EDITO
LA VILLE UNIVERS ‘‘ L’habitation n’est pas un objet : elle est l’Univers que l’homme se construit en imitant la Création exemplaire des dieux. ’’ Mircea Eliade
Habiter, un verbe commun pour un acte complexe, un besoin primordial, individuel et qui pourtant engage toute la communauté. C’est à la fois cette nécessité et ce pacte social que ce numéro hors série se propose de mettre en lumière à l’échelle de Strasbourg. Quel meilleur modèle, en effet, que la Capitale de l’Europe pour saisir les enjeux sociétaux, économiques et écologiques de l’habitat contemporain, à la rencontre des femmes et des hommes qui réfléchissent la ville, le logement et le chez-soi. De l’urbanisme au design, en passant par l’immobilier et l’architecture, les acteurs du bâti nous livrent tour à tour leur vision d’une ville inclusive. Strasbourg se réinvente en continu entre valorisation du patrimoine et création de pôles inédits. La place de Haguenau connaît un second souffle, l’Hôtel des
OR NORME STRASBOURG ORNORMEDIAS 2, rue de la Nuée Bleue 67000 Strasbourg CONTACT contact@ornorme.fr DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Patrick Adler patrick@adler.fr
DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Jean-Luc Fournier jlf@ornorme.fr RÉDACTEUR EN CHEF Aurélien Montinari RÉDACTION redaction@ornorme.fr Aurélien Montinari Barbara Romero Jean-Luc Fournier
Postes, les Bains Municipaux et la Manufacture entament une vie nouvelle. Le secteur des institutions européennes s’étend avec un parc des expositions et un quartier d’affaires flambant neufs. Au nord, Schiltigheim, réhabilite son passé brassicole ; à l’est, la Coop se transforme en village, dessinant un trait d’union avec nos voisins allemands. Eco-responsable et ouverte sur l’avenir, la ville anticipe les comportements et usages de demain. Elle s’adapte, s’étend, cherchant à répondre aux besoins de tous en privilégiant toujours la qualité de vie. Strasbourg, verte, dynamique et cosmopolite est, plus que jamais, une ville où il fait bon vivre.
Aurélien Montinari Rédacteur en chef de Habiter
PHOTOGRAPHES Alban Hefti Patrick Lambin Nicolas Roses DIRECTION ARTISTIQUE Izhak Agency PUBLICITÉ Régis Piétronave 06 32 23 35 81 publicite@ornorme.fr
IMPRESSION Imprimé en CE COUVERTURE Izhak Agency TIRAGES 15 000 exemplaires Dépôt légal : à parution ISSN 2272-9461
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IMMOBILIER 14 TABLE RONDE Logement et habitat dans l’Eurométropole
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GEORGES BOUSLEIMAN La Coop, un morceau de ville à part entière
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QUARTIER FISCHER La cité radieuse
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HÔTEL DES POSTES Long courrier
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LA MANUFACTURE DES TABACS Elle renaît de ses cendres
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QUARTIER ARCHIPEL Du Maillon à Puma, Marriott et compagnie…
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PARC DES EXPOSITIONS Éloge de la lumière
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SCHARF IMMOBILIER Un duo expérience et innovation
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SERGE LUCQUET Un cadre de travail : un espace de vie
48 CANOPÉE Les jardins de Babylone 50 ALKOVE La renaissance verte
SOMMAIRE
ORNORME HORS-SÉRIE HABITER
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RETROUVEZ LE MAGAZINE IMMOVAL EN PAGE 67
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52 EkO2 La ville inclusive 56
MARCHÉ IMMOBILIER L’affaire du siècle
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SOLVEEN DROMSON Au nom du père…
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JEAN-DANIEL SELTZ “ Le compagnonnage est un état d’esprit
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CHRISTELLE & MATHIEU CLAUSS Les challengers de l’immobilier
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JOAQUIM ET LUDOVIC ARMINDO Les spécialistes de la rénovation énergétique
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URBANISME 72 SYAMAK AGHA BABAEI “ Loger à des prix abordables ceux qui vivent et travaillent ici... ” 74
JEAN-BERNARD DAMBIER CUS Habitat est devenu Ophéa
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CHRISTEL KOHLER En vert et avec tous
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82 AMÉNAGEMENT De l’A35 à un parc urbain ? 84
POUR DES EAUX PROPRES La baleine des rivières
ARCHITECTURE 90 ENSAS Interview de Jean-François Briand
SOMMAIRE
ORNORME HORS-SÉRIE HABITER
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BAINS MUNICIPAUX Vivement les Bains !
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PAUL LE QUERNEC À corps et à courbes
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NATHALIE SCHMITT “ Nous rendons la vie plus belle ”
102 PORTFOLIO Lorenza Stefanini DESIGN & DÉCO 124
LES DESIGNERS D’ALSACE Le patrimoine au regard du design
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TAMIM DAOUDI L’objet en question
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FAB LAB (Dé) faire
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FANNY MICHEL La déco qui embellit (sa) la vie !
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IMMOBILIER
Des projets qui transforment Strasbourg
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OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
IMMOBILIER
Table ronde animée par : Jean-Luc Fournier
Photos : Patrick Lambin — Jean-Luc Fournier — DR
TABLE RONDE
LOGEMENT ET HABITAT DANS L’EUROMÉTROPOLE DE STRASBOURG
Des enjeux considérables pour le territoire Le logement et l’habitat sont au cœur des politiques publiques des élus de tous bords aux quatre coins de la France. Ces secteurs conditionnent à eux seuls nombre de réalisations ou de positionnements aux ramifications multiples pour les citoyens. Il était donc particulièrement intéressant, dans ce premier numéro hors-série de Or Norme Habiter, de réunir quelques acteurs publics ou privés qui, à Strasbourg et au sein de son Eurométropole, connaissent bien les enjeux et les pratiques et sont capables de nous faire prendre conscience de l’aspect singulier des décisions qui sont prises en ces domaines.
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Photos : Patrick Lambin — Jean-Luc Fournier — DR Table ronde animée par : Jean-Luc Fournier IMMOBILIER OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
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Ont participé à cette table ronde réunie par Or Norme dans les locaux de Ophéa à Strasbourg que nous remercions pour son accueil : – Solveen Dromson, présidente de Dromson Immobilier – Jean-Bernard Dambier, directeur général de Ophéa (ex- CUS Habitat) – Syamak Agha Babaei, vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg, en charge de l’Habitat – Francis Meppiel, président de Edifipierre – Frank Maire, directeur général de Alcys et vice-président LCA FFB 67 – Christophe Glock, directeur général de Procivis Alsace et CIPA – Mathieu Schweyer, directeur régional Nord et Est de Nexity Or Norme. En cette rentrée 2019, la première question que nous avons envie de vous poser est basique mais si c’est une question rituelle, les réponses sont un bon indicateur de l’état de l’activité économique du secteur certes, mais aussi générale selon l’expression bien connue : « Quand le bâtiment va, tout va ! ». Donc, pour chacun d’entre vous, comment ça va ? Frank Maire. « Il n’y a pas une réponse unique à cette question. Dans la promotion immobilière, on peut mesurer ce qu’on a fait sur une période donnée mais on a parfois des difficultés à savoir ce que l’on va faire à moyenne ou longue échéance. Il y a tant de variables : les règles peuvent changer, le marché peut se retourner instantanément en raison de phénomènes de toutes sortes que l’on ne maîtrise pas… Ceci dit, le marché aujourd’hui, à Strasbourg, se porte globalement bien parce que les politiques publiques en faveur du logement ont été très actives et parce que le besoin en matière de logements reste très important. Donc, cela laisse augurer un avenir plutôt serein, en raison de cette forte demande. La problématique est plutôt celle de la production de ces logements : comment va-t-on faire face à cette forte demande ? Et c’est là qu’on retombe sur l’éternel problème du foncier disponible. Dans ce domaine, les grands gisements strasbourgeois sont en train d’être traités mais quand ils seront achevés, quid de la situation demain dans l’Eurométropole ? Christophe Glock. Effectivement, la demande est très soutenue sur notre territoire, essentiellement grâce au tryptique habitat - emplois - mobilités, ces trois facteurs concourant au développement de l’habitat. L’enjeu est de rester très attentif à ce que l’on ait une bonne répartition des différents secteurs de l’habitat de façon à ce que la production puisse bien s’adapter à toutes les attentes. Aujourd’hui, l’offre globale se répartit sur un spectre très large…
Mathieu Schweyer. De mon côté, je confirme bien sûr que la demande actuelle ne pose pas de difficulté pour les professionnels du périmètre de l’Eurométropole de Strasbourg. Concernant l’offre, je suis néanmoins préoccupé car il faut constater que si la demande et l’offre se sont accrues sur Strasbourg et son agglomération qui à elles seules représentent 60 % de notre activité sur la région Grand Est, nous avons aussi à considérer les problèmes de foncier disponible comme le disait Frank Maire tout à l’heure mais aussi notre capacité à travailler avec les bailleurs car nous avons besoin d’eux puisque sans eux, les projets ne se font pas. Et puis, il y a aussi notre inquiétude sur la santé-même de notre secteur du bâtiment qui a été submergé d’offres donc de travail depuis pas mal de temps maintenant avec un certain nombre d’entreprises qui ont eu du mal à encaisser ce surcroît d’activité et qui ont présenté des défaillances qui ont pesé sur nous tous. Demain, si un ralentissement vient à se présenter en raison de la rareté du foncier, qu’en sera-t-il du sort de certaines entreprises de tous secteurs qui, à peine après avoir surmonté les conséquences de la crise économique de 2008, avaient recommencé à investir pour renouveler leur capacité de production ? Francis Meppiel. Pour ma part, au sein d’Edifipierre, ce qui nous intéresse c’est de trouver des gains de productivité, de la fluidité et du bien-être. On observe avec attention ce secteur du logement qui est en train de muter car les attentes ne sont plus du tout les mêmes que par le passé. On doit bien sûr fabriquer des logements pour répondre à la demande mais notre préoccupation est aussi de comprendre les attentes de la population : comment envisagent-ils de vivre dans ces logements, comment peuvent-ils y vivre mieux et tout ça sans oublier que le prix du logement doit être abordable ? Pour parvenir à répondre à toutes ces nouvelles attentes, il faut une grande confiance entre tous les partenaires. Il faut donc un dialogue fluide, beaucoup de rencontres et traquer les non-dits.
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À droite : 1. Francis Meppiel 2. Mathieu Schweyer 3. Solveen Dromson 4. Jean-Bernard Dambier 5. Christophe Glock 6. Syamak Agha Babaei 7. Frank Maire
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Table ronde animée par : Jean-Luc Fournier IMMOBILIER OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
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‘‘ À plus de 4000 €/m2, qui peut encore acheter de telles surfaces ? ” SYAMAK AGHA BABAEI
Solveen Dromson. Ce que vient de dire Francis Meppiel me parle beaucoup. Nous sommes en effet sans cesse en quête de sens pour nos métiers. Personnellement, j’ai travaillé cinq ans pour Emmaüs où j’ai œuvré dans le logement social pour et avec les plus démunis. Cette question du sens est récurrente chez moi. Savoir comment les gens vont vivre dans les logements qu’on leur propose et, en les écoutant, comment faire naître quelque chose qui soit cohérent avec les politiques publiques locales ? Aujourd’hui, je trouve parfois que ce sens n’est plus là. Discuter avec des promoteurs locaux est très enrichissant, travailler avec des promoteurs nationaux peut l’être aussi mais l’ensemble de ce dialogue doit nous faire trouver
des réponses à des questions importantes. Quelles pratiques devons-nous mettre en œuvre, comment imaginer la ville de demain ? Je confirme néanmoins les propos de Mathieu Schweyer : les entreprises recommencent à nous solliciter pour savoir si nous avons du travail à leur confier car elles sentent venir une potentielle baisse d’activité. Les contraintes de tous ordres sont considérables pour les petits promoteurs indépendants comme nous… Jean-Bernard Dambier. Chez Ophéa, notre problématique est un peu différente : non seulement nous devons répondre à une demande de logement social qui ne se tarit pas -il y a cinq ans nous étions à 20 000 demandes de logements, aujourd’hui nous en sommes à 22 000 d’où la nécessité de produire du logement neuf tout comme les confrères autour de cette table. Mais nous devons en outre investir lourdement dans l’entretien et la rénovation de nos 20 000 logements existants, pour améliorer les conditions de vie de nos locataires. Pour vous donner un ordre d’idée, dans les dix ans à venir, nous allons devoir investir lourdement sur 8 000 logements et ce, dans un contexte politique et financier de plus en plus contraint (lire sur ce sujet l’interview de Jean-Bernard Dambier en page 86). Nous avons donc fait le choix de privilégier avant tout la rénovation du parc existant mais de ne pas perdre de vue de pouvoir répondre du mieux possible à
une offre nouvelle. Pour fixer les choses, ce sont 450 millions d’euros qui vont être ainsi mobilisés pour les dix ans à venir. Ainsi, nous allons pouvoir libérer du foncier constructible, ce qui sera une réponse aux demandes des promoteurs immobiliers nationaux ou locaux avec lesquels nous travaillons régulièrement. Syamak Agha Babaei. Depuis 2014 où on m’a confié la charge de ces secteurs au sein de l’exécutif de l’Eurométropole, je me suis forgé une vision et des convictions assez ancrées sur ces questions. D’abord, de quel territoire parlons-nous, quelles sont ses caractéristiques ? Certes, avec ses 500 000 habitants, ce territoire est attractif, cela a été dit, mais il est très particulier : on le voit tous comme riche, voire même très riche comme à Strasbourg intra-muros par exemple mais c’est en trompe-l’œil. La ville de Strasbourg a un taux de pauvreté qui monte à 25 %. C’est la troisième grande ville française en matière de taux de pauvreté. C’est un élément saillant et très important qui n’est jamais autant rappelé qu’il le faudrait. L’Eurométropole est en outre l’agglomération la plus inégalitaire de France, si l’on considère l’écart de revenus entre les plus pauvres et les plus riches. La demande est si forte qu’outre les logements sociaux, tous les autres logements trouvent preneurs. Il y a une énorme tension sur tous les segments du marché à Strasbourg. Mais il y a d’autres enjeux qui émergent :
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Photos : Patrick Lambin — Jean-Luc Fournier — DR Table ronde animée par : Jean-Luc Fournier
il va nous falloir passer, par exemple, du logement conçu depuis toujours comme un produit au sens économique du terme, au logement qui correspond
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mieux aux besoins actuels émergents. La question du tarif, l’abordabilité, mais aussi ce qui est pour moi la question essentielle qui va devoir être prise en compte dans notre façon de créer du logement : ses usages. Le
OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
tion de l’habitabilité des logements. Si le logement n’est plus seulement un produit standard mais correspond mieux aux besoins du mode de vie des gens qui vont y vivre, et bien il faut que son intérieur corresponde à leurs besoins : en 1980 on produisait ici 40 % de T5, on en est à moins de 5 % ! À plus de 4000 €⁄m2, qui peut encore acheter de telles surfaces ? Il faut donc assurer une diversité financière à l’exemple de ce que
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JEAN-BERNARD DAMBIER
logement devra être de plus en plus co-construit avec ses habitants. La question de l’usage pose aussi la ques-
fait la ville de Rennes : là-bas, sur un projet public de logements, on trouve douze produits différents en terme d’accessibilité financière. Il y a aussi la diversité
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‘‘ Route du Rhin, l’hétérogénéité paraît bizarre mais elle traduit une forme d’incohérence dans l’aménagement urbain… ”
architecturale, et ce n’est pas un détail : les mêmes contraintes qu’on rencontre partout finissent par faire apparaître les mêmes produits un peu partout aussi…
Jean-Bernard Dambier. Ce temps long est une réalité centrale. Prenez l’exemple de l’avenue du Rhin : c’est un assemblage de décisions politiques qui ont été prises à des moments très différents. Avant qu’il n’y ait du logement là-bas, on y a permis l’installation de nombreux commerces de négoce de matériaux de bâtiment, des concessionnaires automobiles. Aujourd’hui cette hétérogénéité paraît bizarre mais elle traduit une forme d’incohérence dans l’aménagement urbain… Frank Maire. Il faut tenir compte des sentiments exprimés par les premiers concernés : les gens qui habitent là-bas. Je peux témoigner qu’ils sont ravis d’y vivre car ils se sentent maintenant au centre de Strasbourg. Auparavant, pour accéder au Neudorf,
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Table ronde animée par : Jean-Luc Fournier IMMOBILIER OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
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‘‘ On se trompe sur les problèmes de densité urbaine : il y a celle perçue et puis celle mesurée réellement. ” FRANK MAIRE
il fallait traverser un no man’s land, aujourd’hui ce n’est plus le cas, la continuité urbaine a été assurée. Je voudrais dire aussi qu’on se trompe sur les problèmes de densité urbaine : il y a celle perçue et puis celle mesurée réellement. La plus grande densité urbaine à Strasbourg se trouve à l’avenue des Vosges et ses alentours. C’est un critère qu’il ne faut pas amalgamer avec celui des problématiques de trafic automobile. Par ailleurs encore, on parle de bétonisation : c’est une perception. Ce mot est barbare, péjoratif. Il faut quand même savoir que tous les promoteurs et les architectes qui construisent répondent à un cahier des charges public extrêmement précis et que leur marge de manœuvre est tout sauf large. La question qui se pose pour les politiques est donc de décider de
dédier du foncier aux espaces verts. Lisbonne plante 10 000 arbres par an sur son territoire et cela depuis des années, ce n’est pas pour rien qu’elle a reçu le titre de European Green Capital. Si l’on avait à Strasbourg planté des milliers d’arbres près des logements dont on avait impérativement besoin, on aurait changé la perception des choses. Il y aurait un équilibre entre ce qu’on verdit et ce qu’on construit. Syamak Agha Babaei. Il faut relativiser tout ça. L’avenue des Vosges n’est pas le secteur le plus dense en matière de logements. C’est le secteur du Bon Pasteur à l’Orangerie qui est le secteur de construction récente qui présente la plus grande densité de logements : plus de 120 logements à l’hectare pour 117 à l’avenue des Vosges. Et aujourd’hui peu de projets prévoient cette densité là car on impose de ne pas exploiter au maximum l’espace constructif. Par ailleurs, comme on impose un quota de places de parking par programme immobilier, je suis pour qu’on impose un ratio de surface verte et d’arbres plantés. La perception des habitants changera et leur mieux-vivre dans ces endroits-là aussi… Il faut aussi accélérer sur les questions de verticalité de la végétation, comme Francis Meppiel le fait sur le site de l’ex-maison du Bâtiment,
place de Haguenau. N’oublions pas quand même que Strasbourg a été primée troisième ville de France pour ses espaces verts ! Que s’est-il passé ces dernières années pour que ce sentiment de bétonisation s’installe alors que nous avons de grands parcs comme l’Orangerie, les Contades, Schulmeister, la Citadelle, la Bergerie à Cronenbourg qui sont autant de poumons pour la ville ? Ce qui nous manque c’est de matérialiser une continuité verte dans les interstices entre eux. Ne nous mentons pas : pour des raisons d’économies budgétaires, on a quelquefois trop privilégié les places minérales qui coûtent évidemment beaucoup moins cher à entretenir… Il faut tendre vers certaines réussites dans ce domaine : je pense à la place d’Austerlitz, même si à mon sens on aurait pu faire encore plus en matière d’espaces verts… Et puis, toujours pour relativiser, avec notre moyenne de 3 000 nouveaux logements par an, on est plutôt à la queue des métropoles : Lyon c’est 10 000, Bordeaux 8 000, Nantes 6 000, Rennes 4 000… Christophe Glock. Sur ces questions de perception de bétonisation et de manque d’espaces verts, il faut attendre, je crois, l’aboutissement final des projets. Ne pas juger trop tôt car on ne tient alors que du seul visible, les bâtiments. L’exemple de la ZAC Danube le montre bien : pour l’heure, c’est beaucoup de bâtiments avec des espaces vides entre eux. Mais aucun espace vert n’a encore ni été planté ni réalisé. Quand tout sera terminé, la perception sera tout autre. Il ne faut pas juger dans l’instantané… Syamak Agha Babaei. On en revient un peu à l’usage de l’espace constructif. Il faut remettre cet usage au cœur du dialogue avec les citoyens. Dans notre processus de fabrique de la ville, on n’a pas un lieu qui permettrait aux citoyens de comprendre ce qui se passe : on fait des réunions publiques qui ne servent à rien où on essaie de générer du dialogue public mais n’y viennent que ceux qui viennent tout le temps. C’est un véritable Fab Lab de la ville qu’il faudrait créer où les projets pourraient être simulés et où on pourrait voir concrètement l’impact sur l’environnement immédiat : vue, hauteur, impact sur l’ensoleillement…
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Solveen Dromson. Je pense que sur ces questions, nous les promoteurs péchons par défaut d’information. Je le vois quand nous recevons à l’agence des gens qui se renseignent sur leur projet de vie, car oui, c’est souvent l’aventure d’une vie que d’acheter son logement. Ce défaut d’information et de communication fait que parfois nous sommes mal perçus et ce travail de fond, nous le faisons quelquefois mal. Il nous faut tout faire pour que les gens accèdent à ces
informations. C’est notre cheval de bataille et il est nécessaire d’informer encore plus tant nous sommes victimes de clichés. Il n’est jamais facile d’être un petit promoteur indépendant à Strasbourg mais nous nous devons de répondre à ce défi de renverser les clichés nous concernant… Or Norme. Pourrait-on revenir sur un des premiers points potentiellement inquiétants identifiés au tout début de nos échanges, je veux parler des réserves de foncier disponible… Syamak Agha Babaei. Il y a le foncier vierge mais quand on parle de 3 000 logements par an, pour un tiers d’entre eux au moins, c’est du renouvellement urbain. Il reste encore des espaces importants de friches industrielles ou de locaux vides qu’il faut aménager. Faire de la ville sur la ville, c’est ça. Dans Strasbourg, il y a nombre de bâtiments vides à qui on peut donner une vie transitoire.
‘‘ Il n’est jamais facile d’être un petit promoteur indépendant à Strasbourg mais nous nous devons de répondre à ce défi. ” SOLVEEN DROMSON Mathieu Schweyer. Je voudrais citer ici l’exemple de Lille où nous sommes implantés. Depuis plus de dix ans, la ville produit du foncier avec la règle des un tiers : un tiers de foncier en accession libre, un autre tiers en prix maîtrisé ou avec des bailleurs ou sous la forme de logements intermédiaires à des prix complètement maîtrisés par la collectivité, le dernier tiers étant du locatif social. Tous les promoteurs qui travaillent sur Lille respectent ce système à la lettre. Ça fonctionne… Il peut y avoir aussi un contrôle du prix de sortie d’un logement qui peut être appliqué dès le départ dans une forme de contrainte entre le promoteur et la collectivité. À Strasbourg, ça a toujours très bien fonctionné… Frank Maire. Concernant le foncier, il y a aussi la problématique de l’antagonisme parfois flagrant entre Strasbourg et les communes de première ou deuxième couronne de la métropole qui est un échelon où
Photos : Patrick Lambin — Jean-Luc Fournier — DR Table ronde animée par : Jean-Luc Fournier IMMOBILIER OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
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l’aménagement du territoire n’est jamais une question simple. Il y a des maires qui veulent, bien légitimement, des transports en commun mais qui ne veulent pas qu’on construise chez eux. Si la hauteur des bâtiments est problématique à Strasbourg, elle l’est encore bien plus en première ou deuxième couronne. Or, aujourd’hui, on ne peut pas imaginer que c’est à Strasbourg de porter seul tous les enjeux. Mais politiquement, c’est très difficile aujourd’hui de répartir cette charge. « Vous m’amenez un tram, très bien… Vous m’amenez des bus ? Super ! Par contre, pas question de m’imposer une ZAC ou du 75 logements à l’hectare ! »
‘‘ On ne peut pas imaginer que c’est à Strasbourg de porter seul tous les enjeux.” FRANK MAIRE
Or Norme. Et pour terminer, consacrons un instant sur cette réflexion de Solveen Dromson exprimant les difficultés rencontrées par les promoteurs indépendants à Strasbourg… Francis Meppiel. On est toujours dans le même principe de David et Goliath. C’est comme pour les architectes : très souvent on fait appel à des archis extérieurs mais ce n’est pas propre à Strasbourg. C’est partout un peu pareil… Frank Maire. Les grandes opérations sont très souvent trustées par les promoteurs nationaux, c’est vrai… Je ne sais pas si c’est une spécificité strasbourgeoise mais il faut quand même rappeler que nous bénéficions ici d’un tissu de promoteurs locaux qui est un des plus denses de France si l’on tient compte du fait que nous sommes une des plus petites régions géographiques du pays. Pour autant, la part du gâteau qui leur revient est extrêmement faible. Il faut le dire. C’est un choix politique…
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Photos : Patrick Lambin — Jean-Luc Fournier — DR Table ronde animée par : Jean-Luc Fournier IMMOBILIER OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
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‘‘ Nous allons peut-être vers la fin du promoteur à l’ancienne. On n’en est pas à définir le modèle mais c’est une question qui va se poser très vite. ” SYAMAK AGHA BABAEI Mathieu Schweyer. Il faut bien sûr relativiser le cliché de l’abominable capitaliste qui truste tout. Je veux simplement rappeler que Nexity salarie 440 personnes dans l’Est de la France dont 130 vivent, travaillent et consomment dans l’Eurométropole de Strasbourg. Pour réaliser nos bâtiments, nous faisons appel à des sociétés locales de dix-huit corps d’Etat. Et
puis, on oublie qu’il y a pas mal de promoteurs locaux qui ont une activité plus importante que la nôtre, c’est un fait. Syamak Agha Babaei. Mais en même temps, tout le monde travaille et on ne peut pas dire que depuis 2008, vous travaillez moins qu’avant. Quand je suis face à Mathieu Schweyer, il me dit : vous ne nous donnez rien, on n’a rien… Quand je parle avec Jean-Bernard Dambier, il me dit que la collectivité ne soutient pas assez Ophéa… Tout le monde cherche à défendre sa soupe… Mais l’important volume à construire fait que tout le monde travaille, vous le savez bien. De toute façon, les mutations du système, le fait qu’on aura moins de foncier disponible, qu’on va avoir affaire à des gens qui auront peut-être moins de ressources avec aussi les questions d’usage et de propriété qui vont changer les comportements, nous allons peut-être vers la fin du promoteur à l’ancienne. On n’en est pas à définir le modèle mais c’est une question qui va se poser très vite, à mon avis… »
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IMMOBILIER
Texte : Aurélien Montinari
Photos : Alban Hefti — Studio Persevoir pour Alexandre Chemetoff & associés
GEORGES BOUSLEIMAN “ La COOP, un morceau de ville à part entière ” Le projet de la COOP a demandé une vision hors norme, tant d’un point de vue patrimonial, qu’urbanistique et sociétal. Une vision portée par Georges Bousleiman, PDG de SAS 3B pour qui, immobilier rime avec art de vivre. Or Norme. Le groupe 3B a pour démarche, à travers ses opérations d’aménagement et de promotion, de valoriser le patrimoine, en quoi est-ce important pour vous d’avoir été partie prenante sur le chantier de réaménagement de la COOP ? « Ce qui est important sur ce site, et c’est ce qui nous différencie par rapport aux autres projets de la SPL Deux-Rives et de Strasbourg, c’est que la CO OP est un village - ce n’est d’ailleurs pas pour rien que nous avons créé au sein de notre projet la Place du Village - un lieu dédié aux rencontres entre résidents et usagers de la COOP, aménagé d’espaces verts et d’un jardin. L’idée, c’est de sortir de chez soi et cela dans un espace dédié à la détente, sans voitures. Il y a la Place du Village, le jardin des Saules et la Place de la Sérigraphie. Par exemple, la Place de la Sérigraphie, c’est exactement la même taille que la Place du Marché Gayot.
Mon ambition aujourd’hui, c’est de pouvoir créer sur la Place de la Sérigraphie une copie de la Place du Marché Gayot, avec des restaurants ouverts à midi et que, le soir, ces mêmes restaurateurs transforment ces espaces en des lieux de vie, où l’on pourrait jouer de la musique, comme dans un bar à jazz par exemple. Il y a un arrêt de tram très proche, je trouve que tout se prête à créer un formidable lieu de vie. Si l’on veut respecter la mémoire des lieux, il faut se demander d’abord quels sont les bâtiments emblématiques qui différencient Strasbourg d’une autre ville et, tout le travail demandé à l’architecte, c’est de reproduire cet état d’esprit. Il faut que l’on retrouve des éléments singuliers comme les toitures, les formes et les matériaux. Nous voulions une architecture pas seulement régionale mais située, strasbourgeoise et réinterprétée par les architectes du cabinet Nunc Architectes. C’est cet esprit-là que l’architecte-concepteur Alexandre Chemetoff a voulu créer avec ce quartier. Il veut absolument redonner vie à la CO OP, réactualiser la CO OP qui a 118 ans aujourd’hui. Réactualiser, pas seulement les bâtiments, les rafraîchir et les mettre au goût du jour, mais rafraîchir aussi sa mémoire et préserver son message dans ce lieu. La CO OP c’est quoi ? C’est ramener, en-dehors de ces chaînes de distribution majeures, le produit du producteur directement au consommateur et donc, tout l’esprit qui tourne autour de la COOP, c’est aussi cela. Vivre à la COOP, c’est vivre dans un village qui a une mémoire et les gens qui viendront habiter ici partageront cette philosophie du vivre-ensemble. Or Norme. Dans la mesure où l’on parle d’une nouvelle ville, d’un nouveau village strasbourgeois, comment pensez-vous que va s’organiser le dialogue entre le centre et cette excroissance ?
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Photos : Alban Hefti — Studio Persevoir pour Alexandre Chemetoff & associés Texte : Aurélien Montinari IMMOBILIER
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La COOP, c’est une vie de jour et une vie de nuit, un véritable morceau de ville à part entière. Créer des lieux de travail, un musée, des espaces événementiels, des restaurants, des ateliers d’artistes... et mettre tout cela ensemble, c’est comme cela qu’on invente un quartier entier de la ville qui vit en permanence. La liaison avec Strasbourg va se faire aussi naturellement que cela avec notamment l’accès en tram. Ce quartier va prouver qu’il est réellement le cœur battant des Deux-Rives. C’est une continuité de la ville avec la même énergie. Or Norme. Est-ce que l’on peut parler d’un art de vivre ?
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OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
Toute la question est là. À New-York il y a différents quartiers qui ont été fabriqués autour de Manhattan, ce sont des villages, des lieux où les gens ont travaillé, qui sont transformés aujourd’hui ; et ce sont devenus les quartiers les plus huppés. Toute chose relative, à Strasbourg, dans ces lieux de mémoire, il y a un moyen de recréer un village. Strasbourg reste Strasbourg. Centre et périphérie, comment les relier ? Ils ont été reliés par le passé car la COOP faisait partie de Strasbourg. Elle a été en friche, mais désormais, avec l’urbanisation du secteur Deux-Rives, la COOP est reliée à nouveau à Strasbourg. Plus que dans une fonctionnalité de lieu de travail ou de quartier dortoir, elle va aujourd’hui offrir, à l’instar de certains quartiers de Strasbourg, une vie de jour avec des bureaux — 800 emplois sont créés.
Évidemment ! Et ça part de la question : comment redonner envie aux gens de s’approprier leur quartier ? Quand ils viennent, ils ont fait un choix et c’est un choix de vie. Ces lieux vont leur appartenir, pas seulement leur logement mais
‘‘ La COOP, c’est une vie de jour et une vie de nuit, un véritable morceau de ville à part entière. ” également ces lieux partagés. C’est à eux de les faire vivre, c’est à eux de s’approprier ces espaces, cette ville-là. C’est ce contrat sociétal que l’on est en train de chercher à recréer. Habiter à la COOP, ce n’est pas seulement acheter un logement, c’est partager une façon de vivre. C’est cela que l’on cherche, redonner à ce lieu une âme, qui était la sienne. Je suis intimement convaincu en tant que promoteur, que notre avenir se situe là. Ce n’est pas seulement dans l’économie d’énergie, ce n’est pas seulement dans des constructions avec tel ou tel type de matériau ; il faut chercher aujourd’hui à faire vivre les lieux. C’est ce que les gens attendent, ce n’est pas seulement X kilowatts de consommation par mètre carré par an, ou des produits sans additif chimique, on a aussi besoin d’une autre dimension : la dimension sociale, humaine. C’est là où la COOP, apporte une réponse à cette attente. 3B investit tout de même pas loin de 80 millions d’euros dans ce projet et nous sommes intimement convaincus que cet exemple COOP sera recopié dans son esprit, un peu partout en France. C’est aujourd’hui le pari de développement de 3 B en-dehors de l’Alsace, que ce soit dans le secteur de Nancy, de Reims, ou dans la banlieue parisienne. Je cherche à promouvoir cette nouvelle façon d’habiter. »
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S C H I LT I G H E I M
QUARTIER FISCHER
La cité radieuse
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OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
IMMOBILIER
Texte : Aurélien Montinari
Photos : Altarea Cogedim — DR
Ancienne cité des Brasseurs, la commune de Schiltigheim est en pleine transformation. Sous l’égide de l’opérateur immobilier Altarea-Cogedim, les friches industrielles font peu à peu place au nouveau Quartier Fischer, entre patrimoine et modernité. Voilà plus d’un siècle que les cheminées de la cité brassicole de Schiltigheim symbolisent l’entrée de Strasbourg. Une histoire intimement liée à la boisson houblonnée qui, après la fermeture de nombreuses brasseries, connaît désormais un nouveau dynamisme, urbanistique et immobilier cette fois. Le chantier du Quartier Fischer a ainsi débuté en octobre 2018. Ce projet de réaménagement des friches industrielles Fischer a été initié par l’entreprise Heineken, propriétaire du site ; il est mené par l’opérateur immobilier Altarea-Cogedim. Pour Virginia Bernoux, présidente de la filiale Région Est, la volonté de respecter le patrimoine en présence était une constituante cruciale du chantier : « Dès le premier jour, nous avons travaillé avec un cabinet d’architectes-urbanistes (Reichen & Robert) pour comprendre ce que représentait ce site dans le tissu schilickois, mais également à l’échelle de l’Eurométropole. Nous voulions identifier quel patrimoine conserver (…) créer un trait d’union entre le passé brassicole et une vision de la ville de demain. » DE L’INDUSTRIE À L’ART DE VIVRE Un projet entre tradition et modernité, protéiforme dans ses prestations et qui fait la part belle à la qualité de vie. Sur un site de 4 hectares se déploient au total 610 logements (comprenant 25% d’habitations sociales et une résidence intergénérationnelle de 74 logements), des commerces, un complexe cinématographique MK2, mais aussi une école, ainsi que des espaces verts. Fruit d’un long travail de concertation, le réaménagement des friches industrielles Fischer se veut en harmonie avec la vie des riverains ; « nous avons créé des groupes de travail avec
des enfants, des commerçants, des personnes qui connaissent le patrimoine, des associations (…) nous voulions faire quelque chose d’équilibré et qui réponde aux attentes de Schilickois et de ceux habitant à proximité du projet. » UN PATRIMOINE VIVANT Ces logements et services tiennent compte des symboles de Schiltigheim tout en proposant une relecture dynamique de l’espace, loin d’une vision muséographique, « le passé continue à vivre dans le présent et dans le futur, avec de nouveaux usages ». Sont ainsi conservés, le bâtiment de la Malterie, une cheminée, le Palais Fischer, la Villa Grüber, un bâtiment des années 1930 et certaines des caves, désormais classées. Au-delà du dialogue entre préservation et rénovation, le but de cette opération immobilière est de faire revivre un quartier trop longtemps abandonné, en inoculant de la vie dans la ville. Le projet se veut à la fois innovant, équilibré et durable. Comportant 40% d’espaces verts, il inclut également une réflexion autour des modes de transport doux. « Nous sommes en discussion avec l’Eurométropole pour créer une future voie cyclable, le long du cimetière (…) et il ne faut pas
‘‘ Créer un trait d’union entre le passé brassicole et une vision de la ville de demain. ’’
Vue d’architecte du site de la Malterie
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s’interdire d’imaginer qu’un jour, le tramway pourra passer. » Schiltigheim envisagée comme un nouveau pôle d’attractivité, mais pas au détriment du présent, « ce projet doit répondre à la fois aux attentes des futurs habitants du site, mais également de toute la population de Schiltigheim ». Un aménagement, comme un trait d’union, entre les époques, les gens, Strasbourg et sa périphérie, « plus on est capables de créer de l’interaction et de la proximité, plus on est capables de répondre aux besoins de nos concitoyens ». Pour le moment, le chantier est en cours, avec une première livraison prévue en 2021 pour l’école, ainsi que certains logements et commerces. En attendant, le Männele de Fischer garde un œil sur les travaux.
Virginia Bernoux
STRASBOURG
HÔTEL DES POSTES
Long courrier
Avec sa récente (et attendue) classification au patrimoine mondial de l’UNESCO, le quartier de la Neustadt voit enfin reconnue l’exception de son histoire architecturale. Parmi les bâtiments construits sous l’Empire allemand, il en est un particulièrement majestueux : l’Hôtel des Postes.
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IMMOBILIER
Texte : Aurélien Montinari
Photos : Bouygues Immobilier
Qui, en faisant la queue au guichet de la Poste, n’a pas levé les yeux pour contempler les volumes de cette immense salle, avec son impressionnante verrière ? La Poste de l’avenue de la Marseillaise ne représente cependant qu’une partie de l’Hôtel des Postes. Bâtiment de style néo-gothique inauguré en 1899, il fut en partie reconstruit et modernisé suite aux bombardements de 1944. Depuis le printemps dernier, l’histoire de l’Hôtel des Postes connaît un nouveau chapitre avec un chantier de rénovation mené par les groupes Poste Immo et Bouygues Immobilier. Un projet multiple et moderne, loin du « monousage » comme le définit Arnaud Berger, manager grandes affaires chez Bouygues Immobilier. Aborder un chantier d’une telle ampleur demande non seulement de la méthode, mais aussi une vision et un sens du respect, la réfection de ce bâtiment d’Empire se faisant sous les préconisations d’un architecte des Bâtiments de France. Valoriser un patrimoine sans porter atteinte à son intégrité, voilà la mission que s’est fixée le promoteur immobilier : « L’intérêt premier, c’est la conservation du bâti et du patrimoine. Nos interventions en façade ou dans le corps du bâtiment doivent se faire de la manière la plus discrète possible, la plus intégrée. »
résidentiels, une résidence destinée aux seniors, mais aussi des bureaux, une brasserie-restaurant, un parking sous-terrain et, bien évidemment, un bureau de Poste. « À cet endroit-là, nous sommes à proximité immédiate du centre-ville. Nous avons un pâté de maisons entier à notre disposition, nous voulions donc apporter une mixité d’usages. Le bâtiment a été très bien conçu par les Allemands, il accepte facilement de scinder les différentes fonctionnalités. »
‘‘ L’intérêt premier, c’est la conservation du bâti et du patrimoine. ”
UNE SECONDE VIE
Une pluralité des prestations qui sert un seul et même objectif : privilégier la qualité de vie, « nous voulions, à l’échelle de cet îlot, apporter tout ce qui peut contribuer à la vie aujourd’hui ». 20 000 m² donc, partagés entre passé et avenir, privé et public, ou comment le bâti dicte sa propre histoire. « Quelque part, le bâtiment fait le travail tout seul, il se suffit à lui-même. Nos vraies contraintes sont techniques, comme l’intégration d’ascenseurs ou la mise à jour aux réglementations. »
Une intervention en finesse donc, mais qui n’empêche pas de refondre en profondeur la vie de l’Hôtel des Postes. Si la forme demeure, la fonction change et se voit affublée de nouvelles prestations. Le bâtiment, réhabilité et transformé, accueillera ainsi une centaine de logements
L’art de vivre de l’Hôtel des Postes restera donc intemporel. Sa renaissance, prévue pour l’été 2021, revitalisera le quartier de la Neustadt. 120 ans après sa construction, ce pan de l’histoire strasbourgeoise va continuer à nous impressionner.
En haut : L’Hôtel des Postes au cœur de Strasbourg En dessous : Le cluster dans la cour intérieure
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STRASBOURG
LA MANUFACTURE DES TABACS Elle renaît de ses cendres
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IMMOBILIER
Texte : Barbara Romero
Photos : SERS
Futur hub urbain d’innovation sociale et économique, la requalification de la Manufacture des tabacs réinventera la Krutenau. Propriété de la SERS (Société d’aménagement et d’équipement de la région de Strasbourg) depuis 2015, le site, inscrit aux Monuments historiques, trouvera une seconde vie à l’horizon 2022, tout en conservant l’âme de sa riche histoire. Jusqu’à l’été dernier, les Strasbourgeois n’avaient aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler la Manufacture des tabacs, pourtant érigée là, au cœur de la Krutenau, depuis 1852. « La production de tabac est très réglementée, nous ne pouvons dissocier la Manufacture de la culture du tabac en Alsace, souligne Eric Fullenwarth, directeur général de la SERS. Ce bâtiment sur 1,5 hectare était une véritable prison. Notre volonté, avec la Ville de Strasbourg, est de l’ouvrir sur le quartier. »
Manufacture était sur le site du couvent Saint-Etienne
Pour le directeur, écrire une nouvelle page nécessite de s’imprégner de son histoire. « A l’origine, la
et à conserver sa volumétrie qui lui donne tout son
depuis 1843, mais lorsque la direction générale des Tabacs a souhaité l’étendre, Prosper Mérimée, l’inspecteur des monuments historiques, s’y est opposé en classant l’église Saint-Etienne que les gérants souhaitaient démolir. La Manufacture a alors été construite à la Krutenau. » Propriétaire depuis 2015, la SERS a tenu à l’inscrire aux monuments historiques. « Nous ne nous sommes pas facilité la tâche, mais nous tenons à ce qu’elle soit réhabilitée dans son jus caractère. »
PÔLE D’EXCELLENCE, RESTAURATION BIO, ÉVÉNEMENTS, HOSTEL
Eric Fullenwarth
Avec une emprise de 21 500 m², « La Fabrique du futur », deviendra un nouveau lieu de vie. La complexité du chantier réside dans la multiplication des maîtres d’ouvrage, entre la Ville de Strasbourg, l’Université et la SERS. « Nous sommes obligés de coordonner l’ensemble pour respecter une cohérence et le caractère du bâtiment, c’est pourquoi nous avons fait appel à Antoine Oziol, architecte du patrimoine, qui remplira ce rôle. »
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Durant l’été, le chantier a battu son plein, pour une livraison échelonnée des différents pôles jusqu’à 2022. Dans le détail, la Manufacture abritera sur 10 000 m² un pôle d’excellence autour des géosciences, de l’eau et de l’environnement, porté par l’Université de Strasbourg. La Ville de Strasbourg a acquis 4200 m² pour déployer une annexe de la Haute école des arts du Rhin. SEMIA et ACCRO investiront 1900 m² pour abriter des start’up. La Manufacture deviendra également un lieu ouvert sur la ville, en concertation avec les associations du quartier, avec sa place centrale dédiée à la restauration bio. Baptisée le Lab, cette place accueillera un magasin de producteurs bio, un restaurant bistronomique, la Kantine, un autre restaurant végétarien, Vegetable, un restaurant d’insertion, Les Petites Cantines et, enfin, Cocci’saveurs, un établissement géré par un éleveur de Sélestat pour une cuisine du champ à l’assiette. Durant l’été, la SERS a
lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la gestion de l’espace événementiel. Enfin, la Manufacture abritera un « hostel » de 264 chambres, une auberge de jeunesse nouvelle génération à la déco léchée. Pour Eric Fullenwarth, « ce quartier doit être vivant, les habitants doivent s’approprier ce lieu, c’est une vraie volonté de nos élus, rappelle-t-il. Nous serons évidemment attentifs à la gestion de l’acoustique, pour le bienêtre de tous. » Le tout sur un site chargé d’histoire pour un supplément d’âme.
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IMMOBILIER Texte : Barbara Romero
Photos : Cabinet King Kong - Cabinet DRLW
STRASBOURG
QUARTIER ARCHIPEL
Du Maillon à Puma, Marriott et compagnie…
Le quartier d’affaires international du Wacken se dessine. La première phase, Archipel 1, est un tel succès, qu’Archipel 2 se construit avec… deux ans d’avance ! Un gros navire débarque à Strasbourg, avec pour tête de proue l’îlot 5, face à la place Adrien-Zeller, dont le chantier vient de démarrer. L’ancien Maillon a été détruit durant l’été. Les entreprises générales Vinci Construction et Demathieu Bard Construction ont achevé les terrassements. Le chantier peut démarrer. Objectif prioritaire : livrer le bâtiment qui abritera le siège social de Puma d’ici à septembre 2020. Suivront l’hôtel 4 étoiles et la résidence Marriott, une cour intérieure dotée d’une offre commerciale et un bâtiment de huit étages accueillant des bureaux. Bienvenue sur l’îlot 5 d’Archipel 1. « C’est un très gros projet, de par sa taille déjà — c’est quand même un bébé de 20 000 m² pesant 50 millions d’euros de travaux hors-taxes — et, dont l’enjeu est important. Sur la place, au cœur du Wacken, cet îlot est la signature d’Archipel 1 », confie Damien Cordier, architecte associé du cabinet DRLW, maître d’œuvre, architecte mandataire de l’opération. Puma investira un bâtiment de quatre étages de 1000 m² chacun, doté d’une façade tout en vitres. « À la demande de Puma, nous avons également prévu un rooftop pour des activités sportives calmes et en plein air, type yoga ou méditation, pour ne pas importuner les clients de l’hôtel », précise Damien Cordier.
39 Le quartier Archipel
Attenant en effet au siège de la marque de sport, un combo hôtelier verra le jour sur huit étages vitrés avec des bandeaux horizontaux aux tons chauds. Dessiné par le cabinet bordelais King Kong sous la houlette de DRLW, cabinet mandataire de l’ensemble de l’îlot 5, l’espace abritera un hôtel 4 étoiles et un appart-hôtel 3 étoiles Marriott. En rooftop, un restaurant sera géré par l’hôtel.
UNE RECONNAISSANCE DANS LA RÉGION À l’arrière de Puma, un bâtiment de huit étages abritera des bureaux, toujours à pourvoir. Enfin, dans le socle, l’on retrouvera un îlot végétalisé, destiné à accueillir des boutiques et des terrasses. En charge de la promotion du site : les promoteurs ADIM et Demathieu Bard. « Nous ne savons pas précisément ce que l’on y trouvera, mais l’idée d’un petit café est ouverte, comme celle d’une boutique Puma », précise l’architecte avant de rebondir : « C’est un très gros chantier avec un timing très serré. Nous sommes heureux de l’avoir gagné, cela ne fait que prouver que régionalement, aussi, nous avons des compétences. » DRLW fête, en effet, ses 40 ans et compte une cinquantaine de collaborateurs entre Mulhouse et Strasbourg. Le chantier qui l’a lancé ? L’aéroport de Bâle-Mulhouse en 2006. Spécialisé dans l’aéroportuaire, le cabinet est aussi derrière la bulle de verre de la Maison de l’Alsace sur les Champs-Élysées, la tour de l’ESCA à Strasbourg, l’École Européenne de Strasbourg en collaboration avec Auer-Weber, et bien d’autres projets dans la culture, le ferroviaire, l’habitat avec pour spécialité le loft. « Souvent on demande des signatures lors des concours et l’on oublie parfois notre région, sourit Damien Cordier. L’Alsace compte de beaux cabinets d’architecture qui peuvent être des signatures nationales… Cela nous fait plaisir d’être retenus et de montrer ce que l’on sait faire. » L’ensemble sera à découvrir courant 2021 dans ce quartier du Wacken en pleine mutation.
Photos : Kengo Kuma - Lunance
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IMMOBILIER
Texte : Aurélien Montinari
STRASBOURG
PARC DES EXPOSITIONS
Éloge de la lumière L’ancien Parc des Expositions, dont certaines installations dataient de 1926, fait peau neuve. Un nouvel écrin pensé par l’architecte japonais Kengo Kuma, tout en force et en légèreté. Dans un marché de l’événementiel très concur-
Imaginé par l’agence internationale Kengo Kuma
rentiel, la Ville de Strasbourg se devait de
& Associates, basée à Tokyo et à Paris, le concept
s’équiper de nouvelles installations à la hauteur
du bâtiment, dénommé Lisières, s’insère parfai-
de son statut de Capitale de l’Europe. C’est chose
tement dans la trame urbanistique actuelle et à
quasi faite, avec le récent chantier du nouveau
venir. En tête de l’avenue Herrenschmidt, il repré-
Parc des Expositions qui prend place derrière
sentera un marqueur fort de l’entrée de la ville.
l’hôtel Hilton, sur les anciens terrains sportifs du
L’architecte de renommée internationale Kengo
Strasbourg Université Club (SUC). Pensé pour
Kuma, à qui l’on doit également la création du
fonctionner en synergie totale avec le Palais de la
stade national des futurs J.O. de 2020 à Tokyo, a
Musique et des Congrès (PMC), ce projet s’inscrit
créé pour l’occasion un bâtiment à la fois sobre et
dans le chantier plus vaste de remodelage du
maîtrisé, où des essences de bois locales consti-
quartier Wacken, futur pôle professionnel et
tueront la structure des cinq halls. « Le recours au
d’habitation Archipel.
bois n’est pas une mode, cela a des vertus archi-
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Photos : Kengo Kuma - Lunance Texte : Aurélien Montinari IMMOBILIER OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
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Vue depuis la nef
tecturales et permettra d’exprimer la poésie des lieux » précise l’architecte, dont le travail s’inspire de la tradition japonaise. LA FORCE TRANQUILLE Cette enveloppe, à la fois « filtre et structure » selon Matthieu Wotling, associé de l’agence, est composée d’éléments verticaux en bois massif et de grandes baies vitrées, le tout surplombé d’une toiture ventilée. Légèreté, transparence et luminosité ne sacrifient cependant rien à la fonction principale du lieu, dédié à l’accueil d’événements. Ce ne sont ainsi pas moins de 26 000 m² de surface d’exposition qui seront déployés à travers quatre halls en enfilade le long d’une nef. Ils seront complétés par un deuxième bâtiment intégrant le cinquième hall, séparé par un parvis et qui se tiendra, lui, du côté du PMC, dans une logique de continuité entre les structures et les prestations. Un projet architectural de caractère, une force tranquille qui saura porter les événements et s’effacer à leur profit. Véritable paysage urbain, mêlant activités professionnelles et art de
‘‘ Exprimer la poésie des lieux ” vivre, le projet Lisières fait également la part belle aux espaces verts, dans un dialogue avec les berges de l’Ill. Conçu dans la lignée des objectifs de l’Eurométropole Strasbourg Eco 2030, le projet inclut une autonomie énergétique verte pour 2025. Le nouveau Parc des Expositions sera livré en 2022, avec une première partie déjà exploitable en 2021 ; un futur lieu d’attractivité pour la ville de Strasbourg, une périphérie vivante, à l’image de la lisière d’un bois, une ouverture entre deux mondes.
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SCHARF IMMOBILIER
Un duo expérience et innovation
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OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
IMMOBILIER
Texte : Barbara Romero
Photo : Nicolas Rosès
Scharf Immobilier, c’est une histoire de famille qui dure depuis 50 ans. Dirigée depuis 10 ans par Jean-Sébastien, fils cadet de son fondateur et président Jean-Maurice, les décisions stratégiques de l’entreprise se prennent toujours à deux. Rencontre avec un duo au respect mutuel qui joue la carte de l’expérience au service de l’innovation et qui signera le 1er octobre un nouveau tournant pour la société. « C’est assez facile de travailler avec mes deux enfants, confie Jean-Maurice Scharf sous le regard attentif de son fils Jean-Sébastien. On se parle, on n’est pas toujours d’accord, sans doute un problème de génération, mais cela se passe très bien ! En 25 ans, nous ne nous sommes engueulés qu’une seule fois avec mon aîné JeanPascal (qui dirige la Sogeho, société de gestion hôtelière — ndlr). Nous sommes totalement interchangeables, on valide tout ensemble. » De son côté, Jean-Sébastien n’envisage pas de prendre une décision stratégique sans consulter son père. « Même s’il prenait sa retraite, je lui poserais la question. Son rôle de président, il le détient à vie. » Mais Jean-Maurice n’est pas prêt de raccrocher, « je ne vais jamais arrêter, tant que la tête marche ! », sourit-il. L’EMPLACEMENT, L’EMPLACEMENT ET L’EMPLACEMENT... Scharf Immobilier, c’est le premier bébé que Jean-Maurice a créé il y 50 ans. « Mon père était architecte, je suis né là-dedans. Je suis aussi devenu hôtelier. Mon premier hôtel, c’était la Villa d’Est en 1980, je voulais construire un bel établissement, avec de belles salles de bains etc. » Suivront le Régent Contades et Petite France, La Cour du Corbeau, les Haras, pour ne citer qu’eux. « C’était à chaque fois des créations, il achetait des immeubles à l’abandon et c’est lui qui imaginait le concept et la décoration », intervient son fils. Pour la partie promotion immobilière de son activité, Jean-Maurice Scharf a aussi toujours misé sur les « belles choses ». « Le tout c’est de passer
devant ses immeubles sans être gêné par ce que l’on a fait. Un promoteur donne l’impulsion, après il faut s’entourer d’un architecte qui a du talent. » Le meilleur conseil qu’il a prodigué à son fils : « L’emplacement, l’emplacement et l’emplacement. » S’il était éduqué depuis tout petit à devenir patron, le cadet Scharf a d’abord fait ses classes dans la fonction publique. « Au bout de trois ans, mon père est venu me demander si je souhaitais rejoindre l’entreprise familiale et apprendre le métier, ou s’il fallait qu’il envisage d’autres perspectives. Je me suis dit que ce serait idiot de ne pas essayer. » Et finalement, il a aussi attrapé ce fameux virus de l’immobilier. « C’est un métier intéressant, nous sommes au cœur du système économique d’une ville. » « C’est d’ailleurs amusant de voir l’évolution, il y a encore vingt ans, les gens recherchaient la campagne, aujourd’hui, ils veulent vivre en ville pour des
‘‘ Nous sommes au cœur du système économique d’une ville. ” JEAN-SÉBASTIEN SCHARF
raisons économiques et écologiques » rebondit Jean-Maurice Scharf. « Notre métier, c’est de suivre les tendances et de savoir ce que les gens veulent acheter. »
son agence Keller Williams de 850 m2, au-dessus
UNE FRANCHISE KELLER WILLIAMS
de Rivetoile. Une agence qui s’adresse aux
Parmi la vingtaine de promoteurs indépendants du Bas-Rhin, Scharf Immobilier reste dans le très haut du panier. « Nous faisons partie des “gros petits” et des anciens. » Une longévité qui fait garantie auprès des clients. « Chez nous, les gens achètent un dessin. L’histoire d’un promoteur a une vraie valeur », soulignent-ils en chœur.
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Ensemble, ils ont décidé d’offrir un nouveau virage à Scharf Immobilier. D’abord en se développant à Mulhouse et Huningue, où peu de promoteurs sont encore installés. Surtout, en rejoignant en franchise le leader mondial des agences immobi-
lières, Keller Williams. « C’est une idée de mon fils que j’ai suivie de suite », souligne Jean-Maurice. A compter du 1er octobre, Scharf Immobilier ouvrira
indépendants de l’immobilier et qui s’engage à les former, les coacher, pour qu’ils atteignent leur meilleur niveau. « Aujourd’hui, ce réseau compte 183 000 personnes dans le monde, précise JeanSébastien. J’ai été convaincu par la vision très professionnalisante de son fondateur et par l’idée d’aider des gens à devenir patron. » Cinquante ans après sa création, Scharf Immobilier ouvre une nouvelle page de son histoire. Et invite les indépendants qui souhaiteraient se lancer à les rejoindre dans cette nouvelle aventure.
Jean-Sébastien Scharf (à gauche) et Jean-Maurice Scharf
SERGE LUCQUET
Un cadre de travail : un espace de vie
Texte : Barbara Romero
Photo : Nicolas Rosès
En créant sa propre agence en janvier 2018, Serge Lucquet a pris un nouveau départ, préparant déjà l’avenir. L’architecte strasbourgeois souhaite désormais mettre l’humain au cœur de ses priorités et a imaginé un modèle de bureaux partagés original sur le site de la COOP, également en devenir. À 55 ans, avec deux de ses enfants architectes, Serge Lucquet prépare déjà la suite. S’il a décidé de s’émanciper après des années d’association, l’architecte strasbourgeois a aussi repensé le mode de gouvernance, l’implication de ses salariés. « Je veux créer une suite, une transition en douceur. En janvier, je vais ouvrir le capital. Je souhaite préparer le futur de mes enfants. » Serge Lucquet fait de l’humain sa priorité. Dans cet esprit, il a imaginé un nouveau concept de bureaux en autopromotion à la COOP. « L’idée est de créer un cadre de travail le plus agréable possible, dans un endroit en devenir, confie-t-il. J’ai toujours été attiré par le quartier portuaire, le paysage industriel rhénan. »
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En accord avec l’architecte conseil de la COOP, Alexandre Chemetoff, Serge Lucquet prévoit, sur un plateau de 2200 m² avec vue sur l’eau,
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Plutôt que de le faire seul, il a choisi d’associer ses cadres au projet. « Nous allons créer une SCI d’attribution, c’est mieux pour tout le monde, pour la pérennité et la continuité de l’agence. »
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TRAVAILLER LA QUALITÉ DE L’AMBIANCE
‘‘ J’ai toujours été attiré par le quartier portuaire, le paysage industriel rhénan.”
de partager les espaces entre son agence, la Sogeho de Jean-Pascal Scharf, et un espace de coworking ouvert aux architectes et aux métiers graphiques. « La lumière naturelle aura un rôle très important, nous allons travailler la qualité de l’ambiance et introduire des espaces communs. » Sur la terrasse, il envisage de créer un jardin partagé, un espace pour faire du sport, un lieu de rencontres… « Tout n’est pas défini, nous devons encore déposer le permis », précise-t-il, avant d’ajouter : « La COOP proposera des bureaux d’économie sociale et solidaire, notre projet s’intègre parfaitement dans cet esprit, puisque nous ne réalisons pas une opération de promotion. » Un cadre de travail propice à plancher sur leurs nombreux projets en cours tels les Haras 2 en collaboration avec Jouin et Manku ou la réalisation de leur projet de parking de 435 places et de 100 logements à la Citadelle, décroché avec l’agence Dietrich-Untertrifaller et Vinci construction.
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STRASBOURG
CANOPÉE
Les jardins de Babylone
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IMMOBILIER
Texte : Aurélien Montinari
Photos : Nicolas Hoffbeck
Voilà plus de sept ans que le chantier de réhabilitation de la place de Haguenau a commencé. Les friches font ainsi place à de nouveaux bâtiments, sorte de renaissance aux portes de Strasbourg. Le projet Canopée fait partie de cette nouvelle vision de la ville, entre innovation et audace.
C’est à partir des fondations mêmes de l’ancienne Maison du Bâtiment que se construit le projet Canopée, avec pour maître d’ouvrage le promoteur Edifipierre, et comme maître d’œuvre à l’exécution et entreprise générale, l’entreprise de construction KS groupe. Le directeur du département Habitats et ouvrages fonctionnels, Pierre Edel, évoque d’emblée l’aspect symbolique de ce bâtiment à l’architecture typique des années 1970, « quand on arrive à Strasbourg par le Nord, c’est l’un des bâtiments phares que l’on voit émerger. Il fait partie, avec la Cathédrale, de la skyline de Strasbourg ». Il est vrai que cette tour de 48 m de haut est connue de tous, « on souhaitait conserver l’identité de la Maison du Bâtiment, garder la singularité de cette tour, avec ses verticalités ». Abritant à l’origine des bureaux, le cœur de la bâtisse a dû être totalement transformé, « pour pouvoir accueillir désormais des logements ; il a fallu intervenir de manière chirurgicale avec l’architecte Francis Parent (Archicub) ». UNE OASIS DANS LA VILLE « Les surfaces de bureau n’étaient évidemment pas pensées pour être reconverties en logement au niveau des trames, des distances, des espaces, des circulations… il a fallu tout retravailler », confie Pierre Edel. Le résultat consistera en une tour d’habitation qui comptera 66 studios en accession, 149 au sein d’une résidence universitaire et 47 appartements privés dans les quatre étages supérieurs ; une mixité sociale perçue comme une évidence pour Pierre Edel, « c’est un passage obligé dans les évolutions que vont subir nos villes. On sait qu’elles ne vont plus
s’étendre, il faut repenser ce foisonnement de population, je pense que c’est une véritable richesse ». La particularité du projet Canopée ne tient pourtant pas dans la nature de son chantier de réhabilitation, pas plus que dans son brassage social. L’audace de ce projet, c’est sa dimension végétale, qui s’exprime sur terre aussi bien que dans les airs, légitimant ce nom de Canopée, « c’est une première à Strasbourg, environ 150 sujets vont être plantés en haut de la tour, sur deux niveaux, attique et toiture ». Une véritable forêt tropicale perchée à 50 mètres au-dessus du sol, aux portes de Strasbourg. Au pied de la tour, on retrouvera également un grand parc, abondamment planté, une véritable « volonté verte », pensée de concert avec le promoteur Edifipierre, « nous avons tout de suite partagé cette belle idée. Notre intérêt de constructeur, c’est de faire des premières séries ». Challenge relevé pour cette Canopée, qui sera livrée fin 2019. Après la ligne bleue des Vosges, la ligne verte de Strasbourg.
Site de la Malterie et MK2
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‘‘ Il faut repenser ce foisonnement de population, je pense que c’est une véritable richesse. ’’
STRASBOURG
ALKOVE La renaissance verte
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OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
IMMOBILIER
Texte : Aurélien Montinari
Photos : Cabinet S&AA
Nous sommes tous allés féliciter de nouveaux parents pour la naissance de leur bambin à la clinique Adassa. Pour certains d’entre nous, nous étions même l’heureux événement en question ! Même si les services ont désormais migré à la clinique Rhéna, au Port du Rhin, le bâtiment Adassa demeure encore plein de vie.
À l’heure où paraît ce hors-série, quelques gynécologues exercent encore à la clinique Adassa ; ils rejoindront leurs confrères à la clinique Rhéna en octobre. La fin d’une histoire, mais une renaissance pour cette bâtisse de 1886. Cette dernière va, en effet, connaître une profonde réhabilitation et accueillir l’ensemble immobilier Alkove. Un projet qui, comme l’utilisation de la lettre K semble l’indiquer, est tout en singularité et en subtilité. Le projet Alkove, mené par l’agence Adam Europe, s’inscrit dans le chantier plus vaste du réaménagement des abords de la place de Haguenau. Confié à l’agence d’architecture S&AA, la réfection du site est pensée dans le respect du bâtiment d’origine et son quartier alentour. Patrick Schweitzer, fondateur de l’agence, nous le confirme : vu de l’extérieur « les Strasbourgeois ne verront pas la différence avant et après ». Les façades en grès des Vosges nettoyées et revêtues de fenêtres en bois devraient même retrouver leur état d’origine. Si, à l’extérieur, les changements se font en douceur, l’intérieur du site, lui, se verra refondu en
profondeur. « Les travaux seront importants, nous allons démolir la partie où se situait la maternité et créer un bâtiment en sous-sol, ce sera un chantier à la fois technique et complexe. » Il faut dire que Alkove abritera quelques 105 logements (dont 33 % de logements sociaux), 400 m² de bureaux, un local à vélos, ainsi qu’un parking de 80 places en sous-sol, pour un total de 5 bâtiments. L’oratoire israélite sera, lui, préservé. Si une partie de l’écriture architecturale respectera le patrimoine hérité de la Neustadt, le cœur de cette Alkove, quant à lui, est résolument contemporain, renfermant un îlot de verdure de 1700 m². Arbres, massifs ornementaux fleuris et plantes grimpantes composeront ainsi un ensemble luxuriant pour « un dialogue entre le minéral des bâtiments et la flore de la cour » précise Sophie Martin, architecte en charge du projet. Un havre de paix donc, à l’abri des hauts murs de grès, pour un projet pourtant situé aux alentours d’une place où le trafic routier est intense. Si l’avenir de Alkove sera résolument verdoyant, on aimerait pouvoir en espérer autant de l’ensemble de la Place de Haguenau. La renaissance verte a commencé.
En haut : La clinique Adassa En bas : La résidence vue de face
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FRANK MAIRE
EkO2
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IMMOBILIER
Texte : Aurélien Montinari
Photo : Nicolas Hoffbeck
La ville inclusive
« Souvenez-vous que les murs des villes ne se forment que du débris des maisons des champs », cette citation de Jean-Jacques Rousseau exprime à merveille l’approche de la société de promotion immobilière Alcys Réalisations et de son cogérant, Frank Maire, entre construction raisonnée et respect des Hommes et de la nature. C’est au cœur de la Meinau, en plein milieu du parc Schulmeister et entourés d’écureuils, qu’a eu lieu l’entretien d’Or Norme avec Frank Maire, l’occasion d’évoquer le projet d’éco-îlot attenant, EkO2, ainsi que les enjeux sociétaux et écologiques de la ville de demain. La société de promotion immobilière Alcys Réalisations a été créée il y a six ans par Carlos Pereira et Frank Maire, une société qui se démarque par un fort ancrage local et une profonde conscience éthique, « Alcys Réalisations est une entreprise 100 % alsacienne et indépendante, on y tient, car l’absence d’un comité de direction lointain, de reporting permanent et d’actionnaires parfois gourmands nous confèrent une grande liberté », revendique Frank Maire. Une autonomie farouchement défendue et dont les
Frank Maire
‘‘Nous voulons conserver cette dimension pour pouvoir innover en maîtrisant la qualité de nos réalisations.’’ gérants ont su faire un avantage, « notre objectif est de maîtriser une production comprise entre 130 et 200 logements par an, principalement sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg avec des résidences de tailles très variables – en exemples récents, je citerais un projet de 6 logements à Reichstett et un autre de 129 logements à Illkirch-Graffenstaden. Nous voulons conserver cette dimension pour pouvoir innover
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Photos : Alban Hefti Texte : Aurélien Montinari IMMOBILIER OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
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en maîtrisant la qualité de nos réalisations. Dans le bâtiment, l’artisanat conserve ses lettres de noblesse ; notre métier n’est pas une science exacte et exige une attention de tous les instants. Concevoir et construire un projet immobilier, c’est assembler et animer une multitude d’intervenants et de corps de métiers différents sur un site unique ».
‘‘ Maximiser des espaces verts qui favorisent la biodiversité. ’’
UN ÉCO-ÎLOT À LA MEINAU
UNE POSTURE ÉTHIQUE
EkO2, un de leurs projets en cours, consiste en une résidence d’un genre nouveau, « pensée comme un village à l’échelle d’un îlot urbain de 40 ares », et à l’empreinte carbone faible.
Le promoteur-constructeur est « un acteur méconnu au service de la politique de la ville », rôle dont l’entreprise Alcys prend la pleine mesure. « Dans la métropole de Strasbourg, le prix des terrains à bâtir est très élevé et les coûts de construction augmentent régulièrement pour répondre aux objectifs environnementaux et sociétaux que nous nous fixons collectivement. Si l’on fait supporter ces charges aux acquéreurs sans trouver de solutions pour en atténuer l’impact sur les prix de vente et les loyers, seuls les plus riches auront accès à la ville. »
« Ce projet regroupe des formes et des volumes différents imaginés par le cabinet strasbourgeois K &+ Architecture Globale. Sur un sous-sol comprenant 84 places de stationnement et autour d’une cour centrale végétalisée, notre équipe a pu implanter sept maisons individuelles en ossature bois, trois maisons de ville de trois logements chacune, en bois également, et cinquante logements collectifs en briques de terre cuite et bois. » Selon Frank Maire, cette résidence de 66 logements, livrée fin 2019, illustre notamment le champ des possibles face aux enjeux des changements climatiques, « EkO2 démontre que l’on peut viser l’excellence dans un quartier en reconversion et que les innovations ne sont pas réservées à une partie privilégiée de la population. Avoir un faible impact carbone, maximiser des espaces verts qui favorisent la biodiversité, promouvoir les véhicules électriques et permettre au plus grand nombre de devenir propriétaire, sont des éléments essentiels de la philosophie d’EkO2 ». Des logements écologiques et sains qui mettent en avant la qualité de vie, le tout accessible à tous, tel est le souhait de Frank Maire soutenu par la Ville de Strasbourg, « l’aide des pouvoirs publics a été primordiale », précise-t-il.
Une ville ouverte à toutes et tous est, pour Frank Maire, la vraie définition de ce que l’on nomme la Smart City : « Pour être intelligente, la ville doit être à la fois attirante et bienveillante. C’est cette équation qu’il nous faut résoudre collectivement. Les métropoles concentrent les emplois, les commerces, les transports en commun ; leur attractivité renforcée se manifeste par une démographie en croissance rapide, et c’est l’un de nos principaux enjeux, comment faire en sorte de n’exclure personne, presque mécaniquement ? » Une ville à désenclaver donc, en commençant par la question de la solvabilité des ménages pour un futur urbain à visage humain : « je fais peut-être le plus beau métier qui soit, celui très ancien de construire un toit pour les gens. Dialoguer, apprendre, s’engager pour construire une ville accueillante, c’est magnifique ».
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CHRISTOPHE HECKER
MARCHÉ IMMOBILIER
L’affaire du siècle
Acheter un bien est, pour beaucoup d’entre nous, l’investissement d’une vie. La création d’un patrimoine dont la première pierre doit être posée au bon endroit, mais aussi au bon moment.
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IMMOBILIER
Texte : Aurélien Montinari
Photo : Etienne List
A 35 ans, Christophe Hecker, fondateur de l’agence de courtage Ma Solution Crédit, a déjà dix ans d’expérience derrière lui et une solide connaissance de la dynamique du marché immobilier. Baisse des taux, loi Pinel, la conjoncture semble favorable pour investir dans le foncier mais pourquoi, et comment ? Partant de ce constat, Christophe Hecker a produit une étude de marché, véritable guide du crédit immobilier. « On entend dire dans les médias que c’est le moment d’acheter, mais derrière cela, le particulier, lui, veut savoir concrètement quels sont les avantages à être propriétaire. Pour cela, il faut donner des chiffres. Nous, nous avons cette volonté de vulgariser au maximum le sujet du financement, afin qu’il soit compréhensible pour monsieur et madame tout-le-monde. » Une approche pédagogique donc, même si le sujet reste précis et technique. Si les taux sont les plus bas connus depuis la Seconde Guerre mondiale – on parle même de taux négatifs – les raisons sont multiples. Il y a, au départ, la crise de 2008 et la faillite de la banque Lehman Brothers, mais également la crise de la dette et, enfin, l’abaissement des taux voulu par les banques centrales. Crise, fragilisation du système puis relance de l’investissement, c’est ce triptyque qui a mené à la situation, « aujourd’hui les particuliers ont une fenêtre
‘‘ Vulgariser au maximum le sujet du financement. ”
Christophe Hecker
de tir extraordinaire avec une facilité d’endettement qui n’a jamais été aussi importante et qui ne le sera peut-être plus », encourage Christophe Hecker. Une opportunité à saisir, dès maintenant, et où l’agence Ma Solution Crédit joue un rôle clé, « trop de gens imaginent qu’accéder à la propriété c’est, au mieux, un parcours du combattant ou, au pire, impossible. Nous avons voulu leur montrer que ce n’est en réalité pas compliqué et que l’on peut devenir propriétaire au prix d’un loyer ». Une expertise et des conseils que Christophe Hecker va jusqu’à dispenser sur sa chaîne Youtube, sans compter les dix agences Ma Solution Crédit, de Sarreguemines à Mulhouse. Une conjoncture favorable, un accompagnement sur mesure, ne reste plus qu’à se lancer, « l’équilibre mensualité/loyer est inédit ; aujourd’hui, on peut se constituer un patrimoine avec un effort de trésorerie quasiment à zéro ». C’est un expert qui vous le dit.
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IMMOBILIER Texte et photo : Jean-Luc Fournier
SOLVEEN DROMSON
Au nom du père…
C’est l’un des plus anciens promoteurs privés indépendants de Strasbourg. Son activité s’étend maintenant sur trois générations et, depuis peu, c’est une femme, Solveen Dromson, qui préside aux destinées de la marque familiale. La volonté chevillée au corps…
C’est une histoire de famille qui n’était pas programmée pour dépasser la deuxième génération. Si le grand-père, Charles Dromson avait créé son cabinet immobilier en 1964, ce sont ses deux fils Claude et Patrice qui l’ont fortement développé ensuite. Et la fille de Patrice, Solveen, aujourd’hui âgée de 44 ans, ne s’est pas toujours imaginée à la tête de Dromson SA, c’est le moins que l’on puisse dire. LES BÂTISSEURS D’EMMAÜS, LA POPARTISERIE, LA VIE… « Au départ, quand j’ai commencé mes études, j’étais passionnée de sciences criminelles » raconte Solveen, sûre de son petit effet. « J’ai même obtenu un DEA dans cette spécialité car mon rêve était de devenir pénaliste. »
‘‘ On ne baisse pas les bras, on continue ! ” 59
Un DEA qui n’a servi à rien, en fait. Car le décès du grand-père fondateur du cabinet immobilier a tout bouleversé : « Mon père qui lui a succédé a tout de suite souhaité que je rejoigne l’entreprise familiale mais tout le monde autour de moi m’en a dissuadée. » Quelques années dans des jobs divers dans l’immobilier à Paris (coordinatrice immobilière et vente d’appartements) puis, du jour
au lendemain, le coup de foudre pour la communauté historique de l’Abbé Pierre chez Emmaüs en Seine-Saint-Denis où Solveen a été très impliquée dans la création du chantier d’insertion Les Bâtisseurs d’Emmaüs. Revenue à Strasbourg en 2013 pour contribuer au développement de Dromson SA, Solveen s’est aussi fait connaître en créant la Popartiserie, cette galerie hors norme où elle a pu exprimer en quelques années son amour de l’art urbain (elle-même peint depuis toujours). Se consacrant ensuite à plein temps au développement de Dromson SA, le destin, une fois de plus, va imprimer sa marque. À la mi-octobre dernier Solveen connaît l’immense douleur de perdre brutalement son père. Ce dramatique événement la propulse à la présidence de la société, « au pied levé » dit-elle. Quelques jours plus tard, enceinte de son deuxième enfant, elle dit fermement à ses collaborateurs : « On ne baisse pas les bras, on continue ! » Elle ajoute aujourd’hui : « J’ai trouvé au fond de moi les forces nécessaires pour montrer qu’on est tous à la hauteur pour maintenir les valeurs qui ont été depuis toujours celles de cette entreprise. Nous sommes parmi les irréductibles Gaulois qui maintiennent la tradition de la promotion immobilière indépendante à Strasbourg. Je mets mes pas dans les pas de mon père. Dans l’immobilier, il faut du sens, disait-il, et il basait tout sur la proximité étroite et sincère avec le client. Sur le respect aussi… » Dromson Immobilier : l’histoire continue… Elle est belle.
JEAN-DANIEL SELTZ
“ Le compagnonnage est un état d’esprit ”
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IMMOBILIER
Texte : Barbara Romero
Photo : Alban Hefti
Entreprise générale du bâtiment depuis 1965, l’entreprise familiale Seltz Constructions se démarque dans le paysage alsacien. D’une part, par sa polyvalence – elle peut gérer aussi bien des bâtiments industriels que des logements collectifs ou la rénovation du patrimoine. D’autre part, par son esprit car, son président et la plupart de ses collaborateurs, ont été Compagnons du Devoir.
Comme son père fondateur de l’entreprise, Jean-Daniel Seltz a fait son tour de France. « J’ai toujours baigné là-dedans depuis l’enfance, confie le PDG. Mon père vivait à la campagne où il logeait des jeunes de tous les corps de métiers. Je ne souhaitais pas faire d’études, juste mon compagnonnage. C’est un état d’esprit, les Compagnons sont des gens passionnés et la plupart de mes collaborateurs ont également fait leur tour de France. » DU GROS ŒUVRE AU TOUT CORPS D’ÉTAT En 2018, Seltz Constructions, qui compte une cinquantaine de collaborateurs, a généré un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros, soit en tant que contractant général, soit en ne gérant que le gros œuvre. Parmi leurs derniers gros chantiers en cours, la clinique Sainte-Odile transformée en logements dotés d’un parking souterrain de deux niveaux. « C’est un chantier
complexe de 7 millions d’euros, nous avons obtenu le marché global, du terrassement à la restructuration du site », détaille Jean-Daniel Seltz. En cours également, la restructuration d’une partie de la Manufacture des tabacs ou la construction de 24 000 m² pour les cuisines Schmidt à Sélestat. Avec le cabinet Denu et Paradon, l’entreprise Seltz vient également de terminer le chantier de Primark à Strasbourg. Industrie, patrimoine — elle vient de restructurer les archives de Colmar en plein cœur de la ville – logements, collectivités… L’entreprise générale se distingue par sa polyvalence. Sa plus belle vitrine, sans doute : l’Hôtel des 5 Terres à Barr que Jean-Daniel Seltz a imaginé de sa structure jusqu’à sa décoration d’intérieur. Le tout dans une démarche écoresponsable, chère à son président.
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CHRISTELLE & MATHIEU CLAUSS
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IMMOBILIER
Texte : Barbara Romero
Photo : Nicolas Rosès
Les challengers de l’immobilier Christelle Clauss Demeures et Villas, ce sont aujourd’hui 12 agences maillant le territoire régional, mais aussi le premier groupe ORPI d’Alsace, la deuxième agence de France en termes de transactions et la troisième toutes catégories confondues. Rencontre avec la battante Christelle Clauss pour qui le management, la satisfaction du client et la gestion de l’humain restent la clé du succès. Tombée dans la marmite de l’immobilier en 1999, Christelle Clauss, 42 ans, revient sur ses premières années avec beaucoup de bienveillance. « J’ai été huit ans négociatrice immobilière pour l’agence ORPI d’Illkirch qui m’a beaucoup appris, confie-telle. J’ai beaucoup semé pour développer mon chiffre d’affaires, tisser un réseau, j’ai énormément prospecté. Mais quand j’ai souhaité devenir manager, je savais qu’il n’y avait pas d’opportunité. Alors nous nous sommes lancés avec mon mari. » Son époux Mathieu est alors dans la finance. « Il était régulièrement muté, or quand on change de ville, c’est difficile de se faire un réseau. Nous avons décidé de rester en Alsace. » Ils ouvrent l’agence d’Erstein en 2007. En 2008, en pleine crise financière, ils enchaînent avec celle d’Obernai. « Nous avons préféré rester positifs et avons considéré la crise, non comme une contrainte, mais comme une opportunité, se souvient-elle. En temps de crise, il faut être plus patient, car les biens se vendent en davantage de temps. À l’inverse, il y a moins de concurrence et les clients ont encore plus besoin de vous. Nous sommes des challengers ! »
ÊTRE SUR TOUS LES SECTEURS DU MARCHÉ Depuis, ils ont ouvert en moyenne une agence par an. « Nous suivons la demande de nos clients et le flux migratoire, il faut être sur chaque secteur, sinon vous n’avez pas le marché », souligne Christelle Clauss. S’ils ont bénéficié dès le départ de l’image de marque d’ORPI, premier réseau immobilier de France fondé en 1965, Christelle et son époux se distinguent par leur stratégie. « Nous bénéficions de la notoriété et de l’expérience d’ORPI. L’idée
‘‘ Nous pouvons nous développer sur des secteurs que l’on connaît, travailler notre management et notre marketing.”
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d’être formés régulièrement, de travailler
groupe est numéro 1 en Alsace et atteint
en réseau, de ne pas être seuls dans notre
un taux de 90 % de satisfaction client. Il est
coin, me plaisait. Du coup, nous pouvons
aussi numéro 1 pour son taux de mandats
nous développer sur des secteurs que
exclusifs atteignant 80 % contre 30 à 40 %
l’on connaît, travailler notre management
en moyenne en France. « Nous sommes la
et notre marketing. Chaque agence est
réunion de mon expérience en immobilier
juridiquement indépendante également. »
et de l’expertise de mon mari en finance,
Christelle Clauss s’est ainsi positionnée sur
sourit Christelle Clauss. Après, le secret,
les biens haut de gamme et de prestige.
c’est la bonne gestion de l’entreprise, et de
Chacune de ses agences a un directeur
fidéliser ses collaborateurs. L’immobilier,
différent. Manageant 55 collaborateurs et
c’est une question d’hommes et de
à la tête de deux entités juridiques, leur
femmes, et de bons recrutements. »
JOAQUIM ET LUDOVIC ARMINDO
Les spécialistes de la rénovation énergétique
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IMMOBILIER
Texte : Barbara Romero
Photo : Alban Hefti
Joaquim Armindo, entreprise générale locale et familiale fondée en 1988 dans le HautRhin, se distingue par trois compétences spécifiques : la rénovation thermique, un service de médiation sociale inédit et une casquette de contractant général. Réduire la consommation d’énergie reste l’un des enjeux majeurs d’aujourd’hui et de demain. Une priorité pour l’entreprise générale Joaquim Armindo, dirigée depuis plusieurs années par les fils de son fondateur, Joaquim José et Ludovic Armindo, qui font partie des rares spécialistes de la rénovation énergétique en Alsace.
“ Tisser du lien et instaurer une relation de confiance.” « Nous avons réalisé nos premières opérations il y a une dizaine d’années, se souvient son PDG, Joaquim José Armindo. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, l’une des préoccupations majeures de notre métier, c’est la consommation d’énergie. » INSTAURER UN LIEN DE CONFIANCE Mandatés par les bailleurs sociaux, l’entreprise générale se charge de mettre en conformité thermique les HLM des années 60-70, « pour améliorer le confort des locataires et réduire leurs charges. » Afin d’accompagner ces locataires, « qui peuvent se sentir envahis par les travaux », l’entreprise a créé un service de médiation sociale inédit, « pour tisser du lien et instaurer une relation de confiance », confie le PDG.
Autre particularité de l’entreprise générale : un volet « contractant général », lui permettant de réaliser de A à Z le projet de ses clients qui n’ont pas une idée précise de leur projet. Avec ses 75 salariés, l’entreprise Joaquim Armindo œuvre essentiellement en Alsace, mais aussi à Cannes, Paris, Saint-Tropez, « grâce au bouche à oreille et à nos spécificités. »
Joaquim (à gauche) et Ludovic Armindo
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Photo : @jimmytravelp
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URBANISME Combiner urgences sociales et urgences climatiques
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SYAMAK AGHA BABAEI
“ Loger à des prix abordables ceux qui vivent et travaillent ici... ” Densité urbaine, mobilités, urgence climatique et sociale… L’aménagement et le développement des villes, a fortiori ceux des métropoles, sont au cœur des préoccupations et des besoins actuels. Il existe des sources d’inspiration qui peuvent être utiles et qu’évoque Syamak Agha Babaei, l’élu en charge de ces dossiers à l’Eurométropole de Strasbourg…
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URBANISME
Entretien et photo : Jean-Luc Fournier
Or Norme. Face à un dossier d’une telle complexité, existe-t-il des villes dont la démarche en la matière pourrait inspirer la politique de l’Habitat de l’Eurométropole de Strasbourg ? « J’en vois deux, une en France, Rennes, et l’autre à l’étranger, Vienne, la capitale autrichienne. À Rennes, on note que depuis très longtemps, et quelles que soient les municipalités en place, l’habitat a toujours été au cœur des politiques publiques. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne le foncier : la Ville de Rennes a accumulé des réserves foncières depuis énormément d’années, ce qui lui donne aujourd’hui une vraie maîtrise de ce secteur et cette politique publique pérenne lui permet de réguler le marché de l’immobilier grâce à l’aménagement de nombreuses zones d’aménagement concerté (ZAC) comme le sont chez nous la ZAC Danube ou la SPL Deux-Rives. On y met en place la gamme complète de ce qui peut se faire en la matière : partout, cela va du logement social au logement haut de gamme et tout cela fabrique une offre additionnelle très homogène et d’une densité exceptionnelle. À mon sens, Rennes est un exemple de politique publique bien menée. En premier lieu, il y a là-bas une réelle abordabilité des logements, due en grande partie à cette maîtrise parfaite du foncier mise en œuvre depuis longtemps. La densité des constructions est équilibrée et si la diversité des offres en matière tarifaire est bien réelle, elle l’est aussi sur le plan architectural : les aménagements intérieurs des appartements tiennent compte des réalités sociétales d’aujourd’hui et les aménagements extérieurs, les espaces verts, ne sont pas oubliés ou négligés. Toutes ces initiatives en matière de politiques publiques ont porté leurs fruits : aujourd’hui le manque de loge-
ments est devenu un phénomène résiduel à Rennes et cette ville est regardée par pas mal de décideurs comme un bel exemple. Par comparaison, ici à Strasbourg, nous sommes depuis longtemps sur un rythme de constructions d’au moins 3 000 logements par an, 1 500 logements sociaux et 1 500 logements dits aidés. Mais la demande reste forte : 24 000 foyers sont en attente d’obtenir un logement social… Or Norme. En quoi la politique du logement de Vienne est-elle remarquable ? Là encore, il y a de la détermination et de la constance en matière de politique publique. Depuis un siècle, les autorités viennoises ne se sont jamais départies d’un solide bon sens et ont délibérément tout mis en place pour loger au sein de la ville les gens qui font la ville, ceux qui y travaillent, y consomment. Aujourd’hui, les statistiques parlent d’elles-mêmes : 80 % des logements de Vienne sont des logements sociaux ou classés comme “abordables” et visent dans ce cas les classes moyennes. Ces 80 % de logements
‘‘ 24 000 foyers sont en attente d’obtenir un logement social. ”
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relèvent du secteur public. Il n’y a donc que 20 % de logements relevant du privé, au sens où on l’entend en France. Cette politique est parfaitement assumée car elle régule le marché et elle le fait de façon durable. À Vienne, on est dans une vraie sociale-démocratie bon teint : l’auto-régulation du marché est un mythe, la régulation est donc au cœur des politiques publiques en matière de logement et d’habitat. Vienne proclame que le logement n’est pas qu’une marchandise… et ça marche ! Or Norme. En deux mots, comment définir ce que pourrait être la politique idéale à Strasbourg en matière de logement et d’habitat ? Une politique qui permet aux gens qui vivent et travaillent ici de s’y loger à des prix abordables.
Rappelons que plus de 50 % des emplois du Bas-Rhin se concentrent sur le territoire de l’Eurométropole. Ces gens doivent pouvoir se loger dans des logements qui respectent leurs modes de vie, je pense aux très nombreuses familles mono-parentales et aux familles recomposées, deux données sociétales qui bousculent l’offre traditionnelle de logements. Une politique conçue en tenant compte également des réalités de notre territoire : il y a un taux de pauvreté de 25 % à Strasbourg. Je suis pour ma part tout à fait convaincu qu’on peut réduire ces inégalités grâce à une bonne politique du logement, en y incluant force diversité y compris environnementale. La place de la nature doit être accrue, replanter des centaines et des centaines d’arbres est une vraie priorité et cet enjeu environnemental est essentiel… »
H A B I TAT S O C I A L
JEAN-BERNARD DAMBIER
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URBANISME
Texte : Jean-Luc Fournier
Photo : Patrick Lambin - DR
“ La technocratie ne doit pas s’installer dans le secteur du logement social ” CUS Habitat est devenu Ophéa le 1er juillet dernier. Si le nom change, les enjeux restent les mêmes pour cet organisme gigantesque qui gère un parc de 20 000 logements sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg. Rencontre avec Jean-Bernard Dambier, son directeur général où l’on mesure mieux l’importance des défis à relever… Or Norme. Un mot tout d’abord sur les raisons de ce nouveau baptême pour le désormais exCUS Habitat… « Il n’a échappé à personne que l’acronyme CUS n’existe plus puisqu’on parle désormais d’Eurométropole de Strasbourg. Il nous fallait donc nous appeler autrement. Ophéa n’est pas un acronyme. Ce nom se veut la bannière d’une réflexion à propos de la modernisation de l’Office public que j’ai souhaité à mon arrivée et qui a fait l’objet d’un projet d’entreprise validé par le conseil d’administration. Nous sommes au cœur de la modernisation de l’organisme, avec la mise en place des outils digitaux d’aujourd’hui et la révision des grands concepts métiers. Cette phase tombait donc bien pour mettre en place une marque et définir son identité qui est celle d’un office bien ancré dans son territoire…
“ Ophéa gère un parc de 20 000 logements sociaux réparti sur 18 des 33 communes de l’Eurométropole . ” Or Norme. Profitons-en peut-être pour repréciser quelques chiffres concernant Ophéa, pour bien situer les enjeux… Ophéa gère un parc de 20 000 logements sociaux réparti sur 18 des 33 communes de l’Eurométropole de Strasbourg. L’organisme emploie 450 salariés et a un budget annuel de fonctionnement de 80 millions d’euros. Ophéa investit chaque année entre 80 et 100 millions d’euros pour bâtir entre 100 et 120 logements neufs et surtout,
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URBANISME
Texte : Jean-Luc Fournier
Photo : Patrick Lambin - DR
réhabiliter son parc de logements existant. Ces sommes ont un véritable impact sur l’économie locale : la construction d’un logement neuf équivaut à la création de deux emplois. Quant aux sommes colossales que nous consacrons à l’entretien et à la réhabilitation de nos milliers d’appartements existants, elles constituent un chiffre d’affaires important pour les artisans locaux et régionaux.
“ Le marché du locatif social est très tendu puisqu’il y a 24 000 demandes de logements sociaux par an au niveau de l’Eurométropole. ” Or Norme. L’année 2018 et la présente année 2019 ont été marquées par une ponction sans précédent de l’État sur les ressources des bailleurs sociaux français… En décidant dès la loi de Finances 2018 de réduire sa participation aux APL puis en accentuant encore sa pression sur les ressources des bailleurs sociaux en leur demandant de compenser cette ponction sur les locataires par le biais d’une réduction de leur loyer, l’État souhaitait « économiser » ainsi 1,5 milliard d’euros. Sous la pression unanime des bailleurs sociaux, cette somme doit être ramenée à 800 millions d’euros. Mais à partir de 2020, c’est 1,3 milliard d’euros qui est annoncé… La conséquence directe pour nous est la diminution de 20 à 25 % de notre budget de fonctionnement, ce qui a des conséquences sur nos budgets de maintenance et de réhabilitation de notre parc, sur l’entretien de notre patrimoine et bien sûr, sur nos capacités d’investissement.
Or Norme. Pour restituer vos capacités d’investir sur vos fonds propres, l’État vous incite fortement à vendre une part de vos logements à leurs locataires… Oui, mais sur le terrain, la réalité concrète des choses ne va pas dans ce sens. Les locataires n’ont pas les moyens d’acheter leur appartement. Le marché du locatif social est très tendu puisqu’il y a 24 000 demandes de logements sociaux par an au niveau de l’Eurométropole. On voudrait que cette population aux revenus souvent très modestes devienne propriétaire de son appartement mais le risque serait grand, ensuite, de voir se dégrader l’état des copropriétés. On sait ce qu’on peut craindre car d’autres pays, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, pour parler des principaux, ont déjà exploré cette voie. Ils en sont revenus et souhaitent aujourd’hui réadopter le modèle qui est le modèle actuel de notre pays… Le prochain congrès national HLM à la fin de ce mois de septembre va permettre aux bailleurs sociaux de faire entendre fortement leur voix face aux cerveaux « tableurs Excel » de Bercy qui voient des gisements d’économies partout et surtout là où elles sont impossibles à réaliser sans mettre en danger tout le secteur du logement social… Or Norme. Un autre danger menace. Le projet de l’État qui vise à fusionner les organismes de logement social a créé un émoi certain dans le secteur… On se pose des questions sur la réelle volonté de l’État. Souhaite-t-il voir se créer de gros « monstres » censés mieux gérer le secteur ? La réussite des bailleurs sociaux actuels est intimement liée à leur proximité avec leurs locataires qui sont des millions et des millions au plan national. Nous sommes tous convaincus que la technocratie ne doit pas s’installer dans le secteur du logement social. À l’échelle de l’Eurométropole, on s’organise déjà pour contrer ce projet : un certain nombre d’offices veulent se regrouper autour d’Ophéa pour éviter que nous fassions l’objet d’attaques de très grosses entités et que la gestion du logement social relève de décisions locales… »
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OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
URBANISME Texte : Aurélien Montinari
Photos : Alban Hefti
CHRISTEL KOHLER
En vert et avec tous
Inspirée et inspirante, Christel Kohler, directrice du Service Environnement et Services Publics urbains de la Ville de Strasbourg, nous parle de l’urbanisme en prise avec l’urgence climatique. Rencontre avec une élue pour qui l’écologie s’ancre dans le concret. Or Norme. Peut-on dire de Strasbourg qu’elle est verte ? On est dans une phase-clé où il y a un changement de regard complet sur les priorités de la Ville, on a déployé un plan climat qui est la stratégie à 2030 et 2050, un exercice obligatoire car c’est la loi qui l’impose, qui fixe des objectifs ambitieux sur les questions de transition énergétique, c’està-dire d’énergies renouvelables, de diminution des consommations d’énergie et de pollution atmosphérique.
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On a trop longtemps porté haut et fort cette idée qu’il fallait construire la ville sur la ville, la densifier pour éviter les déplacements pendulaires et le mitage dans les campagnes, je trouve que l’on a atteint quelque part les limites de ce schéma. Il y a un besoin de logements, il ne faut pas le nier. On a axé l’intégralité de cet objectif sur le fait qu’il fallait loger les gens et créer des bâtiments qui soient performants au niveau thermique, ce que j’entends. Mais l’on a oublié de porter un regard critique sur d’autres sujets que je trouve cependant très importants : la qualité de l’air et aussi, et surtout, la qualité de vie. La qualité de vie elle est, par exemple, dans l’exploitation des dents creuses, dans un espace urbain ; ces petits espaces que l’on va pouvoir imaginer comme étant des espaces verts, au plus près des habitations. C’est en ce sens-là que j’ai lancé l’opération Strasbourg ça pousse. C’est un permis de végétaliser, donné aux habitants, qui vise à déminéraliser l’espace public et à ce que les habitants s’approprient celui-ci.
urbains, elle, est axée sur la co-construction, c’est-àdire que l’on a une enveloppe financière mais ce sont les habitants qui écrivent le livre blanc et les actions. On a un nombre important de jardiniers à la Ville de Strasbourg, ils sont en effet 200, mais même si on crée des espaces verts supplémentaires, l’on ne peut pas forcément embaucher plus, faire participer les habitants, c’est aussi une façon de maîtriser nos budgets. Le participatif c’est également l’occasion de sortir de l’uniformisation. Si c’est la Ville qui fait, elle va faire partout pareil. Or Norme. Comment temporalité politique et urgence écologique dialoguent-elles ? La temporalité politique, cela va être par exemple des mandats, une forme d’inertie qui oblige à plusieurs étapes ; des étapes qui peuvent ralentir certains procédés, alors que là nous sommes dans l’urgence par rapport aux questions climatiques.
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URBANISME
Texte : Aurélien Montinari
Photos : Alban Hefti
Le temps politique, c’est du temps court et c’est terrible. Quand vous êtes élu(e) et que vous arrivez à votre poste, il faut prendre la mesure des choses, il faut avoir des outils et le cerveau très souple pour appréhender la fonction politique. Ce qui est extrêmement compliqué c’est de gérer une administration qui, elle, est dans sa propre organisation.
On est déjà à 300 m² d’espaces déminéralisés. L’idée de Strasbourg ça pousse, c’était de créer du plaisir, créer du bonheur à travers la nature, en plus de reconstituer le tissu naturel urbain. Nous voulions relier les grands parcs par un tissu végétal. On sent qu’il y a ce besoin des habitants des villes de mettre la main dans la terre et de se retrouver dans des espaces de nature. Or Norme. Ce qui est intéressant dans ce plan Climat 2030, c’est cette méthodologie qui fait que les Strasbourgeois puissent prendre part au projet. En quoi est-ce important que les communes, les associations, les habitants, les acteurs économiques s’impliquent ? Parce que la collectivité, la Ville de Strasbourg et l’Eurométropole ne peuvent pas faire sans que tout le monde s’y mette, tout simplement ! De ce point de vue-là, c’est passionnant parce que l’on a des entreprises qui commencent à s’impliquer fortement. Suchard a été une des première entreprises à signer la charte Tous unis pour plus de biodiversité. C’est un exemple, il y en a beaucoup d’autres ! On a de nombreux signataires. Le volet « entreprises » commence à bien prendre. La démarche Parcs naturels
Il y a des choses à mettre en œuvre pour faire bouger l’administration. Je suis contente parce que j’ai un département Espaces verts et naturels qui est parfaitement convaincu de cela et qui fait tout pour m’aider à mettre en œuvre ces changements. Le vrai problème, c’est la transversalité au niveau des politiques publiques. Les revues de projets devraient être faites avec tout le monde autour de la table, les arbitrages se feraient alors sur les bons enjeux. Suite aux canicules qui ont eu lieu ces dernières années, il y a tout de même un partage global de la prise de conscience. Tout le monde, désormais, parle de la même chose, après c’est dans la mise en œuvre que c’est plus compliqué. Quand des arbitrages se font, c’est entre le discours et la réalité... Là, j’ai fait étudier par les services une dizaine de cours d’écoles que l’on va essayer de végétaliser, de planter, de déminéraliser etc. Ce que j’adorerais, à terme, c’est que certaines écoles qui sont au centre-ville, comme à la Krutenau, deviennent l’été des parcs ouverts au public. Les gens en profiteraient ! J’ai aussi fait identifier des terrains de sport, des piscines, des stades de football, où l’on va pouvoir aussi travailler le végétal. C’est vraiment pris en main, je suis contente, nous avons des équipes motivées. C’est parti : planter, planter, planter !
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STRASBOURG
AMÉNAGEMENT
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URBANISME
Texte : Barbara Romero
Photos : NICOLAS ROSES
De l’A35 à un parc urbain ? La requalification de l’A35/A351 en parc urbain est en marche, grâce à un « Projet Partenarial d’Aménagement » (PPA) inédit, signé entre l’État, l’Eurométropole, la Région et le Département début juillet. Les paysagistes-urbanistes de l’agence TER sont en charge des études de préfiguration, avant celles pré-opérationnelles qui détermineront le nouveau visage de cette emprise de 560 hectares, où le végétal primera sur le béton.
Conçue pour supporter 80 000 véhicules par jour, l’A35 en voit défiler aujourd’hui le double. Si le COS (Contournement Ouest de Strasbourg) est censé absorber cette hausse de trafic, la requalification de l’autoroute centrale de Strasbourg apparaissait comme inévitable. « Il y a beaucoup de constructions aux abords de l’A35/351 ; or, Strasbourg est sous la menace de lourdes sanctions car la pollution y est au-dessus des normes européennes, précise le président de l’Eurométropole, Robert Herrmann, à la genèse du projet. À l’origine, nous souhaitions transformer la zone en boulevard urbain, nous avons décidé d’aller plus loin en passant au parc urbain. » INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, NOUVELLES MOBILITÉS ET VÉGÉTATION L’agence TER menée par Henri Bava, Olivier Philipe et Michel Hössler pilote actuellement des ateliers pour déterminer le champ des possibles et livrera ses préco-
nisations début 2020. Les études pré-opérationnelles chiffrées à 800 000 € démarreront dans la foulée. Avec ses 27 km et 560 hectares d’emprise, c’est un projet d’une envergure inédite en France. « Cette transformation est un chantier qui engage Strasbourg dans une direction plus vertueuse et qui est fondamentale pour l’aménagement du territoire », estime Robert Herrmann. Si l’on ne sait pas encore à quoi ressemblera ce nouveau parc urbain — on a même encore du mal à imaginer Strasbourg sans l’A35 ! — Robert Herrmann imagine, lui, assez aisément, « un parc urbain en intégrant des arbres, des pistes cyclables, en gommant les ruptures entre les quartiers, en développant des dessertes, en repensant le transport en commun grâce à l’intelligence artificielle ». Des tests sont actuellement en cours dans les quartiers ouest, en deuxième couronne, pour « évaluer de nouveaux services de transports plus souples et moins chers, tels les mini-bus que l’on trouve à Anvers
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‘‘ Un chantier qui engage Strasbourg dans une direction plus vertueuse ’’
ou Amsterdam qui circulent là où il y a un besoin, déterminé par l’intelligence artificielle », précise le président. Pour en finir avec le fameux « 1,04 automobiliste par véhicule », le comité planchera également sur un moyen de développer le covoiturage, comme par exemple avec le nouveau covoiturage rémunéré, imaginé par la start’up Karos. Autre point important : la construction d’une nouvelle gare routière en en faisant un pôle multimodal. La requalification de l’A35/A351 s’accompagnera enfin de la plantation de plus d’1 million d’arbres, soit un stockage annuel de plusieurs millions de tonnes de CO2.
Photo : DR Texte : Barbara Romero URBANISME OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
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POUR DES EAUX PROPRES
La “ baleine des rivières ” La start’up strasbourgeoise H2OPE s’apprête à débarrasser nos cours d’eau des déchets qui les encombrent et polluent. Saviez-vous que 80% des quelques 8 millions de tonnes de déchets plastiques déversés chaque année dans les océans proviennent des cours d’eau ? Sensible à la sauvegarde et au respect de l’environnement, Sébastien Maréchal décide qu’il est temps de trouver quelque chose pour agir. D’autant que sa première idée, il n’avait pas osé la concrétiser. « J’avais pensé à récupérer les déchets organiques pour en faire du terreau, mais je n’ai pas eu le courage de me lancer. Deux ans après, quelqu’un d’autre l’a fait à ma place. Je me suis dit que cela n’arriverait plus ! » Il imagine alors une solution globale pour nettoyer les cours d’eau de ses déchets, entre collecte, tri et revalorisation. « Je ne suis pas ingénieur, mais ingénieux, sourit-il. Je suis allé à l’INSA avec mes esquisses pour déterminer la faisabilité de mon projet. »
55 COLLECTEURS DÈS LA RENTRÉE Avec son associé Brice Pasquier, ils trouvent l’industrie Maillard, à Besançon, capable de fabriquer leur « River Whale », ou « Baleine de la rivière ». Une sorte de gaufrier équipé de collecteurs pour nettoyer les eaux 365 jours par an et 24H/24. Leur start’up H2OPE est née, et séduit les collectivités qui lui accordent deux mois de tests en début d’année. Résultats concluants puisqu’ils ont collecté 133 kilos de déchets entre la Presqu’île Malraux et l’Ill. A la rentrée, ils devraient signer un contrat avec l’Eurométropole, la Région Grand Est, les Voies navigables de France et le Port Autonome pour les équiper de 55 collecteurs afin de parcourir 155 km de cours d’eau. Et le prix ? Confidentiel pour le moment. Mais à titre de comparaison, 52 River Whale équivalent en termes d’efficacité aux 26 barrages déployés en Ile-de-France et coûtent environ deux fois et demi moins cher que les 2,5 millions d’euros annoncés pour les barrages franciliens.
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ARCHITECTURE Entre audace et tradition
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ARCHITECTURE Texte : Aurélien Montinari
Photo : ENSAS
ENSAS
Jean-François Briand Pour Adolf Loos « l’architecte est le serviteur de la communauté » ; une posture que ne contredirait pas Jean-François Briand, Directeur de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg qui y voit plus qu’un métier, une éthique. Or Norme. Comment former un architecte aujourd’hui ? Il faut avant tout insister sur la nature pluridisciplinaire de l’enseignement de l’architecture. Il y a des disciplines traditionnelles mais qui évoluent tout de même. L’histoire de la culture architecturale, la construction, les sciences sociales, les arts plastiques, l’art et la technique de la représentation, tout ce qui a trait au TPCAU (Théorie et Pratique de la Conception Architecturale et Urbaine). Il y a également un enseignement qui traite des notions de ville et territoire, sur les questions d’urbanisme et de grande échelle. Ce qui est important, c’est la pluridisciplinarité et la transdisciplinarité de cette profession et le fait qu’elle puisse évoluer. Par exemple, le champ ville et territoire, a été introduit un peu plus tard que les
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‘‘L’architecte a une responsabilité directe sur le cadre de vie des citoyens.’’ autres disciplines. Les questions liées à l’environnement sont apparues sous Giscard avec le premier ministère de l’Environnement. Les écoles ont une forme d’autonomie pour certaines disciplines sur lesquelles elles souhaitent mettre l’accent ou pas, indépendamment des cursus généraux.
Or Norme. Peut-on parler d’une éthique de l’architecte ? Le métier d’architecte comporte effectivement une dimension éthique, pas seulement parce que c’est une profession réglementée par un code de déontologie et qu’il existe un ordre des architectes, mais aussi parce que l’architecte a une responsabilité directe sur le cadre de vie des citoyens.
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ARCHITECTURE
Texte : Aurélien Montinari
Photo : ENSAS
C’est une donnée à prendre en compte dès le début d’un projet. On construit pour l’avenir, on laisse une trace, il faut donc se poser des questions sur la durabilité et les conséquences, l’acte de construire en soi c’est presque une violence, un acte volontaire, politique. Dès Vitruve, on découvre une théorie de la construction, on parle déjà d’environnement, comment on va situer un bâtiment suivant le sol, suivant le climat, l’ensoleillement... Aujourd’hui, on est dans une phase de réutilisation, d’économie de matériaux, d’énergie, ça change complètement la donne. Il existe une forme de dialectique entre le projet et l’architecte. L’architecte peut proposer dans certains cas des nouveaux modes de vie, qui impliquent une sociabilité un peu différente et, d’autre part, il doit composer avec ce que l’on appelle le retour d’usages. L’architecte adapte sa production vis-à-vis de tout ça. Quand vous faites un projet sur un endroit donné, à un temps T, on vous donne un programme, le programme c’est de savoir à cet endroit-là ce que l’on souhaite implanter. On attend de plus en plus de l’architecte qu’il propose un programme un peu différent en termes d’usages, qu’il réfléchisse à des réadaptations que l’on n’avait pas forcément imaginées au départ. Il y a l’exemple de la transformation des grands ensembles de la première moitié du 20ème siècle, pendant longtemps on a démoli et reconstruit autre chose, certains architectes, eux, ont proposé de réutiliser. Or Norme. Comment analyseriez-vous le dynamisme architectural de Strasbourg ? Ce que je trouve intéressant à Strasbourg, à une grande échelle, c’est la géographie de la métropole qui fonctionne un peu comme une ville archipel avec d’anciens villages satellites et beaucoup d’espaces verts, une certaine qualité de paysages, je trouve, par rapport à d’autres villes, et un paysage lointain même, qui est très présent avec la Forêt Noire toute proche. Ça paraît une banalité, mais ça fait partie de l’inconscient de pouvoir percevoir les choses à très grande échelle, d’avoir l’impression d’être littéralement quelque part. À Strasbourg, il y a une identité à la fois physique, culturelle et intellectuelle, ensuite il y a des grands
projets d’accompagnement avec surtout le projet des Deux Rives et l’idée que le fleuve ne soit plus une séparation, mais que ce soit au contraire un axe fédérateur. Strasbourg a une qualité de vie qui saute aux yeux, je m’en suis rendu compte en faisant les entretiens pour les admissions, les lycéens qui n’étaient pas forcément d’Alsace venaient à Strasbourg parce qu’il y avait justement cette qualité de vie assez spécifique et on la retrouve aussi dans tout ce qui est mobilité, transport... L’école travaille dessus, on a un laboratoire de recherche sur ces questions de déplacement. Nos étudiants travaillent beaucoup sur des terrains
‘‘L’ADN de l’école, c’est l’échange.’’ en grande métropole, soit vers le Rhin, soit vers le Nord, notamment autour de la Cité de l’Ill, sur des zones d’anciens maraîchages, des gravières aussi, donc ils prennent en compte toutes ces dimensions des canaux, de l’eau. On travaille avec l’École Nationale du Génie de l’Eau et de l’Environnement de Strasbourg (ENGEES) également et l’on a plusieurs projets entre des étudiants architectes et des étudiants ingénieurs sur des quartiers qui intègrent la problématique de l’eau. Or Norme. Vous dites que les voyages forment l’architecte, qu’en est-il du rayonnement de l’ENSAS à l’étranger ? C’est vieux comme le monde, les architectes au 18ème siècle avaient cette idée de voyage initiatique pour partir se confronter à d’autres pratiques. Évidemment, avec la mondialisation tout ça s’est un petit peu relativisé et on trouve les mêmes espaces un peu génériques partout avec parfois des aberrations écologiques. La révolution écologique est loin d’être ancrée dans les esprits. En ce qui concerne notre école, je pense qu’elle accueille beaucoup d’étudiants d’étrangers parce que Strasbourg a une dimension de ville-frontière et européenne. Des gens du monde entier viennent étudier à l’ENSAS ; l’ADN de l’école, c’est l’échange.
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ARCHITECTURE
Texte : Barbara Romero
Photos : Luxigon pour la SPL Deux Rives - DR
BAINS MUNICIPAUX
Vivement les Bains !
Les travaux de restauration des Bains municipaux de Strasbourg démarreront début 2020. Tout en préservant l’âme et la valeur patrimoniale de cet équipement emblématique de Strasbourg, classé au titre des Monuments historiques depuis 2017, le projet lui offre une nouvelle vie centrée sur le bien-être, la santé et la convivialité.
Styles néo-classique et néo-baroque, les Bains municipaux se dressent fièrement boulevard de la Victoire depuis 1908. Passionné d’histoire, le premier adjoint Alain Fontanel rappelle à quel point ils sont emblématiques dans la construction de Strasbourg. « Lorsque les Bains ont été construits au début du 20e siècle, la composante était essentiellement politique : Strasbourg venait de multiplier par trois sa surface, sa population avait doublé avec la création de la Neustadt, elle est devenue capitale régionale, vitrine d’un savoir-faire urbanistique, scientifique et social. Strasbourg est devenue ville providence. » Deux symboles forts de cet essor : la construction du Palais des fêtes, « symbolisant l’esprit, la culture », et la création des Bains municipaux, « pour le corps ». « Nous avons souhaité réhabiliter les Bains en préservant le patrimoine matériel et immatériel de son histoire, souligne Alain Fontanel. Nous voulons rendre les Bains aux Strasbourgeois dans le sens qu’avait le lieu, mais en le rendant plus fonctionnel, plus moderne, tout en préservant l’accessibilité pour tous avec un tarif d’entrée identique aux autres piscines, et des plages horaires élargies. »
Le grand bassin
BALNÉOTHÉRAPIE, SPA, BAIN ET SPORT EXTÉRIEUR
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Afin de conserver la main sur le projet, la Ville a créé la Société Publique Locale (SPL) – Deux-Rives pour la gestion des opérations. La rénovation a été confiée à Eiffage Construction, « dont le projet était le plus respectueux du bâtiment », sous le regard avisé de François Chatillon, architecte des Bâtiments de France, et de TNA, agence d’architecture spécialisée dans le domaine aquatique. Fin 2021, les Strasbourgeois découvriront un nouveau lieu où se détendre, faire du sport, se rencontrer, tout en évoluant au cœur de l’âme architecturale des Bains. Le grand bassin et le petit bassin seront réhabilités et
un espace dédié aux scolaires facilitera leur accueil. Un spa en rez-de-chaussée - avec sauna, grotte de sel, jacuzzi et douches massantes - apportera une touche contemporaine aux bains romains en étage. Grande nouveauté : un sauna et un bain extérieur autour duquel l’on appréciera sans nul doute lézarder à l’ombre des îlots de fraîcheur en lieu et place du béton de la cour actuelle. « Nous souhaitons ouvrir cet espace aux associations du quartier pour des rencontres ou des événements culturels », précise Alain Fontanel.
Photos : Luxigon pour la SPL Deux Rives – DR Texte : Barbara Romero ARCHITECTURE OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
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‘‘ Nous avons souhaité réhabiliter les Bains en préservant le patrimoine matériel et immatériel de son histoire. ”
82% DE CONSOMMATION D’EAU EN MOINS Pour une détente absolue, les Bains accueilleront la marque NUXE® Spa, avec des cabines de soins en extérieur durant l’été. Les Strasbourgeois pourront également profiter d’une salle de sport dans l’ancienne chaufferie et, pourquoi pas, pratiquer fitness ou yoga en extérieur. Enfin, l’annexe construite en 1910 sera dédiée au sport et à la santé, sous la houlette de l’adjoint au maire Alexandre Feltz. Un espace souhaité et financé par la Ville de Strasbourg dans une démarche de santé publique.
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Avec une enveloppe budgétaire d’environ 35 M€, les Bains s’inscrivent enfin dans une démarche de performance énergétique et environnementale. La mise aux normes permettra ainsi une réduction de la consommation d’eau par baigneur de 82% (on passera de 900 litres d’eau par an et par usager à 80 litres) et une réduction de 41% de la consommation d’énergie thermique et électrique. Rendez-vous fin 2021 pour une nouvelle expérience des Bains.
PAUL LE QUERNEC
À corps et à courbes Rencontrer un architecte, c’est rencontrer un faiseur de monde car, comme le dit le philosophe Emmanuel Levinas, « la naissance latente du monde se produit à partir de la demeure ».
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ARCHITECTURE
Texte : Aurélien Montinari
Photos : Michel Grasso – 11h45
Son approche tout en courbes réfléchit l’espace en termes de fluidité avec comme impératif la présence d’une lumière naturelle, « je conçois mes projets de façon organique, c’est une architecture faite d’arrondis et qui répond à des besoins physiologiques naturels ». Il surenchérit : « Là où la lumière ne rentre pas, le médecin rentre souvent ». Moins un style qu’une façon d’optimiser le fonctionnel, cette conception de l’architecture transparaît parfaitement dans le bâtiment et l’aménagement du club house de l’Ill Tennis Club à Strasbourg.
Paul Le Quernec
‘‘ Là où la lumière ne rentre pas, le médecin rentre souvent. ’’
Paul Le Quernec voit même en l’architecture « la possibilité d’enchanter le quotidien ». Ce Breton, Alsacien d’adoption, se lance très tôt à son compte, une fois son diplôme en poche.
Paul note l’apparition d’un nouvel élan architectural dans la ville avec des projets « décomplexés et qui font la part belle à l’esthétique ».
Des débuts dans son appartement de 35 m² à ses nouveaux locaux boulevard de Nancy, voilà bientôt 20 ans que cet architecte travaille avec la même passion. « L’architecture est à la construction ce que la cuisine est à la nourriture ». Une comparaison pleine de justesse et qui place Paul Le Quernec du côté des étoilés.
Son chantier du moment l’amène cependant sous d’autres latitudes avec un projet d’école et de crèche, en Inde, à New Delhi. Une construction comme un jeu de formes et de couleurs, à la fois simple et sophistiquée et que Paul définit en une formule : « construire des choses riches avec des éléments basiques ».
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Le club house de l’Ill Tennis Club
NATHALIE SCHMITT
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ARCHITECTURE
Texte : Barbara Romero
Photo : Nicolas Rosès
“ Nous rendons la vie plus belle ! ”
Installés depuis 2010, les architectes d’intérieur Les Agenceurs se cachent derrière de fameux concepts, entre restaurants, bars, hôtels ou commerces de détails. Comment travaillent-ils ? Quelles sont leurs inspirations et leur vision de Strasbourg ? Nathalie Schmitt raconte leur métier pour le moins passionnant.
Les Agenceurs, c’est une histoire d’amitié et de complémentarité. On y retrouve Fabrice Perez, architecte diplômé d’État, Franck Parent, spécialiste en identité visuelle et Nathalie Schmitt, historienne d’art et diplômée en arts plastiques. Il y a dix ans lors d’une soirée, les trois amis décident de s’associer pour proposer une prestation complète aux professionnels. « Nous travaillons ensemble sur le concept, puis Fabrice s’occupe des plans et de la partie administrative, Franck de l’identité visuelle, du logo, etc., et moi je gère l’agencement du concept dans le lieu. » Le métier d’architecte d’intérieur n’est pas réglementé, « Fabrice nous apporte la caution réglementaire,«souligne Nathalie, mais l’on peut arriver par différentes voies à ce métier. »
NE PAS SUIVRE LES TENDANCES À la différence du décorateur d’intérieur, l’architecte travaille sur le volume. « Une fois les plans administratifs réalisés, nous travaillons sur l’ergonomie du lieu. » L’objectif des Agenceurs : « Comprendre le métier, l’usage des éléments, comment les personnes évoluent dans l’espace, précise Nathalie. Puis nous nous attachons à identifier ce qu’ils ont derrière la tête. Il ne faut pas suivre les tendances, ne pas s’écouter. En revanche, il faut s’imprégner et s’enrichir de l’histoire de l’art et faire des lieux intemporels. » À leur actif, de beaux projets tels le Boma, la Salamandre, les Aviateurs nouvelle génération, le Umami. En cours, la Brasserie Météor, le Grand Hôtel de la gare, l’hôtel Bristol à Colmar et un autre projet du groupe Sogeho encore tenu secret. « Nous travaillons pas mal sur des concepts de franchise, car Strasbourg est un sacré laboratoire, un endroit en France où l’on peut tester les marchés français, allemand et du Benelux. Quand le concept prend à Strasbourg, il est facilement exportable. » Les Agenceurs se réjouissent aussi de voir le dynamisme et l’envie de faire des Strasbourgeois. « En dix ans, nous n’avons jamais eu à démarcher ! » Leur plus belle récompense : « De rendre les clés et de disparaître complètement. Quand quelqu’un entre dans un lieu et se dit qu’il est chez lui, notre mission est accomplie. »
‘‘Il faut s’imprégner et s’enrichir 101 de l’histoire de l’art et faire des lieux intemporels.’’
PORTFOLIO
Lorenza Stefanini
La rotonde en verre, par G. Clapot
La verrière de la gare de Strasbourg, par J.-M. Duthilleul
L’École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg, par M. Mimram
Le bâtiment Louise Weiss Parlement européen IPE4, par Architecture Studio
Le terminal intermodal Hoenheim Gare, par Z. Hadid
Le Printemps, par C. Biecher
La cité de la Musique et de la Danse, par H. Gaudin
La passerelle des Deux Rives, par M. Mimram
La tour Elithis, par XTU Architects
Le quartier Nolistra, par ADIM DĂŠveloppement Immobilier
L’église du Christ Ressuscité, par A.-R. Adrion, F. Lévy, N. Prêvot
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DESIGN & DÉCO Innovation et reconversion
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LES DESIGNERS D’ALSACE
Le patrimoine au regard du design
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ARCHITECTURE
Texte : Aurélien Montinari
Photo : Document Remis
À l’heure de la mondialisation et du tout made in China, des femmes et des hommes valorisent les méthodes et techniques de notre région afin de produire des objets de qualité et éthiques. Valoriser le design et sa démarche, à la fois créative et méthodologique, au sein des entreprises, voilà la mission que s’est donnée, depuis 2004, l’association IDeE (Innovation, Design et Expériences). Son fondateur et Président, Grégoire Ruault, lui-même designer et architecte d’intérieur, y voit également la nécessité de préserver et de redynamiser des savoir-faire : « Recréer du lien et du sens sur une production locale. » Pas de fabrication dans des usines à l’autre bout du monde donc, mais la promotion de l’artisanat avec le designer comme catalyseur auprès des entreprises. Qu’il s’agisse de revisiter le traditionnel moule à Kougelhopf, l’usage du grès des Vosges ou du verre soufflé, l’association IDeE favorise la mise en commun des connaissances et injecte de la contemporanéité dans la tradition. Grégoire parle même « d’alchimie entre le créatif et l’artisan ». Pour lui, « chaque designer a une réponse unique ». Combinée à un savoirfaire adéquat, il en résulte des objets inédits, beaux, intelligents et dont la production est raisonnée. L’association, qui fédère aujourd’hui une vingtaine de designers indépendants dans le Grand Est, souhaite s’ouvrir à de nouveaux talents. C’est dans cette optique qu’elle a investi le quartier de la COOP. Bureau et lieu d’exposition à la fois, ce nouveau siège est « un lieu où accueillir et fédérer les designers locaux ». Deux ateliers sont déjà en préparation, l’un sur la bougie, l’autre sur le fameux Bredele. De nouvelles idées pour des objets plus proches des gens.
125 Lampes de GrĂŠgoire Ruault
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ARCHITECTURE Texte : Aurélien Montinari
Photos : Jérémy Morlot — Hello Jack
TAMIM DAOUDI
L’objet en question On oublie trop souvent que nos objets du quotidien sont le fruit de savantes réflexions. Harmoniser forme et fonction, c’est le métier du designer. Rencontre avec l’un d’entre eux, Tamim Daoudi, pour qui le designer est aussi « un facilitateur ».
L’apparition du métier de designer remonte aux années 1920 avec les travaux du graphiste et designer industriel franco-américain Raymond Loewy. Un siècle plus tard, Tamim Daoudi, lui aussi designer industriel, déclare le compter parmi ses influences. D’origine syrienne, Tamim étudie à Paris (ENSAAMA), puis à Strasbourg (HEAR). Après un court passage à Québec pour se former au design automobile, il revient en Alsace et démarre son activité en tant qu’indépendant en 2008.
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Pour Tamim, le design, au-delà de l’esthétique, doit faciliter les usages. « Je pense que le design, c’est avant tout une méthode qui incorpore une logique de bon sens et qui intègre surtout l’utilisateur. » Évoluant principalement dans le secteur du design industriel, il explique devoir composer avec des contraintes de quantité et de coût, mais cela ne l’empêche pas de conserver également une sensibilité écologique. « Réduire le nombre d’opérations, faire en sorte d’utiliser moins de matière et d’énergie… l’utilisateur n’y pense pas, mais le designer y réfléchit. » Une posture éthique que Tamim transmet à ses élèves du Master Design de l’Université de Strasbourg où il est également maître de conférences.
Son dernier projet s’inscrit toujours dans cette démarche raisonnée ; en collaboration avec la start-up strasbourgeoise AirND, il développe un détecteur de pollution, ou comment le design se saisit des préoccupations de tous. « On dessine des produits pour les autres, on est au service des usagers, de leurs besoins, c’est ce que je trouve formidable dans ce métier. »
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Photo : Jésus S Baptista — Caroline Guichard
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ARCHITECTURE
Texte : Aurélien Montinari
FAB LAB (Dé) faire À l’heure de la décroissance et du développement durable, un groupe d’architectes et de designers propose une autre approche de la création : AVLab ou le laboratoire communautaire. Ci-dessus : Le comptoir du FabCafé
A pour Architecture, V pour Visuel, le tout regroupé dans un laboratoire ouvert à tous. Ce collectif, né en 2012, Jérémie Bellot, l’un des membres fondateurs, le décrit comme la réalisation d’un idéal au sortir de la vie étudiante : « Aller au bout de nos utopies. » Le premier local, installé rue des Frères, migre en 2013 rue de l’Ancienne Douane et voit même une extension prendre ses quartiers au Shadok en 2015. Si les bureaux sont restés au centre-ville, c’est une véritable « usinette », appelée FabLab, que l’on découvre au rez-de-chaussée du Shadok. Machines à commande numérique et autres imprimantes 3D, le collectif AVLab rend accessible au public les technologies utilisées par l’industrie, « notre but c’est de donner à tous les moyens de fabriquer, de personnaliser leurs objets, de reprendre possession de la création ». Réinvestir son propre potentiel créatif, mais également politique en bouleversant les codes
consuméristes, « prendre conscience, par les rencontres et par l’usage, de la vraie valeur des choses », explique Noé Milesi, chargé de communication. Une démarche pédagogique, sous forme d’ateliers et de formations, mais aussi citoyenne ; toutes les générations se côtoyant autour des machines pour fabriquer œuvres et objets. Tout l’esprit du FabLab repose d’ailleurs ici, dans l’échange et le partage, des discussions entre bricoleurs aux fichiers (plans et manuels) en accès libre ; c’est la culture DIY (Do It Yourself - fais-le toi-même), propre à l’éthique des Makers, ces « bidouilleurs » d’un genre nouveau. Cet « atelier urbain collectif », comme le désigne Noé, devrait connaître un nouvel essor avec son récent déménagement sur le site de la COOP ; l’occasion pour AVLab de changer de nom et de devenir Les Ateliers éclairés. Un nouveau siècle des Lumières à venir ?
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Photo : Nicolas Roses Texte : Barbara Romero DÉCORATION OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter
FANNY MICHEL
La déco qui embellit (sa) la vie !
À la fonction « pépère » de salariée, Fanny Michel a préféré « une vie qui pétille » ! Il y a cinq ans, la jeune Strasbourgeoise a décidé de quitter la SNCF où elle travaillait depuis dix ans pour réaliser son rêve de devenir décoratrice d’intérieur. Pari gagnant. Les 35 heures, elle ne connaît plus. Ni les mercredis, les week-ends ou les vacances. En revanche, Fanny Michel, 33 ans, a le sourire et l’attitude posée des gens épanouis. « Je ne me voyais pas vieillir à la SNCF, confie-t-elle. J’ai
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toujours aimé la phase de réflexion nécessaire avant de redécorer un lieu, regarder, créer une ambiance, mais j’étais convaincue que l’on ne pouvait pas en vivre. » «En 2014, c’est finalement le déclic. « Je voulais d’une vie qui pétille ! J’ai décidé de me lancer en profitant d’un congé individuel de formation pour reprendre mes études. » Et là, c’est la révélation.
UNE EXPO À CIEL OUVERT À l’école d’arts appliqués, elle découvre comment monter un dossier, les logiciels indispensables à tout décorateur d’intérieur. L’association des couleurs, les tendances, c’est ce qu’elle ressent ou déniche grâce à son insatiable veille. « Je suis toujours à l’affût de nouveaux fournisseurs, les plus éco-responsables, car avec mon mari, nous avons une vie la plus saine possible, j’ai envie d’apporter cela à mon job. » Fanny puise son inspiration dans la nature sous toutes ces formes, et aime particulièrement le style contemporain et associer les
tendances, entre scandinave et vintage ou bohemian chic. Œuvrant pour les professionnels et les particuliers, Fanny passe beaucoup de temps à écouter les gens, à découvrir leur mode de vie : « J’ai besoin de savoir chez qui je suis pour rendre un travail qui leur corresponde. » La décoratrice aime aussi particulièrement repenser les espaces de travail, « pour que les salariés s’y sentent bien ». Grâce au bouche-à-oreille, au réseau d’entrepreneurs, à Internet, Fanny Michel a su se faire une place dans ce métier dans la région. Son meilleur conseil à ceux qui rêvent d’une vie sans la réaliser : « Il faut croire en soi et foncer ! ».
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Entreprise familiale créée en 1999, le Groupe Vivialys emploie 370 salariés et compte 27 agences en France. Promoteur d’un habitat sain et accessible à tous, il propose, sous ses différentes marques, une offre immobilière large : maisons individuelles, Duplex-Jardin®, appartements, terrains à bâtir.
En 2018, Vivialys a construit plus de 1200 logements.
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