(En)jeux l Or Norme #52

Page 1


LE MAGAZINE

D’UN AUTRE REGARD SUR STRASBOURG

b GRAND ENTRETIEN

ANDRÉ MARKOWICZ

« La grande peur de l’Occident, c’est l’effondrement de la Russie. »

Page 6

a ACTUALITÉS

CAP SUR LES IS

Les Internationaux de Strasbourg, dans le top 20 du tennis mondial !

Page 16

№52 MARS 2024 (EN)JEUX

c CULTURE

COUP D’ENVOI Strasbourg prête à lire notre monde.

Page 32

a ACTUALITÉS

ORPHÉE

Un chien d’assistance judiciaire pour mieux accompagner les victimes...

Page 64

« La question du mal a constitué d’emblée l’enjeu fondamental de la pensée. »
André Glucksmann
Philosophe (1937-2015) dans Une rage d’enfant

Quelques jours avant le sinistre deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Alexeï Navalny aura, lui aussi, été victime de la violence froide et cynique de Vladimir Poutine.

Il semble que ce nouveau crime du maître du Kremlin ait suscité plus qu’une énième agitation passagère des dirigeants des pays faisant partie de ce que l’on appelle encore « le monde libre », du moins faut-il l’espérer. Car l’enjeu de ce conflit dépasse aujourd’hui très largement les considérations géopolitiques sur lesquelles débattent sans fin les experts sur les chaînes d’information continue.

Chacun doit considérer les conséquences de cette guerre dans sa propre vie, et se rendre compte de ce qu’elle a déjà engendré en termes d’impacts sur notre quotidien, afin de ne surtout pas sous-estimer ce qu’elle peut générer dans l’avenir, si nous ne savons pas, et les élus qui nous dirigent en priorité, affronter comme il se doit, et comme nous le suggère André Glucksmann, « la question du mal ».

Et c’est bien à cet « enjeu fondamental » que chacun d’entre nous doit savoir répondre,

dans un monde devenu fou sous le feu des révisionnistes de l’Histoire, qu’elle soit passée comme immédiate, aidés par la haine et la bêtise crasses qui se répandent sur les réseaux sociaux, et trouvant même, désormais, une alliée inattendue dans la technologie et l’IA, outils déjà dévoyés par les tenants de la post-vérité qui n’est rien d’autre que le négationnisme de la vérité.

Alors que la France va accueillir pour la seconde fois, et cent ans plus tard, les Jeux olympiques d’été, dans un contexte international sous haute tension, nous souhaiterions tous, comme nous le faisons aussi dans ce numéro, parler de compétitions et d’enjeux sportifs.

Mais il faut également lire le grand entretien que nous a accordé André Markowicz sur le conflit russo-ukrainien, comme il le fallait avec Raphaël Enthoven dans le numéro précédent sur la guerre Israël/ Hamas.

Avec eux, en comprenant mieux où sont les vrais enjeux de ces conflits, et en quoi ils peuvent déterminer notre avenir, nous serons mieux armés... au moins pour penser « la question du mal »

SOMMAIRE

MARS 2024

b Grand entretien

André Markowicz

06-15

« La grande peur de l’Occident, c’est l’effondrement de la Russie… »

E Société

104 Kooma Casse les codes du « bio-bobo »

108 Club des saveurs d’Alsace

Innovation et proximité

110 Vins Le futur du vin (→)

a Culture

26 Hors-jeu !

Le sport s’invite au Vaisseau

32 Coup d’envoi Strasbourg prête à lire notre monde

34 Pippa Simmons

L’extraordinaire destin

38 IA Plongée aux racines du chant grégorien

42 Christine Ott et Léa Barbazanges Éclats d’une complicité organique

46 Le jour où... Gutenberg a (sans doute) inventé l’imprimerie à Strasbourg

50 Street photography France

La photo de rue a enfin

sa revue nationale (←)

100 Musique

Van Halen, MCMLXXXIV

114 Sélection

Événements, livres, expositions...

S Actualités

16 IS Dans le top 20 du tennis mondial !

22 Christophe Lasvigne

De supporter à président de la SIG !

24 Laurent Auvray

Rebond favorable (↓)

64 Chien d’assistance judiciaire Mieux accompagner les victimes

70 Declic Marcher pour apprivoiser la liberté

72 L’épopée du lion Deedar

78 Michaël Landolt « Développer la recherche à tous les niveaux »

82 Hypno VR L’hypnose entre en phase virtuelle

84 AMC Pour une construction pus vertueuse

86 Moi Jaja Bonne année 2025 !

92 Mari in Borderland

Retour vers le futur

94 Le parti-pris de Thierry

Jobard Numériquement vôtre

102 Dessin L’œil de Victoria

a Portfolio

54 Des photographes de rue

Q Or Champ

126 Fabielle Angel

Antisémitisme, racisme et universalisme

Clients, collaborateurs, administrateurs, nous sommes tous derrière eux pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

« La grande peur de l’Occident, c’est l’effondrement de la Russie… »

Traducteur, éditeur, poète, André Markowicz est un homme de conviction qui, depuis dix ans, ne ménage pas ses efforts pour décrypter tout ce qui concerne la Russie de Vladimir Poutine. Son journal, régulièrement tenu sur Facebook, a connu un incroyable pic d’audience dès le premier jour de l’invasion russe en Ukraine il y a deux ans et reste à ce jour un des plus consultés. Dans cet entretien sans la moindre once de langue de bois, il n’hésite pas à évoquer avec nous l’avenir du conflit actuellement enlisé en une impitoyable guerre de tranchées et, vous allez le lire, ses réflexions, nourries par l’analyse de sources factuelles quotidiennes, vont souvent à l’encontre d’opinions très répandues en Occident…

« J’écris sur Poutine depuis 2013. Jusqu’en 2017, je possédais un appartement en Russie.
Je m’en suis séparé parce que le climat de la propagande était devenu absolument belliqueux et de plus en plus menaçant. »

s’est appuyé sur mon propre travail. J’ai aussi une autre particularité : je n’ai jamais accepté la moindre commande…

Expliquez-moi…

C’est simple, je ne fais que ce je veux. J’ai toujours voulu faire uniquement ce que je voulais. Et je continue… Sinon, je ne pourrais pas travailler. C’est aussi pour ça qu’avec Françoise Morvan (cette dernière est l’épouse d’André Markowicz –  ndlr ), nous avons créé les Éditions Mesures où nous nous publions nous-mêmes, c’est aussi une forme de revendication de notre liberté...

On y reviendra dans quelques instants en évoquant ce journal que vous publiez régulièrement depuis dix ans sur internet, mais vos publications depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie laissent inévitablement penser que vous vous sentez éperdument concerné par la tragédie qui se déroule là-bas. Évidemment, vos origines expliquent beaucoup en ce sens… Je suis originaire, du côté de ma mère, d’une famille juive de Saint-Pétersbourg, une famille qui fit partie de l’intelligentsia de l’ex-Leningrad. Mon père travaillait à Moscou, c’est donc dans la capitale russe que j’ai passé mes premières années. Ceci explique que le russe fut ma première langue, ma langue maternelle. J’ai donc toujours vécu au contact de la littérature russe et cette littérature est souvent au cœur de ce qu’est la Russie. Ma mère est née en Sibérie et ce n’est pas parce que sa propre mère y faisait du tourisme (coup d’œil entendu – ndlr). Quant à mon grand-père maternel, que ma mère n’a jamais connu, il était d’origine géorgienne et a été assassiné lors de sa deuxième arrestation. Je vis donc depuis toujours en profonde immersion dans la culture russe classique. Mon travail le plus important a été de traduire les

œuvres complètes de fiction de Dostoïevski ou encore Eugène Onéguine, le roman de Alexandre Pouchkine…

Votre réputation est celle d’un traducteur qui a bousculé, pourrait-on dire, la traduction traditionnelle des œuvres de la littérature russe…

Sincèrement, il me semble que je n’ai rien bousculé du tout. Simplement, il se trouve que je suis le seul traducteur, en France et sans doute en Europe, à avoir traduit l’intégralité des œuvres de fiction de Dostoïevski. Ça s’est décidé en toute simplicité, sur un quai de métro avec Hubert Nyssen (le fondateur des Éditions Actes Sud – ndlr ) qui m’a demandé ce que je comptais faire après la traduction d’un livre de Nina Berberova que je venais de réaliser pour sa maison d’édition. Hubert Nyssen a immédiatement sauté sur l’occasion, vous vous en doutez bien, il n’avait pas Dostoïevski à son catalogue. Actes Sud a été très sensible à ce que l’entreprise-même de traduction soit considérée comme primordiale. Il se trouve donc que j’ai été le premier traducteur à avoir été mis en avant en tant que tel. D’ailleurs, le tout premier film, un film canadien, qui a été réalisé sur le travail d’un traducteur

Venons-en au sujet qui nous fait nous rencontrer aujourd’hui. Au moment de la parution de ce numéro de Or Norme, début mars prochain, un peu plus de deux ans auront passé depuis cette nuit du 24 février 2022 qui a vu l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Et, immédiatement, vos écrits quasi quotidiens à l’époque ont attiré l’attention par leur pertinence et surtout, les informations précises et sourcées qu’ils contenaient. Pour autant qu’on s’en souvienne avec honnêteté intellectuelle, beaucoup d’entre nous pensaient que jamais cette invasion n’aurait lieu. Vous-même, qu’en pensiez-vous, les semaines ou les mois auparavant ?

On peut même remonter encore plus loin, à des années avant. J’écris sur Poutine depuis 2013. Jusqu’en 2017, je possédais un appartement en Russie. Je m’en suis séparé parce que le climat de la propagande était devenu absolument belliqueux et de plus en plus menaçant. J’évoque tout cela dans un livre, L’Appartement qui a aussi donné un film de Bérangère Jannelle. Et j’ai écrit plusieurs chroniques à ce sujet sur mon compte Facebook, un endroit qui me permet de m’exprimer en toute liberté, même si ça peut paraître paradoxal.

J’ai aussi écrit plusieurs chroniques sur la montée du ressentiment nationaliste, sur la façon dont on éduquait les enfants et sur l’idéologie de guerre qui se développait. C’est resté comme une chose constante et claire, chez moi. En particulier, je me suis attaché aux symboles. Il se trouve qu’avec Françoise Morvan, nous nous sommes beaucoup intéressés au nationalisme breton. En Bretagne, nous étions tombés sur des chaises longues sur lesquelles figurait le « Gwenn ha du », le drapeau national breton. Cela voulait dire que la nation se donnait à acheter. Eh bien, à la télévision, j’ai vu ces mêmes chaises longues en vente en Russie, avec le ruban de

« Ça me fait penser à ces pulls de femme également en vente en Russie : des chars d’assaut y sont floqués ! »

JSaint-Georges, qui est l’emblème de l’armée tsariste. Ça me fait penser à ces pulls de femme également en vente en Russie : y sont floqués des chars d’assaut ! Tout ça se passait en 2015, tout de suite après l’annexion de la Crimée, et ce n’était ni étrange ni innocent.

Je veux tout de suite apporter une précision : je suis très, très opposé au nationalisme ukrainien. Je l’ai écrit également dans toute une série de chroniques sur le côté inacceptable de la réhabilitation de Bandera et des SS de la division Halychyna (cette division SS a combattu dans les rangs des Allemands lors de la bataille de Brody en juillet 1944 et s’est livrée à de nombreux massacres de civils – ndlr). J’ai donc longuement suivi la montée de ces deux nationalismes.

Pour en revenir à votre question et être très franc, non, je ne croyais pas que la Russie allait attaquer. En même temps, depuis des mois, il y avait toute cette agitation qui avait suivi l’arrestation de Alexeï Navalny, l’opposant numéro un à Poutine. Je pensais que toutes ces spéculations sur l’Ukraine étaient provoquées et dirigées pour masquer la répression intérieure à laquelle se livrait Poutine. J’avais tort et j’ai été très surpris par l’invasion de l’Ukraine…

Quelle est la première chose que vous avez faite au matin du 25 février il y a deux ans ?

J’ai écrit, tout de suite, sur ce que j’estimais être une folie de la part de Poutine. Je ne comprenais pas comment il pouvait espérer gagner un tel conflit. Mais aujourd’hui, je pense que j’ai été trop optimiste. Je m’explique : je me suis mis immédiatement à rechercher toutes les sources d’informations auxquelles je pouvais accéder et pour ça il y avait les innombrables

vidéos qui sont publiées sur Youtube. Et je me souviens très bien que dès les tout premiers jours de la guerre, les Ukrainiens s’étaient emparés d’un camion de ravitaillement russe, rempli de rations alimentaires. Eh bien, la totalité de ces rations alimentaires était périmée depuis… 2015 ! Même les Ukrainiens étaient interloqués par cette découverte. Ces rations étaient donc celles de l’armée dont Poutine niait l’existence en 2014, et on avait imaginé les attribuer aux soldats en 2022, les nouveaux stocks ayant été manifestement détournés et revendus entretemps à on ne sait trop qui. À l’époque, j’ai donc écrit qu’une telle armée, dans ces conditions de déshérence, ne pouvait pas gagner la guerre…

Donc, vous nous dites que vos analyses se sont toutes basées sur la vision minutieuse des seules sources disponibles via internet. Au vu de vos analyses, beaucoup auraient pu imaginer que vous aviez des contacts bien informés en Russie même…

Non, pas du tout. Bien sûr, je connais beaucoup de gens en Russie et en Ukraine, mais aucun n’est à un poste-clé. J’occupe en quelque sorte une position extérieure, je ne suis pas journaliste, je suis écrivain et donc, mon travail n’est pas seulement d’écrire, il est aussi d’essayer de penser. En mars 2022, j’ai été bouleversé et très indigné après la lecture d’un article d’un professeur de sciences politiques qui expliquait la doctrine et les raisons de l’invasion russe. Il expliquait, pour commencer, que les Ukrainiens étaient des traitres, car ils ne comprenaient pas qu’en fait, ils étaient russes. Donc, il convenait de les combattre, et, en tout premier lieu, d’éliminer (c’est le mot précis employé) leurs élites. Une fois les élites exécutées, il ne

fallait impérativement pas reconstruire ce qui avait été détruit par la guerre et changer complètement l’éducation de la population. Il développait le fait qu’il s’agissait de faire en sorte que les Ukrainiens ne puissent vivre que grâce à l’aide que leur apporterait la Russie victorieuse. La doctrine qui était ainsi développée était donc très exactement celle de l’Allemagne nazie vis-à-vis des pays occupés à l’Est, la Pologne par exemple. Ce n’était plus une guerre de nationalisme, c’était donc bel et bien une guerre de génocide.

À cette doctrine froidement exprimée se sont ensuite ajoutés les massacres. On a beaucoup parlé de Boutcha, mais partout où les Russes sont allés, ils ont fait exactement la même chose. La doctrine s’est appliquée… Totalement, avec une grande minutie et une froide détermination. Aujourd’hui encore, des populations dans les territoires qu’ils occupent vivent sans électricité, sans eau courante, sans rien… Elle est là, la réalité de l’invasion russe.

Il n’y a qu’une exception : Marioupol. Ils ont détruit toute la ville, il y a eu environ cent mille morts là-bas, mais ils ont quand même essayé de reconstruire un petit secteur, juste pour la propagande. Et ils essaient de renouveler la population en faisant venir plein de gens d’autres régions, à grand renfort de spoliations de biens.

La mise en place de cette doctrine est d’une monstruosité absolue et c’est pour cette raison que je me suis rangé immédiatement et totalement aux côtés de l’Ukraine. J’ai un très grand respect pour Volodymyr Zelensky, car la corruption, en Ukraine, était endémique.

En Russie, c’est en fait la mafia qui est au pouvoir. Le mot est à prendre au pied de la lettre, sans la moindre métaphore : Poutine s’est installé au pouvoir parce

qu’il était au point de convergence entre deux forces : le KGB, où il a fait toute sa carrière, d’une part, et, d’autre part, une union de gangs mafieux connue sous le nom de gang de Tambov (cette organisation a sévi à Saint-Pétersbourg dès la chute de l’exURSS – ndlr). Poutine avait d’ailleurs ouvert lui-même le port de la ville à la mafia. Même si les deux pays se sont construits sur le même substrat soviétique, c’est-à-dire la corruption incarnée, il faut bien reconnaître qu’on n’en est quand même pas là en Ukraine : dans le pays, les élections, par exemple, sont foncièrement honnêtes. Cependant, Zelenski est en train de lutter contre la corruption au sein de ses armées et c’est une lutte très difficile, évidemment. Je voudrais ajouter une chose très importante : celui qui a réussi à faire l’unité de la population ukrainienne n’est personne d’autre que Poutine. S’il a réussi quelque chose, c’est ça ! La société ukrainienne était divisée. De fait, l’est du pays, par la langue d’usage, le russe, par l’histoire et via les relations économiques à un tropisme russe évident. Tout l’ouest et le sud du pays, en revanche, sont très attirés par l’Occident…

Aujourd’hui, après l’invasion russe et les horreurs de cette guerre, Poutine a détruit le russe en Ukraine, en quelque sorte…

Aujourd’hui, après les succès initiaux de l’armée ukrainienne, après l’échec de sa contre-offensive au printemps et à l’été dernier, les positions se sont figées et on assiste à un très grand nombre de combats de position, des combats très meurtriers et sanglants « des Verdun et des Verdun » écriviez-vous récemment. Comment percevez-vous ce que nous vivons actuellement ?

Je n’ai aucune compétence pour commenter les opérations militaires. En

revanche, à partir d’avril ou de mai 2022, j’ai commencé à avoir quelques doutes sur la réalité du désir occidental d’une victoire ukrainienne…

C’est très surprenant. Qu’est-ce qui vous a mis alors la puce à l’oreille ?

Vous savez, ce truc qui disait alors : « Il ne faut pas humilier la Russie… » et que nous entendions beaucoup, notamment en France… Aujourd’hui, tout le monde s’accorde pour dire que l’aide occidentale est radicalement insuffisante. Et il y a plein de raisons qui expliquent ça : des raisons structurelles, certes, et elles sont nombreuses. Mais il y en a une autre, fondamentale. La grande peur de l’Occident, c’est l’effondrement de la Russie. Et Poutine le sait. Son grand chantage est celui du chaos, car, que se passerait-il s’il venait à perdre le pouvoir ?

La Russie s’effondrerait immédiatement, se fractionnant en toutes sortes d’entités, tout comme sa puissance atomique qui serait dispersée elle aussi. Comme lors de la disparition de l’ex-URSS, mais, cette fois-ci, sans traité préalable. À l’époque, les ÉtatsUnis avaient accepté le démembrement de l’Union soviétique et l’indépendance de l’Ukraine à la condition sine qua non que l’Ukraine renonce aux armes atomiques. Aujourd’hui, je pense que la position occidentale se résume en quelques mots : que l’Ukraine ne perde pas trop, et que la Russie ne perde pas trop non plus. Ce sentiment ne fait que se renforcer chez moi, malheureusement… Dit autrement, je ne comprends pas que le meilleur allié de Poutine soit en fait… l’Occident. Par des calculs et des réflexions géostratégiques que je ne saisis pas exactement, je pense que les leaders occidentaux, c’est-à-dire, en gros, les États-Unis, considèrent, tout bien pesé, qu’il vaut mieux laisser Poutine gagner plutôt que de provoquer l’effondrement de la Russie. C’est pour ça que les armes ne viennent pas en nombre suffisant et que, donc, la guerre s’étire…

La Russie s’effondrerait immédiatement, se fractionnant en toutes sortes d’entités. »

Ce sentiment que vous éprouvez va à l’encontre d’une analyse très répandue qui dit qu’il faut absolument que l’Ukraine, d’une façon ou d’une autre, sorte victorieuse de ce conflit pour que la Russie ne puisse pas mettre à exécution sa menace d’envahir d’autres pays ; on pense bien sûr aux Républiques baltes, à la Moldavie…

Vous avez raison, mais là, on ne parle que de l’Europe. Songez à Taïwan : je pense que nous vivons déjà, en fait,

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« L’économie russe ne s’est pas effondrée, mais les chiffres sont trompeurs, car sa croissance est toute entière fondée sur la croissance de l’effort militaire. »

June guerre mondiale qui ne dit pas son nom. J’ai donc de plus en plus de mal, aujourd’hui, à croire à une issue favorable pour l’Ukraine, alors que je pensais que cette guerre allait à l’évidence être gagnée. Rappelez-vous de mon libelle paru en juin 2022 (Et si l’Ukraine libérait la Russie ? Éditions du Seuil – ndlr) : j’y écrivais que non seulement il fallait gagner cette guerre, mais aussi qu’il allait falloir faire un procès aux dirigeants actuels de la Russie. Bien sûr, ce procès reste évidemment nécessaire, mais je ne vois pas comment tout cela pourrait se mettre en place…

Vous êtes donc devenu très pessimiste… (Longue hésitation) En fait, on est dans une guerre longue, la guerre de Sécession, aux États-Unis, a duré quatre ans… Donc, la question de l’économie se pose. Quelle est l’économie qui peut tenir le plus longtemps ? L’économie russe ne s’est pas effondrée, mais les chiffres sont trompeurs, car sa croissance est toute entière fondée sur la croissance de l’effort militaire. Quant à l’économie ukrainienne, elle n’existe évidemment que par l’aide accordée par l’Occident. Ce même Occident est-il décidé à aider l’Ukraine encore, et encore, et encore ?... Apparemment, les actuels gouvernements sont sur cette volonté-là, mais on sait que 2024 est une année où les élections vont se multiplier dans nombre de pays – les États-Unis en tout premier lieu – et que beaucoup d’entre eux risquent d’enregistrer la montée de partis populistes, de droite comme de gauche, mais plutôt de droite pour être précis, qui, s’ils parvenaient au pouvoir dans leur pays, ne seraient pas du tout prêts

à continuer l’aide en faveur de l’Ukraine… Cependant, en même temps, il y a un fait concret qui me remplit d’admiration, c’est l’immensité du courage des gens qui résistent en Ukraine, soldats comme civils, de leur acharnement continu depuis deux ans, et je suis persuadé que cet effort-là ne peut pas s’effondrer. Il va continuer, j’en suis très intimement convaincu…

Il y a cet effort du peuple ukrainien, mais globalement, entre l’Ukraine et la Russie, c’est à qui s’effondrera le premier, donc ?

Oui, c’est certain.

Tout récemment (l’entretien a été réalisé fin janvier dernier – ndlr), Poutine est allé jusqu’à parader dans l’enclave de Kaliningrad, le point le plus à l’ouest de la Russie, à un kilomètre de la Pologne et de la Lituanie, c’est à dire des armées de l’OTAN. Quelle provocation !

C’est un homme qui ne connait que le langage de la force. Mais c’est le propre de la mafia : dès qu’on montre le moindre signe de faiblesse, elle avance ses pions. Poutine, comme n’importe quel dictateur sur la planète, ne connait que ça. Rappelons-nous d’Hitler. On aurait pu éviter la guerre, non ?

J’ai bien peur que l’attitude de l’Occident soit restée la même : on va jusqu’à Munich, on se déshonore et on se retrouve avec une guerre monstrueuse. Cet enchaînement-là me frappe beaucoup.

Cependant, en y réfléchissant avec vous, une autre chose me frappe, concernant la Russie : on sait que le pays est dans une période électorale même si Poutine est

en réalité le seul candidat. Cependant, factuellement, ce n’est pas le cas : il y a toute une série d’inconnus qui concourent, bien sûr, mais il y a cependant des candidats qui apparaissent et qui n’hésitent pas à proclamer que s’ils sont élus, ils n’hésiteront pas à arrêter la guerre avec l’Ukraine. Et je constate qu’à chaque fois que cela est proclamé, il y a une sorte d’engouement populaire, très soudain et très fort. Bien sûr, il n’est pas sûr qu’ils soient admis à l’élection, rappelons-nous que par le passé, certains ont été arrêtés juste avant. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire, et c’est absolument clair, que l’opinion russe n’est pas du tout pro-Poutine et que le pouvoir actuel prend ces candidatures très au sérieux. Cette même opinion sait très bien que l’économie russe, je parle de l’économie réelle, pas de l’économie de guerre, est en plein marasme et que l’ensemble du pays est dans un réel état de misère. Cette étendue de la misère sociale et économique est l’essentiel de ce qu’a montré la guerre avec l’Ukraine depuis deux ans. Je ne sais pas si tout cela peut durer encore longtemps. Mais pour l’heure, on ne peut que constater une augmentation très forte de la répression, avec un surcroît incroyable de violence…

Pour terminer cet entretien, vous avez récemment écrit dans votre journal sur Facebook que Poutine était à l’évidence derrière les attentats terroristes du Hamas début octobre dernier en Israël… Mais oui, c’est absolument évident. Comme il est derrière les actions des Houthis en mer Rouge. Ainsi, il détourne l’attention mondiale et, en même temps, favoriser d’autres zones d’instabilité est stratégique pour lui. Car son but est de créer dans l’opinion mondiale et plus particulièrement dans les électorats des pays occidentaux, que nous évoquions tout à l’heure, un fort sentiment d’insécurité. Il pense évidemment qu’à cette sensation d’insécurité, il n’y aura qu’une seule réponse possible pour les électeurs de nos démocraties : celle d’un fort vote populiste et sécuritaire. Et on sait bien que Poutine finance tous les partis qui tiennent ce discours-là.

Je pense qu’il peut parvenir à ses fins. Pour lui, c’est un calcul sur le long terme et c’est bien pourquoi la guerre en Ukraine, du côté russe, n’est plus depuis longtemps maintenant une guerre de conquête : la question, c’est de durer à tout prix, et pour cela, ne prêter aucune importance aux pertes humaines. Ces pertes n’ont pour lui pas la moindre importance, elles n’impactent en rien sa détermination… b

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Rendez-vous aux IS, dans le TOP 20 du tennis mondial ! Du 18 au 25 mai

En devenant tournoi WTA 500 dès cette année, les Internationaux de Strasbourg (IS) deviennent le 3e plus grand tournoi de France en catégorie et prize-money, après Roland-Garros et le Rolex Paris-Masters. Une marche de géant franchie en à peine un an. Ses directeurs, Denis Naegelen et Jérôme Fechter, nous révèlent tous les défis relevés ou en cours pour passer ce cap historique depuis la création du tournoi en 1987.

Barbara Romero Sabrina Schwartz et Nicolas Rosès

Pour commencer, rappelez-nous comment les IS sont devenus un tournoi WTA 500 ?

Denis Naegelen : Depuis deux ans, la WTA mène un projet de restructuration du tennis féminin mondial dans l’objectif de le rendre plus lisible, plus attrayant, plus bankable. Elle souhaite présenter un feuilleton régulier avec les meilleures joueuses au monde en proposant chaque semaine du calendrier un WTA 1000 ou 500. Pour passer en 500, il fallait trouver l’argent nécessaire pour être candidat. Nous avons décidé de nous unir avec le tournoi 250 de Lyon pour apporter chacun nos valeurs, et pour le reste, nous avons eu recours à l’emprunt.

Nos atouts ? Notre histoire, la force de notre équipe constituée depuis 2019 avec Jérôme Fechter, Christophe Schalk et Pierre-Hugues Herbert, notre engagement écoresponsable et de défense de la place de la femme dans la société. On avait aussi l’avantage de libérer deux créneaux de WTA 250. Notre faiblesse était structurelle, avec un site qui n’est pas encore aux normes face à d’autres concurrents comme Hambourg doté d’un stade de 5000 places. Mais cela n’a pas pesé dans la balance.

Que cela change-t-il pour vous en termes d’investissement ?

Jérôme Fechter : 500, c’est le nombre de points attribués à la gagnante, et c’est évidemment lié à l’argent distribué aux joueuses. Nous multiplions par quatre le prize-money, en passant de 250 000 à un million de dollars. Cette réforme est motivée par l’idée de parité que défend la WTA depuis sa création.

D.N. : L’effort est énorme pour passer en 500 : cela nous oblige à doubler notre budget en un an. Mais depuis 2010, les IS s’engagent pour la place de la femme dans la société. On essaie de suivre l’exemple de Billie Jean King dont le combat était la parité. Ce qui est loin d’être le cas sur l’ensemble du circuit avec une différence de l’ordre de 40 % entre les revenus des hommes et des femmes. L’objectif du projet de la WTA reste que les joueuses aient les mêmes revenus à horizon 2027.

J.F. : Pour pouvoir boucler le budget, nous travaillons sur plusieurs niveaux. Nous aurons déjà une source de revenus supplémentaire avec un public plus nombreux. Nous avons également accéléré le travail pour que les plus grandes entreprises invitent leurs clients, partagent nos valeurs et que l’on construise ensemble cette nouvelle histoire.

Enfin, l’impact médiatique ne sera pas le même : un tournoi WTA 500 est vu par 20 millions de téléspectateurs. On double ainsi notre audience télé. Les réseaux sociaux de la WTA enregistrent 25 millions d’impressions, contre huit millions pour les IS l’an dernier. L’impact médiatique mondial est énorme ! Dans cette année très sportive, nous serons le premier gros événement de sport féminin en France en 2024. Cela nous apporte évidemment plus d’attractivité.

Davantage d’attractivité, y compris pour le plateau ?

Jérôme Fechter à gauche et Denis Naegelen.

« L’effort est énorme pour passer en 500 : cela nous oblige à doubler notre budget en un an. »

Denis Naegelen

JD.N : Dans les tournois 500, il y a toujours deux-trois joueuses du Top 10 qui jouent. Nous n’avons jamais reçu de joueuses qui participaient en tant que Top 10 au moment où elles

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« Aux IS, la sensation de proximité est exceptionnelle. Nous tenons à conserver l’ADN de notre tournoi, à savoir la convivialité et l’accessibilité des joueuses. »
Jérôme Fechter

Jétaient aux IS. Nous allons donc renforcer notre plateau et toujours juste avant Roland-Garros.

Un tel événement nécessite de nouvelles installations...

D.N. : Notre objectif pour cette année est de créer le plus beau tournoi WTA 500 mondial. Le deuxième sera de créer une structure nouvelle.

J.F : La WTA est consciente que l’on ne peut pas transformer en un an un club de tennis en un stade accueillant un tournoi de cette catégorie. On rentre dans le Top 20 mondial tout de même ! Nous avons sollicité les collectivités pour nous accompagner dans ce changement brutal d’une année à l’autre. Elles sont à l’écoute et ont montré leur soutien pour ce tournoi féminin, vertueux et écoresponsable. Notre objectif est que d’ici 2027 on travaille avec les collectivités, nos partenaires, pour réaliser un stade le plus écoresponsable au monde. Pas un stade pour une semaine par an, mais un lieu de sport utile pour tous les Strasbourgeois, toute l’année. Sinon cela n’aurait aucun sens.

Il risque néanmoins d’y avoir plus de demandes cette année pour assister aux IS. Comment allez-vous faire pour accueillir tout le monde ?

J.F. C’est vrai que déjà mi-décembre, à l’ouverture de la billetterie, nous enregistrions trois fois plus de ventes ! Cette année, nous allons agrandir la structure éphémère pour pouvoir accueillir 3 500 personnes sur le court central contre 2500 auparavant. Nous aurons également un court numéro 1 et numéro 2 avec une hyper proximité du public. Roland-Garros, c’est incroyable, mais on

est placé très haut, très loin. Aux IS, la sensation de proximité est exceptionnelle. Nous tenons à conserver l’ADN de notre tournoi, à savoir la convivialité et l’accessibilité des joueuses.

Convivialité, hospitalité, écoresponsabilité seront donc toujours vos axes majeurs de développement ?

J.F : Denis a toujours tenu à proposer des tarifs en dessous d’un tournoi comparable. Le premier dimanche, vous pouvez voir quatre matchs sur le court central et avoir accès aux courts 1 et 2 avec les meilleures joueuses mondiales !

D.N. Les spectateurs découvrent un événement avec un spectacle sportif de très haut niveau, dans un cadre sécurisé, avec un parcours animé. Vous pouvez voir un match, déjeuner, prendre un verre en écoutant de la musique, faire découvrir le tennis à vos enfants dans la Fan Zone, rencontrer les joueuses... Pour les entreprises, c’est un lieu unique à Strasbourg où le monde économique se retrouve pendant une semaine. Nous offrons un village VIP de très haut niveau. Pour faire du business, il faut créer du lien humain. L’hospitalité permet de franchir la barrière des secrétaires ! Ce n’est pas un lieu de travail, mais favorable au démarrage des affaires.

J.F : Une table aux IS ne nécessite pas un investissement de 50 000 €. Nous nous adaptons aux besoins des entreprises. Nous offrons certes une visibilité dans 140 pays, mais nous avons aussi des entreprises intéressées par l’écho très local de l’événement. Notre communauté grossit, nous avons doublé le chiffre d’affaires en hospitalité depuis 2019. Et régulièrement durant l’année,

nous organisons des rencontres avec nos partenaires pour maintenir le lien et favoriser les rencontres.

Passer en WTA 500 compromettra-t-il vos engagements écoresponsables ?

D.N : Cela ne nous inquiète pas. Depuis 12 ans, nous voyons une évolution extrêmement vertueuse du tournoi, avec une réelle prise en compte de la trace carbone par spectateur. Nous poursuivons cet engagement.

J.F : Notre bilan carbone 2023 est très instructif : nous avons réussi depuis 2016 a diminué par trois la trace carbone par spectateur. Cela prouve l’efficacité de nos actions et l’engagement de notre tournoi. Depuis 2021, nous compensons notre trace résiduelle par la plantation d’arbres à Mollkirch. Nos efforts nous ont permis d’être labellisé Événement Bas carbone. Nous sommes le premier et seul tournoi au monde à l’être et nous ne comptons pas nous arrêter. La refonte de nos structures nous permet d’avoir des projets très ambitieux : on veut que le nouveau stade soit un modèle mondial de l’écoconception. Nous faisons en sorte de favoriser des transports plus doux, en faisant bénéficier d’une réduction de 3 € du billet pour ceux qui viennent en transport en commun, en réduisant le nombre de parkings, en favorisant le covoiturage ou en mettant en place des structures de gardiennage pour les vélos, notamment électriques. S

Du 18 au 25 mai. Internationaux de Strasbourg au Tennis Club de Strasbourg, 20 rue Pierre-de-Coubertin. Internationaux-strasbourg.fr

Le court central des IS.

Christophe Lasvigne

de supporter à président

Propulsé à la tête de la SIG à l’automne après la démission du président élu Olivier Klotz, Christophe Lasvigne a pris ses marques et posé sa patte sur la gouvernance du club de basket alsacien pour une année de transition qu’il espère constructive. En place jusqu’en juin 2025, ce fervent supporter devenu président aspire à replacer la SIG parmi les grosses cylindrées hexagonales.

Vous n’êtes pas connu du grand public, qui pourrait vous considérer comme parachuté à ce poste de président. Pourtant vous avez une longue histoire avec la SIG Strasbourg…

Cela fait 27 ans que j’ai une histoire commune avec ce club, que ce club coule dans mes veines, que j’y ai plein d’anecdotes et d’histoires, et vécu pleins d’émotions. Le sentiment qui a pu être ressenti, c’est qu’on ne me connaissait pas, et même ceux qui me connaissaient ne savaient peut-être pas le lien intime que j’avais avec la SIG. Mais si vous demandez aux collaborateurs, aux joueurs, aux partenaires ou autres, les gens vous diront que j’ai toujours été là. Aujourd’hui, je me sens très à l’aise dans mes fonctions et les retours que j’ai sont très positifs. Donc j’insiste, je ne me sens pas du tout parachuté.

Vous dites que le club coule dans vos veines. Quel souvenir mettrait ce lien en lumière ?

Je n’ai jamais joué au basket de ma vie. Je suis arrivé à la SIG par hasard pour des raisons professionnelles. Et j’ai tout de

suite accroché. J’y ai des amitiés depuis 27 ans, j’y ai créé un réseau professionnel. Lorsque je n’ai plus été sponsor, je suis resté abonné (...).

L’anecdote la plus marquante, peutêtre aussi la plus douloureuse parce qu’elle est inscrite dans ma chair, est celle vécue à Chalon. J’ai été marqué physiquement par un gros accident de la route et le président du club affaire de l’époque, Philippe Weiss, ainsi que l’entraîneur d’alors, Christophe Vitoux, m’ont invité à aller voir un match là où j’étais en rééducation. Ils sont venus me chercher avec une ambulance, m’ont emmené dans un fauteuil roulant et placé à côté des joueurs sur le banc. C’est l’année, où nous avons été champions de France ProB (saison 1998/1999 – ndlr ). On a gagné ce soir-là, c’est une émotion que je n’ai vécue qu’une fois dans ma vie. C’est tellement fort en termes d’amitié, de partage, c’est indélébile…

La SIG est un club incroyable. Dans sa manière d’être, dans la longévité de certains joueurs et entraîneurs, comme Vincent Collet, ou président, comme

Martial Bellon, et dans son système mutualiste, ce club est un concentré des valeurs de l’humanisme rhénan qui me conviennent parfaitement.

Comment vous organisez-vous, pour mener de front vos fonctions à la SIG et votre activité professionnelle ?

J’ai un métier extrêmement prenant puisque j’ai créé et je dirige Le Théâtre du Vin, une entreprise qui fait 10 millions de chiffre d’affaires et emploie quarante personnes. Quand on a pensé à moi pour ce poste, j’avais prévenu que j’étais capable de dégager du temps parce que j’ai des collaborateurs extrêmement investis. La démission d’Olivier Klotz a été soudaine, ma nomination en 24h l’a été d’autant plus.

J’ai une activité qui est extrêmement saisonnière et la fin de l’année était très chargée, le calendrier n’était pas optimal. Mais je n’ai eu aucune hésitation à accepter. À partir du moment où on a pensé à moi, ma décision a été prise. Ma femme m’a soutenu, mes équipes l’ont appris a posteriori, mais font ce qu’il faut et aujourd’hui je restructure mon activité

pour pouvoir avoir deux vies professionnelles étanches. Je ne veux pas mélanger les genres, et les conflits d’intérêts pourraient être un problème. Je vais essayer d’avoir des matinées professionnelles et des après-midi à la SIG. Deux mi-temps, deux vies professionnelles.

Aujourd’hui, la SIG a été dépassée par Bourg-en-Bresse ou par Paris. Comment comptez-vous faire pour la replacer parmi les meilleurs clubs français ?

L’année dernière, le budget de la SIG a baissé pour la première fois, 2023/2024 est donc une saison de transition. En championnat, on est à notre place par rapport au classement des masses salariales puisqu’on est 9e. Au début de saison, les autres clubs ont tous fait des réajustements contrairement à nous qui avions une masse salariale encadrée.

La SIG a stagné alors que des équipes ont vu leur budget augmenter. Monaco et l’ASVEL ont des budgets exceptionnels grâce à des actionnaires importants, mais aussi parce qu’ils jouent l’Euroligue, compétition rémunératrice. Paris a un superbe projet et va peut-être encore progresser puisqu’on parle d’une fusion avec Boulogne (autre club de l’Elite – ndlr). Bourg-en-Bresse a un modèle intelligent, il y a de l’argent certes, mais ses dirigeants s’inspirent de ce qui se fait de mieux ailleurs, ce sont des modèles intéressants.

Je serais ravi de remettre la SIG dans le Top 5 au côté de ces quatre équipes. Ça nous oblige à être meilleurs financièrement, sportivement et structurellement. Tout le monde a envie de revoir la SIG, qui a disputé une finale d’EuroCoupe, cinq finales de championnat de France, un Final Four de Ligue des champions, retrouver une place parmi les plus grands clubs européens.

Vous évoquez l’aspect financier. La venue de Matt Pokora a considérablement boosté les finances du club. Comment s’investit-il ?

L’arrivée de Matt Pokora est une chance incroyable. Pas parce qu’il a investi 300 000 euros, on a un autre actionnaire, 1DoTech, qui a mis autant. Mais parce que c’est Matt Pokora ! Il s’investit personnellement, a de bonnes idées, travaille avec les équipes quasi quotidiennement et les résultats seront visibles à la rentrée. Je ne veux rien déflorer, mais cela fait trois ans qu’il n’y a pas eu de soirée de présentation

de l’équipe au public ou aux partenaires, il y en aura une et ça va être quelque chose ! Avec lui, on travaille sur une refonte du logo, l’animation, le merchandising. Matt veut s’impliquer dans la direction artistique avec pour exemple Max Guazzini ; il le dit lui-même : « Voyez l’impact que ça a eu pas seulement sur le Stade Français, mais sur le rugby français ».

Son engagement avec la SIG est-il lié à sa relation avec Tony Parker ?

L’histoire vient de là oui. De l’attachement de Matt pour Strasbourg et pour le basket, et de la connexion avec Tony qui lui a parlé de la SIG. Ça s’est fait naturellement. D’ailleurs pour le match contre l’ASVEL (le 30 mars – ndlr), Tony Parker et Matt seront là.

Pour se développer, le club a besoin d’une salle plus grande. Où en est le projet de l’Arena ?

L’Arena n’était pas de ma responsabilité. Mais avec la démission en décembre de Martial Bellon, qui était président de Wacken Immo, en charge du projet, j’ai endossé ce rôle et aujourd’hui je m’occupe de l’avenir de l’Arena. Je suis persuadé que ce projet tel qu’il a été imaginé et construit financièrement est ce qui peut arriver de mieux à la SIG en termes d’objet immobilier et d’outils sportifs et d’animation. Le projet a un peu plus de huit ans, depuis, le quartier a beaucoup

changé et le Rhenus est presque une verrue dans le paysage.

À partir du moment où on aura les collectivités avec nous, ce qui est le cas, où on aura les investisseurs, ça se passe plutôt bien, les banques suivront. Pour replacer le club dans le Top 5 nous avons besoin d’un nouvel équipement parce qu’on a atteint un plafond de verre, on ne peut pas faire plus en termes de billetterie. Le projet est bon, tout le monde en a convenu, mais jamais en même temps. J’espère vous dire prochainement que toutes les planètes sont alignées.

Comme vous, Martial Bellon est arrivé à la tête de la SIG en tant que pacificateur avant de finalement rester président pendant 13 ans. N’avez-vous pas envie de poursuivre l’aventure ?

On verra… (il sourit). Ce n’est pas tout à fait la même réponse que j’avais donné il y a trois mois (lors de sa prise de fonction), j’avais alors une feuille de route et une durée. Je voulais organiser des élections en juin, mais on aurait eu un quatrième président pour la même mandature, élu pour un an donc. Les actionnaires voulaient que j’aille jusqu’au bout du mandat, en juin 2025.

Vous vous êtes pris au jeu ?

Oui, très clairement (il sourit). Ce serait mentir que de dire l’inverse et comme vous l’avez compris, mentir, ce n’est pas quelque chose que je fais souvent… S

Christophe Lasvigne

Laurent Auvray Rebond favorable

Président du Strasbourg Alsace Rugby (SAR), la structure qui a succédé au Rugby Club de Strasbourg après sa liquidation judiciaire en 2019, Laurent Auvray revient sur le chemin parcouru ces cinq dernières années en précisant les perspectives qui s’offrent aujourd’hui à elle.

Le 25 février 2019. Le Tribunal de grande instance de Strasbourg prononce la liquidation judiciaire du Rugby Club de Strasbourg, incapable de faire face aux dettes colossales qu’il a accumulées. Bien plus qu’un coup de marteau, c’est un coup de massue qui s’abat alors sur les joueurs du club alsacien, contraints, séance tenante, de ranger les crampons. Partenaire du club, Laurent Auvray fait alors son entrée au sein du comité directeur de la nouvelle entité sportive qui voit presque aussitôt le jour, le Strasbourg Alsace Rugby. Si l’équipe première est condamnée au repos pour le reste de la saison, les équipes de jeunes sont quant à elles autorisées à poursuivre leur championnat sous leur nouvelle bannière.

ON A AVANCÉ ÉTAPE

PAR ÉTAPE

Après le départ du président Laurent Neuerburg en janvier 2021, Laurent Auvray prend les rênes du club. « On est reparti de zéro », rembobine-t-il, « en faisant table rase du passé, avec une

Laurent Auvray
Olivier Métral Sabrina Schwartz

nouvelle équipe, un nouveau projet et la volonté de se défaire de l’image d’un club prétentieux ». Pas question pour lui de rééditer les erreurs du passé. « Pendant cinq ans, on a avancé étape par étape pour stabiliser la situation, rechercher de nouveaux partenaires et renforcer notre mission de formation en s’appuyant sur nos forces vives ».

Aujourd’hui, le SAR, dont le budget annuel s’élève à 650 000 euros, compte 350 licenciés, dont 140 à la seule école de rugby et 45 féminines. L’équipe première, qui caracole en tête de sa poule en Fédérale 3 sous la houlette de Johémy Petit et de Johny Brancherie, son jeune duo d’entraîneurs, est composée à 80 % de joueurs de moins de 23 ans issus de la formation du club. « Notre but aujourd’hui, au travers notamment de notre centre d’entraînement labellisé et de notre section sport-études au collège Notre-Dame-de-Sion et au Lycée SainteClothilde, est d’amener nos jeunes le plus haut possible, tout en les accompagnant dans le monde adulte ». Le récent partenariat avec le club d’Oyonnax, qui

évolue en Top 14, participe de cette volonté d’aguerrir non seulement les jeunes talents du club, mais aussi son staff aux exigences du haut niveau.

OBJECTIF FÉDÉRALE 2

Parallèlement à son rôle sportif et éducatif, le SAR multiplie les initiatives pour valoriser ses infrastructures et générer de nouvelles ressources, en complément de celles apportées par ses partenaires. « C’est fondamental pour faire grandir le club ».

Tourangeau d’origine, Laurent Auvray dit rendre aujourd’hui au sport ce qu’il lui a donné, après avoir connu une honorable carrière d’ailier droit à l’AS Strasbourg avant de s’écarter du monde du ballon rond pour rejoindre celui de l’Ovalie. Bien sûr, l’objectif sportif de la saison est de faire grimper l’équipe une à l’échelon supérieur. « On a besoin de cette légitimité sportive pour pouvoir se développer ». Le chemin reste toutefois encore long jusqu’aux phases finales, qui décideront ou non de cette accession en Fédérale 2. S

« Bien sûr, l’objectif sportif de la saison est de faire grimper l’équipe une à l’échelon supérieur. »
Laurent Auvray
Le SAR au stade de rugby de Hautepierre.

HORS-JEU !

LE SPORT S’INVITE

AU VAISSEAU

Depuis le 24 février 2024, le Vaisseau passe l’année sous le signe des JO avec une exposition sur le sport visant à sensibiliser petits et grands.

Marine Dumény Stéphane Roy – DR
« L’ARTISTE

PIERRE LARAUZA

A ÉTÉ CONVIÉ POUR L’OCCASION À PRÉSENTER

DEUX ŒUVRES,

DONT UNE VIVANTE. »

L’année 2024 est celle des défis sportifs. Pour le Vaisseau, il s’agira plutôt d’éveiller les curiosités. Qu’est-ce qu’un athlète ? Quelle est la discipline la plus atypique ? Perdre, est-ce simplement ne pas gagner ? Peut-on avoir un corps hors normes et être sportif ? Autant d’interrogations dont les enfants de 7 à 12 ans peuvent s’approprier les réponses depuis le 24 février.

L’artiste Pierre Larauza a été convié pour l’occasion à présenter deux œuvres, dont une vivante. Intitulée Hors-jeu ! et labélisée Terre de jeux et Olympiade culturelle, l’exposition propose une expérience immersive et subversive, encourageant les visiteurs à reconsidérer le sport à travers différentes expérimentations. L’exposition est accessible les jours d’ouverture du Vaisseau, avec le tarif inclus dans le billet d’entrée (12 euros). Elle s’adresse aux 7 à 12 ans.

Fidèle à la philosophie de la salle, l’exposition s’éloigne des sentiers battus des salles classiques pour plonger les visiteurs dans un univers captivant, mettant en lumière la richesse et la diversité du monde du sport. Inspirée par l’étude de l’OMS en 2019 sur la sédentarité chez les enfants, l’exposition explore les notions de sport et d’athlète tout en encourageant l’activité physique. La scénographie ingénieuse de l’exposition transporte les visiteurs dans un récit visuel, en mettant en avant des disciplines nées dans des quartiers urbains underground avant de conquérir les scènes internationales, telles que le skate, le foot, et le breakdance.

LUDIQUE ET SCIENTIFIQUE :

LE SPORT SOUS

UN AUTRE ANGLE

Les thèmes sont présentés de manière ludique, favorisant la participation active des enfants. Des manipulations telles que « Un animal à la rue » mettent en perspective les performances humaines par rapport à celles des animaux, tandis que « Le parterre de l’imaginaire » invite à envisager de nouveaux sports. Le volet scientifique est assuré par un comité large comprenant des experts en sciences du sport et de la physiologie.

Plusieurs espaces sont organisés dans l’optique de susciter l’interaction et l’émerveillement des enfants :

� Cul-de-sac de loosers : un espace dédié à l’apprentissage de la défaite, enseignant

Mars | Mai

Amours (2)

Joël Pommerat

12 | 16 mars

SAIGON

Caroline Guiela Nguyen

19 | 26 mars

Cosmos

Kevin Keiss, Maëlle Poésy | Maëlle Poésy

3 | 7 avril

Vielleicht

Ludovic Chazaud, Noémi Michel | Cédric Djedje

12 | 19 avril

LACRIMA

AVANT-PREMIÈRES

Caroline Guiela Nguyen 14 | 18 mai

Le Chant du père

Hatice Özer 22 | 29 mai

Koudour

Hatice Özer

24 | 25 mai

aux enfants la valeur de l’échec et la possibilité d’en tirer des leçons.

� Allée des sports louches : explore les sports inhabituels, dévoilant ce qui se trouve à côté de ce qui est connu, tout en soulevant des questions sur ce qui peut être considéré comme un sport.

� Place des « bons corps » : aborde la question de la diversité corporelle et de l’inclusion dans le sport, en mettant en lumière des athlètes qui défient les normes établies

L’exposition explore également des sujets contemporains tels que l’eSport au « Cyber Café », la pétanque inclusive en tant que discipline paralympique, et la catégorisation des genres dans « Les feux de la rampe », encourageant ainsi la discussion et la réflexion.

ART ET SCIENCE : CONNIVENCE DE CIRCONSTANCE

Des œuvres vivantes et sculptées ajouteront une dimension artistique à l’exposition. Issues des travaux de Pierre Larauza, artiste interdisciplinaire français. Il est artiste-chercheur, architecte de forma-

tion. Sculpteur, chorégraphe et chercheur en art, il est titulaire d’un doctorat en Art et sciences de l’art sur la sculpture documentaire, mené à l’Université Libre de Bruxelles et à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Depuis 2003, il vit et travaille à Bruxelles. Co-fondateur de la compagnie de danse t.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e, il collabore avec la danseuse et chorégraphe Emmanuelle Vincent. Une œuvre vivante de la compagnie, mêlant danseurs professionnels et personnes âgées, appuiera la réflexion sur les corps adaptés aux sports.

Son travail artistique vise à fusionner l’art et le sport dans une approche documentaire et ludique, explorant le mouvement à travers la sculpture, les spectacles et les films de danse.

Il a présenté ses œuvres dans plus de vingt-cinq pays, mettant en lumière des figures sportives telles que la patineuse Surya Bonaly, ainsi que les athlètes Dick Fosbury et Mike Powell. En 2019, il a rencontré Mike Powell à Los Angeles pour discuter de son travail et approfondir sa compréhension des sensations et du saut de l’athlète. Il s’agit d’une des œuvres présentées au Vaisseau en parallèle de l’exposition Hors-Jeu ! a

« SON TRAVAIL ARTISTIQUE VISE À FUSIONNER L’ART ET LE SPORT DANS

Exposition Hors-jeu !

Le Vaisseau 1 bis, rue Philippe Dollinger (Fermeture lundi et jeudi) levaisseau.com

Tokyo, œuvre de Pierre Larauza.

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COUP D’ENVOI STRASBOURG PRÊTE À LIRE

NOTRE MONDE

Le 23 avril marquera le coup d’envoi de Strasbourg, Capitale mondiale du livre 2024, avec une Grande lecture qui fera résonner les beaux mots dans la capitale européenne et ses quartiers, comme « un acte de gratitude aux livres ». Sans élitisme.

De gauche à droite Anne Mistler, François Wolfermann et Anne-Marie Bock

Jamais une ville française n’avait été labellisée Capitale mondiale du livre par l’UNESCO. Après Accra en 2023 et avant Rio de Janeiro, en 2025, ce privilège revient à Strasbourg dès le 23 avril. Pour inaugurer ce temps fort de la vie strasbourgeoise, qui mettra la lecture sous toutes ses formes à l’honneur durant un an, place à une Grande lecture qui se déclinera dans pas moins de 150 lieux strasbourgeois du 23 au 28 avril, de la plateforme de la cathédrale aux centres socioculturels, en passant par les musées, les Bains municipaux, l’espace public, la villa Oppenheimer, les médiathèques ou les mairies de quartier.

« Nous avons construit la Grande lecture comme un programme artistique, avec l’envie d’insuffler une belle énergie dans les lieux de travail, les crèches, les maisons de retraite, l’espace public... Partout. Qu’elle soit un moment de rassemblement où chacun, avec sa langue, sa culture, puisse partager le plaisir de lire », confie Anne-Marie Bock, cheffe de projet. Construite « comme une cartographie géante, la Grande lecture, c’est un acte de gratitude aux livres, avec l’envie depuis Strasbourg de délivrer ce message », poursuit son directeur artistique, François Wolfermann.

Comédiens et auteurs déclameront ainsi des textes nés à Strasbourg, des discours de Charles de Gaulle et Winston Churchill depuis le balcon de l’Aubette à ceux de Simone Veil, Nelson Mandela, François Mitterrand, Greta Thunberg, ou Barack Obama... « Mais sans intimider les gens, l’idée est de faire venir à eux ces textes qui ont marqué l’Histoire et qui ont été prononcés à Strasbourg », souligne François Wolfermann.

CENT CINQUANTE LIEUX INÉDITS, EMBLÉMATIQUES, OU FAMILIERS POUR LA LECTURE

Au-delà de l’aspect protocolaire de l’événement, La Grande lecture se veut être une scène ouverte tant au centre-ville que dans les quartiers où les habitants sont

« LA

GRANDE LECTURE, C’EST UN ACTE DE GRATITUDE AUX LIVRES. AVEC L’ENVIE DE DÉLIVRER

CE MESSAGE DEPUIS

STRASBOURG. »

François Wolfermann, directeur artistique.

invités à lire à voix haute, écrire et lire, encadrés par quelque deux cents bénévoles Ambassadeurs de la lecture.

« Strasbourg est une ville qui lit, rappelle Anne Mistler, adjointe à la maire aux arts et à la culture, à l’initiative de la candidature strasbourgeoise. La Grande lecture est aussi un hommage aux vingt mille abonnés des médiathèques, à nos vingtcinq librairies indépendantes, à nos événements telles les Bibliothèques idéales. La Grande lecture, c’est aussi rappeler et poser la question des droits culturels, de la censure, l’accès à la liberté de lire à travers le temps et l’espace qui peut toucher partout. »

L’événement traversera ainsi la frontière avec la mise à disposition des livres brûlés par les nazis sur la place du marché de Kehl. Des documents et des livres réunis également dans nos médiathèques pour se souvenir... Une occasion aussi de rendre hommage à Kehl, ville d’édition de l’œuvre complète de Voltaire. De faire découvrir les textes des situationnistes au carrefour du boulevard de la Victoire. « L’Histoire, nos racines, peuvent se diluer dans le temps, moi-même je redécouvre plein de choses », sourit Anne-Marie Bock.

Le tout dans un esprit populaire où tous les genres, tous les supports, seront

mis en avant, que ce soit la lecture historique, littéraire, musicale, architecturale, ou cinématographique. À travers la musique classique, le rap, le slam, la chorale des troubadours. Par des jeunes, des moins jeunes, des orateurs. Dans toutes les langues du monde. En Alsacien et en Breton. Par des auteurs mondialement connus et des auteurs régionaux. Place du Château ou dans un Bibliobus. « Personne ne doit se sentir exclu, au contraire, la lecture rapproche et ouvre l’imaginaire », appuie Anne Mistler. « La journée d’inauguration va s’ouvrir avec la langue des signes et la langue en braille. Mais cette fois, pas pour illustrer nos propos, et c’est une première », ajoute François Wolfermann.

Ou la Grande lecture comme une invitation à s’ouvrir, rythmée par la journée mondiale du livre et du droit d’auteur le 23 avril, le lancement des Rencontres de l’illustration le 24, la fête des librairies indépendantes le 25, et le week-end inaugural du 26 au 28 avril, comme une lecture perpétuelle. a

Strasbourg, Capitale mondiale du livre du 23 avril 2024 au 22 avril 2025. Le programme sur lirenotremonde.strasbourg.eu

CHORÉGRAPHIE L’EXTRAORDINAIRE DESTIN DE PIPPA

Déjà enthousiaste sur l’état d’avancement de la création de sa comédie musicale Rififi (lire ci-après), c’est Jean-Luc Falbriard qui nous a immédiatement parlé d’une « des chorégraphes les plus connues de la scène mondiale » avec qui il collaborait étroitement. Et nous avons rencontré Pippa Simmons. C’était juste avant les fêtes de fin d’année et tout à coup, le bar du grand hôtel strasbourgeois qui nous accueillait s’est mis à pétiller de toutes parts. Sacré bout de femme !

Pippa Simmons à droite.

Je suis née à Londres, en 1947. Deux ans et demi plus tard, constatant que je marchais très mal, ma maman en a parlé à notre médecin de famille, qui, en véritable visionnaire qu’elle était, du moins pour l’époque, lui a recommandé de m’inscrire à une école de danse. À cette époque, et ça subsiste encore aujourd’hui, chaque banlieue de Londres avait son école de danse pour jeunes filles, avec des profs qualifiés. Dès deux ans et demi, j’ai donc dansé et jusqu’à l’âge de dix ans, j’ai franchi toutes les étapes, les festivals, les examens très rigoureux… Mais, arrivée à l’âge d’entrer au collège, j’ai échoué à l’examen d’entrée. Mon père s’est retrouvé avec un dilemme : il y avait le choix entre une école de secrétariat qui accueillait les filles en

échec et, comme j’étais plutôt douée pour la danse, m’inscrire dans cette école, Arts Educational, qui est devenue depuis ArtsEd, la plus importante école indépendante d’arts du spectacle d’Angleterre. Je dois reconnaître que Papa s’était "serré la ceinture" comme on dit en France pour me payer cette école. À la fin des années cinquante, 45£ par trimestre, était une petite fortune !... J’ai suivi tout le cursus de cette école, jusqu’aux examens pour devenir professeur, notamment ce défi d’avoir à son actif au moins 49 semaines de tournées en province avant de pouvoir enfin passer des auditions… » Entre-temps, Pippa se souvient d’avoir fait sa première émission de télévision (un énorme événement à l’époque) à l’âge de onze ans. À l’âge de

quinze ans, ce fut sa première audition, pour Funny Girl avec Barbra Streisand : « On était plus de deux cents à attendre autour du quartier où se situait le théâtre des auditions, on rentrait vingt par vingt. C’était vraiment Chorus Line (une allusion à une comédie musicale américaine célèbre mettant en scène de jeunes danseuses et danseurs en audition – ndlr ), c’était toi, toi, toi… merci, les autres, donnez vos coordonnées. Les auditions ont duré une semaine !… » se souvient Pippa qui parle encore avec beaucoup d’émotion dans la voix de l’issue de cette sélection. Presque arrivée au but du processus après avoir été retenue de prime abord, elle n’a pu intégrer la troupe : trop petite pour pouvoir être associée avec un danseur !

Jean-Luc Fournier Nicolas Rosès – Bartosch Salmanski – DR

« C’EST UN PROJET

MAGNIFIQUE, RÉSOLUMENT

CENTRÉ SUR LA COMÉDIE

MUSICALE À L’AMÉRICAINE.

JE PENSE MÊME QUE RIFIFI POURRAIT LARGEMENT AVOIR UNE AUDIENCE BIEN AU-DELÀ DE LA SEULE ALSACE… »

À peine le temps de surmonter la déception (« on nous avait préparées à ce type de situation dès notre école », dit-elle), Pippa connaîtra finalement le plaisir d’assumer une intense activité : « J’ai fait énormément de télé, j’ai tourné beaucoup de films, je me souviens d’un de mes premiers, c’était Oh ! que la guerre est belle avec Jean-Pierre Cassel, une pure merveille que ce film… » ajoute-t-elle avec une belle émotion dans la voix. « Pour gagner sa vie, chaque danseur comme moi avait son cabaret-club attitré, deux spectacles par nuit, un Kirwiller en miniature… » ajoute-t-elle en riant.

« J’AI

TOUJOURS ÉTÉ TRÈS PHILOSOPHE… »

C’est dans ce cabaret que va se produire un véritable drame qui marquera à jamais la vie de Pippa. Un soir, en empruntant un escalier abrupt pour changer à la volée de costume entre deux rôles, c’est l’accident : la chute, si violente qu’une de ses jambes casse net une chaise en deux. Pippa s’accrochera pendant un mois, mais se résoudra à consulter un méde-

cin qui sera clair. « Tu veux danser ou tu veux perdre ta jambe ? ». Six mois d’immobilisation totale vont suivre. « Au bout de six mois, dans ce monde draconien qu’était le showbusiness à Londres, tu étais oubliée. Et même si tu étais rétablie, tous les producteurs, tous les metteurs en scène ne pouvaient que se méfier en se disant que tu pouvais faire une rechute… »

Pour autant, et encore aujourd’hui, Pippa Simmons estime que ce ne fut pas une véritable catastrophe : « J’ai toujours été très philosophe », confie-t-elle, « et j’ai décidé de faire l’école hôtelière dans l’intention de pouvoir ouvrir un restaubar-cabaret. J’ai réussi l’examen sans problème et je me suis retrouvée à la campagne dans un hôtel-restaurant tenu par un pianiste-saxophoniste fou qui passait ses soirées au bar, à picoler les bénéfices, alors que je faisais marcher son établissement ! Mais c’est là que j’ai fait la connaissance d’un homme annoncé comme très important, venu séjourner à l’hôtel un soir avec sa famille. C’était l’un des dirigeants d’une très grande chaîne hôtelière

au niveau mondial et il m’avait laissé sa carte me disant : “Si un jour, vous avez un projet et si vous avez besoin d’un coup de main dans votre carrière…”. J’ai pensé à lui quelques temps plus tard, j’ai osé l’appeler et un mois après, je me suis retrouvée à travailler dans le secteur de la restauration… à Strasbourg ! »

À partir de là, tout s’enchaînera presque idéalement jusqu’à ce que Pippa, assez entière, décide de quitter le poste : « Nous n’étions pas d’accord sur tout », dit-elle pudiquement. En ce début des années 1980, le « démon » de la danse et de la chorégraphie ne l’a pas quittée : un premier accord avec la Maison des jeunes de Drusenheim sur des cours de danse façon jazz américain tout à fait inédit dans la région, et même en France : « Les Français sont très franco-français sur la question artistique », commentet-elle avec malice. Puis Soufflenheim, Brumath, Lauterbourg, entre autres, font appel à Pippa. La chorégraphe fait face, armée de sa seule « Simca 1100 en ruine et d’un “cassettophone” guère plus vaillant » pour donner ses cours chaque soir de la semaine dans les villages alsaciens.

Beaucoup de spectacles annuels dans chaque village seront ainsi montés. Ces années-là seront également marquées par un événement important : « Au milieu des années 1980, j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari. Mon fils est né et j’ai voulu l’élever. J’ai tout arrêté, mais en 1993, je l’ai jugé assez âgé pour reprendre mes cours et mes spectacles. »

« LA DANSE FAIT PARTIE INTÉGRANTE DU SCÉNARIO »

Tout se passera harmonieusement et il faudra même, en 2007, la création d’une association, Pippa on Scene, pour faire face au développement de l’activité. La présence d’une salle à sa disposition, dans le village de Pfaffenhofen où elle réside, contribuera grandement à l’essor de l’association.

Et c’est lors d’un des spectacles montés par Pippa on Scene que la connexion avec Jean-Luc Falbriard va s’effectuer.

Début 2022, Romain Schmitt, un musicien avec lequel Pippa Simmons collabore régulièrement, lui parle du projet Rififi, « une grande comédie musicale à l’américaine dont je suis l’auteur des musiques, je suis sûr que tu peux t’occuper de la chorégraphie… » lui dit-il. Il ne faudra pas plus d’une réunion, suivie « d’un repas un peu trop copieux pour moi » se souvient Pippa, pour que la chorégraphe soit séduite par le projet présenté par le patron de l’Espace K. « C’est un projet magnifique, résolument centré sur la comédie musicale à l’américaine. Je pense même que Rififi pourrait largement avoir une audience bien au-delà de la seule Alsace… » commente Pippa.

Pour l’heure, elle a supervisé, avec JeanLuc Falbriard, les auditions pour les danseuses et les danseurs. « Elles m’ont ravie, je suis super contente du résultat. Mais j’ai déjà convenu avec Jean-Luc que je serai également aux répétitions des acteurs et aux répétitions des chants et des musiciens. Sans la perception du global, mon travail n’a pas de sens : je ne peux pas prendre un morceau de musique et imaginer une danse. C’est là que se situe le succès des comédies musicales anglosaxonnes : la danse fait partie intégrante du scénario. Je vais être complètement associée à la partie mise en scène que Jean-Luc va assurer… » Ça promet… a

RIFIFI

« UN

VRAI DÉFI, UN PROJET FOU… »

Jean-Luc Falbriard est quasi intarissable quand il évoque Rififi « C’est un vieux rêve : celui d’offrir aux spectateurs un grand moment hors du temps qui va leur offrir une belle gamme de sensations, entre la joie et le plaisir. Pour moi, tout est fait pour qu’ils puissent rire et s’émerveiller en tombant amoureux des personnages, en voyageant et en fredonnant les chansons qu’ils auront entendues durant le show. Et pourquoi pas, en esquissant un pas de danse… Tout ce que des grands succès comme Singing in the rain, Funny Girl, 42e Rue ou encore Victor, Victoria ont provoqué sur les spectateurs américains en leur temps… »

Jean-Luc Falbriard ne cite pas ces succès des comédies musicales américaines au hasard. Toutes se déroulent dans les milieux du spectacle des cabarets ou du cinéma outre-Atlantique. On passe ainsi des coulisses du spectacle à sa réalisation sur scène, des petites intrigues des coulisses aux numéros sur scène et en pleine lumière. Sans trahir de secret sur la future comédie musicale Rififi, son scénario sera fortement imprégné de ce fameux baskstage musical.

Pour l’heure, après les auditions du printemps et de l’automne derniers que Pippa Simmons évoque dans son entretien, les répétitions débutent en ce début mars. Elles se poursuivront selon un calendrier intense jusqu’à la fin septembre prochain. Tout devrait être alors quasiment prêt pour les avant-premières du 1er au 3 octobre et les trois coups de la Première le soir du 4 octobre prochain, prélude à seize autres représentations à l’Espace K durant tout le mois.

Or Norme suivra toutes les étapes de la création de Rififi Rendez-vous dans notre numéro 53 qui sortira début juin prochain.

IA PLONGÉE AUX RACINES DU CHANT GRÉGORIEN

Il faut entendre Dominique Gatté évoquer ces moines partis à la recherche du « chant grégorien le plus authentique possible » à travers l’Europe de la fin du XIXe siècle. D’abbaye bénédictine en abbaye bénédictine, ces clercs téméraires ont entrepris une immense collecte de manuscrits – reproduits à la main ou en photographie – diligentée en 1860 par Dom Guéranger, père abbé de l’abbaye de Solesmes dans la Sarthe.

« D e sacrés périples ! », s’enthousiasme Dominique en évoquant ces moines qui par groupes de deux ou trois traversaient les Alpes en transportant appareils photographiques et plaques de verre. Théologien, médiéviste et musicologue, ce chercheur strasbourgeois est aujourd’hui plongé dans tout ce matériel consigné entre 1905 et 1914, par groupes de huit, dans de grandes plaques cartonnées qui ont assuré la conservation de… 490 000 chants grégoriens. Au début du XXe siècle, le travail de sauvegarde de cet immense patrimoine a été confié par le pape Pie X à l’abbaye de Solesmes qui le mène sans relâche depuis plus d’un siècle. Sa valorisation a quant à elle été lancée en janvier 2023 grâce au programme européen Repertorium doté de 3 millions d’euros et voué à protéger les racines musicales de notre continent grâce à l’Intelligence artificielle.

UN PROJET EUROPÉEN TRANSFRONTALIER

Comme tout projet européen, Repertorium implique une dimension transfrontalière.

Dominique Gatté, chercheur, théologien, médiéviste et musicologue.
Véronique Leblanc Alban Hefti

L’Association de Musicologie Médiévale  au sein de laquelle travaillent les Français Dominique Gatté et Dominique Crochu, également expert reconnu en chant grégorien, est ainsi membre d’un consortium composé de douze autres associations et universités réparties sur le continent.

« Au quotidien, nous travaillons essentiellement avec les universités d’Alicante (pour l’IA) et de Madrid (pour la musicologie) » précise Dominique Gatté. Avec l’autre Dominique, ils se sont attelés depuis mai dernier à l’indexation et à la numérisation de quelque 400 000 photographies grâce à un outil de reconnaissance optique favorisant l’extraction des données, des paroles à la mélodie.

« À ce stade, remarque le Strasbourgeois, j’ai encore du mal à imaginer ce que l’IA nous permettra, mais c’est tout l’intérêt de la recherche : explorer des pistes. Il est certain toutefois qu’elle nous aidera à établir des comparaisons et à trouver des chants plus facilement ». Des chants, dont certains n’ont plus été entendus depuis des siècles…

UNE NOTATION ÉNIGMATIQUE

Tirés en négatif par les moines, mais parfaitement lisibles, les manuscrits sur lesquels travaillent les deux Dominique ont très belle allure. Ornés de lettrines, ils sont pour la plupart complétés d’un système de notation musicale énigmatique aux yeux des profanes.

« Il s’agit des neumes », précise Dominique Gatté, « un mot dont l’étymologie se rapproche de celle de “pneumatique” : le souffle. Ce système de notation est apparu au IXe siècle, lorsque Charlemagne a réclamé une unification de la liturgie qui a entraîné une réflexion sur la manière d’écrire la musique. Le problème, c’est que ce système ne donne pas la hauteur des notes, ces partitions sont comme des pense-bêtes qui ne sont utiles qu’à ceux qui connaissent déjà la mélodie. Les portées à quatre lignes qui ont permis d’affiner la notation et la transmission des chants sont quant à elles apparues au XIe siècle, sous l’impulsion de Guy d’Arezzo ».

Revenant sur le travail pharaonique réalisé par les moines de l’abbaye de

« VENU DU PLUS HAUT MOYEN ÂGE

CE PATRIMOINE

MUSICAL REVIT APRÈS UN LONG SOMMEIL. »

Solesmes à la fin du XIXe siècle, le chercheur rappelle combien cette collecte a été essentielle à une époque où le chant grégorien était « un peu oublié » après la Révolution française.

Dom Guéranger a donné son élan à la recherche musicale médiévale et il l’a fait en envoyant ses émissaires au travers de cette prémice d’une Europe unie que représentait le réseau des abbayes bénédictines. Pionnier de la musicologie médiévale, l’abbé visionnaire a ainsi fait de son abbaye un des hauts lieux du chant grégorien sans toutefois imaginer que plus de 170 ans plus tard elle se retrouverait à nouveau au cœur d’un projet européen impliquant l’intelligence artificielle, une technologie qu’il n’aurait en aucun cas pu imaginer.

LE RÉVEIL D’UN CHANT SACRÉ

Venu du plus haut Moyen Âge, ce patrimoine musical revit après un long sommeil et, souligne Dominique Gatté, « il va pouvoir franchir la clôture qui en réserve la consultation aux hommes. Les femmes y auront désormais accès, qu’elles soient chercheuses ou amatrices. »

Ces chants sacrés pourront aussi être écoutés par le plus grand nombre puisqu’une fois digitalisés et catalogués, plus de 2 000 d’entre eux seront enregistrés à l’abbaye Notre-Dame de Fidélité de Jouques avant d’être répertoriés sur l’application Neumz mise au point par l’ingénieur du son John Anderson avec qui Dominique Gatté et Dominique Crochu travaillent depuis plusieurs années. Ils retrouveront ainsi leur dimension spirituelle, se réjouit Dominique Gatté en rappelant que le Concile de Vatican II a fait du chant grégorien la prière officielle de l’Église catholique. Une annonce très solennelle, mais paradoxalement peu suivie d’effets puisque la période postconciliaire a vu l’abandon progressif des recherches le concernant…

Plus d’un demi-siècle après le concile, le projet européen hors du commun auquel sont associés Dominique Crochu et Dominique Gatté semble marquer une étape importante pour la remise à l’honneur de ce chant sacré.

Et l’on ne peut qu’en s’en réjouir. a

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CHRISTINE OTT ET LÉA BARBAZANGES ÉCLATS D’UNE

COMPLICITÉ ORGANIQUE

« Une rencontre entre deux personnes et deux univers artistiques »… C’est par ces mots que Christine Ott et Léa Barbazanges définissent leur collaboration autour de l’album Éclats (Piano Works) sorti en fin d’année dernière sous le label britannique Gizeh Records.

Multi-instrumentiste et compositrice, Christine enseigne au Conservatoire de Strasbourg les liens entre musique et cinéma ainsi que les Ondes Martenot, un des plus anciens instruments de musique électronique. Elle a d’ailleurs été l’une des premières ondistes à tourner avec Yann Tiersen, Tindersticks ou Chilly Gonzales. Plasticienne reconnue formée à la Haute École des Arts du Rhin, Léa a quant à elle développé un foisonnant univers de matières organiques et minérales. Son œuvre MicaPenrose est actuellement visible au Musée d’art moderne et contemporain.

Christine Ott à gauche et Léa Barbazanges.

Leur rencontre, « il y a deux ou trois ans », est née d’une discussion de Christine avec Isaak Rensing, son voisin d’atelier au Port du Rhin, carrossier artisan d’art.

Au détour d’une conversation sur les plantes sauvages dans l’atelier d’Isaak, Christine a découvert une œuvre de Léa. Elle a été immédiatement saisie par la beauté et la délicatesse de cette feuille de fougère estampée dans l’aluminium.

UNE « ANTHOLOGIE »

AU PIANO

Intimidées, l’une et l’autre ont appris à se connaître « par petites étapes ». Christine a invité Léa et Isaak aux projections en cinéconcert de plusieurs films pour lesquels elle avait créé une composition originale : Manta Ray de Phuttiphong Aroonpheng, Nanook l’esquimau de Robert Flaherty et Lotte, mon amour, créé à partir de quatre

Véronique Leblanc Alban Hefti – Gizeh Records

courts métrages de Lotte Reiniger, réalisatrice allemande de la première moitié du XXe siècle, pionnière du cinéma d’animation et magicienne des ombres chinoises. L’un des douze morceaux de Éclats, Die Jagd nach dem Glück (à la poursuite du bonheur) est d’ailleurs un extrait de cette bande originale.

L’album est une « anthologie enregistrée sur un temps long », résume Christine. « Certaines pièces comme Étreintes ou Amours étoilés l’ont été en 2016, d’autres comme Clouds of Dreams , beaucoup plus récemment. Pour Éclats, dit-elle, le premier geste de la composition est issu de l’improvisation au piano, instrument avec lequel j’entretiens un lien fort, digital et organique ».

LA BEAUTÉ DU VIVANT

Le piano est un instrument que Léa affectionne « profondément et intimement ». « Dans ce dernier album, dit-elle, on découvre la puissance du travail personnel de Christine, seule au piano », une intimité personnelle et artistique au diapason de la beauté du vivant. « J’ai apprécié Pluie d’arbres autant qu’un concerto de Beethoven », confie la plasticienne. Quand Christine lui a demandé si elle pouvait utiliser certaines de ses œuvres pour son prochain album, Léa raconte être restée sans voix.

Léa, Christine et Mathieu Gabry (Snowdrops), musicien, ami et collaborateur avec qui cette dernière partage un studio au Port du Rhin, ont choisi ensemble les Optiques , comme une évidence. Ces douze photographies de cristaux rappellent la forme des outils d’observation du réel qui échappe par sa dimension à l’œil humain, comme les lunettes astronomiques ou les boîtes de Pétri. L’échelle de l’objet photographié semble indéterminée, tout comme la nature de l’objet minéral, graphiquement proche du végétal. Cette indécision permet de mieux comprendre l’interdépendance des règnes et des formes dans l’univers. Tout est organique et lumineux tant dans la musique de Christine que dans les Optiques de Léa. Et l’on ne peut que rêver – comme elles le font elles-mêmes – à ce que leur collaboration se poursuive. a

Le club des partenaires 2024

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LE JOUR OÙ… GUTENBERG A (SANS DOUTE) INVENTÉ L’IMPRIMERIE À STRASBOURG

Désignée Capitale mondiale du livre 2024 par l’UNESCO, Strasbourg doit forcément une fière chandelle à Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg, Allemand de Mayence exilé dans la capitale alsacienne il y a près de six cents ans où il a très certainement conçu le procédé de l’imprimerie.

Le problème avec les génies, c’est que leur esprit est insondable, on ne sait jamais trop ce qu’ils ont en tête. Eux non plus la plupart du temps d’ailleurs et c’est ça qui est formidable. Ça cogite, ça bouillonne, ça tourbillonne en permanence, ça se gratte la tête en maugréant des trucs incompréhensibles et, au final, personne ne sait quand a germé l’idée qui va un jour bouleverser le cours de l’histoire. « Eurêka » dira l’un, « J’ai trouvé ! » se féliciteront ceux qui n’avaient pas fait grec en LV1, mais pareillement passé des années à chercher et à expérimenter ce dont ils avaient la prescience. Si l’invention fait date, la genèse, elle, reste souvent un mystère.

Impossible ainsi de déterminer à quel moment de sa vie Johannes Gensfleisch a conçu l’idée de la machine à imprimer qui allait changer la face du monde. Et si les historiens en débattent encore, bien que de plus en plus mollement au fil du temps, c’est que de cette date de conception dépend la part d’héritage. En attendant qu’elle soit clairement établie, si tant est qu’elle le soit un jour, chacun peut donc revendiquer la paternité de l’invention et ça fait des histoires pas possibles. Dans le cas de l’imprimerie par exemple, la ville de Mayence est, pour ce qui concerne l’Occident en tout cas, indubitablement dans son bon droit quand

elle réclame sa place à la table de l’Histoire puisque c’est dans ce coin d’Allemagne situé à un peu moins de 200 km de Strasbourg et près de Francfort que le premier livre majeur (une bible de 42 lignes) est sorti des presses. C’est un fait, prouvé, imparable.

Mais s’il s’avère, comme on fait plus que le supposer depuis que l’humaniste sélestadien Jacques Wimpheling l’a écrit en 1505, que c’est à Strasbourg que Gutenberg a peaufiné son idée postérieurement développée de l’autre côté du Rhin, alors l’Alsace et sa capitale seraient le berceau ou au moins l’un des berceaux de l’imprimerie et, évidemment, question postérité, ce n’est pas la même chose.

Six cents ans bientôt que le débat agite les spécialistes de la question et que les deux villes revendiquent la paternité du procédé, chacune y allant de sa statue du grand homme et de son « parcours » dont aucun office de tourisme digne de ce nom ne saurait faire l’économie.

Les deux points de vue, celui de Mayence et celui de Strasbourg, se défendent très bien. Car même s’il est né à Mayence aux alentours de 1400, Johannes Gensfleisch, troisième enfant de Friele Gensfleisch zur Laden, orfèvre de profession et négociant (d’étoffes) à ses heures, et de son épouse Else Wirich, a passé dix années de sa vie d’adulte à Strasbourg.

La statue de Johannes Gutenberg réalisée par David D’Angers et installée en 1840 à Strasbourg.

« AU FINAL, PERSONNE NE

SAIT QUAND A GERMÉ L’IDÉE

QUI VA UN JOUR BOULEVERSER

LE COURS DE L’HISTOIRE. »

Et dix années ce n’est pas rien, c’est en tout cas largement suffisant pour développer un concept.

La vérité oblige à dire qu’on ne sait pas grand-chose de l’existence de celui qui passera à la postérité sous le nom de Gutenberg avant son arrivée en Alsace. Son rang social (il fait partie de la moyenne ou haute, selon les sources, bourgeoisie mayençaise) et son parcours suggèrent qu’il a effectué quelques études universitaires en Allemagne, mais c’est bien tout et c’est assez peu.

Quand il arrive à Strasbourg avec sa famille par la diligence du matin à moins que ce ne fût celle de l’après-midi ou du soir on ne sait pas, Johannes Gensfleisch est un illustre inconnu qui découvre un monde nouveau et qui doit sans doute n’en pas croire ses yeux. Car si Mayence est une ville qui compte, Strasbourg, c’est autre chose. Une autre dimension.

Nous sommes en 1434 et, comme l’écrit l’historien Georges Bischoff dans son délicieux et érudit Le siècle de Gutenberg* , la ville est alors « au faîte de sa puissance politique ». On y construit couvents et églises, on y fait commerce de vin et de tant d’autres choses, on y construit des alliances et des réseaux aussi dans une période trouble où rôdent brigands parfois chevaliers et épidémies mortelles.

Albéric Magnard

Guercœur

Direction musicale

Ingo Metzmacher

Mise en scène

Christof Loy

Chœur de l’Opéra national du Rhin Orchestre philharmonique de Strasbourg

Strasbourg (Opéra) 28 avril-7 mai Mulhouse (La Filature) 26-28 mai operanationaldurhin.eu

« LA CAUSE PREMIÈRE DE CETTE RÉVOLUTION

QUI PERMETTRA DE SORTIR DU SYSTÈME DES COPISTES POUR ENTRER DANS L’ÈRE DE LA DIFFUSION À

GRANDE

Gravure de Jan van der Straet, représentant un atelier d’impression au XVIe siècle (Musée Plantin-Moretus).

JAu mitan du XVe siècle, la capitale alsacienne est en effet une opulente cité d’environ vingt mille personnes. Ville libre d’empire depuis 1262, elle est un carrefour commercial en même temps qu’un centre intellectuel, politique et spirituel qui rayonne bien au-delà de ses fortifications, de la région et du pays. La flèche de la cathédrale n’est pas encore totalement achevée, il faudra attendre cinq ans pour voir l’édifice culminer à 142 mètres de hauteur, ce qui en fera le plus haut monument du monde jusqu’en 1874 et l’érection de celle de Rouen. Gutenberg a donc assisté à cet événement incroyable. Même si rien n’en atteste formellement, on l’imagine mal ne pas se rendre régulièrement sur le parvis encombré de marchands et d’ouvriers, lever les yeux au ciel pour assister à la fin de cette prouesse technique réalisée par l’architecte Jean Hultz qui vient consacrer le génie d’une ville alors à son climax. Il est à l’endroit où il faut être, où il doit être.

Christophe Colomb n’a pas encore découvert l’Amérique, mais le monde s’apprête à sortir du Moyen Âge et à entrer dans un nouvel âge que l’on appellera Renaissance et qui est déjà là. Il sourd, il affleure. Le voilà qui perce par endroits en Alsace donc et au-delà, dans cette grande région rhénane qui voit apparaître l’humanisme et émerger de nouvelles façons de commercer et de pratiquer sa foi alors que la voisine bâloise accueille un concile qui en fera, dix-sept années durant, le cœur vibrant et battant de la chrétienté. Pas tout de suite, mais bientôt quand même (en 1517), Luther placardera ses dix-sept thèses qui viendront bouleverser les âmes. On

le devine, tout ça est un formidable terreau pour le génie.

Strasbourg est d’ailleurs à ce moment-là un incubateur ou, comme le dit Georges Bischoff avec son inégalable sens de la formule, un équivalent postmédiéval de la Silicone Valley. Le pendant ou peu s’en faut de Florence et de Venise.

« La rencontre de Gutenberg et de Strasbourg est le point de départ de la plus belle aventure de l’Histoire et, peutêtre, de la seule révolution de notre ère », écrit encore l’historien strasbourgeois. « C’est elle qui a rendu possible tout ce qui a suivi : la Renaissance, les débordements de l’Europe, les fractures de celle-ci, et les conquêtes de la liberté. On peut y voir la conflagration initiale, le “Big bang” fondateur, l’avènement d’un autre monde. Une cause, un effet, une cause, etc. »

La cause première de cette révolution qui permettra de sortir du système des copistes pour entrer dans l’ère de la diffusion à grande échelle des livres, mais aussi des nouvelles et, partant, du journalisme, c’est donc l’arrivée de ce jeune Allemand d’alors trente-quatre ans à Strasbourg.

Sur les raisons de son périple d’environ 200 km à travers des territoires soumis à la loi du plus fort, on sait là aussi peu de choses, même si les historiens s’accordent pour dire que la famille Gensfleisch zum Sulgeloch a dû fuir Mayence après une révolte du petit peuple en colère contre la bourgeoisie quand bien même serait-elle aussi petite : ce n’étaient pas les raisons de se révolter qui manquaient à l’époque. Voilà en tout cas Gutenberg des idées plein la tête et une vie à refaire dans une ville qui pétille et qui bouillonne. Il installe son atelier le long de l’Ill à la Montagne

Verte où il s’initie à différentes techniques, notamment celles de la ciselure et de la maîtrise des alliages qui favoriseront forcément la conception des caractères d’imprimerie mobiles. Surtout, parce qu’il a besoin de capitaux, il s’associe dès 1438 au bailli de Lichtenau Hans Riff et, quelques mois plus tard, à deux hommes d’affaires nommés André Dritzehn et André Heilmann pour faire vivre une société de fabrication de… miroirs. Tout ça est mystérieux et marqué du sceau du secret. Bientôt six siècles après on ne sait toujours pas vraiment ce que traficotait Johannes dans son atelier. Pas que des miroirs sans doute et pas que de l’orfèvrerie non plus, la suite le démontre.

Et le mystère s’épaissit encore quand on sait qu’il « disparaît » des registres quatre années durant, entre 1444, date de la dernière trace laissée dans les archives strasbourgeoises, et 1448, année de son retour à Mayence où il finalisera ses travaux et offrira au monde le premier livre imprimé. Une bible dite de 42 lignes donc puisque c’était là le marché le plus porteur à l’époque. « Et la lumière fut » proclame le document que sa statue installée sur la place éponyme tient en main. Archimède aurait dit « Eurêka », Gutenberg a, lui, plus sûrement chuchoté « Ich habe gefunden », mais le résultat est le même, le génie finit toujours par éclairer le monde. a

* Georges Bischoff, Le Siècle de Gutenberg. Strasbourg et la révolution du livre aux éditions de La Nuée bleue. 357 pages, 25 euros.

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2050 CARBONE NEUTRALITÉ

La Terre demande toute notre attention, est l’engagement de chacun d’entre nous à être, chaque jour, totalement impliqué à atteindre nos objectifs, ambitieux et passionnants, éthiques et pragmatiques, pour l’environnement.

Au programme : neutralité carbone en 2050, recyclabilité et réutilisation à 100% de tous nos nouveaux produits et préservation de la biodiversité dans tous nos sites. Parce que notre engagement doit être durable, nous avons créé notre programme d’actions collaboratives « Tous engagés pour la Terre ». wienerberger.fr

STREET PHOTOGRAPHY FRANCE

ÉDITÉE DEPUIS STRASBOURG,

LA PHOTO DE RUE A ENFIN SA REVUE NATIONALE

Natif d’Azerbaïdjan, Nijat Kazimov travaille depuis 2021 à la Cour européenne des Droits de l’Homme. Son parcours professionnel l’a fait arriver en France via Corte, au cœur de la Corse (« le temps d’apprendre le français » dit-il en souriant) avant de rejoindre Strasbourg pour compléter ses études de droit. Mais aujourd’hui, ce jeune trentenaire est devenu le créateur et rédacteur en chef d’une revue tout entière consacrée à la photo de rue. Un pari un peu insensé, relevé en un temps record, et qui se décline déjà sur plusieurs axes prometteurs…

À vous écouter, on imagine bien que votre passion pour la photo n’a rien de récent…

Depuis mon enfance, aussi loin que je me souvienne, j’avais un appareil photo avec moi. Un atavisme familial sans doute, car j’ai vite su, même si je ne l’ai jamais connu, que mon grand-père côté paternel était photographe. Il travaillait avec des chambres photo utilisées dans les années quarante et leurs grands trépieds et il s’était spécialisé dans les portraits. En ce qui me concerne, j’ai d’abord écrit des livres qui ont été publiés en France, en Russie, en Turquie et bien sûr en Azerbaïdjan, mais il m’a fallu assez vite me consacrer tout entier à mes études. C’est ce que j’ai fait, mais j’ai quand même souffert d’une forme de vide en matière artistique. Une fois mes études terminées, j’ai choisi la photo, car s’y exprimer est moins chronophage que d’écrire un livre. Au point qu’aujourd’hui, j’en suis quasiment à considérer que chaque photo capturée est un véritable roman à elle seule. Comme ce jour à la gare de l’Est à Paris où j’ai saisi l’instant de la séparation juste avant de monter dans le train, via le visage d’une petite fille de trois ou quatre ans…

Vous vous consacrez à la photo de rue depuis toujours ?

Non. Je ne m’y consacre à plein que depuis deux ans. Auparavant, je n’avais pas tellement conscience de l’ampleur de la réalité de cet univers. Aujourd’hui

que le site et la revue Street Photography France ont été créés, je distingue beaucoup mieux toutes les subtilités de ce type d’images. Sincèrement, je me sens aujourd’hui être devenu un vrai photographe de rue. Auparavant, je captais des paysages, quelques portraits… mais il n’y avait pas tout ce que j’ai appris depuis, en m’améliorant chaque jour qui passe. Je n’ai pas raté beaucoup d’expos de grands photographes internationaux à Paris, j’ai acheté et dévoré les livres sur Cartier-Bresson, Doisneau, Capa ou sur le destin extraordinaire de Vivian Maier, par exemple. Il m’est arrivé de passer des heures à examiner une de leurs photos sous toutes les coutures et de me demander les raisons du cadrage, de l’éclairage, de la présence ou non de personnages… Ce travail, il faut savoir s’y atteler et le faire aussi complètement que possible. Ce n’est pas fastidieux, c’est très instructif, au contraire. Sincèrement, j’ai beaucoup appris avec eux…

C’est de cette pratique intensive et presque obstinée qu’est née l’idée de publier une revue ?

Avant tout, j’ai réalisé une évidence inattendue. La France est considérée comme le berceau de la photo de rue avec ses photographes prestigieux comme Henri Cartier-Bresson ou Robert Doisneau dont j’ai déjà parlé, mais il faudrait aussi ajouter Willy Ronnis par exemple, il est impossible de citer tous les photographes ayant initié ou participé à ce grand mouvement. Curieusement, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas de revue spécialisée sur la photo de rue, alors que je sais très bien qu’une très importante communauté de photographes contemporains la pratique plus que régulièrement d’une part et que, d’autre part, le grand public est spontanément attiré par ces images.

J’ai procédé alors méthodiquement. J’ai tout d’abord créé une page Instagram, pour pouvoir partager les photos des autres. En très, très peu de temps, je suis parvenu à bénéficier d’une centaine d’abonnés. On était au mois d’août 2022. Ça m’a vraiment décidé à me concentrer sur ce projet, je sentais qu’il y avait un fort potentiel. C’était déjà pas mal de boulot de partager tant de photos, il fallait le faire sérieusement. Les demandes ont très vite afflué et la charge de travail a évolué en conséquence. Pour pouvoir financer cette activité qui prenait forme, j’ai sollicité tous ces gens pour qu’ils fassent l’acquisition d’un abonnement. J’ai bénéficié alors du soutien de Olivier Euryale, un photographe

bénéficiant d’une bonne notoriété qui a été le tout premier adhérent de Street Photography France. Il a partagé le site sur son réseau et tout s’est enchaîné… Mais je souhaitais aussi creuser mon idée de revue, car je pense que le vrai intérêt de la photo de rue est de s’émanciper d’Instagram tant des millions et des millions de photos très disparates circulent chaque jour sur ce réseau. Alors, j’ai développé vraiment le projet Street Photography France  : pour moi, cette marque doit pouvoir réaliser et mettre en lumière une revue, mais aussi des livres, et j’ai même pu faire naître une Académie permettant à quelques photographes de rue expérimentés et même éminents – ce sont nos mentors – de pouvoir faire bénéficier d’autres photographes de leur savoir. Notre site commercialise les packs de formation qu’ils mettent à disposition des photographes à la recherche d’une formation sérieuse.

« JE N’AI PAS RATÉ
BEAUCOUP

D’EXPOS DE GRANDS PHOTOGRAPHES INTERNATIONAUX

À PARIS, J’AI ACHETÉ ET DÉVORÉ LES LIVRES

SUR CARTIER-BRESSON, DOISNEAU, CAPA

OU SUR LE DESTIN

EXTRAORDINAIRE DE VIVIAN MAIER, PAR EXEMPLE. »

Et ça marche : le site a déjà été visité par près de 40 000 personnes. Aujourd’hui, je travaille aussi pour pouvoir faire en sorte que Street Photography France soit aussi une agence photo, dans l’esprit de ce que fut la prestigieuse agence Magnum. J’ai déjà 200 photographes qui sont prêts à documenter tous les événements près d’eux, quand un photographe correspondant officiel de l’AFP ou de Reuters ne pourra pas se déplacer personnellement… Enfin, et nous sommes déjà intervenus en ce sens pour un de nos adhérents, nous contribuons à les défendre sur un des points essentiels de l’activité photo aujourd’hui : la défense des droits d’auteur des photographes. Nous le faisons en collaboration avec un grand cabinet d’avocats de Strasbourg, spécialiste de ces questions…

Il y a une différence fondamentale entre la démarche du reporter et le photographe de rue, non ?

Vous avez tout à fait raison. À mon avis, si un bon photographe veut devenir reporter, un bon moyen est de passer par une formation. Il faut que cette formation soit animée par un journaliste reporter d’expérience qui saura transmettre les attentes de la presse en matière de photographie. C’est vers cette piste que s’oriente Street Photography France. En ce qui concerne les photographes de rue, je suis bien incapable de dire aujourd’hui qui, parmi nos adhérents, est autodidacte et qui a suivi ou aurait besoin d’une formation…

Votre activité se complète par un secteur édition, pour votre revue mensuelle et aussi pour des livres-photos…

Le premier numéro est sorti à la fin de l’année 2023. Et à l’heure où Or Norme paraîtra, nous serons sur le point de sortir notre numéro 3, car il s’agit d’une parution mensuelle. J’ai pu très vite négocier avec succès avec le groupe Hachette qui nous distribue le magazine en presse et en librairie. Hachette est le partenaire idéal, car il s’appuie sur un système de distribution éprouvé et qui est très simple à utiliser pour nous. Ce système fonctionne avec 75 000 librairies ou points de vente en France qui peuvent tous aisément passer commande de nos magazines et de nos livres…

Comment envisagez-vous de faire connaître vos produits aux libraires ?

En s’appuyant sur le réseau de nos adhérents. Ce sont eux qui vont aller rencontrer les libraires pour leur présenter nos éditions et leur parler de nous. Nous avons la chance de publier des grands noms dans la revue : Reza, par exemple, pour le numéro 1 ou encore Mustafa Seven dans notre numéro 2. Leur présence généreuse à nos côtés, dans notre communauté, nous apporte évidemment beaucoup…

En tout cas, tout est lancé aujourd’hui. Outre la revue, nous venons de publier notre premier livre-photo, Catharsis , consacré à une décennie de travail du photographe strasbourgeois Sébastien Pelletier-Pacholski. (lire page 116 de notre Sélection, en fin de magazine – ndlr). Si on ajoute nos interviews vidéo régulièrement présentées sur notre site, l’activité de Street Photography France est d’ores et déjà intense… » a

Contact : Nijat Kazimov kazimov-nijat@gmail.com streetphotographyfrance.fr

Des photographes de rue…

C’est Nijat Kazimov, le fondateur du site et de la revue Street Photography France, qui le dit dans l’entretien que nous publions page 50 de ce présent numéro d’Or Norme : « La France est considérée comme le berceau de la photo de rue avec ses photographes prestigieux comme Henri CartierBresson ou Robert Doisneau (…), mais il faudrait aussi ajouter Willy Ronnis par exemple ».

Et il a raison. Il suffit un jour d’avoir le privilège de visiter une des nombreuses expositions que le pays consacre à cette façon de voir le monde à travers le quotidien. À défaut d’expo, on peut toujours se rabattre sur les innombrables ouvrages que proposent les librairies ou les médiathèques. Ils sont souvent somptueux…

Aujourd’hui, avec la présence de l’omniprésent appareil numérique, on pourrait penser que la technique de la photographie de rue aurait

changé de « grammaire » en quelque sorte : aujourd’hui, on rafalerait à tout va, gavé par la certitude que les apps rattraperont tout ça. Eh bien non : très souvent, le photographe de rue de la deuxième décennie du XXIe siècle continue à vouloir cadrer avec minutie, persiste à attendre patiemment la lumière qu’il sait idéale et est à la quête du fameux « instant décisif » si parfaitement mis en œuvre et incarné par Henri Cartier-Bresson, avec son légendaire Leica et son objectif 50 mm… En page 116, dans nos pages Sélection, le beau livre Catharsis du Strasbourgeois Sébastien

Pelletier-Pacholski l’illustre à la perfection…

Nous présentons dans les pages qui suivent certaines photos des photographes de rue que le site Street Photography France nous a confiées. Elles disent à merveille à quel point la photographie de rue reste vivante et active, aujourd’hui…

Ci-contre : photographie de Gabrielle Cognacq
Ci-dessus : photographie de Ludovic Viévard
Ci-dessus : photographie de Paul Menville
Double-page : photographies de Nijat Kazimov
Double page : photographies de Sébastien Pelletier-Pacholski
Double page : photographies de Sébastien Pelletier-Pacholski

Chien d’assistance judiciaire

Mieux accompagner les victimes

L’association Viaduq 67 a une nouvelle recrue depuis le 14 janvier 2021. Orphée, golden retriever, a rejoint l’équipe où elle joue depuis un rôle actif dans l’accueil des bénéficiaires. Trois ans après, le bilan de ce dispositif encore rare en France : le chien d’assistance judiciaire.

Présence sensible et cape bleue. Elle a participé à pas moins de 202 auditions de victimes. Orphée, golden retriever femelle de six ans exerce un métier peu commun : elle est chien d’assistance judiciaire (CAJ). Initiative née d’une expérimentation à l’échelle nationale et européenne débutée à Cahors en 2019, les CAJ ne sont à ce jour qu’une dizaine en France. Déambulant dans les couloirs de l’association, curieuse de chacun et toujours un jouet dans la gueule, Orphée est la seule CAJ sous contrat avec une

association (Le chien Lol à Cahors travaille avec le SDIS et à Vannes, c’est la Gendarmerie qui s’occupe de Rumba…).

Si Orphée a posé les pattes au tribunal de Strasbourg pour la première fois en 2019, c’est à l’initiative de Sabrina Bellucci, directrice de Viaduq 67 (association du réseau France Victimes). « J’ai rencontré Lol, le labrador du SDIS de Cahors à l’occasion d’un congrès de Victim Support Europe et j’ai tout de suite trouvé capitale l’importance de son travail auprès des victimes », se souvient-elle. Juriste de formation, Sabrina Bellucci a fait ses premières armes à Viaduq 67 en tant qu’emploi jeune, avant de continuer sa carrière à la fédération France Victimes dont elle est devenue directrice, puis de revenir à ses racines strasbourgeoises.

UN DISPOSITIF EN PLEIN DÉVELOPPEMENT

Pour accueillir Orphée, l’association a établi une convention locale, encouragée

« J’ai rencontré Lol, le labrador du SDIS de Cahors à l’occasion d’un congrès de Victim
Support Europe et j’ai tout de suite trouvé capitale
l’importance de son travail auprès des victimes. »

Sabrina Bellucci, directrice de Viaduq 67 (association du réseau France Victimes).

et soutenue nationalement par le ministère de la Justice. En font partie différentes entités rencontrées dans leur parcours par les victimes : chefs de juridictions, Parquet, Gendarmerie du BasRhin, Police nationale, barreau… Les chiens formés à ce dispositif sont tous mis à disposition par Handi’Chiens. Lesquels ont, depuis le 10 février 2023, désormais une convention nationale, d’un an renouvelable. Le ministère de la Justice souhaite, en effet, généraliser le dispositif des chiens d’assistance judiciaire à l’ensemble des cours et tribunaux du territoire. La Société protectrice des animaux (SPA) et la Fédération France Victimes sont incluses dans cette convention. Vingt chiens supplémentaires par an pourront ainsi être mis à disposition, avec un objectif d’un chien par département.

Présent « au plus tôt lors du parcours d’audiences de la victime, pour plus d’efficacité », explique Nikita Pellanda, psychologue et seconde référente de la jeune golden retriever au sein de Viaduq 67, « l’animal l’accompagne tout au long de la

procédure judiciaire, des premières auditions avec les forces de l’ordre jusqu’au tribunal ». Depuis son lancement, le dispositif d’accompagnement des victimes par les CAJ ne cesse de prouver ses bienfaits. Viaduq 67 reçoit plus de 3 000 victimes par an majoritairement pour des atteintes aux personnes. « Pour nous, il est important d’insister sur l’aspect qualitatif de ce dispositif » appuie la psychologue, « le lien de confiance avec le chien doit être établi le plus en amont possible afin qu’il soit impactant outre l’aspect thérapeutique ».

« LE

CHIEN AGIT COMME ANCRAGE ET PERMET DE SE DÉTACHER DU TRAUMA »

La présence d’Orphée permet de « libérer la parole », notamment chez les enfants, mais aussi les femmes (statistiquement plus nombreuses du fait de la victimologie). Justement dit, la golden retriever ne fait pas « parler plus », elle permet « un ancrage dans la réalité, une prise de recul. Elle distrait la victime de J

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Maquette de maison utilisée pour aider les enfants à communiquer sur les abus subis dans un environnement domestique.

Json propre discours et de son vécu traumatique », précise Nikita Pellanda. En abaissant le rythme cardiaque, et diminuant l’anxiété, Orphée offre une part de « lieu sûr » à celles et ceux qui bénéficient de son accompagnement. « Le travail effectué est un travail sur le ressenti et sur la vulnérabilité des personnes ». Des locaux de l’association, au poste de police en passant par le procès, chacun des référents a pu constater l’effet bénéfique de la chienne sur les victimes. À date de l’entretien, le 9 janvier, environ 70 % de ces auditions accompagnées par Orphée concernent des personnes majeures contre 30 % de mineures. « La difficulté

« Orphée offre une part de “lieu sûr” à celles et ceux qui bénéficient de son accompagnement. »

avec les enfants, c’est que trop jeunes ils prennent le chien pour un jouet. Dans ce cas, le chien n’apporte aucune plusvalue. Et nous ne souhaitons pas non plus la mettre en position d’inconfort », explique Sabrina Bellucci, directrice de Viaduq 67. A contrario, « nous constatons qu’avec les victimes d’agressions sexuelles, Orphée va souvent constituer le premier contact physique consenti post-agression », confie la psychologue référente. « Chez les personnes victimes de violences conjugales, nous devons expliquer que le chien ne les protégera pas de leur agresseur, ne fera pas barrière, ne sera pas agressif en réaction à sa

présence lors du procès. Ce n’est pas le rôle d’Orphée ». L’accompagnement s’adapte donc au cas par cas, et peut aussi permettre au système judiciaire une plus grande efficacité : « Nous avons eu le cas d’une jeune femme, emmenée dans les bois par son conjoint pour la rouer de coups… Elle a cru qu’il s’agissait de ses derniers instants, et était tétanisée face à la violence des images que les auditions successives lui ramenaient en mémoire. Le jour du procès, avec l’accompagnement d’Orphée, elle a réussi à passer au-dessus de la réaction et de l’émotion. À être non pas dans le ravivement de ce traumatisme, mais à poser

des mots plus précis et plus posés sur le descriptif ». Une clarté qui a permis une meilleure compréhension de la situation par les magistrats.

Et Sabrina Bellucci, directrice de l’association bas-rhinoise de rappeler : « En ce moment l’action politique qui est portée sur les agressions et violences sexuelles, mais aussi sur les violences conjugales, ou intrafamiliales en général, prend une place importante. Et c’est bien entendu une excellente chose ! Néanmoins, nous ne devons pas oublier qu’il existe d’autres victimes. Tout aussi légitimes à l’être : les personnes âgées victimes de maltraitances, les enfants, etc. ». S

C’est en 1999 que l’Organisation des Nations Unies (ONU) crée la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes qui, depuis, est célébrée chaque 25 novembre. Cette date marque un tournant. Depuis, la prise de conscience et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles se sont nettement accélérées, jusqu’à figurer parmi « les grandes causes du quinquennat » d’Emmanuel Macron. Si les actes de violence à l’encontre des femmes sont réprimés de plus en plus sévèrement en France, il n’a pas toujours s’agit de la norme. Par exemple, avant la loi du 23 décembre 1980, le viol n’était pas défini dans le Code pénal. Aujourd’hui, ce crime est passible de 15 ans de réclusion criminelle (hors circonstances aggravantes).

Ces dernières années, nous avons assisté à un Grenelle contre les violences conjugales en 2019, et la publication d’un manuel issu de la collaboration entre le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Grenoble et la gendarmerie (SDEF/DGGN et CREOGN), dans le cadre du projet européen de recherche Improdova de lutte contre les violences intrafamiliales (VIF). En 2021, 62 000 victimes de violences conjugales ont été prises en charge judiciairement par les services de gendarmerie et près de 58 000 par les services de police. Des plaintes pour des violences sexuelles et sexistes qui ont bondi de 33 % en un an, mais qui reste pourtant bien loin du chiffre des 580 000 femmes déclarant, dans le cadre d’une enquête publiée par l’INED en 2016, avoir été victimes soit de viol, soit de tentative de viol et pour une très grande part d’agressions sexuelles.

En 2021 également venait le #DOUBLEPEINE, qui dénonçait les problèmes de prise en charge des victimes de violences conjugales, viols, agression et harcèlement sexuel. En cause ? Les comportements des primoentendants – constitués par les policiers généralistes et gendarmes – lors du dépôt de plainte. À ce jour, leur formation sur ces questions est réduite à un séminaire d’une journée pour les policiers et un module d’enseignement en école de gendarmerie, avec pour les brigades, une journée supplémentaire par an de formation continue.

La prise en charge des victimes est en lent développement.

Marcher apprivoiserpour la liberté Declic

Il y a des moments ténus qui donnent sens à l’engagement. Des mots qui viennent du cœur parce qu’ils n’auraient pas pu y rester enfermés, qui s’envolent et qui « cueillent » ceux qui les entendent.

De gauche à droite : Jean Lefebvre, Alain Hahn, Didier Obringer

Moment suspendu…

Tel celui évoqué par Alain Hahn, Jean Lefebvre et Didier Obringer lorsqu’ils évoquent ce détenu né dans le 93 et arrivé en Alsace après une série de transferts carcéraux.

« J’ai jamais rien vu d’aussi beau », a-t-il murmuré face au chatoiement de la forêt des Vosges découverte au terme de la montée au château de Falkenstein. « Pour lui comme pour tous ceux et celles que nos bénévoles accompagnent dans de longues marches », commentent nos trois interlocuteurs – chevilles ouvrières de l’association Declic – « la nature est un sas avant un retour – pas toujours simple – à la société. Cet homme a été saisi par la beauté du site après une vie entre les murs qu’ils soient de la cité ou de la prison. »

« L’initiative est née du constat que les détenus et détenues manquaient d’activités à l’extérieur des établissements pénitentiaires », raconte-t-il, « nous avons trouvé des bénévoles et nous avons su convaincre la direction interrégionale de l’administration pénitentiaire ainsi que les autorités judiciaires. En août 2008, neuf « marcheurs » sont sortis du centre pénitentiaire d’Oermingen sans surveillants – condition sine qua non à nos yeux – pour un périple de 700 km couverts en un mois et sans retour en détention puisque les uns ont bénéficié d’une mesure de libération conditionnelle, les autres d’un aménagement de peine. »

UNE MARCHE PAR MOIS

Des accrocs, il y en a eu en plus de dix ans d’existence. Surtout au début. Mais l’association a perduré, passant de marches

Declic – Demain Ensemble sur les Chemins de la Liberté, de l’Insertion et de la Citoyenneté – a été fondée en 2007-2008 par un groupe de citoyens et citoyennes parmi lesquels Alain Hahn, à l’époque juge d’application des peines aujourd’hui retraité.

au long cours à des marches à la journée, au week-end voire à la semaine. Aujourd’hui, il y en a une par mois, toujours dans le massif vosgien, organisée pour des marcheurs et marcheuses des établissements pénitentiaires d’Ensisheim, Lutterbach, Oermingen et Strasbourg-Elsau.

« Nous ne connaissons pas les raisons de l’incarcération des personnes avec qui nous marchons » tient à souligner Jean Lefebvre. « Nous savons que leur sortie a été validée par le juge d’application des peines et nous posons le cadre lors du petit déjeuner pris ensemble avant d’entamer notre périple.

Beaucoup disent aussi que la liberté les inquiète après tout ce temps en retrait de la société.

Marcher ensemble dans la nature souvent en compagnie d’un forestier qui la leur raconte leur permet de retrouver le sentiment d’un espace ouvert et d’éviter une plongée trop rapide dans la société. »

Jean Lefebvre s’est intéressé à l’association après une carrière dans l’industrie. Aujourd’hui il en assure la présidence à la suite de Jeanine Peter restée viceprésidente et accompagnatrice dans l’équipe de bénévoles du Haut-Rhin, comme Alain Hahn l’est dans celle du Bas-Rhin.

ÊTRE DANS L’ACCEPTATION DE L’AUTRE

Didier Obringer a quant à lui rejoint Declic il y a quatre ans au terme d’une carrière de cadre dans l’administration pénitentiaire. Il dit avoir aimé « les échanges avec les détenus, la vie telle qu’elle est, avec du noir et du blanc » et, une fois retraité, il a voulu revenir vers l’institution avec tout ce qu’elle lui avait humainement apporté : le contact citoyen avec des détenus et détenues devenus marcheurs et marcheuses.

Pour rejoindre en tant que bénévole les rangs de Declic », il faut aimer la marche – « tranquille » – et surtout « être dans l’acceptation de l’autre » résument Alain, Jean et Didier.

Pouvoir écouter la parole lorsqu’elle se libère, mais ne pas la brusquer, garder la confidentialité des échanges parce rien ne serait possible sans la confiance.

Hommes et femmes, de toutes générations et de tous horizons sont bienvenus au sein d’une association qui organise deux week-ends de formation par an. Parce que la réinsertion est l’affaire de tous, y compris des citoyens et citoyennes que nous sommes. S

S ACTUALITÉ — RENCONTRE

Jean-Luc Fournier Nicolas Rosès – François Dupont-Olivet

Un incroyable chemin L’épopée du Lion

C’est ce très beau livre (lire page 76) qui nous narre dans le détail l’impossible périple de ce jeune Afghan (âgé alors de quinze ans), parti du Pakistan où il était réfugié pour rejoindre un oncle établi à Saint-Omer, dans le nord de la France. Magnifiquement illustré par Maxime Garcia, ce livre a été rédigé par Claire Audhuy qui dialogue ici avec Deedar, venu à Strasbourg pour raconter son aventure et… recevoir son baptême républicain.

Je suis arrivé en France le 12 janvier 2021 » raconte d’emblée

Deedar, avec un franc sourire. De fait, lui seul peut mesurer cette échelle du temps avec toute la pertinence qui convient. Âgé aujourd’hui de vingt ans, le jeune Afghan n’a rien oublié de ce jour, cinq ans plus tôt, où il a quitté sa famille pour entreprendre l’impossible et périlleuse traversée de deux continents que Ce chemin qui n’a pas de nom (Éd. Rodéo d’âme), sous la plume de Claire Audhuy avec les illustrations talentueuses de Maxime Garcia, raconte si bien.

« CE SONT DE VRAIS AMIS… »

En trois ans, Deedar a appris le français et il se débrouille formidablement dans notre langue : « Je me sens bien en France » poursuit-il, « dès mon arrivée, j’ai été accompagné par France Terre d’asile (une association de solidarité

qui soutient les demandeurs d’asile et la défense du droit d’asile en France – ndlr).

Quand j’ai atteint l’âge de dix-huit ans, j’ai trouvé un travail, j’ai donc pu avoir mon appartement, je paye mon loyer. Je n’ai pas encore payé d’impôts, mais c’est pour bientôt. Et je me suis fait des amis… » sourit-il.

« Il faut que tu racontes tout ce qui se passe autour du Rialto… » lui suggère Claire Audhuy qui est à ses côtés. « C’est le restaurant où je travaille » embraye

Deedar. « Il y a une belle équipe, tout autour de moi, et avec Olivier, le patron, ils sont adorables avec moi. Ce sont plus que des collègues, ce sont de vrais amis. »

Claire confirme : « Olivier a organisé le déménagement de Deedar, il lui a trouvé un nouvel appartement. Ensemble, début février, nous avons organisé la sortie du livre à Saint-Omer, c’était un mercredi, car ce jour est celui de la fermeture hebdomadaire du restaurant. Une surprise avait été organisée par tous ses

collègues : après la présentation du livre à la librairie, nous étions censés nous séparer et partir pour Strasbourg le lendemain. Mais une belle fête attendait finalement Deedar au Rialto. Tout ça pour dire que c’est une belle communauté qui veille sur Deedar à Saint-Omer… »

« Je suis pourtant arrivé sans expérience le jour où j’ai rencontré Olivier » reprend Deedar. « Je lui ai juste montré quelques petites vidéos de préparation de cuisine que j’avais réalisées. Donnezmoi une petite chance, je suis prêt à travailler deux ou trois jours gratuitement. Mais lui a refusé : non, je te paie et on va voir… J’ai commencé le soir même et tout s’est bien passé, y compris avec mes collègues de la cuisine. Deux jours plus tard, j’étais embauché et deux mois plus tard, j’avais un contrat en CDI. »

« Olivier est un Juste » intervient Claire. « Plusieurs fois, il a réitéré sa confiance en Deedar et il l’a aidé : il s’est occupé de lui le jour où il est tombé

malade. Idem le jour où Deedar a fait une mauvaise chute. Olivier et son épouse sont toujours là, ils veillent sur lui… »

MATURITÉ ET HUMILITÉ

Déjà lors de l’interview la veille à la librairie Kléber, nous avions été surpris par la maturité tranquille que dégage le jeune Afghan. Sans doute son ébouriffant périple y est-il pour beaucoup, mais Deedar affirme sans sourciller que « l’âge n’apporte pas forcément la maturité, ce sont les responsabilités qui te rendent mature. J’ai quitté ma famille parce que je me sentais responsable d’eux, ils comptent sur moi là-bas. Et tout ce que j’ai surmonté, je l’ai surmonté pour eux. En France, je connais des gens qui ont largement plus de vingt ans et qui vivent encore chez leurs parents. Certains ne réalisent pas grand-chose de positif dans leur vie. Quand j’étais au Pakistan,

« L’âge n’apporte pas forcément la maturité, ce sont les responsabilités qui te rendent mature. »

même si j’étais bien jeune, j’ai senti naître ce sentiment de responsabilité, il m’a comme envahi… »

« Il est mature, certes, mais il est humble, aussi… » dit Claire. Et Deedar de se souvenir à voix haute qu’il n’aurait jamais imaginé un tel accueil en marchant sur son si long chemin, et encore moins qu’une auteure écrirait un livre sur son histoire et qu’il le présenterait en librairie, sans parler qu’il lui faudrait alors répondre aux questions des journalistes.

En rentrant en vélo de la librairie Kléber vers Schiltigheim, plusieurs personnes l’ont salué et il s’est marré : « Mais tout Strasbourg me connait… Il y a trois ans, je n’étais rien et là, j’ai tout : un métier, des amis, j’ai retrouvé une famille et j’ai des projets… » dit Deedar.

« La sortie du livre et tout ce qui suit, reprend Claire, c’est comme de la pommade qui l’aide à surmonter tout ce qu’il a dû endurer pour se retrouver là. Les cauchemars, les horreurs, la mort, il les a côtoyés de près et nous n’y pouvons rien. En revanche, c’est maintenant que nous pouvons l’aider. Je me souviens de sa réflexion d’il y a peine quelques jours : nous réfléchissions ensemble sur

le fait que nous avancions ensemble sur le même chemin alors qu’on est quand même assez différents. Il est drôle, lui, il m’a dit : c’est la connexion des cœurs ! »

Bien sûr, Deedar opine à cette évocation : « Claire, c’est désormais ma marraine puisque je viens de vivre mon baptême républicain (rires). Claire et sa famille sont pour moi comme un cadeau de Dieu. Moi, je ne suis pas grand-chose sur cette terre, mais Claire m’a tendu la main et ça m’a élevé, j’ai grandi, je n’ai pas encore assez de mots en français pour dire tout ce que j’ai appris et tout ce que je suis devenu grâce à elle. Ma famille, au Pakistan, sait tout ce que je lui dois et est remplie de gratitude pour elle… À un moment, il y a trois ans, elle et son compagnon m’ont même proposé de venir vivre avec eux à Strasbourg pour pouvoir faire mes études. Comme si j’étais leur fils. Que veux-tu que je souhaite de plus ? »

« ICI, PERSONNE NE VA LE TRAQUER… »

Et la conversation s’est poursuivie longtemps dans le cocon du bar du Boma où nous nous étions donnés

Maxime Garcia, Deedar et Claire Audhuy lors de la présentation du livre à la librairie Kléber à Strasbourg.
Deedar lors de son baptème républicain.

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« À

Strasbourg, Deedar

aime bien quand on rentre le soir et que la nuit vient de tomber : pour lui, ça reste encore très surprenant de voir que tout le monde se promène alors dans la quiétude. »

Jrendez-vous, Claire racontant avec enthousiasme avoir emmené son filleul… au Musée du Louvre, et Deedar commentant les yeux encore brillants : « Tu te rends compte, c’était le premier musée de ma vie ! On a parcouru les collections grecques, celles des arts coraniques, celles d’Égypte. Je ne savais pas que quelque chose d’aussi beau existait, j’ai fait plein de photos… » Puis plus tard, cette réflexion de Claire, comme pour rappeler le chemin parcouru par son protégé : « À Strasbourg, Deedar aime bien quand on rentre le soir et que la nuit vient de tomber : pour lui, ça reste encore très surprenant de voir que tout le monde se promène alors dans la quiétude. Il demande souvent qu’on fasse une fois de plus le tour du pâté de maisons, juste pour me dire : “Regarde ces enfants, ils n’ont pas peur la nuit, ils jouent…” »

Deedar confirme : « Au Pakistan ou en Afghanistan, quand la nuit est tombée, c’est fini, plus personne ne sort. »

Et Claire de raconter une dernière anecdote : « Je l’ai emmené en Allemagne. Sur le pont de Kehl, je lui ai dit qu’on était en train de franchir la frontière. Là, ses yeux se sont levés vers le ciel, il était en train de chercher les hélicoptères de la police, il guettait aussi sur la berge d’en face les militaires qui allaient le contrôler. “Ce n’est pas une frontière, il n’y a rien, je connais les frontières” disait-il. J’ai insisté : “Mais si, c’est une frontière en Europe”. D’un seul coup, il venait de découvrir qu’ici, personne n’allait le traquer… Il apprend, il ne cesse d’apprendre, et toujours, il partage avec ses parents, en direct via son smartphone… »

Et cette dernière confidence de Claire : « Lui et moi, on s’est déjà dit qu’il va bien falloir un jour que nous allions ensemble au Pakistan… » En silence, Deedar opine de la tête. Et le Lion laisse échapper un immense sourire… S

CE CHEMIN QUI N’A PAS DE NOM

Le livre est d’abord un bel objet, avec sa couverture où l’ocre éclate généreusement. Près de 200 pages pour un itinéraire de 17 000 km et 18 mois. Le Pakistan, l’Afghanistan, l’Iran, la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie… Puis, caché et blotti sous le plancher d’un camion, dans une petite caisse de rangement de palettes de bois au ras du bitume, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche et, enfin, enfin ! l’Allemagne. La fin du voyage se fera dans le confort d’un train entre Francfort et Paris où, encore craintif, le Lion s’emparera d’un magazine gratuit qui traîne sur un siège. Il ne cessera de le lire ostensiblement jusqu’à la gare de l’Est : « Ça pose tout de suite un certain respect, quelqu’un qui lit en allemand ! »

Ce livre, dont le texte est rehaussé par les magnifiques illustrations de Maxime Garcia, il faudrait vraiment que vous le lisiez… Dans les savanes africaines, on dit que le lion échoue huit fois sur dix quand il traque pour se nourrir. Mais on sait aussi qu’il n’abandonne jamais. Jamais… Deedar Sahak, ce « petit frère courageux et si beau dans son amour des autres » comme l’écrit si joliment Claire Audhuy, est ce Lion qui nous raconte son épopée…

Claire Audhuy et Maxime Garcia, Ce chemin qui n’a pas de nom, Éditions Rodéo d’Âme, 25 €

Michaël Landolt Développer la recherche à tous les niveaux

Le 2 novembre dernier, Michaël Landolt a pris ses fonctions à la tête du Centre européen du résistant déporté (CERD) sur le site de l’ancien camp de concentration de NatzweilerStruthof. Il évoque ses projets et l’orientation qu’il entend donner à sa nouvelle mission.

Les murs de son bureau sont couverts de portraits d’anciens déportés passés par le camp pour lui rappeler chaque jour pourquoi et pour qui il est là. À 42 ans, Michaël Landolt a posé ses valises sur les pentes du mont Louise pour prendre la direction du CERD et de ses équipes, qui accueillent plus de 200 000 visiteurs par an sur le site de l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof. Archéologue spécialiste de l’âge de fer, ce Messin d’origine, qui a effectué toutes ses études à Strasbourg, découvre de l’intérieur des lieux qu’il connaît parfaitement de l’extérieur, lui qui s’est peu à peu spécialisé dans l’archéologie des conflits contemporains et des camps d’internement et qui a participé à différentes campagnes de fouille sur le camp lui-même et à ses environs. « C’est une discipline plutôt nouvelle en France, alors qu’elle existe depuis les années 60 en Allemagne », explique-t-il.

« J’AI ENVIE D’APPORTER QUELQUE

CHOSE AU SITE »

Des fouilles, justement. Il en sera encore question au printemps prochain avec celles qui précéderont la restauration de l’une des quatre baraques encore présente sur le camp, dédiée en son temps

aux cuisines. « Elle est restée dans son jus depuis la guerre et il est fort à parier que l’on va y faire de nombreuses découvertes en soulevant les planchers, en fouillant les canalisations, en démontant les lattes en bois plaquées au mur... En tant qu’archéologue, je ne pouvais pas rater ça ». Sa décision de postuler à la direction du CERD après le départ forcé de Guillaume d’Andlau – « c’est une opportunité qui s’est présentée à moi et que j’ai saisie après des semaines de réflexion » – ne repose évidemment pas sur cette seule perspective.

« J’ai envie d’apporter quelque chose au site », résume-t-il. Et dans ce « quelque chose », s’amoncelle tout un tas de projets, notamment à dessein scientifique. « La recherche doit être une priorité et perfuser tout ce qui est fait ici. Il faut non seulement la développer à tous les niveaux, mais aussi l’intégrer dans nos actions pédagogiques, créer des points d’animation sur le camp par son biais et partager ses avancées et ses résultats avec le grand public et nos visiteurs. Auschwitz est en cela un modèle et on doit s’en inspirer ».

JLa vocation européenne du centre doit selon lui mieux s’affirmer, au travers d’une plus forte collaboration avec ses partenaires allemands et d’un « rééquilibrage » des ressources muséographiques et pédagogiques « qui ne font aujourd’hui que peu de place aux déportés russes, polonais ou biélorusses, qui furent pourtant très nombreux sur le camp ».

« NOS TÉMOIGNAGES

VONT RESTER »

Alors que les derniers survivants français du camp se comptent aujourd’hui sur les doigts de la main, la question de la transmission de la mémoire constitue un autre défi à relever. « Je me souviens d’une longue discussion tenue avec Pierre Rolinet ( déporté au camp en 1944 et décédé le 24 avril 2022, à l’âge de 99 ans – ndlr). Ce qui va rester après nous, disait-il, ce sont nos témoignages, bien sûr, mais aussi les lieux, les vestiges et les objets. Et cette matérialité, nous devons mieux la mettre en valeur au CERD et dans son musée. Je suis choqué du peu d’objets qui y sont présentés, alors que beaucoup d’autres dorment en réserve. Il faudrait consacrer un temps plein à la gestion des collections et des archives ».

Le recrutement, voilà bien la principale urgence du nouveau directeur, à la recherche pour l’heure d’un chargé de communication, d’un responsable du service des publics et d’un chargé de projet, les trois principaux postes vacants, afin qu’il puisse totalement se consacrer à sa tâche. « Je compte également valoriser les compétences du personnel en place et l’impliquer dans le projet. Personne n’est ici par hasard. Je crois en un modèle transversal où chacun doit être force de proposition ». Enfin, il y a ici ce lien à la jeunesse – l’affluence du site est constituée pour moitié de scolaires –, « un élément qui me manquait dans mon poste précédent », confie-t-il. « Le message qu’il nous incombe de lui véhiculer est très important à mes yeux ». Forcément reviennent à lui ses propres souvenirs d’enfant, lorsque la nuit tombée, il inspectait en cachette, accroupi dans l’obscurité de ses draps, les souvenirs de déporté de son arrière-grand-père, le résistant Fernand Traver, tombé aux mains de la Gestapo le 18 mars 1944, avant d’être interné au fort de Queuleu, à Metz, puis successivement transféré aux camps de Natzweiler, Dachau, Gröditz et Zschachwitz, avant de retrouver les siens, à Montigny-Lès-Metz, le 25 mai 1945. S

Site de l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof.

« La vocation européenne du centre doit mieux s’affirmer au travers d’une plus forte collaboration avec ses partenaires allemands. »

strasbourg@mediaschool.eu

tel : 03 33 36 37 81

@mediaschoolstrasbourg

L’hypnose entre en phase virtuelle Start-up

Parmi les finalistes de la French Tech en novembre 2023, Hypno VR, start-up Healthtech équipe déjà plusieurs centaines d’hôpitaux de son dispositif d’hypnose médicale. Une success-story à la strasbourgeoise.

« N ous voulions digitaliser l’hypnose », se souvient Nicolas Schaettel, CEO d’Hypno VR. C’est en 2016 que celui-ci, issu du monde de la tech, rencontre les docteurs Graff et Chauvin. Ceux-ci, tous deux déjà hypnopraticiens en milieu hospitalier, lui exposent leur idée et la rencontre de ces deux mondes crée l’émulation qui deviendra Hypno VR. Avant de s’aventurer dans les détails du dispositif et les évolutions de cette start-up Medtech, une précision importante est de mise : il ne s’agit pas ici d’hypnose de rue ni de « mesmérisation », mais d’hypnose médicale, basée sur la technique Ericksonienne. Véritable réponse face aux contraintes de formation et de disponibilités des personnels au sein de l’Hôpital Public, l’idée initiale de l’entreprise était de combler le fossé entre l’efficacité de l’hypnose et son

utilisation limitée. « Quand on voit à quel point l’hypnose est efficace pour faciliter le traitement des patients, il est assez incroyable qu’on n’en fasse pas plus », explique Nicolas Schaettel.

LA RÉALITÉ VIRTUELLE AU SERVICE DE L’HYPNOSE

Pour maximiser l’efficacité de l’hypnose, Hypno VR a intégré la réalité virtuelle (RV en français, VR en anglais) à ses séances. Selon Nicolas Schaettel, « être dans un état de conscience modifiée et d’hypersuggestibilité est plus facile dans un casque de réalité virtuelle immersif que sur un simple écran ». Des études cliniques ont confirmé que l’efficacité de l’immersion en réalité virtuelle est nettement supérieure à celle des écrans 2D. Hypno VR offre une

Marine Dumény Nicolas Rosès

expérience multisensorielle d’hypnose à travers notamment des stimuli visuels, auditifs et musicothérapeutiques. Lancé en 2019, leur premier produit a été adopté par plus de 500 hôpitaux, traitant plus de 150 000 patients. Il a démontré des bénéfices médicaux significatifs, tels que la réduction de l’anxiété, de la douleur et des doses de médicaments. « Nous avons été surpris de l’adoption du dispositif par les chirurgiens-dentistes », sourit Nicolas Schaettel. « Après réflexion, cela paraît évident vu les problématiques liées aux angoisses de leur patientèle ». Un marché prometteur pour l’entreprise.

Bien que le coût actuel du dispositif soit d’environ 2 500 € par an hors taxes, et non pris en charge par l’assurance maladie ou les mutuelles, Hypno VR ne souhaite pas baser son modèle économique

sur l’éventualité de remboursements par les organismes de santé. Pour l’équipe, la priorité est de fournir une solution efficace et innovante qui améliore le bien-être des patients et facilite le travail des professionnels de la santé.

Après avoir récemment acquis une entreprise concurrente en Europe, renforçant sa présence sur le marché mondial de la santé, Hypno VR prévoit une nouvelle solution en 2024, combinant un casque de RV avec un capteur pour suivre en temps réel l’état physiologique du patient et permettant un ajustement du logiciel en fonction de son état. L’entreprise explore également des fonctionnalités interactives pour renforcer l’expérience hypnotique. Elle espère également pouvoir bientôt, pour donner suite à nombreuses demandes, mettre le dispositif en accès direct patient. S

Nicolas Schaettel

Pour une construction plus vertueuse AMC

Économiste et maître d’œuvre, AMC fait preuve d’agilité depuis dix ans, dans un marché de l’immobilier en constante mutation et particulièrement touché ses derniers mois. Le point avec son fondateur, Aurélien Moussan.

Savoir-être, savoir-faire, adaptabilité : depuis 2012, Aurélien Moussan surfe sur la vague de l’immobilier en mettant l’humain au centre de ses préoccupations. « Chez AMC on ne met pas l’humain au service de la finance, mais la finance au service de l’humain », appuie le dirigeant. Sa priorité : développer l’expérience client et la qualité de service. « Nous avons des relations un peu hors-norme ! », sourit-il. Sa particularité également : savoir s’adapter à un marché mouvant, dans le moyen et haut de gamme. « À titre d’exemple, nous ne réalisons quasiment plus de maisons individuelles. Le foncier a tellement augmenté que c’est devenu un produit de luxe. Nous nous sommes donc spécialisés sur des chantiers haut de gamme, entre 700 000 € et un million d’euros, hors terrain, pour des maîtres d’ouvrage en possession de moyens à la hauteur de leur exigence. C’est un marché qui s’étoffe, il y a une vraie carte à jouer. »

L’AVENIR : LA RÉNOVATION

De même, AMC a su s’adapter au net ralentissement dans la promotion de logements. « Nous n’avons pas arrêté la promotion, car nous avons réussi à alimenter et développer la relation avec les bailleurs sociaux, confie-t-il. Les Français ont du mal à devenir propriétaires aujourd’hui, dans les années à venir, les bailleurs sociaux seront des acteurs importants dans la production de logements. Nous avons aussi su prendre cette vague. »

Surtout, Aurélien Moussan a perçu il y a quelques mois que l’avenir tendait plus à la rénovation qu’a la construction « Toutes les copropriétés animant le parc immobilier existant bénéficient d’aides de l’État en faveur de la rénovation énergétique. Il y a un boulot conséquent ! En quelques mois,

nous avons reçu en commande la rénovation énergétique de 400 logements. Par ailleurs aujourd’hui, il faut réfléchir à comment rehausser l’existant plutôt que d’utiliser la terre et nos ressources. »

À titre d’exemple, en cours de chantier, la réhabilitation d’un corps de ferme en trois logements, la rénovation d’une maison des années 50, en étude, le concours pour la réhabilitation d’un bâtiment en chambres d’étudiants, la réhabilitation d’une grange en 5 logements... « Nous réalisons des logements neufs en promotion sur des opérations à taille humaine, ou sur des opérations stratégiques qui ont du sens à nos yeux. » Comme ce premier lot de Demathieu Bard Immobilier et Vinci Immobilier Nord Est, démarré sur Archipel 2 dont il assure le suivi technique et opérationnel. « Cela ne sera pas une barre d’immeubles, mais un nouveau poumon vert et économique de la ville. Il y a une dynamique autour d’Archipel 2 pour Strasbourg. »

Pour Aurélien Moussan, l’essentiel est aujourd’hui de se réinventer dans un marché en plein chamboulement. « Nous devons revenir aux fondamentaux, et arrêter de recréer pour recréer, insiste-t-il. Notre métier, c’est de bâtir des choses qui resteront longtemps sur terre. Nous nous devons d’être plus vertueux dans la construction, mais aussi à travers la rénovation. » Et revaloriser les métiers artisanaux, les domaines de compétences. « Il faut redonner de l’intérêt au bâtiment de type artisanal, appuie-t-il. Regardez Kelly Cruz : c’est une jeune carreleuse alsacienne et elle a deux millions de followers sur Instagram ! Notre mission, c’est d’aller voir les jeunes, leur expliquer qu’ils vont certainement en baver, mais qu’on va leur apprendre un métier et les valoriser » Le tout dans une relation de confiance, de savoir-être et de savoir-faire. S

« Il faut réfléchir à comment rehausser l’existant plutôt que d’utiliser la terre et nos ressources. »
Aurélien Moussan

Bonne année 2025 !MoiJaja...

Fin 2023. Pré-noël entre Przemyśl et Cracovie. « Pré », parce qu’à quelques semaines d’un ramonage rouge et blanc de la cheminée. « Pré », parce qu’à mi-chemin entre Strasbourg et cette Ukraine de l’Est, située à 30 km de la ligne de front. « Pré », parce que quelques jours à souffler, loin d’une guerre déclenchée deux ans plus tôt par un type d’1,70 mètre ; par pur enclin à organiser un concours de chibre. Sans « s », même s’il en ajouta très rapidement deux pour justifier aux yeux du monde que sa folie n’était que « douce », « salvatrice » pour ceux qu’il a fait le choix d’exterminer. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit.

PÉNOPLASTIE RUSSE

Si l’objectif de départ avait été d’affirmer son exubérance au travers d’une « opération spéciale », une simple pénoplastie aurait largement suffi. Elle ne lui aurait coûté qu’entre 3 500 et  4000 euros –prix de référence sur Strasbourg. Et nous

autres, quelques barils de poudre, impuissances politiques, crises économiques et blocages autoroutiers en moins.

Rare passage ferré entre l’Ukraine et la Pologne, Przemyśl se distingue par un charme chimérique qui vous rendrait presque séduisante la cité Cronenbourg, voire les coursives de la prison de l’Elsau. Je vois déjà les réactions de certains locaux, politiques en tête, mais allez-y voir par vous-même. « Venir à Przemyśl et tout faire pour en partir vite » pourrait être peint en lettres d’or sur la départementale qui vous y mène. Ou, à défaut, en rose, pour mettre un peu de couleur dans ce gris ambiant.

S’attarder le moins possible. Fuir. Voilà quel était notre mot d’ordre, les embrassades accomplies. C’est ce que fit notre petite famille – du moins celle réunie pendant qu’une autre continuait à compter les « moutons explosifs » de l’autre côté de la ligne ferrée. À plusieurs centaines de kilomètres de là, entre deux cours dispensés

en salles de classe, abris souterrains ou visio, dans l’une des plus prestigieuses universités du pays. Pour nous, cinq jours de pause, direction Cracovie, le cœur léger de nous retrouver, mais lourd, aussi, presque coupable, de ne pouvoir être tous réunis en zone protégée.

Fort heureusement, le choix de logement que nous avions fait nous a presque permis de stopper le temps. Newport Hotel : petite série de baraquements flottant sur la Vistule, ce fleuve qui traverse la ville, face au quartier de Kazimierz. Petite chambre mezzanine de 15m2 avec terrasse. Fausse cheminée et vue sur mes amis les cygnes qui venaient picorer les graines mises à disposition par le personnel. Regarder ce ballet m’en aurait presque rappelé que l’humain pouvait vivre paisiblement, sans chercher à en découdre à chaque instant de sa vie. Un truc assez fou quand on y pense. Depuis votre naissance, vous savez que vous allez mourir. Moyenne d’âge 80 ans tout au plus. C’est court. Et pourtant, réduire

« Depuis votre naissance, vous savez que vous allez mourir. Moyenne d’âge 80 ans tout au plus. C’est court. Et pourtant, réduire celle des autres, m’apparaît de plus en plus comme un sport favori. »
« Je vous parle d’Ukraine parce qu’au vu de la marche du monde depuis ce

début 2024, de la Corée du Nord à Taïwan, du Proche et Moyen-Orient à l’Afrique, en passant par le Caucase ou l’Iran, la pléthore

d’absurdités humaines m’engage à ne pas dépasser mon champ de compétences familiales. »

celle des autres, m’apparaît de plus en plus comme un sport favori. Pourquoi ?!

Je vous parle d’Ukraine parce qu’au vu de la marche du monde depuis ce début 2024, de la Corée du Nord à Taïwan, du Proche et Moyen-Orient à l’Afrique, en passant par le Caucase ou l’Iran, la pléthore d’absurdités humaines m’engage à ne pas dépasser mon champ de compétences familiales.

DE TOUT CŒUR

AVEC VOUS, MADAME LA DÉPUTÉE...

Vraiment, vous n’imaginez pas le bien que font cinq jours à contempler des anatidés. Pas plus que ceux qui rendent l’Ukraine responsable de tous leurs maux n’imaginent ce que cela fait de recevoir une vidéo d’un engin militaire écrasé à quelques mètres d’une fenêtre de cité universitaire, où dorment des gamines de 17 ans ; un drone qui vrombit au-dessus de la voiture d’un membre de votre famille, sans savoir s’il tombera dessus, avant ou après le prochain croisement ; ou un Shahed qui se tape l’incruste à 150 mètres de son domicile, secousse en live en pleine visio entre deux mondes : l’un, ici, dans un pays où l’on craint de se réveiller en retard ; l’autre, où l’on craint de ne plus se réveiller du tout.

Je crois que c’est pour ça que Tato est sorti quelques minutes du resto, lors d’un

récent dîner strasbourgeois entre amis. La scène déclenchante : une convive de passeport français mais d’origine russe lançant sur un ton incertain entre le premier et le dixième degré, un « d’un autre côté, si la France cessait de fournir des armes à l’Ukraine, ça aiderait la paix ». Le tout avant de plaider, avec une rare lourdeur ou insistance, la cause de son frère, russe sans papiers, pour qu’il puisse au moins toucher le RSA. « Tu comprends, il ne touche rien ! Allez, je sais que tu connais du monde. Mets-moi en contact avec un·e député·e, pour qu’il pèse sur la décision de l’administration. En plus ça ferait un soldat de moins contre les Ukrainiens ! ». Tato n’a donné suite à aucune des requêtes de la dame. Mais, vu la domiciliation, les chances que le dossier retombe sur le bureau de Sandra Regol sont assez probables. À voir si les larmes de crocodile russes auront raison de l’éthique affichée par la députée.

Au moins, dans ces moments, nos services publics ont-ils encore la capacité de m’arracher un petit sourire. À commencer par nos transports de part et d’autre du Rhin. Côté allemand, vent de panique : la Deutsche Bahn va vivre la grève la plus importante de son histoire, nous a-t-on annoncé. Six jours ! « Six jours en plus des vacances scolaires que privatisent ici au moins deux fois par an Sud Rail et FO,

ou juste six jours... ? », ai-je demandé à Tato. « Désolé d’insister, mais six jours ou la moitié de l’année, c’est tout de même très différent », ai-je ajouté. Sans compter que tout record annoncé, celui-ci a vite été surpassé par le dépôt d’un préavis de 7 mois par la CGT-RATP, pour tout ce qui touchait aux RER, métros et bus parisiens. À croire que le Chibre allemand tiendrait finalement bien plus de la Knacki Ball que du Männerstolz. Sous réserve, bien sûr, de validation scientifique de la chroniqueuse de Quotidien Maïa Mazaurette, et de sa nouvelle émission Vous saurez tout sur le pénis. Mais

Jbon, détendons-nous : quand la CGT-RATP nous annonce 7 mois, il nous faut comprendre une grève non continue ; juste une succession de grèves déclenchables « du jour au lendemain » jusqu’au 9 septembre. Le tout en mondiovision, le temps, au moins, des JO. À quatre euros le ticket, soit un peu moins qu’un abonnement Netflix, pas certain que le film remporte autant de soutien populaire qu’Emily in Paris

Au moins, vivons-nous à Strasbourg, avec Tato. Que j’aime cette ville. Tout ici y est tellement plus doux, plus construit. Petit Poney Rose, notre maire bien aimée, ne s’y était pas trompée en nous vendant un vivre ensemble fait de lutte contre les inégalités sociales, de promotion des transports doux, du bien être des habitants, de la lutte contre l’inflation. Les résultats sont au-delà des espérances : un nombre croissant de gens à la rue, des transports en

commun toujours plus chers, le coût des places de parking qui flambe, de nouveaux radars pour verbaliser, des habitants excédés par les encombrements urbains, des commerçants du centre-ville qui, pour un nombre croissant, songent à l’exil quand ils n’ont pas déjà mis la clé sous la porte, des « périphériques » qui se réfugient dans la Shopping Promenade de Vendenheim plutôt que dans le centre et une politique budgétaire tournée vers le tout lithium, à vélo ou en voiture, sans installer davantage de bornes de recharge ni se soucier de l’impact environnemental de cette nouvelle production automobile. D’autres solutions auraient pu être envisagées : à commencer par une gratuité pour tous des transports publics comme à Luxembourg ou à Châteauroux, avec un coût paradoxalement moindre pour la collectivité ; un réseau fonctionnant 24/7 comme à Prague, dont nul ne semble se plaindre là-bas. Sans doute

la malédiction du Chibre n’est-elle déjà plus genrée.

PLUTÔT QUE DE SUBIR, ENJAMBONS !

Histoire de ne pas l’avoir « dedans », Tato a du coup créé la bonne année 2025. « Plutôt que de subir, enjambons ! », qu’il dit. Un peu comme moi, pour accéder aux manèges d’héritage soviétique dans le parc d’attractions situé à quelques pas du Newport. Pas loin de mes copains cygnes. Assez loin, aussi, de mes retours d’embrassades, cette fois de Przemyśl vers mon autre pays aux bandes jaune et bleu. Et de ces quelques personnes qui forment l’autre moitié de ma famille ; et qui, depuis mes quelques larmes versées sur le retour vers Strasbourg, recomptent les « moutons explosifs » en se répétant que, cette nuit, tout ira bien à nouveau, pendant que d’autres cherchent à bâtir un monde fantasmé qui n’est décidément pas le nôtre. S

MARI IN BORDERLAND Retour vers le futur

Plusieurs fois au cours de ces deux dernières années, je me suis prise à rêver de téléportation, d’arrêt du temps, de retour en arrière pour retrouver un peu de quiétude, de paix et nos vies d’avant. Une chose qui anime depuis longtemps nombre d’écrivains mais également de scientifiques. En vain, hormis dans le monde de Marty et de Doc. Retour vers le futur : parfois, je ne m’en cache pas, j’aimerais plonger dans ce monde de Zemeckis. Une petite DeLorean et le tour serait joué. Plus de 24 février 2022, des centaines de milliers de victimes voulues par un seul homme et l’effet papillon qui va avec, en moins.

En attendant, nos orcs de nonscience-fiction, parce que malheureusement bien réels, auront d’une certaine façon fait avancer la cause des voyageurs du temps, même si prendre un avion de l’Ukraine vers la France n’est plus de l’ordre du possible et a transformé un trajet de moins de trois heures en un de près de trois jours en bus. Autant vous dire que c’est long, slalom entre les frappes russes déduites, même si, ici, chacun essaie de tromper le temps en continuant à fréquenter cafés et autres lieux publics, ne serait-ce que pour dire à nos voisins « non, vous n’écourterez pas nos années ». De ce point de vue, j’avoue avoir une certaine admiration envers une amie qui s’est autoconvaincue de vivre comme s’il n’y avait jamais eu de guerre. Comme si ces deux dernières années n’avaient pas existé. Parfois, je me demande quelle est la playlist qui défile dans ses écouteurs et lui permet de se détacher du réel lorsque tombent nos désormais

bien connus moutons explosifs. Peutêtre n’est-ce qu’une question de réglage du volume. Sans doute plus sûrement, un instinct de survie, mentale au moins.

Le temps, ses voyageurs, c’est cette fin d’année 2023 qu’ils se sont faits les plus visibles. Certes, aucune inscription dans les registres scientifiques, mais en rapatriant les morceaux perdus de notre calendrier grégorien du XVI e siècle, nous avons rapatrié Noël du 7 janvier au 25 décembre. Un petit champ gravitationnel qui nous a permis de faire un saut de 13 jours dans le temps et de nous détacher un peu plus encore de l’emprise russe. Un point de détail, sans doute pour vous, un petit bout d’indépendance en plus pour nous.

Les champs, cette fois bien plus terriens, ont aussi leur réalité temporelle, comme le rappelait récemment votre ancien Secrétaire d’État en charge des Affaires européennes, alors que Paris

craignait de se laisser submerger par une horde de tracteurs, quand Anne Hidalgo caressait le projet de bouter les SUV hors de son centre. Non sans lassitude face aux boucs-émissaires tout trouvés en période de crise sociale, l’homme a ainsi lâché cette petite phrase : « Les travailleurs européens ont aimé le plombier polonais, nos paysans vont adorer les agriculteurs ukrainiens ». Vingt ans après, trouver un plombier en France, lorsque l’on en a besoin, relève toujours d’une petite forme de miracle. Les Cassandre se seraient-elles trompées ?

Seul le temps, là encore, nous dira si nos agriculteurs et éleveurs sauront suffisamment surfer entre bombes, mines, et balles tirées sur le front pour être si menaçants. Parce que pour produire, les nôtres s’équipent encore à cette heure de casques et de gilets pare-balles, histoire de se donner une chance de gagner en existence. DeLorean : que j’aimerais parfois pouvoir te conduire et fuir le temps présent. S

Numériquement vôtre

Comme ma grand-mère se plaît à le dire : « Le numérique, c’est comme la baïonnette : on peut tout faire avec sauf s’asseoir dessus ». Or il semble bien que non seulement nous nous asseyions dessus, mais que nous nous y allongions, prélassions, vautrions avec délices, tout esbaudis par les merveilles qu’il nous apporte. Or, comme tout système technique, les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) sont ambivalentes.

On le sait depuis un petit moment déjà, toute nouvelle technique apporte, en sus d’une solution à un problème, un nouveau problème. Exemple paradigmatique : l’exploitation des énergies fossiles a permis aprèsguerre un développement socio-économique sans précédent, mais elle détruit notre monde. D’où la recherche de nouvelles solutions, qui à leur tour… Mais nous n’en sommes plus simplement à la juxtaposition de techniques depuis que nous sommes entrés dans ce que Jacques Ellul a appelé le « système technicien », le mot important étant ici système : « Un système, c’est un ensemble d’éléments en relation les uns avec les autres de telle façon que toute évolution de l’un provoque une évolution de l’ensemble, toute modification de l’ensemble se répercutant sur chaque élément ».(1) Ce système, le nôtre, inclut un mode d’organisation sociale qui n’est pas réformable par luimême et ne connaît qu’une croissance continue dont le principe déterminant est de gagner en efficacité en tout domaine. Mais si nous développons des techniques, et puisqu’il s’agit d’un système, nous ne sommes pas hors de ce système. Et tout autant que les techniques agissent sur le monde, elles agissent également sur nous et nous transforment également. La chose n’est pas aisée à mesurer puisque nous sommes pris dans un échange permanent. Marx avait bien vu que l’avènement du machinisme lors de la Révolution industrielle conduisait à une aliénation des ouvriers qui se voyaient dépossédés du produit de leur travail qui leur devenait étranger, eux-mêmes étant désormais assimilés à des ressources dans la production.

NI TECHNOPHILE, NI TECHNOPHOBE

La révolution numérique (qui ne conduit pas, contrairement aux dithyrambes répétés, à la création d’emplois attendue) nous a enveloppés à son tour et ce d’une façon d’autant plus complète qu’elle pousse plus loin encore l’abolition de l’espace et du temps. On peut en effet, via le net, visiter tel ou tel musée sans se déplacer et l’instantanéité des transmissions accentue le présentisme dans lequel nous

évoluons. Tout est rapide, tout est immédiat, et nos mails appellent une réponse sans délai. D’où ce constat paradoxal selon lequel plus nous gagnons du temps, plus nous semblons en manquer.(2) Autre frontière dépassée par le numérique, celle du professionnel et du privé, du privé et de l’intime. Et si l’on peut supputer les effets du numérique sur nos existences, ni technophile, ni technophobe, inutile de verser dans une condamnation sans nuances. Outre que cela ne servirait à rien, ce serait manquer d’élégance. Évidemment le porno en ligne est une industrie avilissante pour la femme(3) et il donne une fausse vision de la sexualité (cela mériterait sans doute un article en soi, mais si l’on en vient à mélanger travail et plaisir où va-t-on ?). Mais il aide aussi les adolescent·e·s à mieux connaître leur corps. Cependant, la grande crainte est celle d’une virtualisation, d’une déréalisation du monde et des autres, les écrans n’étant pas seulement perçus comme des fenêtres (windows…), mais comme ce qui fait écran à la « vraie vie ». Il faudrait opposer réel et virtuel, ce dernier n’ayant pas de consistance propre. Nous serions de retour dans la caverne platonicienne, prenant les ombres pour les choses mêmes et tout prêts à céder aux promesses de la « réalité virtuelle ». Or, on le voit bien, le virtuel possède bien une réalité et produit des effets. On retrouve là les appréhensions accompagnant l’apparition de la télévision par exemple, accusée de bien des maux (sans que tous soient absolument fantaisistes d’ailleurs). De même qu’avec le téléphone nous avons appris à parler avec des interlocuteurs invisibles, de même notre conception de la réalité s’enrichit de nouveaux modes de perception.

QUID DES EFFETS DU NUMÉRIQUE SUR NOS SUBJECTIVITÉS ?

Le terme même de virtuel est d’ailleurs d’antique tradition puisqu’on le fait remonter à Aristote qui distinguait l’être en acte (energeia) de l’être en puissance (dunamis). L’être en puissance c’est ce qui n’est pas parvenu à sa plénitude, c’est le potentiel, le virtuel. Ainsi le grain de blé est-il épis seulement en puissance,

« Le numérique relève donc du pharmakon, c’est-à-dire ce qui est à la fois remède et poison, en fonction du dosage. »

un certain nombre de facteurs pouvant empêcher sa croissance. Le virtuel ne s’oppose donc pas au réel, mais à l’actuel (ce qui existe dans le concret) et le réel au possible. Notons au passage que le numérique, si rapide, si facile, si partagé, implique toute une industrie de production et de retraitement, une consommation d’énergie qui sont tout ce qu’il y a de plus matériel, notamment dans leurs effets polluants. Le numérique relève donc du pharmakon, c’est-à-dire ce qui est à la fois remède et poison, en fonction du dosage. Nous avons tous en tête des exemples de joueurs japonais en ligne à ce point dépendants qu’oubliant le boire et le manger, ils périssent d’inanition. Mais quid des effets du numérique sur nos personnalités, sur la constitution de nos subjectivités ? Pour apporter des éléments de réponse, il faut remonter assez loin. Nos sociétés ont consacré l’individualisme. Ce qui en soi veut tout dire et rien dire. À partir du moment où, avec le christianisme, le salut de nos âmes est affaire de comportement personnel, il y a de l’individualisme. À partir du moment où, avec le protestantisme, le rapport à Dieu s’établit sans médiation entre Dieu et le croyant, il y a de l’individualisme. Et quand le premier peintre s’avisa de signer sa toile de son nom à la Renaissance, individualisme

aussi il y a. Mais nous sommes passés, avec des phases d’accélération comme dans les années 60, avec l’avènement de la société de consommation, à une nouvelle forme d’individualisme. Celui-ci se caractérise par une valeur cardinale : l’autonomie. L’autonomie comme condition, ainsi que la nomme Alain Ehrenberg(4), autrement dit comme norme. Elle suppose une forme de désaffiliation vis-à-vis des institutions (État-nation, Église, familles…) et la nécessité pour l’individu de s’affirmer, de s’affermir dans un système de concurrence généralisée. Les affects, les émotions prennent alors une place centrale dans la société. Alors que précédemment la société prônait des valeurs comme la maîtrise, le refoulement et le respect hiérarchique, nous sommes désormais sommés d’être individuellement responsables, de faire des choix et de faire preuve d’initiative. La désinstitutionnalisation entraîne la psychologisation. De là une observation permanente de soi-même, afin de répondre aux critères de réussite et un nouveau mode de vie prônant la réalisation de soi, physique et morale : il s’agit d’être toujours opérationnel, toujours volontaire et toujours authentique. Nous sommes passés d’Œdipe à Narcisse. Ainsi que l’écrit un peu lestement Andreas Reckwitz, ces valeurs mènent à « une

esthétisation et une éthicisation complètes de la vie quotidienne »(5).

TRANSFORMER

L’INTIME EN EXTIME

Si les collectifs tendent à s’effacer, le besoin de faire société demeure. Il y a cependant plusieurs façons de faire société. Depuis les années 70-80, la révolution silencieuse néo-libérale promeut la généralisation des relations contractuelles. C’est le modèle anglo-saxon selon lequel l’intérêt bien compris de chacun, éclairé par sa raison utilitaire, est le fondement des regroupements humains. Ce qui implique certes un engagement, mais tout autant un désengagement si l’on estime que le contrat n’a pas été, ou insuffisamment, rempli. Les réseaux sociaux sont souvent présentés comme de nouvelles formes du collectif (les « communautés »). Mais ces communautés ne produisent que du meme. Ce n’est que parce que sont partagés certains goûts, certaines orientations, certains centres d’intérêt que le regroupement peut se faire. Quant à ceux qui ne sont pas dans ce cas, ils n’y entrent pas. Exit le débat, l’opposition, la confrontation, fondement d’un régime démocratique sain. Sachant qui plus est

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Jque les algorithmes des GAFAM sont programmés pour orienter vers ce qui est déjà connu et apprécié, on aboutit à un biais de confirmation généralisé.

Plus encore, la concurrence s’immisce aussi dans ces espaces perçus comme étant ceux de la libre expression. Puisque nous sommes sursollicités par une production démentielle de contenus, il est nécessaire d’attirer l’attention. Celle-ci étant limitée, il faut la capter en usant de tous les artifices. Et comme nous alimentons généreusement le net de toutes les données nous concernant, notre personnalité a de moins en moins de secrets. Sur les réseaux la même recette s’applique. Si je veux susciter l’intérêt, je dois produire sans cesse du nouveau et du beau. D’où ces tombereaux de clichés vains et lénifiants de Brenda au restaurant, Brenda chez la manucure, Brenda en vacances (de rêve) avec Brandon, etc.

Est-ce là la vie réelle de Brenda ? Non, c’est l’image que Brenda veut donner de sa vie et d’elle-même dans une quête éperdue de visibilité et de reconnaissance. Et l’on s’exposera d’autant plus qu’on recherchera l’attention de l’autre, cette monstration de soi transformant l’intime en extime. Ces petites stratégies établiront les choix de contenus montrant non ce qu’on est, mais ce qu’on sait que les autres attendent que l’on soit. Tout comme sur les sites de rencontres on décidera de ne montrer que certaines choses de soi, d’en cacher d’autres (voire de mettre des photos datant d’il y a dix ans). Alors qu’on pourrait croire que

les réseaux sont le lieu d’une communication plus simple, plus rapide et plus vraie, on s’aperçoit que le rapport positif à soi a besoin de la confirmation du regard des autres. Certes cela avait lieu avant internet ; mais ici c’est une recomposition des identités, un montage, non de soi, mais de son image, qui se dessine. On pourra ainsi multiplier les identités selon les réseaux, les blogs, les sites où l’on se rendra. Et en fonction des commentaires, donc des jugements on modulera l’identité numérique qu’on entend afficher, s’adaptant ainsi aux normes du plus grand nombre selon un conformisme qui n’abhorre rien tant que l’anonymat.

Pendant ce temps, les multinationales des TIC collectent nos données qui, elles, ne mentent pas. S

De gauche à droite : Brenda au restaurant, Brenda chez la manucure, Brenda en vacances de rêve Brenda avec Brandon.

Images générées avec DALL·E, logiciel d’intelligence artificielle qui permet de créer des images à partir d’une requête textuelle.

(1) Jacques Ellul, Le système technicien, éditions du Rocher, 2012 (2) Voir les travaux d’Hartmut Rosa comme Accélération, La Découverte, 2010 (3) Un article récent montre d’ailleurs que les contenus dégradants semblent assez prisés par ces dames : https://www.lemonde.fr/intimites/ article/2024/01/06/femmes-et-pornographieil-m-est-arrive-de-jouir-et-de-me-demanderpourquoi-je-regarde-ca_6209365_6190330.html La logique du fantasme n’est pas celle des bons sentiments.

(4) Alain Ehrenberg, La société du malaise, Odile Jacob, 2010

(5) Andreas Reckwitz, La société des singularités, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2021

MUSIQUE

VAN HALEN MCMLXXXIV

Playlist

MCMLXXXIV, ou 1984, est un album de légende. Et les légendes tordent parfois la réalité. En voulant par exemple que ce disque soit la toute première publication de l’année dont il porte le nom, jusqu’à faire ouvrir les disquaires de New York à Los Angeles le 1er janvier 1984 à minuit pile. En fait, 1984 est sorti dans les bacs quelques jours plus tard, le 9 janvier.

Cet album est légendaire aussi par sa composition. Le groupe Van Halen est déjà connu, mais grâce à quelques idées un peu folles, pour l’époque, il va passer au stade de groupe… de légende, comme de bien entendu.

L’idée principale d’Eddie Van Halen, guitariste immigré néerlandais, qui a fondé le groupe avec son frère Alex (batterie), le besogneux Michael Anthony (basse) et le fou génial David Lee Roth (chant) est d’imaginer son hard rock amplifié par l’usage de synthétiseurs. Or, à l’époque, c’est soit le bon hard rock, « qui crache et qui fait du bruit », soit la tendance new wave avec force claviers.

Dans 1984, tout est donc mélangé, pour apporter une puissance peu commune dans le hard du début des 80s. Avec humour, dans Hot for teacher et son clip qui ferait polémique aujourd’hui : une séance de drague entre le chanteur David Lee Roth redevenu lycéen et une institutrice sortie tout droit de ses fantasmes. L’extraordinaire Panama, également, véritable déflagration sonore.

Mais la légende a besoin de plus que tout ça. Et MCMLXXXIV possède ce diamant. Quatre minutes et trois secondes d’un single publié

fin décembre 1983 pour annoncer l’album.

Un peu plus de quatre minutes qui vont changer l’histoire de Van Halen et celle du rock. Quelques notes de synthés, la guitare et la rythmique se placent, puis David Lee Roth, en gymnaste, invite le public à sauter « Jump ! ».

Mais les légendes ont besoin d’un méchant.

C’est David Lee Roth. Se voyant plus grand que le groupe, il le quitte à l’issue de la tournée de promotion de l’album, pour le retrouver au siècle suivant, en 2012.

Cependant, les légendes ont besoin de happy end. En MCMLXXXIV, ou 1984, donc, les États-Unis accueillent les Jeux olympiques à Los Angeles. Carl Lewis y devient le plus grand athlète de tous les temps, en remportant l’or sur le 100m, 200m, relais et saut en longueur. À quelques km de là, les États-Unis battent l’Espagne en finale du tournoi de basket, présentant au monde un débutant, un rookie comme ils disent, nommé Michael Jordan. Et la France s’impose en finale de l’Euro grâce à un Michel Platini en état de grâce. Jump est aujourd’hui, 40 ans plus tard, la chanson la plus utilisée dans le sport. Les légendes ne connaissent pas le hasard. a

L'actu L’œil

de Victoria Née en 1996, Victoria Grenier décide, après avoir commencé des études de médecine, de se consacrer au dessin et au cinéma.

Diplômée de l’Atelier de Sèvres à Paris, elle est autrice-réalisatrice de dessins animés et de bandes dessinées... et originaire de Strasbourg !

K O O M

ACASSE LES CODES

DU « BIO-BOBO »

Du champ à l’assiette et au verre, Kooma c’est le nouveau temple du bio strasbourgeois, au cœur de l’ancienne Manufacture des tabacs. Dans les 1500 m2 investis, place à un magasin de producteurs, à un restaurant, un pub, un comptoir snacking paysan, un espace animations, le tout bientôt agrémenté de terrasses et d’un rooftop vue cathédrale. Ensemble, producteurs et restaurateurs œuvrent pour dépoussiérer l’image du bio et créer un nouveau lieu de vie à la Krutenau.

Une belle hauteur sous plafond, des clins d’œil à l’histoire architecturale de la Manufacture des tabacs comme ces briques au sol récupérés pour le comptoir du bar. Un sol en béton verni, des luminaires indus’, des tuyaux en acier apparents, de la récup’, et des boules à facettes pour le fun : sans céder aux codes des aménagements intérieurs à la mode, Kooma devrait traverser les années sans prendre une ride. À l’extérieur, de belles terrasses à l’ombre des magnolias, attendues dès la fin des travaux de la Manufacture des tabacs, programmée pour le printemps. Et le must : une terrasse de 200 m2 en rooftop, offrant une vue imprenable sur la cathédrale.

QUATRE OFFRES DE RESTAURATION ET UN MAGASIN DE PRODUCTEURS

Le décor planté, qu’attendre de ce nouvel espace strasbourgeois ? « Nous sommes unis dans ce projet autour des valeurs du bio, mais nous n’avons pas envie d’en parler, sourit Patricia Jung-Singh, présidente de Kooma. Nous souhaitons que les gens viennent parce que c’est bon, parce que c’est sympa, pas parce que

« MA

PETITE CROISADE PERSONNELLE, C’EST DE RENDRE LE BIO PLUS SEXY, DE LE SORTIR DE SES CLICHÉS, DE MONTRER AUX GENS QU’ON PEUT BOIRE,

MANGER BIO, ET PASSER UNE SOIRÉE FESTIVE ! »

François Rakotoarivelo, chef et gérant associé.

c’est bio. Nous voulons casser cette image “bobo” du bio qui serait réservé à une élite. » L’idée ? Proposer des univers différents adaptés à toutes les bourses. « Rendre le bio accessible, c’est tout le challenge du lieu ! », admet-elle.

Quatre offres de restauration sont ainsi proposées : le snacking paysan, pour un take-away sain et savoureux entre sandwiches, soupes et salades. Une brasserie proposant de bons petits plats mijotés selon l’arrivage des producteurs, coordonnés par Kevin Goetz restaurateur et producteur de la ferme La Coccinelle, avec une formule midi à 16 € le plat, 24 € entrée-plat-dessert, des tartes flambées l’après-midi, des plats essentiellement à base de viande (bios) le soir (20-28 € le plat), mais aussi des pizzas cuites au feu de bois pour les plus petits budgets. « Le bio, ce ne sont pas que des graines et du quinoa, sourit François Rakotoarivelo, chef et gérant associé. Le gras, la viande, c’est aussi bio. Manger sain ne veut pas forcément dire manger light ! Ma petite croisade personnelle, c’est de rendre le bio plus sexy, de le sortir de ses clichés, de montrer aux gens qu’on peut boire, manger bio, et passer une soirée festive ! »

Quatre espaces de restauration et un magasin de producteurs investissent désormais la Manuf’.

« NOUS SOUHAITONS VRAIMENT FAIRE DE KOOMA UN LIEU DE VIE. »

UN PROJET GLOBAL, OUVERT SUR LE QUARTIER

Au pub, place à du bon son et des Finger-Food à partager dans une ambiance très étudiante, avec DJ les jeudis, vendredis et samedis. À venir, d’ici à septembre, un restaurant gastronomique, mais décontracté, géré par les chefs Olivier Meyer et François Rakotoarivelo. Dans chaque espace de restauration, « c’est le travail des producteurs qui dicte la carte d’une certaine façon, précise François. S’ils ont des problèmes d’intempéries, avec leurs bêtes, nous devrons réagir... Le chef doit avoir deux fois plus de talent ! » Un chef qui sait sublimer les produits bruts livrés pour une cuisine savoureuse, relevée. Réconfortante aussi.

Quant au magasin des producteurs, « c’est une continuité de la ferme des producteurs, complétée par une offre d’épicerie d’ailleurs », souligne Patricia Jung-Singh.

sur le rooftop de Kooma.

Enfin, un dernier espace est dédié aux ateliers d’animations autour de la cuisine, pour les enfants et les plus grands, ou à la réalisation de produits écologiques, en lien avec des associations. La particularité de Kooma, c’est en effet d’être constitué en Société coopérative d’intérêts collectifs (SCIC), dont chaque producteur, restaurateur ou partenaire institutionnel (l’Eurométropole, par exemple) est sociétaire. « Nous avons construit un projet global, ouvert sur le quartier, les citoyens, les associations, confie Patricia. Nous souhaitons vraiment faire de Kooma un lieu de vie que les habitants, les étudiants, les 1 500 personnes qui gravitent autour, s’approprient. » Un nouvel espace tout bio qui a toutes les cartes en main pour faire revivre ce lieu historique de la Krutenau. E

Kooma. 6 rue des Cigarières, Strasbourg kooma-strasbourg.fr

Patricia Jung-Singh et François Rakotoarivelo
Patricia Jung-Singh

LE SENS ET LA HAUTEUR DE VOS PROJETS

LE CLUB DES SAVEURS D’ALSACE ENTRE INNOVATION ET PROXIMITÉ

Face aux enjeux inflationnistes, concurrentiels et environnementaux, les douze entreprises emblématiques de la gastronomie alsacienne, réunies au sein du Club des saveurs d’Alsace, résistent, innovent et restent chères au cœur des Alsaciens.

L’Alsace fait figure de bonne élève : 8 % des produits régionaux couvrent 53 % des besoins des ménages sur les produits de grande consommation. « En France, la moyenne est de 2,1 % et l’Alsace est en tête avec plus de 2 % d’avance sur la seconde région, les Haut-de-France, se réjouit Philippe Heimburger, président du Club des saveurs d’Alsace. C’est le fruit du travail que nous menons depuis 27 ans avec nos PME patrimoniales. »

L’Alsace nous sert ainsi sur un plateau pâtes, café, bretzel, eau, foie gras, pain d’épices, chocolat, bière, moutarde, crémants, vins, eaux de vie et whisky, spätzle, tartes flambées, charcuterie... Des produits à déguster de l’apéro au dessert, conçus dans notre région depuis de nombreuses générations : « À nous douze, nous cumulons 1794 années d’histoire, sourit Philippe Heimburger. La plus ancienne d’entre nous, Meteor, a été fondée en 1640, la plus jeune, la distillerie Meyer’s, a 65 ans ! Nous sommes toutes des entreprises familiales depuis plusieurs générations, fortement implantées localement, entre traditions et dynamisme, tout en préservant notre environnement. Nos entreprises sont extrêmement labellisées, ce qui montre notre engagement et notre savoir-faire pour la qualité de vie au travail, la préservation de l’environnement, et la sécurité alimentaire du consommateur. »

LC U B DES SAVEURS D ECASLA’ ·

Au sein de ce Club des saveurs d’Alsace, fondé en 1996, Meteor, les Pâtes Grand-Mère, Carola, Alélor, Pierre Schmidt, Café Sati, Arthur Metz, la Distillerie Meyer’s, Fortwenger, Wolfberger et Feyel. Douze PME qui ont très vite compris que l’union fait la force. « Nous partageons les mêmes valeurs, la même éthique, nous avons à cœur de promouvoir les produits de notre région... Nos entreprises sont très agiles par rapport aux grands groupes, nous faisons attention à nos prix de vente. Nous n’avons pas leur puissance de communication. Notre communication à nous, c’est la qualité de nos produits et le rapport qualité-prix », commente Philippe Heimburger. Ensemble, elles représentent 1600 collaborateurs, 3000 emplois indirects, et un chiffre d’affaires en 2022 de 360 millions d’euros. « La tendance est stable, nous enregistrons de belles performances lors de nos opérations communes de promotion », appuie Philippe Heimburger.

DES ANIMATIONS ET BONS DE RÉDUCTION POUR RENFORCER L’ANCRAGE TERRITORIAL

Chaque semaine dans les supermarchés, de Wissembourg à Saint-Louis, le Club des saveurs d’Alsace monte un stand théâtralisé mettant en valeur les produits alsaciens. En ce début d’année, le Club a lancé un carnet de bons de réduction, valable sur les douze marques pendant un an. « Un carnet a une valeur de 30 €, précise Philippe Heimburger. C’est une manière pour nous de remercier les consommateurs et de communiquer, car ne l’oublions pas, “vos emplettes sont nos emplois” ! »

Ces PME régionales n’ont en effet pas les mêmes marges que les grands groupes. « Face à l’inflation, nous sommes obligés d’augmenter nos prix, mais de façon contenue, au risque de perdre nos clients.

La force de ces PME, c’est aussi d’avoir relocalisé la production. Les Pâtes Grand-Mère ont ainsi développé la culture du blé dur en Alsace, Alélor celle des grains de moutarde et du raifort, Bretzel Burgard utilise du blé dur bio alsacien, les raisins de Wolfberger poussent sur nos vignes... “Tous nos fournisseurs sont locaux, ajoute Philippe Heimburger, à l’exception de Café Sati, certes, mais rappelons que la présence des torréfacteurs est historique en Alsace, puisque le Rhin servait de canal d’approvisionnement.” Un Club des saveurs d’Alsace résolument engagé pour sa région.

CERTAINS NE JURENT QUE

PAR NICOLAS.

NOUS ON A PIERRE, PAULE, JACQUES...

Au Théâtre du vin, nous avons 38 prénoms et une grande passion pour les conseils personnalisés. Et sinon, retrouvez-nous sur theatreduvin.fr

STRASBOURG - HAGUENAU - FEGERSHEIM - COLMAR - MITTELHAUSBERGEN

RETOUR VERSL J LE FUTUR DU VIN

Antoine Kreydenweiss, vigneron et négociant

Dans la seconde moitié du XXe siècle, l’essor œnologique a permis aux vignerons d’optimiser chaque hectare. Pourtant, la génération actuelle témoigne d’une aspiration croissante à l’artisanat et aux produits authentiques. Profondément liée aux préoccupations environnementales et sociales, elle ne s’empêche toutefois pas de regarder en arrière pour esquisser un avenir où il fera bon de trinquer. Coup d’œil sur le retour de la cire, et des vins issus d’une macération en amphore.

La Capsule Représentative de Droit (CRD), aussi appelé Marianne, atteste que les droits sur l’alcool ont été acquittés auprès des douanes. Il y a plus de 200 ans, son ancêtre était une couche de cire et de goudron. D’abord transformée en plomb, la capsule est aujourd’hui composée d’alliages d’aluminiums plus techniques. La cire revient néanmoins coiffer une poignée de flûtes alsaciennes.

Antoine Kreydenweiss, vigneron et négociant à Andlau, constate que la cire réalise des bouchages plus hermé-

tiques et limite les échanges. Un intérêt œnologique non négligeable pour ses vins contenant très peu de sulfites. L’ensemble de sa production porte une cire 80 % naturelle. Les matières plastiques ajoutées à la composition permettent d’obtenir un résultat souple. Parce que les restaurateurs, notamment, n’apprécient guère les miettes colorées qui trouvent refuge sur la nappe. Un moindre mal pour certains certes, mais dans un restaurant étoilé, les détails comptent. Dans un souhait d’homogénéité et de gain de temps, Antoine a récemment fait l’acquisition d’une cireuse à bouteilles. Une rareté dans

Jessica Ouellet Caroline Paulus

Jle vignoble ! Le résultat est très esthétique, mais la complexité du processus et le coût inhérent à la réalisation en font un bouchage de niche.

Depuis une dizaine d’années déjà, l’amphore se glisse entre des contenants de vinification plus communs, tels que le foudre ou la cuve inox. Ce récipient, composé en terre cuite ou en grès naturel, est issu d’une histoire multiséculaire associée aux vins de macération. La Géorgie, notamment, perpétue cette tradition.

Au Vignoble du Rêveur à Bennwihr, le vigneron Mathieu Deiss réalise la cuvée Un Instant sur Terre. D’une couleur rose foncé, ce vin dévoile un lot d’arômes fruités où se côtoient le pamplemousse, l’abricot et la papaye. Cet assemblage de cépages alsaciens est issu d’une macération de 10 mois en amphore. Cette dernière permet d’obtenir une structure tannique – comme dans un vin rouge – qui protège le vin certes, mais qui dévoile aussi une plus grande complexité, une bonne tenue à l’air et donne du corps. Parallèlement à cela, la porosité du contenant affine les tannins. Les vins résultant d’un passage en amphore sont relativement stables, « un avantage considérable pour les vins sans sulfite ajouté », précise Mathieu. D’une grande élégance, le résultat révèle une étonnante personnalité.

Nous sommes des êtres cycliques, et il est étonnant de constater à quel point tout ce qui gravite autour l’est aussi. Dans un métier marqué par la tradition et la nature, les cycles s’installent doucement. Ils touchent l’esthétique des bouteilles et la vinification. L’encépagement et l’élevage ne sont pas en reste. Certaines méthodes anciennes, combinées au savoir actuel, augmentent réellement la qualité des vins. D’autres vignerons qui, quant à eux, partent en quête de vieilles recettes par besoin d’originalité plus que de curiosité restent sur leur soif. Parce que parfois, il est bien de le laisser tel qu’il a été, le temps. Avec toute son éphémérité. E

« CERTAINES MÉTHODES ANCIENNES, COMBINÉES AU SAVOIR ACTUEL, AUGMENTENT RÉELLEMENT LA QUALITÉ DES VINS. »
La cire coiffe l’ensemble de la production annuelle du Domaine Kreydenweiss.
La cire utilisée permet d’avoir un résultat souple.

HABITAT . PROMOTION . RETAIL . TERTIAIRE . SANTÉ

Espace Européen de l’Entreprise - Schiltigheim

SPECTACLES FESTIVAL, LIVRES GALERIES, ETC.

Chaque trimestre, la rédaction de Or Norme a lu, écouté, visionné l’essentiel de ce qu’on lui fait parvenir. Cette sélection fait la part belle à ses coups de cœur...

C’ est le retour d’un des plus beaux salons-photos de la région. Pierre Zeler, son passionné fondateur et sa micro-équipe ont encore fait des miracles cette année. Fin avril et début mai prochains, Strasbourg Photos présentera l’imaginaire de seize photographes, réunis par la belle citation de Brassaï, « Je n’invente rien. J’imagine tout ». Chacun d’entre eux présentera une série d’images sélectionnée par le collectif de photographes organisateur du salon. Leur critère : « Sous le voile de l’illusion, la composition est rigoureuse. Par une élégante mise en scène, chaque série s’ouvre comme un livre. Sorte d’écran ou d’écrin, l’image initiale invite le lecteur au fameux « Il était une fois ! ». De quoi donner envie de découvrir les près de 130 images grand format sur les cimaises de cet événement que ses créateurs ont voulu soigné, respectueux du travail des photographes et de leurs visiteurs… Des conférences-débats sont prévues pendant l’événement (le programme sera actualisé sur le site de Strasbourg-Photos). a a CULTURE — SÉLECTION

Strasbourg Photos Entre rêve et réalité

StrasbourgPhotos,du25 avril au5 maiprochainàl’Aubette, placeKléber,entréelibre. www.strasbourgphotos.eu

ÉVÉNEMENTS

« On the Mississipi » en mai à Strasbourg, Ostwald et Saint-Louis

n ne présente plus ce génial pianiste touche-à-tout qu’est Sébastien Troendlé. Amoureux de blues, de ragtime et de boogie-woogie depuis son plus jeune âge, cela fait désormais douze ans qu’il s’inscrit dans une démarche globale de promotion de ces styles et de préservation de ce patrimoine musical. Ses différents spectacles en tournée dans toute la France rencontrent un succès qui ne dément pas.

OSébastien endossera en mai prochain sa tenue de directeur-fondateur du festival « On the Mississipi » dont ce sera la deuxième édition. Affiné avec Tiffany Macquart, la co-fondatrice de l’événement, le concept du festival est simple : il s’agit de rendre hommage aux musiques et aux danses afro-américaines originelles et à toutes celles et ceux qui les ont créées en leur donnant vie sur scène, lors de rencontres, conférence, exposition, actions culturelles et masterclasses. Trois grandes soirées de concerts sont pour l’heure prévues (programme sous réserve de modification) à Strasbourg (8 et 10 mai), à Ostwald (9 mai) et à Saint-Louis (11 mai). Mais une foultitude d’autres événements seront aussi au programme… a

PLe Plato Comedy Club fête ses 5 ans

assionnés de stand-up, Maurizio et Zohar Zohar ont toujours rêvé de monter sur scène. Comment jouer à Strasbourg ? C'est de cette interrogation qu'est né, en 2019, le Plato Comedy Club : une scène mensuelle rassemblant jeunes humoristes et invités de renom. En 5 ans, ils se sont imposés comme une référence dans le paysage du stand-up strasbourgeois, initialement au Fat, puis désormais à la Péniche Mécanique.

Pour célébrer cet anniversaire le duo a mis « les petits Platos dans les grands », et nous offre un All Stars Game du stand-up ! Une soirée exceptionnelle réunissant 7 grands noms : Baptiste Lecaplain, Alexandre Kominek, Nash, Morgane Cadignan, Julien Santini, Merwane Benlazar et Guiguiguipop.

Rendez-vous le dimanche 12 mai à 19h à La Scène de Strasbourg, scène désormais bien connue de l’humour à Strasbourg… a

Le KL

NatzweilerStruthof

Guillaume d’Andlau

Même s’il n’a pas été renouvelé à la tête du Centre européen du résistant déporté, Guillaume d’Andlau s’est littéralement imprégné depuis 2019 du site du camp de concentration du Struthoff. C’est ce qui lui permet de partager avec conviction pas mal de clés pour appréhender le camp, en livrant une part de son histoire, aussi près que possible de la mémoire des plus de 52 000 malheureux qui y furent incarcérés et bien sûr, des 17 000 d’entre eux qui y trouvèrent la mort. Une remarquable préface du réputé historien Johann Chapoutot ouvre ce livre appelé à devenir un durable repère pour transmettre l’histoire du camp et la maintenir vivace dans les mémoires contemporaines… a

Guillaumed’Andlau,Le KL Natzweiler-Struthof,uncampdeconcentration enAlsaceannexée,Éd.IDL’Édition,20 €

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Catharsis

Sébastien

Pelletier-Pacholski

treet Photography France (lire page 50 du présent numéro) édite le travail du photographe strasbourgeois Sébastien PelletierPacholski. Dans une remarquable préface, Patricia Haller-Chatelet écrit joliment : « Sébastien Pelletier-Pacholski porte son regard et vous emporte dans sa petite boîte. C’est dans sa tête qu’il vous capture d’abord. Vite, très vite. Marchez à ses côtés, de bavardages en rigolades ; il est dans cette présence de l’instant qui vous laisse pantois et toujours avec un temps de retard : la photo est faite et vous, bouche bée. »

SL’audace du sable

Juliette Mouquet

LReconnaissant et bienveillant, Sébastien affiche volontiers ses filiations avec les plus grands photographes de rue (de Cartier-Bresson à Doisneau en passant, entre autres, par Vivian Maier), mais il met en exergue Willy Ronnis avec cette citation qui lui va comme un gant : « Sauf rares exceptions, je ne mets pas en scène, je négocie l’aléatoire ».

De la première à la dernière photo de Catharsis émane l’amour de l’Autre… a

SébastienPelletier-Pacholski,Catharsis, ÉditionsStreetPhotographyFrance,55 € www.streetphotographyfrance.fr

a Colmarienne Juliette Mouquet a réuni toutes ses compétences (elle est ingénieure en santé environnementale, mais aussi poétesse, chanteuse et écrivaine voyageuse) pour sortir son premier roman. L’audace du sable tient bien sûr du roman poétique, mais à certains moments, il devient presque comme un carnet de voyage. On marche avec Suzanne qui se destine à devenir institutrice, mais succombe à l’appel de l’Ailleurs, en l’occurrence le Sénégal, dans le cadre d’une mission humanitaire d’alphabétisation. Aux côtés des enfants des rues, Suzanne voyage aussi pour se mesurer à l’audace d’être soimême quand il s’agit de dépasser toutes les frontières qu’on s’était fixées. Le verbe, les lettres, la poésie sont au cœur du livre, presque à chaque page et l’amour du premier au dernier mot. Premier roman, coup de maître ! a

JulietteMouquet,L’audace du sable,ÉditionsKAplume,19,50 €

Ce qui fait briller les étoiles

Aurélien Benoilid & Maud Nisand

Aurélien Benoilid est neurologue à Strasbourg (il préside également aux destinées du Forum européen de bioéthique). Maud Nisand est avocate. Si, dans la vie, ils forment un couple engagé et actif, ils écrivent, aussi. Ce qui fait briller les étoiles est leur premier roman en commun. C’est L’Opéra Garnier de Paris qui est au centre du livre : on navigue ainsi des années de plomb de l’occupation allemande avec le destin d’Émile et de Lazare, le fils du concierge de l’Opéra, qui n’a qu’un seul rêve : devenir danseur étoile, jusqu’au Paris de 2022 où Anna, la petite-fille de Lazare, bouleversée par le suicide d’un proche cousin, va décider de ne plus jouer la figurante et n’aura qu’un objectif : incarner le premier rôle de sa propre vie.

Ce qui fait briller les étoiles s’inscrit dans la veine intarissable des « sagas » familiales et est donc le fruit d’un brillant travail « à quatre mains ». Parsemé de nombreux moments forts où une belle Humanité s’exprime obstinément, ce premier roman se déguste avec délice… a

AurélienBenoilidetMaudNisand, Cequifaitbrillerlesétoiles,

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Histoires d’une

seconde 2014-2023

Jean-Louis Fernandez

Ce superbe livre photos, ce sont les années Nordey au TNS ! Neuf saisons qu’on n’oubliera pas, pas plus que Jean-Louis Fernandez ne les oubliera. « Je n’aime pas les photographes, je n’aime pas être photographié. Je n’aime pas les photos de théâtre, elles figent un art profondément vivant, l’enferment dans un passé, dans un linceul… » avait écrit Stanislas Nordey.

Pourtant, dès son arrivée, il a confié à Jean-Louis Fernandez le soin de « cartographier la présence de tous ces corps et visages qui allaient traverser le bâtiment. » Et, au moment de son départ, ce livre est arrivé. C’est beau près de 290 pages de souvenirs de travail, de répétitions ou de spectacles, de clins d’œil et de complicité, toujours. Les années Nordey au TNS ont été les années du sublime noir et blanc des images de JeanLouis Fernandez, qu’Or Norme avait déjà publiées dans un des plus beaux portfolios de notre collection et que le TNS nous offre réunies dans un livre qu’on conservera précieusement… a

Jean-LouisFernandez,Histoires d’une seconde–2014-2023,ÉditionsTNS,20 €

ené Schickele (1883-1940) écrivain alsacien de langue allemande, fut poursuivi par l’Allemagne nazie pour ses activités pacifistes. Il se réfugia avec sa famille dans le Sud, comme nombre d’autres écrivains en désaccord avec le régime, ou d’origine juive. Le récit de ce séjour est publié chez Arfuyen sous le titre Villa Florida. Il décrit ses compagnons d’exil de façon souvent fort drôle, partage son émotion quant à la beauté des paysages ainsi qu’aux moments de son inspiration. Il montre le plus célèbre des exilés, son ami Thomas Mann, effondré, perdant véritablement son identité allemande dans cet exil, et très éloigné de son frère Heinrich, par Schickele, impitoyable portraitiste. Il livre surtout son analyse quasi journalière des événements, avec une finesse exceptionnelle, une vision très juste de l’avenir. Schickele est mort à peine après le début de la guerre. Il fut mal vu en Alsace en raison de sa vision ironique des Alsaciens et de son souhait de rester vivre en Allemagne, et il fut mal vu des Allemands en raison de ses engagements antifascistes. Ce fut un homme complexe et passionnant, à l’image de l’histoire de sa région.

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Médor-sur-Mer

François Nussbaumer & Jacob Rogozinski

RL’édition de ce livre est aussi remarquable grâce à l’excellente préface de Michèle Finck, et aux nombreuses notes bibliographiques extrêmement précises et détaillées de Charles Fichter. Aux heures terribles d’un monde en fusion, René Schickele a beaucoup à nous apprendre, en particulier aux jeunes générations, sur ce que c’est que l’engagement, qui reste toujours politique d’un point de vue humain, quand bien même on ne veut rien à voir à faire avec « la » politique officielle. Un manuel de résistance. a

RenéSchickele,Villa Florida,traduit etprésentéparCharlesFichter,préface deMichèleFinck,Arfuye,2023,18,50 €

Un titre comme ça est sans doute un hymne à la banalité : le « sur-Mer » fleure bon les petites stations décaties sur un littoral ourlé de cages à poules made in the sixties. Et « Médor », il y en a des millions de Médor, partout, sur le bitume des quartiers, dans les cours de fermes, ou dans les niches des jardinets des petits villages…

Et pourtant : le dernier livre-photos de François Nussbaumer en raconte des histoires : le photographe a arpenté les « plages à chines » du Midi et de l’Atlantique pour en ramener une inédite galerie de portraits de l’animal favori de l’être humain. Cet homme qu’on ne fait d’ailleurs que deviner tant l’objectif ne cherche qu’à atteindre les truffes et les yeux souvent étincelant de vitalité et de fidélité…

En revisitant de tels stéréotypes, François Nussbaumer (et son complice Jacob Rogozinski, auteur d’un splendide texte en préface) a fabriqué un album-objet surprenant et insolite dans lequel surgissent des clichés d’une très belle qualité. Bravo ! a

FrançoisNussbaumer/Jacob Rogozinski,Médor-sur-Mer, LeNoyerÉdition,35 €

DS IMPRESSION, FOURNISSEUR DE PARIS 2024 QUI S’ENGAGE DANS UNE RÉVOLUTION VERTE ET INCLUSIVE POUR LES JEUX

OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES

ess2024.org

Dans une démarche avant-gardiste, Paris 2024 se positionne à la pointe de l’innovation responsable avec l’ambition d’organiser des Jeux Olympiques et Paralympiques écologiquement, économiquement, et socialement responsables. Cette vision ambitieuse s’accompagne du déploiement d’une stratégie d’achats responsable, une première dans l’histoire des Jeux, visant à établir un nouveau standard pour les grands événements mondiaux.

Paris 2024 promeut activement l’engagement des entreprises de toutes tailles et de tous statuts, encourageant les synergies à travers la création de consortiums.

Cette approche collaborative est conçue pour maximiser l’impact positif des Jeux sur la société et l’environnement, en s’appuyant sur cinq engagements prioritaires : l’économie circulaire pré- et postJeux, la neutralité carbone, la préservation de l’environnement, l’innovation sociale, l’inclusion et la création de valeur sur les territoires.

Grâce au soutien de Frédéric GARION et Jonathan KOCH de la Caisse d’Epargne, DS Impression a eu l’opportunité de participer à des réunions de sourcing stratégiques et d’échanges techniques en tant qu’imprimeur grand format. Cette participation a conduit DS Impression à remporter plusieurs lots, témoignant de l’engagement de l’entreprise envers les principes de développement durable et d’inclusion portés par Paris 2024.

Ce partenariat reflète l’engagement de DS Impression en faveur des pratiques d’impression durable et éthique, aligné sur les valeurs et les ambitions de Paris 2024.

Les Jeux de Paris 2024 sont destinés à devenir un modèle de durabilité et d’inclusion, non seulement pour le monde du sport mais aussi pour l’ensemble des acteurs économiques impliqués. DS Impression est fier de contribuer à cette vision révolutionnaire, en apportant son expertise et son engagement pour des pratiques plus responsables.

À propos de DS Impression

DS Impression est un leader dans le domaine de l’impression grand format, reconnu pour son engagement en faveur de pratiques durables et éthiques dans l’industrie de l’impression. Avec une expertise avancée et une approche axée sur la responsabilité sociale et environnementale, DS Impression soutient les initiatives visant à promouvoir un avenir plus durable et inclusif.

DS Impression tient également à exprimer sa gratitude envers le label RSE Print Ethic et le réseau ImpriFrance pour leur soutien.

03 90 22 75 75 contact@ds-impression.com www.ds-impression.com

Une société Agile Group. 5, rue de l’Artisanat 67170 Geudertheim Strasbourg • Paris • Lyon

3KEXPOSITIONS

Larissa B. devant son diptyque Behind The Windows, ©Émilie Guelpa

Larissa B. et la part imaginaire du monde

arissa B. a quitté Strasbourg en 2013, emportant avec elle sa signature « Sixième Songe » qui exprime sa nécessité de se nourrir de la part imaginaire du monde. Après deux étapes (Aveyron puis Ardèche), elle s’est fixée depuis 2015 à Morlaix, en Bretagne où elle a découvert le travail du béton et la technique du ragréage. Depuis, dans la continuité de cette pratique et de son goût pour l’usage de l’existant, Larissa B. utilise les reliquats laissés par ses sols pour créer des tableaux, tables, sculptures, sa coopération avec des menuisiers et ferronniers lui fournissant les structures et cadres, soit sur mesure, soit conçus à partir de matériaux de récupération.

LElle applique la même démarche à la réalisation d’œuvres de tout format, qui se font toujours écho d’un dialogue avec un lieu par l’usage des reliquats d’une réalisation in situ, lors d’une échappée dans les paysages de sa région

d’adoption « en perpétuel mouvement » ou avec un récit mettant à l’épreuve sa naturelle ouverture au monde. Résultats d’un échange, ses réalisations invitent le public à construire son propre rapport à l’œuvre et au-delà, à son environnement.

Ces quelques jours en avril prochain seront l’occasion de découvrir le remarquable travail que l’artiste, depuis toujours en étroite osmose avec la nature, nourri par une belle inspiration quotidienne… a

ExpositionLarissaB. : LEGRUB,91RoutedesRomains,Strasbourg 13,14et20,21 avrilde11hjusqu’à 20h30 :surinvitation(disponiblepar simpleretourdemailàl’adressefannie. relier@gmail.com).Possibilitédevisitesensemaine(du15au19 avrilinclus) ou le 22 avril surrendez-vous.

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3K EXPOSITIONS

La nature extrême a son peintre

Patrick Bogner

atrick Bogner ne se sent jamais plus à l’aise que lorsque son œil fixe dans l’objectif la splendeur vierge de la nature à des latitudes extrêmes qui restent encore en grande partie difficiles à atteindre et où y stationner longuement et patiemment (le quotidien du vrai photographe) est un véritable défi.

PPeu importe pour lui : un cadre, un morceau de roc, une langue de terre glacée, lui suffisent pour littéralement peindre cette nature d’une rudesse sans égale. Patrick Bogner voit ce que l’œil un peu distrait ne distingue pas, il le capte quoiqu’il lui en coûte, conscient du pri-

vilège de caresser du regard des arpents que seules les rares espèces animales de ces lieux inhospitaliers fréquentent. Patrick Bogner n’est jamais plus heureux qu’au cœur de la nature extrême et son exposition à la Galerie Pascale Frœssel sera une belle occasion de découvrir le travail d’un photographe… hors normes. a

ExpositionPatrickBogner,Galerie Pascale Frœssel,du 16 mars au 21 avril, 14ruedesDentellesàStrasbourg

ANTISÉMITISME, RACISME & UNIVERSALISME

Àla Licra, nous voulons dire nos craintes de voir la société s’embraser, depuis des mois, à cause de l’action des quelques-uns qui soufflent constamment sur les braises, relayés par un activisme militant qui véhicule des slogans racistes de toutes formes, haineux et belliqueux.

Tout d’abord, depuis le 7 octobre, de manière extrêmement inquiétante, nous constatons une flambée des actes antisémites.

Pas d’explication à chercher, de circonstances à faire valoir, fussent-elles des circonstances atténuantes. À l’antisémitisme, quelle que soit la forme qu’il revêt, les prétextes ou les hypocrites circonvolutions selon lesquelles il s’affiche, il faut seulement opposer un non. Un non sans discussion.

L’antisémitisme constitue, comme le racisme, une atteinte aux principes et aux valeurs de la République, une menace pour nos libertés individuelles et collectives : en amenuisant de fait la citoyenneté d’une partie de nos concitoyens qui sentent peser sur eux une menace constante contre leur intégrité morale et

physique ; en fragilisant leur sentiment d’appartenance réelle à la nation.

Le message de ceux qui promettent qu’ils feront entendre raison aux juifs est clair et ne se limite pas à de simples excès de langage qu’il serait opportun de contextualiser, de relativiser ou de tempérer avec des « oui, mais ». Ils confinent à l’incitation à la haine et sont tout simplement intolérables.

Et puis, ne minimisons pas la hausse des actes antimusulmans depuis le 7 octobre en France, témoins de cette flambée de haine attisée par l’actualité. La population musulmane est aussi devenue, trop souvent, le bouc émissaire de l’extrême droite, ce qui est inacceptable pour nous.

Nous devons résister à la propagation des mensonges et refuser toujours que soit imposée une vérité frelatée qui n’œuvre pas pour la paix ni pour la tolérance, mais au contraire, pour la cristallisation extrême des antagonismes.

Les citoyens libres de nos pays, épris de leurs droits et libertés, ne peuvent accepter la perspective d’un embrasement des idées et des actes, que plébiscite une minorité.

À la Licra Bas-Rhin, nous ne lâcherons rien, nous ne laisserons pas l’antisémitisme, toutes les formes de racisme et de discriminations se propager dans nos villes, dans notre pays. Nous considérerons toujours que l’humanité est une et indivisible.

Cette vision universaliste sert à promouvoir la diversité, la compréhension interculturelle et l’égalité, à combattre l’ignorance faisant de la lutte contre toute forme de discrimination son cheval de bataille. Nous voyons l’universalisme comme un idéal ambitieux et moderne, face aux tendances séparatistes ou uniformisantes de militantismes différentialistes.

Notre association fidèle à ses principes et guidée par son histoire lutte et luttera sans faille pour une Nation universaliste et unie. a Or Champ est une tribune libre confiée à une personnalité par la rédaction de Or Norme. Comme toute tribune libre, elle n’engage pas la responsabilité de la rédaction de la revue, mais la seule responsabilité de son signataire.

MARS 2024

Couverture

Illustration par Cercle Studio

Portraits de l'équipe

Illustrations par Paul Lannes www.paul-lannes.com

Directeur de la publication  et de la rédaction

Patrick Adler 1 redaction@ornorme.fr

Rédaction

Jean-Luc Fournier 2 (fondateur)

Alain Ancian 3

Isabelle Baladine Howald 4

Erika Chelly 5

Marine Dumeny 6

Guylaine Gavroy

Jaja 7

Thierry Jobard 8

Véronique Leblanc 9

Alain Leroy

Olivier Métral

Jessica Ouellet 10

Barbara Romero 11

Benjamin Thomas 12

Photographie

Franck Disegni 14

Alban Hefti 15

Vincent Muller 16

Caroline Paulus 17

Nicolas Rosès 18

Sabrina Schwartz

Publicité

Régis Pietronave 13 publicité@ornorme.fr

Directrice Projet

Lisa Haller 19

Direction artistique et mise en page

Cercle Studio

Or Norme Strasbourg est une publication éditée par Ornormedias

1 rue du Temple Neuf 67000 Strasbourg

Dépôt légal : à parution

N°ISSN : 2272-9461

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Vins d’Alsace 2023

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