par an = 27 eur.
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Un duo... bricoleur de génie
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Clotilde B, Série Histoires vraies. 2007
SUCCESS STORY .26
LETTRES & RATURES .28
LES 40 ANS DU FESTIVAL DU COURT À VILLEURBANNE
Thomas Piketty et les autres à Mode d’Emploi
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numéro 12 - novembre 2019
Delphine Balley©
contact.arkuchi@orange.fr
Sébastien Dumas©
À LA MOULINETTE
Micro Mondes
novembre 2019
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à l'affiche .04
à l'affiche
Micro Mondes
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Immersion
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MICRO MONDES Festival des arts immersifs 19 novembre au 1er décembre tng-lyon.fr
À l’abordage
Avec la cinquième édition du festival Micro Mondes, le Théâtre Nouvelle Génération (TNG) replace l’immersion au coeur du théâtre, pour réduire la distance entre le spectateur et l’œuvre… Ou comment l’immersion prend d'assaut le quatrième mur1. Par Florence Roux Photo Thomas Dhanens
Qu’est-ce que l’immersion ? Céline Le Roux – À la création du festival en 2011, l’idée était de mettre en avant des œuvres vivantes avec des dispositifs scéniques qui aident à y entrer. Cette expérience peut aller de la simple contemplation à l’action, avec participation active du public. Avec des outils numériques ? C. L. R. – Pas forcément : l’immersion suppose simplement l’inclusion du spectateur dans le décor, l’annihilation de la distance entre l’œuvre et le public, sans quatrième mur. Ainsi, dans Buchettino, créé par Chiara Guidi, les spectateurs écoutaient l’histoire du Petit Poucet depuis des lits alignés dans une salle en bois, où résonnaient des sons de l’histoire, sans artifice numérique. Les nouvelles technologies, elles, permettent d’expérimenter la réalité augmentée, de créer un trouble entre le réel et le virtuel… Dans le Bardo de la compagnie Haut et Court, le spectateur cheminait seul d’une salle à l’autre, sans toujours savoir si la personne face à lui était réelle ou virtuelle. Quelles immersions offrira cette cinquième édition ? C. L. R. – Diverses. Ainsi l’œuvre de Joris Mathieu et Nicolas Boudier, dans le cadre d’une exposition2 sur la prison au Musée des Confluences, propose un parcours virtuel pour découvrir sensiblement la vie en cellule ou au parloir. Sur le plateau du TNG, adultes et enfants pourront cheminer dans La Maison géante de Inne Goris, qui raconte l’histoire numéro 12 - novembre 2019
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d’une fille et de sa mère. Dans Céto, le collectif INVIVO entraîne les plus petits à découvrir les fonds marins en compagnie d’une scaphandrière, avec un dispositif à 360°. L’expérience repose-t-elle sur le numérique ? C. L. R. – Mais pas que. Le sol est composé d’éléments à toucher pour les enfants, il y a des diodes, de la laine et des scratches… Quant au dernier spectacle £¥€$ (prononcer “Lies”, ndlr) de la compagnie flamande Ontroerend Goed, il propose aux spectateurs de s’installer autour de l’une des douze tables de casino installées sur scène, et de jouer au banquier, avec des comédiens croupiers. On est immergé, dans le jeu, dans une spirale d’achats et de spéculation qui donne le vertige. Quels sont les deux autres rendez-vous ? C. L. R. – Deux sorties de résidence. Philippe Gordiani teste, avec sa prochaine création à l'origine fût la vitesse, un dispositif scénique qui travaille sur le vent d'après un texte d’Alain Damasio, La Horde du Contrevent. Et la compagnie Ersatz installe un théâtre sur une table trouée, dans laquelle on passe la tête pour voir la scène. Il est fondamental de remettre le sensible au cœur des choses pour vivre des expériences dont on gardera longtemps des empreintes. 1 2
Au théâtre, "mur" imaginaire séparant symboliquement les acteurs et les spectateurs. Prison, au-delà des murs, jusqu'au 26 juillet 2020.
Karim Kal ©
bêtes de scène
Olivier Maurin
Après deux pièces du dramaturge russe Ivan Viripaev, Illusions – un bijou de quatuor âpre mais doux, drôle et glaçant – et Ovni, voilà qu’Olivier Maurin et ses compagnons s’en prennent à Dom Juan de Molière. Un classique, son premier, qui « a du souffle ». Par Florence Roux Photo Jérôme Bertin
Dom Juan TNP Villeurbanne 13 novembre au 7 décembre La Mouche Saint-Genis-Laval 14 mai
Pourquoi avoir choisi Dom Juan ? Olivier Maurin – Sortant d’une répétition, je regardais marcher Arthur Fourcade et Mickaël Pinelli Ancelin et je me suis dit qu’ils seraient la distribution idéale de Dom Juan et Sganarelle, avec Clémentine Allain en Elvire. Après deux spectacles de monologues entremêlés, nous voulions revenir à une forme dialoguée. J’ai découvert cette langue moderne, contrastée avec des temps de comédie et des scènes plus profondes, métaphysiques, qui questionnent nos croyances. Quel est votre Dom Juan ? O.M. – J’essaye de ne pas trop le penser en amont, pour ne pas le figer. Il a tant de facettes : fascinant, séduisant sans qu’on sache pourquoi, terrifiant, prédateur. On ne sait jamais dans quel méandre de cette psyché-là on entre ! Nous tentons de le jouer dans la vitalité de Molière, dans
cette langue comme une rivière sinueuse. Au-delà de la figure de Dom Juan, son duo avec Sganarelle est aussi central. Ils existent ensemble : l’un transgressif et sans empathie et l’autre à la fois critique et fasciné. Comment (le) travaillez-vous ? O.M. – Pour nous, ce travail est aussi une rencontre avec Molière. Et tout passe par le souffle d’un texte, le souffle d’un auteur qui était d’abord comédien. Nous essayons de reproduire la force de ce texte-là, plutôt que de le penser, pour retrouver cette respiration et la singularité d’une vitalité. Nous nous sommes beaucoup documentés en amont, notamment pour connaître le contexte de création de la pièce et son artisanat. Ensuite, je suis passé très vite au plateau, en liberté, pour faire résonner le texte dans les corps. Puis, nous verrons. Nous aussi sommes dans l’artisanat.
Et la joie, bordel ! Pippo Delbono s’arrête à Villefranche. L’événement est trop rare pour qu’on n’en profite pas. Il arrive accompagné de sa troupe d’artistes improbables rencontrés au bord des routes : laissés-pour-compte, géants, gueules cassées, fracassés de la vie. Il compose avec eux des spectacles inoubliables qui évoquent d’abord Fellini et sa Strada, mais aussi Pina Bausch ou Tadeusz Kantor, tant ils sont inclassables et reconnaissables au premier coup d’œil.
La Gioia est hanté par un personnage invisible, celui de Bobò, découvert par le metteur en scène il y a plus de vingt ans, abandonné des hommes et de la science, microcéphale*, aveugle, sourd et muet. Pippo Delbono en a fait un immense acteur, il ne cesse de le pleurer. Comment retrouver la joie, comment sortir de tant de douleur ? C’est ce cheminement que raconte La Gioia en un tourbillon d’images bouleversantes. T.M.
*Microcéphalie ou petitesse excessive de la tête par rapport au périmètre crânien moyen d’un individu.
numéro 12 - novembre 2019
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La Gioia Pippo Delbono Théâtre de Villefranche 27 novembre Bonlieu Scène Nationale Annecy (74) 17 et 18 décembre
Par Trina Mounier
bêtes de scène
mythologie d'un combat
Héloïse ou la Rage du réel Théâtre de la Croix Rousse 13 au 16 novembre croix-rousse.com
Photo Vincent Arbelet
Ce fait divers remonte aux années soixante-dix mais est resté dans les mémoires : l’enlèvement de Patricia Hearst par un groupe de révolutionnaires d’extrême gauche, la demande de rançon, puis le ralliement de la jeune femme à la cause de ses agresseurs, la photo d’elle en guérillera qui a circulé en boucle sur tous les médias. Enfin sa défense lors de son procès : non pas complice, mais victime d’un lavage de cerveau. Ultramédiatisée à l’époque, chantée par Patti Smith (Hey Joe…), cette affaire est restée énigmatique et a ouvert de nouveaux champs de réflexion sur les relations otageravisseur qui s’inscrivent en droite ligne d’une plus vaste : maître-serviteur, bourreauvictime. Questions qui touchent au psychologique et au politique, à l’intime comme au collectif. Belle matière à théâtre…
Myriam Boudenia et Pauline Laidet travaillent et tricotent, souvent, ensemble leurs spectacles. Cette fois, Pauline choisit le personnage. Myriam écrit et transpose l’histoire à une époque où les terroristes islamistes ont remplacé les activistes d’hier : Patricia devient ainsi Héloïse. Pauline Laidet, à la mise en scène, interroge le parcours de cette « héroïne », les raisons de la cohérence d’un tel groupe et de sa destruction. Elle montre sur le plateau la frénésie de la cavale, la fuite vers l’abyme. Toutes deux mettent en question l’engagement, le courage, le rapport au pouvoir et à la servitude tels qu’ils peuvent être vécus aujourd’hui. 7
bêtes de scène
APARTÉ Un conte d’aujourd’hui. Carole Thibaut est une « enquiquineuse » féministe et la directrice du CDN de Montluçon. Toutes bonnes raisons de s’occuper de l’éducation des filles. Avec La petite fille qui disait non, elle signe une adaptation moderne du Petit chaperon rouge. On la retrouve au moment de son passage vers l’univers des grandes, en compagnie de deux autres générations de femmes, la mère et la grandmère. Une histoire sur la transmission, les rites de passage, la nécessaire désobéissance pour avancer et les manières de déjouer les pièges de la vie sans renoncer. T.M. 7 et 8 novembre Théâtre de Vénissieux 4 au 7 février Espace Malraux, Chambéry (73)
Géométrie Variable
PLEIN LES MIRETTES
En tension. Dans sa dernière création Otages, Richard Brunel poursuit son exploration du monde des « invisibles ». Il met en scène une femme prise au piège de la vie conjugale et professionnelle dont le « passage à l’acte » va soulever un coin du voile sur son histoire intime. La grande comédienne Anne Benoît incarne cette anti-héroïne qui livre à un interlocuteur anonyme ses sentiments et ses motivations sous la forme d’un puzzle vertigineux. Qui est otage de qui ? Dans quel huis clos est-on enfermé ? Première le 4 novembre. T.M. 4 au 9 novembre Comédie de Valence (26) 27 au 30 novembre Théâtre du Point du Jour
Par Anne Huguet Photo Eva Berten Photography
Le Golden Stage a été créé à la Villette en 2011 : il rassemble la crème des danseurs et chorégraphes hip-hop d’avant-garde. L’occasion rêvée pour (re)découvrir toute la virtuosité et la diversité de cette danse urbaine qui n’a de cesse de se renouveler en sortant des sentiers battus du break, popping ou voguing, styles bien connus par les amateurs du genre. Le désormais Golden Stage Tour convie deux crews – l’un français, l’autre japonais – à sillonner l’Hexagone, incarnant, chacun à leur manière, une vision futuriste de la danse hip-hop, le thème 2019 étant "Futurisme". De quoi s’en mettre plein la vue. D’un côté les frenchies de Géométrie Variable, avec un show assez bluffant, où les corps composent des figures mouvantes quasi architecturales. S’inspirant de géométrie, les cinq danseurs élaborent des mouvements qui altèrent la gravité, inventant au passage d’impressionnants jeux de bras et créant l’illusion. L’autre invité de la tournée est japonais : El Squad débarque à dix sur le plateau obscur. Les dix danseurs et danseuses – dont l’emblématique Yokoi, l’une des figures du hip-hop international – couverts de fils électroluminescents se déplacent dans l’obscurité, flottent, se démultiplient et font le show avec une gestuelle robotique voire cartoonesque. Pendant quarante minutes, les Japonais vous téléportent dans un entredeux fantasmagorique, où se mêlent réel GOLDEN STAGE TOUR et virtuel dans une furie d’effets visuels. Maison de la Danse C’est le rappeur Vicelow de l’ex-Saïan Supa 19 au 21 novembre Crew qui donnera le la avec son flow et sa verve. Idéal pour voir le monde en 3D et maisondeladanse.com en couleurs ! numéro 12 - novembre 2019
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Marina Levitskaya©
LA Chute des anges
Odyssée futuriste. Dans la famille Boitel, on demande la sœur, Raphaëlle, vue chez James Thierrée (La Symphonie du Hanneton) ou Aurélien Bory. La revoilà avec La Chute des Anges, fiction métaphorique qui célèbre la capacité de l’homme à se relever et questionne la manipulation des masses, l’écologie ou la prédisposition de l’homme à l’autodestruction. Son vocabulaire mélange la matière circassienne (contorsion, mât chinois, corde, sangle), la danse, le théâtre dans un spectacle total et vibrant, où la lumière (en clairobscur) et la musique répétitive participent aussi de la trame dramaturgique. À la fois poétique, sensible et d’une grande virtuosité. A.H. 14 et 15 novembre Théâtre de Bourg-en Bresse (01)
bêtes de scène boire
Nicolas Ramond
AUX MANETTES Par Trina Mounier Photo Lorenzo Papace
Nicolas Ramond fait partie de l’équipe des Trois-Huit, en soi une référence, même s’il a fait peu parler de lui ces derniers temps. Le prix spécial du jury Célest’1, décroché par ses deux interprètes dans Ça marchera jamais, l’a ramené sur le devant de la scène. Comment le Théâtre de l’Élysée a-t-il eu l’idée de vous proposer une carte blanche ? Nicolas Ramond – Je cherchais une salle pour accueillir ma dernière création, Ça marchera jamais. C’était avant le Prix Célest’1. D’habitude, les directeurs de théâtre aiment bien voir avant de décider. À l’Élysée, ils ont tout de suite dit oui : le titre les faisait trop marrer. évidemment, ils connaissent Anne de Boissy et Jean-Philippe Salério, ça aide ! Et ils ont poussé l’aventure en me proposant cette "carte blanche" en novembre. Comment avez-vous conçu votre programmation ? N.R. – Mon spectacle Ça marchera jamais ouvre et ferme cette "carte blanche" d’un mois, qui accueille trois spectacles, très différents, d’artistes dont j’aime le travail et qui méritent d’être mieux connus. Il y aura d’abord la compagnie M.A. qui présente Krach !, spectacle de marionnettes incroyable sur les riches et les pauvres. Ça parle de nous et d’aujourd’hui. Ensuite, Worldwidewestern (19 au 21/11) questionne la solitude du cowboy, de la personne face aux machines : Raphaël Gouisset y évoque une autre addiction, celle qui vous enferme avec des artefacts, des amis qu’on ne voit jamais… Puis Boire (22 & 23/11), avec Anne de Boissy dans un solo d’actrice face à l’alcool. Une carte blanche très théâtre ? N.R. – Pas vraiment. Trois artistes singuliers investiront les espaces non scéniques : Casconaute, né de la rencontre d’un photographe et d’une chorégraphe, Youpron, une installation sur l’addiction au porno, et l’exposition Corps flottants.
CARTE BLANCHE À NICOLAS RAMOND Théâtre de l’Élysée Lyon 7e 4 au 29 novembre lelysee.com
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bêtes de scène
HANTÉ JEAN-MARC AVOCAT
Par Trina Mounier
Photo Jérôme Bertin
Le comédien lyonnais Jean-Marc Avocat a tourné avec les plus grands metteurs en scène, Patrice Chéreau en tête. Son amour de la langue et son exigence artistique expliquent qu’il ait largement dépassé les frontières de notre région pour acquérir, à juste titre, une dimension nationale. C’est à l’Espace 44 qu’il jouera son prochain spectacle Antigone, 13 novembre.
Antigone, 13 novembre Espace 44 Lyon 1er 19 au 24 novembre espace44.com
Cette estime dans laquelle on vous tient ne vous empêche pas de vous engager dans de petites salles aux côtés d’acteurs peu ou pas encore connus. Jean-Marc Avocat – C’est un concours de circonstances cette fois. Le texte de Philippe Bulinge mêle deux époques : celle d’Antigone et de Créon dont le rôle m’est attribué, et celle des attentats de Paris en 2015. Ce rapprochement m’a semblé intéressant, de même que le choix pour incarner Antigone d’une très jeune fille qui doit avoir l’âge de Greta Thunberg. J’aime cette pièce qui interroge, fait sans arrêt circuler le doute, loin de tout manichéisme. Et l’Espace 44 offre une vraie proximité avec le public.
Mais votre grande émotion de théâtre reste Mon Traître ? J-M. A. – Forcément. C’est le seul spectacle que j’ai joué pendant six ans sans interruption et que je joue encore. De plus, il m’a mobilisé de façon presque pathologique, comme si chaque soir était une première, tant l’investissement physique, intellectuel et émotionnel est intact. Je reste deux heures durant nu et peint (la préparation dure autant, de même que le démaquillage) sous une vieille couverture dans un état de concentration extrême. J’ai participé à nombre de créations d’Emmanuel Meirieu. Sa manière d’être avec les comédiens comme prêt à bondir, dans un grand état de tension, m’a souvent fait penser à Chéreau… Je n’en ai pas fini avec lui, je n’ai pas épuisé ce que je peux faire avec lui. Des projets ? J-M. A. – Mon Traître, encore et encore. Et la reprise, seul en scène, du texte magnifique d’Aragon Les Aventures de JeanFoutre La Bite, que je vais compléter avec Le Con d’Irène du même auteur. Un exemple de parité qui me fait marrer… !
DE BOUCHEs À OREILLES Le Lâcher d’Oreilles, à Corbas, ne dure que deux jours, mais présente une ribambelle de rendezvous pour les enfants… de tous âges. Créé par la maison d’édition Raymond et Merveilles et par Le Polaris, ce festival biennal des arts de la parole propose aux spectateurs de bien ouvrir leurs esgourdes pour capter les histoires à la volée. De bonnes vieilles histoires revisitées par la crème
numéro 12 - novembre 2019
des conteurs de la région et au-delà, comme cette Blanche(s) Neige(s) et Quincaille, revue à la sauce Konsl'Diz par Fred Lavial et Fred Bardel. Ou des histoires d’aujourd’hui, à l’eau forte de l’artiste suisse Tiphanie Bovay-Klameth, inspirée des Deschiens avec un rien de zouk, dans D'Autres (23/11). Hélène Subtil, elle, danse avec son accordéon dans Java Bien (24/11). Quant 10
à Anne Kovalevsky, elle s’acoquine avec le compositeur Laurent Vieuble pour créer Toi, tu passes par là (23/11), un spectacle qui parle aux plus petits de l’amour, enfin du grand amour. F.R. Lâcher d’Oreilles Le Polaris, Corbas 23 et 24 novembre lepolaris.org
trajectoires
À La Comédie Deal Association W 10 au 14 décembre Piscine(s) Matthieu Cruciani 11 au 13 février
Avant d’être nommé à la tête de la Comédie de Saint-Étienne, en 2011, Arnaud Meunier a déjà un parcours typé d’homme de théâtre. Féru d’écritures contemporaines, il s’intéresse tout particulièrement à l’œuvre de Stefano Massini avec lequel il noue un véritable compagnonnage.
Tiens ta garde Collectif Marthe 10 au 13 mars
Ailleurs La petite fille qui disait non Carole Thibaut Théâtre de Vénissieux 7 et 8 novembre
ARNAUD MEUNIER
LABORATOIRE
Convulsions Frédéric Fisbach Théâtre des Célestins 24 mars au 4 avril Crowd Gisèle Vienne Bonlieu, Annecy (74) 24 et 25 mars
DE CRÉATION Par Trina Mounier Photo Ed Alcock - Myop
Vous n’étiez pas destiné à faire du théâtre pourtant ? Arnaud Meunier – J’ai fait des études de sciences politiques et c’est cette matière-là qui continue à m’intéresser dans une grande partie des œuvres que je monte, notamment celles de Stefano Massini – j’ai ainsi mis en scène Femme non rééducable (…) ou Saga des Lehman Brothers. Ce n’est qu’après mon diplôme que je me suis tourné vers le théâtre. Mais mes convictions sont à l’œuvre dans le projet que je porte. La construction d’un nouveau bâtiment a redonné du souffle à la Comédie… A.M. – En dehors de l’esthétique superbe de ce théâtre, tous les espaces ont doublé et nous disposons d’une salle de 700 places, d’une autre modulable de 300 et d’une salle de répétition à la taille du grand plateau, sans parler de l’École qui a ses locaux propres. La Comédie de Saint-Étienne se place dans le top 5 des plus beaux bâtiments culturels de France et mériterait de devenir un second théâtre national en région. Quels objectifs poursuivez-vous avec ce bel outil ? A.M. – La Comédie est une ruche de création toute l’année. Entre les créations des trois artistes associés, les miennes, les travaux d’élèves, ça fait une sacrée pépinière ! Nous pouvons accueillir les écritures de numéro 12 - novembre 2019
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plateau et même de la danse, comme le prochain spectacle de Yoann Bourgeois. Thomas Jolly est venu y répéter Thyeste en 2018. Et Julie Deliquet, artiste associée, travaille actuellement à son Conte de Noël…. Comment construisez-vous votre programmation ? A.M.- Nous sommes quatre à décider et ensemble nous voyons 400 à 500 spectacles par an. Nous en programmons 40 par saison, dont une majorité de commandes d’écriture. Beaucoup d’anciens élèves créent chez nous, comme le Collectif Marthe qui viendra jouer Tiens ta garde. Nous allons beaucoup piocher dans les festivals, bien sûr. Enfin, nous recevons énormément de propositions : nous n’avons pas vraiment besoin d’aller chercher ! La priorité à la création contemporaine, c’est notre ADN. Quelle place pour l’École dans ce cadre ? A.M. – Elle est liée à l’identité-même de la Comédie depuis Daniel Benoin. J’y ai développé la formation initiale dans le cadre de l’égalité des chances pour favoriser l’accès aux grandes écoles de théâtre des jeunes issus de la diversité. Romain Fauroux qui joue Candide (mon premier classique !) fait partie de ceux-là.
à la moulinette
MÉTILDE WEYERGANS & SAMUEL HERCULE
BRICOLEURS DE GÉNIE Par Trina Mounier Photo Sebastien Dumas
Duo de choc pour improbable objet visuel et théâtral fait de bouts de ficelle et d’histoires déconstruites, Don Quichotte et Hamlet en tête…
Si j’étais… …UN ART ?
Le théâtre. (d’une seule voix) …UN CONTE ?
Blanche-Neige. (MW) … UNE GRANDE FIGURE MYTHIQUE ?
Hercule. (SH)
… UN BRICOLEUR ?
Mon père. (SH) … UN OUTIL ?
Un marteau. C’est le dernier objet que j’ai acheté pour ma fille qui rentre aux Beaux-Arts ! (MW) … UNE ÉPOQUE ?
Les années 70 à cause de toute l’audace visuelle de ces années-là. (SH) … UN PAYS ?
Je choisis la Belgique (c’est mon pays) pour rendre hommage à ma famille. (MW) … UN PAYSAGE ?
Les Landes, ou mieux la côte Sauvage sur l’île de Ré. (SH) … UN ÉLÉMENT ?
Rétrospective La Cordonnerie Théâtre de la CroixRousse, Lyon 4e 5 au 9 novembre Hansel et Gretel (5/11) + (Super) Hamlet (6/11) + Blanche-Neige ou La Chute du mur de Berlin (8-9/11)
DANS LA PEAU DE DON QUICHOTTE Théâtre du Vellein, Villefontaine (38) 17 et 18 décembre Comédie de Saint-Etienne (42) 15 au 17 avril
L’océan en furie. (MW) … UN HÉROS DE BD ?
Wonder Woman pour moi. (MW) … UN PERSONNAGE DE POLAR ?
Comment s’appelle-t-elle déjà ? Le personnage de Millenium ? Lisbeth, c’est ça, Lisbeth Salander. (SH) … UN POÈME ?
Demain, dès l’aube... (d’une seule voix) Et n’importe quel poème de Baudelaire (MW) … UNE CHANSON ?
Une chanson dans un film de Jacques Demy. (MW) Pour moi, Ain’t no sunshine, une super chanson de Bill Withers. (SH) … UN COUPLE CÉLÈBRE ?
Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre. On aime leurs livres, puis on a vu leur tombe récemment à Montparnasse, ils y reposent ensemble, c’était très émouvant. (d’une seule voix)
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numéro 12 - novembre 2019
déambulations
par Valie Artaud, Lucie Diondet, Émiland Griès, Trina Mounier
30.11.19
Bouger les lignes
arts visuels
Après Paris, Rotterdam, Hong Kong ou encore New York, c’est du côté de l’URDLA, à Villeurbanne, qu’il est actuellement possible de découvrir le travail de Mark Geffriaud. Avec Raúl D., l’artiste s’est essayé à un ingénieux jeu de réaménagement des espaces, afin de faire coexister machines artisanales, œuvres plastiques, vidéos et ponctuellement performances. Il révèle ici la richesse historique et plurielle de ce lieu hybride qu’est l’URDLA : atelier, galerie d’art et unité d’édition. Au milieu des presses se laissent ainsi appréhender ready-made et autres vraies-fausses sculptures. De cette porosité naissent des interstices ludiques, semant le trouble en nous comme pour mieux éveiller notre attention. V.A. Raúl D. URDLA, Villeurbanne urdla.com
30.11.19
LE MONDE SELON GARNIER En plein cœur de Lyon, Archipel est un lieu permanent de diffusion de la culture architecturale, urbaine et paysagère. Cette librairie, également lieu d’expositions et de conférences, propose le samedi un programme dense de rencontres et de débats autour de l’actualité éditoriale et littéraire traitant ces sujets. La réédition du recueil Une cité industrielle de Tony Garnier* a été présentée, en octobre, dans le cadre de la célébration des 150 ans de la naissance du plus célèbre des architectes lyonnais du XXe siècle. Une occasion de se replonger dans la pensée utopiste et avant-gardiste du concepteur de la grande halle et de l’hôpital Édouard-Herriot, mais également de feuilleter ses plans, aquarelles et perspectives (quelque 164 planches à taille réelle) et pourquoi pas d’acquérir cet ouvrage, introuvable depuis de longues années. E.G.
Jérusalem céleste (détail), 2019
*Architecte lyonnais visionnaire. Il a profondément marqué l’architecture moderne de la capitale des Gaules.
Archipel 21 place des Terreaux, Lyon 1er archipel-cdcu.fr
21.12.19
D’UNE RIVE À L’AUTRE Studio Erick Saillet©
L’exposition Franchir la berge fait escale à Lyon. Avec elle, le CAUE Rhône Métropole clôt son thème de l’année : celui du rapport entre architecture, urbanisme et nature. Le sujet abordé est très précisément l’eau, lorsqu’elle est une composante conceptuelle des projets. Les propositions des architectes sont nombreuses, dès lors qu’ils ont à concevoir en relation avec l’élément aquatique, présent dans le site, voire directement sur le terrain de leur ouvrage. Les projets exposés sont francosuisses, et principalement des Alpes qui regorgent de lacs, fleuves et rivières. Eau à contempler, à franchir, à investir : l’éventail des situations est aussi large qu’est inspirateur le sujet ! Quoi de mieux, par exemple, que le miroir d’un étang de l’Ain pour magnifier la très contemporaine et épurée White Snake House de Pierre Minassian ? E.G.
Maison White Snake House (Ain, France) Pierre Minassian (AUM), architecte 2009-2010
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CAUE Rhône Métropole, Lyon 1er caue69.fr
Plomb, béton et tournesols Quand le couvent de la Tourette n’était encore ouvert ni aux visiteurs ni aux expositions d’art contemporain, Anselm Kiefer, alors âgé d’une vingtaine d’années, y avait séjourné et découvert « la spiritualité du béton ». Cinquante ans après, le monument magnifique de Le Corbusier accueille, dans le cadre de la Biennale d’art contemporain, quelques sculptures et peintures de l’artiste. Le dialogue entre les hauts murs froids percés d’immenses ouvertures laissant entrer la chaleur du jour et des œuvres géantes aux accents de destruction (amoncellements de pierres, colonnes de cabanes s’élevant vers le ciel dans un chaos de tremblement de terre de La Jérusalem céleste…) est saisissant. Mais au milieu des pierres (en béton, matériau fétiche de Kiefer) grimpent des tournesols, symbole de vie, particulièrement nombreux dans Résurrection installé au milieu de l’église. Toutes les œuvres présentées ici font référence à la spiritualité, au religieux, au sacré. Un Livre de plomb s’ouvre au centre d’un immense tableau : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? T.M. Couvent de la Tourette, Éveux couventdelatourette.fr
28.12.19
Anselm Kiefer / Jean-Philippe Simard©
DÉPASSER L’HORIZON Variations sur un même thème à la galerie Le Réverbère. Celui du paysage, ou "LE" sujet originel. Le Point de vue du Gras n’est-elle pas la première photographie connue, prise par Nicéphore Niépce depuis une fenêtre de sa maison ? Un sujet évolutif, comme sa définition géographique qui finit par inclure la notion de perception à « l’ensemble des éléments observables à partir d’un lieu ». Collant le subjectif à l’objectif, six photographes d’aujourd’hui font, dans cette dense exposition collective, parler les endroits qui les marquent. Derrière les vitres des trains de Frédéric Bellay, dans les « pas de côté » barcelonais de Beatrix von Conta, de bouts du monde en demi-tours pour François Deladerrière, dans la géométrie des lignes pour Pierre Canaguier, bère Le Réver murs dans les silencieuses bal(l)ades parisiennes d’Yves Rozet ou dans d’incertaines apparitions s e l hors pour Arièle Bonzon. Des images du dehors loin d’être figées qui, pleines des états d’âme de ective) xpo caortlelment by (e leurs auteurs, remuent le visiteur par-delà ses propres paysages intérieurs. « Pour sûr, ça nous L’App e Roset Lign 2e ressemble ! ». L.D. Lyon Par-delà le paysage Galerie Le Réverbère, Lyon 1er galerielereverbere.com
charlotte denamur, rosées bleues, 2019
05.01.20 Suite de la manifestation Rendez-vous dédiée à la nouvelle scène artistique, Jeune création internationale figure parmi les axes forts de cette Biennale 2019 et tente une percée vivifiante, loin des ronronnements un peu faciles dans lesquels s’enferre parfois l’art contemporain. On découvre ainsi à l’Institut d’art contemporain dix artistes internationaux ou régionaux âgés d’une trentaine d’années, choisis par l’équipe curatoriale du Palais de Tokyo, parmi lesquels Giulia Cenci et ses installations résiduelles qui questionnent l’altération du temps, Théo Massoulier dont les micro-assemblages composent des paysages colorés jouant avec la notion d’anthropocène*. À voir également, les formes généreuses des sculptures de Zsófia Keresztes qui côtoient l’incroyable vidéo de rats dansants signée Zhan Zhang Xu ou les immenses tentures de Charlotte Denamur… Soit une sélection prouvant, si cela était encore nécessaire, que la jeune garde artistique fait souffler un vent frais sur la création contemporaine. V.A. * Période géologique durant laquelle l'action de l'homme a de fortes incidences sur l'évolution de la planète (selon Larousse)
Jeune création internationale Institut d’art contemporain, Villeurbanne i-ac.eu
Blaise Adilon©. Courtesy de l'artiste
La jeune garde au rendez-vous
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déambulations
22.12.19
Par Anne Huguet
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L'enfant transparent, les sparadraps, le pays d'en bas, série l'album de famille. 2013
le cataplasme d'oiseaux sur l'enfant trasnparent, le pays d'en bas, série l'album de famille. 2013
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Elle n’est pas du genre à mitrailler. Elle avoue même faire de longues pauses où elle ne fait plus de photos. Comme ces cinq dernières années « parce que je me suis mise à faire des films ». Delphine Balley est photographe, cinéaste, conteuse et simplement artiste « polyforme ». Ses images presque cinématographiques mettent en scène d’étranges saynètes dans lesquelles le réel, la fiction, le mystérieux, le rituel et le fantasme s’enchevêtrent. Des histoires de famille, des meurtres, du sang, des cheveux, une tresse, des animaux, des autoportraits, des fillettes, sa mère… « J'observe les groupes humains, comment ils s'organisent, notamment, dans les moments de passage. C’est cela qui me met en route et que je souhaite représenter. » Ses photos, hautes en couleur et minutieusement mises en scène, nous projettent dans un univers étrange, parfois inquiétant, mais souvent onirique et allégorique. Elle travaille par « séries » autour d’un sujet de recherche ; Karine Mathieu, commissaire d’exposition, parle de « sagas photographiques ». Des séries plus ou moins terminées, qu’elle reprend parfois « un peu à la manière d’une série TV ou d’un chapitre de livre ». Tel cet Album de famille toujours en cours, même si ce sont « les premières images que j’ai montrées, dès 2002 ». « Ce qui m’intéresse dans la photographie ? Cette mise en tension entre la réalité d’un lieu (l’atmosphère, l’esprit d’un lieu qu’on ne peut pas inventer) et des choses plus de l’ordre de l’imaginaire, du symbole, de l’artifice.» L’acte photographique est très pensé chez la photographe drômoise. Chaque projet artistique fait l’objet d’une enquête minutieuse nourrie de lectures, de rencontres,
Photos Delphine Balley
HISTOIRES VRAIES & MASCARADES
Delphine Balley
fokus
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12 sacs, Photographie réalisée dans le cadre d'une commande pour le monde 2. 2009
C’est très obsessionnel la chambre
Patrick Fogarty et ses filles, série 11, Henrietta street. 2007
www.dda-ra.org/fr/oeuvres/BALLEY_Delphine
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Carte Blanche #15 Delphine Balley & Auguste Rodin Le 1111, Galerie Céline Moine Lyon 1er 16 novembre au 15 décembre
Le Goût du Crime ENSSIB Villeurbanne 12 novembre au 19 décembre
Charivari VOG Centre d’art contemporain Fontaine (38) 5 novembre au 11 janvier 2020
Repères Jeff Wall, Jean Giono, Le Caravage, Velázquez, Goya, Luchino Visconti, Ingmar Bergman, Pasolini, Thomas Hardy, Robert Bresson, l’enluminure, etc.
de discussions. « Ensuite je trouve le lieu, un vrai lieu qui porte en lui une partie de l’histoire » : un élément crucial du processus créatif, même si elle avoue pouvoir intervenir dessus (décor, peinture, accessoirisation…), comme au cinéma, on y revient. Comme au cinéma, d’ailleurs, elle s’entoure d’un chef opérateur pour les lumières « qui vont tout définir ». « La lumière révèle ce qui est dans l’ombre. Et ce qui est dans l’ombre, c’est le détail, tout ce qui ne saute pas aux yeux mais qui fait l’histoire et qui raconte. » Du protocole et de la lenteur encore, car à l’époque des pixels et du tout-numérique, Delphine photographie avec une chambre, un processus lent : « Je suis souvent stressée parce que j’ai peur de ce "foutu" temps de pose ! Quand je travaille avec des personnages, il y a cet impératif d'immobilité, "faire le mort". Il ne faut pas cligner des yeux, pas respirer, pas bouger. Pour que rien ne soit flou ni bougé à l’image. » L’essentiel pour Delphine Balley ? Que la photo soit vraisemblable. « J’ai réussi une photo lorsque j’ai l’impression que je peux y croire. »
carte blanche
KARIM KAL
LES NUITS D’ÉTÉ Karim Kal est né en 1977 à Genève, il vit et travaille à Lyon. Sa pratique photographique a pour principal objet la question du territoire, qu’elle soit abordée directement à travers les lieux ou par la rencontre avec leurs habitants. Dans ses travaux consacrés à l’environnement urbain, il envisage le bâti comme un marqueur culturel et idéologique et s’intéresse autant aux limites qu’il génère qu’aux stratégies adoptées pour les contourner. Par Karim Kal Photo Jérôme Bertin
Les nuits d’été j’allais regarder le ciel sur le toit du supermarché.
L’effet de l’architecture se fait sentir quand on la quitte. Son incidence sur notre rapport au monde est mesurable quand on cherche à s’en affranchir. Et la fenêtre dans sa découpe géométrique du paysage incarne le déterminisme du bâti, de l’environnement urbain. La localisation, l’identité des habitants, sont relégués en lisière de l’image dont le centre est un rectangle noir, le cadrage de l’obscurité par la découpe qu’opère la fenêtre. L’issue est incertaine, ouverte, inquiète, et surdéterminée par le béton de l’entourage. La fonction normalisante de l’édifice augmente la gravité, entrave les mouvements, et modifie profondément notre rapport au monde, notre rapport à la question collective, au corps social. Les plus modestes sont regroupés dans les quartiers populaires, les inadaptés sont enfermés dès l’enfance, les malades sont mis à l’écart au milieu d’autres malades, histoire de soigner les âmes. Alors on pourrait se dire que dans ces espaces spécifiques un soin particulier serait apporté au cadre, à la qualité du lieu, qu’on arrondirait les angles en quelque sorte afin de rendre la situation acceptable, un peu moins douloureuse au moins… Mais on observe le contraire, les matériaux sont rugueux, les couleurs molles, les formes géométriquement simples… et les signes de vie des locaux apparaissent sous forme d’indices qui peinent à exister au bord du cadre.
IAM, L’aimant
Biennale d’art Contemporain de Lyon MACLYON Lyon 6e Jusqu’au 5 janvier 2020 biennaledelyon.com
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l'arkuchi du mois
musique, littérature, bd, cinéma… L’Arkuchi du mois attrape en un clin d’œil ce qui nous fait vibrer. Par L. Bouchard, L. Diondet, A. Huguet
Naoufel tombe amoureux de Gabrielle, pendant qu’une main tranchée s’échappe d’un réfrigérateur. Débutent dans Paris deux quêtes qui s’entremêlent, celle de l’aimée et celle d’un corps. Ici point de fantastique ou de politique, Jérémy Clapin accomplit ce que presque seuls les cinéastes japonais, Isao Takahata le premier, savent faire : raconter le quotidien à travers l’animation et le récit déstructuré. Cette main qui se balade au fil de J’ai perdu mon corps n’a rien d’inquiétant. Elle est notre guide jusqu’au creux de l’intime dans une fable dessinée extrêmement sensorielle. Ce premier longmétrage délicat, tourné en partie au Pôle Pixel et primé à Cannes et à Annecy, fait battre des mains et vibrer les corps. L.D.
J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin France - 1h21 - Rezo films Sortie nationale : 6 novembre
Il fallait oser ! S’attaquer au répertoire de l’ingérable Mark E. Smith pour accoucher d’un French Tribute. Après Jay Reatard (2014), le label viennois Teenage Hate Records refait le coup d’une compilation dédiée. Au line-up, Frustration, Cannibale, Villejuif Underground, Vox Low… autant dire la crème de la scène indie française qui revisite le riche répertoire (quelques centaines de titres, toujours sous tension) de The Fall. Occasion de réentendre quelques morceaux fondateurs (Totally Wire, 1979 � rhabillé par les rockeurs rouennais qui ont le vent en poupe, MNNQNS � ou Oh ! Brother, 1984 � servi par l'univers très "curtisien" et la rage latente de Frustration), mais surtout de voir comment chacun se réapproprie et transpire à sa manière l’intensité abrasive des Mancuniens. C’est réussi, les onze morceaux ont quelque chose de viscéralement… "fallien". Coup de cœur pour Before The Moon Falls par le duo inquiétant Delacave avec ses claviers répétitifs. En prime, c’est Richard Bellia qui signe la cover. A.H.
THE FALL – A French Tribute Teenage Hate Records/ L’Autre Distribution Sortie : 15 novembre teenagehaterecords.com
Le Couteau, douzième opus de la série, signe le retour de Harry Hole et de Jo Nesbø. Le géant revenu de tout a repris du service dans la police d’Oslo et coule des jours alcoolisés dans le placard où sa hiérarchie l’a cantonné… jusqu’au meurtre de Rakel. À partir de là, 550 pages de noirceur absolue vous attendent pour un twist final lumineux. Précision essentielle : la musique d’Hank Williams « … on ne peut conduire une Volvo qu’avec de la country… » et l’album Road to Ruin des Ramones jouent un rôle essentiel dans le roman du Norvégien Nesbø… Hey ho ! Let’s go ! L.B. Le Couteau de Jo Nesbø Gallimard – Série Noire Parution : 24 juin 2019
zik Ghosteen, Nick Cave & The Bad Seeds. Émouvant, crépusculaire, lyrique et beau à en pleurer. à écouter en boucles. Sortie 8 novembre. Ciné L’Orphelinat de Shahrbanoo Sadat. Un film coup de poing en hommage aux séries Z. Toute la vitalité du cinéma afghan. Sortie nationale : 27 novembre. Expos Topor Profile. Très belle sélection de dessins en noir et blanc. Gratuit. Bal des Ardents, Lyon. Jusqu'au 15 novembre. Picasso. 1939-45. Au cœur des ténèbres. L’une des expos phare de la rentrée. 137 œuvres pour (re)découvrir la vie et l’œuvre du maître espagnol pendant l’Occupation. Musée de Grenoble (38). Jusqu’au 5 janvier 2020. 19
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letroisiemefleuve
Redonner aux Lyonnais l’amour du Beaujolais, telle est la croisade dans laquelle s’est lancé Vincent Dechelette, le créatif patron des caves Le Troisième Fleuve à Lyon (Vaise et Presqu’île).
Par Laurent Turrel Photos Enna Pator
Le coup de cœur du caviste Beaujolais, évidemment, même si celui-ci est en catégorie « Vin de France ». Mais quelle bouteille ! Jus corsé et concentré aux tanins souples et aux notes épicées et animales. Un vin dans la profondeur. Vous le servirez avec une cuisine au vin : bœuf bourguignon, coq au vin, sabodet lyonnais… Comme quoi le beaujolais peut aussi être un vin sérieux ! Cuvée Vieilles Vignes Domaine Xavier Benier (Saint-Julien / Beaujolais) Rouge 2017 (14 eur.)
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A
nnées 2000, Vincent s’installe à Cogny, au beau milieu des Pierres Dorées : c’est le coup de cœur pour cette région et son vin, le beaujolais. Et la naissance d’une réelle envie de donner la parole à ces cuvées injustement dénigrées sur les tables lyonnaises. Par ailleurs, il réalise qu’une nouvelle génération de vignerons produit désormais de superbes jus et qu’une communauté d’amateurs de beaujolais peut exister dans la capitale des Gaules. Dans une première vie, ce diplômé d’une école d’arts appliqués exerce comme graphiste. Dans le milieu du vin, déjà. Il y a dix ans, sa passion le rattrape, Vincent décide de changer de métier et de se former à la vente auprès de professionnels, dont la célèbre cave du Vieux-Lyon, Antic Wine, où il passe huit ans. En décembre 2016, il fait le grand saut et ouvre sa propre cave dans le quartier de Vaise. Il l’oriente ostensiblement 20
BEAUJOLAIS
20 sur vin
Le Troisième Fleuve 23, Gde rue de Vaise Lyon 9e 3, rue du Plâtre Lyon 1er
vers les vins biologiques, biodynamiques et nature, avec une forte représentation de cuvées du Beaujolais, d’où le clin d’œil dans le nom de sa boutique au "Troisième fleuve" qui abreuve Lyon. Si la cave n’est pas exclusivement tournée vers les vins bio-natures, 70 % de la gamme leur sont toutefois consacrés : « J’aime la vie et la vibration qu’il y a dans ces vins. Ils peuvent raconter une histoire du début à la fin ». Mais Vincent n’est pas sectaire et s’ouvre pleinement à des vins plus traditionnels : « Je ne veux pas surfer sur une mouvance. Chaque bouteille de ma cave a une raison bien précise d’être là ». La légitimité dans la gamme et, surtout, la rencontre avec des vignerons passionnés permettent à Vincent de comprendre chaque vin et, ainsi, de mieux convaincre le client. « Je suis aussi très prudent sur les déviances aromatiques que l’on trouve sur certains vins nature. Ce n’est pas la norme. Il faut que les dégustateurs non habitués à ces vins y trouvent du plaisir ». En se reconvertissant, le caviste n’a pas mis sa créativité au placard. À ses clients, il propose sa gamme de t-shirts à l’effigie des vins du Beaujolais… et de sa boutique. À découvrir également, les étiquettes qu’il compose pour deux de ses références : le pinot noir du Beaujolais de Xavier Benier et les bières du jurassien Guillaume Overnoy. En bon créatif, Vincent ne compte pas s’arrêter là. Avec un ami associé, il s’apprête à commercialiser sa propre marque de vin, en proposant des micro-séries. La date de lancement de la première cuvée sera le troisième jeudi de novembre, jour de la sortie du beaujolais nouveau. C’est certain, le troisième fleuve coulera à flots !
déambulations
02.11.19 | 20H
L’aventure Hancock Après soixante ans de carrière, comment qualifier Herbie Hancock de petit nouveau ?! Le pianiste aux quatorze Grammy Awards a composé quelques-uns des plus grands classiques de jazz, tels Watermelon man, Cantaloupe Island ou Chameleon. Il n’a cessé de se renouveler. Pionnier au sein du Miles Davis Quintet dès les années soixante, ce fou des nouvelles technologies s’amuse à mêler le nu jazz au funk et au rock, musarde du côté de l’electronic dance music, sans renoncer au son acoustique. Sa venue à l’Auditorium, à la tête d’un nouveau groupe, est un événement. F.R.
musiques
Auditorium de Lyon auditorium-lyon.com
05 & 06.11.19 | 20H
Pas froid aux yeux On aime ou pas du tout la diction particulière et l’univers lunaire de cet artiste nonchalant. Musiques, bouquin (Grands carnivores en janvier dernier, son troisième roman), cinéma ou encore théâtre (on a pu le voir sur les planches du Théâtre de la Croix-Rousse en Billy the Kid), Bertrand Belin est un sacré touche-à-tout. Déjà six albums pour cet ovni de la chanson, dont Persona, le dernier en date, qui aime brouiller les genres et les frontières et « cultive depuis quinze ans l’art du mystère ». Chansons elliptiques à la poésie brute, lenteur de la mélodie, phrasé découpé, humour au troisième degré, ses fans adorent dès qu’il se met en scène. A.H. Théâtre de Bourg-en-Bresse (01) theatre-bourg.fr
Michael Lavine©
Bertrand Belin
Jon Spencer
07.11.19 | 20H30
Super-héros
Sonic-Lyon SonicLyon
Ninkasi Kao, Lyon 7e ninkasi.fr
Bastien Burger©
Acid Mother Temple fait partie de ces groupes que l’on voit régulièrement à Lyon, mais dont on ne se lasse pas. Menée de main de maître par le multi-instrumentiste Makoto Kawabata, la bande débarque avec une nouvelle section rythmique à la basse et à la batterie, ouvrant ainsi un nouveau chapitre dans leur longue histoire. Unique, puissante, avec un volume sonore fracassant, chacune de leurs prestations prend une ampleur cosmique en live. Pour vivre cette expérience cathartique d’un trip sonore sans égal, c’est sur la légendaire péniche du quai des Étroits qu’il faudra se presser. V.A.
Toujours en grande forme, The Fleshtones revient montrer que l’âge n’y fait rien tant qu’on a la foi et la punk attitude. Tous ceux qui ont déjà vu les papys new-yorkais vous diront que leurs concerts sont d’anthologie avec un rock survolté qui se danse et se chante. Vite fait bien fait, on se souvient qu’ils ont démarré dans les années soixante-dix à Big Apple (et au CBGB !) avec les Ramones, Blondie et Television, qu’ils ont été l’un des premiers groupes US à se revendiquer du punk sixties ou qu’ils vénèrent les guitares fuzz. Quarante ans plus tard, des concerts et des albums à la pelle – dont le premier, Roman Gods (1981), à jamais dans les annales –, le groupe de Peter Zaremba célèbre, toujours pied au plancher, le dieu garage comme au premier jour. Pour ne rien gâcher, c’est Jon Spencer, autre zélateur du genre, qui fera la claque avec ses Hitmakers et des reprises de Pussy Galore ou Heavy Trash. Rien que cela. A.H.
06.11.19 | 21H
Acid trip et guitares cosmiques
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déambulations
09.11.19 | 21H
Grande pop
08 AU 10.11.19
Mermonte fait partie de ces formations difficiles à cataloguer : groupe ? orchestre ? À géométrie variable (8, 9 ou 10 sur scène), les Rennais distillent une indie-pop instrumentale et sophistiquée. Emmené de main de maître par le compositeur et multi-instrumentiste à la créativité débordante, Ghislain Fracapane, Mermonte a sorti en 2018 son troisième album, Mouvement, qui a fait chavirer les mordus de pop grand format. En douze titres, le collectif breton montre l’étendue de son talent avec une production léchée et précieuse, et des voix invitées, dont Dominique A sur Les forces de l’ailleurs, qui s’ouvrent à tous les horizons, voyage au long cours entre indie-pop, folk, krautrock et rock indé de la meilleure facture. A.H.
Cadavres exquis La Toussaint ? Un long et pluvieux week-end. Voire une orgie de courges et une farandole de bonbons à distribuer à des bandes de gamins déguisés… C’est dire la fabuleuse idée qu’a eue l’ARFI de « faire sa Divine Comédie », sa manière à elle de célébrer la mort. Pendant trois jours, le festival Éclats d’ARFI prend ses quartiers au Périscope. Le collectif, fondé en 1977 par une poignée d’extravagants venus du jazz, traversera sur tous les tons la trilogie des « fins dernières » : l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis. Sont au programme une dizaine de propositions « foutraques », du requiem païen à Edgar Poe en passant par les zombies et la messe du dimanche avec des performances diverses (musicales, vidéos, plastiques). E.B.
Cave à Musique, Mâcon (71) cavazik.org
Périscope, Lyon 2e periscope-lyon.com
15.11.19 AU 07.12.19
Orgie de cordes
The Detroit Cobras
Espace Tonkin, Villeurbanne & lieux partenaires (La Tannerie, Le Polaris, Pôle en Scènes…) lesguitares.org
17.11.19 | 20H30
D.R.©
Trio Joubran
Doug Coombe©
Depuis 1989, le festival Les Guitares n’a de cesse de se réinventer et affiche aujourd’hui une belle diversité. Si son cœur battant reste villeurbannais, la 31e édition se déroule dans pas moins de quatorze lieux, de Lyon à Pélussin. « Défendre la guitare sous toutes ses formes », voilà l’ambition du festival simplement énoncée par son cofondateur, Jean-Claude Ballet, et le choix de miser sur de jeunes musiciens. Parmi eux, le trentenaire jazzeux Julien Lage, véritable coqueluche aux USA. Villeurbanne est sa seule date française ! Encore plus jeune, le duo Boyer et Samuelito revisite avec brio flamenco et jazz manouche. Les artistes confirmés (le guitare-voix Raul Midón, le bluesman Lucky Peterson…) se partagent l’affiche avec la musique mandingue du sénégalais Ibrahima Cissokho et le oud palestinien du Trio Joubran. Sans oublier le régional de l’étape : Jack Bon, ex-membre de Ganafoul, groupe de heavy rock né à Givors dans les années soixante-dix. À vos cordes ! E.B.
La griffe du Michigan Si vous aimez les pin-up plantureuses et féroces, le cuir, les odeurs de sexe, les vieilles pépites rock et soul oubliées : cette date est faite pour vous. Les bad girls de The Detroit Cobras reviennent à Lyon (cela faisait un bail, ces dames sont du genre à se faire rares), pour revisiter leur répertoire d’incroyables covers d’obscures chansons dénichées dans le fin fond des tiroirs de l’histoire du rock’n’roll. Ces copines de virées des Dirtbombs débarquent en talons hauts de leur lointain Michigan pour faire le show : vintage, décousu, fort en décibels et en gueule, et fièrement garage. (Let’s) Cha-Cha Twist ! A.H. Ninkasi Kao, Lyon 7e ninkasi.fr 23
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Jamie Noise©
déambulations
19 AU 23.11.19
Au bon cru caladois Depuis quinze ans, le festival Nouvelles Voix en Beaujolais met en lumière des artistes prometteurs dans toutes les esthétiques musicales. Nombre d’eux ont confirmé depuis, de Woodkid à Jain en passant par Juliette Armanet ou Ibeyi. À la fois ouverte et exigeante, l’édition 2019 propose ainsi quinze artistes sur cinq jours, entre néo-hip hop mélancolique (Zed Yun Pavarotti), rock ténébreux (Bandit Bandit) ou encore électro-pop onirique (Vendredi sur Mer). Elisapie est assurément l’une des voix à ne pas manquer : cette Canadienne au port altier et à la beauté sauvage fait davantage que de rendre hommage à ses origines, elle est l’ambassadrice de la culture inuit. Mariant rock et folk, et en trois langues (dont l’inuktitut), ses « chansons polaires » racontent avec ferveur sa vie d’expatriée et les difficultés de son peuple. E.B. Théâtre de Villefranche & agglo theatredevillefranche.com
bandit bandit
Andrew Lyman©
18.11.19 | 20H30
La claque En mars dernier c’est au Sucre qu’ils sont venus distiller leur darkwave vénéneuse. Les revoilà aussi inquiétants et désenchantés avec un nouvel album (le second), Careful, toujours baigné de sonorités synthétiques martiales. Boy Harsher est un duo américain sans concession, adepte de concerts sauvages où l’on finit par danser, comme pris de transe cathartique. C’est avec Pain (2014) et son implacable refrain « Pain kills the rhythm » qu’ils ont posé les bases d’une formule qui ne cesse de se perfectionner : les machines et les synthés de Gus Muller par-dessus lesquels la voix désincarnée et brûlante de Jae Mathew, sorte de Siouxsie sous acides, murmure, chante ou hurle. C’est tour à tour poisseux, vicieux, frénétique, désespéré et terriblement dansant. On écoute en boucles et on en redemande. A.H. L’Épicerie Moderne, Feyzin epiceriemoderne.com
Boy Harsher
Chansons d’automne
25.11.19 | 20H
Flow à vif J’rap encore, clamait-il dans son septième album sorti en 2018. C’est une vérité, Kery James n’en a pas encore fini avec le flow d’un rap dit « conscient » qu’il incarne sans artifice. "Conscient" pour engagé, ardent, parfois provocateur : le rappeur quadra affiche vingt-cinq ans d’une carrière construite sur des succès et des revers, mais toujours avec conviction. Au Transbordeur, Kery James déroule l’album J’rap encore, entre rage guerrière (Stan Smith) et émotion profonde (Amal). Le rappeur sera de retour au printemps pour deux concerts acoustiques cette fois-ci. Accompagné de deux musiciens et flanqué de son charisme, Kery Radiant James revisite son répertoire. Et se raconte. De la ellev2u0e20 B Guadeloupe à Orly, le petit Alix Mathurin a grandi, 14 avril vieilli, mais son cœur est intact. E.B. boggan
le Tovril 2020 15 a
Le Transbordeur transbordeur.fr
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28.11.19 | 20H
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2019 sonne comme l’année du grand retour pour Stephan Eicher. Après six ans d’absence entachés de soucis de santé et de déboires avec sa maison de production, il nous revient en grande forme. D’abord le très joyeux Hüh ! est sorti en début d’année comme une petite révision de son répertoire réchauffée au son des cuivres. C’est au tour de ses Homeless songs de venir habiller la saison de leur voile feutré. Avec cet album épuré que l’artiste suisse souhaite hors de tout système, on découvre quelques pépites à la douceur inaccoutumée. Inspirés par l’absence, le doute ou encore le temps qui file, les textes jonglent entre bernois, anglais et français sur des partitions mâtinées de cordes, piano et guitare acoustique. Un nouveau voyage en quatuor qui sonne comme une suave parenthèse au cœur de l’automne. V.A. Radiant-Bellevue, Caluire radiant-bellevue.fr
déambulations
29.11.19 | 20H30
DE BELLES HISTOIRES Cinquante ans de carrière pour Alain Chamfort, ce n'est pas rien. Son dernier album, Le désordre des choses, écrit par le parolier Pierre-Dominique Burgaud (auteur, entre autres, de la comédie musicale du Soldat Rose), présente une nouvelle facette de l'artiste. Que les fans de la première heure se rassurent, la " Chamfort Touch" est bien là. L'inspiration lui est venue en « posant ses doigts de pianiste sur un synthétiseur Yamaha des années 70 » ; en témoigne le premier single, Tout est Pop. Le clip, soit dit en passant, vaut le détour : il a été tourné par des chats ! Le disque commence, avec émotion, par Les Microsillons, comparaison d'un vinyle aux rides de l'âge. La phrase « les chanteras-tu toutes les chansons ? Lorsque la vie m'aura coupé le son » résonne. Heureusement, Alain est là, on espère pour longtemps. N.V.
Fabien Tijou©
Le Théâtre de Mâcon, Scène Nationale (71) theatre-macon.com
Thylacine
30.11.19 | 19h
On the road again Il dessine ses paysages sonores en technicolor depuis 2013, année où on le découvre avec No Mic Stand. Depuis, Thylacine a continué ses expérimentations dépaysantes, enregistrant Transsiberian (2015) au cours d’un voyage au long cours dans le célèbre train russe, avant de partir à la conquête des routes argentines avec une caravane-studio futuriste. Moksva, Anatolia, Purmamarca : la patte Thylacine est là, ce mix hypnotisant de downtempo, de sonorités world, de saxo (son instrument de prédilection) et d’électronica. Sur scène, on se laisse happer et transporter par cette électro enfiévrée et dansante, et les projections graphiques qui l’accompagnent. A.H. Transbordeur, Villeurbanne transbordeur.fr
par Valie Artaud, Emmanuelle Babe, Anne Huguet, Nans Vincent
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SUCCESS STORY
40e festival du film court
Virtuelle©
LE BEL ÂGE DU COURT Pour ses quarante bougies, le Festival du Film Court de Villeurbanne est plus que jamais connecté au monde. Entre nouvelles technologies et bouillonnement créatif, l’expérimental tient le haut de l’affiche.
Virtuelle de Léopold Kraus Par Emmanuelle Babe
Kassovitz, Rochant, Klapisch, Jeunet… Reconnus dans le long, ces réalisateurs ont façonné leur identité cinématographique dans le court métrage. C’était à Villeurbanne, il y a dix, quinze ou trente ans. « Ils n’ont pas oublié, mais le public, parfois oui ! », plaisante Olivier Calonnec. Le directeur du cinéma Le Zola (depuis 2018) rempile pour une nouvelle édition du Festival du Film Court. Une édition particulière : celle des quarante ans. Villeurbanne souffle une petite bougie de moins que son homologue de ClermontFerrand, la référence. Comme son grand frère auvergnat, le "FFC" revendique son rôle de révélateur de talents mais aussi celui d’un lieu de liberté de création, souvent noyée dans les budgets clinquants du long métrage. Ainsi, dans un panache de coups de cœur, la section « Best Of » sera le fruit de l’appel à sélection lancé auprès de ceux qui ont fait vivre le festival depuis quarante ans. Car, oui, le court métrage a des choses à dire. En témoignent les 2 000 films reçus pour la
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compétition européenne (41 sélectionnés) festival fait le choix de pousser le curseur et les 300 pour celle du court d’animation en proposant le visionnage de trois courts (20 diffusés). Ce dernier méritait bien en réalité virtuelle, grâce au concours du un palmarès, et un jury à la hauteur : réseau Festivals Connexion. Une expérience parmi ses membres figure Fursy Teyssier, – immersive celle-ci – parmi beaucoup chef décorateur de J’ai perdu mon corps d’autres, assure-t-on. En mode OFF, La (cf. L'ArKuchi du mois), primé à Annecy et Longue Nuit de la Fesse et la séquence à Cannes. « Le numérique a créé un véritable WTF promettent « des choses décalées, folles, boum du court métrage et en particulier du film farfelues ». Des interactions et des « surprises » d’animation, constate Olivier Calonnec. On sont aussi au programme, du côté du Ciné est loin de la pâte à modeler et du stop motion ! Piscine et du Battle documentaire entre Aujourd’hui, on peut modéliser beaucoup plus autres. Autant de montées des marches vers facilement, en 2D et 3D. » Les nouvelles « une expérience totale ». technologies sont aussi un sujet, comme dans le magistral Swatted d’Ismaël Joffroy-Chandoutis ou encore Virtuelle de Léopold Kraus, sélectionnés dans Festival du Film Court de Villeurbanne la compétition Au Zola, Comœdia & autres lieux Lyon et Métropole européenne. 16 au 24 novembre festcourt-villeurbanne.com Sur ce créneau, le 26
ire
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te
r pa
c'était mieux avant
la salamandre (1971)
Bulle Ogier
funambule des sens Par Nikki Renard Photo Tamasa Distribution
À l’heure où sort son autobiographie, Bulle Ogier a su côtoyer les extrêmes en gardant son originalité propre. Avec quatre-vingt-dix films et trente pièces de théâtre, elle a joué pour les plus grands, de Rivette à Fassbinder, Buñuel ou Duras. Après avoir été petite main chez Coco Chanel, elle rencontre le metteur en scène et dramaturge Marc’O et crée trois de ses spectacles avec Clémenti, Kalfon, Higelin. Dont Les idoles (1966), pièce musicale iconoclaste, qui obtient un grand succès critique. Bulle débute au cinéma dans L’Amour Fou (1969) de Jacques Rivette, film sur la jalousie où les comédiens participent à la création de leurs personnages en improvisant. La Salamandre (1971) du Suisse Alain Tanner la révèle au grand public. Politique et irrévérencieux, on ne cesse de rire à certaines répliques, comme quand on la traite de salope et qu’elle répond « merci » avec un sourire espiègle. Sa moue boudeuse, empreinte d’un érotisme libertaire, charme le jeune homme que je suis. C’est la bande originale de Pink Floyd qui m’invite à découvrir La Vallée (1972) de Barbet Schroeder, film ovni et
cinéma d’aventurier, tourné en Nouvelle-Guinée. Le réalisateur – et compagnon de Bulle qui tient le rôle de Viviane – suit les pas de Jean Rouch et livre ici une œuvre d’ethnologue, une expérience sensorielle. Comme Delphine Seyrig1, Bulle est une femme libre et engagée. On la voit au théâtre chez Duras ou dans Le charme discret de la bourgeoisie (1972) de Buñuel, où elles campent deux sœurs. Elles signeront toutes les deux le Manifeste des 3432. Même si elle se défend d’avoir eu beaucoup de chance, par ses choix artistiques et sa carrière immense, Bulle Ogier est une grande dame, une funambule qui avance sur une corde au-dessus du vide. C'était Mieux Avant, ArKuchi #06 Manifeste de 343 femmes célèbres s’accusant du délit d’avortement. Publié dans le Nouvel Observateur, 5/04/71 1 2
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J’ai oublié (biographie) de Bulle Ogier avec Anne Diatkine Seuil / Fiction & Cie (09/2019)
La Salamandre d’Alain Tanner (1971) Le charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel (1972) Un ange passe de Philippe Garrel (1975) La Bande des quatre de Jacques Rivette (1988) candy Mountain de Robert Frank (1988)
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Lettres & Ratures
Mode d’emploi, festival des idées 13 au 20 novembre Divers lieux, Lyon (Opéra, Musée des Confluences…) villagillet.net
Autour d'un plateau d'invités relevé, Mode d'Emploi propose en plusieurs lieux de la ville de (re)faire société. En interrogeant nos institutions, en repensant les liens qui poussent les individus à évoluer vers un corps social, le festival tente de répondre à cette question : comment associer la défense de nos intérêts particuliers avec un sens de l’intérêt général ? Thomas Piketty
Faire commun Par Marco Jéru Photo J. Panconi
Animaux sociaux et politiques, les êtres humains ont bâti, depuis les cités antiques jusqu'aux États modernes, des collectifs associant une multitude autour d’organisations communes. Mais la mondialisation, qui met en compétition sociétés et territoires et accroît les risques écologiques, rend nos collectifs de plus en plus divisés et fragiles. Comme le dit Thomas Piketty dans son dernier ouvrage : au commencement était l'inégalité des biens. Pour ne pas s'effondrer, toutes les sociétés ont besoin de justifier cette injustice par une idéologie. À partir de données comparatives inédites, dans une perspective tout à la fois économique, sociale, intellectuelle et politique, le prix Nobel d'économie retrace dans Capital et idéologie l’histoire et le devenir des régimes inégalitaires, depuis les sociétés trifonctionnelles et esclavagistes
anciennes jusqu’aux sociétés post-coloniales et hypercapitalistes modernes. À l’encontre du récit hyperinégalitaire qui s’est imposé depuis les années 1980-1990, il montre que le combat pour l’égalité et l’éducation, et non pas la sacralisation de la propriété, a permis le développement économique et le progrès humain.
une documentariste (Mila Turajlić), un spécialiste du Droit (Emmanuel Dockès), une de la cuisine (Stéphanie Schwartzbrod) et une écrivain (Claude Habib). Histoire de questionner l'expérimentation de nouveaux collectifs, la tolérance, la responsabilité humaine face à l'animal et au végétal, les nouveaux modèles de gouvernement (démocratie participative...), le passage de l'émotion individuelle à la mobilisation collective, les façons de contrer les postvérités (fake news et autres storytellings forgés par les lobbies) et les nouveaux visages de la lutte des classes. Quels que soient la cause et le mode d’expression, cette lutte se déploie à l’échelle mondiale. C'est celle des peuples contre un État-monde-système de classe, avec sa loi selon laquelle tout est à vendre et les biens infinis. Mon œil qu'il y ait une once d'esprit dans cet algorithme-là...
au commencement était l'inégalité des biens
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Pour étayer et étoffer les propos de l'économiste, plusieurs tables rondes réuniront philosophes (Makram Abbès, Bérénice Levet, Jean-Philippe Pierron, Myriam Revault d’Allonnes), historiens (Ludivine Bantigny, Laurent Le Gall), sociologues (Jocelyne Porcher, Gloria Origgi), politologues (Jérôme Fourquet, Thibault Muzergues, Agathe Cagé), une biologiste (Anne-Caroline Prévot), 28
street art
Surplombant nos allées et venues, les animaux de Zorm posent sur notre inconséquence un regard triste et affligé
zorm Par Graphull
@zorm.zorm
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cuisine-moi
Dans le panier • 4 œufs • 40 g de riz • 400 g d’épinards • 2 galettes pour nems • 30 cl de sauce soja
• 20 cl de lait • 20 cl d’eau • 15 cl d’huile de tournesol • 3 gousses d’ail • Sel, poivre
Sortie du boulot à 19 heures, les amis qui débarquent à 20 heures… Plus le temps pour les courses ! Pas de panique, on ouvre son placard et, tel un véritable Mac Gyver du fourneau, on bricole une entrée simple et originale.
Ni une ni deux, on attrape la dernière poignée de riz au fond du paquet qu’on cuit avec le reste de lait qui traîne au frigo, de l’eau, l’ail et un peu de sel. Puis on mixe le tout, avec parcimonie toutefois. Objectif : une crème lisse mais pas trop liquide. On cuit nos quatre derniers œufs six minutes à l’eau bouillante. On les balance dans de l’eau glacée, on les écale avant de les laisser mariner dans la sauce soja pendant au moins 20 minutes. Pour finir, on saute les épinards au beurre avec de l’ail, du sel et du poivre, nous voilà prêts à passer à table. On dépose la crème de riz au fond des bols, les épinards et l’œuf mariné et le tour est joué : facile, non ? Pour les effets spéciaux, on peut ajouter des chips de galettes de riz, qu’on fera frire quelques secondes dans l’huile bien chaude après les avoir cassés en plusieurs morceaux. Petit passage sur le papier absorbant avant de finir sur nos assiettes. Et pour un rendu encore plus explosif, pourquoi pas un peu de sauce pimentée ?! Avec un peu de chance, cette entrée aux accents d’Asie fera oublier qu’il n'y a que des pizzas surgelées pour le reste de la soirée !
... l'oeuf Par Claudia Cardoso Photo Claudia Cardoso
cogite-toi
4 personnes
A
10 minutes
B C D
15 minutes
E
F G H
30 minutes
I
J
HORIZONTALEMENT
1
1. Invité d’honneur Lumière 2019. 2. Il dormira familièrement. 3. Canal diffuseur de culture. Tel un "Intouchable". 4. Ile égéenne. Par essence, spirituelle… 5. Leur "train" n’a rien d’un TGV. 6. Non réussi et embrouillé. Fin d’avenir. 7. Possessif. Système de surveillance urbaine sectorielle. 8. Son fond Ponia DuMont n’est pas toujours apprécié ! Chaîne italienne renversée. 9. Celles de mer ne sont pas des fleurs. 10. Maudits ou Fainéants, ils ont disparu ! solutions arkuchi 11 Préposition ou adverbe. Panneau du tapissier.
2 3 4 5
VERTICALEMENT
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A. Les faux grèvent le budget. En haut de l’affiche ! B. Contraindrai. C. Épidermique ou superficiel. Rayon poétique. D. Bases de tout calcul. E. Lettre-chiffre. Patrie du H vertical. F. Si c’est de rire, tant mieux pour elle ! Bois utile à l’ébéniste. G. Cinéaste italien qui a perdu sa finale. Institution experte en communication. Un petit indéfini. H. Cher au 1 horizontal, a une parenté nombreuse en Sicile… I. Des fleurs pour la mariée ? Parler celtique. J. On peut y planter ses choux. Le royaume de Shéhérazade.
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U L RO T I I S C I A R N T A E L SU
T U T O R I E L L E
RA T R E R I E R E R A NAG I E E A B S QU E S U T E E E S N E X T
A I L S E A ND AO T R E UE AS
L A S S E E S S E
où trouver
Bourg-en-Bresse Musée du Brou. Tannerie. Théâtre de Bourg-en-Bresse. Zoom. Bourgoin-Jailleu Les Abattoirs. Musée de Bourgoin. Bron Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. MJC Louis Aragon. Pole Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire-et-Cuire Bibliothèque municipale. Cinéma le Méliès. Le Radiant-Bellevue. Chalon Espace des Arts. Chassieu Le Karavan Théâtre. Corbas Le Polaris. Dardilly L'Aqueduc. Décines Centre de la Mémoire Arménienne. Le Toboggan. écully écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’Épicerie Moderne. Francheville Médiathèque. L’Iris. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Grigny Centre Brenot. Médiathèque Léo Ferré. Irigny Le Sémaphore. L’Isle-d’Abeau La CAPI. La Mulatiere Aquarium de Lyon. Lyon 1 3e Fleuve. À chacun sa tasse. L'Antirouille. À Thou bout d’chant. Bar 203. Bar à vin. Les Barjaqueurs. Bistrot Chardonnet. Boîte à café. Bomp. Cabane café. Café des Capucins. CAUE Rhône. Cinéma Opéra. Clef de Voûte. Condition des Soies. Dangerhouse. Drac. ENBA. Espace 44. Le Farmer. Galerie AMR Pallade. Galerie Céline Moine. Galerie Mathieu. Galerie Le Réverbère. Le Gargagnole. Hemingway’s. La BF 15. Le Livre en Pente. Librairie Archipel. Librairie Le Bal des Ardents. Jarring Effects. Kraspek Myzik. Mapraa. Mas Amor Por Favor. Médiatone. Musée des Beaux-Arts. Le Nombril du Monde. Le Nuage Café. Opéra de Lyon. Original Watt. Le Perko. La Pinte douce. Radio Canut. Le Romarin. Le Shalala. Sofffa Terreaux. Les Subsistances. Le Tasse-Livres. Théâtre de L’Accessoire. Théâtre Les Clochards Célestes. Technoir. Tikki Records. Vins Nature. Le Voxx. Lyon 2 Archives municipales. Bar Petit Grain. Centre national de la Danse. La Cloche. Docks 40. Conflutime. ESMA. Fondation Bullukian. Goethe Institut. Librairie Raconte-Moi la Terre. Librairie Expérience. Librairie Gibert. MJC Confluence. Mob Hôtel. Musée des Confluences. Musée des Tissus. Périscope. Région A.R.A. Théâtre Comédie Odéon. Théâtre des Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. Université catholique de Lyon. Lyon 3 Auditorium de Lyon. De L'Autre côté du Pont. Archives départementales. Café du Rhône. Gnome et Rhône. Hooper. IFRA. Librairie Esprit Livre. Librairie du Tramway. La Métropole de Lyon. Pôle Emploi Scène et Images. Poltred. Salle des Rancy. Taverne Gutenberg.Théâtre Improvidence. Lyon 4 Agend’arts. Aquarium Ciné Café. L’Assiette du vin. Aux Gogniols. Bistrot du Boulevard. Bistrot fait sa Broc. Diable Rouge. Drôle de Zèbre. Les Enfants du Tarmac. Galerie François Besson. Galerie Vrais Rêves. L'Instant. Le Bleu du Ciel. Le Grain de Folie. L’Instant. IUFM. Labelalyce. Librairie La BD. Modern Art Café. Ninkasi Croix-Rousse. Ô Vins d’anges. L'Oiseau sur la branche. Paddy's Corner. Le Petit Troquet. Rideau Rouge. Théâtre de la Croix-Rousse. La Valise d’élise. Villa Gillet. Vivement Dimanche. La Voguette. Lyon 5 Le Bar Bu. Brasserie du Doyenné. CRR de Lyon. CNSMD. Collège Hôtel. École du Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Librairie Virevolte. La Mi Graine. MJC du Vieux-Lyon. MJC Saint-Just. Musées Gadagne. Musée Galloromain. Ninkasi Saint-Paul. Le Sonic. Théâtre du Point-du-Jour. Lyon 6 L’Apéro Rock. L’Astragale. Café Chloé. Musée d’Art Contemporain. L’Odyssée. Le Tout Petit Café. Lyon 7 Arts en Scène. Atelier Garage. Bibliothèque Diderot. Le Bistroquet. Café 76. Centre Berthelot. CHRD. Cinéma Comœdia. La Commune. Court-circuit. ENS. L’élysée. Les Fauves. La Fourmilière. Galerie Tator. Ho36 Montesquieu. Halles du Faubourg. IEP. L’Indocafé. Librairie Bédétik. Librairie Rive gauche. Librairie Terre des Livres. Librairie La Voix aux chapitres. Mama Shelter. Le Mondrian. Le Mowgly. Ninkasi Kafé. Le Petit Bouclard. Pimpon bar. Les Raffineuses. Sofffa Guillotière. Lyon 8 Institut Lumière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJC Monplaisir. NTH8. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Ciné Duchère. CNSMD. L’Attrape-Couleurs. La 9e Bulle. Médiathèque de Vaise. Ninkasi Vaise. TNG. Mâcon Cave à Musique. Cinéma Le Marivaux. Mâcon Scène nationale. Miribel L'Allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Le Syndrome Peter Pan. Théâtre de La Renaissance. Pierre-Bénite Maison du Peuple. Portes-Lès-Valence Train-Théâtre. Rillieux-la-Pape CCNR. Espace culturel Marcel André. Médiathèque. MJC O Totem. Piscine du Loup Pendu. Saint-étienne Cité du Design. La Comédie de Saint-Etienne. Le Fil. Le MAMC. Saint-Fons Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint-Genis-Laval La Mouche. Médiathèque B612. Saint-Priest Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Saint-Vallier Ciné Galaure. Sainte-Foy-lès-Lyon Ciné Mourguet. Tassin-la-Demi-Lune Médiathèque. Théâtre L'Atrium. Vaulx-en-Velin C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. École d'architecture. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de Valence. Vénissieux Bizarre ! Cinéma Gérard Philippe. Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne Théâtre de Vienne. Villefontaine Théâtre du Vellein. Villefranche-sur-Saône Auditorium. Cinéma Les 400 Coups. Conservatoire. Librairie des Marais. Médiathèque Mendès-France. Musée Paul Dini. Théâtre de Villefranche. Villeurbanne Atome Village. Bieristan. Campus de la Doua. CCO. CCVA. Cinéma Le Zola. Galerie Domus. ENMDAD. ENSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. Institut d’art contemporain. IUFM. La MLIS. Pôle Pixel. Studio 24. Le Rize. Théâtre Astrée. Théâtre de l'Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. Le Totem. Transbordeur. URDLA... ainsi que dans la plupart de vos mairies, bibliothèques, MJCs, espaces de coworking...
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