Habiter 2024 |Hors-série Or Norme

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ÉDITO 2024

Par Barbara Romero, rédactrice en chef
« L’architecture est le grand livre de l’humanité, l’expression principale de l’homme à ses divers états de développement, soit comme force, soit comme intelligence. »

VICTOR HUGO

Le secteur de l’immobilier traverse depuis de longs mois une crise sans précédent, et le bout du tunnel se fait durement attendre. Mais au-delà des chiffres et des statistiques, c’est notre façon d’habiter et de vivre qui est en jeu. Alors que l’urgence climatique nous rappelle la finitude des ressources, l’architecture se révèle être bien plus qu’un art : c’est une réponse aux défis de notre temps. Et qui mieux que les architectes pour décrypter les enjeux d’aujourd’hui et de demain pour notre environnement ?

Dans ce sixième hors-série Habiter Or Norme, nous vous proposons un cahier spécial dédié aux Journées de l’architecture dont la thématique En chantier illustre parfaitement l’époque que nous traversons. En chantier, la promotion immobilière. En chantier, la construction. En chantier, la conception de la ville et de l’environnement. D’un côté, un secteur en berne, des

centaines de milliers d’emplois menacés. De l’autre, une urgence climatique qui nous pousse à repenser nos modes de construction et d’habitation. Comment concilier ces deux réalités ?

La société occidentale commence enfin à comprendre que les ressources ne sont pas infinies et que l’urgence climatique doit être la priorité. La filière du réemploi se structure. L’heure est davantage à la reconstruction qu’à la démolition. Les espaces deviennent modulables pour s’adapter à l’évolution de nos modes de vie.

Déjà au XIXe siècle, Victor Hugo estimait que « L’architecture est le grand livre de l’humanité ». L’architecture est en effet l’expression d’une société comme le rappelle la Maison européenne de l’architecture. En chantier, c’est aussi l’idée de changement, d’évolution, de pas en avant. Un pas que l’on souhaite géant pour notre société et nos enfants.

HABITER 2024

8-37 a Dossier

Journées de l’architecture

10 Attention, architecture en chantier !

Interview de Claude Denu, Julie Wilhelm et Nathalie Charvet

18 OSCAR

Des architectes en herbe

fourmillant d’idées

20 Archifoto

« En chantier »

24 Amelia Tavella

L’étoile montante de l’architecture française

28 Notre sélection

Les temps forts des Journées de l’architecture

a Portfolio

58 Stéphane Spach Photographe

74-95 a

Design

76 Des maisons hors-normes

82 L’immobilier fractionné

Mi casa es tu casa

86 Nextmed

Le campus médical à la pointe

88 Quand les archi passent

à table Une décoration à la carte

92 Quand les hôtels

se réinventent L’Hôtel du Parc et La Cheneaudière

36-57

a Urbanisme

38 Tram Nord

L’affrontement est pour bientôt

42 Le marché immobilier

Annus horribilis

46 Soluprom

L’externalisation comme booster de la promotion

48 Réhabilitation de la Manufacture Le projet phare de l’Urbanisme et du Patrimoine strasbourgeois

52 Rénovation et extension de la Meinau à horizon 2026

Sacré chantier !

56 45e anniversaire de l’agence drlw architectes

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ARCHI TECTURE

ATTENTION, ARCHITECTURE EN CHANTIER !

Les Journées de l’architecture reviennent du 4 au 31 octobre pour un programme riche de 160 manifestations et six temps forts en Alsace, dans le Bade-Wurtemberg et à Bâle. Rencontre avec les acteurs de ce festival enthousiasmant pour mieux appréhender « l’architecture en chantier » : Claude Denu, président de la Maison européenne de l’architecture, Julie Wilhelm, sa vice-présidente, et Nathalie Charvet, sa responsable et coordinatrice.

Comment s’est constitué votre festival

Les Journées de l’architecture ?

Claude Denu : « L’aventure a démarré en 2000, quand l’Ordre des architectes d’Alsace a décidé d’organiser ses premières visites pour les Journées du Patrimoine. En 2001, un vrai programme a été construit, mais ce n’est qu’en 2005 que nous nous sommes structurés en association. Elle est issue de la “Planète archi”, dont certains sont de l’Ordre, d’autres non, mais tous prêts à donner de leur temps de manière bénévole. »

Nathalie Charvet : « Aujourd’hui nous sommes entre trois et sept salariés selon l’intensité de l’activité dans l’année. Notre conseil d’administration est constitué de trente membres et notre bureau de huit personnes, dont trois Allemands. À cela s’ajoutent les porteurs de projets et les bénévoles. On est beaucoup à œuvrer pour le festival ! Nous avons 200 adhérents, mais en termes de fréquentation,

Barbara Romero Sabrina Schwartz

nous accueillions 15 à 20 000 festivaliers !

Notre territoire d’actions couvre tout le Rhin supérieur. »

C. D. : « Nous avons très vite eu l’ambition d’organiser ces Journées de l’architecture des deux côtés du Rhin, avec une intervention sur les trois territoires, l’Alsace, le Pays de Bade, mais aussi sur les deux cantons de Bâle. Nous sommes une association de bénévoles constituée principalement d’architectes, mais nous avons également des ingénieurs, des personnes qui travaillent dans le développement durable, etc. Notre mission est de présenter tous les débats autour de l’architecture, de montrer les bâtiments construits, de faire visiter les quartiers à vélo, en canoë, d’organiser des conférences avec des architectes réputés sur la scène internationale. »

Quel est l’objectif des Journées de l’architecture ?

« L’ARCHITECTURE, C’EST QUELQUE CHOSE QUI NOUS

IMPACTE TOUS ASSEZ DIRECTEMENT PARCE

QU’ON EST DEDANS TOUTE LA JOURNÉE. »

Julie Wilhelm : « Permettre aux gens d’ouvrir les yeux sur leur cadre bâti. L’architecture, c’est quelque chose qui nous impacte tous assez directement parce qu’on est dedans toute la journée. Elle influe sur notre bien-être, c’est quelque chose de très concret. Je pense que les gens n’ont pas toujours les clés de lecture sur leur environnement et pourtant c’est quelque chose de facile, une matière que l’on peut immédiatement comprendre parce que c’est autour de nous : on peut donc l’expérimenter. Le fait d’avoir des manifestations qui permettent aux gens d’avoir plus de clés de lecture sur ce qui les entoure, c’est une façon de démocratiser l’accès à la cité. »

Et ce dès la petite enfance...

J. W. : « En effet, le concours de maquettes est proposé dans les écoles, de la maternelle à la Terminale, en amont du festival. C’est fondamental de donner

Sur le rooftop de la Manufacture, Claude Denu, Julie Wilhelm et Nathalie Charvet (de gauche à droite)

TOUT LE

QUESTIONNEMENT DE CES JOURNÉES,

C’EST DE DIRE

« QU’EST-CE QU’ON CONSTRUIT, POURQUOI ET POUR QUI ? »

Claude

Denu, président de la Maison européenne de l’architecture

des outils aux enseignants et aux enfants, cela permet aussi de toucher leurs parents et leur famille, et c’est déjà cela de gagner pour l’avenir. »

N. C. : « Cette année, nous avons touché 2200 élèves, c’est deux fois plus que l’an dernier. À chaque édition, c’est extraordinaire, ils ne se brident pas ! Ce sont des projets complètement fous, originaux. C’est tellement créatif, beau et touchant aussi de lire les petits textes qui les accompagnent, et de voir comment ils imaginent leur ville de demain ou leur habitat rêvé. »

Ont-ils pour la plupart une conscience écologique ?

N. C. : « C’est certain. La plus-value que l’on apporte, c’est l’opportunité de bénéficier de l’intervention d’un architecte qui intervient sur différents sujets, présenter son métier, aider à réaliser les maquettes, les sensibiliser aux questions environnementales. »

C. D. : « Notre mission d’aller vers le grand public est atteinte. Tout le questionnement de ces Journées, c’est de dire “Qu’est-ce qu’on construit, pourquoi et pour qui”. Ce sont des thèmes abordés en école d’architecture, mais à la sortie,

nos clients disaient : “C’est le prix, c’est le prix !”. On a toujours eu l’ambition de faire les choses bien, mais le bien on l’a concentré sur la forme. On a participé à la construction de la ville, on a essayé d’être économe, mais c’est compliqué, car la pression est très forte sur le prix. »

Et ça a changé ?

J. W. : « Ça change par la force des choses, par la prise en compte du contexte climatique et la volonté politique. L’architecture, c’est toujours une expression d’une société et aujourd’hui on vit le changement climatique, les étés caniculaires, le prix de l’énergie qui augmente... Tout cela a forcément une incidence sur nos modes de fabrication des bâtiments. On se rend compte aussi que nos ressources ne sont pas illimitées. Réutiliser des choses qui existent, c’est une évolution récente, c’était impossible il y a encore quinze ans ! Le réemploi pour la filière se structure. »

C. D. : « Depuis un certain nombre d’années, nos clients maîtres d’ouvrage sont à l’écoute. Ce sont des citoyens avant tout, ils ont conscience du dérèglement climatique, des ressources qui

s’épuisent. Il y a 40 ans, le directeur d’une société de HLM me traitait d’architecte de gauche ! La société occidentale pensait que la surconsommation n’était pas un problème, mais aujourd’hui, les consciences s’éveillent. Depuis toujours, les architectes voulaient construire des bâtiments pérennes. La notion de Bilan carbone est plus récente. Les maîtres d’ouvrage veulent être exemplaires. Nous construisons par exemple le nouveau siège du Crédit Agricole, avec un maître d’ouvrage qui se veut exemplaire en développement durable. Cette clientèle n’existait pas il y a 30 ans. Y compris dans l’habitat, ce sont des questionnements constants. »

Chaque année, les Journées de l’architecture se construisent autour d’une thématique. Après « Transformation » l’édition passée, place à « En chantier ». Est-ce à dire que l’architecture est en pleine mutation ?

J. W. : « Le chantier évoque l’architecture, le fait de faire, c’est un thème qui est dynamique, dans l’action. Cela évoque aussi nos métiers en pleine mutation. Avec cette finitude des ressources,

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il faut bien que l’on imagine d’autres façons de faire. On souhaitait un terme qui évoque le changement de nos pratiques de manière globale. »

N. C. : « C’est aussi l’idée d’un projet qui évolue avec différentes entités, à la fois les habitants, la maîtrise d’œuvre, la maîtrise d’ouvrage, les collectivités, chaque partie est impliquée. »

J. W. : « En effet il est fondamental de rappeler que l’architecture ce n’est pas seulement un problème d’architecte. Nos projets, on ne les fait jamais tout seul, on n’est pas dans une tour d’ivoire à imaginer le monde. L’architecture, c’est aussi une aventure humaine. L’architecte est entouré de spécialistes, il travaille avec des bureaux d’études avec des cuisinistes, des acousticiens, c’est un travail d’équipe. Quand on construit un bâtiment, il y a beaucoup d’entreprises qui sont impliquées dans l’acte de construire. On construit toujours pour quelqu’un, il y a des contrôleurs, c’est une grosse équipe jusqu’à ce qu’on arrive à livrer le bâtiment. Tous ces échanges

avec les maîtres d’ouvrage et les usagers sont fondamentaux si l’on veut que nos bâtiments durent longtemps, remplissent leurs usages. Il faut avoir saisi cette essence. On peut imaginer plein de choses, mais si les gens n’adhèrent pas, cela ne marche pas. »

Les visites que vous organisez permettent donc de faire comprendre tout cela au grand public.

N. C. : « Dans notre programmation, nous avons des conférences qui attirent davantage un public de professionnels. Mais avec les visites, les parcours vélo, les séances de cinéma, les expos, toutes ces manières d’aborder l’architecture sous différents angles, font que le festival est hyper accessible. C’est ça notre mission première, nous adresser au grand public. On avait fait une étude en 2019 et on avait constaté que la moitié des festivaliers, c’était le grand public. L’objectif est atteint. Seuls 10 % sont réellement des professionnels, ce qui montre que l’on s’adresse à un public très large. »

Est-ce que notre quotidien est aussi en chantier ?

J. W. : « Dans le logement, les programmations sont en train d’évoluer, mais aussi en raison de la crise du logement, à l’arrêt actuellement. Par exemple, le COVID a eu une incidence sur les besoins des gens et leur projection dans leur logement. Avoir un extérieur est devenu un objectif très important pour ceux qui achètent. Le télétravail qui s’est fortement développé a aussi une incidence pour avoir un espace dédié. »

C. D. : « Depuis toujours, l’une des qualités des architectes, c’est d’être à l’écoute. Parce que dans certains cas il faut des bureaux fermés, dans d’autres on veut des bureaux ouverts, ou faire du coworking. Il faut que l’on soit extrêmement ouvert à nos clients et aussi aux grandes discussions qu’il y a dans la société. »

L’une des autres évolutions, c’est de créer des espaces modulables, comme

« L’ARCHITECTURE

PROJETS,

ON NE LES FAIT JAMAIS TOUT SEUL, ON N’EST PAS DANS UNE TOUR D’IVOIRE À IMAGINER LE MONDE. »

Julie Wilhelm, vice-présidente de la Maison européenne de l’architecture

transformer des plateaux de bureaux en appartements ou inversement.

J. W. : « Nous devons créer des espaces qui puissent s’adapter aussi au chemin de vie. On a des enfants, après ils sont grands, ils partent, est-ce qu’on déménage ou est-ce qu’on transforme son logement ? À certains moments de sa vie, on a besoin de travailler chez soi, puis ce n’est plus le cas. Les architectes réfléchissent aussi de plus en plus à des bâtiments dont les structures permettent des mutations et qu’on ne soit pas obligé de détruire pour leur donner une nouvelle vie. On voit que l’on arrive à transformer les lieux et progressivement on va de moins en moins détruire et de plus en plus essayer de réemployer. On va également penser les bâtiments pour qu’ils soient plus facilement transformables quand on les construit. »

Votre métier est donc en chantier !

C. D. : « Il est vrai que nos thèmes de ces dernières années reflètent bien les questionnements qu’on a alors. Il y a dix

ans, on avait choisi pour thèmes la couleur, la lumière, des thématiques importantes, mais plus classiques. Alors que là on a vraiment le sentiment que ça bouge. Que ce soit dans “Transformation” ou “En transition” ou la question des ressources... Durant le COVID, notre fil rouge était “Fait maison !” »

Vous êtes bénévoles, dans un quotidien que l’on sait bien chargé. Pourquoi cet investissement ?

J. W. : « Il y a certainement une part de militantisme. J’ai envie que les architectes aient une place. Si je veux que l’on voie ce qui gravite autour d’eux, quel meilleur endroit que la Maison européenne de l’architecture pour agir et travailler pour le bien commun. »

N. C. : « Ce qui nous anime, c’est de transmettre, de partager, de promouvoir et de servir l’intérêt général. »

C. D. : « Je rappelle aussi que même si Strasbourg est l’épicentre de notre festival, il se tient aussi en Allemagne, à Karlsruhe, Mannheim, Fribourg, Baden-

Baden, Lahr, en Suisse, dans les deux cantons de Bâle, à Mulhouse, dans le Val d’Argent où vit le président de l’Ordre. Chacun œuvre sur son territoire. »

Quel est le lien qui vous unit avec l’Allemagne et la Suisse où les concepts architecturaux sont assez éloignés de la France ?

C. D. : « Il y a toujours les cultures qui jouent énormément et il y a le savoirfaire des entreprises. Mais les procédés sont différents, que ce soit les systèmes de marché public, des permis de construire, des éléments normalisés de notre métier, ou la formation. Mais malgré toutes ces différences, nous allons quand même vers des objectifs proches, et les fondamentaux sont les mêmes. »

Vous créez des ponts en résumé. N. C. : « C’est vrai qu’à travers plusieurs manifestations dans le cadre de la programmation, on montre comment on construit dans d’autres pays.

« ON VOIT QUE FINALEMENT CELA SUSCITE BEAUCOUP D’INTÉRÊT DE DÉCOUVRIR COMMENT

LE QUARTIER DANS LEQUEL ON VIT EST EN TRAIN D’ÉVOLUER. »

Nathalie Charvet, responsable et coordinatrice de la Maison européenne de l’architecture

On organise aussi chaque année des rencontres transfrontalières. Pour cette édition, nous invitons des professionnels français et allemands sur un ancien site industriel de Bâle réhabilité en logements. Toujours dans cette idée finalement de créer des rencontres, des échanges entre les publics français, suisses et allemands. »

Pour conclure, comment convaincre ceux qui n’ont jamais assisté à vos manifestations de venir ?

N. C. : « Participez aux parcours à vélo, aux visites de bâtiments, parce que c’est très accessible. On voit que finalement cela suscite beaucoup d’intérêt de découvrir comment le quartier dans lequel on vit est en train d’évoluer, de faire tomber les barrières du chantier devant lequel on passe tous les jours sans savoir ce qu’il s’y trame. Nous avons beaucoup de manifestations de ce type-là pour aller à la découverte des nouveaux bâtiments de quartiers qui évoluent. Nos conférences sont finalement très accessibles, car nous invi -

tons nos conférenciers à adapter leur discours au tout public. »

J. W. : « Les architectes aiment raconter des histoires, alors rassurez-vous, ce n’est pas ennuyeux ! »

C. D. : « Ce qui m’a beaucoup surpris les premières années, c’est que même nos partenaires, dans le monde de l’ingénierie, les fabricants, les entreprises, sont souvent étonnés de la manière dont on arrive à faire un bâtiment, à le réfléchir, le dessiner. Voilà pourquoi dans toutes nos conférences, nous expliquons ce chemin. »

Combien de manifestations auront lieu cette année ?

N. C. : « 160 manifestations et six temps forts, c’est plus que l’an dernier sur un temps plus court. Il y a eu un bel engouement et un intérêt pour le thème. On organise les conférences sur chaque territoire, on souhaitait relancer cette dynamique transfrontalière. »

C. D. : « Les collectivités locales, les villes comme Strasbourg, Mulhouse, Karlsruhe, ont de plus en plus adopté cette période de notre festival pour organiser leurs manifestations tournées vers le grand public. C’est une réussite, car cela renforce le rayonnement de notre festival et nous permet encore davantage d’atteindre notre objectif de toucher le grand public. »

J. W. : « Nous faisons aussi des ponts avec d’autres disciplines, comme la photographie, la danse, le cinéma, le théâtre... C’est vraiment un festival transversal qui permet de capter un autre public et le ramener ainsi vers l’architecture. » a

Tout le programme des Journées de l’architecture.

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OSCAR DES ARCHITECTES EN HERBE FOURMILLANT D’IDÉES

Si le festival Les Journées de l’architecture constitue le temps fort de la programmation de la Maison européenne de l’architecture – Rhin supérieur (MEA), d’autres projets d’envergure font également partie du calendrier annuel de la MEA, à l’instar d’OSCAR, le jeu-concours élèves transfrontalier auquel participent jusqu’à 3 000 élèves chaque année dans la région du Rhin supérieur, et même en Ukraine !

Kai Littmann Nicolas Rosès

OSCAR invite depuis maintenant 16 ans, les élèves en Alsace, dans le Pays de Bade et dans les deux cantons bâlois à s’initier à l’architecture en réalisant des maquettes autour d’un sujet donné. Ces maquettes font ensuite l’objet d’une évaluation par un jury professionnel, d’une remise de prix et d’une exposition, et ce dans de nombreuses villes de la région transfrontalière. Remarquable – malgré la situation tendue en Ukraine – 27 classes ukrainiennes ont pu participer cette année encore au jeuconcours, en soumettant leurs maquettes par voie numérique.

Organisé par catégories d’âge, allant du premier cycle jusqu’à la terminale, OSCAR mobilise aussi bien des architectes qui interviennent dans les classes participantes pour une introduction à l’architecture, que des enseignants et bien entendu, des élèves. Pour l’édition 20232024, les élèves ont planché sur la thématique « Habiter entre terre et ciel ». Et une nouvelle fois, la créativité des architectes en herbe a été remarquable.

DES HABITATIONS

LOIN DE LA GUERRE ET DE LA PEUR

Pour Éric Salber, enseignant au Lycée Heinrich Nessel à Haguenau, qui participe

au jeu-concours avec ses classes depuis 10 ans, il s’agit d’abord de « déformater » les jeunes et de leur laisser ensuite la place pour développer de nouvelles idées. Même son de cloche chez Maëva Goettelmann, architecte, qui est intervenue dans une classe de 4e au Collège Freppel à Obernai : « Les élèves apprennent à intégrer le sujet dans leur monde à eux », rapporte-t-elle. Les projets des 27 classes ukrainiennes participant à cette édition ont été primés et exposés à Mulhouse sous forme de planches photo. Réalisés dans des conditions difficiles, par exemple à Kharkiv, les projets et l’imagination des jeunes Ukrainiens étaient touchants – ils ont construit des habitations loin de la guerre et de la peur, des maquettes d’un monde idéal.

Pour Arnaud Backer, architecte et référent du jeu-concours OSCAR à Strasbourg, cette édition 2023-2024 était d’une très grande qualité. « Je pense que nous assistons au retour de l’expression manuelle », dit-il, « et cela se traduit par une énorme créativité des jeunes et la diversité des maquettes proposées. Ce jeu-concours encourage le contact avec des matières et devient ainsi, un espace d’expression. »

Un espace d’expression, c’est exactement ce que la MEA souhaite établir en investissant un travail extraordinaire

dans ce projet qui s’étale sur une année scolaire. La nouvelle édition du concours s’étale depuis septembre jusqu’à juin 2025 autour du thème « Ponts animés ». Sujet que les jeunes participants déclineront sans doute encore une fois avec beaucoup d’imagination. a

Des maquettes d’enfants ou d’adolescents inspirantes !

« JE PENSE QUE NOUS ASSISTONS AU RETOUR DE L’EXPRESSION MANUELLE. »

Arnaud Backer, architecte et référent du jeu-concours OSCAR à Strasbourg.

« EN

ARCHIFOTO

CHANTIER »

Co-construit par la Maison européenne de l’architecture et La Chambre, le concours européen Archifoto vise à valoriser la photo d’architecture. Pour cette 7e édition, focus sur « l’Architecture en chantier » qui met en exergue, à travers l’œil des photographes, le chantier comme synonyme de mouvement à l’échelle d’un bâtiment, d’une ville, d’un projet social. Rencontre avec Catherine Mueller, directrice de la Chambre.

Des chantiers en suspens au Sahara sur fond de conflits, aux maisons de bétons laissées à l’abandon, en passant par de poétiques graffitis dessinés par des ouvriers, l’exposition biennale Archifoto montre pour cette nouvelle édition tout ce que le chantier, moment suspendu de l’architecture, peut révéler comme mouvement, transformation ou au contraire immobilisme.

« D’année en année, la sélection est plus difficile, se réjouit Catherine Mueller, directrice de la Chambre. Jusqu’ici, toutes les expositions ont été très intéressantes malgré des thématiques contraignantes. Nous sommes à chaque fois agréablement surpris des candidatures. » D’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, de France ou d’ailleurs en Europe, 150 photographes professionnels ont présenté leurs travaux pour la

7e édition de ce concours international. Créé en 2010 par la Maison européenne de l’architecture et la Chambre, son ambition est de devenir « le prix de référence récompensant les photographes dont le regard aide à la compréhension de l’architecture, du paysage urbain, du monde », détaillent les organisateurs.

UN PARCOURS

D’ARCHIFOTO

En plus des cinq candidats primés, le jury sélectionne une dizaine de photographes « dont on a estimé les clichés remarquables », précise Catherine Mueller. Pour cette édition, c’est le photographe Cyrille Lallement qui a remporté, à l’unanimité, le prix « Archifoto international awards of architectural photography » de

« JUSQU’ICI, TOUTES LES EXPOSITIONS ONT ÉTÉ TRÈS INTÉRESSANTES MALGRÉ DES THÉMATIQUES CONTRAIGNANTES. NOUS SOMMES À CHAQUE FOIS AGRÉABLEMENT SURPRIS DES CANDIDATURES. »
Catherine Mueller, directrice de La Chambre.

2 000 €. « Nous avons été conquis par la pureté de sa photo, très graphique, par l’esthétique des maisons en béton abandonnées et envahies par le sable dans un paysage apocalyptique », détaille Catherine Mueller. Parmi les cinq autres lauréats, Cyrus Cornut, qui a immortalisé l’ancienne structure en arche en béton d’un cinéma à Paris : « C’est incroyable à quel point, à moins de travailler dans un métier du bâtiment, on ne se doute pas de ce qui constitue l’ossature d’une architecture. Les chantiers de démolition ont cet avantage de dévoiler ce squelette. C’est un spectacle, un événement urbain, une respiration dans une ville homogène », confie-t-il. Durant toute la durée de l’exposition, jusqu’au 10 novembre, La Chambre organisera des visites guidées les dimanches à 17h, des ateliers parents-enfants, mais aussi des visites en alsacien avec Bénédicte Matz, comédienne dans la troupe d’Nachtschwarmer.

Espace d’exposition de photographies contemporaines, centre de formation, de résidence et de médiation, mais aussi de diffusion, la Chambre prévoit de faire rayonner Archifoto hors les murs. Rendez-vous au troisième sous-sol du parking de la Petite-France pour une expo mettant en regard les photos des lauréats de 2017 et 2024.

Direction aussi le cinéma Star le 24 octobre pour la projection du film Nemesis de Thomas Imbach qui illustre à la perfection « L’architecture en chantier » : « Le réalisateur a filmé depuis sa fenêtre le chantier de destruction d’une gare de Zurich pour construire un centre pénitencier, précise Catherine Mueller, c’est un film plein d’humour qui illustre parfaitement la thématique de cette édition. » À découvrir également ce soir-là, le Time Lapse des travaux du P3 Wilson, autre illustration de la thématique de l’année. a

ARCHIFOTO À LA CHAMBRE

4, place d’Austerlitz, Strasbourg la-chambre.org

Entrée libre

Visite ludique (de 2 à 5 ans)

Samedi 05.10.24 de 9h30 à 10h30

Atelier parent-enfant (à partir de 6 ans)

Samedi 05.10.24 de 11h à 12h30

Stage jeune public Explore/Expose (de 8 à 14 ans) 21.10 - 25.10.24

Projection au cinéma Star du film Nemesis de Thomas Imbach Jeudi 24.10.24 à 20h

Jusqu’au 10 novembre.

Photo de Cyrus Cornut, l’un des cinq autres lauréats.

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AMELIA TAVELLA L’ÉTOILE MONTANTE DE L’ARCHITECTURE

FRANÇAISE

AFinaliste du prestigieux prix

Mies Van der Rohe en 2024 pour son audacieuse « Renaissance » du couvent Saint-François en Corse, l’architecte Amelia Tavella donnera une attendue conférence le 9 octobre à Karlsruhe à son image : tout sauf boring !

melia Tavella a une aura singulière. Un côté mystérieux, poétique, tant dans sa façon de parler que dans ses réalisations architecturales. Une part de mystère qu’elle doit sans doute à sa Corse natale où elle puise son inspiration entre maquis et Méditerranée et à son enfance fracturée. « Dans mon métier, je fais beaucoup de parallèles entre ma propre vie : ce que l’on est en tant qu’humain ressort sur le bâtiment, confie l’architecte à la tête d’une agence d’une dizaine de personnes à Aix-en-Provence. Après mes maternités par exemple, j’ai réalisé des bâtiments beaucoup plus en rondeurs. Le temps nous adoucit, et cela se ressent dans nos rapports aux gens et aux éléments. »

Amelia Tavella aime la notion de réparation. « Petite j’étais une enfant meurtrie par le divorce de mes parents, j’ai réparé

cette petite fille grâce à la rencontre avec la psychanalyste Anne Dufourmantelle, auteure de deux ouvrages : L’éloge du risque et La puissance de la douceur. Ces deux notions sont celles que je garde quand je fais mes projets. La petite histoire de la fillette un peu cassée rejoint la grande histoire puisque je m’occupe de bâtiments qui en avaient besoin. »

L’ART DE LA RÉPARATION

À l’image du couvent Saint-François à Sainte-Lucie de Tallano en Corse, en état de ruines avancé, dont la « Renaissance » est saluée par la critique. « Des gens du monde entier me parle de ce bâtiment, lui si isolé... C’est pour cela que j’ai réussi ce geste audacieux de lui avoir fait une greffe de cuivre peu commune, car personne ne

Amelia Tavella, architecte poétesse.
Barbara Romero DR

HORS-SÉRIE

Le couvent Saint-François à Sainte-Lucie de Tallano en Corse revu par Amelia Tavella.

se souciait de son avenir... Être architecte, c’est quelque part désobéir. »

Amelia Tavella a un rapport presque charnel à la matière, aux lieux, aux couleurs, à la lumière, celles et ceux qui ont bercé son enfance sur l’île de Beauté. « J’ai cette intuition que les bâtiments sont vivants, je les traite comme tel, avance-telle. Ce projet, je l’ai commencé en 2015, il a pris un temps fou à cause peut-être de ma jeunesse, de l’isolement du site, de l’état de délabrement du couvent, des conditions météo entre pluie, neige, du COVID aussi... C’était le baptême de feu ! Je me sentais parfois comme cette personne qui assurait une procession religieuse en portant une croix de 70 kilos, pieds nus et enchaînés. Mais aujourd’hui, cet édifice me remercie. »

Un projet titanesque qui lui a valu d’être finaliste du prix Mies Van der Rohe, l’équivalent du prix Nobel en architecture, et d’être qualifiée d’« étoile montante de l’architecture française » à l’occasion du palmarès Choiseul Ville de Demain. Pas de quoi lui faire prendre la grosse tête : « Je ne prends pas la mesure des compliments, le quotidien est si compliqué que l’on doit faire preuve d’humilité.

L’architecte n’est pas seul, il travaille en équipe. » Car Amelia Tavella a cette autre singularité de s’entourer d’auteurs, de philosophes, de photographes, de socio-anthropologues avant de dessiner le premier trait. « C’est tout ce travail d’enquête qui permet de savoir quelle réponse on va donner, souligne-t-elle. L’architecte ne peut rien tout seul, sinon on se contente d’interpréter des édifices. Notre métier, c’est de redonner un terrain de jeux aux habitants, aux utilisateurs, à leurs pratiques culturelles. »

UN TRAVAIL D’ANTHROPOLOGUE

Pour redessiner le centre d’Ajaccio, Amelia a ainsi mené un vrai travail d’enquête avec un socio-anthropologue pour comprendre ce que ses habitants attendaient. « Nous nous sommes rendu compte que la sociabilité à Ajaccio, ville méditerranéenne typique et singulière à la fois, se fait en marchant dans les rues. Les rues piétonnes y sont plus importantes que les places pour les rencontres. C’est le reflet de pratiques qu’il faut traduire. »

Dans le même esprit, Amelia Tavella s’est entourée de l’historien Fabien Théofilakis, maître de conférences à l’université Paris 1 et spécialiste de la captivité de guerre, afin de proposer un projet pour réparer l’Histoire cette fois, avec la création d’un musée en Normandie sur un camp américain de prisonniers allemands à Foucarville. « Nous avons découvert que malgré tout se dégageait une part d’humanité dans cette prison où des amitiés sont nées entre Américains et Allemands. J’ai eu la chance d’être short-listée car le jury a adhéré à mon regard, pas seulement à un geste architectural. Je suis honorée d’avoir été retenue sur un sujet aussi grave, d’autant qu’il est rare qu’une femme architecte soit qualifiée sur des musées... On pense plutôt à nous pour des écoles ! Je suis très heureuse de nous représenter, de montrer que l’on peut avec un peu de douceur faire émerger quelque chose de cet édifice. »

Amelia Tavella se préparait à un été studieux pour proposer sa vision de ce musée. À l’invitation des Journées de l’architecture, on la retrouvera le 9 octobre à Karlsruhe pour une conférence qu’elle envisage comme une conversation, tout sauf académique. À son image. a

« L’ARCHITECTE NE PEUT RIEN TOUT SEUL, SINON ON SE CONTENTE D’INTERPRÉTER DES ÉDIFICES. NOTRE MÉTIER, C’EST DE REDONNER UN TERRAIN DE JEUX AUX HABITANTS, AUX UTILISATEURS, À LEURS PRATIQUES CULTURELLES. »

Conférence de Amelia Tavella

Le 9 octobre à 19h à la Tollhaus de Karlsruhe.

NOTRE SÉLECTION

LES TEMPS FORTS DES JOURNÉES DE L’ARCHITECTURE

Les Journées de l’architecture, ce sont 160 événements et six temps forts entre Strasbourg, le Bade-Wurtemberg et Bâle. Difficile de choisir parmi tous ces événements, mais voici la sélection Or Norme !

1VISITE

Les trésors cachés du TNS, visite de l’ancien Conservatoire

À Strasbourg, tout le monde connaît le bâtiment du Théâtre national de Strasbourg (TNS), construit entre 1888 et 1899 par les architectes Hartel & Neckelmann sur la place de la République. Mais la plupart ignorent que ce bâtiment dispose d’une friche de près de 3500 m2 inoccupée depuis les années 1990. À travers cette visite, le public pourra découvrir le projet de réhabilitation de ces grands espaces.

Samedi 5 et 12 octobre à 14h, Mardi 8 et jeudi 17 octobre à 12h30 Théâtre national de Strasbourg

TEMPS FORT

Week-end inaugural de la Manufacture des tabacs

L’ancienne Manufacture des tabacs dans le quartier de la Krutenau est un joyau du patrimoine architectural et industriel de la ville. De grands travaux de transformation et de réhabilitation ont permis l’émergence d’un écosystème dédié aux sciences, à l’art et à la jeunesse, avec notamment l’installation d’une antenne de la HEAR, de l’ENGEES, d’une auberge de jeunesse, d’un magasin de producteurs, d’une brasserie ou encore d’un espace événementiel. Le week-end du 4 au 6 octobre, la SERS et la Ville de Strasbourg inaugurent l’ensemble et invitent à un week-end festif et culturel avec de nombreuses animations pour les grands et les petits !

Du 4 au 6 octobre

Manufacture des tabacs

Samedi 12 octobre à 10h RDV arrêt de tram Citadelle (ligne D) 2

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ATELIER

Atelier croquis sur le site de la COOP en reconversion

« Dessiner ce que l’on voit », voilà le leitmotiv des Urban Sketchers, un mouvement mondial de dessinateurs qui propose au public de venir croquer le quartier de la COOP en pleine reconversion. Les croquis réalisés constitueront une trace de ces changements urbains, une image de la dynamique de ce développement urbain qui donne lieu à l’émergence d’un nouveau quartier d’habitation, avec des espaces culturels et de coworking. Pour participer, il suffit d’amener un carnet, des stylos, et des crayons…

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EXPOSITION

Archifolies

Triathlon JO 2024

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CONFÉRENCE Pratique plurielle

Olympique ! Lancé par le ministère de la Culture, le projet « ArchiFolies » réunit une vingtaine d’écoles d’architecture en France avec pour mission de réaliser des pavillons pour les fédérations sportives à l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024. Dans le cadre de ce projet, l’ENSAS, l’INSA et les Compagnons du Devoir de Strasbourg ont conçu le pavillon de la Fédération du Triathlon. L’exposition présente à travers des dessins et des plans, la gestation de ce projet remarquable. Le pavillon sera réinstallé en 2025 au Parc des Romains à Strasbourg.

Du 17 au 30 octobre

INSA

La conférence de l’agence Récita mettra en lumière de nouvelles approches dans le domaine de la pratique de la menuiserie, du design, du prototypage – dans un prolongement naturel du métier d’architecte. Ainsi, on sort des sentiers battus en utilisant de nouvelles techniques, des produits non standardisés, en respectant les circuits courts. Cette approche conduit à une nouvelle façon d’appréhender le processus de construction qui en devient plus local, plus individuel, plus créatif !

Vendredi 18 octobre à 18h30 INSA

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MIDI-VISITE

Avant le chantier : la réutilisation des sols à l’échelle du projet urbain

Deux-Rives / Zwei-Ufer

Les sols au nord du quartier de la Citadelle à Strasbourg sont contaminés en raison du passé industriel de cette zone. Mais que faut-il faire de ces terres polluées ? Les jeter ? Non ! La SPL DeuxRives a mis en œuvre une plateforme de traitement des terres contaminées qui peuvent ainsi être réutilisées dans le cadre de l’aménagement du projet urbain Deux-Rives / Zwei-Ufer. La visite de cette plateforme permet de comprendre comment il est possible de réutiliser ces précieuses ressources, tout en protégeant l’environnement. Un projet vertueux qui vaut le déplacement !

Mardi 8 et jeudi 10 octobre à 12h RDV arrêt de tram Citadelle (ligne D)

SAMEDI-VISITE

Nouveau groupe scolaire à Koenigshoffen

Le nouveau groupe scolaire de Koenigshoffen, réalisé par MW architectes, se situe le long du Muhlbach en continuité du parc naturel urbain. Une réflexion particulière sur l’implantation successive des trois volumétries du restaurant, des écoles maternelle et élémentaire, a permis de garder des ouvertures sur le paysage depuis la rue Jean-Mentelin. L’ossature mixte bois/béton, l’utilisation de bois et de matériaux biosourcés ont permis de réaliser un complexe durable et écoresponsable.

Samedi 19 octobre à 10h30 Nouveau groupe scolaire à Koenigshoffen

SAMEDI-VISITE

Restructuration et extension du Stade de la Meinau

Le stade de la Meinau fait peau neuve et passe d’une capacité de 26 000 places à 32 000 places ! Mais ce n’est pas tout – dans le cadre de l’extension de ce mythique stade, un focus particulier est mis sur l’économie d’énergie, la réutilisation de matériaux, une rénovation vertueuse. La visite de ce chantier impressionnant, en compagnie des architectes du projet Rey-de-Crécy Atelier d’architecture et des responsables du Racing Club de Strasbourg, est l’occasion de découvrir ce magnifique stade en dehors des matchs de foot, et d’appréhender une nouvelle façon de concevoir un stade moderne avec une grande sobriété énergétique. Une visite qui enthousiasmera autant les fans de football que les passionnés d’architecture !

Samedi 12 octobre à 10h30 Stade de la Meinau

SAMEDI-VISITE Laiterie,

salle des musiques actuelles

L’emblématique salle de concert

La Laiterie, où des générations de Strasbourgeois ont vu leurs groupes et artistes préférés sur scène, est en pleine reconversion pour améliorer l’accueil du public et les conditions de travail des artistes et des techniciens. Lors de cette visite de chantier, le public pourra jeter un œil derrière les coulisses de ce projet réalisé par Weber & Keiling Associés et se réjouir déjà des concerts à venir. Cette salle reconvertie deviendra un point d’étape incontournable pour les grandes tournées des artistes du monde entier !

Samedi 26 octobre à 10h30 la Laiterie

EXPOSITION

À

la découverte des projets emblématiques de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg !

La Ville et l’Eurométropole de Strasbourg évoluent sans cesse et les nombreux projets et chantiers emblématiques du bâti en témoignent !

De nouveaux projets voient le jour : la HEAR, la restructuration et rénovation énergétique d’une école maternelle, la salle des musiques actuelles La Laiterie, la rénovation de gymnases, les médiathèques Olympe de Gouges et Frida Kahlo – Strasbourg se modernise !

Cette exposition montre le bâti qui façonne le territoire, transforme les usages et accompagne la transition écologique. L’exposition est à découvrir à l’Hôtel de Ville, place Broglie et tout le long du passage au Pont Vauban.

Du 4 au 31 octobre

Hôtel de Ville de Strasbourg et au Barrage Vauban

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TEMPS FORT

Conférence de Much Untertrifaller

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CONFÉRENCE

Guillaume Aubry, architecte et artiste

Un temps fort pour clôturer les Journées de l’architecture 2024 – la conférence de l’architecte autrichien Much Untertrifaller. Il est le cofondateur de l’agence Dietrich Untertrifaller, qui était notamment l’une des agences en charge de la transformation et de l’extension du Palais de la musique et des congrès. Le PMC, ensemble emblématique où sont organisés concerts, séminaires et salons, accueille donc pour la soirée de clôture des Journées de l’architecture 2024, celui qui a signé l’aspect actuel du lieu. Une soirée à ne pas manquer !

Jeudi 31 octobre à 18h30 Palais de la musique et des congrès

PARCOURS

VÉLO La ville en chantier, tour d’horizon ! 13

Depuis 2019, les Strasbourgeois attendent la réouverture du Musée zoologique. Lors de sa conférence, Guillaume Aubry, cofondateur de l’agence d’architecture et de scénographie Freaks, fera état des lieux du projet de rénovation complète des espaces intérieurs et des accès du musée. Il présentera aussi ses différents projets comme le Centre d’art verrier de Meisenthal en Lorraine, ou encore sa participation à la Méca (Maison de l’Économie Créative et de la Culture en Aquitaine à Bordeaux). Une opportunité pour les Strasbourgeois de découvrir le Musée zoologique restructuré et modernisé peu avant sa réouverture.

Samedi 12 octobre à 15h Aubette 1928

Les transformations de la ville de Strasbourg sont impressionnantes – pour en prendre la mesure, un tour d’horizon des chantiers strasbourgeois s’impose depuis le dernier étage de ses parkings-silos ! Cette balade commentée à vélo débutera dans le quartier du Wacken qui se transforme avec les projets Archipel 1 et 2. Elle passera par le quartier Gare, pour se terminer au Bastion 14. Une exploration des parkings-silos qui n’ont plus rien à voir avec les tristes blocs de béton gris du passé ! Une découverte « sportive » pour se rendre compte des mutations du territoire.

Dimanche 6, 13 et 20 octobre à 10h RDV au Lieu d’Europe

CONFÉRENCE + VISITE

Se former au chantier : les élèves du Lycée Le Corbusier vous racontent

Le Lycée polyvalent technologique et professionnel Le Corbusier forme tous les ans près de 1 300 élèves et 600 apprenti·e·s dans son Unité de Formation par Apprentissage (UFA). L’extension du Lycée, signée BFT Architectes, a été livrée en 2017 et abrite d’immenses plateaux techniques des métiers du bâtiment : maçonnerie, métallerie, intervention sur patrimoine bâti, carreleur, etc. Les élèves et futurs professionnels présenteront au public ces plateaux techniques et leur utilisation.

Mercredi 9 octobre à 10h Lycée Le Corbusier

EXPOSITION + TABLE RONDE + PERFORMANCE Lumière sur la poétique des chantiers

Cette exposition photographique conçue par Melissa Decaire en partenariat avec Living Factory montre deux projets d’architectures coopératives en chantier : La Coopé, projet de Loft Factory, pensé par DRLW architectes ainsi que La Sérigraphie, porté par Living Factory et confié à Lucquet Architectes associés. L’exposition met en lumière les forces et les mécaniques qui s’opèrent au cœur du quartier renaissant de la COOP. Le vernissage de l’exposition le 10 octobre, suivi d’une table ronde et d’une performance artistique permettront d’appréhender les transformations d’un quartier longtemps laissé à l’abandon où une nouvelle vie s’installe progressivement.

Du 4 au 31 octobre Phare Citadelle

CONFÉRENCE

Les coopératives d’habitation en Suisse, vous connaissez ? ATELIER JEUNE PUBLIC Lego® at home

Les coopératives d’habitation suisses constituent une réponse efficace à la gentrification des villes. Pour les habitant.e.s, ce modèle créé une plus grande sécurité du logement, les membres de ces coopératives étant à la fois propriétaires et locataires. Tous disposent d’une voix et participent de manière démocratique à la prise de décisions concernant leur logement. Les coopératives, sans but lucratif, pratiquent des loyers à évolution stable, basés sur les coûts et jouent donc un rôle crucial dans la lutte contre la spéculation immobilière. Elles garantissent davantage de mixité sociale et générationnelle au sein des quartiers et participent ainsi à une augmentation de la qualité de vie au sein de ces coopératives.

Mercredi 23 octobre à 18h30 INSA

Enfant, nous nous sommes tous déjà imaginés architectes – des générations entières ont joué avec des briques Lego® en bâtissant des mondes nouveaux. Cet atelier invite le jeune public à reproduire des maisons réelles, tel que des maisons alsaciennes, ou imaginaires. La créativité ne connaît pas de limites !

Samedi 19 octobre à 14h 5e Lieu

EXPOSITION

En scène – Le chantier et ses compagnons !

L’exposition et le film En scène – le chantier et ses compagnons montrent les différents corps de métier qui se succèdent sur un chantier, en apportant leur savoir-faire à la réalisation d’un édifice. Souvent, les Hommes œuvrant sur les chantiers ne sont pas remarqués – l’exposition photographique et le film de Catherine Dressayre leur rendent hommage.

Du 5 au 26 octobre Centre de formation – Les Compagnons du Devoir et du Tour de France

Tout le programme des Journées de l’architecture.

URBA NISME

URBANISME — NOUVELLE LIGNE

TRAM NORD L’AFFRONTEMENT EST POUR BIENTÔT

C’est LE dossier qui, à coup sûr, va continuer à mobiliser les commentaires dans les semaines et mois à venir. À vrai dire, c’est déjà le cas depuis cinq ans quand avait été lancée une enquête sur la question de la mobilité dans le nord de l’agglomération strasbourgeoise.

Aujourd’hui, alors que l’enquête publique a enfin démarré, les divergents fourbissent leurs armes en perspective d’une bataille qui s’est déjà engagée sur le tracé de la ligne en intra-muros, à Schiltigheim et Strasbourg. Avec de sérieux arguments… dans tous les camps !

Jean-Luc Fournier Nicolas Rosès – Cabinet Alfred Peter – DR
La future Avenue des Vosges après l’implantation du tram.

La pose du premier rail étant actée depuis quelques semaines, le Tram Ouest avec son terminus à Wolfisheim est désormais sur de bonnes voies, avec une perspective d’ouverture au grand public à la fin 2025.

Reste donc le Tram Nord et là, c’est moins simple. Après la validation de l’avant-projet en décembre dernier (avec, à la clé, la révélation d’un budget prévisionnel passé soudainement de 140 à 268 millions d’euros !), ça grince des dents sur à peu près la totalité du tracé – pour l’heure théorique – de cette ligne tant demandée depuis toujours par tout le nord de l’Eurométropole de Strasbourg, la Ville de Schiltigheim en tête.

Aux extrémités nord de la ligne, ce sont les communes de Bischheim, Hoenheim et même Reichstett qui

émettent des avis défavorables relatifs aux questions des reports de circulations. Le maire de Bischheim, Jean-Louis Hoerlé, a même déposé un recours devant le tribunal administratif (toujours en cours d’instruction à l’heure où nous bouclons notre magazine), imité en cela par des élus schilikois.

Politiquement, à Strasbourg, c’est donc une opposition de large spectre qui s’est manifestée. Elle va du PS (Catherine Trautmann) aux Républicains (JeanPhilippe Vetter) en passant par le parti Horizon (Pierre Jakubowicz) et dénonce, en plus du tracé, l’augmentation considérable et subite du budget ainsi que les modifications à venir du Plan local d’urbanisme intercommunal – PLUi.

En face, c’est un collectif de 27 associations qui s’est adressé directement à la Préfète du Bas-Rhin pour que le processus engagé suive son cours et qu’une date soit enfin officiellement fixée pour que débute l’indispensable enquête publique. La démarche a été entendue puisque, le 20 août dernier, la Préfecture a fixé les dates de l’enquête publique pour l’extension du tramway vers le nord de l’agglomération du 9 septembre au 18 octobre.

LES NOUVEAUX

ENJEUX DU TRAM, SELON ALAIN JUND

Rencontré au début de l’été, Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg en charge des mobilités, a tenu avant tout à rappeler les objectifs poursuivis par cette extension nord du tram : « Nous ne sommes plus sur les seules logiques de la fin des années 1980, quand on a mis à l’étude la première ligne du tram strasbourgeois. Bien sûr, il y a les objectifs liés à la mobilité : une ligne de tram qui desserve Schiltigheim et les communes du nord de l’agglomération, une voie directe de la gare centrale aux Institutions européennes déjà actée par le Contrat triennal, le tout en évitant le nœud actuel de l’Homme de Fer qui ne peut plus accueillir le moindre nouveau tram tant il est congestionné. Côté mobilités, le but est aussi de renforcer les liaisons entre la gare et les universités, car les besoins en la matière sont criants… Mais la question des mobilités n’est plus la seule à prendre en compte

Alain Jund
Catherine Trautmann
«

IL FAUT DONC ACCORDER UNE PLACE PLUS IMPORTANTE AUX PIÉTONS, AUX CYCLISTES, AU TRAM BIEN SÛR,

MAIS AUSSI À TOUT L’ESPACE QUI VA ÊTRE

REVÉGÉTALISÉ

EN

MÊME TEMPS

QUE VONT ÊTRE INSTALLÉES LES VOIES DU TRAM. »

aujourd’hui. De nos jours, un projet Tram c’est aussi répondre à un certain nombre d’enjeux climatiques. Il s’agit notamment de diminuer les îlots de chaleur urbaine en créant un maximum de végétation, de façon à garder la ville habitable. Ces enjeux-là vont être très visibles place de Haguenau notamment, mais aussi sur l’avenue des Vosges où une importante revégétalisation va être réalisée en mettant à profit la nouvelle distribution de l’espace public que nous prévoyons de mettre en œuvre dans ce secteur. Cette nouvelle distribution de l’espace public est au cœur du projet, que ce soit sur l’avenue des Vosges ou sur l’avenue du Général de Gaulle à Schiltigheim où aujourd’hui c’est la voiture qui domine avec 85 à 90% de l’espace occupé. Il faut donc accorder une place plus importante aux piétons, aux cyclistes, au tram bien sûr, mais aussi à tout l’espace qui va être revégétalisé en même temps que vont être installées les voies du tram. Si on prend le cas de l’avenue des Vosges, les piétons sont aujourd’hui concentrés sur un espace ridiculement réduit, en sortant des immeubles riverains, ils tombent tout de suite sur les becs formés par les voitures en stationnement… Et je ne parle même pas de l’actuelle place de Haguenau où, franchement, très peu de piétons se hasardent. Pour revenir à la révégétalisation de l’avenue des Vosges, elle permettra de réduire de plus de six degrés la température enregistrée au sol. Tout ça grâce à moins de bitume et moins de flux. C’est considérable, bien sûr… Les questions de santé publique et de qualité de l’air sont aujourd’hui éga-

lement à prendre en compte quand on veut réaliser une nouvelle ligne de tram. Car l’arrivée du tram change la donne dans ces domaines… Enfin, il est question aussi d’élargir en quelque sorte le centre-ville de Strasbourg. En y intégrant beaucoup plus efficacement la Neustadt, mal desservie à l’heure actuelle. Si le seul aspect mobilités est considérable avec l’intégration parfaite de Schiltigheim et des 46 000 habitants du nord de l’agglomération qui seront concernés par la nouvelle ligne, vous voyez bien que de nombreux autres enjeux du tram ont été pris en compte par notre projet… », conclut Alain Jund.

UNE OPPOSITION

LARGE ET RÉSOLUE, SELON CATHERINE TRAUTMANN

De son côté, Catherine Trautmann, rencontrée au tout début juillet dernier, est parfaitement déterminée à faire valoir ses vues. « J’ai commencé à m’intéresser au dossier quand je me suis aperçue que le projet n’était pas du tout stabilisé. Il y avait régulièrement des versions nouvelles qui présentaient de grosses différences et, lors des concertations, personne n’avait une idée précise de ce que serait le projet à l’arrivée. Ainsi, je me suis aperçue qu’au départ, pour bénéficier de l’aide financière de l’État, la question du passage du tram avenue des Vosges avait été présentée tel que l’est depuis toujours le tram avenue de la Paix : deux voies centrales, deux voies de chaque côté pour les automobiles, les espaces pour les vélos et les trottoirs.

Le projet de la piétonnisation de l’avenue des Vosges n’est venu qu’après, en utilisant le tram pour bloquer la circulation automobile. Selon le projet présenté, il n’y aurait que 500 véhicules par jour qui pourraient utiliser, en partage, la plateforme du tram. Et la moindre de ces voitures, arrêtée pour une raison ou pour une autre, bloquerait alors la circulation des rames. Je ne vous parle pas de la galère… C’est une illusion de penser qu’un axe qui supporte aujourd’hui 19 000 véhicules/jour va pouvoir ainsi être brutalement réaménagé sans conséquence pour les autres axes environnants. Des points noirs vont naître, à la hauteur de Cronenbourg, au carrefour Wilson et d’autres du côté de la rue Jacques-Kablé… Le nombre de carrefours dramatiquement saturés va croître inéluctablement. Avec Roland Ries, faute de pouvoir réaliser rapidement le tram de ceinture, nous avions pensé pouvoir utiliser les bus sur cette avenue des Vosges, en double circulation centrale, avec des rabats réguliers et prioritaires vers les stations. Cela aurait certes ralenti la circulation, mais sans provoquer aucune thrombose. D’ailleurs, dans le contre-projet que je soutiens, les sommes considérables qui seraient économisées en ne faisant plus passer le tram par l’avenue des Vosges permettraient de requalifier intégralement tout l’axe Port du Rhin / place de la République. En travaillant sur l’évolution du réseau, je me suis rendu compte également que la majorité actuelle n’a réalisé aucune évaluation des missions de la CTS : là, on lui colle deux extensions et tous leurs à-côtés et personne

ne se préoccupe de son endettement. N’oublions pas que les 268 millions d’euros présentés l’ont été comme, je cite, “une prévision de budget prévisionnel”. Je redis ici que personne, hormis la majorité actuelle, n’a eu accès aux études d’avant-projet. C’est contraire à toute la tradition en la matière…

En outre, je fais remarquer que selon les études, il n’y aura qu’un gain de 2 000 voyageurs sur la partie nord du tram par rapport aux bus actuels, du quartier des Écrivains à la Place de Haguenau. Avec le tracé que je propose, qui passe par Heineken, on dessert un deuxième quartier populaire, le quartier Saint-Odile et on dessert le centre de Schiltigheim. D’après moi, ce serait une desserte améliorée de 35%… Et en site propre, quasiment sur toute sa longueur… »

LA BATAILLE DES MOIS À VENIR

Les consultations des citoyens sont un autre sujet de la lutte de Catherine Trautmann : « Si on ne montre pas qu’on a entendu les gens, ça va être la catastrophe… » proclame-t-elle. « J’ai tout lu sur strasbourg.eu, il y a une énorme majorité d’avis négatifs… L’histoire des transports en commun dans les villes est bien connue, désormais : si on dessert mal les quartiers où habitent les gens, ils déménagent. Ils changent de quartier quand c’est possible, voire ils quittent carrément la ville, voire son agglomération ! ». Et quand on l’amène doucement sur le terrain très politico-politique des prochaines élections municipales, dans moins de deux ans, elle évacue d’un revers de main qui n’appelle pas de réplique : « Mon seul sujet, c’est qu’avec le Tram Nord, on ne fasse pas un investissement qui s’avérera contre-performant, dépensier au point de bloquer les investissements de l’Eurométropole durant tout le prochain mandat… », affirme-t-elle.

De son côté, Alain Jund joue la sérénité : « Ce projet est ambitieux, il va bousculer beaucoup de choses, mais il correspond aux impératifs de mobilité et climatiques qui s’imposent à l’agglomération de Strasbourg. Le projet avancé par Catherine Trautmann provoque mon incompréhension. Je le dis avec tout le

« L’HISTOIRE DES TRANSPORTS EN COMMUN DANS LES VILLES EST BIEN CONNUE, DÉSORMAIS :
SI ON DESSERT MAL LES QUARTIERS OÙ HABITENT LES GENS, ILS DÉMÉNAGENT. »

Catherine Trautmann

respect que je lui témoigne après tout ce qu’elle a fait durant les années 90, mais son projet ne relève pour moi que de la simple posture. Le nôtre, y compris avec les piétonnisations et les aménagements en faveur des cyclistes, va être un véritable levier de transformation de la ville de Strasbourg et de son agglomération. »

À l’heure où nous bouclons ce numéro hors-série Habiter 2024, nous apprenons la tenue d’une « importante » conférence de presse de Catherine Trautmann courant septembre (sans autre précision sur la date exacte). La bataille des mois à venir s’annonce haletante…a

La future Place de Haguenau.

2023-2024

ANNUS HORRIBILIS

De quelque côté qu’on se retourne, le secteur du bâtiment parait comme anesthésié au mieux, et bien souvent en piètre posture (au bord du naufrage, disent les plus pessimistes). Le grignotage par l’État des différents dispositifs de défiscalisation, la remontée brutale des taux d’intérêt des prêts aux particuliers et plus récemment la crise institutionnelle du pays, sont venus accabler les professionnels de ce secteur qui, aujourd’hui, craignent d’immenses pertes d’emplois et une atonie prolongée de leurs activités. Le point au début septembre dernier avec Gabriel Weyl, président de la Chambre des notaires du Bas-Rhin…

De tous les scénarios qui avaient été étudiés, envisagés et même quantifiés depuis assez longtemps maintenant, diriez-vous que c’est celui du pire qui doit être constaté au sortir de cet été 2024 et après tous ces derniers mois qui n’ont cessé d’accumuler les difficultés pour les professionnels du secteur du bâtiment et de l’immobilier ?

Je n’aime pas le catastrophisme mais il est évident que nous espérions tous une franche reprise à partir du deuxième semestre 2024. On s’y dirigeait tout doucement : en mars ou avril derniers, on avait pu constater des frémissements du marché, même si le mois de mai suivant avait été beaucoup plus calme, mais on constate ça chaque année avec le phénomène des ponts, etc. Mais il est clair que la dissolution surprise de l’Assemblée nationale et les élections législatives qui ont suivi nous ont brutalement replongés dans la situation du début de l’année.

Hors considérations politiques partisanes, on pourrait presque parler de double peine. À peine les secteurs du bâtiment et de l’immobilier entrevoyaient-ils un début de sortie de crise après la remontée brutale des taux d’intérêts et l’inflation violente de 2023-2024, voilà que c’est cette crise politique majeure qui affecte la confiance du public… Vous avez raison et, quelles que soient les opinions et les votes des gens que nous rencontrons, c’est l’anxiété qui domine. Mais je voudrais là encore relativiser un peu : on se voit aujourd’hui, nous sommes le 3 septembre, après ces mois d’été qui ne correspondent généralement pas à des mois où l’on réfléchit et où on acte les décisions d’achat ou de vente en matière d’immobilier. Nous sommes en plein attentisme. Cependant, l’inquiétude est générale, notamment sur ce qui va se passer au niveau fiscal, et ainsi de suite… Il n’y a pas si longtemps que ça, il pouvait alors y avoir des ouvertures : psychologiquement, la baisse des taux d’intérêt était devenue bien réelle, par le biais de la baisse des taux directeurs mais aussi avec les effets de la concurrence. Autant de bouffées d’oxygène potentielles, c’est très psychologique, je le répète. Depuis, les événements de cette crise institutionnelle majeure sont survenus et de nouveau, plus rien ne se passe. On reste

sur des chutes de volumes mais on ne constate pas de chutes de prix…

C’est surtout le cas à Strasbourg. Les études déjà publiées dans d’autres grandes agglomérations françaises font apparaître des baisses sensibles du prix du m2 dans le neuf, dont la première conséquence est bien de relancer un peu le marché en volumes. Rien de ça à Strasbourg, le m2 reste à des prix très élevés…

Cela n’est pas qu’à Strasbourg, il y a des exemples similaires un peu partout. Dans notre ville il y a des statistiques assez surprenantes d’un quartier à l’autre mais globalement, le marché reste atone. C’est assez similaire à ce qu’on avait connu en 2008 : à cette époque les effets de la grave crise financière avaient tardé à se manifester dans les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Les chutes de volumes étaient arrivées plus tard que dans le reste du pays mais les prix n’avaient pas tant baisser que ça : moins 5 % sur StrasbourgCentre, je m’en souviens encore. Ensuite, les volumes étaient revenus et les prix étaient repartis à la hausse.

Il y a quand même une différence fondamentale entre la crise de 2008 et celle d’aujourd’hui. À l’époque, la crise avait été plutôt bien gérée par le gouvernement en charge des affaires et également par le président de la République, ceci dit une nouvelle fois sans le moindre esprit partisan. Aujourd’hui, la donne est bien différente : à l’heure où nous nous parlons, cela fait presque deux mois que le pays n’a pas de Premier ministre et que son gouvernement démissionnaire ne fait que gérer les affaires courantes… De plus, et depuis plusieurs années, on n’a pu que constater un véritable rabotage des aides publiques dans le neuf. Tout ça n’a rien d’anodin, non ? Non, évidemment. Ce rabotage, comme vous le dites, a été une vraie catastrophe puisque, très clairement, le secteur du neuf tournait depuis longtemps grâce aux effets de cette défiscalisation. À partir de ces coups de rabot mais aussi de la mise en place de conditions vraiment ubuesques pour bénéficier de la défiscalisation, tout s’est violemment arrêté. Les statistiques, tant sur l’ancien que sur le neuf, sont très préoccupantes.

Le marché ne serait-il pas en train de s’assainir, comme c’est souvent le cas quand une grave crise survient ?

Depuis les lois Périssol, qui remontent aux années 1995-98, on a toujours eu cette perfusion d’argent public et elle a profité de manière très importante à l’ensemble des métiers du bâtiment. Il y a un véritable enjeu en la matière, notamment sur les centaines de milliers d’emplois que ce secteur génère. En conséquence de ces aides, les prix du neuf n’ont cessé de monter. Mais dix ans après la livraison de ces biens aux propriétaires, ce n’est plus le prix du neuf qui s’affiche en face du m2 acquis. On constate alors une forme d’assagissement du marché. Mais oui, j’espère que nous aurons de nouveau des aides car aujourd’hui, effectivement, il y a des dizaines voire des centaines de milliers d’emplois directement menacés. C’est effectivement la toute première de nos inquiétudes. On ne peut pas, on n’a jamais pu, lire l’avenir dans une boule de cristal, mais là, au vu de la situation que nous vivons depuis des années et encore plus accentuée depuis les mois les plus récents, difficile de dire quoi que ce soit.

« J’ESPÈRE QUE NOUS AURONS DE NOUVEAU DES AIDES CAR AUJOURD’HUI, EFFECTIVEMENT, IL Y A DES DIZAINES VOIRE DES CENTAINES DE MILLIERS D’EMPLOIS DIRECTEMENT MENACÉS.  »
Gabriel Weyl

« CERTES, DANS L’IMMÉDIAT, NOUS NE SAVONS PAS TROP OÙ NOUS ALLONS, RÉELLEMENT, MAIS À UN MOMENT DONNÉ,

JE SUIS CONVAINCU QUE LA

REPRISE INTERVIENDRA. »

En tout cas, la tendance visant à encore plus traquer les soi-disant niches fiscales n’augure rien de bon…

Pardon d’enfoncer le clou, mais il apparait également que le secteur subit aussi les effets des lois sur la transition énergétique. Dans le neuf, c’est la loi de Zéro Artificialisation nette des sols, la ZAN et pour l’ancien, celle sur le Diagnostic de performance énergétique, le DPE… Oui, ces lois impactent grandement le secteur. La loi ZAN conduit à une raréfaction des terrains constructibles, du coup le prix du m2 de foncier augmente. Mais il y a aussi les coûts titanesques des opérations de démolition, par exemple. Alors, oui, ça crée de nouveaux métiers, certes, mais ces coûts, on va les retrouver inévitablement dans le prix du m2 proposé à la vente. Il n’y a pas d’autre choix. Concernant le DPE, pour le secteur de l’ancien, il s’agit là de mesurer la performance énergétique. Ce secteur de la rénovation énergétique représente une bulle d’espoir pour de nombreuses entreprises du bâtiment. Mais les difficultés sont considérables et les problématiques sont très souvent très compliquées, surtout dans le domaine de l’ancien dans les secteurs classés de certains centres-villes comme celui de Strasbourg, bien évidemment…

Compte-tenu de cette situation qu’on pourrait qualifier de marasme, comptetenu du vide institutionnel que nous

vivons aujourd’hui et qui risque de durer assez longtemps, comment les secteurs du bâtiment et de l’immobilier peuvent-il espérer ne serait-ce que sauver la mise, comme le dit la sagesse populaire ?

Je veux rester résolument optimiste, je vous le répète. Je ne parle pas de marasme, je préfère parler d’attentisme. Aux questions traditionnelles sur l’évolution du prix du m2, du prix du foncier, du montant des taux d’intérêt, etc… s’ajoutent aujourd’hui les inquiétudes institutionnelles. Mais je reste persuadé qu’une reprise va avoir lieu. Aujourd’hui, je parle dans l‘ancien, toutes les opérations générées depuis l’après-Covid ont été réalisées. Mais à un moment donné, c’est toute une génération qui aura vécu ses premières années de carrière qui va vouloir agrandir son espace de vie, par exemple. Et le marché va reprendre, c’est mécanique, à mon sens. Alors, pour toutes les entreprises des métiers du bâtiment et les autres, je pense par exemple à nous, les notaires, il nous faut aujourd’hui courber le dos pour tenir bon. Certes, dans l’immédiat, nous ne savons pas trop où nous allons, réellement, mais à un moment donné, je suis convaincu que la reprise interviendra et ce, sans attendre des années d’élections en tous sens. J’espère qu’à la fin du premier semestre 2025, on pourra se retrouver pour un article similaire et qu’on pourra commenter comment les choses seront en train de bouger dans le bon sens… a

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SOLUPROM L’EXTERNALISATION COMME BOOSTER DE LA PROMOTION

Couteau-suisse de la promotion immobilière, Thomas Poulet a créé Soluprom, société d’externalisation strasbourgeoise qui propose aux promoteurs d’externaliser tout ou partie d’une opération immobilière, de la partie juridique et financière à sa réalisation et au montage de sa commercialisation, en passant par son développement. Objectif : proposer son expertise pour diminuer les frais de structure dans une conjoncture complexe.

Dans un contexte où la promotion immobilière connaît un net ralentissement, « certainement la plus grosse crise à surmonter depuis quinze ans que je fais ce métier », Thomas Poulet s’est interrogé sur comment trouver une alternative viable. « On aura toujours besoin de loger les gens. Les périodes de crise forcent les dirigeants à trouver des solutions, et ma société s’inscrit là-dedans : il s’agit de diminuer les charges de structure pour s’adapter au marché et permettre de continuer la production de logements. Une des variables d’ajustement, ce sont les frais de structure (charges patronales, voiture, frais de bouche, équipement informatique, etc.).

L’externalisation s’inscrit dans ce cas de figure. » L’objectif restant la flexibilité pour s’adapter aux évolutions du métier.

SIX MÉTIERS DANS UN CERVEAU

Une solution méconnue de la promotion immobilière, à l’exception des marchés publics, et pourtant courante dans le monde de l’ingénierie. « L’intérêt, c’est de pouvoir optimiser les charges et de maintenir les marges. Un prestataire de services, ce sont des honoraires, une prestation pour une mission donnée, un délai et un tarif. Sans toutes les charges du salarié. Dans la promotion immobi-

lière, les métiers sont très segmentés. Mon expérience de dix ans auprès d’un promoteur immobilier et mes expériences antérieures m’ont permis de développer cette expertise sur tous les piliers d’une opération immobilière : juridique et financier, développement et montage. »

Directeur opérationnel, juridique et financier, Thomas Poulet, 41 ans, gérait jusqu’à 30 opérations en même temps. Missions pour des grands groupes, des sociétés d’économie mixte, des bailleurs, des aménageurs, pour la grande distri-

bution : rien n’échappe à cet expert de la promotion immobilière. « Externaliser peut être l’une des réponses à la crise immobilière, car la première variable d’ajustement, ce sont les charges de structure. L’utilisation d’un avantage comparatif était déjà mise en avant au début du XIXe siècle par l’économiste David Ricardo : pourquoi réaliser en interne alors que l’on peut demander en externe une prestation de service moins chère et plus rapide. » a soluprom.fr

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RÉHABILITATION DE LA MANUFACTURE

LE PROJET PHARE DE L’URBANISME ET DU PATRIMOINE STRASBOURGEOIS

Joyau du patrimoine architectural de la Krutenau et témoin du passé industriel de la capitale alsacienne, la Manufacture des Tabacs a ouvert pleinement ses portes en septembre.

Elle attire de nouveau les regards. Dans le quartier de la Krutenau, la Manufacture des Tabacs de Strasbourg est un symbole du patrimoine industriel de la ville. Construit entre 1849 et 1852 sous la direction de l’ingénieur Eugène Rolland, ce complexe industriel s’inscrit dans la tradition des grandes manufactures du XIXe siècle. Le modèle architectural, dit « Eugène Rolland », de l’architecte éponyme, fut adopté pour la construction de plusieurs autres manufactures en France. Ce quadrilatère symétrique, composé de quatre ailes de bâtiments, et un bâtiment central, a connu plusieurs phases de construction et de reconstruction, notamment après les bombardements de 1918 et 1944. Longtemps utilisé pour la production de tabac, le site a cessé ses activités en 2010 après avoir été

Marine Dumény Nicolas Rosès

racheté par le groupe britannique Imperial Tobacco en 2008.

Aujourd’hui, ce site historique fait l’objet d’une réhabilitation ambitieuse menée par la Société d’aménagement et d’Équipement du Rhin Supérieur (SERS), l’Université de Strasbourg et l’Eurométropole et la Ville de Strasbourg.

RENAISSANCE ARCHITECTURALE

Depuis que la SERS a repris la gestion du site en 2015, un vaste projet de réhabilitation a été lancé. Catherine Mange, cheffe de projet chez SERS depuis 2023, supervise les travaux, qui ont débuté en septembre 2022. « La SERS se concentre principalement sur la rénovation intérieure des bâtiments, tandis que l’Euro-

métropole prend en charge les espaces extérieurs », explique-t-elle.

Les travaux de réhabilitation intérieure se sont déroulés en plusieurs phases. En janvier 2023, les travaux de second œuvre sont entamés dans la partie KOOMA, incluant la plâtrerie, la peinture et le carrelage. Le pôle start-up (SEMIA) et l’Hostel sont livrés peu après, suivis par KOOMA et la salle d’événements. Le lot 3, appartenant à la SERS, se termine en novembre 2023. Le projet inclut également l’ouverture de Karmen Camina, en mai 2023, avec des locataires sélectionnés via un appel à manifestation d’intérêt basé sur des projets de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). « La réhabilitation du site a coûté près de 12,95 millions d’euros, répartis entre différents pôles : 5 millions d’euros pour l’Hostel, 3,45 millions

Aménagement de la place devant la Manufacture des tabacs.

« LA MANUFACTURE DES TABACS DE STRASBOURG EST UN SYMBOLE DU PATRIMOINE INDUSTRIEL DE LA VILLE. »

« LA BANDE

VÉGÉTALISÉE, AINSI

QUE LA COUR DU BÂTIMENT SONT

DEVENIR

d’euros pour le pôle start-up, et 4,5 millions d’euros pour KOOMA et son rooftop commun », détaille Catherine Mange.

La complexité du projet réside dans la division des responsabilités entre différents maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage (Université de Strasbourg, Ville pour la HEAR, SERS, Hostel, Kooma, etc.). Une harmonisation rigoureuse sous la direction de l’architecte du patrimoine, Antoine Oziol était donc nécessaire. La conservation du patrimoine a imposé des défis spécifiques. Comme la création d’ouvertures pour amener la lumière dans le bâtiment SEMIA, la rehausse des planchers dans les combles de l’Hostel, et l’intégration discrète d’éléments techniques dans les façades classées.

UN PROJET URBAIN D’ENVERGURE POUR LE QUARTIER

DANS LE QUARTIER. »

Le projet de réhabilitation s’étend également à l’extérieur du bâtiment. Sous la direction de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, avec la participation d’Alain Jund et Aurélie Kosman, élus, ainsi que Damien Mehl, chef de projets urbains, les abords de la Manufacture ont été repensés pour améliorer la qualité de vie des habitants. Les travaux, commencés en 2019-2020, ont abouti à un réaménagement complet du quartier de la Krutenau. Ce qui comprend la réfection des voiries et la création de nouveaux espaces publics. « Nous avons débuté le projet en incluant de suite les habitants, via des réunions de quartier régulières », indique Aurélie Kosman, élue de quartier de la Krutenau.

Le parvis devant l’entrée de la Manufacture, situé près du pôle SEMIA, est entièrement repensé. Ce, afin d’apaiser la circulation et créer une voie cyclable reliée au ring strasbourgeois. Les pavés clairs sur l’entrée du bâtiment principal sont couplés à de larges joints sur les espaces de passages, pour faciliter l’accès aux Personnes à Mobilité Réduite (PMR). Choisis en concertation avec l’architecte des bâtiments de France, ils font partie des éléments classés. « Un investissement de 1,95 million d’euros a été réalisé par l’Eurométropole, complété par un apport de 500 000 euros de la Ville de Strasbourg

Caroline Mange, cheffe de projet chez SERS

pour l’éclairage public et les plantations », totalise Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole, en charge des mobilités, transports, et déplacements.

Sur une surface de 7 800 m2, 1 000 m2 seront dédiés aux espaces verts, avec la plantation de 16 arbres. Ce projet urbain vise à renforcer la place des piétons et des cyclistes, tout en conservant une voie de circulation pour les bus et les voitures. La bande végétalisée, ainsi que la cour du bâtiment sont destinés à devenir un lieu de détente avec tables et chaises, favorisant ainsi la convivialité dans le quartier. De même, l’ouverture de la Manufacture et sa traversée permettent d’en faire un lieu de rencontre et de passage, menant aux jardins de la HEAR de l’autre côté, tout en profitant des tiers-lieu comme KOOMA, Karmen Camina, l’épicerie, le rooftop… a

Afin de marquer le renouveau de la Manufacture des Tabacs, un week-end inaugural de se tiendra en son sein du vendredi 4 au dimanche 6 octobre 2024. La SERS, la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg ainsi que la Maison européenne de l’architecture – Rhin supérieur donnent rendez-vous au public pour un week-end festif et mémorable.

À cette occasion, un programme exceptionnel d’animations, d’expositions, de visites et de temps forts culturels et festifs sera proposé par l’ensemble des nouveaux acteurs de la Manufacture et par la Maison européenne de l’architecture.

Participation libre

Manufacture des Tabacs

7 Rue de la Krutenau 67000 Strasbourg

a URBANISME — MEINAU

RÉNOVATION ET EXTENSION DE LA MEINAU À

HORIZON 2026

SACRÉ CHANTIER !

Le chantier de rénovation et d’extension de la Meinau est entré dans le dur cet été, avec la refonte de la tribune ouest, la démolition d’une partie de la tribune sud qui accueillera en 2025 cinq mille places supplémentaires. Un chantier colossal que nous détaille l’architecte strasbourgeois Olivier de

C’

Crécy.

est le projet d’envergure de l’Eurométropole, attendu par des milliers de fans de football. L’extension-rénovation du stade de la Meinau a pris une nouvelle ampleur cet été avec la démolition de la partie haute de la tribune sud, la création d’un Atrium, la livraison de la tribune ouest, et la fermeture de la rue Exenwoerth depuis la mi-mai qui marque le début de l’agrandissement du stade avec la création d’une Fan Zone. Un chantier assez spectaculaire avec ses mégasgrues dont une avec une flèche de 75 mètres de portée.

Imaginé par l’agence londonienne Populous, spécialisée en équipements sportifs, et l’atelier d’architecture strasbourgeois Rey-De Crécy, le projet tire le meilleur parti de l’existant, en conservant l’ADN de ce stade emblématique pour les Alsaciens, tout en lui apportant la touche de modernité qui lui manquait, dans une démarche environnementale poussée.

DE

26 000

À 32 000 PLACES

La principale difficulté : réaliser les travaux sans fermeture du stade. « Nous avons une petite expérience de travaux sur site occupé, comme au Palais des congrès ou dans les établissements scolaires, qui induisent des exigences de sécurité et de bonne condition d’accueil du public, confie l’architecte Olivier de Crécy. Sur ce chantier, les problématiques sont les mêmes, mais exacerbées

Olivier de Crécy, architecte

par la taille du chantier et les enjeux.

C’est tout un travail partenarial mené avec le maître d’ouvrage, l’Eurométropole, et le Racing Club de Strasbourg qui est présent quotidiennement sur toutes ces problématiques. »

Un projet d’extension-rénovation à 160 millions d’euros, porté par l’Eurométropole de Strasbourg, la Région Grand Est, la Collectivité européenne d’Alsace, et le club qui a investi neuf millions d’euros dans les travaux, et quatorze millions d’euros pour la partie commerciale (buvettes, restauration, etc.).

Parmi les objectifs : agrandir le stade pour passer d’une capacité de 26 000 à 32 000 places, retrouver une coursive continue au niveau 1 avec l’aménagement de buvettes et de sanitaires abritée par une façade en toile tendue, avec un élargissement sur la partie ouest,

reconstruire la tribune sud, en conservant les gradins du bas, mais avec une toiture démolie en juin et reconstruite pour abriter 5000 personnes supplémentaires, et la création d’une Fan Zone en extérieur, vouée à être exploitée hors jours de match.

Dès la reprise de la saison mi-août, les supporters, et notamment le Kop, ont pu découvrir une tribune ouest entièrement repensée, « avec une courbe continue qui s’aligne sur le haut de la tribune pour éviter toute cassure et une meilleure inclinaison vers le terrain », précise Olivier de Crécy.

Les travaux de la Fan Zone devaient démarrer en septembre, avec la fin des aménagements extérieurs estimée en 2026, et ceux de la tribune sud se poursuivre durant toute l’année, avec une livraison prévue pour le début de

« LE PROJET TIRE LE MEILLEUR PARTI DE L’EXISTANT, EN CONSERVANT L’ADN DE CE STADE EMBLÉMATIQUE POUR LES ALSACIENS »
Les travaux du stade de la Meinau sont entrés dans le dur cet été.
« LE VOLET

SOIGNÉ,

la saison 2025-2026. « Nous venons de désétayer l’espace de l’Atrium qui comptera des escalators et des coursives pour accéder aux salons. Au total, l’espace VIP comptera cinq salons pouvant accueillir 2068 personnes. Un salon protocolaire, les loges présidentielles et celles réservées à l’année pour les premiums, des loges latérales, habilleront le niveau, en plus d’une brasserie chic exploitée par le club », précise Olivier de Crécy.

UNE TERRASSE PANORAMIQUE AVEC VUE

Au niveau 4, on trouvera des loges individuelles de 9 à 18 places. « La grande nouveauté, c’est l’accès au grand public sur le haut de la tribune avec une terrasse panoramique donnant sur les Vosges, la Forêt noire ou encore la cathédrale », ajoute Olivier de Crécy. Mais le gros coup de maître, c’est surtout la façade sud qui sera habillée de fuselages d’A340. « C’est un élément complexe à étudier et à mettre en œuvre, nous avions quelques incertitudes sur la capacité d’approvisionnement, reconnaît Olivier de Crécy. Mais aujourd’hui, nous sommes très proches de le concrétiser, avec une arrivée des premiers prototypes pour la rentrée. »

La rénovation et l’extension du stade de la Meinau a aussi cette particularité d’une démarche environnementale très poussée : « Le réemploi est un marqueur du projet, appuie l’architecte. Nous allons poser 860 m2 de panneaux photovoltaïques, réutiliser les eaux de pluie pour les sanitaires et les sièges quand cela est possible, s’appuyer sur un réseau de chaleur en biomasse. Le volet énergétique est extrêmement soigné, notamment sur l’extension. Par ailleurs, nous nous sommes engagés sur un chantier à faible nuisance. »

Seul bémol pour les supporters : le stade n’aura qu’une capacité de 19 000 places cette saison. Le prix à payer pour redonner toute sa superbe au stade de la Meinau clairement vieillissant. a

Toute l’actu du chantier sur destination-meinau.eu

45e ANNIVERSAIRE DE L’AGENCE drlw ARCHITECTES SUR TOUS LES FRONTS

Depuis 45 ans, l’agence d’architectes drlw crée, transforme, rénove et réhabilite toutes sortes d’infrastructures, non seulement en Alsace où elle est solidement ancrée, mais aussi en France et dans le monde entier.

Damien Cordier, gérant de drlw architectes, et Golnaz Ghadamian, l’une des six autres associés de l’agence.

Lorsqu’en 1979, Denis Dietschy et Serge Chauvet ouvrent leur agence à Bartenheim au sein des 40 m 2 qui constituaient jusque-là l’épicerie des parents de Denis, sans doute n’imaginaient-ils pas l’essor que prendrait, au fil des décennies, leur petite entreprise bicéphale.

Progressivement, l’équipe s’étoffe et voit l’arrivée de Fabien Rey en 1988, de Jean-Marc Lesage en 1991, suite au départ de Serge Chauvet, et de Christian Weinmann en 2003. En 1996, l’EuroAirport de Bâle-Mulhouse-Fribourg confie à l’agence l’extension de ses installations terminales. Le chantier est gigantesque et marque un tournant dans l’histoire de l’agence, qui démontre alors toute sa capacité à gérer des projets d’envergure. Forte de cette expérience, drlw architectes remportera par la suite une multitude de concours sur des projets aéroportuaires. En Guadeloupe, à Nice, Tahiti, Toulouse, Mayotte, Brest, Riga, Lille, Lyon, Deauville…

UN LARGE SPECTRE D’ACTIVITÉS

Si ce type de chantiers est devenu l’une des spécialités de l’agence, celle-ci affirme sa pluridisciplinarité au travers d’une multitude d’autres projets, concernant tout à la fois des bâtiments liés aux mobilités terrestres, des locaux d’entreprise, des infrastructures sportives, des bâtiments patrimoniaux, des structures d’accueil, sans oublier les logements sociaux et leur réhabilitation. « Les architectes ont longtemps boudé cette activité », déplore Damien Cordier, entré

comme associé en 2014 et actuel gérant de l’agence. « Nous, au contraire, on a pris ce sujet à bras le corps. Ramener de la qualité de vie dans les quartiers, y faire rentrer l’art à différents niveaux, c’est pour nous extrêmement valorisant ». Implantée aujourd’hui à Mulhouse, à Strasbourg et, plus récemment, à Haguenau, drlw architectes compte depuis 2021 six

nouveaux associés : Aurélie Schiavi, Lucien Mlynek, Stéphane Gréder, Martin Goepfert, Benjamin Ringeisen et Golnaz Ghadamian. « Nous sommes tous d’anciens salariés », souligne cette dernière. « Être aujourd’hui associés, c’est à la fois une chance et une responsabilité ».

DÉPASSER LA CRISE

Si elle a frappé l’agence de plein fouet –« on a perdu 20 % de chiffres d’affaires et été contraints d’abandonner quatre projets d’aéroport », rappelle Damien Cordier – la crise du Covid a toutefois permis de resserrer les liens et de gagner en solidarité. « On est fiers d’avoir surmonté tous ensemble cette épreuve et de s’en être finalement servi comme tremplin pour se questionner sur notre méthodologie et nos outils ». Des outils toujours plus performants, notamment dans la création et la gestion des modèles 3D des bâtiments et des infrastructures. L’intelligence artificielle a elle aussi fait son entrée à l’agence, mais par la petite porte. « On a un groupe de travail sur le sujet », confie Golnaz Ghadamian. « Si l’IA va certainement nous faire gagner du temps, elle est à utiliser avec maîtrise et parcimonie. L’ordinateur reste un outil, pas un collaborateur ».

Le bâtiment Mlab du groupe Merck Millipore, à Molsheim, l’une des réalisations de l’agence.

UNE SYNERGIE À TROIS

Avec un effectif de 70 personnes et près de 300 projets sur lesquels elle travaille en permanence, l’agence s’est associée depuis trois ans à trois autres qui lui sont équivalentes. Sous le nom d’Hexagon, ce groupement d’agences permet de mettre en commun les expertises et les expériences de chacune d’entre elles afin d’assurer leur propre développement, sans interférence concurrentielle. Solidement ancrée sur le territoire alsacien, l’agence drlw architectes bat en brèche la morosité ambiante, continue à créer de l’emploi (cinq embauches en 2024) et compte bien encore diversifier ses activités. « On n’a pas ou peu de références dans le domaine de la culture », avoue Damien Cordier.

Peut-être s’agit-il ici, à l’heure où drlw architectes souffle ses 45 bougies, d’un prochain axe de développement. a

Damien Cordier

STÉPHANE SPACH

PHOTOGRAPHE

Photographe professionnel depuis ses 17 ans, Stéphane Spach a très vite été fasciné par l’industrie, l’architecture, le design. Il a parcouru le monde, de New York à Tokyo, pour saisir l’essence d’un bâtiment et l’âme de ceux qui y œuvrent, des ouvriers aux architectes. « C’est un métier où l’on est projeté dans une entreprise, il y a un côté privilégié, confie-t-il. Ce qui m’intéresse, c’est de porter un regard sur les choses. Le meilleur compliment que l’on peut me faire, c’est de n’avoir jamais vu son bâtiment ainsi. »

Pour Or Norme, Stéphane Spach propose une série très personnelle. Un regard précis sur des chantiers « qui ne sont pas que des terrains vierges, mais riches d’histoires. Cela fait sens de montrer toutes ces choses éphémères avant que cela ne devienne beau. » Une série de clichés réalisés entre Strasbourg et Obernai (*).

Site professionnel : www.spach-photographe.com

Site d’artiste : www.spach-fine-art.com

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D’UNE ÉCOLE DE VILLAGE À UNE MAISON DE CARACTÈRE

Passionnés de déco et de chine, esthètes fourmillant d’idées, Caroline et Sylvain Cicchini ont l’audace de réaliser leurs rêves. Quand ils tombent par hasard sur l’annonce de la vente de l’ancienne école de Kolbsheim sur le Boncoin, le coup de foudre est immédiat. « On n’aime pas les standards, alors quand on a vu les volumes, la hauteur sous plafond de l’ancienne salle de classe, cela a été le coup de cœur », se souvient Sylvain.

Sans faire appel à un architecte, ils imaginent leur nouveau chez eux et réalisent tout de leurs petites mains avec le père de Sylvain, à l’exception de la toiture et de la piscine. « On a arraché le placo, le carrelage, on a surélevé le plateau de la salle de classe grâce à deux marches quand on a réalisé que Caroline n’arrivait pas à atteindre les fenêtres, sourit Sylvain. On a décidé de faire la cuisine tout en noir, là où se tenait le tableau des élèves. Il a

fallu créer une arrivée d’eau pour notre baignoire en ilot dans la suite parentale, refaire la plomberie, les peintures... »

S’ils ont tout arraché, jusqu’aux pavés de la cour d’école, ils ont conservé la cheminée de la salle de classe : « Les élèves se battaient pour pouvoir s’y réchauffer nous ont raconté les anciens du village. »

Mais comment s’improvise-t-on bricoleur, architecte d’intérieur, et même paysagiste ? « Nous n’avons pas la dextérité et l’expertise des architectes, nous fonctionnons de manière émotionnelle. On feuillette les magazines, on est sur Instagram, on a toujours été passionnés par “le beau”. C’est aussi une histoire d’argent : quand on souhaite quelque chose qu’on ne peut acheter, on explore d’autres voies. Comme notre meuble de salle de bain qu’on a acheté chez Habitat : on a creusé un trou pour la vasque, on l’a verni... Chaque objet est personna-

lisé. C’est de la décoration d’émotion qui raconte notre histoire. Nous aimons aussi l’idée de recyclage, pour le bois, le métal, le carrelage. C’est moins cher et écologiquement intelligent. »

S’il n’était pas bricoleur pour un sou, Sylvain a osé sauter le pas : « C’est la formation du “T’as pas le choix !” C’est super simple d’apprendre quand tu n’as pas le choix, tu regardes des tutos et tu essaies, encourage-t-il. J’ai aussi la chance d’avoir un père de 80 ans qui sait tout faire et se met à quatre pattes pour poser le carrelage. Ces deux ans de travaux nous ont d’ailleurs rapprochés. »

Et l’effet waouh ! est garanti. De l’école austère à la maison design pimpée d’objets de déco pour la plupart chinés... On les embaucherait bien !

Pour dégotter les trouvailles de Caroline : www.selency.fr/p/WWB4T73A/ table-vintage-tripode

Barbara Romero DR

DU PAVILLON DE CHASSE XIXe À LA

MAISON ÉCO-SOURCÉE

« C’était un ancien pavillon de chasse rue

Saint-Hubert, une dépendance construite par les Allemands en 1895 sur le glacis de la ville ancienne, dans une impasse au calme, avec jardin, détaille Michaël Osswald, architecte de l’agence Kub, maître d’œuvre du projet. Nous souhaitions vraiment sauver ce lieu. C’était limite, car il était inoccupé depuis au moins dix ans. » L’axe choisi : le rendre le plus biosourcé possible, le reconstruire avec une partie de la charpente existante, et réaliser une maison de bois dans la maison de bois, « qui consolide l’ensemble, avec l’idée de conserver la façade en l’état. »

Michaël Osswald a travaillé avec la briqueterie Lanter d’Hochefelden pour les plaques d’argile en terre crue, « ce qui est peu courant et ambitieux, car nous avons

utilisé très peu de ciment pour consolider l’ensemble, mais la terre crue apporte un confort thermique l’été », précise-t-il. Pour ne pas modifier la façade, il a choisi de faire réaliser des menuiseries – encadrements des fenêtres et volets – en bois de mélèze massif. Pour un apport solaire passif, l’ancien pavillon de chasse a été vitré pour chauffer en hiver grâce à l’ensoleillement. À l’intérieur, pour casser le côté grand wagon sans trop de largeur (3,60 mètres), il a pensé un escalier pour diviser les niveaux, « qui permet de ventiler la maison sans technologie sophistiquée. » Preuve qu’avec de l’ingéniosité, on peut limiter les dépenses énergétiques tout en offrant un vrai confort de vie à ses habitants.

Kub-architecture.fr

Alice Delpeyroux, architecte d’intérieur de l’atelier 3DA revient sur un chantier qui l’a marqué : rénover un étage d’une maison de maître au quartier des Quinze. « Ce qui était intéressant, c’est qu’il a fallu rénover entièrement le local pour le mettre aux normes et l’isoler thermiquement, tout en essayant de conserver le caractère du bien, et les contraintes existantes, rembobine-t-elle. Par ailleurs, les clients, en partie de nationalité anglaise, voulaient retrouver une certaine identité liée à leurs racines. Le bureau d’étude-structure ne nous a pas autorisés à démolir les murs, mais seulement à ouvrir un cadre pour agrandir visuellement la salle à manger. »

Pour optimiser le couloir d’entrée majestueux mais qui perdait en m2 utilisés à cause de sa largeur, Alice Delpeyroux a intégré de nouveaux rangements, en alignant les nouvelles corniches afin de délimiter une entrée, et donner l’illusion que les placards avaient été toujours présents. » Résultat : une belle mise en valeur du cachet historique de la maison de maître avec ses hauts plafonds, ses moulures et ses parquets massifs, rehaussés d’une touche de modernité et agrémentés de nouveaux rangements pour gagner en espace de vie.

atelier3da.com

L’IMMOBILIER FRACTIONNÉ MI CASA

ES TU CASA

Investir à plusieurs dans une maison secondaire, au cœur des plus beaux (et rentables) villages de France, c’est ce que propose la start-up Harmony, qui vient de rénover Le Chalet Rouge, un écrin vosgien dont l’activité touristique est solide depuis 30 ans.

C’ est l’histoire de trois entrepreneurs qui rêvent d’acheter une maison de vacances ensemble. L’un convoite la mer, l’autre la montagne et le troisième… la campagne ! C’est alors que germe l’idée d’une résidence secondaire partagée. « Les personnes qui réussissent dans l’entrepreneuriat sont celles qui créent un produit pour elles. Avec Dimitri Roth et Lionel Sadoun, on a passé huit ans à créer pour les autres. Il était temps qu’on mise sur nous », explique Clément Sornin-Kasbi, cofondateur de Harmony. Finance, commerce, marketing… À eux trois, ils couvrent un éventail de métiers. Mais il leur manque quelqu’un pour développer la partie marque. Le trio se transforme alors en quatuor, avec l’arrivée de Parysatis Peymani, l’entrepreneure franco-iranienne qui a créé Syrah, sa marque de vêtements made in France. « Elle casse notre image de boys club et incarne notre philosophie. Aujourd’hui,

Clément Sornin-Kasbi, Parysatis Peymani, Dimitri Roth et Lionel Sadoun.
Salomé Dollinger DR

les femmes représentent moins de 10 % des investisseurs. Pourtant, ce sont elles qui prennent le moins de risques et voient sur le long terme ! »

PLACEMENT-PLAISIR

Début 2024, la start-up strasbourgeoise voit le jour, se donnant pour mission de créer un club dont les membres auraient deux (bonnes) raisons d’investir dans ses (belles) maisons secondaires : obtenir des revenus locatifs et y séjourner en priorité à des tarifs préférentiels. Pour se faire, elle adapte l’immobilier fractionné – qui cartonne déjà aux ÉtatsUnis avec la plateforme Arrived.com – à la location saisonnière. Harmony devient ainsi propriétaire du bien et souscrit des obligations pour une durée de dix ans. Les intérêts versés sont calculés sur la performance locative du bien. Un projet qui permet aux investisseurs de faire au minimum 6 % de rendement net de

« LES PERSONNES QUI RÉUSSISSENT DANS
L’ENTREPRENEURIAT SONT CELLES QUI CRÉENT UN PRODUIT POUR ELLES. »
Le Chalet Rouge, la première résidence Harmony située dans les Vosges.

La piscine intérieure du Chalet Rouge.

« UN PROJET QUI PERMET AUX INVESTISSEURS DE FAIRE AU MINIMUM 6 % DE RENDEMENT NET DE CHARGES. »

charges. Et quand on sait que Airbnb et Booking prennent 20 % à leurs locataires, le calcul est vite fait !

COMMUNAUTÉ PLURIELLE

C’est d’ailleurs grâce à la Big Data de ces acteurs que le quatuor a pu identifier les zones au rendement attractif. « En analysant le nombre de propriétés disponibles à la location par région, ville puis quartier, avec des critères tels que la demande locative et la saisonnalité, les opportunités se sont dessinées ». Les villages gagnants se trouvent notamment en Normandie, dans les Vosges, les Alpes et sur la Côte d’Azur. Et pour créer sa collection harmonieuse de maisons, Harmony s’est entouré de marques engagées. Les meubles sont chinés par Selency, et le kit zéro déchet Greenvea trône dans les salles de bain. Une déco durable qui fait écho à ces havres de paix nichés en pleine nature, à l’instar de la première propriété Harmony : le Chalet Rouge. 336 m2 au

cœur des Vosges avec 7 chambres, piscine intérieure, sauna, jacuzzi, hammam et terrain de paddle. Le ticket d’entrée ? 1000 €. Un investissement qui a dépassé les 25 % de financement en quelques jours seulement.

INTÉRÊTS PROTÉGÉS

Dans le contrat de souscription des obligations, une clause de liquidité assure le rachat des parts des souscripteurs à partir de trois ans, et à deux conditions : « On instaure des plans d’épargne d’entreprise pour des événements de vie majeurs comme un mariage, la naissance d’un enfant ou l’achat d’une résidence principale. Si la société a racheté 5 % de la valeur totale du projet, elle pourra également nous revendre ses obligations au bout de 3 ans ». Et en cas de défaut de paiement, l’hypothèque de premier rang permet aux investisseurs de récupérer leur part de la vente du bien. Rassurant. a harmonyhomes.io/fr

NEXTMED LE CAMPUS MÉDICAL À LA POINTE

Unique en France, Nextmed est le premier campus européen des technologies médicales installé dans l’enceinte des Hospices civils de Strasbourg. La première phase de développement du projet vient de s’achever et la seconde enclenchée pour s’achever en 2030. En tout, ce sont 30 0000 m2 dédiés à l’innovation médicale dans un environnement pensé pour favoriser l’innovation et la collaboration.

Adeux pas de l’hypercentre, connecté à l’autoroute, au réseau cyclable et au tramway, Nextmed a trouvé ses quartiers. Le dernier bâtiment sorti de terre, baptisé eXplora, livré il y a un peu plus d’un an, donne la mesure de ce campus européen des technologies médicales initié en 2012, sous l’ère Roland Ries.

Dans ses 5 000 m2 de bureaux, eXplora réunit quinze sociétés et quelque 350 salariés. D’un point de vue architectural, le bâtiment est exemplaire, conçu avec des matériaux écoresponsables et des technologies de pointe pour minimiser l’empreinte carbone. Les toits végétalisés, les systèmes de récupération des eaux de pluie et les panneaux solaires assurent une gestion efficace des ressources. L’efficacité énergétique est d’ailleurs au cœur de la conception des bâtiments, avec des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC) optimisés pour réduire la consommation d’énergie. « Tous les bâtiments partagent le chauffage urbain en biomasse, et pour le froid, nous avons

creusé quatre puits pour faire circuler l’eau froide. Il faut 40 centrales nucléaires pour faire tourner la climatisation dans le monde... De nouvelles solutions doivent être utilisées », ajoute Sébastien Bruxer, chef et coordinateur de chantier de la SERS. Dans le même esprit, des stores pilotés par une station météo ont été installés, tout comme la ventilation double-flux.

L’INNOVATION DU RÉEMPLOI, UN LIEU DE VIE PENSÉ POUR LES TRAVAILLEURS NOMADE

Le chantier a aussi été remarquable avec l’utilisation du réemploi financé par le projet Interreg. « Nous avons été accompagnés par Rotor pour faire le diagnostic des matériaux ayant une chance d’être réemployés, précise Sébastien Bruxer. Finalement, nous avons récolté 5 % de matériaux réemployés, contre 1 % normalement. Cela peut paraître peu, mais c’est cinq fois plus, et c’est énorme ! Ce projet va être montré en exemple dans

les projets européens. » On peut ajouter à l’exemplarité les 5600 heures d’insertion par l’emploi sur le chantier, la conservation volontaire des arbres.

L’exemplarité, c’est aussi comment l’usage du bâtiment et du campus en général, a été pensé. « Nous avons intégré une crèche, car la moyenne d’âge est de 30 ans, nous avons aussi adapté l’espace au travail nomade : les jeunes aujourd’hui aiment avoir leur bureau, mais aussi travailler sur un canapé, en extérieur, donc nous avons installé des bornes électriques dans la cour pour pouvoir brancher son portable... On s’adapte ! », sourit Nicolas Pellerin, directeur de Nextmed. Dans le bâtiment Blum situé juste en face est aussi prévue une brasserie – la recherche d’un exploitant est toujours en cours – avec terrasses pour encore améliorer le cadre de travail. Un service de conciergerie est également à disposition dans ce cadre de travail qui fait particulièrement rêver, à un jet de pierre de la cathédrale !

En septembre devait ouvrir la Pagode, soit 1 000 m2 supplémentaires où doivent

s’installer la Fondation de l’Université de Strasbourg et la brasserie. Suivront l’extension d’eXplora, le bâtiment Nova, de 3 500 m2 au deuxième trimestre 2025, puis 16 060 m2 supplémentaires d’ici à 2030 dans le cadre d’appels d’offres lancés par la SERS avec une offre mixte de commerces, bureaux et labos pour les sociétés de technologies médicales, décrochés par les agences Devillers-Richter.

« Nous avons souhaité offrir un cadre de travail que l’on nous envie, mais aussi nous positionner en Europe et dans le monde en nous rapprochant de Bâle et du Bade-Wurtemberg, car le Rhin supérieur est la plus grande université des sciences de la vie comparé à Boston, Paris ou Montréal, rappelle Nicolas Pellerin. La France, c’est la “start-up nation”, la Suisse les grosses boîtes, l’Allemagne, les grandes PME. On travaille à les connecter et à les emmener vers les cabinets américains ou canadiens. Nous développons un vrai travail d’accompagnement. » Déjà exemplaire, Nextmed reste en plein devenir. a

En arrière-plan la Pagode qui vient d’être inaugurée et le futur batiment Nova en chantier.

« NOUS AVONS SOUHAITÉ OFFRIR UN CADRE DE TRAVAIL QUE L’ON NOUS ENVIE, MAIS AUSSI NOUS POSITIONNER EN EUROPE ET DANS

Salomé Dollinger DR, Henri Vogt, Elodie Winter

À gauche, Sébastien Sicot, directeur général de Creatio. À droite, Lucie Delamalmaison, fondatrice de ParisBrooklyn.

QUAND LES ARCHI PASSENT À TABLE UNE DÉCORATION À LA CARTE

En plus d’offrir une expérience gustative mémorable, les restaurateurs créent une déco unique pour faire vivre à leurs clients un moment complet. Coup d’œil sur ces adresses strasbourgeoises aussi belles que bonnes !

Quel est le dernier restaurant qui vous a marqué, et pourquoi ? Vous vous souviendrez peut-être de cette délicieuse pizza, ou bien de ces chaises en rotin qui iraient parfaitement dans votre salon… Car pour s’ancrer dans notre mémoire, un restaurant doit autant nourrir notre esprit que notre estomac ! Et ça, Nicolas Di Pol Moro, ancien chef du Bistrot Coco rue de l’Écurie, l’a bien compris. Féru de design, il entreprend luimême les travaux du local en 2015 et y installe un mobilier en pin recyclé de Scandinavie issu de vieilles granges, agrémenté de touches dorées, comme cette tête de rhinocéros surplombant la salle. Bouillonnant d’idées, celui que sa mère surnommait « Coco » ouvre ensuite Bastardo, la trattoria de la rue des Tonneliers, où pierres apparentes, tables dépareillées, comptoir et lustres en verroterie mènent une valse baroque sans aucun faux pas. Ici, la pause pipi se veut plus longue, le client étant captivé par les

nombreux graffitis jouxtant l’escalier. Et comme on dit, jamais deux sans trois ! En mars dernier, Nicolas Di Pol Moro inaugurait Grange, son nouveau restaurant rue de l’Ail. Au menu ? Une cuisine ouverte où les assiettes à partager, mêlant gastronomie française et influences japonaises, défilent. L’ambiance est feutrée, le décor rustique. Des lustres suspendus Crystal rehaussent le tout d’une touche sophistiquée et audacieuse, à l’image de la cuisine du chef !

UNE IDENTITÉ FORTE

Si certains chefs semblent aussi à l’aise avec une scie sauteuse qu’un couteau à fileter, d’autres préfèrent faire appel à des pros du bâtiment. Parmi eux, Sébastien Sicot, directeur général de Creatio. Depuis 2010, la filiale de KS Groupe gère des chantiers de construction, de rénovation, d’aménagement et de décoration. Le tout en s’appuyant

De gauche à droite et de haut en bas :

Chère Amie

The Drunky Stork Social Club

East Canteen

La Hache

« DANS UN ÉTABLISSEMENT DE VIE COMME UN RESTAURANT, IL FAUT RENDRE L’EXPÉRIENCE IMMERSIVE. »

sur les innombrables savoir-faire de ses 22 salariés et de ses architectes d’intérieur partenaires, dont Pascal Claude Drach, V8 designers ou encore les studios VOOS+FRIEDEL, CAMARASA et Petit Martin. « J’aurais pu embaucher un archi en interne. Mais ce n’est pas en répétant qu’on arrive à séduire les gens sur la durée ! Alors que cette ouverture vers l’extérieur permet à chaque projet d’avoir sa signature visuelle ». Prenez quelques restaurants du Groupe Diabolo Poivre : La Corde à Linge, The Drunky Stork Social Club, East Canteen, la Hache… Aucun ne se ressemble, mais tous sont signés Creatio !

DU PARPAING À LA CHARTE GRAPHIQUE

Chez Chère Amie et Le Carton, Sébastien et ses équipes ont joué leur rôle d’entreprise générale, les architectes ayant déjà

Nicolas Sicot, directeur général de Creatio.

été mandatés pour la partie design. Mais Au Canon, ils sont allés jusqu’à réaliser le dessin des tenues des serveurs. « On n’est pas toujours de simples réalisateurs. Dans un établissement de vie comme un restaurant, il faut rendre l’expérience immersive en travaillant sur les 5 sens et en racontant une histoire, pour créer du lien entre la personne qui va transmettre et celle qui va recevoir », explique le DG de Creatio qui a relooké une vingtaine de restaurants et est en passe d’exporter son expertise dans les Alpes et à Paris.

PROCURER UNE ÉMOTION

Paris, c’est la ville où a grandi Lucie Delamalmaison. En 2017, elle s’installe à Strasbourg pour suivre une formation de design global au Corbusier. Elle dépose son CV aux agenceurs architecture du Polygone, qui l’embauchent une fois son diplôme en poche. Elle y passe trois ans avant d’ouvrir sa propre agence : ParisBrooklyn. « Paris, c’est le point de départ. Brooklyn, l’objectif. C’est la seule ville qui me ferait quitter Strasbourg. L’atmosphère est folle, et la lumière dingue ! », confie la pétillante trentenaire, spécialisée dans le dessin de mobilier pour le réseau CHR. Le comptoir du Café Bretelles à la Krutenau, c’est son œuvre… enfin, son croquis matérialisé par La Kubisterie à Marlenheim. « Quand tes dessins deviennent palpables, c’est le moment le plus magique ! », s’exclame celle qui faisait partie du décor lors de la rénovation de l’Auberge Frankenbourg (La Vancelle). « Je suis toujours sur place durant les chantiers pour faciliter les échanges avec les artisans ». Ses matériaux préférés ? Le bois et le carrelage, qu’elle utilise au profit du papier peint et à qui elle confère de jolies courbes. Quant à sa source d’inspiration, elle se trouve aux archives de Strasbourg. Car Lucie aime s’imprégner de l’histoire du bâtiment. Et s’il est classé, elle peut y passer la journée ! « Je rêve d’imaginer un espace café dans les bains municipaux. Ça me fait penser à cette scène du film A cure for life, où les petits vieux font de l’aquagym dans un lieu incroyable ! ».

Un rêve qui illustre l’enjeu des restaurateurs : pour procurer une émotion au client, il faut tant pour tant de gastronomie et de décoration. C’est la recette du succès. a

creatio-travaux.fr parisbrooklyn.fr

Le Carton
La partie restaurant de l’Auberge Frankenbourg
Café Bretelles, Krutenau

Maître D’ Oeuvre sur Archipel 2, lot A. Wacken, Strasbourg.

Maître D’ Oeuvre sur Archipel 2, lot A. Wacken, Strasbourg.

Maître d’Ouvrage : Vinci Immobilier / Demathieu Bard Immobilier

Maître d’Ouvrage : Vinci Immobilier / Demathieu Bard Immobilier

QUAND LES HÔTELS SE RÉINVENTENT

Depuis la crise sanitaire, les Français ont revu leur manière de voyager et recherchent des destinations uniques dans leur propre région. De quoi voir naître des concepts hôteliers remarquables à l’image des établissements familiaux de la région, l’Hôtel du Parc à Obernai et La Cheneaudière à Colroy-la-Roche qui prépare par ailleurs l’ouverture d’une demeure magistrale à Colmar, la Villa Cose.

L’HÔTEL DU PARC

UNE DESTINATION

DANS LA DESTINATION P

etite pension de famille il y a 65 ans, l’hôtel du Parc à Obernai poursuit sa mue spectaculaire depuis l’arrivée de la quatrième génération de la famille à la tête de l’établissement. « Nos parents étaient déjà précurseurs en créant un spa et une piscine extérieure dans les années 1990, rappelle Maxime Wucher, directeur général. Mais depuis fin 2020, avec l’ouverture de notre Yonaguni spa, nous écrivons une nouvelle histoire de notre hôtel familial. »

L’espace bien-être japonisant de 2500 m 2 n’est que la première pierre d’une mutation de l’hôtel du Parc, désormais voué à être une destination dans la destination Alsace. « Depuis la crise COVID, les gens voyagent différemment, les Alsaciens représentent aujourd’hui la moitié de notre clientèle : ils viennent chez nous pour vivre une expérience unique, pas pour visiter la Route des vins ou Obernai », constate Maxime Wucher. Multiprimé, élu « Best luxuary spa in France 2024 », le yonaguni spa a marqué un tournant dans l’histoire de l’hôtel du Parc, avec ses bassins labyrinthiques offrant une expérience immersive de la baignade, ses détails soignés alternants les alcôves et coins calmes, son sauna ou hammam auxquels ils ont réfléchi durant deux ans pour offrir la meilleure expérience possible. « Nous avons recherché des ambiances pour que chaque recoin

Yonaguni spa a marqué un tournant dans l’histoire de l’hôtel du Parc.

du Yonaguni spa soit photographiable. » Lignes épurées et graphiques, végétation, ou jeu sur les éclairages : le Yonaguni spa joue la carte du minimalisme. « À défaut de marbre et de grands miroirs, nous jouons sur les matériaux bruts, les couleurs, la lumière. Nos trois salles de repos sont scénarisées, l’une avec des matériaux clairs et une vue sur la végétation, l’autre plus sombre avec une cheminée électrique, la dernière dans l’obscurité pour une expérience immersive comme lorsque l’on est sous l’eau », détaille le directeur général.

UNE DESTINATION POUR VOYAGER EN ALSACE

Après une nouvelle extension de 500 m2 sur deux étages et deux rooftop avec vue sur le Piémont des Vosges achevée au printemps, la clientèle peut profiter de l’Asian spa historique entièrement repensé depuis septembre. « Mais nous n’en sommes qu’à la moitié de notre mutation, notre objectif est de créer une nouvelle destination qui va plus loin que le bien-être, confie Maxime Wucher. Nous nous sommes engagés pour que l’ensemble de l’hôtel, l’hébergement, le hall d’accueil, la restauration, soit en cohérence avec le spa. »

L’architecture extérieure sera également repensée en conservant une partie des colombages, « mais dans un parti-pris très minimaliste et en intégrant une végétation dense pour une ambiance propice à la détente. Nous créons une destination où l’on voyage tout en étant en Alsace. » Avec le cabinet d’architecture MEA, Maxime et Marie Wucher, sa sœur, ont imaginé un cadre très épuré et retoqué les clichés alsaciens tels la grosse moquette moelleuse, les boiseries et moulures. « On verra si l’Alsace peut aussi être dans du bois clair, des matériaux bruts comme la pierre, la taule... Le défi est lancé ! » sourit Maxime Wucher.

« ON VERRA SI L’ALSACE PEUT AUSSI ÊTRE DANS DU BOIS CLAIR, DES MATÉRIAUX BRUTS COMME

LA

Un virage à 180 degrés que l’on pourra observer par phase : « Tous les six mois, une nouvelle aile de l’établissement sera dévoilée, vous n’aurez pas à attendre jusqu’à 2028 pour vivre une expérience unique », précise Maxime Wucher. Avec un investissement global estimé à plus de 33 millions d’euros, porté par une famille qui depuis plus de 65 ans ne cesse d’évoluer avec son temps, de génération en génération. a

La nouvelle extension
du Yonaguni spa de 500 m2
Maxime Wucher

À LA CHENEAUDIÈRE, ET BIENTÔT À LA VILLA COSE LE SENS DU DÉTAIL ET DE LA SURPRISE P

De nouvelles chambres contemporaines empruntant les codes de la nature.

ropriétaire-dirigeant de La Cheneaudière qu’il a rachetée à son grand-père en 2004, Nicolas Decker a su transformer le petit hôtel d’un village un peu perdu, en palace aussi chaleureux que luxueux. Dans les tuyaux, un autre projet totalement hors-norme avec la création de la Villa Cose, en plein cœur de la Petite Venise à Colmar, dans un écrin de 48 hectares de verdure.

Nicolas Decker, 45 ans, aime jouer la carte de l’étonnement. « Le luxe, c’est aussi la surprise », estime le propriétaire-dirigeant de La Cheneaudière à Colroy-la-Roche. En 20 ans, à force d’investissements réguliers et d’audace, il a su transformer le petit hôtel fondé par son grand-père en 1974 en une destination à part entière. « Tout est aujourd’hui méconnaissable par rapport à il y a 50 ans, avec pour fil conducteur la mise en valeur de la vue magique sur la nature qui change au fil des saisons, confie l’entrepreneur. Dans chaque recoin de l’hôtel, nous jouons sur les belles matières, le bois, le cuir, le loden, sur les lumières, le design. Il n’est pas nécessaire de tout déconstruire tous les six mois, nous n’avons pas le Qatar derrière ! Mais de trouver une continuité. Le luxe, c’est quand peu importe où tu poses ton regard, c’est parfait. »

« LE LUXE, C’EST AUSSI
LA SURPRISE. »
Nicolas Decker

Depuis l’audacieuse création de son spa en 2014, La Cheneaudière est devenue une destination pour une clientèle jeune (moins de 35 ans) et une clientèle étrangère. « On ne pouvait pas capitaliser sur Colroy-la-Roche qui est certes un joli village, mais un peu perdu ! En revanche, nous nous attachons à tenir notre promesse. Le spa est aujourd’hui complet à l’année, avec une liste d’attente. »

UN CONCEPT UNIQUE ET EXCLUSIF EN FRANCE

La mue s’est poursuivie avec la refonte de l’hôtel encore un peu old-fashion . En mars, les douze dernières chambres à devoir être rénovées ont révélé leur nouveau visage résolument contemporain empruntant les codes de la nature. Tout comme le bar et la salle de petitdéjeuner. À venir, la refonte du restaurant. « Nous n’attendons pas que les espaces vieillissent pour réagir », souligne Nicolas Decker qui mène en parallèle, avec son épouse Marie, un projet complètement dingue : la création de la Villa Cose, au cœur de la Petite Venise, à Colmar.

« Nous allons proposer quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs en France, promet-il. Déjà parce que notre établissement sera au cœur de 48 hectares de verdure en plein centre-ville offrant un cadre bucolique et magique à 100 mètres de l’hypercentre. Ensuite, en ne réalisant que 23 chambres pour une expérience exclusive : nous allons à contre-courant de ce qui se fait aujourd’hui de proposer un maximum de chambres pour gagner en rentabilité. »

À la Villa Cose, les chambres seront spacieuses avec terrasse. « Certaines seront complètement dingues avec piscine ou sauna privé en rooftop », précise-t-il. Un spa de 1200 m 2, avec une piscine de 20 mètres de long en extérieur, complétera le tableau. Les 23 ares de forêt classée seront exploités pour créer des espaces de détente, de lecture, au chant des oiseaux, à deux pas de l’effervescence de la Petite Venise.

La Maison construite en 1897, au bord de la Lauch, que les Colmariens appellent « La maison mystérieuse », retrouvera vie entre styles Art nouveau et Art déco. « Le revêtement des sols, les rambardes en fer forgé, l’escalier magistral en métal sculpté, les vitraux, cela peut être un peu lourd, donc nous allons alléger tout cela avec des touches Art déco entre cuivre, laiton, rondeurs, noir et blanc. »

Un chantier titanesque estimé à 17 millions d’euros et réalisé par l’Atelier JP Marc de Sélestat qui devait démarrer en septembre pour une ouverture prévue au premier semestre 2026. a

Le spa ouvert sur la nature affiche complet à l’année.

Habiter

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