OR NORME STRASBOURG N°3 | SEPTEMBRE 2011 | L’INFORMATION AUTREMENT
Gastronomie
Une passion alsacienne | | | |
QUAND LES CHEFS PASSENT à TABLE | AU CŒUR DE L’ARNSBOURG1 | SPORT à STRASBOURG : LE CRéPUSCULE DES DIEUX | ILS ONT ENCHANTé MAXIME LE FORESTIER | UN RêVE DE VERRE | UNE PLUIE D’AUTEURS à STRASBOURG | PORT-FOLIO J.P. REILAND |
« Citée dans le fameux ouvrage de Patricia Schultz parmi les « 1000 lieux qu’il faut avoir vus dans sa vie », l’incroyable Maison Kammerzell est sans conteste l’une des plus belles Brasseries du Monde. C’est donc en terrasse ou sous les fresques de Léo Schnug, que le Chef Hubert Lépine vous invite à venir déguster les spécialités de sa carte revisitée pour la rentrée. »
Ouvert toute l’année, de 12h00 à 23h00 Menu à partir de 26,90 € - Carte : 15,80 € à 25 € 16, place de la Cathédrale - 67000 Strasbourg Tél : +33 (0)3 88 32 42 14 - info@maison-kammerzell.com Tram : Langstross ou Broglie - Parking : Kléber/Gutenberg/Austerlitz www.maison-kammerzell.com
ASp
la lettre de l’éditeur
OR NORME STRASBOURG N°3 EST éDITé pAR L’AGENCE DE pRESSE ASp 25, boulevard Wilson - 67000 Strasbourg Tél. : 03 68 41 80 60 CONTACT : Corinne Geudin - corinne@asp-presse.fr DIRECTEUR DE LA pUBLICATION : pascal Candiotto DIRECTEUR DE LA RéDACTION : Jean-Luc Fournier - jlf@asp-presse.fr RéDACTION : Alain Ancian - Erika Chelly - Jean-luc Fournier Véronique Leblanc - Charles Nouar - Benjamin Thomas Hervé Weill SECRéTARIAT DE RéDACTION ET ADMINISTRATION : Corinne Geudin - corinne@asp-presse.fr pUBLICITé : Adeline Guvercin - pub@asp-presse.fr - 06 31 26 83 30 MAQUETTE : Fanny Mourot - vektorielle.fr MISE EN pAGES : Fanny Mourot - fanny@asp-presse.fr IMpRESSION : Sicop 3, rue Gabrielle Colette - 67800 Bischheim info@sicop.com DISTRIBUTION : Impact Media pub audrey@impactmediapub.com TIRAGE : 20 000 exemplaires 15 000 exemplaires sont distribués en boîtes aux lettres (distribution solo sans autres documents publicitaires) et 5000 exemplaires sont déposés dans les lieux de passage de l’agglomération (liste des points de dépôt sur demande). Dépôt légal : septembre 2011. ISSN : en cours photo couverture : ASp
Si nous devions raconter nos étés… Certain(e)s diraient avoir enfin connu les émotions d’une liberté toute simple, depuis longtemps quelquefois oubliée, et avoir ainsi abusé du temps de rire et de vivre sereinement chaque seconde de ces jours qui filent si vite, malgré tout. D’autres diraient que ce fut une grande lumière puis ce gris maussade et soudain qui signe les retours brutaux, loin de cette si belle liberté goûtée jusqu’à la moindre molécule… Il ne tient pourtant qu’à chacun d’entre nous de décider que la liberté est notre essence naturelle et qu’elle se doit d’être préservée et élevée chaque jour au rang de notion non négociable. C’est peut-être ça, être Or Norme aujourd’hui… Dans ce numéro de rentrée, nous continuons à vous faire partager nos passions et nos rencontres en souhaitant que vous puissiez les déguster page après page et vous nourrir des histoires que nous vous racontons. En nous intéressant à la gastronomie, nous avons surtout voulu vous présenter la part intime de grands noms que vous connaissez. Ils éclaboussent la gastronomie alsacienne de leur talent et de leur passion. Et, quelquefois, à l’image du Rabelais alsacien dont vous ferez peut-être la connaissance, poussent des coups de gueule mémorables contre la bien-pensance… Vous lirez aussi les aléas du sport à Strasbourg, vous découvrirez un atypique promoteur immobilier, un spécialiste du laser qui innove sans retenue, un passionné de l’art verrier qui a de beaux projets pour l’Alsace, et tant d’autres gens ou événements tous Or Norme. Une dernière bonne nouvelle : ce numéro 3 d’Or Norme Strasbourg compte désormais 80 pages au lieu des 64 habituelles. Tout cela, nous le devons à nos annonceurs de plus en plus nombreux qui soutiennent l’aventure de notre jeune revue, née en décembre dernier. Qu’ils en soient tous très chaleureusement remerciés. Grâce à eux, et grâce à l’intérêt croissant que vous nous manifestez depuis le numéro 1, nous avons un si grand plaisir, chaque trimestre, à conclure cet édito avec notre phrase leit-motiv : « Restez Or Norme ! » JEAN-LUC FOURNIER
sommaire 4
FANNy MOUROT
dOSSier
Gastronomie, une passion alsacienne 26
39 43 46
49 60 66 4
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Identis groupe design | ÉS Énergies Strasbourg, SA au capital de 5 000 000 E • 37 rue du Marais Vert 67953 Strasbourg Cedex 9 • 501 193 171 RCS Strasbourg
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ASp
Qui se cache derrière le directeur général des Vitrines de strasbourg, infatigable animateur du commerce strasbourgeois ? un hyperactif, un inVenteur de concept, un empêcheur de tourner en rond, un innoVateur un peu fou, un audacieux jamais repu ?... tout ça à la fois, assurément. mais au fil d’un entretien-Vérité, on découVre aussi un amoureux fou de la Vie, un authentiQue amateur d’art et une personnalité « or norme » à Qui strasbourg a offert 6 un terrain de création exceptionnel…
Je suis
Un amoUreUx foU
de strasboUrG renCOnTre AveC Pierre BArdeT or norme : on se rencontre le 1er août, au lendemain même de l’édition 2011 de la grande braderie annuelle. un événement une fois de plus réussi mais qui, pourtant, cette année, a été organisé avec un fond d’incertitude inhabituel… pierre bardet : « On peut dire ça comme ça, en effet. pour la première fois, la date habituelle de la Grande Braderie de Strasbourg tombait hors la période traditionnelle de soldes d’été. Nous avons néanmoins décidé de conserver cette date, avec toutes les craintes concernant la fréquentation qui allaient avec. pour assumer ce choix, il fallait développer une intense communication, bien au-delà du périmètre habituel. Nous avons donc beaucoup investi sur Strasbourg et le Bas-Rhin, comme à l’habitude, mais aussi sur le Haut-Rhin et les départements limitrophes ainsi que sur la proche Allemagne, ce qui était une première. Toujours dans la poursuite de ce même objectif, il a fallu faire preuve d’audace et d’imagination sur les animations : les têtes d’affiche avec Rebecca Hampton, l’actrice-vedette de « plus belle la vie » et Didier Gustin, excellent imitateur, ont parfaitement joué leur rôle avec le public qui les a plébiscitées. L’équipe de rugby de Strasbourg aussi : leur clin d’œil avec l’exhibition de leurs pectoraux a été appréciée. Nos craintes ont vite été dissipées : les comptages de l’après-midi ont abouti à une foule record : 200 000 personnes ! Et, le soir, au moment du remballage, la satisfaction des commerçants était évidente, ce qui reste le but premier que nous n’oublions évidemment pas une seconde. Bref, oui, je suis aujourd’hui crevé mais très heureux : réussite sur toute la ligne ! Même la presse nationale s’en est fait l’écho. La preuve aussi qu’il faut savoir associer les synergies gagnantes : le sport, la télé, les vedettes populaires, l’audace des idées neuves… Quand cela fonctionne et aboutit à une grande manifestation où tout le monde trouve son compte, les commerçants, le public qui fait la fête et Strasbourg qui crée l’événement, alors oui, je suis heureux d’avoir pris tous les risques et de n’avoir pas fait les choses à moitié. Je peux dire que j’éprouve un vrai bonheur d’avoir satisfait tous ces publics.
o.n : on connaît votre parcours professionnel qui vous a conduit de ce magasin de déco à la robertsau à la direction générale des Vitrines de strasbourg, en passant par la présidence, et la vice-présidence nationale des Vitrines de france. on sait que vous êtes capable de mettre en œuvre les idées les plus originales. la bosse du commerce, ça existe forcément quand on a obtenu le mercure d’or décerné par le ministre… p.b : Je ne sais pas mais moi, je suis tombé dedans quand j’étais petit. Tout môme, à Bordeaux, ma ville natale, je sortais de la messe le dimanche matin et j’allais aider mon grand-père à sa boucherie : j’emballais la viande, je faisais la caisse… plus tard, je décorais les vitrines de la quincaillerie de mes parents. J’avais à peine douze ans… o.n : bordeaux-strasbourg, c’est la diagonale du fou. comment êtes-vous arrivé dans la capitale alsacienne ? p.b : Via le service militaire tout simplement. J’ai atterri à Offenburg et au fil des permissions que je passais à Strasbourg, je me suis mis à ressentir une réelle émotion pour cette ville, je lui ai découvert une
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Et j’ai toujours un projet d’avance… je pense être un bon acteur dans cette ville, j’en suis fier. Strasbourg me passionne.
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o.n : une autre grande manifestation dans laquelle vous vous impliquez à fond : les illuminations de noël…
Un nouvel arbre bleu pour Noël prochain, Pierre Bardet l’imaginait déjà cet été.
âme et pourtant, avec le froid, ce n’était pas évident ! Quelques mois après l’armée, je suis revenu ici pour des raisons privées. J’étais sans travail. J’ai décroché un rendez-vous avec un patron à l’ancienne. Il a testé ma motivation puis il m’a promis une réponse sous dix jours. Ça s’est joué à ce moment précis : je me suis lancé au culot en lui demandant de me la donner tout de suite, cette réponse. Sur le champ. Il a réagi de façon très intelligente : il s’est dit : un gars avec un culot comme ça, ça fera à coup sûr un bon vendeur. J’ai décroché le job ainsi. Et je suis toujours là…
p.b : Strasbourg est la ville reconnue comme la mieux illuminée au monde à cette époque de l’année, c’est une belle carte de visite, non ? pour obtenir et conserver cette première place sur le podium, il faut se bouger chaque année, croyezmoi. Alors, je cours chez tous les fabricants, j’imagine les nouvelles décos, je traque les innovations, quelquefois même je n’en dors pas de la nuit… L’arbre bleu, ma couleur fétiche, est unique au monde et connu dans toute l’Europe et même au-delà. Des couples se font photographier devant en faisant un vœu. Je l’ai dessiné moi-même et j’ai supervisé sa fabrication. Et vous savez quoi ?
poUr certains, c’est l’everest qU’il faUt Gravir, d’aUtres entreprennent le toUr dU monde en bateaU… moi, c’est l’événementiel, faire boUGer les choses de façon popUlaire. o.n : un trait d’audace donc… l’audace, c’est un peu votre marque de fabrique, non ?
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p.b : J’avoue que oui. Sincèrement, je n’ai jamais cessé d’en faire preuve dans tous les domaines de la vie. Je crois que l’audace va de pair avec la passion. J’adore les challenges. pour certains, c’est l’Everest qu’il faut gravir, d’autres entreprennent le tour du monde en bateau… Moi, c’est l’événementiel, faire bouger les choses de façon populaire. Le type qui escalade, le marin qui traverse les océans, tous ces hommes repoussent leurs limites à chaque fois. pour moi, c’est pareil mais mon terrain d’action, c’est la ville, son attrait, son image, sa notoriété… Et comme je suis un self-made man, je suis aussi un malade de la perfection. Tout contrôler avant l’événement, anticiper les problèmes, c’est mon truc. C’est du boulot aussi, beaucoup de boulot. La Braderie, pour ne parler que de cet événement, ce sont des mois de repérages en amont, ne vous y trompez pas ! Il y a bien sûr le bureau des Vitrines de Strasbourg qui se mobilise aussi mais au final, s’il y a quelqu’un à engueuler en cas d’échec, c’est moi et moi seul. Je revendique cette solitude-là, je suis fabriqué ainsi. Je préfère l’action aux « y’a qu’à… » ou aux « faut qu’on ». Action, action, action, prendre des risques, surprendre, enthousiasmer, faire plaisir aux autres : la Ville de Strasbourg me fait confiance, je fonce. Je rends la confiance qu’on m’accorde.
Il fonctionne 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 pendant sept semaines pour un coût énergétique de 69 euros. Grâce aux LED qu’on a introduites. Tiens, je vais livrer un scoop aux lecteurs d’Or Norme… o.n : allez… p.b : A Noël prochain, il ne sera plus là… o.n : c’est une blague… p.b : Oui. Il sera remplacé par l’arbre bleu n°2. Il va grandir… Et j’ai trouvé avec le fabricant un bleu encore plus intense et un procédé qui va flasher à mort. Je ne vous en dis pas plus. Je viens de passer la commande… Ce sera notre cadeau pour les 20 ans de l’opération « Capitale de Noël ».
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o.n : et côté surprises lors de l’inauguration de fin novembre ? p.B : Je suis en contact avec un immense animateur de télé. Et puis, cette année, il y aura des ténors, de belles voix, des voix réellement exceptionnelles. L’art va faire son entrée lors de l’inauguration…
Je sUis Un amoUreUx exiGeant. ma ville, Je la veUx toUJoUrs plUs belle et toUJoUrs plUs attractive. o.n : l’art, une autre de vos passions. Vous êtes notamment un spécialiste du bleu Klein… p.B : J’ai une véritable histoire d’amour avec cette couleur. Elle est réputée froide mais pour moi, ce bleu, c’est la Grèce et ses chapelles, la Tunisie, c’est une couleur-lumière, infinie, magique, céleste. Le bleu m’apaise et me transforme. Je n’ai aucune idée du pourquoi : ça a toujours été comme ça. Le bleu Klein est très profond, unique. C’est sans doute pourquoi j’aime aussi la mer, cet infini que tu ne perçois jamais entièrement. Mais je pourrais aussi vous parler des couchers de soleil que je suis capable de regarder infiniment aussi, cette mise en scène que la nature nous offre chaque jour, chaque minute, chaque seconde. Je pourrais aussi évoquer la musique, je suis un fou des compilations Buddha Bar, Hôtel Coste, Café Del Mar. Un fou de Jean Ferrat, également. La vie est un événement permanent ! Quand tu es à Jérusalem, au cœur de ce mille-feuilles de religions entassées les unes près des autres, le Mur des lamentations, cette si belle mosquée tout près… c’est incroyable ! L’humanité nous fait grandir tous les jours, on finit par vivre avec des pressentiments qui nous guident, on ressent alors plein d’émotions positives… C’est pareil à Strasbourg, avec tout ce que nous mettons en œuvre.
o.n : et vous revenez sans cesse à strasbourg… Quel amour pour votre ville d’adoption !.. p.B : Oui, mais je suis un amoureux exigeant. Ma ville, je la veux toujours plus belle et toujours plus attractive. Elle a tant d’atouts et malgré tout, elle ne le réalise pas toujours. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO mais elle ne fait que le susurrer. Il faut qu’elle le revendique haut et fort ! Il faut aussi que Strasbourg regarde autour d’elle à 360°. Hors paris, quelle est la ville française qui, tout autour d’elle, bénéficie d’une telle concentration et d’un tel panel économique, touristique, artistique, culturel, historique, environnemental, humain ? Oui, je suis un amoureux fou de Strasbourg. Et chaque matin que Dieu fait, quand je me lève, bien au-delà de mes seules responsabilités professionnelles, je me dis que l’imagination est au pouvoir et que dans cette ville, pour cette ville, on peut réaliser de grandes choses !.. »
ENTRETIEN RéALISé pAR JEAN-LUC FOURNIER
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Table ronde « Chez Yvonne ». De gauche à droite : Jean-Luc Fournier (Or Norme Strasbourg), Jean-Louis de Valmigère (Chez Yvonne et le Strissel), Nicole Klein (Hôtel K), Jean-Georges Klein (l’Arnsbourg), Guy-Pierre Baumann (Maison Kammerzell), Emile Jung (ancien Chef du Crocodile).
FANNy MOUROT
Une belle brochette ! notre lanGUe n’a pas troUvé mieUx qU’Un terme de Gastronome poUr décrire Une table ronde exceptionnelle entre spécialistes. oUi, c’est Une belle brochette qU’or norme a réUnie en JUillet dernier à strasboUrG aUtoUr d’Une même table poUr parler en profondeUr de la Gastronomie en alsace, Un JoyaU réGional qUi poUrrait peUt-être être encore mieUx Utilisé si… Qui d’autres qu’eux pouvaient ouvrir le dossier principal d’Or Norme n°3 que nous avions décidé de consacrer à la gastronomie en Alsace ? personne. Ils ont spontanément accepté l’invitation de notre revue : Jean-Georges Klein et son épouse Nicole (Restaurant L’Arnsbourg et Hôtel K à Baerental), Guy-pierre Baumann (Maison Kammerzel à Strasbourg – entre autres – ), Emile Jung (celui qui consacra Le Crocodile parmi les plus grandes tables françaises) et Jean-Louis de Valmigère qui avait tenu à nous recevoir « Chez yvonne », sa légendaire winstub. Et, comme on n’a rien à vous cacher, avouons-même que nous avons raté d’un rien le « plateau royal » avec Marc Haeberlin (L’Auberge de l’Ill à Illhauesern) qui s’est décommandé la mort dans l’âme la veille au soir, devant faire face à un afflux inattendu de convives ce midi-là (c’est aussi cela, le quotidien d’un chef étoilé) et Olivier Nasti, le talentueux chef du Chambard à Kaysersberg, qui n’eut pas la possibilité d’écourter un voyage professionnel à l’étranger. Tous deux auraient bien aimé être des nôtres également. partie remise… Entre les plats chouchoutés par…, le chef de « Chez yvonne » (ah ! la douceur et la succulence de ce rôti de veau…), voici les propos de la fine fleur de la gastronomie régionale. Où il apparaît, entre autres, que le talent et la réussite ne tarissent jamais la source des idées neuves, voire audacieuses…
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Emile Jung
or norme : Vous tous, vous avez incroyablement contribué à la réputation de l’alsace grâce à votre talent. la gastronomie a toujours été associée à l’image de notre région… selon vous, quelles en sont les raisons profondes ? emile jung : « Je veux bien me lancer le premier dans la réponse à cette question, même si je me suis retiré après la vente du Crocodile. Mais je côtoie plus que jamais les collègues restaurateurs, je reste à l’écoute. L’engouement, la passion, l’enthousiasme sont comme les ingrédients d’une recette qui a fait de la gastronomie alsacienne ce qu’elle est. Ce sont les ingrédients de l’art de vivre en Alsace. Tout cela fait partie de notre héritage et se perpétue avec la tradition familiale qui a toujours joué son rôle et maintenant, par la formation professionnelle qui marche bien dans notre région. Nous avons en Alsace de très belles enseignes, de tous niveaux, qui n’ont jamais perdu de vue qu’il n’y a pas de grands chefs, de grands restaurants sans respect de la tradition.
Je sUis catéGoriqUe : s’il y a moins de troUbles en alsace qU’ailleUrs, c’est parce qU’on y manGe mieUx ! En Alsace, nous avons rendu ce que l’on appelait autrefois la cuisine bourgeoise accessible à tout le monde. Regardez la tarte flambée : moi je dis que ce plat-là sert la paix sociale ! La tarte flambée procure non seulement la satiété mais y associe aussi le plaisir des sens. Je suis catégorique : s’il y a moins de troubles en Alsace qu’ailleurs, c’est parce qu’on y mange mieux ! »
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jean-georges Klein (après s’être remis du grand éclat de rire provoqué par les propos d’Emile Jung – ndlr) : « Emile a raison : si, en Alsace, le plaisir de la table reste un point fort, c’est parce que dans notre région, une grand-mère, une maman, savent encore cuisiner de façon traditionnelle et font perdurer cette tradition au niveau des jeunes générations. Je le constate souvent à l’Arnsbourg : notre restaurant bénéficie d’une clientèle qui a les moyens, certes, mais le bas de la tranche d’âge se situe désormais entre 30 et 35 ans…. »
emile jung : « C’est vrai, je suis passé chez toi récemment. J’ai été frappé par le nombre de jeunes qui déjeunaient… » jean-georges Klein : « Les jeunes de notre région, à mon sens, aiment de plus en plus revenir vers les bases, la source, les choses simples, non sophistiquées. Je crois que même pour eux, le monde va trop vite, trop fort, ils veulent se poser. Le succès de l’Hôtel K que nous avons ouvert avec Nicole le prouve : son esprit écolo séduit beaucoup. Alors, il faut développer dans cet esprit des valeurs toutes simples : les plats de base doivent évoluer dans le respect d’une certaine tradition, ne pas être totalement déstructurés… »
guy-pierre baumann : « pour notre groupe (Maison Kammerzel, L’Alsace à Table, Le Clou, La Chaîne d’Or, Flo,… -ndlr) , c’est la même chose. Les gens achètent aussi un prix, ils font plus attention qu’auparavant mais les chiffres sont formels : la fréquentation est meilleure qu’en 2010, notre chiffre d’affaires est plus élevé. La crise, pour l’heure, ne fait pas vraiment partie de nos problématiques. »
guy-pierre baumann : « Il y a aussi une autre valeur qui perdure : le sérieux qui est reconnu à l’Alsace. Je le constate bien « chez Kammerzel » car nous y recevons des gens de toutes origines géographiques : l’Alsace conserve une image de sérieux et les gens ont une certaine admiration pour cette valeur-là… » emile jung : « Je dirais plutôt qu’on est appliqué… » jean-georges Klein : « Nicole me disait récemment, comme on l’entend dans la pub d’une marque automobile d’outre-Rhin : Deustche Qualität ! Ce sentiment-là compte dans l’opinion que se forgent nos clients » nicole Klein : « Je confirme. Et j’étends tout cela à l’Est de la France : tout ce qui existe dans l’Est, en matière de gastronomie, est réputé de qualité… » guy-pierre baumann : « Récemment, j’ai entendu dans le hall d’accueil de la Maison de l’Alsace à paris un couple qui posait cette question : quelle est la monnaie en Alsace ?.. Au-delà de cette anecdote, il est vrai que cette image de sérieux nous différencie bien des autres régions françaises… » or norme : Vous abordez incidemment les questions économiques. nous vivons une crise sérieuse qui impacte fortement le pouvoir d’achat des français. la ressentez-vous dans vos établissements ? jean-georges Klein : « pour être franc, non. Un recentrage oui, une crise : non. Les clients viennent toujours. Les étrangers représentent la moitié de notre clientèle à l’Arnsbourg. Bien sûr, compte-tenu de notre situation géographique, nous avons beaucoup de clients allemands. Ils sont très attachés au rapport qualité/prix, très vigilants là-dessus et, du coup, nous le sommes aussi… » emile jung : « C’est pourquoi il faut respecter notre échelle de valeurs. Une, deux, trois étoiles : cette classification-là doit absolument être respectée, elle fournit des repères fiables… » jean-louis de Valmigère : « En ce qui nous concerne dans nos winstubs Chez yvonne ou au Strissel, je dirais que la crise économique nous favorise presque. Nos clients se déplacent hors d’Alsace moins souvent et passent donc plus de temps à Strasbourg. Il n’y a donc pas de chute brutale dans notre créneau intermédiaire entre les grands établissements et ceux qu’on pourrait qualifier d’ordinaire, sans aucune pensée péjorative. »
Nicole Klein
nicole Klein : « L’Arnsbourg et l’Hôtel K sont membres du réseau « Relais et Châteaux ». La crise y a été ressentie brièvement, finalement. Quand j’écoute nos autres collègues, j’ai vraiment le sentiment que nous en sommes sortis, qu’elle est derrière nous… » emile jung : « Je le répète, je ne suis plus concerné au quotidien. Mais je pense que ceux qui sont sérieux, qui ont pignon sur rue et qui bénéfice d’un bon positionnement en terme d’image s’en sortiront toujours, quelles que soient les circonstances économiques. Et puis l’Alsace conserve encore ses valeurs traditionnelles : tout le monde se connaît bien, s’entraide, se communique ses différents
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savoirs. Il y a quand même une grande confraternité entre nous, les restaurateurs. En Alsace, on donne une idée et on la reçoit améliorée en retour. Bien sûr, il y a des exceptions mais cette règle générale reste vraie. Ça peut aider à passer des caps difficiles… » jean-louis de Valmigère : « Vous avez raison, je peux en témoigner. Quand j’étais assistant du commerce à la CCI de Strasbourg en 1974, mes autres collègues de France s’étonnaient déjà de la confraternité et de l’entente spontanées qui existaient en Alsace. à cette époque-là, l’Alsace était considérée comme unique à ce niveau. Dans nos métiers existe une vraie générosité naturelle, ce n’est pas le cas pour toutes les corporations… » jean-georges Klein : « Faire plaisir fait partie de nos fondamentaux. C’est notre façon d’être… » emile jung : « J’appelle ça l’intelligence du lendemain. Elle est la conséquence de nos contacts et de notre générosité naturelle ». or norme : à vous entendre, messieurs, madame, la gastronomie en alsace s’est élevée au rang de philosophie… »
Guy-Pierre Baumann
emile jung : « Les mets parlent à tous les sens. Et les sens parlent à l’esprit. Ça permet d’aller plus loin que le matériel, non ? Même la foi passe par là. Elle passe par le corps. Il y a beaucoup plus que du savoir-faire dans la gastronomie. »
c’est ce qUe J’ai fait avec la choUcroUte. Je sUis parti de celle qUe faisaient ma Grand-mère et ma mère. pUis Je me sUis dit qU’il fallait l’améliorer, la réinventer, qUe c’était mon toUr de la transformer aU fUr et à mesUre qUe ma matUrité s’affirmait. guy-pierre baumann : « Voilà : Emile est un philosophe alsacien ! » jean-louis de Valmigère : « Et un poète aussi… » (Deuxième grand éclat de rire général - ndlr) jean-louis de Valmigère : « La gastronomie, c’est une des expressions des civilisations. En Alsace, elle est plus riche, plus généreuse que dans d’autres régions françaises. Ici, vraiment, notre identité profonde s’exprime à travers notre gastronomie. » jean-georges Klein : « L’Alsace cultive ses racines mais elle les fait évoluer, aussi. Nous ne sommes pas les seuls d’ailleurs : moi, mon territoire, c’est tout le globe terrestre, à commencer par l’Europe dont l’Alsace est au centre. Avec Nicole, nous nous sommes rendus récemment au Danemark, chez René Redzepi dont le restaurant le Noma vient d’hériter du titre de meilleur restaurant du monde pour la seconde année consécutive. Il y a une qualité évidente dans ses mets, tous réalisés à partir des produits du terroir danois, ce qui n’est pas un mince exploit : ils traitent des racines, plein de choses étranges pour nous... Mais il y aussi une ambiance, une mise en scène, le tout dans un ancien entrepôt maritime de la banlieue de Copenhague. Le concept est archisimple, on s’y sent immédiatement à l’aise, cocoonés quoi… Il fallait juste oser. Chapeau ! » jean-louis de Valmigère : « Toutes les musiques restent à inventer. Il en va de même pour les assemblages de goûts. On reprend, on teste, on s’adapte au goût du jour… » 14
nicole Klein : « La seule limite, c’est de faire les choses avec le cœur et avec une grande ouverture d’esprit. »
J’ai dû faire cinquante tonnes de choucroute dans ma carrière, vous savez… mais reste qu’aujourd’hui, j’utilise douze épices, avec une grande parcimonie. Malgré le fait que notre choucroute soit désormais fabriquée dans une cuisine centrale, je prépare ma « tisane » moi-même et nos cuisiniers la reçoivent ainsi. C’est ça, évoluer dans la simplicité… or norme : un dernier thème pour cette table ronde même si, avec vous, on pourrait en aborder tant d’autres, tant vous écouter parler aussi librement est jouissif. la gastronomie est un des piliers de notre région. l’alsace rencontre des difficultés dans le monde complexe dans lequel nous vivons désormais. ne pourrait-elle pas s’appuyer encore un peu plus sur ce point fort et innover : la gastronomie alsacienne ne pourrait-elle pas être un fer de lance décisif en matière de communication pour notre région ?
Jean-Georges Klein
jean-georges Klein : « Et ne rien s’interdire. Une herbe, un produit japonais… : aucune limite ! pour peu que l’accord soit juste… » emile jung : « Ca s’appelle l’harmonie… Il faut que notre gastronomie reste un plaisir lisible, je dirais. Chaque produit doit garder son expression. Après, on fait avec des notes personnelles... »
et ne rien s’interdire. Une herbe, Un prodUit Japonais… aUcUne limite ! poUr peU qUe l’accord soit JUste… jean-georges Klein : « Emile a raison, il ne faut pas que notre cuisine devienne cérébrale. Un plat, ça se met dans la bouche, ça s’apprécie. En fonction de notre expérience et de notre savoir-faire, on peut évidemment élaborer des saveurs complexes. Mais, à un jeune cuisinier, je conseillerais toujours de faire simple, de rester simple ! C’est dans la simplicité qu’on s’exprime le mieux. » emile jung : « Il faut s’effacer devant le produit car le produit a plus de talent que l’homme. Après, il faut lui apporter l’esprit… » guy-pierre baumann : « C’est ce que j’ai fait avec la choucroute. Je suis parti de celle que faisaient ma grand-mère et ma mère. puis je me suis dit qu’il fallait l’améliorer, la réinventer, que c’était mon tour de la transformer au fur et à mesure que ma maturité s’affirmait.
jean-georges Klein : « La clé de voûte, dans ce domaine, ce sont les médias qui la fabriquent. Incontestablement ! Rappelez-vous : il y a quinze ans, le New-york Times avait décrété que la haute cuisine française était foutue, que la gastronomie espagnole allait littéralement la bouffer ! Tout ça parce-que Ferran Adrià et son restaurant catalan El Bulli innovaient à tour de bras. Ferran était un vrai fer de lance pour la haute cuisine espagnole. En Alsace, il nous faudrait un tel fer de lance. Il nous faudrait un Ferran Adrià alsacien… emile jung : « Nous avons des atouts. Il y a eu un tel brassage de peuples en Alsace. Chacun d’entre eux a laissé des traces de sa tradition. Mais le vrai génie de la cuisine française réside dans le vin et ses utilisations… » guy-pierre baumann : « De Valmigère est sur la bonne voie avec Food Culture. Si on créait plus d’événements comme celuilà, on ferait mieux connaître notre région… »
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jean-louis de Valmigère : « Je voudrais que Strasbourg se positionne résolument comme capitale des gastronomies européennes. Il faudrait que nous ayons l’audace pour ça. Après tout, Strasbourg n’en a jamais manqué : elle a été la première ville libre du monde, le saviez-vous ? En 1262, à Hausbergen, on a foutu un évêque à la porte ! Cinq siècles avant 1789 ! Strasbourg, à cette époque, en a récolté une grande aura et a bénéficié ainsi d’une réelle attraction. Il faudrait que notre ville prenne réellement conscience de son potentiel et de ses vraies traditions, qu’elle redevienne la capitale de l’humanisme. L’époque s’y prête, non ? En réunissant les gastronomies européennes ici, nous redeviendrions des pionniers, ce serait un beau challenge, à mon avis… » jean-georges Klein : « Tout à fait d’accord, tout à fait !!! On pourrait démontrer, sur cette base-là, que nous sommes performants. pour y parvenir, il nous faudrait faire éclore un leader, quelqu’un qui pourrait faire la synthèse de tout ce dont nous venons de parler, qui puisse se mettre en avant et générer des associations de savoir-faire… » Jean-Louis de Valmigère
Je voUdrais qUe strasboUrG se positionne résolUment comme capitale des Gastronomies eUropéennes. il faUdrait qUe noUs ayons l’aUdace poUr ça. nicole Klein : « Exporter notre savoir-faire en Europe… Le président actuel des Relais et Châteaux est andorran. Il se dit sans cesse frappé par le fait que nos chefs français se sentent inférieurs aux autres. Ce complexe d’infériorité est nouveau, il nous nuit. pour lui, la forteresse France se vit comme assiégée… Oui, il faut mieux promouvoir l’Alsace, on a, à mon avis, trop de retard sur les autres. La gastronomie est une de nos meilleures armes, c’est évident» jean-georges Klein : « peut-être faut-il ne plus raisonner par le seul concept de savoir-faire en gastronomie pure mais y associer aussi le service, l’art de recevoir… Ce pourrait être notre fer de lance, notre profession de foi. L’Alsace pourrait être le fer de lance de l’Art de la Table ! » TABLE RONDE ANIMéE pAR JEAN-LUC FOURNIER pHOTOS : AUDE MULLER
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Un proJet poUr l’alsace En près de trois heures, en toute liberté, les participants à notre table-ronde n’ont cessé d’évoquer leur sublime passion qu’est la gastronomie. Nous avons vécu à leurs côtés une expérience journalistique rare et passionnante. Quel plaisir d’entendre de vrais experts s’évader sur tous les territoires que leur talent et leur savoir-faire leur autorisent à visiter, réinventer, fréquenter… Il nous aurait fallu au moins trois fois l’espace rédactionnel dont nous disposions pour rendre compte avec exhaustivité de leurs propos. Si nous avons fait de notre mieux pour synthétiser la quintessence des idées et avis émis dans le cadre intime du chaleureux premier étage de « Chez yvonne », nous vous promettons de suivre avec attention les lendemains de cette table-ronde. Car ces Chefs-là sont de vrais amoureux de leur région et n’entendent pas en rester là. Ils ont bien conscience du monde dans lequel nous vivons tous désormais. Ils savent également que l’Alsace doit se battre, ne pas perdre son rang, briller de tous ses feux et forger des armes nouvelles et innovantes. Sa tradition en matière de gastronomie en est une. Et dans ce domaine, ces Chefs-là savent de quoi ils parlent… Alors, ils vont agir. Car ils ont toujours procédé ainsi. Emile Jung est passé en quarante ans du restaurant familial de Masevaux au firmament des étoilés français, et même le temps qui passe n’a rien changé à son esprit audacieux et novateur. Jean-Louis de Valmigère, longtemps simple marketeur dans la restauration de chaîne, a osé reprendre l’historique winstub « Chez yvonne » il y a dix ans déjà : sans en trahir l’âme, il a fabriqué une carte délicieuse, toujours plus fraîche et authentique. Le succès de l’établissement et son atmosphère inimitable ne se sont pas démentis depuis… pierre-yves Baumann a créé un empire, s’est diversifié, a littéralement inventé un plat, la choucroute aux poissons, sans rien trahir de ses origines. Il veille encore à la bonne marche de ses établissements aux côtés de Jean-Noël Dron, le président du groupe Trasco. Jean-Georges Klein assurait encore le service dans le relais forestier de Baerenthal quand sa maman récoltait une première étoile juste en appliquant les recettes du terroir : une truite pêchée dans la rivière voisine, un gibier abattu à l’automne par un ami chasseur…: il a hissé l’Arnsbourg parmi les plus prestigieux restaurants du monde, tout en restant d’une simplicité et d’une modestie confondantes. Quant à son épouse Nicole, l’amour a fait d’elle une superbe directrice de l’Hôtel K après une totale remise en question qui l’a amenée de son poste de secrétaire de direction dans une grande banque hautrhinoise à de longs mois à l’Ecole Hôtelière de Nancy. Ils (et elle) ont prouvé leur expertise sur le terrain, chaque midi et chaque soir de leur vie, dans un des métiers les plus exigeants qui soient. Alors, quand ils travaillent sur un projet pour leur chère Alsace, on peut leur faire confiance : ils iront au bout du chemin. JEAN-LUC FOURNIER
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Lise charMeL ereSÊ -Ê oSCALiToÊ -Ê L AÊ PerL A PriMAÊ doNNAÊ -Ê SiMoNeÊ Pƒ ré Le FerAudÊ -Ê C HANTALÊ THoMASS PAiNÊ deÊ SuCreÊ -Ê C HriSTieS LeÊ Boudoir 4, rue de l’Outre 67000 Strasbourg 03Ê 88Ê 22Ê 69Ê 83
l’endroit se cache au cœur d’un petit vallon niché dans les forêts des Vosges du nord. jadis un petit relais forestier, l’arnsbourg est devenu aujourd’hui un des plus célèbres restaurants trois étoiles de france. la recette : le respect des traditions, la fidélité aux valeurs mais aussi l’audace et l’innovation. l’arnsbourg est le fruit d’une histoire d’amour entre les hommes et leur terroir.
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« Nous n’avons jamais rien connu d’autre » nous confie Jean-Georges Klein. « La famille a toujours habité là. Ma grand-mère a commencé la cuisine dans les années 70, avec les produits du coin. La truite venait directement de la rivière et le gigot de chevreuil de la forêt. En hiver, on ne vivait que du produit de la chasse. Ma mère a succédé à ma grandmère en salle, avec un chef en cuisine.
moi qUi rêvais d’être Un paUl bocUse : c’était mal parti… Moi, j’ai suivi les cours de l’école hôtelière et c’est à la sortie que tout s’est joué. Maman a eu de sérieux problèmes au dos et… j’ai pris sa succession en salle, un peu frustré de n’avoir pas pu navigué et plus à travers le pays. Je suis resté ici. Moi qui rêvais d’être un paul Bocuse : c’était mal parti… »
la léGende en marche
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La fin de la décennie 80 va marquer un tournant dans la saga familiale des Klein. Le restaurant rencontre déjà un franc succès, se basant sur la restauration traditionnelle. Cathy, la sœur de Jean-Georges, s’est rapprochée après le décès du père. Elle apporte un savoir-faire indéniable au niveau du réceptif, acquis auprès des plus grands à L’Ermitage de Monaco et au Savoy de Londres. Entretemps, son frère, amoureux fou de cuisine, a suivi une formation à sa manière, sur son temps de congés (!) notamment chez Lenôtre à paris, tout simplement en tant que commis (« plusieurs années pas faciles », concède-t-il aujourd’hui). Le grand saut se fera à l’aube des années 90. Le restaurant a de plus en plus la cote auprès des nombreux gastronomes de part et d’autre de la frontière et, sous la houlette de Jean-Georges Klein désormais fermement installé en cuisine, un glissement décisif s’opère : on passe peu à peu d’une cuisine bourgeoise à une cuisine évolutive. Cela ne s’arrêtera plus, la légende de l’Arnsbourg est en marche…
l’innovation, toUJoUrs… La bible des gastronomes, le Michelin, décerne sa deuxième étoile en 1998 à un Chef qui savoure secrètement ce bonheur inouï de figurer parmi les plus grands. Tout en gardant sa modestie naturelle : n’avouet-il pas aujourd’hui être allé observer le triple étoilé Gagnaire dans son restaurant de Saint-Etienne, en 1993 ? « Je n’avais pas tout compris, alors j’y suis retourné quinze jours plus tard ! » De retour à Baerenthal, il n’hésitera pas à appliquer dans sa cuisine les précieux conseils recueillis lors de ses rencontres, poursuivant le cheminement vers la gastronomie de ses rêves. Les clients suivent et cet aspect des choses est sans doute celui qui tient le plus à cœur à Jean-Georges Klein : « Finalement, je n’ai pas de mérite particulier. Ce sont les clients qui m’ont encouragé, presque unanimement. A chaque fois, c’était comme une étape. Je me disais : pourquoi ne pas continuer, pourquoi ne pas aller encore plus loin ?... » L’époque charnière (quatre années, à cheval entre les deux siècles) verra l’Arnsbourg déployer ses efforts vers l’excellence, le frère, en cuisine, ne cessant jamais d’innover (influencé notamment par Ferran Adrià, le magicien catalan) et sa fidèle sœur régnant sur la salle, l’œil impitoyable et attentif, toujours à la recherche du raffinement en déployant un goût sûr et exquis. La consécration, paradoxalement, arrivera au moment où les Klein la redoutaient le plus ! Le début de l’hiver 2001-2002 coïncide avec des travaux d’envergure en salle et en cuisine, rendus nécessaires par la notoriété sans cesse croissante de l’établissement.
Mais, en février 2002, le Michelin décerne le fameux troisième macaron à Jean-Georges Klein et son équipe ! L’extraordinaire coup d’accélérateur doit être assumé coûte que coûte et ce défi-là sera gagné aussi. Durant trois semaines, la lumière ne s’éteindra jamais à l’Arnsbourg, qui sera finalement fin prêt pour jouer dans la cour des très grands. Jean-Georges et Cathy Klein devront alors faire face à une véritable ruée des médias vers leur coin perdu des Vosges du nord. « J’avoue que je n’apprécie pas plus que ça la médiatisation mais j’ai appris à gérer cet aspect des choses. Ceci dit, pour être tout à fait franc, je préfère encore passer quinze heures derrière les fourneaux qu’une demi-heure avec un journaliste. Mais je me sens néanmoins obligé d’y consacrer du temps. On a besoin de cette médiatisation même si, à mes yeux, l’avis de nos clients reste irremplaçable… »
près de dix ans après avoir reçu la distinction suprême, la saga de l’Arnsbourg se poursuit et le succès ne se dément pas. Origines obligent, le tape-à-l’œil et le snobisme n’ont toujours pas leur place à Baerenthal. La même modestie qui animait les grands-parents dans la maison forestière est toujours perceptible. La générosité et l’amour de la gastronomie aussi... L’amour tout court aura également apporté sa touche subtile : longtemps célibataire, Jean-Georges Klein a rencontré et épousé Nicole, la femme de sa vie. Tous deux ont créé l’Hôtel K, sur le coteau face au restaurant. Désormais, les amoureux de la haute gastronomie, qui apprécient aussi le calme et la sérénité très zen de l’hôtel, ne sont plus obligés de reprendre les petites routes sinueuses après leur repas… La famille Klein a ouvert très grandes les portes de l’Arnsbourg et de l’Hôtel K aux lecteurs d’Or Norme Strasbourg. Les pages qui suivent vous parlent de travail, d’excellence et d’amour. profitez-en, imprégnez vous de cette histoire d’hommes et de terroir et, si ce n’est déjà fait, il ne vous restera plus qu’à rendre visite à ces amoureux de la haute gastronomie. Venez de notre part, vous serez conquis… TExTES ET pHOTOS JEAN-LUC FOURNIER
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J’éTAIS AU MILIEU
DE L’ORCHESTRE… Un journaliste (nul en cuisine) pendant plus de trois heures dans un coin de la cuisine d’un trois étoiles, assis sur une haute poubelle (délicatement habillée d’une double couche de nappes blanches, cependant), nourri et abreuvé « à la volée » de plein de petites délicatesses, autorisé à prendre toutes les photos qu’il souhaite et même à rapporter tout ce qu’il entend… Vous n’y croyez pas une seconde ? Et bien, vous avez tort ! La preuve en images…. Ce n’est pas un article sur la haute cuisine gastronomique vue de l’intérieur, c’est un reportage sur un orchestre symphonique. Car ce sont des artistes de très haut niveau que nous avons eu le privilège d’observer à loisir au cœur des cuisines de l’Arnsbourg. Le Chef Jean-Georges Klein est à la baguette et le tempo est tout de suite enlevé. Les ordres fusent, clairs, nets, précis, quasiment jamais répétés, et les musiciens exécutent leur partition sans jamais perdre une seconde leur concentration : « Combien de temps pour la cocotte ? Deux minutes, Chef ! - On peut y aller pour les langoustines ! - Mettez un peu de vinaigrette sur cette assiette, j’ai trouvé qu’il en manquait un peu… Oui, Chef ! » Ça n’arrête jamais. Jean-Georges Klein passe mille petits coups de serviette méticuleux sur le bord des assiettes qui partent en salle (« mon rôle est de tout contrôler… »). Autour de lui, le ballet s’active mais jamais dans la précipitation. « Table 22, six couverts ! - On commence à clocher, s’il-vous-plait… Oui, Chef ! - Toujours les sept de la 5 !! - Service, s’il-vous-plait… Oui, Chef !! » Ce qui est réellement fascinant, c’est que tout se déroule dans un flux très tendu, mais sans la moindre anicroche, presque sans à-coup. Nous sommes là au summum de la technicité et de l’art, sous la houlette d’un maestro qui a initié une équipe de rêve toute acquise à sa cause. Et non sans humour : à un certain moment, un cuisinier présente un ingrédient parfaitement élaboré : « C’est bien ! » commente le Chef « les prochains mille doivent être pareils… ». Le cuisinier sourit rapidement et poursuit sa partition, comblé… Au bout de près de trois heures, tout va se calmer très rapidement et bientôt viendra le temps des cafés et de petites douceurs de fin de repas. Tout aussi méthodiquement, la cuisine sera alors méticuleusement nettoyée, toujours avec cette méthode précise qui n’aura jamais cessé de faire notre admiration… non sans que le Chef, là aussi, contrôle tout… Son travail terminé, chacun quittera la fosse d’orchestre en saluant les autres : « à ce soir… » Oui, à ce soir, pour un nouveau concert symphonique à l’Arnsbourg… 22 JEAN-LUC FOURNIER
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Ce midi-là, avec une salle de restaurant bien occupée, ils étaient exactement 40 (!) pour réussir le concert. Et nous tenons à tous les citer, notre façon à nous de les remercier de nous avoir si bien accueillis en nous permettant, privilège rare, de les observer de près, pour mieux restituer la mesure de leur talent. En cuisine, outre Jean-Georges Klein, Michel, paul, Cédric, les sous-chefs de cuisine ; Mathieu, yoann, Boby, Jan et Andreas, les chefs de partie ; Stéfan, pedro, Mathieu, Maxime, Carolina, Carlos et yan, les commis de cuisine ; Nicolas, Armand, Julian, Raoul, les pâtissiers sans oublier les plongeuses Claudine, Fabienne, Shirley, Sabine et Doris. En 24salle, sous la houlette de Cathy Klein, les maîtres-d’hôtel Christelle (merci pour les réponses aux mille questions, Christelle…) et patrick ainsi que leur assistant, Serge ; Nasser, le chef de rang ; Maxime et Emmanuel, les commis de salle ; Jonathan et Marine, les apprentis ainsi que les sommeliers yoshiko, Valère et Jean-Jacques et les stagiaires Sarah, Marion et Andy. Tous sont habités par la passion de l’excellence. Bravo et encore merci à toutes et à tous !
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Nicole, Jean-Georges et ...Hector Surprise ce lundi matin de juillet dernier, à notre arrivée à l’Hôtel K où nous attendait Nicole, l’épouse de Jean-Georges Klein. Nous n’avons pas été accueillis par son charme et sa gentillesse mais par le faciès rutilant d’Hector, la créature en résine du peintre-sculpteur mulhousien Renato Montanaro. Décidément, l’Hôtel K n’est pas avare d’originalité…
nicole, comment ce nouveau pensionnaire est-il arrivé là ? - « C’est tout simple. Renato est passé par chez nous et, quand il a vu le site, l’idée a germé dans son esprit. Aussitôt dit, aussitôt fait : quelques jours plus tard, il mettait son Hector en pension à l’hôtel. Depuis, il fait de l’ombre au petit teckel en terre cuite qui veillait auparavant sur la terrasse de l’hôtel et plus personne ne remarque nos deux petits lapins blancs, bien vivants ceux-là, dans leur cage. Hector brille de tous ses feux…
la décoration m’a toUJoUrs passionnée mais c’est bernard Wilhem, Un architecte d’intérieUr de strasboUrG, qUi a réalisé celle de l’hôtel K. l’hôtel K est ouvert depuis un peu plus de cinq ans. Vos attentes sont comblées ? - Oui, tout à fait comblées. Nous sommes ouverts 220 jours par an et les six chambres et six suites de l’hôtel affichent un taux d’occupation de plus de 80%. Nos clients sont très fidèles : certains d’entre eux ont dû dormir ici près de vingt fois. Avec eux, une atmosphère quasi familiale s’est installée peu à peu.
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la décoration intérieure est toujours aussi réussie... - La décoration m’a toujours passionnée mais c’est Bernard Wilhem, un architecte d’intérieur de Strasbourg, qui a réalisé celle de l’hôtel K. Il a su nous convaincre d’adopter cette décoration très contemporaine associée à des pièces plus classiques. On a un instant hésité car ça risquait de ne pas plaire à tout le monde. Mais ça a beaucoup plu et on ne regrette pas du tout cette petite prise de risque. Nos clients adorent cette ambiance et ne s’en lassent pas… Votre rencontre avec jean-georges aura finalement marqué le cours de votre vie... - Oui, on peut effectivement dire cela. Nous nous sommes connus en 1999, à une époque où il travaillait vraiment comme un fou et consacrait la totalité de sa vie à son restaurant. Il est venu à Mulhouse d’où je suis originaire et la magie a tout de suite opéré. personnellement, je n’étais jamais venue à l’Arnsbourg auparavant. D’ailleurs, le jour où nous avons fait connaissance, il m’a juste dit qu’il dirigeait un restaurant deux étoiles, sans autre précision. Notre histoire d’amour est née naturellement. Ensuite, il me rejoignait à Mulhouse le mardi et le mercredi, et moi je venais passer mes week-end ici. Nous nous sommes mariés un an plus tard.
comment est né le projet de l’hôtel K ? - Jean-Georges m’en a parlé assez rapidement. Il sentait bien la nécessité d’offrir à ses clients la possibilité de séjourner sur place car l’Arnsbourg est vraiment un endroit très isolé. Je n’ai pas réfléchi très longtemps. Sur un coup de folie, je lui ai dit : j’y vais ! pour moi, un long parcours de formation a alors commencé. J’ai suivi un stage intensif de neuf mois auprès de la CCI de Nancy. Heureusement, ma profession précédente m’avait préparée à la gestion. J’ai également vécu trois stages dans des hôtels qui m’ont beaucoup apporté dans le domaine de l’organisation. Avec Jean-Georges, on a ensuite étudié concrètement notre projet et nous nous sommes arrêtés sur le projet d’un hôtel pas trop grand avec 12 chambres, idéal vis à vis de la capacité du restaurant. L’architecte a parfaitement respecté notre vœu : une belle vue où que l’on soit, à l’intérieur comme à l’extérieur et un hôtel qui inspire la sérénité. en quelque sorte, c’est aussi l’hôtel du bonheur, non ? Et bien oui, je crois que l’on peut dire ça. L’hôtel a ouvert le 29 avril 2006, le jour de mon anniversaire. Neuf mois ont été nécessaires pour le construire. C’est notre bébé, donc… C’était une belle idée qui a bien été réalisée et qui a transformé ma vie. Oh ! bien sûr, il y a des contraintes : comme Jean-Georges et moi y habitons également, on y pense toujours mais tout cela est inhérent à la fonction de chef d’entreprise. Je me rappelle de mon ancien métier de secrétaire de direction : pour rien au monde, je ne reviendrais en arrière… hector ne pipe pas mot. lui aussi a l’air de se plaire à l’hôtel K… Renato n’a fait que nous le prêter pour quelques temps. De mon côté, j’aime bien contribuer à faire connaître le travail des artistes. Mais c’est vrai, le jour où Hector ne sera plus là, il me manquera… » TExTES ET pHOTOS JEAN-LUC FOURNIER
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ASp
GUy-PiERRE BAUMAnn
J’ai vécU
la vie qUe Je voUlais… 28
Aujourd’hui âgé de 71 ans, Guy-Pierre Baumann est encore présent chaque jour à la Maison Kammerzel, à l’ombre de sa chère cathédrale. Entretien exceptionnel avec un homme attachant dont le parcours, la carrière mais aussi le caractère volontaire et batailleur inspirent le plus grand respect…
or norme : en 1958, vous sautiez sur votre scooter pour rejoindre paris : la grande aventure commençait… cette même année, la Ve république était fondée. Vous, vous avez bâti un empire… guy-pierre baumann : « Oh ! Il ne faut rien exagérer… » o.n : comment ça ?.. il suffit d’égrener les noms de certains restaurants dans lesquels vous avez excellé : le Weber puis le maxim’s, rue royale, le lutétia, lasserre, le ritz… puis ceux que vous avez créés ou repris : l’hôtel buckingham, rue des mathurins, les baumann clichy – napoléon – ternes – baltar – marbeuf entre autres puis à strasbourg, Kammerzel où nous devisons aujourd’hui, l’alsace à table, la chaîne d’or… ça s’appelle une vie professionnelles réussie, non ? gpb : « On n’a jamais réussi. Jamais. Tous les jours, c’est une éternelle remise en cause, ne serait-ce que vis à vis de la concurrence. Et puis, la réussite, ça n’existe pas quand on songe que la santé peut tout bouleverser du jour au lendemain. Une seule chose compte : le travail. Ça oui, c’est bien la seule chose tangible, le travail… Et dans mon métier, on ne peut pas réussir sans, même ponctuellement. »
on n’a Jamais réUssi. Jamais. toUs les JoUrs, c’est Une éternelle remise en caUse, ne serait-ce qUe vis à vis de la concUrrence.
o.n : et aussi du flair. Vous n’en manquiez pas… gpb : « C’est vrai. Je suis né dans le Sundgau, je suis un paysan, j’ai conservé le bon sens du paysan. Encore aujourd’hui, quand j’entre quelque part, je ressens immédiatement une oppression ou du bienêtre… C’est inné. o.n : aujourd’hui cependant un parcours comme le vôtre est-il encore vraisemblable ? en un mot, ce qui a été possible au cœur des trente glorieuses peut-il encore l’être de nos jours avec les temps difficiles que nous vivons ? gpb : « C’est vrai que l’époque ne rend pas optimiste. Maintenant, je me demande ce qui relève des informations qui nous parviennent ou non. Quand j’étais jeune, à paris, je bossais comme un fou et je ne me posais pas trop de questions car, simplement, je n’avais pas le temps de lire les journaux, d’écouter la radio ou de regarder la seule chaîne de télévision qui existait. Aujourd’hui, on est beaucoup plus informé sur ce monde qui ne va pas bien et je me demande si le fait de subir cette information omniprésente n’en rajoute pas encore plus. Honnêtement, je suis inquiet pour mes enfants et je pense même que tout ça risque de mal finir. économiquement, socialement, on va vers des jours extrêmement difficiles, c’est certain. Dans les années soixante à paris, on ouvrait un restaurant et le premier soir, il était déjà plein ! La demande était plus importante que l’offre, tout simplement. Alors, oui, avec un peu de talent et beaucoup de travail, la réussite était vraisemblablement au rendez-vous. Et tout suivait : les banques étaient de véritables partenaires, pas des organismes financiers froids comme c’est le cas de nos jours. Je vois mal l’issue des difficultés que nous rencontrons… » o.n : sur le plan commercial, Kammerzel va plutôt bien cependant… gpb : « Oui, mais si les gens viennent toujours autant chez nous, ils le font disons… différemment. La clientèle est toujours là mais le ticket moyen est en baisse. Nous avons à faire à des clients connaisseurs donc exigeants. Maintenant, cette réussite qui perdure est aussi celle de Jean-Noël Dron, le président du Groupe Trasco dont je préside le conseil de surveillance. J’ai une énorme admiration pour ce garçon, je le considère comme mon fils spirituel. Sa droiture et son respect de la parole
donnée m’impressionnent. Je me reconnais en lui, je vous l’avoue. Durant toute ma carrière professionnelle, quand j’étais sur une belle affaire, quand j’étais persuadé qu’il y avait une belle opportunité, je fonçais ! Une bonne affaire, c’est un acheteur et un vendeur qui sont tous les deux satisfaits. Cette bonne entente, je l’ai rencontrée chez Jean-Noël Dron. Il est sur les mêmes traces que moi j’étais : mêmes objectifs, même résultats… »
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o.n : on vous sent plein de sérénité. aucun regret ? gpb : « Avec l’âge qui avance, je me demande un peu comment et quand j’ai pu faire tout ça. Les affaires à paris, les émissions de télévision en Amérique – vous savez, j’écrivais les recettes dans les avions –, j’étais sans cesse en train de travailler et de réfléchir à la façon d’être encore un meilleur cuisinier, à être plus performant. C’est d’ailleurs avec ce bon sens-là que j’ai réussi aux états-Unis. Très vite, j’ai constaté làbas que le filet de sole normande, ça ne marchait pas. Alors, je suis devenu un habitué des supermarchés américains, j’ai pris un chariot et j’ai suivi les ménagères dans les rayons, j’ai observé attentivement leurs achats, j’ai tout noté et j’ai vite compris ce qu’il fallait faire. J’ai créé les recettes qu’elles attendaient et ça a marché ! Sincèrement, je n’ai aucun regret. J’ai vécu la vie que je voulais, elle a souvent ressemblé à un sacerdoce mais c’était celle que je voulais et je l’ai menée à fond la caisse… Aujourd’hui, j’ai beaucoup plus de temps pour réfléchir et ça me va bien. Et puis, il y a ma grande passion, la chasse. Je tire les chevreuils mâles car aujourd’hui, il y en a vraiment trop. Quand je songe que je n’ai pas pu en tirer un seul en trente ans… Mon gibier préféré, c’est le sanglier. Hier matin encore, j’étais au mirador. Au petit matin, c’est irréellement calme, on n’entend pas le moindre bruit. puis les oiseaux sifflotent et se mettent à chantonner. Le soleil se lève doucement, les couleurs changent dans la forêt, on sent les odeurs de feuilles mouillées. Alors, les animaux arrivent. Il se peut que je tire un sanglier mais en fait, je regarde beaucoup plus que je ne tire. Ça me fait un bien fou. Et ma compagne accepte ces départs très matinaux et mes retours pas avant 10 heures, sans parler des très nombreuses fois où j’y retourne le soir, à la tombée de la nuit. Je ne m’en lasse pas, c’est la paix, la vraie ! En fait, aujourd’hui, je me laisse vivre…
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toutes différentes, sur la carte du Baumann-Ternes). Mais à partir de mai, évidemment, plus question d’en vendre une seule ! J’ai alors eu l’idée de la choucroute aux poissons qui s’accordait mieux avec l’été, les chaleurs… J’en ai élaboré une et je l’ai fait goûter au directeur de l’Hôtel Napoléon, un quatre étoiles luxe dont je dirigeais l’ensemble de la restauration. Son verdict est vite tombé : « C’est dégueulasse ! ». Et il avait raison… J’ai percuté : il fallait une bonne sauce. Le secret de la choucroute aux poissons, c’est sa sauce et ses douze épices. Il en a fallu des essais pour parvenir à ce que je recherchais. La recette, je le suis le seul à la connaître, elle est bien à l’abri dans un coffre-fort et dommage qu’on ne puisse déposer un brevet sur ce type de préparation car sinon, aujourd’hui, je vous aurais reçu sur mon yacht ! C’est comme le secret de la formule du Coca-Cola finalement… Cette recette, je ne l’ai jamais révélée : à tous ceux qui insistaient et insistaient, je finissais par leur dire : mettez donc du Noilly-prat ! » o.n : la boucle est ainsi bouclée. Quel bel hommage à l’alsace tout de même…
o.n : on ne peut pas conclure un entretien tel que celui-ci sans vous rendre un hommage tout à fait rare concernant le métier de cuisinier. Vous avez inventé et surtout pérennisé un plat original qui a fait une bonne part de votre renommée, la fameuse choucroute aux poissons.
gpb : « Et surtout aux femmes alsaciennes ! Quand Henri Gault et Christian Millau sont venus me rencontrer au début de ma carrière à paris et m’ont suggéré d’y implanter la cuisine alsacienne, je me suis précipité à Magstatt-le-Bas, dans la ferme de mes parents, pour demander à ma mère comment elle réussissait la choucroute et le Baeckeoffe.. Elle m’a répondu : « Mais, ce sont des plats de paysans !...» Je me revois encore à la librairie Gangloff en train de fouiller dans les livres de recettes de cuisine… Aujourd’hui, chez Kammerzel, entre janvier et avril, nous avons une tradition : deux choucroutes commandées, une gratuite. Nous en servons entre 12 000 et 14 000 chaque mois, c’est à dire entre 600 et 700 par jour ! C’est pas mal, pour un plat de paysans… »
gpb : « Là aussi, le bon sens paysan a fait son œuvre. C’est parti d’un souci prosaïquement commercial. Mes choucroutes marchaient fort (à un certain moment, j’en avais quand même une dizaine,
ENTRETIEN RéALISé pAR JEAN-LUC FOURNIER
La bonne étoile de la famille de valmiGère
ASp
Lisez le portrait d’un enfant de Strasbourg qui conjugue l’audace, le savoir-faire, l’obstination et l’humanisme, le tout mâtiné d’une culture exceptionnelle et d’un sens profond de la morale. Jean-louis de Valmigère a enchaîné de multiples expériences professionnelles avant de s’enraciner dans sa ville natale en reprenant il y a dix ans la célébrissime winstub « Chez Yvonne ». La légende peut aujourd’hui continuer avec ses enfants qui viennent de prendre la succession…
De gauche à droite : Julien, Jean-Louis de Valmigère et Marjolaine.
De la terrasse de son appartement face au Temple Neuf, Jean-Louis de Valmigère ne se lasse pas de contempler « son » Strasbourg, celui qui l’a vu naître il y a 65 ans dans le quartier alors insalubre de la rue des pucelles à la Krutenau et qu’il nous détaille avec une empathie réelle et bluffante : « Oui, je suis un enfant de Strasbourg, et ma ville n’a guère de secrets pour moi qui ai été enfant de chœur à la cathédrale, cette même cathédrale qui a si longtemps été mon terrain de jeu. Grâce à mes profs au Lycée Fustel, j’ai découvert le goût de lire, le goût du français. par-dessus tout, ils m’ont donné l’envie d’avoir envie. Elle ne m’a jamais quitté depuis… »
partir, revenir… Le chemin aura été long (et ardu) avant de retrouver définitivement la sérénité de Strasbourg. Il aura été également parsemé d’étapes essentielles dans le monde de la restauration, ici ou là pour de nombreuses missions de consultant pour la Chambre de Commerce et d’Indus-
trie de Strasbourg ou la grande distribution, ailleurs pour la création d’une franchise (le concept Léon de Bruxelles, moules frites à gogo, c’est lui…). Avec des fortunes diverses : à peine créé et lancé, Léon de Bruxelles est repris par un groupe d’investisseurs. L’impression que soudain, l’enfant s’échappe trop vite et qu’on ne le reverra plus jamais comme avant… Mais toujours, toujours, une volonté de fer, ne jamais se plaindre, avancer, avancer, travailler dur et croire en sa bonne étoile. L’étoile est soudain apparue dans le ciel de Strasbourg, qui plus est
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FANNy MOUROT
Je me sUis vraiment battU comme Un lion poUr reprendre « chez yvonne », ce fUt Une baGarre terrible en matière de recherche de financements, entre aUtres.
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tout près de la cathédrale. « En 2001, mon rêve strasbourgeois s’est enfin réalisé. Après deux ans d’intense bagarre avec les banques, notamment, j’ai repris « Chez yvonne ». J’entrais ainsi un peu dans la légende des winstubs historiques de Strasbourg, depuis toujours blotties au pied de la cathédrale, à l’image du Strissel, par exemple, que j’ai également repris en 2006. Je me suis vraiment battu comme un lion pour reprendre « Chez yvonne », ce fut une bagarre terrible en matière de recherche de financements, entre autres. Mais le tout premier matin de ma nouvelle vie de propriétaire, je suis arrivé très tôt pour retrouver yvonne qui m’a accompagné les deux premiers mois. Je me suis alors rendu compte que le trac montait en moi, une sensation épouvantable. C’est bien simple, le matin, après de longues heures de travail, je quittais l’établissement juste avant 11h45 pour ne pas avoir à croiser mes clients ! J’ai surmonté ce handicap-là en prenant des cours de théâtre… Je pense depuis avoir bien négocié mon virage de restaurateur : toute la carte est élaborée chaque jour à base de produits frais, issus de l’agriculture alsacienne, rien n’est fabriqué à l’avance. Je suis très fier du diplôme de Maître-Restaurateur que j’ai obtenu il y a deux ans. Et puis, dès le départ, je voulais faire évoluer la winstub : pour prendre des références parisiennes très connues, « Chez yvonne » devait dans mon esprit se situer quelque part entre la fréquentation de la Brasserie Lipp pour le monde politique et économique et celle de la Closerie des Lilas pour le côté littéraire et intellectuel.
J’y suis notamment parvenu grâce à la réactivité de François Wolfermann, de la librairie Kléber, qui fait venir les plus grands écrivains dans notre winstub. Nous les accueillons avec discrétion et professionnalisme. J’ai des tas d’anecdotes : un soir, par exemple, Juliette Gréco est venue dîner après son concert. Dans la petite niche face à l’entrée de la winstub dînait Jean-Claude Carrière. Ce fut une rencontre extraordinaire entre deux monuments de la vie culturelle française… » Si les murs pouvaient parler, ils raconteraient en effet beaucoup. « Chez yvonne » a toujours été une institution à Strasbourg mais sa fréquentation intellectuelle est en effet devenue considérable depuis de nombreuses années maintenant. Le pari a été gagné…
Depuis peu, « Chez yvonne » est co-gérée par deux des quatre enfants de Jean-Louis de Valmigère : « J’ai passé la main dès la dernière mensualité du rachat payée. Je le voulais comme ça et ce sera d’ailleurs le cas au Strissel dans deux ans » (là aussi, ce sont les deux autres enfants qui président aux destinées de la seconde winstub familiale - ndlr). Julien (38 ans) n’était absolument pas destiné à œuvrer dans la restauration, lui qui avait suivi les traces de son père en passant un bac littéraire, option latin et grec. Marjolaine (36 ans) a cependant suivi les cours de l’Ecole hôtelière (BTS et Maîtrise). Le frère et la sœur, complices, se complètent bien : « Chez yvonne, c’est du lourd » affirme Julien. « L’idée qu’on a apprise de papa, c’est qu’aujourd’hui, on peut diriger un restaurant sans avoir la responsabilité de plein d’autres. Ça permet de se concentrer à fond sur notre job. C’est notre restaurant à ma sœur et à moi, on s’en occupe ! Et ça donne des responsabilités car quand tu pousses la porte de « Chez yvonne », tu entres dans une institution ! » De son côté, Marjolaine « aime quand c’est carré » et veille scrupuleusement à la comptabilité et à la gestion depuis le rachat de la winstub par son père. Elle aussi se donne à fond auprès de son frère : « je crois qu’on est parti pour trente ans, après on verra… » glisse-t-elle un peu malicieusement… Aujourd’hui, Jean-Louis de Valmigère a de quoi occuper « ses trente-cinq
prochaines années. Je vais développer un concept sur l’éthique de l’alimentation, car on parle peu de ce sujet pourtant essentiel aujourd’hui. Mais j’ai aussi d’autres beaux projets liés à l’histoire de Strasbourg. Elle me passionne : savez-vous que cinq siècles avant la Révolution française, en 1262, les habitants de Hausbergen ont chassé l’évèque et se sont constitués en communauté libre. Vous vous rendez compte : c’était sept siècles avant la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Qui a dit que les Strasbourgeois manquaient d’audace ? Strasbourg n’est pas toujours conscient de sa longue et belle histoire. Ici, on a inventé l’imprimerie, on a créé le tout premier journal, on a chanté La Marseillaise pour la première fois… Quel passé ! Ca mériterait d’en faire un spectacle !… » Sa bonne étoile ne l’ayant pas quitté, il se pourrait bien que s’exprime ainsi la prochaine idée audacieuse de Jean-Louis de Valmigère… JEAN-LUC FOURNIER
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Il est connu comme le loup blanc, bien loin de sa vallée natale de Soultzmatt, dans le Haut-Rhin. C’est que Seppi Landmann est bien plus qu’un excellent vigneron : un poète, un philosophe, un conteur mais aussi un professionnel qui n’a de cesse de dénoncer l’arbitraire de lois qu’il estime scélérates…
On va tout d’abord vous dire l’essentiel de ce qui nous a amenés à faire la connaissance, il y a longtemps, de Seppi Landmann : le bougre produit des vins fantastiques depuis sa tanière familiale nichée sous les coteaux du fameux grand cru Zinnkoepflé, au cœur du village de Soultzmatt. Dans ses caves sont alignées des merveilles : Grand Cru, Grand Cru Vendanges Tardives, Grand Cru Sélection de Grains Nobles et quelques précieux Vins de Glace (« de 500 à 2000 bouteilles selon les années » précise-t-il) qui font le bonheur d’une clientèle venue des quatre coins de la proche Europe, y compris pour… les vendanges. « Oui, pour les vendanges, je n’embauche personne ou quasiment » rigole le Rabelais alsacien, « ce sont mes propres clients et leurs amis qui insistent pour les faire ! ». Réputé pour son savoir-faire et son professionnalisme, Seppi Landmann parcourt le monde dans tous les sens et ne refuse jamais une invitation qui peut accroître sa notoriété. Reconnu par la profession, il accueille chaque année des étudiants œnologues du monde entier auxquels il inculque son savoir et.. une bonne part de sa joie de vivre. Durant les quelques années passées, nous avons croisé chez lui une Chinoise, une Canadienne, une Géorgienne, un Finlandais plus récemment. Ses talents attirent et magnétisent…
liberté !
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« Mon père et ma mère étaient alsaciens, tu t’en doutes, hein ! » poursuit-il. « Et le facteur du village aussi !.. » Et c’est reparti pour un immense éclat de rire. Il est comme ça, Seppi… Mais son champ de bataille est ailleurs et là, soudain, ce sont des éclats de colère qui roulent dans sa gorge : « Je suis un soixante-huitard, j’ai vécu ma jeunesse avec le slogan : il est interdit d’interdire ! J’ai alors appris ce que voulait dire un peu plus de liberté… Avec l’âge qui avance, je me retrouve aujourd’hui dans une société qui, chaque jour un peu plus, nous prive sournoisement de liberté. Je ne m’y attendais pas forcément, la marche arrière est trop brutale… »
Son grand combat, c’est le vin français, ce produit qui colle littéralement aux basques de la France dans le monde et qui fait l’admiration de la planète entière. Mais voilà, selon Seppi, ses jours sont désormais comptés : « Le tournant fatal a été pris avec le décret des 0,5 g d’alcool maximum au volant. Quand le secrétaire d’Etat pons, sous le gouvernement Juppé et la présidence Chirac, a exécuté cette basse manœuvre en 1995, j’ai immédiatement prédit que cela signait la fin de la convivialité, des fêtes de vin des villages et de l’éclate au restaurant. Bien sûr, je ne mésestime pas une seule seconde l’influence de l’alcool sur les comportements accidentogènes, loin de moi cette idée. Mais pas à ce taux-là, pas à ce taux-là ! Les études le montrent bien : il faut beaucoup plus que 0,5 g d’alcool pour devenir dangereux. L’alcool qui tue, c’est près de 2 g dans le sang et quand c’est le cas, ce ne sont pas des buveurs de vin, crois-moi ! » Toujours selon lui, la loi française est scélérate et touche même aux gènes du patrimoine national. « Depuis dix ans, c’est la dégringolade du chiffre d’affaires du vin. Il di-
minue, sans cesse et sans cesse, et c’est inéluctable. Le buveur raisonnable, celui qui apprécie le vin et la bonne table, n’ose même plus consommer, les bonnes bouffes au restau entre amis, accompagnées de nos si bons vins, sont de plus en plus rares. On a inculqué à grands coups de masse que le vin était un danger et ça va finir par ruiner nos métiers. Ça va loin : je me souviens du ministre Loos, un Alsacien pourtant, qui déclarait lors d’une interview au Miami Herald Tribune : « Je n’aime pas que les Américains voient la France sous l’angle du vin. C’est une image obsolète ». Ça me met en rage de telles déclarations, c’est insupportable. Ces gens-là, ils veulent lifter la France, la présenter sous une toute autre facette que ce qu’elle est en profondeur, intimement. C’est ce que pense une bonne partie des élites qui nous gouvernent, droite et gauche confondues.
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le bUveUr raisonnable, celUi qUi apprécie le vin et la bonne table, n’ose même plUs consommer. les bonnes boUffes aU restaU entre amis, accompaGnées de nos si bons vins, sont de plUs en plUs rares...
FANNy MOUROT
Le résultat de tout ça, tu veux que je te le dise ? C’est simple : à force de présenter le vin comme un poison, à force de traquer ceux qui en consomment encore, le chiffre d’affaires du vin se réduit comme peau de chagrin. Et comme la nature a horreur du vide, qui en profite ? C’est évident : le marché des alcools forts explose ! La plupart des supermarchés vendent plus de palettes d’alcools forts que de palettes de vin. Les
Français deviennent tristes après un quart de siècle de ce que je n’hésite pas à nommer prohibition et répression. Tout ce qui procure un peu de plaisir est devenu soudain mauvais et tout le monde en pâtit : le chauffeur de voiture qui est contrôlé au bas d’une descente sur l’autoroute et qui est flashé à 140 en pleine ligne droite, le gars qui se grille une cigarette est culpabilisé par des cancers de la gorge qui s’exposent sur son paquet de clopes et j’en passe… Ceux qui nous dirigent savent-ils comment fonctionne l’âme humaine ? J’en doute, sinon ils ne se feraient pas tant d’ennemis… Et qu’on ne me parle pas de protection de la jeunesse : tout le monde le sait, une bonne partie d’entre elle se fracasse chaque week-end à qui mieux mieux avec des alcools forts ! Alors que nous , les vignerons, nous sommes les défenseurs d’une idée toute simple : le vin est une boisson civilisatrice qu’on peut apprécier en dose raisonnable et qui est même excellent pour la santé. Mais, dans ceux qui nous regardent crever à petit feu, qui va oser aller à contre-courant de la bienpensance à bon compte ? Qui ?
jeunes, surtout, sont déculturisés. Ils ont enregistré : le vin est un danger ! Ça ne les empêche pas de se défoncer avec de la vodka ou autres trucs du genre. C’est pour ça qu’on a arrêté la Fête des Vignerons de Soultzmatt, à cause de tout ça. Lors de la dernière édition, les gens ne consommaient plus comme avant et, vers la fin de la soirée, des bandes de jeunes sont arrivées. Ils étaient complètement ivres dès leur arrivée, et pourtant ils n’avaient pas encore bu la moindre goutte de vin… » Au-delà du seul discours sur le vin, Seppi Landmann pourfend sans relâche les évolutions d’une société qu’il juge malsaines : « Les journalistes étrangers, surtout ceux du nord de l’Europe, constatent que les
En 1982, en commençant ma cave, je savais que j’apporterai le petit plus à mes clients pour qu’ils se dérident et conservent leur joie de vivre. Aujourd’hui, le jeune vigneron est très, très loin de cet état d’esprit. Il meurt en silence… » JEAN-LUC FOURNIER 35
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C’est une ferme bleue, accrochée à son histoire. On y vient à pied, à vélo ou en voiture et l’on s’y arrête, tant la poésie du lieu est impérative. Situé au cœur du village d’Uttenhoffen, au Nord de Haguenau, le bâtiment date du xVIe siècle pour sa partie la plus ancienne. « C’était quasiment une ruine quand Alain l’a achetée en 1981 pour en faire une maison de campagne, raconte Jean-Louis Cura en évoquant Alain Soulier, créateur d’abat-jour, à l’époque installé Quai des pêcheurs à Strasbourg. Et comme toujours dans ce cas-là, la maison devint propriétaire de ses acquéreurs et leur imposa un rythme effréné de travaux de restauration. Trente ans à ce jour « et ce n’est pas fini ». Après avoir démoli les annexes modernes afin de retrouver la structure de l’ancienne ferme avec son corps de logis et sa grange, Jean-Louis et Alain ont retrouvé sous les strates de crêpis le bleu qui couvrait les façades à l’origine. Un bleu dit « de Hanau » caractéristique des demeures protestantes qu’ils ont fait refaire pour le rendre à leur ferme et lui donner son nom. « C’est une peinture inaltérable, précisentils, elle ne se dilue pas au fil du temps mais change avec l’atmosphère, passant du mauve les jours de pluie au bleu ciel lorsque le soleil brille. »
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Une bâtisse ancestrale et un jardin remarquable, l’un des derniers créateurs d’abat-jour de France dans la tour, des brunchs, des concerts, des expositions, une chambre d’hôtes… La Ferme Bleue joue à fond la carte d’un art de vivre aux couleurs du temps.
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Jardin GiGoGne A cette maison aux couleurs du temps, Jean-Louis, architecte paysagiste de son état, a adjoint un jardin tellement exceptionnel qu’il a changé la vie des deux hommes. Commencé en même temps que les travaux de restauration, celui-ci a été ouvert pour la première fois au public en 1997, sur une sollicitation de la DRAC (direction régionale des affaires culturelles), rouvert à certaines occasions par la suite avant de se voir octroyer en 2005 le label « Jardin remarquable » décerné par le ministère de la culture. Un honneur assorti d’une obligation à laquelle Alain et Jean-Louis ont souscrit sans problème : ouvrir le lieu au public. Changement de vie donc et rapatriement des activités de chacun à Uttenhoffen. Alain, dans la tour avec ses abat-jour et Jean-Louis, non seulement au jardin mais aussi aux fourneaux puisque la Ferme Bleue abrite désormais une chambre d’hôtes ainsi que « L’Etable à thé », lieu fourmillant d’objets chinés où l’on peut savourer chaque dimanche matin un brunch fleurant bon les produits régionaux tout en découvrant les expositions organisées au rythme d’une par mois. Le jardin quant à lui n’a jamais démenti son label. « C’est un jardin en chambres, un jardin gigogne, explique Jean-Louis. Il n’y pousse aucune essence
rare, beaucoup de plantes m’ont été offertes par les villageois mais chaque espace a sa personnalité. L’allée à l’Italienne est plantée de cyprès et vibre de couleurs solaires, le rouge, le jaune, l’orange, un jardin de cristal a été aménagé à l’ombre du châtaignier en intégrant dans son décor des scories récupérées à la cristallerie Lalique, le verger a été replanté… » Ouverte du 1er mai aux journées du patrimoine organisées le troisième week end de septembre, la Ferme Bleue joue les « Impromptus » musicaux et théâtraux en été avant de se mettre aux couleurs de Noël durant les quatre dimanches de l’Avent. Au programme, outre les brunchs du dimanche, une exposition de tables « ennoëlées » par France Fuerxer et sans doute d’autres surprises auxquelles Jean-Louis et Alain réfléchissent sous l’œil énigmatique de Mimine, la chatte de la Ferme Bleue. « Bien plus sympa avec les visiteurs qu’avec nous ! », commente Alain qui se demande pourquoi la féline s’obstine à le snober avec un tel aplomb. VéRONIQUE LEBLANC
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rencontre avec laUrent morin
Ma vie
c’est sans cesse innover ! Et puis, un jour, le trop plein : « J’en ai eu brusquement marre de cette vie trépidante. J’ai tout misé sur Strasbourg en présentant mon projet aux ophtalmos que je connaissais bien. Je l’avais mûri sereinement : placer le patient au centre du processus d’un projet global, optimiser chacun de ses stades tant au niveau de la communication, la formation que la technique opératoire pour que l’outil soit performant, de l’accueil au résultat final.
pari GaGné à strasboUrG
après un parcours professionnel impressionnant, laurent morin, 39 ans, a capitalisé sur sa maîtrise en application des lasers. enraciné depuis onze ans à strasbourg, ce bourguignon d’origine ne cesse d’innover et d’investir et son audace naturelle reste intacte. il est à la tête du futur premier groupe français de chirurgie réfractive. un tempérament résolument… « or norme » « J’ai calculé : en six ans, j’ai dû prendre 900 avions. J’étais un des meilleurs clients d’Air France » sourit aujourd’hui Laurent Morin. Une vie professionnelle intense entamée très tôt dans le monde industriel des applications laser et dans les secteurs les plus variés tels par exemple, ce passage chez prost Grand prix avec la mise au point de prototypes hyper-précis pour les impitoyables test en soufflerie qui sont à la base des performances des Formule 1 ou encore la formation des personnels soignants, des infirmières et des médecins dès qu’un laser est nécessaire pour soigner…
« En Alsace, j’ai rencontré de bons médecins, c’est à dire des professionnels qui se posent les bonnes questions sur eux-mêmes et leur façon de travailler. Ce fut le déclic qui provoqua la création d’Expert Vision Center, il y a quatre ans maintenant. » confie Laurent Morin. Quatre ans et un million d’euros d’investissement plus tard, le pari semble gagné. L’équipe médicale d’Expert Vision Center dispose d’un bloc opératoire équipé de deux lasers (450 000 €/pièce) sur le plateau médical de la clinique Sainte-Odile, à l’orée du Neudorf à Strasbourg. La technique laser répond manifestement à une forte demande : presbytie, myopie, hypermétropie, astigmatisme… Au fur et à mesure de l’avancée de l’âge, ces troubles de la vision, quoique absolument normaux, finissent par pourrir la vie de beaucoup avec ces visites annuelles chez l’ophtalmologiste (où le rendez-vous dans un délai raisonnable devient rarissime) et, sauf à bénéficier d’une très bonne mutuelle, des fortunes qui s’évaporent en verres correcteurs et autres montures.
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70% des clients viennent pour des raisons de confort soit pour vivre leur passion, soit pour être plus à l’aise dans l’exercice de leur métier. Il est vrai qu’une paire de lunettes traditionnelle peut représenter un vrai handicap dans la pratique sportive, par exemple, ou, pour un ouvrier, quand la buée se dépose sur les verres. Dans cette catégorie, on trouve aussi certaines professions qui réclament des tests d’aptitude visuelle, comme la police, la gendarmerie, les sapeurspompiers… Seule 20% de la clientèle possède une motivation liée à l’esthétique (« souvent des femmes arrivées à la cinquantaine » remarque Laurent Morin).
des ambitions nationales Le centre Expert-Vision de Strasbourg a propulsé la Clinique SainteOdile dans le Top 7 des cliniques privées françaises. De quoi donner quelques idées un peu partout sur le territoire national. Laurent Morin a déjà ouvert un autre centre similaire à Chambéry. Caen ouvrira en septembre puis suivront La Rochelle, Toulouse, Bordeaux, Lille, paris, Rennes, Nantes, Clermont-Ferrand, Montpellier, Aix-en-provence, Lyon… Fin 2012, de 15 à 18 Expert Vision Center seront opérationnels en France. Il sera alors temps d’attaquer l’Europe : Suisse, Belgique, Espagne sont au programme ; à chaque fois, c’est Laurent Morin qui choisit les cliniques partenaires et les meilleurs médecins. parmi une foule de critères, un qui est essentiel : l’envie d’avancer et de se remettre en cause…
à partir de strasboUrG, noUs constrUisons et c’est Génial. des médecins viennent de toUte la france poUr apprécier ce qUi se passe ici.
Une intervention comme si voUs y étiez…
Le patient est préparé en quelques minutes.
L’opération débute.
Le laser est positionné avec une extrême précision.
Le patient s’allonge sur la table d’opération, une infirmière désinfecte son visage tandis que le docteur Guldenfels, assisté par Laurent Morin, parcourt une dernière fois le dossier. Le laser est positionné avec précision, la lumière du bloc s’éteint. Immédiatement, le minuscule faisceau rouge du laser entame son travail de refaçonnage de la cornée, sous la surveillance constante du spécialiste, rivé sur ses binoculaires. Un écran mural vidéo permet parfaitement de suivre l’opération, dans une ambiance agréablement détendue sur fond de musique salsa... La matière peu à peu ôtée est parfaitement visible à l’extrémité de la spatule. Quatre minutes plus tard, la voix de Laurent Morin résonne : « Vous n’êtes plus myope ! ». Il en ira de même pour le second œil, toujours dans le même laps de temps et de façon totalement indolore (miracle du laser). 42
Le savoir-faire d’Expert Vision Center est désormais reconnu, de même que sa capacité d’innovation. Strasbourg tient là une société leader dans son domaine d’expertise. « Je suis comme un poisson dans l’eau. Je m’éclate. » avoue Laurent Morin avec un légitime sourire de satisfaction. « La vie est faite pour qu’on en profite car tout peut s’arrêter si brusquement… J’ai trop d’idées en moi et… pas assez de temps pour les réaliser toutes. à partir de Strasbourg, nous construisons et c’est génial. Des médecins viennent de toute la France pour apprécier ce qui se passe ici.»
Une vie « or norme » pour autant, le créateur d’Expert-Vision Center n’est pas redevenu une machine à développer, retrouvant ainsi son hyperactivité d’antan. Bien au contraire : toujours en surfant sur ses forces et sa superbe vocation d’innovateur, Laurent Morin s’est associé avec un spécialiste pour créer Station Outdoor. En gare de Mutzig, les amoureux de la nature découvrent désormais un point de vente où ils peuvent acquérir ou louer tout ce qui leur permet d’assouvir leur passion : sacs à dos, raquettes,
Le laser fait son œuvre.
Le patient se relève, on l’équipe d’une paire de lunettes noires. La lumière se rallume et il lui est demandé de fixer l’heure sur la grande horloge digitale du bloc. « pour l’heure, il voit encore un peu flou, suite à l’intervention. Mais dans 5 heures, après une petite sieste, il pourra sans problème retrouver une vie normale. Il n'est plus myope ! » conclut Laurent Morin.
La matière rectifiée est ôtée délicatement.
VTT haut de gamme, textile, GpS… Un moniteur diplômé d’Etat peut même les coacher… De la place pour une vie personnelle ? « Oui, ça, ce n’est pas négociable. J’ai quatre enfants – le plus jeune a un mois et l’ainé onze ans – et ils sont fanas de sport car le sport, c’est l’école de la vie. à la maison, on n’a pas de télé mais on ne s’ennuie pas une seconde ! » TExTES ET pHOTOS : JEAN-LUC FOURNIER
Coût de l’intervention : de 1000 à 1600 € par œil, suivant la pathologie. Les mutuelles remboursent de 200 à 500 € par œil, suivant les contrats. expert Vision center 6 rue Simonis - 67100 Strasbourg (Tél : 03 88 84 71 48) www.expert-vision-center.com
Le passage d’une spatule termine l’opération.
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les pieds solidement arrimés à la terre qui l’a vu grandir, le promoteur immobilier patrick singer, 53 ans, se lance chaque jour dans un défi à la hauteur de sa passion du travail bien fait et de la parole tenue. rencontre avec un homme enthousiaste et volontaire, loin des clichés usuels, et qui enchaîne les projets et réussites…
« Mon père a été vendeur de bestiaux dans le Ried, au début de sa vie professionnelle » raconte patrick Singer, bien calé dans le fauteuil de son bureau à Erstein, tout près de son village natal. « puis, un jour, il s’est vu confier la vente d’une parcelle de terrain par un agriculteur qu’il connaissait et ne savait pas comment s’y prendre. Il m’a demandé de l’aider. Je travaillais avec lui depuis l’âge de 13 ans car, à cette époque, il avait dû affronter une grave maladie. Je me suis lancé comme ça, pour lui donner un coup de main. J’ai appris à connaître le travail des notaires, et au final, celui des agents immobiliers. papa et moi avons longtemps exercé nos deux activités en parallèle, puis un jour, je lui ai racheté l’affaire immobilière et… je n’ai jamais plus cessé de la développer ».
le travail bien fait : Un leit-motiv Une toute petite équipe (6 personnes) œuvrent chaque jour pour promouvoir, bâtir et commercialiser des ensembles de petits immeubles haut de gamme destinés à la résidence principale ou à la location. L’ordinaire ? « Non » répond vivement patrick Singer. « Il n’y a pas d’ordinaire ici. Car j’ai gardé les réflexes que mon père m’a inculqués : le travail bien fait, bien coordonné, l’écoute du client, la constance dans le choix des partenaires -par exemple, je travaille avec le même architecte depuis 30 ans-, je suis très attaché à cette osmose totale que je crée avec les partenaires et les entreprises. Quoiqu’il arrive, mon mercredi est bloqué par la tournée sur les chantiers ; il en va de même pour la partie conseil juridique et financier ou la recherche du foncier. Je suis toujours au four et au moulin, mais j’aime ça. Et ça paye : mes programmes, je les fais sortir de terre en neuf mois, le temps d’une grossesse (rires). Tout ça, je l’ai appris de mon père. pour moi, l’homme et ses racines, ce n’est pas une simple expression. Ces mots sont inscrits dans mes gènes… » De fait, un simple coup d’œil dans le bureau suffit pour comprendre la part la plus intime de patrick Singer. Ses origines paysannes sont
affichées et revendiquées : il a entamé une splendide collection de… représentations de bovins (cela va de la plaque émaillée publicitaire de La Vache Qui Rit à l’affiche originale -rarissime- du film La Vache et le Prisonnier, en passant par de magnifiques œuvres d’artistes contemporains sur le même thème). plus fort encore, le promoteur est un fou de son Alsace natale : à quelques kilomètres de son bureau, il a restauré une gigantesque bâtisse de village dans laquelle il compte bien ouvrir dès que possible un musée alsacien. Loin des stéréotypes, l’authenticité est de rigueur : des centaines et des centaines de pièces superbes, témoin d’un passé lointain, sont précieusement stockées et nomenclaturées. Nous l’avons visitée en sa compagnie et cette collection, on pèse nos mots, est d’une ampleur et d’une qualité absolument incroyables. promesse de patrick Singer : « Quand le musée sera proche d’ouvrir, Or Norme Strasbourg sera le premier à le faire découvrir à ses lecteurs ». Sûr, l’homme tient sa parole ; alors, on a hâte… 45
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L’affaire a été bouclée en un temps record avec l’ex-propriétaire, le permis de construire a également été accordé très vite car « on a pris le risque d’effectuer toutes les études avant même que la vente soit conclue » précise patrick Singer. prise de risque, efficacité, professionnalisme, étude fine des besoins, tout en gardant solidement « les pieds sur terre » : la marque de fabrique d’un entrepreneur hors du commun. « J’essaie de transmettre les valeurs qu’on m’a transmises et je fais du mieux que je peux » conclut ce drogué de l’innovation.
Une opération hors dU commUn aU cœUr de strasboUrG patrick Singer l’avoue lui-même : « J’adore me lancer des défis. J’ai besoin de cette adrénaline-là. Cela vient peut-être d’un gros infarctus qui a failli me faire mourir il y a quinze ans. Je ne me ménage pas plus que ça pour autant, je garde ma ligne de conduite : au bout de huit jours de congés, je m’ennuie… Alors, mourir brusquement dans mon bureau ou sur un chantier ne me fait pas peur. à mon enterrement, on ne pleurera pas, il y aura de la musique, je veux que les gens fassent la fête ! »
aU boUt de hUitJoUrs de conGés, Je m’ennUie… alors, moUrir brUsqUement dans mon bUreaU oU sUr Un chantier ne me fait pas peUr.
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Considérant qu’il n’y avait rien d’urgent à une telle issue, nous avons voulu en savoir plus sur cette opération hors du commun (un investissement de 60 M€) que cet homme insatiable lance à Strasbourg. Il ne s’est pas fait prier : « Le premium sera une adresse unique au cœur même de Strasbourg, avec des prestations haut de gamme destinées aux seniors 50 ans et plus, toujours actifs. Là aussi, une grande réflexion est à l’origine de ce projet. Je me suis posé les bonnes questions : de quoi ont besoin ces gens, non seulement en matière immobilière mais aussi en services, en proximité, etc… Ils ont dépassé la cinquantaine, la soixantaine mais ils restent jeunes et, actifs. Ils sont adeptes du cocooning, ils raisonnent souvent « new age » mais ils sont également soucieux d’être à proximité de services médicaux. Enfin, ils ont travaillé dur, ils ont des moyens financiers disponibles et le centre-ville de Strasbourg leur convient parfaitement. » Le résultat de cette réflexion : l’édification du premium, dans le quartier du Fossé des xIII. On y trouvera une gamme d’appartements au standing ébouriffant sur sept étages d’une résidence hors normes (une cour intérieure avec un splendide mur végétal, une conciergerie dont la mission sera de considérablement faciliter la vie quotidienne des résidents, un centre médical intégré, notamment…).
ALAIN ANCIAN
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lumineux de la force
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lumière sur la Grande mosqUée de strasboUrG
FANNy MOUROT
De passage à Strasbourg au début de l’été, l’architecte italien Paolo Portoghesi livre les clés de sa conception de la Grande Mosquée. Respect de la tradition et inscription dans l’environnement en sont les maîtres mots.
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Soleil timide en ce 24 juin. Les équipes s’activent sur le chantier de la Grande Mosquée du Heyritz cependant que, discret, l’architecte du lieu escalade les talus, l’œil aux aguets et un appareil photo en bandoulière. paolo portoghesi fait le tour du bâtiment, l’examine sous toutes ses coutures et répond volontiers aux questions. D’emblée, il souligne la présence de l’eau - « essentielle dans son dialogue avec l’architecture », dit-il - et « l’unité de la salle de prière » désormais proche de son achèvement. Mais s’il ne s’attarde pas sur l’abandon du centre de culture islamique prévu dans les plans initiaux, celui du minaret également délaissé pour des raisons budgétaires le contrarie et il espère le voir un jour s’élever comme un écho à la flèche de la cathédrale.
VéRONIQUE LEBLANC
l’architecte comme un clin d’œil du ciel en l’honneur de sa visite. paolo portghesi rêvait d’une « horloge solaire vivante » et peut constater, en ce début d’été alsacien, que le ciel l’a entendu. De grands luminaires complèteront par ailleurs un espace dont paolo portoghesi s’apprête à choisir la couleur de la moquette après avoir réglé une série de questions techniques avec paul Meschel, l’architecte strasbourgeois associé au projet. « Il professore » comme chacun l’appelle est manifestement satisfait. « La mosquée sera magnifique », dit-il… Moderne mais inscrite dans la tradition de l’islam, cohérente avec une ville marquée tant par une signature gothique que par une empreinte classique, en résonnance paisible avec « le miroir de l’eau » elle s’inscrit dans le parcours d’un architecte qui croit plus en l’innovation dans la continuité qu’en la rupture. La mémoire est son credo et il ne l’a pas renié à Strasbourg.
Paolo Portoghesi, à gauche et Paul Meschel.
VéRONIQUE LEBLANC
Il l’a dessiné hélicoïdal après avoir découvert un escalier - aujourd’hui fermé - situé au premier étage du chef d’œuvre gothique. « Je m’en suis directement inspiré », se souvient-il en évoquant « l’émotion » qu’il a ressentie, lorsqu’à la genèse du projet il a parcouru la ville et posé les mains sur le grès rose de la cathédrale. Un matériau qu’il a repris pour les sous-bassements de la grande mosquée alors que pour celle de Rome dont il fut également l’architecte il avait choisi le travertin. Autres références à l’architecture vernaculaire, la couleur gris perle des plâtres et enduits ainsi que le cuivre du dôme appelé à s’oxyder au fil du temps.
Vu de l’intérieur de la salle de prière, ce dôme dessine une coupole « d’un bleu immatériel » sous tendue par une structure métallique mais sans appuis verticaux car les piliers ont été proscrits. « Je voulais une salle de prière sans obstacle, souligne paolo portoghesi. A Rome je me suis concentré sur l’acoustique mais à Strasbourg je tenais également à ce que rien n’obstrue la vision dans une mosquée que j’ai voulu dédier à la lumière ». C’est d’ailleurs la sourate An-Nûr, celle de la Lumière, qui courra le long du bandeau délimitant la mezzanine réservée aux femmes. Elle sera tracée en bois, matériau naturel tout comme l’argile des zelliges colorés qui orneront les murs et le mihrab**. Autre élément ornemental, mais aléatoire celui-là, les jeux de lumière dessinés par le soleil sur le sol à partir des ouvertures ménagées dans la coupole. Cercles changeants qui tout à coup apparaissent autour de
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« Une horloGe solaire vivante »
*Carreaux d’argile émaillés dont le décor reproduit l’aspect de tesselles de mosaïques posées sur un lit de plâtre. ** Niche souvent richement décorée, aménagée dans un mur de la mosquée pour indiquer la direction de La Mecque. L’imam y dit la prière.
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« Personnelles ou professionnelles, vos réceptions reflètent votre image et méritent un écrin digne de vos hôtes. Lieu de prestige par excellence, la salle Mozart, idéalement lovée au cœur du Strasbourg historique, s’offre à vous pour accueillir vos réceptions en Cocktail ou en Banquet. D’une capacité de 250 convives en configuration cocktail ou de 150 couverts en disposition banquet, la Salle Mozart s’adapte à vos besoins et répond à toutes vos exigences. »
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le crépUscUle des dieux
l’aGonie dU racinG (version pro) s’est achevée. la JUstice a débranché les tUyaUx, mettant fin à la vie d’Un moribond qUi ne méritait pas de soUffrir (et de faire soUffrir) plUs. aU-delà de l’historiqUe de ce Gâchis invraisemblable, qUelles sont aUJoUrd’hUi les perspectives réalistes ?
ASp
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paradoxe des paradoxes : parmi le flot gigantesque d’erreurs commises depuis des décennies (faut-il rappeler que le Racing détient toujours un record de France : celui du nombre de présidents s’étant succédés depuis sa création, loin, très loin devant l’OM par exemple, pourtant fort « réputé » en la matière…), l’erreur originelle est sans doute survenue au moment où l’on voulait bien, et même très bien faire.
privatisation… Au cours de la saison 1996-1997, une grande décision a été imposée aux dirigeants d’alors. Roland Weiler, le président, pDG de l’Alsacienne de Restauration, était à la tête d’une équipe dirigeante qui, en quelques saisons, venait de démontrer son savoir-faire avec la remontée en D1 puis la victoire en finale de la Coupe de la Ligue autorisant le Racing à, de nouveau, tutoyer l’Europe.
de lUtte de poUvoir en lUtte de poUvoir, les diriGeants dU clUb strasboUrGeois s’étaient toUJoUrs présentés devant les maires sUccessifs poUr effacer leUrs déficits.
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Du côté de la municipalité strasbourgeoise, Catherine Trautmann était à juste titre préoccupée par les finances structurellement déficitaires depuis un nombre incalculable de décennies. De lutte de pouvoir en lutte de pouvoir, les dirigeants du club strasbourgeois s’étaient toujours présentés devant les maires successifs pour effacer leurs déficits, considérant en permanence la Mairie de Strasbourg comme le plus généreux et le plus fidèle de leurs mécènes.
L’équipe Championne de France en 1979. C’était le bon temps...
Les années 90 étaient l’époque des grands groupes qui souhaitaient investir dans le football. Le 20 février 1997, à la surprise générale, le club devenait la propriété du groupe McCormack qui raflait la mise au nez et à la barbe de l’équipe locale qui s’était vue sans doute trop belle et n’avait rien vu venir. Si la décision de la privatisation était la bonne, quid du repreneur ? Les observateurs de l’époque ont vite compris. Malgré la venue fugitive de Mark McCormack lui-même (inoubliable apparition un soir de match, avec son petit baise-enville en bandoulière…), ce n’était pas l’empire mondial du marketing sportif qui rachetait le Racing, juste la quasi coquille vide de sa filiale française, IMG, présidée par patrick proisy. Les vrais connaisseurs des arcanes du football professionnel ont eu confirmation du contexte à peine trois mois plus tard, en écoutant, au Hilton, l’inénarrable Jacques Vendroux, président à vie du Variétés-Club de France, présenter le premier directeur général de l’ère IMG, Bernard Gardon. Le Variétés-Club de France : l’épicentre occulte de tous les tirages de ficelle plus ou moins scabreux du football français d’alors ! La suite, on la connaît. A l’exception du sérieux apporté par Egon Gingdorf et patrick Adler dans une tentative généreuse pour enfin doter le club d’une équipe dirigeante pérenne (avec Marc Keller aux commandes opérationnelles), on ne s’attardera pas plus sur la succession délirante de repreneurs, tous arrivés la main sur le cœur en racontant leurs sentiments d’amour profond pour le club et repartant plus ou moins vite, dès la certitude d’absence de big business possible (Grand Stade compris…). Jusqu’à la revente par Ginestet aux « Londoniens » et la mascarade finale… Un théâtre d’ombres, pitoyable, morbide et d’une cruauté inouïe pour tous les vrais amoureux de ce club plus que centenaire. Au final, l’extermination sauvage d’un club historique de l’élite française.
c’est sUr ce tandem qUe poUrrait s’appUyer le noUveaU racinG dans sa stratéGie de reconqUête. science-fiction ? pour avoir rencontré longuement Frédéric Sitterlé au début de l’automne dernier (en prévision d’un entretien que nous n’avons finalement jamais publié, compte-tenu des circonstances), nous pouvons témoigner de l’intégrité intellectuelle et morale qui l’anime. L’homme connaît le football, l’Alsace, et est assurément capable de fédérer les énergies sans « péter les plombs », ce qui est trop souvent le cas dans le football d’aujourd’hui. Au demeurant, le voudrait-il qu’un simple rappel du niveau où va désormais évoluer le Racing suffirait à l’en dissuader… A-t-il financièrement les reins assez solides, à lui seul, pour pourvoir aux finances du club ? Sans doute oui, pour une ou deux saisons. peut-être pas si le Racing parvient (hypothèse d’école) à enchaîner sans incident la remontée des marches de son calvaire. Car le football professionnel coûte cher, très cher. En revanche, son carnet d’adresses professionnel est conséquent et, le moment, venu, qui sait, il saura fédérer autour de son projet. C’est sur ce tandem que pourrait s’appuyer le nouveau Racing dans sa stratégie de reconquête. Science-fiction ? peut-être ou… peut-être pas. Dans les mois qui viennent, il sera surtout question de volonté politique de faire renaître un club d’élite, surtout pour une question d’image de marque et de notoriété pour Strasbourg d’un côté, et de l’autre pour garantir une gestion sérieuse, pérenne et surtout opiniâtre, sans parler d’un respect affirmé et non feint envers tous les soutiens, aussi modestes qu’ils soient.
ERNEST LAEMMEL / VILLE DE STRAS-
Ci-dessus : Alain Fontanel Ci-dessous : Frédéric Sitterlé
JULIE FOURNIER
pour la première fois depuis des lustres, la saison footballistique a débuté sans club professionnel à Strasbourg et en Alsace. Les dégâts sont incommensurables : à l’heure où nous bouclons cette édition d’Or Norme Strasbourg (le 2 septembre), le Racing évoluera en CFA2 (l’équivalent de la 5e division) et sera guidé par Frédéric Sitterlé dans sa traversée du désert. Reconstruire, sur quelles bases et pour aller où ? Le moment est sans doute venu de tirer toutes les leçons des événements des quelques décennies précédentes. Deux hommes pourraient être les piliers (re)fondateurs du nouveau Racing. Le premier s’appelle Alain Fontanel, adjoint chargé des finances de la Ville de Strasbourg. N’en déplaise à ceux qui tirent aujourd’hui à boulets rouges sur la municipalité strasbourgeoise et sans flagornerie (ce n’est pas le genre de notre magazine), Alain Fontanel s’est beaucoup impliqué la saison dernière, pour tenter de sauver ce qui pouvait l’être. Techniquement (on a beaucoup parlé gros sous dans les salles de réunion de la Fédération Française de Football) et humainement, aussi. Redevenu brutalement amateur, le Racing pourra bénéficier de nouveau des subventions municipales. La loi ne l’interdit pas. En revanche, quid de la volonté et des possibilités de la Ville de Strasbourg, au moment où l’argent public devient une denrée rare ? On ne sait pas… Le deuxième homme s’appelle donc Frédéric Sitterlé. Haut-rhinois d’origine, passionné de sport et de football en particulier, ce jeune homme d’affaires, titulaire d’une belle réussite dans la netéconomie, a longtemps fait le forcing ces derniers mois pour fournir une alternative crédible à la sinistre « piste aux Etoiles londonienne », alors propriétaire du club. En vain, ne récoltant que le mépris de la part d’un Jafar Hilali, hautain et bouffi de suffisance jusqu’au bout.
BOURG
et maintenant…
à condition également, c’est vital de ne pas se tromper sur le choix des hommes-clés et de leur inculquer l’indispensable humilité requise par l’ampleur des défis à relever... Le vrai challenge est là : après la liquidation judiciaire du RCS peut renaître un club enfin débarrassé des strates, des scories et des boulets générés par le passé. C’est une nouvelle page qui peut s’écrire. Elle sera forcément longue, très difficile et, comme toujours en pareil cas, c’est la qualité (technique, morale, intellectuelle) des hommes et leur intégrité ainsi que la solidité et le sérieux de leur engagement qui feront la différence. JEAN-LUC FOURNIER
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Martial Bellon
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le monsieUr aUlas dU basKet alsacien n'existe pas
Président du directoire de la SIG depuis un peu plus d'un an, Martial Bellon dresse un bilan lucide et sans concession d'une saison 2010/2011 à la limite de la catastrophe et revient sur une révolution en cours aux accents prometteurs. Nouvelle organisation administrative, business modèle innovant et arrivée du sélectionneur de l'équipe de France à la tête de l'équipe, la saison 2011/2012 pourrait enfin être celle de la rédemption.
or norme : martial bellon, la sig a fait couler beaucoup d'encre au cours de ces derniers mois. où en est-on aujourd'hui ? martial bellon : pour bien mesurer la situation, rappelons déjà que nous avons été nommés le 29 mai 2010 dans une situation de conflit important, allié à une situation sportive, économique et interne compliquée. Sur le plan financier, à l'issue de l'exercice 2009/2010, le club accusait des pertes de 300.000 euros pour seulement 60.000 euros de fonds propres, soit un trou de 240.000 euros. Cela n'était pas acceptable d'un point de vue comptable et la Ligue nous a enjoins de remettre les compteurs à zéro sous trois ans, ce qui nous imposait de gagner 240.000 euros nets sur cette même période et de donc de revoir la politique budgétaire du club. Sur le plan de l'organisation interne, les effectifs étaient déployés sur deux sites, au Wacken et au Neuhof. Quand vous êtes une petite structure, vous ne pouvez pas fonctionner comme cela, avec 4,5 salariés à un endroit et 2,5 à un autre. Le rapatriement des effectifs au Wacken a suscité, non sans raison, un vif émoi au Neuhof, mais il faut comprendre que cette décison ne s'est pas prise contre Neuhof mais dans l'intérêt du club. Sur le plan sportif, enfin, nous ouvrions une nouvelle page, mais un club, qui plus est dans ces circonstances, a besoin de conserver un certain équilibre. Nous avons alors fait le choix de reconduire le coach sortant mais sur la base d'un contrat 1+1. Si l'objectif sportif était atteint, le coach rempilait.
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o.n : ce qui n'a pas été le cas... m.b : Il existait une attente forte que l'équipe reparte avec Sarre et j'ai alors annoncé l'objectif des play off qui, je le maintiens, étaient jouables. Si nous avions eu seulement une victoire de plus, nous aurions été 9e ex aequo avec
pau Orthez. Le goal average nous étant favorable et Toulon (7e) traversant une période de crise interne, cela nous aurait permis de jouer la Coupe d'Europe... Mais il y a eu des erreurs de commises : la raclée d'Orléans, les tensions entre les joueurs et le coach, voire entre joueurs eux-mêmes. Sur le plan des erreurs, je pense notamment que je n'aurais pas dû accéder à la demande du coach d'avoir dix pro confirmés. Vous savez, en basket le temps de jeu est essentiel dans le bon déroulement de la carrière d'un joueur. Or, nous ne jouions pas la Coupe d'Europe, ce qui ne permettait pas à chacun de s'affirmer sur le terrain tout au long de la saison. Ceci a, je pense, aussi contribué à la dégradation de l'ambiance au sein de l'équipe. o.n : et sur le plan économique ? m.b : En début de saison, j'ai annoncé 200.000 euros de bénéfices. Ils devraient être de 120.000 sur l'exercice 2010/2011. L'objectif
SIG
vent entre 15 et 20 millions dans le foot, soit plus du tiers du budget moyen d'un club de Ligue 1. Nous, c'est 80.000 euros, soit 2% de notre budget. D'où l'indispensable recours aux collectivités locales, qui représentent entre 30% et 55% du budget d'un club de basket. à la SIG, c'est 45%. privatiser une organisation qui vit à 45% de fonds publics n'est pas cohérent. Certes, on peut racheter la part des collectivités pour 38 000 euros mais encore faut-il ensuite faire fonctionner le club...
que nous nous sommes fixés pour cette saison est de 100.000 euros. Si nous y parvenons en juin, nous aurons quasiment remboursé le passif de 240.000 euros dont nous avons hérité, ceci un an avant l'échéance fixée par le Ligue. o.n : reste la privatisation, qui a pris des allures de godot et qui ne manque pas de faire grincer quelques dents... m.b : Lorsque nous avons été nommés, nous avions pour objectif de privatiser le club avec certaines règles : on oublie l'homme providentiel. Le M. Aulas du basket alsacien n'existe pas. Le seul exemple existant en France est Emmanuel Brochot, un industriel qui a pris les rennes
dans le basKet pro, on n'investit pas, il n'y a pas d'arGent à GaGner. donc ceUx aUxqUels la siG devrait léGitimement appartenir sont les spectateUrs et les sponsors. du club de Roanne dont il est le seul et unique propriétaire. Mais cela reste une exception. Le modèle économique du basket n'est pas celui du foot. Le budget moyen d'un club de foot de Ligue 1 est de 50 millions d'euros. Celui d'un club de pro A est de 4 millions (le budget de la SIG sera de 4,4 millions en 2011/2012, ndlr). Les droits télévisés s'élè-
o.n : pas d'homme providentiel, impossibilité de privatiser pour l'heure, que proposez-vous ? m.b : progressivement, l'objectif est, sans que les collectivités baissent forcément leurs subventions, de restreindre la part du public à 35% et de passer celle du privé à 55%, le reste étant réparti entre les droits télé (2%) et la billeterie (8%). Notre volonté économique est d'inscrire durablement la SIG dans le top 5 hexagonal sur le plan budgétaire, marketing et administratif. Notre sentiment est que la SIG n'appartient pas à quelques uns mais à tout le monde. Elle fait partie du patrimoine commun. Dans le basket pro, on n'investit pas, il n'y a pas d'argent à gagner. Donc ceux auxquels la SIG devrait légitimement appartenir sont les spectateurs et les sponsors. C'est, de mon point de vue, un élément incontournable. D'où le besoin d'innover dans la propriété d'un club pro de haut niveau. o.n : ce qui nous amène à la formation de “sig et territoire” et à l'appel aux socios... m.b : Oui. Ce que nous avons proposé à nos partenaires publics est que via l'association “SIG et Territoire” celles-ci revendent 8% de leurs parts à 999 individus pour un prix unitaire de 100 euros, limité à une action non cessible par personne. Dans notre esprit, lorsque la SIG sera privatisée, “SIG et Territoire” devrait avoir de l'ordre de 25% du club. parallèlement à cela, nous proposons à des entreprises ayant leur siège en Alsace et déjà
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sponsors de la SIG d'entrer au capital (une trentaine seraient intéressées à ce jour, ndlr). Celles-ci constitueront un pacte d'actionnaires majoritaires. Concrètement, ce qui nous guide ici est que le capital du club (rehaussé à 400.000 euros dans ce cas de figure, contre 38 000 euros aujourd'hui, ndlr) reste durablement sur le territoire et que le club se dote d'un directoire et d'un président de compétences, et non de pouvoir. o.n : certes, mais l'amour du club suffira-t-il à convaincre 999 petits actionnaires alors que vous leur annoncez d'emblée qu'ils n'auront d'autre choix que de rester minoritaires ? m.b : Nous jouons franc jeu. “SIG et Territoire” ne sera certes pas majoritaire mais l'association aura un véritable rôle d'influence. Sur le plan interne, avec deux administrateurs sur 10 au Conseil de surveillance, qui élit notamment le président ; sur le plan externe, avec un véritable contrepouvoir sur le plan médiatique en cas, par exemple, de manque de transparence des futurs propriétaires dans la gestion du club.
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o.n : cela ne résout toutefois pas la question du bouclage du budget annuel du club. 4,4 millions cette saison, avec un objectif de 5 millions à terme... m.b : pour attirer des fonds, un club doit être solide structurellement et c'est ce que nous nous efforçons de faire. Ensuite, pour atteindre un budget de 5 millions, nous devons augmenter la part du privé et hausser le niveau de sponsoring, en augmentant le nombre des prestations susceptibles d'intéresser et de séduire les entreprises.
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SIG
o.n : cette nouvelle philosophie a-t-elle pesé dans le choix du sélectionneur de l'équipe de france de signer avec la sig au poste d'entraîneur. m.b : Je le pense. Avec Vincent Collet, nous nous sommes très rapidement rejoints sur l'ensemble du projet. Le volet économique, parce que ce que nous réalisons est une première en France, mais également le volet sportif, avec une volonté commune de voir la SIG redevenir un club qui donne la place aux jeunes. Hugo Invernizzi, qui était convoité par les plus grands clubs nous a déjà rejoints, tout comme Kevin Anderson, drafté en NBA.
o.n : Quel obectif sportif visezvous pour la saison qui s'ouvre ? m.b : N'attendez pas de moi que je vous annonce les play off. Je ne me ferai plus prendre au piège d'annoncer quoique ce soit, n'étant pas sur le terrain. Mais, pour paraphraser Guy Roux, je peux vous affirmer officiellement que notre objectif est de jouer le maintien et que Collet n'est pas venu ici pour jouer aux billes... Beaucoup reste à faire dans tous les compartiments du club, mais après la risée du Racing, nous avons la volonté d'essayer de montrer avec la SIG que nous pouvons, depuis Strasbourg, surprendre et être innovant.” ENTRETIEN RéALISé pAR CHARLES NOUAR.
Denis naegelen
strasboUrG est aUJoUrd’hUi dans le top 5 de sa catéGorie
Propriétaire depuis deux ans des Internationaux de tennis féminin de Strasbourg, Denis Naegelen dresse un bilan prometteur d'un tournoi qui a su se créer sa place dans le circuit WTA. Au point de s'inscrire progressivement comme un rendez-vous incontournable en vue de Roland Garros. or norme : denis naegelen, vous venez d'achever votre seconde année à la tête des internationaux de tennis féminin de strasbourg. Quel bilan tirez-vous ? denis naegelen : « Depuis deux ans, nous avons beaucoup investi pour essayer de relever le niveau du tournoi. Nous avons pour cela chercher à faire en sorte que l'offre grand public et entreprises soit au niveau des autres tournois internationaux : par la qualité du plateau mais aussi via un ensemble de services comprenant un meilleur accès au site, un renforcement de la billeterie ou encore une volonté de faire vivre le tournoi dans et hors du site. Nous avons d'ailleurs eu de très bons retours de la part des joueuses, du public et des entreprises partenaires sur l'édition 2011.
paris. Aujourd'hui, elles sont de plus en plus nombreuses à rester la semaine entière sur Strasbourg, qui leur fait office de terrain d'entraînement pour Roland Garros.
o.n : la relocalisation des internationaux y a-t-elle contribué ? d.n : Oui. La relocalisation au Wacken est importante. Le tournoi se joue désormais à 100 mètres d'une station de tram, mais surtout à deux pas des institutions européennes et du centre-ville, ce qui est important en terme d'image. Et puis, au-delà du site, n'oublions pas les investissements sur le plan sportif.
o.n : strasbourg a donc franchi un palier... d.n : Oui. à titre d'exemple, cette année nous avons réussi à attirer neuf joueuses classées dans les cinquante premières mondiales, alors que la moyenne internationale de ce type de tournois est de 5,8. Je ne veux pas m'avancer mais je pense que Strasbourg est aujourd'hui dans le top 5 de sa catégorie. Mais il nous reste encore beaucoup à faire.
o.n : c'est-à-dire ? d.n : Nous avons investi dans des terrains identiques à ceux de Roland Garros, avec le même rebond, le même grain. Nous utilisons également des balles identiques en tout point à celles utilisées une semaine plus tard à paris. Enfin, les conditions d'accueil des joueuses ont été améliorées : les hôtels que nous leur réservons sont désormais plus proches des courts et les véhicules mis à leur disposition rehaussés en gamme. L'effet bouche à oreille commence à produire son effet entre joueuses. Il y a quelques temps encore, celles-ci se dépêchaient de repartir pour
o.n : Quels sont justement vos prochains objectifs ? d.n : Sur le plan sportif, nous comptons encore renforcer la qualité de nos cours d'entrainement. L'objectif n'est pas de les aménager en surface, le temps du tournoi, mais de les refaire entièrement, à l'instar des deux cours centraux,
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noUs sommes aUJoUrd'hUi le premier toUrnoi éco-responsable afin qu'ils répondent durablement aux exigences de Roland Garros. Sur le plan business, nous avons certes beaucoup investi mais nous ne sommes pas encore passés dans le vert. Cela doit changer en 2012. par une plus grande implication du secteur public (Les Internationaux ne bénéficient à ce jour que de 18% d'aides des collectivités sur un budget d'un peu plus de 1 million d'euros, contre 45% à 60% pour des tournois concurrents de même catégorie, ndlr) mais aussi en renforçant notre taux de pénétration du secteur privé, en augmentant notre offre de services à son égard ainsi que les animations sur le site. Les Internationaux sont un moment privilégié pour les entreprises. C'est là pour elles l'occasion d'inviter leurs clients et prospects sur un événement de haute qualité, déjà retransmis dans 9 pays en 2011.
o.n : une autre dimension vous tient particulièrement à cœur : l'éco-responsabilité… d.n : Nous sommes aujourd'hui le premier tournoi éco-responsable, ce qui séduit d'ailleurs plusieurs de nos partenaires. GDF, l'ADEME ou BNp paribas se sont, par exemple, tous trois engagés à nos côté pour promouvoir cette image environnementale. Et l'éco-responsabilité sera à nouveau au cœur de nos préoccupations en 2012.
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o.n : strasbourg grandit mais n'est pas encore un « tournoi premier ». Que lui manque-t-il pour y parvenir ? d.n : La question ne se pose pas ainsi. En tennis, c'est la date qui fait le tournoi. pour organiser un tournoi de catégorie « premier », il faut donc obtenir une date à vendre dans le calendrier. Une fois que vous
avez la date, vous choisissez le lieu. Faire un « tournoi premier » ne peut donc se faire qu'en rachetant une date mais ce que nous pouvons et voulons faire aujourd'hui est d'inscrire Strasbourg comme une référence dans le monde des tournois, certes plus petit sur le papier qu'un « grand » tournoi WTA mais d'une même exigence de qualité. o.n : ce message est-il entendu par les joueuses et partenaires ? d.n : Je le pense. Comme je vous l'ai dit, nous avons eu de très bons retours cette année. Sur le plan économique, les bilans financiers de l'édition 2011 ont été transmis à nos partenaires et certains d'entre eux se sont déjà réengagés, sans compter un certain nombre de rendez-vous déjà pris pour la rentrée, où beaucoup de choses se joueront sur le plan budgétaire, qui reste un élément clé de la pérénisation du tournoi. Sur le plan sportif, plusieurs joueuses ont également déjà fait part de leur volonté de revenir l'an prochain. C'est le cas de Marion Bartoli, Aravane Rezaï, Andrea petkovic ou encore Ana Ivanovic. C'est un point très positif : un tournoi ne peut durer que s'il est associé à une image de qualité sportive. Et cette qualité nous l'avons aujourd'hui ». pROpOS RECUEILLIS pAR CHARLES NOUAR pHOTOS : ADELINE GUVERÇIN
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serge oehler
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le sport à strasboUrG est bien vivant
En donnant le coup de grâce à un Racing Club de Strasbourg déjà lourdement meurtri depuis l'ère McCormack, le fantasque homme d'affaires londonien Jaffar Hillali, vient d'enterrer à moyen terme le sport le plus populaire de la capitale alsacienne. Au premier égard, du soap opéra au tragi-(non)comique, le Racing ne laisse derrière lui que ruines sportives et amertume. Mais affirmer pour autant que le sport strasbourgeois est à l’agonie serait sans doute quelque peu excessif. En témoigne Serge Oehler, adjoint au sports de la Ville. ornorme : serge oehler, le racing tourne une triste page. relégué en championnat amateur, il semble laisser derrière lui un grand vide sportif... serge oehler : C'est en partie vrai : parmi les équipes de haut niveau nous avons malheureusement le Racing en moins, mais cela ne signifie pas la fin du sport à Strasbourg. Les belles réalisations ne manquent pas. pour ne citer que quelques exemples, nous préparons les prochaines éditions du Challenge Tour golfique, qui a réuni 8000 spectateurs l'an dernier ou encore des Internationaux de tennis féminin de Strasbourg. En termes d'événements, nous avons aussi le Rallye d'Alsace. Ce n'est pas rien.
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o.n : certes, mais on est peut-être loin, en terme d'image, de ce que peut véhiculer un club de l'élite footballistique ? s.o : L'image sportive de Strasbourg est bien vivante. 58 pays ont suivi le dernier trophée golfique de Strasbourg, qui fait partie du Challenge Tour, soit l'équivalent de la ligue 2 européenne de golf. Le Rallye d'Alsace est encore davantage suivi à travers le monde et les Internationaux de tennis font de plus en plus office de rendez-vous majeur du tennis féminin avant Rolland Garros. Sans compter le dynamisme de l'étoile Noire, en hockey sur glace, qui vient de remporter le titre de vice champion de France de hockey en Ligue Magnus.
o.n : reste la sig... s.o : Martial Bellon, le président du directoire, l'a lui même reconnu. Les résultats sportifs n'ont pas été à la hauteur des attentes. C'est vrai. Mais il faut comprendre que 2011 a été une année de transition sur les plans sportifs, économiques et administratifs, et que les choses semblent évoluer dans le bon sens. Martial Bellon avait besoin de cette année pour observer, prendre les bonnes orientations. Vous savez, diriger un club n'est pas une mince affaire. Le sportif est important, parce que c'est la partie visible de l'iceberg, mais il en faut beaucoup plus pour le maintenir au haut niveau. Ce n'est qu'un sentiment, mais, aujourd'hui, Bellon a pris de l'ampleur et nous avons, en sa personne, un véritable président de club. o.n : un président qui définit une politique tant sur le plan sportif que financier, donc... s.o : Oui. Cette année, Bellon a réussi à faire signer Vincent Collet, le sélectionneur de l’équipe de France, au poste d’entraineur. Ce que je retiens également est que Collet n’est pas venu que sur le seul aspect financier. Bellon et lui partagent un même projet et une même vision pour le club, dont fait partie la mise en place d’un actionnariat social.
noUs ne poUvons pas sérieUsement privatiser la siG si certaines conditions ne sont pas remplies.
o.n : justement, où en est-on quant à la privatisation du club, annoncée depuis plus de deux ans et, jusque-là, restée dans les tiroirs ? s.o : Nous ne pouvons pas sérieusement privatiser la SIG si certaines conditions ne sont pas remplies. Aujourd’hui, sur un budget d’un peu plus de 4 millions d’euros, le club est subventionné à 45% par des fonds publics. pour privatiser dans de bonnes conditions, nous devons commencer par réduire ce ratio. Ceci ne signifie pas que notre enveloppe budgétaire sera moindre mais que la part de finacement du secteur privé devra augmenter. L’ouverture d’un actionariat social va dans cette direction transitoire. Notre ambition politique est claire : permettre à la SIG de grandir mais dans de bonnes conditions. à la différence du Racing, nous ne sommes pas pressés par la loi et nous devons retenir les leçons du passé.” pROpOS RECUEILLIS pAR CHARLES NOUAR
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AUDE MULLER
à strasboUrG, laUrent schmoll, président de l’esGaa, est en passe de réUssir son pari : revisiter le fabUleUx patrimoine alsacien (et lorrain) en matière d’art dU verre. à la clé, Une meilleUre valorisation des JeUnes talents des arts décos et, peUt-être, Une noUvelle imaGe de marqUe poUr l’alsace… pour espérer convaincre, il faut quelquefois emprunter des chemins de traverse… C’est ce qu’a fait Laurent Schmoll, un médecin passionné d’art verrier, qui préside l’European Studio Glass Art Association (ESGAA) en organisant l’édition 2011 de sa Biennale Internationale du verre à Venise et en Alsace.
retombées internationales
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profitant de l’immense notoriété de la Biennale Internationale d’Art Contemporain de Venise qui bat son plein jusqu’à cet automne au bord du Grand Canal, l’ESGAA a monté de toutes pièces deux événements majeurs à Venise qui ont lancé l’édition 2011 de sa Biennale Internationale du Verre. Le palazetto Bru Zane, Centre de musique romantique française, accueille dans son patio les œuvres de Renato Santarossa et Vladimir Zbynovsky jusqu’au 15 septembre prochain.
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Haut-lieu de l’art verrier s’il en est, le Musée du verre de Murano reçoit quant à lui Caroline prisse, Bert Frijns, Vincent Breed, Joan Crous et les œuvres de deux élèves des Arts Décos strasbourgeois, Thomas Baltazar et Laura parisot (jusqu’au 30 septembre). La visibilité de ces manifestations est réellement gigantesque : plus d’un millier de personnes, chaque jour, fréquentent le Musée du verre de Murano et la presse internationale couvre de façon considérable tous les événements de la Biennale d’art contemporain de Venise. C’est « the place to be », incontestablement et ce lancement de l’édition 2011 de la Biennale internationale du verre ne pouvait pas rêver d’un plus bel écrin.
Ci-dessus à gauche : laura parisot - Jambes et bras Ci-dessus à droite : françois morellet Lunatic neonly 16 quarts de cercles n°2
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Ci-contre : udo ZemboK - Cœur 2
Un beaU proGramme alsacien
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anaïs dunn - Cela fait toujours du bien de parler de la pluie et du beau temps ou L’incontrôlable mécanique des pollutions intérieures.
AUDE MULLER
parfaitement lancée par les événements vénitiens, la Biennale retrouvera son ancrage alsacien en octobre et novembre prochains autour de plusieurs expos et événements : les Arts Décos strasbourgeois seront mis à l’honneur dans le hall d’exposition du Conseil régional tandis que le Conseil général accueillera les étudiants tchèques de l’école de Usti nad Labem. Le Musée d’art moderne présentera pour la première fois les œuvres de Maurice Marinot et 40 artistes internationaux seront présents au musée Würth à Erstein dans la cadre de l’expo « Eclats ! Le musée se met au verre… contemporain ». plusieurs galeries ou lieux d’expos accueilleront des artistes : Raymond Martinez, Caroline prisse (déjà présente à Venise), Silvi Simon, Alexander Ketele , les lauréats du concours ISGp (International Strasbourg Glass prize) initié par ESGAA en partenariat avec le CIC Est et une ancienne enseignante des Arts Décos, Michele perozéni, exposera son travail au Musée Atelier du Verre de Sars poteries, entre autres…
Ci-dessus : KeiKo muKaide - Circle of three lucid
la belle ambition de laUrent schmoll Fort du succès de son coup d’envoi vénitien, Laurent Schmoll enfonce le clou : « pour moi, la Biennale est le fer de lance de la rénovation du patrimoine du verre alsacien et lorrain. C’est une vision futuriste du verre et du cristal. Je le dis souvent : la Biennale est au verre ancien ce que la maison passive est aux maisons à colombages ! Elle s’appuie sur le patrimoine mais en donne une vision contemporaine. L’Alsace a la légitimité européenne en matière de verre, plus encore que d’autres régions en Europe où le verre est présent comme la Bohème ou même Murano. Il y a un véritable concept artistique, culturel et touristique à promouvoir autour d’un Itinéraire des Arts du Feu en Alsace et en Lorraine. Les grands noms sont là : Lalique, Saint-Louis, Baccarat, Meisenthal, les Arts Décos de Strasbourg… J’en ai parlé à Roland Ries et à son adjoint à la culture Daniel payot, lors du vernissage de l’expo du palazzo Bru Zane à Venise. Mes discussions avec la Région Alsace avancent également. philippe Richert a été très intéressé par une idée qui me tient à cœur : il faut donner une visibilité aux meilleurs talents qui chaque année sont issus des Arts Décos de Strasbourg en créant une pépinière d’artistes, en leur donnant ainsi les moyens de produire, de communiquer, en les entourant de consultants qui les aideront à émerger et à se réaliser pleinement. Cette école est soutenue par les contribuables et cet investissement se doit maintenant de bénéficier de retombées palpables pour notre région. Quelle belle image ce serait pour Strasbourg et l’Alsace et on pourrait même envisager des partenariats avec des industriels qui, eux aussi, ont besoin des artistes, pour travailler leur image et rénover le design de leurs produits. Je sens qu’un cercle vertueux est en train de se mettre en place : on a les événements, les lieux, la légitimité et notre Biennale qui donne de la visibilité : la boucle pourrait être bouclée avec cette pépinière d’artistes. Nous sommes très proches de la voir naître, elle pourrait être opérationnelle à l’automne 2012 ». JEAN-LUC FOURNIER
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desiGn voUs avez dit desiGn ? depuis 2009, les animateurs du collectif mad s’interrogent sur les liens entre art et design. un objet fonctionnel pourrait-il « dire » QuelQue chose de la société et de l’homme, entrer dans la sphère du signifié et accéder au statut d’œuVre d’art ? oui, de leur point de Vue. et ils s’emploient à en faire la démonstration.
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ce qUi noUs intéresse c’est cette porosité entre art et desiGn, cette zone de création Jamais identifiée, Jamais décrite.
Serge et Virginie
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Art et design, deux mots dans l’air du temps, de ceux qui font de l’effet, qui vous posent un homme ou une femme dans une conversation. Mais lorsqu’il s’agit de les définir, les choses se corsent. Et lorsqu’on les envisage de plus près, le flou n’hésite pas à s’installer. L’art seraitil du côté du signifié, du fait de « dire quelque chose » de l’humain et du monde, le design s’en tenant au fonctionnel le plus épuré possible ? Interpellation et unicité versus industrialisation et séries ? pas si simple lorsque l’on constate que les artistes ou estampillés comme tels sont de plus en plus sollicités sur des projets qui - a priori - n’ont rien à voir avec leur « fonction » première et qu’il n’est pas rare que des designers soient invités par des galeries, des Fracs ou même des musées ? Espace de tous les possibles, l’art contemporain peut-il inclure le design ou du moins une certaine forme de design ? Cette question tarabuste depuis trois ans le collectif strasbourgeois MAD (Mad about Art and Design).
« Un desiGn qUi ne dit pas son nom » « Tout est né d’une rencontre en 2009, explique Serge Schielin, luimême designer passionné par l’art contemporain. J’avais, à l’époque, vu une exposition à laquelle participait le plasticien Gérald Wagner. Il y explorait sur du mobilier les thèmes de la mémoire, de la trace et de l’empreinte. Cela m’a intéressé et je lui ai proposé de créer une pièce en
s’était pour l’occasion associé avec les agences Stimulus de Schiltigheim et Adi-Home à Lingolsheim ainsi qu’avec le volumiste philippe Bruneteau et le designer Arnaud Finix, explique Serge et, ensemble, nous avons défini sur cinq lieux un « parcours du design d’auteur » parallèle au « parcours du design » organisé par la CCI et centré, lui, sur le design industriel. » projets à foison et enthousiasme inaltérable, MAD décidément ne ménage pas ses efforts pour mettre en lumière des objets affranchis des codes du design habituel et marqués par une constante recherche de sens. Des produits, certes toujours utilitaires, mais chargés d’un supplément d’âme qui les rapproche de l’art contemporain et ouvre, peut-être, une troisième voie intégrée à l’art de vivre au quotidien.
commun : un guéridon gravé de mots que nous avons exposé lors du « parcours du design » organisé par la Chambre de commerce et d’industrie de Strasbourg et du Bas-Rhin en 2009. J’ai ensuite organisé une rencontre entre Gérald, Josiane Schoun, scientifique amenée à organiser des expositions dans la société pour laquelle elle travaillait, et l’historienne d’art Anne-Virginie Diez, aujourd’hui attachée au FRAC Alsace ». Confortés par un même regard sur certains objets qui « vont au-delà du design », les quatre protagonistes décident alors de proposer un « Café Culture » sur les liens entre les deux disciplines et intitulent la rencontre « Un design qui ne dit pas son nom… ». « Nous avons ainsi pu mettre en évidence l’émergence d’un design très créatif qui va plus loin que la recherche formelle et contient un sens transmis par la poésie, l’humour, la subversion, la philosophie, l’engagement ou bien encore les réflexions sociétales », poursuit Serge. Design figuratif mais pas toujours, souvent sous-tendu par le détournement d’objets et systématiquement marqué par la recherche d’une forme chargée de sens.
paraplUies matraqUes et obJets dU désir Démarche en tout cas passionnante à laquelle Serge et Anne-Virginie décident de continuer à s’intéresser en créant MAD et en organisant une série de manifestations autour de ce qu’ils baptisent le « design intermédiaire ». « Notre champ est celui d’objets qui, tout en ne perdant pas leur fonction, n’hésitent pas à porter un regard interpellant sur la société, explique Anne-Virginie. Ce qui nous intéresse c’est cette porosité entre les deux disciplines, cette zone de création jamais identifiée, jamais décrite, maintenue par les critiques et les théoriciens hors d’un champ lexical qui pourrait être réservé à l’art contemporain. » Conçu comme « un pôle d’observation », MAD a saisi l’occasion d’organiser des expositions dans l’espace laissé vacant par La Chambre, rue Sainte-Madeleine lorsque cette association s’installa place d’Austerlitz pour y présenter ses photographies. Ce furent « pièces à conviction » (30 octobre-14 novembre 2010), une exposition centrée sur le thème des violences urbaines fantasmées ou réelles lors de laquelle Alain Jost présenta ses « parapluies matraques » et « Objets du désir » (12 au 27 février 2011) tout entière consacrée à l’érotisme où figuraient notamment de somptueux sextoys d’yves Béhar présentés sur des socles comme des sculptures abstraites à part entière. A chaque fois, artistes et designers rencontrent le public lors du dernier samedi de l’exposition, lors de « Madbrainwashings » auxquels Anne-Virginie et Serge tiennent beaucoup.
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Ils comptent d’ailleurs développer cette dimension d’échange lors des expositions à venir en élargissant le cercle à des spécialistes de la thématique retenue. philosophes, sociologues, sexologues …, la liste n’est pas exclusive mais le principe, lui, restera intangible : démarrer d’un objet précis et « l’écouter parler » du monde tel qu’il va. Et quels seront les thèmes de ces prochaines expositions ? « Les premières concerneront sans doute « Le Temps » et « La Foi », précisent Anne-Virginie et Serge en annonçant par ailleurs des actions « hors les murs ». Il s’agit, d’une part, de formations commandées par des industriels alsaciens désireux de former leur personnel aux tendances actuelles du design et, d’autre part, d’une nouvelle édition de « pression Design », initiative mise en place en juin dernier. « MAD
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Une troisième voie intéGrée à l’art de vivre aU qUotidien « PERFUSION » est conçue comme une station où l’on se connecte au monde par la lecture, une station qui alerte, qui éclaire et qui soigne. Nichoir géant en bois naturel, lampe en forme de perfusion médicale. Au chevet de qui sommes-nous ? De l’homme ou de son environnement ?
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Quatre jeunes élèVes du conserVatoire de strasbourg ont releVé le défi de participer à un plateau aVec maxime le forestier lors de sa Venue à strasbourg au début de l’été. une expérience uniQue et magiQue Qui les a comblés. L’idée est née dans le cerveau de François Wolfermann de la Librairie Kléber : pourquoi ne pas profiter de la venue de Maxime Le Forestier à Strasbourg (le chanteur effectuait là son seul déplacement en province pour parler de son livre « Né quelque part ») pour mettre sur pied une soirée gratuite dans la grande salle du Conservatoire ? La balle a été immédiatement reprise au bond par la Ville de Strasbourg (le chanteur a été très officiellement reçu à l’Hôtel-de-Ville rue Brûlée), la directrice de la Cité de la Musique, Marie-Claude Segard et Jean-Luc Fournier, le directeur de la rédaction d’OR NORME Strasbourg pour une soirée mémorable qui a mêlé une longue interview sur la vie de Maxime Le Forestier entrecoupée de chansons très librement interprétées et jouées par Larry Alexis au piano, Anil Eraslan au violoncelle, Claire Trouilloud (percussions et voix) et Landry Biaba (guitare et voix).
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le trac, le vrai
ADELINE GUVERÇIN
Claire Trouilloud en tremble presque encore un mois plus tard : « Le projet que nous a présenté Marie-Claude Segard, notre directrice, était très ambitieux et paraissait audacieux. Nous n’avions que dix jours pour choisir et travailler quatre chansons d’un chanteur que nous ne connaissions qu’imparfaitement. Et tout ça pour les chanter sur scène en sa présence devant la grande salle pleine à craquer… C’était un défi ! » C’est Landry Biaba, un superbe guitariste d’origine camerounaise qui a donné l’impulsion : « J’avais déjà rencontré des musiciens réputés comme Lokua Kanza ou Manu di Bango que, d’ailleurs, Maxime Le Forestier connaissait bien comme il nous l’a confié ensuite. J’ai aussi côtoyé yannick Noah. Je savais que des jeunes comme nous, on ne pouvaient que gagner en assurance et maturité. Quand on est ensemble sur scène, il n’y a plus le statut de vedette ou d’élève d’un conservatoire. Nous sommes tous des musiciens. Je me suis souvenu de ce que Lokua Kanza m’avait dit après m’avoir entendu : « Tu m’as fait redécouvrir mes propres chansons, c’est magique ! ». Alors, on a décidé de surprendre Maxime de la même façon. Et ça s’est plutôt bien passé, malgré notre grande interrogation d’origine : est-ce que ça va lui plaire ?... ». Larry Alexis, un jeune pianiste originaire de la Réunion, avait la lourde tâche de « lancer la soirée ». « La chanson d’ouverture a été vite choisie : « Né quelque part » était aussi le titre du livre. « Mais je repense aujourd’hui au moment où Landry m’a présenté le projet. Quand il m’a dit que Maxime le Forestier serait sur scène tout près de nous, je me suis dit : Ouh la la !.. J’avoue que j’ai eu la trouille, même si c’est toujours un peu le cas avant chaque concert. J’ai attaqué les premières notes avec un petit nœud au ventre et après, c’était parti ! » raconte aujourd’hui Larry.
alors, on a décidé de sUrprendre maxime de la même façon. et ça s’est plUtôt bien passé, malGré notre Grande interroGation d’oriGine : est-ce qUe ça va lUi plaire ?
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De gauche à droite : Landry Biaba, Claire Trouilloud, Larry Alexis. Manque sur la photo, Anil Eraslan.
ADELINE GUVERÇIN
maxime et le pUblic soUs le charme Non averti de ce qui allait se passer ce soir-là, Maxime a tout de suite apprécié la situation : « Ce que je trouve superbe, c’est que ces jeunes musiciens se sont appropriés mes titres. Ils les ont chantés et joués à leur façon, il y avait de l’invention, de l’audace même : oui, c’était bien surprenant, j’ai passé une délicieuse soirée ». Sentiment partagé par le public qui a longuement ovationné l’artiste et les jeunes musiciens du Conservatoire. Et, moment magique, cerise sur le gâteau, cette voix féminine anonyme surgie du noir de la salle : « Maxime, une chanson, une chanson ! ». Il n’a pas hésité, il a demandé poliment à Landry s’il pouvait emprunter sa guitare, l’a accordée finement et s’est lancé dans une interprétation-hommage à son idole de toujours, Georges Brassens. La salle a retenu son souffle en reconnaissant « Les passantes », on a tous vibré intensément et ce fut un moment divin. Un peu plus tard, les dédicaces achevées, Maxime, les jeunes et les organisateurs ont partagé un dîner tardif au pied de la cathédrale de Strasbourg. La bonne humeur était de mise et la timidité d’origine de Claire, Landry, Larry et Anil avaient disparu. Il fallait les voir écouter religieusement les anecdotes musicales racontées par Maxime Le Forestier. Un moment sans doute inoubliable pour eux. Quelques semaines après, leur conclusion unanime faisait plaisir à entendre : « On n’avait jamais travaillé tous les quatre ensemble. Mais, quand on aime ce qu’on fait, on se soude mutuellement et quand il s’agit de créer quelque chose d’un peu fou, alors tout devient possible. C’était ça l’idée : ne pas rester chacun dans son registre. Mixer nos talents, quoi… On a réussi quelque chose d’exceptionnel. On n’oubliera pas la magie de ce moment-là, nous avons franchi un stade en compagnie d’un artiste dont le talent et l’humilité étaient bien réels… » 70
ALAIN ANCIAN
la brasserie de la mer à strasbourg
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JULIE FOURNIER
co-organisée par la Ville de strasbourg et la librairie Kléber, l’édition 2011 des bibliothèQues idéales sera, à coup sûr, à marQuer d’une pierre blanche. une pluie d’auteurs Va en effet s’abattre sur strasbourg et les amateurs de littérature deVront sérieusement organiser leur agenda du 17 au 25 septembre prochains…
Nul ne l’ignore : c’est la rentrée littéraire. plus de 600 ouvrages sont, cette année, proposés à l’appétit des lecteurs français et à… la perplexité des libraires qui, comme d’habitude, se demandent bien comment ils vont parvenir à les faire connaître à leurs lecteurs potentiels. C’est au beau milieu de cette effervescence que Les Bibliothèques Idéales vont animer la troisième semaine de septembre à Strasbourg. La manifestation a déjà gagné ses galons en matière de renommée : sa maturité est bien réelle et le rendez-vous est attendu avec impatience par un public comme nul autre pareil sur le territoire français. Les plus de 400 écrivains reçus annuellement dans la célébrissime salle blanche de la Libraire Kléber sont autant d’ambassadeurs qui colportent l’image d’une ville où l’amour de la littérature (et des débats qui vont avec…) est une réalité palpable, semaine après semaine. La preuve : Strasbourg est devenue, grâce au magnifique travail de la Librairie Kléber, une étape incontournable pour les auteurs et leurs maisons d’édition.
Une manifestation UniqUe Au fil du temps, les Bibliothèques Idéales ont trouvé leur place. Et elle est unique. Cette manifestation n’est ni un salon ni une foire du livre comme on en rencontre un peu partout en France. Une rencontre d’écrivains ? Oui, mais pas seulement… Elle se veut tout ça en même temps mais, surtout, la formule sait allier rencontres littéraires, lectures, films, musique…qui sont autant d’événements où le public fait partie des acteurs. Les auteurs le savent tous : à Strasbourg, lors des Bibliothèques Idéales, le public est placé à égalité avec eux : il n’est pas là seulement pour consommer ou faire dédicacer mais aussi pour pousser encore plus les auteurs dans des remises en cause quelquefois périlleuses ou des débats d’un haut niveau intellectuel… Au final,
seul comptent leur engagement en faveur de l’écriture et cette exigence qu’attendent les lecteurs : donner à comprendre et aider à ne pas perdre le fil de la pensée humaine dans le tumulte d’un monde qui va si vite (et si mal…).
Une proGrammation exiGeante A l’heure où nous bouclons ce numéro 3 d’Or Norme (le 2 septembre), plus de 110 auteurs ou artistes divers ont confirmé leur venue. L’Aubette, place Kleber, sera l’épicentre de la manifestation (la librairie Kléber y assurera entièrement la programmation) mais les Médiathèques de la Ville de Strasbourg (Malraux, Neuhof et Centre-Ville), la Médiathèque protestante, de même que les librairies Soif de Lire, Au Bonheur des Livres, Quai des Brumes, Librairie des Bateliers, l’Usage du Monde et la parenthèse accueilleront également des événements.
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Frédéric Beigbeder (premier bilan après l’apocalypse – Ed. Grasset) dialoguera le samedi 17 septembre avec son ami Simon Liberati (Jayne Mansfield, 1967 chez Grasset également). Michel Serrès, philosophe mais aussi conteur débridé, nous fera voyager à travers sa pensée virevoltante le dimanche 18 septembre.
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Le débat littéraire y sera confronté à d’autres sciences comme la psychanalyse, la psychologie ou l’histoire et les têtes d’affiche sont d’une extraordinaire qualité et d’une superbe diversité : l’immense écrivain israélien David Grossman sera présent lors de la soirée d’ouverture du jeudi 8 septembre. partisan d’une paix définitive entre Israéliens et palestiniens, il combat avec ses armes en publiant un roman grave et bouleversant (Une femme fuyant l’annonce - Ed.Seuil) qui fait écho à son drame intime : la mort de son fils Uri, tué à la fin de la seconde guerre du Liban en 2006.
strasboUrG est Une ville qUi aime les débats et les échanGes.
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Emmanuel Carrère, à travers son roman Limonov (Ed. pOL) – un des plus sérieux favoris des prochains prix littéraires – évoquera notre histoire à tous depuis le milieu du xxe siècle le lundi 19 septembre. Le lendemain, mardi 20 septembre, Marie Darrieussecq, prouvera avec son roman Clèves (Ed. pOL) que les mots peuvent encore nous bousculer, nous perturber même, dès qu’il s’agit d’évoquer la sexualité naissante des adolescents.
Le mercredi 21 septembre, yasmina Khadra, présentera son ouvrage L’équation africaine (Ed. Julliard), un roman-conte impitoyable et d’une force extraordinaire sur un continent livré aux pires calamités. Le même soir, l’Aubette vivra une soirée sans doute mémorable avec Delphine de Vigan (Rien ne s’oppose à la nuit - Ed. JC Lattes) qui sera rejointe sur scène par le chanteur Kent, le groupe de rock Landune et sa collègue romancière Nathalie Kuperman (Nous étions des êtres vivants – Ed. Gallimard).
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Le même soir, un hommage à Jorge Semprun, écrivain, résistant, ministre, militant… décédé au printemps dernier sera organisé autour de la présence de Vassilis Vassilikos, l’auteur de Z, dont Jorge Semprun avait collaboré à l’adaptation au cinéma.
D’autres écrivains seront également de la fête : patrick Rambaud, Raphaël Enthoven, philippe Claudel, Antoine Sfeir, Laurent Gaudé, Duong Thu Huong, Lydie Salvaire, pierre Assouline, Tonino Benacquista,…), et croiseront Francesca Solleville qui chantera Brel, Ferrat, Aragon… le vendredi 23 septembre.
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Le 23 septembre, Bernard pivot commentera lui-même ses plus belles rencontres d’Apostrophes (Les extraits des émissions (avec Albert Cohen, Françoise Dolto, Marguerite Duras, Vladimirt Nabokov, Marguerite yourcenar, Georges Simenon… ) serviront de fil rouge à une émotion qui sera palpable…
S’il est impossible ici de les citer toutes et tous, la programmation complète sera à découvrir dans une édition spéciale du quotidien Libération qui couvrira l’événement. Une preuve de plus du fort positionnement des Bibliothèques Idéales sur la scène nationale, une preuve de plus, après le superbe succès du week-end printanier organisé par le Nouvel Observateur (100 Idées pour la France), que Strasbourg est une ville qui aime les débats et les échanges.
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JEAN-LUC FOURNIER
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A la clé, une belle image de marque pour la capitale européenne…
De haut en bas : David Grossman, Emmanuel Carrère, Marie Darrieussecq, Yasmina Khadra, Bernard Pivot.
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d’hervé Weill • Ben Laden se fait dégommer comme dans un jeu vidéo ou un épisode de 24H Chrono. Obama a eu la décence de rester sobre dans l’annonce de la mort du terroriste. Cependant, beaucoup de questions restent posées : comment les Américains ont-ils eu l’information, comment ont-ils monté l’opération, qu’ont-ils fait du corps et quels étaient les titres des films pornos paraît-il retrouvés ?
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• Les catholiques célèbrent la béatification du prédécesseur de Benoit xVI, obtenue parait-il en un temps canon. à quelle vitesse se fera alors la canonisation ? Je calcule : je prends Jeanpaul II et je retiens I... et j’obtiens… euh !.. un certain temps. Le canon, c’est toujours un certain temps.
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• Il va falloir trouver autre chose pour montrer à quel point on est subversif et provocateur que de parler d’Hitler et des nazis. Il y aussi Ben Laden ou Marco Mladic. Sois un peu original Lars von Triste !
• Confondant Woody Allen et Ben Laden, Roland Dumas confirme qu’en voulant défendre Gbagbo en Côte d’Ivoire il n’était pas opportuniste mais gâteux. Il pensait certainement voir Greta Garbo. • Luc Ferry lui, les met carrément dans le plat, « poissé » en flagrant délit de rumeur de partouze pédophile. Il en va des philosophes comme des politiques, on n’a que ceux qu’on mérite.
• Vague de mortalité d’origine alimentaire longtemps inexpliquée en Allemagne. Montré du doigt, le concombre espagnol est déclaré innocent au profit de germes de soja germé venant d’une ferme bio. Ça fait des dizaines d’années qu’on mange des pesticides ou du mercure. Le bio c’est sain, on n’est plus habitué.
• DSK plaide non coupable face à la justice américaine. Toutes les radios et télés étaient sur le pied de guerre pour saisir une information qu’on connaissait d’avance. Etonnés par la confirmation de l’info qu’ils n’ont pas été capables d’enregistrer, les journalistes ont tenu une journée entière à commenter un non évènement. Ce n’est pas du harcèlement aussi ça ? • Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, sont libérés après 547 jours de captivité. Décidément, pas moyen de plaindre Strauss-Kahn.
• DSK outragé ! DSK martyrisé ! Mais DSK libéré ! DSK tiré d’affaire ?
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Banon...
• Avec un président s’étant présenté comme « le Mozart de la finance », c’était pas difficile d’imaginer une fin en Requiem pour le Racing-Club de Strasbourg.
• « News of the world », un des fleurons des tabloïds britanniques, remercie les générations de lecteurs offusqués sans qui ces 168 années n’auraient pas été les mêmes. • L’Europe tente de sauver sa Grèce tandis que la Somalie voudrait juste sauver sa peau.
fana d’actUalité, la plUme impertinente et icônoclaste, hervé Weill revient sUr les évènements des derniers mois.
• Dominique Strauss-Kahn se fait interpeller par la police américaine pour agression sexuelle et tentative de viol sur une femme de ménage d’origine guinéenne. L’image du président du FMI menotté alimente tous les fantasmes quant à sa vie privée. Roland Dumas a renoncé à défendre la jeune femme quand il a appris qu’elle se nommait Diallo et pas De Niro. Le président de la FFF s’est étonné qu’elle n’ait pas réussi à se défendre, les blacks étant d’habitude grandes et costaudes. • Christine Lagarde prend la tête du FMI en remplacement de DSK. Celle qui avait eu le nez creux en 2008 quelque mois avant la crise (« nous ne prévoyons pas de récession dans le cas de l’Europe ») va mettre ses compétences au service du monde. La Grèce a déjà réagi.
• Boutin et Aubry candidates : euh...alors... bon...pfff, finalement, rien.
• Ferry, poissard après avoir été poissé une seconde fois : il est salarié à ne rien faire. Si c’est pour l’empêcher de parler, finalement ce n’est pas cher payé.
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• Forcément, quand un génocide est un détail, 70 morts ne peuvent être qu’un incident. On ne pourra pas reprocher à Jean-Marie Le pen une certaine constance dans l’ignominie.
• Fessenheim condamnée à 10 ans ferme... de centrale.
• Tous les grands pays industriels sont endettés au-delà de toute compréhension. Mais c’est qui le gars qui prête ? • Va-t-on vers une intervention militaire en Syrie ? BHL est en congés, mais en septembre on va voir ce qu’on va voir ! • L’adage se confirme : « si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi », il nous a présenté sa crise de la cinquantaine. Elle fait 1m80, sa crise. Rien de neuf, toujours une histoire d’épées. • Sa meilleure chanson sera son épitaphe : Back to black, Amy.
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• Jacques Chirac soutient François Hollande pour les prochaines présidentielles. On ne sait toujours pas qui ça gêne le plus, mais tout le monde y va de son analyse. Alzheimer semble être la solution la plus crédible.
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• La droite, jalouse, a aussi son affaire de mœurs. Mais c’est toujours pareil, quand on veut copier c’est moins bien. Georges Tron, rentré incognito au gouvernement, en ressort sur la pointe des pieds.
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• Quand il s’agit de décisions vitales pour la France, les députés sont toujours prêts à faire la fronde : comme ils l’avaient fait pour conserver le numéro de département sur les plaques d’immatriculation, ils s’opposent fermement à la suppression des panneaux avertisseurs de radars. Bravo, quel engagement !
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• Il y a quelque chose de fascinant et d’inéluctable à regarder cette digue géante formée par les bourses mondiales : on colmate à un bout et ça recommence à fuir de l’autre. On sent la pression qui s’accumule et on regarde, hébétés et impuissants, dans l’attente du Big One. Nous ne sommes pas nombreux à y comprendre quelque chose, mais on pressent que les gestions hasardeuses et la spéculation ne font pas bon ménage. Il y a des coups de pieds dans les bourses qui se perdent.
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• Les laïcs espagnols contestent la visite du pape financée par l’Etat dans un pays où la crise est particulièrement grave. Après tout, la riche église pourrait bien financer elle-même ses campagnes de communication : « Abemus Pay-pal »
• Après six mois de lutte armée, la Libye se libère de la dictature de Kadhafi en investissant sa forteresse. Introuvable (à l’heure du bouclage de notre revue), le colonel invite les Libyens à « nettoyer Tripoli ».On dirait bien que c’est fait, non ?
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• Il faut avouer que pour les plus âgés d’entre eux, 70 ans après le Blitz, ça a dû leur faire drôle aux Anglais de revoir Londres en feu. Cette fois, pas de revendication idéologique et territoriale, mais juste des fringues, des ordinateurs, des écrans plasmas. The Clash en 1979: « London calling to the faraway towns, now war is declared and battle come down ». Ils ont toujours été en avance question musique, les Anglais.
• Avec le non-lieu dans l’affaire Strauss-Kahn, les féministes dénoncent «un goût d’inachevé ». Une espèce de coitus interruptus qui ne fera rien pour grandir sa réputation.
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OR NORME STRASBOURG N°3 | SEPTEMBRE 2011 | L’INFORMATION AUTREMENT
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Création : François Chapelle, Stephen Reading /
le Parlement Européen à Strasbourg, c’est capital.