Innovation dans l’industrie
LE MAGAZINE HORS-SÉRIE DES ENTREPRENEURS INNOVANTS DU GRAND EST
LE MAGAZINE HORS-SÉRIE DES ENTREPRENEURS INNOVANTS DU GRAND EST
Les crises du COVID, la guerre en Ukraine et le changement climatique bousculent notre modèle industriel établi depuis plusieurs décennies. Un grand plan de réindustrialisation a été annoncé par l’État fin 2022 pour faire face : « France 2030 ». L’innovation et la décarbonation y focalisent toute l’attention en matière d’investissement. Les enjeux de souveraineté nationale, d’emploi et de lutte contre la pollution se retrouvent au premier plan d’une période de renouveau industriel hors normes attendu.
Quel rôle peuvent jouer les start-up dans ce contexte ? Quelles conditions réunir pour favoriser leur développement et leur collaboration avec l’industrie ? Quelles sont les forces en présence et les opportunités dans le Grand Est, terre historique d’industries ? C’est avec l’envie d’informer et de mobiliser davantage autour de ces questions que l’équipe de Quest for change a sollicité l’équipe de Or Norme
Il s’agit de notre seconde collaboration. Dans un premier hors-série, nous vous avions proposé d’explorer la quête de sens, intérieure comme économique, d’entrepreneurs qui innovent. Ce numéro avait été réalisé à l’occasion du lancement du réseau d’incubateurs du Grand Est « Quest for change ».
Ce nouveau numéro est réalisé dans le cadre du lancement de l’incubateur sectoriel dédié à l’industrie, Quest for industry. Les incubateurs d’Alsace (SEMIA), Metz (The Pool), Reims (INNOVACT), CharlevilleMézières (Rimbaud’Tech) et Épinal (Quai Alpha) unissent leur force et renforcent leur capacité pour accompagner spécifiquement l’émergence de projets d’innovation industrielle. Une bonne nouvelle pour notre région.
Vous découvrirez dans ce numéro l’histoire d’entrepreneurs, d’industriels et d’acteurs supports présents dans le Grand Est, qui s’engagent déjà en faveur du renouveau industriel par l’innovation. Nous espérons qu’ils vous donneront l’envie de les rejoindre pour relever ensemble cet immense défi.
Nous tenons à remercier les très nombreux participants à ce numéro d’avoir pris du temps pour partager leur histoire.
Merci aussi aux membres de l’équipe Quest for change pour leur disponibilité et leur contribution dans l’élaboration de ce magazine .
« Les grandes découvertes et les améliorations impliquent constamment la coopération de nombreux esprits. »
Par Francis Blanrue, rédacteur en chef
Dans l’esprit du grand public, la start-up est encore très souvent associée au digital ou au numérique et trop peu à l’industrie.
Ce numéro d’ Or Norme consacré aux start-up industrielles vient précisément illustrer le potentiel considérable de ces entreprises innovantes à vocation industrielle. Le rapport de septembre 2021 consacré aux Leviers de développement des start-up industrielles en phase d’industrialisation avait estimé leur nombre à 1 500 en France, couvrant des secteurs aussi stratégiques que la santé, les biotechnologies ou l’énergie.
Le Grand Est, Région industrielle, se doit de promouvoir l’éclosion de ces pépites en les soutenant dans leurs phases de croissance spécifiques. L’enjeu est simple, ne pas être en mesure de passer la phase d’industrialisation – ou simplement ne pas en faire un objectif de l’entreprise – peut conduire à l’externalisation de la production et donc à une perte de de valeur ajoutée sur le territoire.
Cet accompagnement présente des spécificités : accéder à des capitaux pour financer les démonstrateurs ou les premières usines avec un délai de retour sur investissement plus long que sur d’autres secteurs. Aider les dirigeants à anticiper la phase d’industrialisation alors qu’ils évoluent traditionnellement dans les fonctions de chercheurs, d’ingénieurs ou de managers et ont peu d’expérience de création industrielle. Enfin comme dans toute création de start-up, permettre aux innovations de trouver leur marché et surtout leur business model.
Pour cela, le Grand Est peut s’appuyer sur un réseau d’incubateurs, de pôles de compétitivité ou de filières industrielles. C’est lui qui est également présenté dans ce numéro et je tiens à remercier les initiateurs de ce magazine pour le travail remarquable réalisé en un temps très court.
Bâtir une stratégie d’accompagnement des start-up industrielles, c’est également s’inscrire dans une dimension territoriale et plus précisément régionale. Le potentiel et les secteurs d’excellence du Grand Est invitent ainsi à développer une stratégie qui ne peut être dupliquée ailleurs et qui sera d’autant plus efficace qu’elle permettra de lier innovateurs et utilisateurs, et donc de favoriser la croissance des entreprises innovantes dans un écosystème susceptible de les porter.
Cela signifie détecter dès la phase de R&D tous les projets à même de passer en production en s’appuyant sur le réseau.
C’est exactement l’ambition de notre Business Act Grand Est et de ses moteurs du changement. C’est également le sens des efforts que nous déployons pour soutenir l’industrialisation de notre territoire et favoriser les relocalisations.
Blackleaf (graphène) et Core Biogenesis (bioproduction), tous les deux lauréats de l’appel à projet Première Usine représentent des exemples emblématiques d’entreprises nées dans le Grand Est et qui vont produire dans le Grand Est. Je pense également à Sanou Koura (métaux critiques – recyclage) ou Viridian (lithium) dans le secteur stratégique des métaux critiques.
En lien avec son agence d’Innovation et d’Internationalisation, Grand E-Nov+, la Région Grand Est sait pouvoir s’appuyer sur le nouveau pôle d’incubation du réseau Quest for change dédié aux start-up et à l’innovation industrielle : Quest for industry. Je suis très heureux que son lancement vous offre la possibilité de découvrir le riche contenu de ce numéro hors-série Or Norme , réalisé pour l’occasion.
Bonne lecture à toutes et tous.
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« L’innovation est la réponse à une demande sociétale… »
Dans cet entretien passionnant, le secrétaire général pour l’investissement détaille les contours et les contenus de France 2030 dont il pilote la mise en place et l’application. À 64 ans, Bruno Bonnell n’a pas perdu une once de la passion d’entreprendre innée dont il fait preuve depuis plus de quarante ans et annonce sans l’ombre d’une hésitation que la France va devenir « une grande nation d’innovation »…
Au préalable, il serait opportun de vous écouter sur la nature profonde de France 2030 en insistant sur les principaux objectifs qui vous ont été fixés par la puissance publique lors de votre nomination en janvier dernier…
Tout part d’un discours fondateur du président de la République en octobre 2021 : en énumérant les défis climatique, démographique, énergétique, industriel que le pays a devant lui, Emmanuel Macron a annoncé que c’est l’innovation qui allait être la réponse majeure de la France pour les relever. Il avait alors annoncé un investissement massif de l’État : 54 milliards d’euros qui allaient devoir soutenir cette innovation dans tous les territoires du pays. Du jamais vu… Il avait cité dix objectifs comme fabriquer deux millions de véhicules électriques, un avion bas carbone, produire vingt biomédicaments, décarboner l’industrie, etc. Le président avait également décrit des leviers pour atteindre ces objectifs, comme par exemple développer les compétences et les métiers d’avenir.
Le plus concrètement possible, pouvez-vous nous préciser comment ce plan est opéré et selon quelles échéances ?
C’est le secrétariat général pour l’investissement que je pilote qui met en œuvre France 2030. Nous sommes soixante-dix personnes dans nos locaux de la rue de Babylone à Paris où nous nous rencontrons
aujourd’hui. Nous travaillons autour de six pôles : il y a celui de la Santé, l’Agence de l’innovation en santé, puis celui de la transition écoénergétique qui se subdivise en production d’énergies décarbonées –hydrogène vert, photovoltaïque, éolien, biomasse… mais aussi cet enjeu très important qu’est la décarbonation des secteurs industriel et agricole qui devront tous, à terme, améliorer considérablement leur bilan carbone. Pour l’industrie, il s’agira pour ces secteurs d’utiliser à plein les différentes énergies renouvelables que nous pourrons produire. Pour l’agriculture, ce sera le même combat pour parvenir à éviter les produits phytosanitaires qui produisent beaucoup trop d’azote, ou encore gérer la présence de l’élevage et sa production intense de méthane ou pouvoir disposer de substituts biosourcés pour atténuer la surutilisation des engrais actuels.
Le troisième pôle s’articule autour de la « Connaissance » avec en autres l’enseignement. De l’école primaire au lycée et de l’université à la recherche, tous les niveaux sont représentés. Ce troisième pôle intègre aussi la recherche, le transfert de
technologies ainsi que la culture, avec un important segment qui insistera sur la création de lieux permettant de produire des projets de haute qualité pour que la culture française puisse s’exporter partout dans le monde, via par exemple le métavers. Avec la culture du jeu vidéo qui est très développée dans notre pays, nous sommes déjà riches en matière de grands talents.
Il vous reste trois pôles à nous détailler…
Tout d’abord, il y a celui de la souveraineté numérique, le cloud, l’IA, le cyber et le métavers sous son aspect technologique, mais aussi la souveraineté électronique, les cheaps de forte puissance de calcul, par exemple. Ce quatrième pôle comporte la souveraineté robotique, cette révolution industrielle qui est devant nous.
Le cinquième pôle, nous l’avons nommé « Nouvelles frontières » : il comprend l’Espace, l’exploration des fonds sous-marins et tout l’univers du quantique. Ces univers sont en général assez loin devant nous, par nature ils ne mobilisent au départ que peu d’investisseurs privés et l’Etat se doit bien sûr de fortement les soutenir, notamment
La table des souvenirs des visites industrielles de Bruno Bonnell. Avec un exemplaire de Sur la route de Jack Kerouac : si la destination est belle, c’est le voyage qui est important...
via la commande publique ou la subvention. L’exemple de la réussite d’Ariane est là pour prouver que les retombées à moyen terme sont énormes dès lors que l’argent public sait être là dès l’origine des projets. Enfin, le pôle fond d’investissement en effet de levier, qui s’occupe de tous les fonds et fonds de fonds dans lesquels l’État est partie prenante à travers France 2030.
Tout part bien sûr de l’état réel de notre industrie nationale aujourd’hui. Et il est loin d’être satisfaisant, si on le regarde avec réalisme…
Il y a une réalité objective. L’industrie française, dans les années soixante-dix, représentait aux alentours de 22 % de notre PIB. Elle n’en représente plus que la moitié aujourd’hui. On ne peut que constater cette chute libre. Ceci dit, après avoir émis ledit constat, je pense moi qu’on est en fait devant une opportunité extraordinaire. Personnellement, je n’évoque jamais le terme de réindustrialisation, j’évoque plutôt la néo-industrialisation. Ce matin même (le 26 avril dernier – ndlr), j’étais sur le site de Ariane Group : ils y fabriquent des engins extraordinaires, on y travaille en blouse blanche sur la technologie additive : j’étais bluffé. Cette néo-industrialisation, elle se transforme en devenant plus attractive. J’encourage les gens, et particulièrement les jeunes, à aller voir, car il s’agit bien de détruire nos mythes : dans ces deux secteurs, nous avons en fait de nombreux champions, des ingénieurs et toutes sortes de gens qui réfléchissent, aidés par la robotique et aujourd’hui, l’intelligence artificielle, entre autres… Personnellement, je vois que depuis qu’on ouvre ces nouvelles usines, on recrée de l’emploi : qui aurait imaginé cela il y a encore quelques années ? Il n’y a pas si longtemps, beaucoup étaient acquis à l’idée que nous allions devenir une société uniquement de services…
Donc, l’innovation, c’est le socle absolu, selon vous…
Assurément, oui ! L’innovation n’a rien à voir avec une offre au marché ou une invention. L’innovation est la réponse à
une demande sociétale. Une innovation qui n’est qu’une invention gratuite n’a qu’une chance sur deux de se développer, et encore… Une innovation qui répond à une demande sociale, elle trouve tout de suite son marché, ses applications et elle s’ancre très vite dans une nouvelle manière de faire les choses. C’est cette innovation-là que nous soutenons aussi fort, bien sûr. Pour compléter ces commentaires sur l’industrie, il faut bien se rendre compte que la transformation actuelle est tellement vaste et importante que finalement, ne pas avoir à gérer les dépenses d’investissement pour les reconvertir représente pour nous une chance extraordinaire dans le monde qui nous entoure. Les Allemands ont cette problématique devant eux, ainsi qu’un certain nombre de pays de l’Est de l’Europe, pour les Italiens, c’est en cours. Notre chance, c’est de pouvoir dès maintenant fortement accélérer, grâce à ces 54 milliards que nous allons injecter dans notre économie…
On a donc, selon vous, passé définitivement le cap imposé par l’impact du principe de « destruction créatrice », théorisé par l’économiste Schumpeter…
Oui, cet impact est derrière nous. On en est aux fondations, là, on commence à reconstruire une nouvelle France industrielle. Notre principale problématique est de réussir à attirer nos jeunes vers l’industrie d’aujourd’hui. Pour le pays, mais
aussi pour eux, cette page blanche que nous ouvrons est une fantastique opportunité. La France est d’ailleurs très avancée sur nombre de pays comparables : France 2030 est en fait une matrice excessivement large qui peut concerner nombre de TRL (l’acronyme de Technology Readiness Level soit le niveau de maturité technologique – ndlr), de la recherche et développement jusqu’à la création de la première usine.
Des passerelles concrètes et effectives vont pouvoir se mettre en place rapidement ? Je pense notamment à l’Éducation nationale…
Au niveau de France 2030 ; nous avons mis en place le dispositif « Compétences et métiers d’Avenir (CMA) ». Son enveloppe est de 2,5 milliards d’euros et nous avons d’ores et déjà engagé 700 millions d’euros. On soutient ainsi les centres de formation, les écoles, les universités. Cela concerne tous les niveaux de qualification et on soutient ainsi, en les subventionnant, toutes les initiatives visant à l’ouverture de nouvelles filières de formation dans des secteurs comme les batteries, l’hydrogène, le nucléaire, la santé, la culture et j’en passe… Elles développent toutes sortes de nouvelles compétences. L’enjeu est de rendre attractifs ces métiers de demain.
Essayons maintenant de focaliser sur notre région le Grand Est. Quels sont
les atouts, mais aussi les faiblesses de notre territoire ?
Sans hésiter une seule seconde, je dirais que la force du Grand Est réside dans la présence évidente de ses profondes racines industrielles. Il n’y a aucun débat sur ce sujet. Certes ce territoire est aussi un grand blessé parce que ses légendaires secteurs industriels comme les mines, l’acier ou encore le textile ont été si terriblement éprouvés depuis soixante ans maintenant et très souvent d’une manière si brutale… Quand ses grandes cathédrales sont tombées, c’est tout un monde qui s’est écroulé. Ce fut un cataclysme…
Mais cette région s’est révélée être extraordinairement résiliente. À force de courage et d’opiniâtreté, elle se redresse : nous soutenons énormément de dossiers originaires du Grand Est et cet afflux prouve que dans ces racines-là se trouvent les ailes de l’avenir. En accompagnant cette région dans ses différents projets innovants, on va aider ce territoire à démontrer que la présence d’une forte innovation soutenue fortement par l’État au sein d’une région dotée d’une culture industrielle si marquée est l’ingrédient d’une vraie réussite à l’échéance 2030.
Quels sont les conseils que vous pouvez adresser aux initiateurs de l’incubateur industriel piloté par Quest for change dans le Grand Est ; non seulement visà-vis de France 2030 que vous pilotez, mais aussi vis-à-vis de cette nouvelle dynamique industrielle que le pays pousse à faire naître ?
Le tout premier conseil serait de ne plus raisonner en silos, c’est-à-dire de se contenter d’apporter les services à l’entreprise qui en a besoin, qu’on trouve dans tous les projets d’incubation : des services techniques, de management, de relations en réseaux ou autres… Un incubateur industriel doit être un catalyseur d’écosystème. Ce qui peut aussi vouloir dire, à terme, qu’il faut prendre le risque de voir une société « sortir de son nid » comme je le dis souvent.
Le deuxième conseil est d’affirmer qu’il faut savoir choisir ses combats. Si le spectre est trop générique, on rassemble trop de diversité et ça ne fonctionne pas. Il faut que petit à petit se sculptent des spécialités quitte à ce qu’elles se fédèrent en parallèle à d’autres réseaux pour aider à leur développement. Mais ce travail de concentration sur des spécialités précises me paraît vraiment intéressant en matière d’orientation.
Enfin, il y a la matérialité qui consiste à travailler en réseau d’incubateurs, mais je sais très bien que Quest for change est
« Une innovation qui répond à une demande sociale, elle trouve tout de suite son marché, ses applications et elle s’ancre très vite dans une nouvelle manière de faire les choses. »
sur la bonne voie, en matière de maillage de réseaux.
Pour revenir à l’innovation qui est au centre de France 2030, une simple question : le pays est-il réellement prêt à soutenir à fond ce concept, en un mot : êtes-vous réellement persuadé que la voie de l’innovation va être plébiscitée par toutes les forces vives du pays ? Écoutez… J’ai été un entrepreneur dans un certain secteur, celui du numérique de l’époque, et qui était vraiment très innovant pour son temps. De là où j’agis aujourd’hui, j’ai la chance de voir toute cette palette de compétences que nous possédons et je
peux vous dire, sans hésiter, que notre pays sous-estime considérablement son talent. Dans quasiment tous les secteurs concernés par France 2030, je rencontre des gens de classe mondiale. D’ailleurs, ce sont des gens qu’on nous envie et qu’on cherche à nous piquer, bien souvent. Combien de jeunes chercheurs sont-ils ainsi tentés de s’exiler outre-Atlantique, par exemple ? Je pense qu’en France, nous évoluons tous les jours, sans le savoir, dans le talent, l’innovation ou le spectaculaire. Nos cerveaux sont particuliers, j’en suis persuadé. Quand on y rajoute la formation, on obtient ces ingénieurs plus agiles et plus créatifs que la moyenne constatée dans les pays comparables. En France, on est « innovation native », c’est un fait, je le pense vraiment. Je l’ai expérimenté moi-même : j’avais créé une société qui fut le leader mondial en matière d’édition de jeux vidéo. (Infogrames, cocréée en 1983 par Bruno Bonnell, est devenue Atari SA en 2009 – ndlr). Il y avait certes d’autres qualités chez nos collaborateurs d’autres pays, mais, en France, nous avions cette spontanéité, ce supplément d’âme en matière d’innovation et c’était notre caractéristique. Je pense que ça perdure, à l’évidence…
Je vous coupe, mais au sein de l’Université de Strasbourg dont le secteur de la Recherche est un point fort, on connaît bien le phénomène de ces talents qui s’exilent. Les patrons des labos strasbourgeois se désespèrent, ils n’ont pas les moyens de retenir leurs meilleurs jeunes chercheurs…
Je le sais bien. Et c’est justement pour contrer ça qu’il nous faut rendre la France encore plus attractive avec ces investissements massifs qui vont permettre à nos jeunes talents de ne plus être tentés d’aller voir ailleurs. Nous allons pouvoir les payer à la hauteur de leurs talents. C’est bien parce que nous avons été depuis si longtemps dans un schéma de chutes budgétaires si importantes, avec un chômage si élevé donc de moindres recettes fiscales, avec des dettes publiques orientées vers bien d’autres priorités que l’investissement d’avenir, que nous avons ces jeunes qui envisagent d’aller exercer leurs talents ailleurs… Sincèrement, mon expérience dit aussi que sur les milliers de personnes que j’ai eus à gérer sur toute la planète, les Français finissaient toujours par se dire qu’ils avaient une telle qualité de vie dans leur pays et qu’ils envisageaient alors très souvent d’y revenir. Et ce retour se produit bien souvent aussi au moment où ils envisagent d’avoir des enfants qu’ils souhaitent
pouvoir élever dans un pays avec un cadre et une qualité de vie « à la française ».
Il y a aussi les innovations de certaines grandes sociétés industrielles de notre pays qui abritent elles-mêmes un incubateur « dédié », l’Alsacienne Hager étant un exemple qui figure dans notre magazine et qui travaille étroitement avec Quest for change. Est-ce une piste qu’il conviendrait de pousser à son maximum ?
C’est en effet une piste très importante que celle-là, cette philosophie des « grands frères » au bénéfice des start-up ou des jeunes sociétés. Pour moi, c’est essentiel, mais, en revanche, il faut vraiment à ces industriels une philosophie loin de l’idée d’encourager ces gens et, en cas de succès, les « avaler », en quelque sorte. Il y a dans ce concept de « grands frères » une réelle nouveauté que j’ai remarquée chez Michelin par exemple ou souvent, dans le Grand Est d’ailleurs. Il faut que les incubateurs internes aient cette philosophie bienveillante, sans aucun agenda ni arrière-pensée, car sinon, ils ne verront jamais l’éclosion de quelque chose de nouveau. Ce serait comme si un gardien coupait sa fleur trop tôt, quand elle est au stade du bourgeon : il ne la verra jamais éclore… La philosophie de ces industriels doit être basée sur le fait de se dire qu’on a besoin d’encourager l’innovation et la relève. On doit pouvoir évidemment s’assurer de collaborations ultérieures, mais au départ, le « deal » doit être extrêmement clair : l’industriel doit apporter à la start-up qu’il incube la connaissance et l’expérience de ses univers. Il y a là une forme d’éducation industrielle qui manque terriblement dans notre pays. Car il faut être objectif : aujourd’hui, créer une start-up industrielle, c’est attaquer la face nord de l’Everest « en tongs et à mains nues » (rires). Personnellement, je n’ai jamais osé le faire, c’était comme m’attaquer à une muraille avec mes seuls ongles. Mais si vous avez un industriel « grand frère » qui vous envoie une solide échelle de corde, tout devient possible ! Et l’idée n’est pas de se dire : « laissez venir à moi les petits enfants pour les croquer ». Il ne faut pas qu’il soit ogre… Les experts de structures comme Quest for change doivent veiller à ça…
Enfin, un dernier mot. En poussant la métaphore, on pourrait dire que la France est engagée dans une sorte de grande classique de course cycliste. À vous entendre, le pays est en tête, assez
détaché du peloton qui le pourchasse et dont il sent cependant « le souffle sur sa nuque ». 2030, c’est demain, la France entrevoit la ligne d’arrivée et envisage sérieusement de la franchir en tête. Vous avez vraiment confiance, la France va couper la ligne en premier ?
Ça dépend de quelle ligne on évoque. Quand je regarde sept ans devant moi, je me rappelle de sept ans en arrière. On est en 2023, mais replongeons-nous en 2016. On avait une France envahie par le seul problème de l’emploi et du chômage, on ne parlait que de ça à l’époque… On avait une France qui ne parlait pas d’Europe et même, qui s’en méfiait. Le pays était en extension quand on parlait d’innovation, parce qu’on ne prenait pas le problème par le bon bout…
Et pourtant, en 2016, des mesures comme le CICE ou encore le Crédit Import Recherche étaient déjà en place… Absolument, mais rien n’était vraiment structuré, en fait. Sept ans après, le taux de chômage est descendu à 7 %, des usines ont rouvert leurs portes et créent des emplois, et je me dis qu’avec les investissements massifs qui sont en cours, l’accélération va devenir exponentielle. Quand j’imagine le pays dans sept ans, je vois plutôt une France qui aura retrouvé des usines qui seront une référence dans certains secteurs précis – dont un nombre important sera dans le Grand Est –, je vois une France qui aura réussi à se transformer sur le plan des compétences et des métiers d’avenir avec beaucoup d’écoles liées à l’IA, la batterie ou encore l’hydrogène qu’on nous enviera autour de nous…
C’est dur de clore un entretien avec vous, tant votre enthousiasme impressionne. Pour être très concret, il y a un secteur où, forcément, on va vous attendre nombreux au tournant. C’est celui du nucléaire. Le président de la République a décidé de lancer un important programme de « mini-réacteurs », pour faire simple. Compte tenu de la situation financière d’EDF à ce jour, et de l’état de l’innovation dans ce domaine, car on voit à quel point elle se porte mal avec les innombrables problèmes rencontrés par les réacteurs EPR dans le monde et en France, vous êtes sûrement bien conscient que le challenge est gigantesque…
Aujourd’hui, on a dans ce domaine une dizaine de dossiers sur les mini-réacteurs nucléaires qui sont à court terme en études de financement. Franchement, je serais content si deux d’entre eux arrivaient à terme. Mais on aura créé cet écosystème
« mini-réacteurs nucléaires », et entretemps ceux qui seront tombés en route viendront rejoindre les autres, il y aura de la consolidation, une dynamique aura été créée, on aura initié des solutions. Bien sûr, on peut se dire que l’échéance 2030 est si proche que rien ne se fera, mais je réaffirme encore une fois que lors de mes très nombreux déplacements, je vois de mes yeux à quelle vitesse on développe des réacteurs de fusée, des électrolyseurs à hydrogène ou encore des fermenteurs pour les bioproductions. Là, on parle en mois, plus en années ! Entre l’intervention de France 2030, en termes de moyens financiers, et la volonté de ces sociétés, l’agilité de leurs capacités d’innovation qui les fait transgresser leurs habitudes en termes de process, les résultats sont infiniment rapides. Dès 2030, elles vont proposer une palette incroyable d’innovations.
Mes inquiétudes sont ailleurs, en fait : ce sont les problématiques liées à l’énergie, même si on a accéléré en faveur des énergies propres en mettant quand même deux milliards d’euros sur l’hydrogène. Parallèlement, il va bien falloir s’assurer qu’on va vraiment basculer dans un système global d’énergie véritablement « verte », durable et renouvelable. Ce critère sera fondamental, et là, je suis absolument certain que nous serons les premiers à « passer la ligne », pour reprendre votre métaphore. On n’a pas encore les ailes de Pégase, mais nos concurrents, avec le charbon par exemple, ont de véritables boulets aux pieds… » b
BIOGRAPHIE DE BRUNO BONNELL
Né en Algérie en 1958, Bruno Bonnell s’est installé à Lyon avec sa famille d’origine catalane alors qu’il était âgé de huit ans. Bachelier dès l’âge de seize ans, il a alors entamé une formation scientifique, avant de se passionner pour l’économie et l’informatique. En 1983, il cofonde Infogrames qui deviendra assez vite le leader mondial des jeux vidéo, avant d’être cédé à l’américain Atari. Devenu « serial-entrepreneur » avant l’heure, Bruno Bonnell n’aura alors de cesse d’innover, au sein de multiples sociétés. Élu député en 2017 au sein du groupe LREM, cette figure du monde entrepreneurial lyonnais ne s’est pas représentée aux Élections législatives de juin 2022 et est devenu, depuis six mois, le pilote de France 2030 et ses 54 milliards de capacité d’investissement en faveur de l’innovation en France.
Porteuses d’innovation technique ou énergétique, de plus en plus de start-up promettent de révolutionner la production industrielle. Dans le Grand Est, elles peuvent compter sur le réseau d’incubateurs
Quest for change pour les mener jusqu’au succès. Un atout dans l’objectif de la réindustrialisation de la région et du pays.
Il faut réindustrialiser la France ». Cinq décennies de mondialisation et de délocalisation de la production industrielle ont entraîné des centaines de fermetures d’usines et la destruction de millions d’emplois. Une réalité à laquelle n’échappe pas la Région Grand Est : sidérurgie, métallurgie, agroalimentaire, machines et équipements, aucun secteur, aucun territoire n’ont été épargnés.
« France 2030 », un grand plan de réindustrialisation a donc été impulsé par l’État, fin 2022. Un plan d’investissement de 54 milliards d’euros sur cinq ans pour réindustrialiser le pays et décarboner l’industrie. En ciblant prioritairement l’innovation, les nouvelles technologies et les nouvelles sources d’énergies telles que l’hydrogène vert, le réacteur nucléaire de petite taille, l’avion bas carbone ou la voiture électrique.
Ces dizaines de milliards d’euros ne seront pas de trop, tant le défi est de taille. Les crises conjoncturelles – COVID et guerre en Ukraine – et structurelle – réchauffement climatique – ont mis en lumière un constat édifiant : l’industrie française n’est plus en mesure de garantir la souveraineté du pays. Et quand elle le fait, elle pollue trop. Elle est à elle seule
responsable de 20 % des émissions nationales de gaz à effet de serre. Dans cette bataille de la réindustrialisation par l’innovation et la décarbonation, le Grand Est a de nombreux atouts pour tirer son épingle du jeu. Il reste une région industrielle de premier plan, la troisième en France derrière l’Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes. L’industrie emploie environ 300 000 personnes (16 % de l’emploi régional) et avec 27 milliards d’euros, elle représente 20 % de la valeur ajoutée régionale, soit six points de plus que la moyenne nationale. Le Grand Est réunit des territoires à la longue histoire industrielle, dans un espace rhénan particulièrement porteur et dynamique, attirant les investisseurs étrangers, notamment allemands, hollandais et belges. Présent dans tous les secteurs – chimie, plasturgie, pharmaceutique, automobile (30 % de la production nationale !) aéronautique, machines et équipements mécaniques ou électriques –, son tissu est composé de grands groupes internationaux (Stellantis, EDF, Safran, Siemens…) secondés par une multitude d’établissements de tailles intermédiaires et de PME, industriels mais pas seulement, un emploi dans l’industrie générant au moins deux emplois indirects (fournisseurs, logistique, services).
Mais chose nouvelle, ces acteurs traditionnels, aux usines employant des centaines de personnes dans les campagnes alsaciennes, mosellanes, vosgiennes, ardennaises et champenoises se voient désormais défier par des start-up ! Longtemps considéré comme relevant de la seule économie numérique, le modèle des start-up – une jeune entreprise agile et porteuse d’un concept innovant – commence à essaimer dans d’autres secteurs, industrie en tête. En 2023, la France compte plus de 1 500 start-up industrielles (12 % des start-up nationales), agissant dans toutes les filières : biotechnologies, robotique, santé, numérique industriel, plasturgie, énergie.
Créées par des étudiants durant leur formation, des ingénieurs issus de laboratoires de recherche publics ou privés, ou de l’industrie elle-même, elles ont la particularité d’être à la tête d’un projet industriel innovant, en phase avec les exigences énergétiques, climatiques et économiques de l’époque. Fruits de la recherche et du génie de leur créateur, elles redonnent foi en l’avenir en promettant des améliorations, voire des révolutions, sur toute la chaîne de valeur. En amont (énergies vertes, matières premières recyclées), pendant la production (numérisation, automatisation, accélération, souplesse dans les process), en aval (valorisation des déchets, produits neutres en carbone). De la fabrication de graphène – le matériau le plus conducteur au monde – à l’impression 3D de milliers de pièces en un temps record, en passant par la production de froid, de chaleur, ou d’énergies propres, les start-up industrielles ont vocation à faire entrer l’industrie dans sa cinquième révolution (après celle de la digitalisation) en lui proposant des services et des solutions techniques lui permettant de dépolluer et d’optimiser la production, la gestion des stocks, des déchets, du foncier et du personnel.
Source : Données Crunchbase, retraitement par la mission.
Des start-up émergent petit à petit dans tous les secteurs de l’industrie.
Secteurs dans lesquels opèrent les start-up industrielles
Quest for change, réseau régional d’incubateurs d’excellence, est en mesure d’accompagner les entrepreneurs sur tout le territoire du Grand Est.
Les promesses sont belles, mais encore faut-il les tenir ! Car du concept à la réalité, il y a un monde. Un monde dans lequel ces entrepreneurs, souvent inexpérimentés, peuvent se perdre tant il est nimbé d’incertitudes, peuplé d’obstacles scientifiques, réglementaires ou financiers. Pour les aider, la Région Grand Est soutient et finance Quest for change (QFC), la réunion de cinq incubateurs territoriaux, ces structures publiques ayant pour mission de faire grandir les projets des entrepreneurs qui les sollicitent. Et au sein de QFC, parallèlement à la santé (biotech, medtech et e-santé) et demain à la bioéconomie, a été fondé un incubateur dédié à l’industrie, Quest for industry (QFI). Sa raison d’être est d’apporter aux entrepreneurs les moyens de leurs ambitions sur tout le territoire du Grand Est, dans chacune des métropoles où il est présent, en leur offrant un accompagnement personnalisé (lire p. 56) leur permettant in fine de concrétiser leur projet industriel. Comme l’a prouvé la constitution en Alsace ces vingt dernières années d’un des pôles de santé les plus compétitifs d’Europe, en matière de développement de start-up, « il y a des chemins qui mènent au succès plus sûrement que d’autres », résume Christophe Knecht, directeur de QFI.
La volonté des pouvoirs publics est de créer un véritable écosystème régional où innovation et industrialisation se produiraient en parfaite symbiose. Parier sur les coopérations et les partenariats peut être contre-intuitif dans un secteur ultra-concurrentiel, mais c’est pourtant la voie logique tant les acteurs traditionnels de l’industrie ont besoin des start-up et inversement.
En effet, les premiers ont du mal à innover. La recherche et développement, coûteuse et se faisant parfois à perte, peut être perçue comme une charge (la France n’y consacre que 2,30 % de son PIB, moins que la moyenne des pays de la zone euro, 2,34 %). En outre, même avec la meilleure volonté du monde, il n’est pas simple de réorganiser sa production lorsque celle-ci engage des dizaines de collaborateurs, de fournisseurs, de sous-traitants, l’achat de nouvelles machines, etc. Or ces acteurs ont absolument besoin d’innover, si ce n’est à des fins mercantiles, au moins pour respecter leurs obligations en matière de réduction de gaz à effet de serre.
Les secondes quant à elles disposent certes de projets, de machines ou de matériaux révolutionnaires mais lorsqu’elles se lancent, elles sont par définition sans usine (fabless), sans fonds propres suffisants pour financer la réalisation de leur projet (plusieurs dizaines de millions d’euros), leurs salaires, leurs impôts ou leurs cotisations, parfois même sans la certitude absolue que leur innovation fonctionnera réellement, sans débouchés ni clients identifiés. Tous ces éléments, les acteurs traditionnels, avec le concours des pouvoirs publics et des banques, seuls ou à plusieurs, peuvent l’apporter aux start-up. a
L’enjeu est de construire dans la Région, en France, en Europe, une « industrie du futur », propre, connectée et adaptable. Une industrie qui sortirait de son modèle traditionnel, en devenant plus agile, plus ouverte, plus technologique, plus urbaine, plus diplômée, plus écologique, plus consciente de ses responsabilités. Une industrie capable de doter nos sociétés et nos économies des capacités à affronter et accélérer les transitions énergétique, écologique, géostratégique et sociétale qui s’imposent à l’humanité. Telles sont la promesse et la raison d’être de QFI. a
Le secteur doit réduire de moitié d’ici 2030 ses émissions de gaz à effet de serre. Une décarbonation qui passe par l’innovation.
L’industrie représente 20 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. Même si la tendance est à la baisse depuis 1990 et que cela reste bien moindre que le transport (31 %) (voir graphique 1) qui lui pollue toujours plus, elle n’échappera pas à la nécessité de réduire son empreinte carbone de 50 % d’ici à 2030.
Cela commence par réduire sa consommation globale d’énergie, puis par réduire drastiquement sa dépendance aux énergies fossiles (voir graphiques 2). Énergies nucléaires nouvelle génération, solaire, géothermique, éolienne, marémotrice et issue de la biomasse vont devoir rapidement remplacer les pétrole, gaz et charbon, si la France veut atteindre l’objectif européen de neutralité carbone en 2050.
Localement, le Grand Est a pris le virage de l’industrie décarbonée dès 2016 à travers son plan Industrie du futur, une ambition réaffirmée dans le Business Act de 2020. Des plans qui contiennent des dispositions financières, administratives et réglementaires en faveur des acteurs industriels vertueux et innovants sur le plan environnemental et énergétique.
Un effort que va appuyer l’État dans le cadre du plan de relance France 2030 en versant 5 milliards d’euros d’aide directe pour l’installation de dispositifs de décarbonation dans les usines (notamment dans les 50 sites les plus polluants qui
représentent à eux seuls la moitié des émissions du secteur) (voir graphique 3). 600 millions seront également investis pour la recherche et l’innovation.
Une manne qui ne sera pas de trop tant le mix énergétique et la production de demain passent par la création et la structuration de filières entières (hydrogène, batteries, semi-conducteurs) et l’émergence de nouvelles technologies, dans un secteur pour lequel la souplesse, l’agilité et la capacité d’anticipation ne sont pas toujours intrinsèques.
L’impulsion pour et par la décarbonation, ce sont les start-up qui peuvent la donner. En amont comme en aval de la chaîne de production, elles sont déjà en mesure d’apporter au secteur des solutions en matière d’énergie certes, mais aussi pour l’optimisation et la numérisation des outils de production, la surveillance de la provenance des composants et des matériaux, la réduction des déchets et des émissions par d’autres technologies, comme le captage et le stockage de CO2, par exemple.
Autant d’innovations – et certaines ont déjà fait leurs preuves – qui doivent accélérer la décarbonation de l’industrie… mais aussi l’industrialisation de la décarbonation en fournissant à la fin des fins des solutions pour la réduction du bilan carbone de la société toute entière. a
Historique et projection des émissions du secteur de l’industrie entre 1990 et 2050 (MtCO2eq)
-44 % entre 1990 et 2015*
Industrie : 17 % des émissions nationales en 2017
-35 % en 2023 par rapport à 2015*
1. 80 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Depuis les années 1990, les émissions industrielles ne cessent de diminuer, notamment du fait de la désindustrialisation. À l’avenir, les émissions devront continuer de baisser… tout en réindustrialisant !
Émissions historiques (SECTEN 2018)
Émissions historiques (SECTEN 2019)
Scénario « tendanciel » (avec mesures existantes)
Consommation finale énergétique en 2021
-81 % en 2050 par rapport à 2015*
Scénario SNBC révisée (neutralité carbone)
1er budget-carbone sectoriel indicatif adopté en 2015
3 prochains budgets-carbone sectoriels SNBC révisée
Consommation d’énergie primaire en 2021
Production d’énergie primaire en 2021
2. Moins consommer d’énergies fossiles passe nécessairement par l’augmentation de la production d’énergies propres sur le territoire.
En France, l’industrie est le troisième plus gros consommateur d’énergies provenant pour près de moitié d’énergies fossiles importées, gaz, pétrole et charbon qui pourtant ne pèsent que moins de 1 % dans la production d’énergie en France.
3. Des émissions inégalement réparties entre secteurs industriels
Les émissions de GES de l’industrie sont principalement générées par la métallurgie, la chimie ou la fabrication de minéraux non métalliques (ciment, chaux, verre…).
À eux trois, ils représentent 74 % des émissions de l’industrie française.
En marge de la sortie de son dernier livre (Homo Numericus, la « civilisation » qui vient aux Éditions Albin Michel), Daniel Cohen, le plus suivi des économistes français, porte son regard sur les start-up industrielles et appelle à l’avènement d’un écosystème puissant et débridé…
La montée en puissance des start-up industrielles, à l’image de ce qui s’est passé sur la côte ouest américaine et aussi en Israël par exemple, ne se fait jamais ex-nihilo » constate celui qui dirige aussi l’École d’Économie de Paris. « Les start-up éclosent toujours quand il y a un écosystème favorable autour d’elles, qui permet de brasser toutes sortes d’initiatives basées sur l’innovation. On n’arrose pas le sable, comme je le dis souvent. Ces start-up doivent être irriguées par un système universitaire puissant et une demande sociale très forte. Ça peut être l’armée comme aux États-Unis et en Israël que je citais, mais je pense que ça peut venir aussi du système de santé par exemple qui peut interagir pour apporter des réponses à ce qu’il peut exprimer. Pour que les start-up opèrent efficacement, il faut donc vraiment qu’elles soient intégrées dans un système qui repose sur trois piliers : l’Université, la puissance publique qui, très souvent, tire tout le monde vers le haut et bien sûr les financiers privés. »
Daniel Cohen n’élude pas le contexte particulier de l’industrie dans notre pays, après des décennies de délocalisations massives. « Les créateurs de ces start-up, avec leurs importantes capacités d’innovation, doivent se poser la question centrale : que puis-je faire que l’industrie n’est elle-même pas ou plus capable de faire ?
Il est bien question là de se comporter comme des intermédiaires entre les entreprises qui vont dans le futur être consommatrices de ces nouvelles innovations et le monde industriel existant capable de les porter en son sein. Ce qui est certain » poursuit-il, « c’est qu’on est en train de vivre une période de rupture technologique très importante, et dans tous les domaines. On peut dire sans grand risque d’être démenti que la grande bataille du XXIe siècle sera de nature technologique. On le voit bien aujourd’hui avec l’intelligence artificielle qui va saisir et capter au mieux tous les usages possibles. Tout ce qui tourne aussi autour de la crise climatique va nécessairement provoquer un champ d’innovations énorme et une rupture technologique qui certes se cherche encore, mais qui va bien finir par se stabiliser. Je n’oublie pas aussi le domaine
militaire : la guerre en Ukraine provoque à l’évidence une montée en puissance considérable des innovations technologiques. Le secteur de la défense, dans tous les pays, est déjà moteur, c’est un fait. Tout cela fait que des sommes financières astronomiques vont avoir besoin d’être investies dans des vecteurs économiques performants. Si je suis un fabricant automobile, par exemple, et que je sais que la Région Grand Est est particulièrement concernée par ce propos, je ne peux que constater qu’il y a tout autour de moi un immense geyser d’innovations qui s’active déjà et qui ne faiblira pas avant longtemps. À l’évidence, les constructeurs ne vont pas seuls être porteurs des innovations autour de l’énergie ou de l’intelligence artificielle qui va révolutionner les mobilités. C’est bien ce raisonnement qui est porté unanimement par les industriels existants qui rend nécessaire ces lieux où la recherche peut être vivifiée, grâce à des interactions incessantes avec les utilisateurs finaux les plus divers. »
« Mais attention » prévient Daniel Cohen, « si je vois bien ce rôle qui est en train de se mettre en place entre le monde de l’innovation et celui de l’industrie, il ne pourra être véritablement utile qu’à la condition qu’il puisse permettre une forme de mutualisation d’un certain type de recherches en
faveur d’utilisateurs finaux très différents. C’est là qu’intervient la nécessité d’un écosystème puissant et diversifié. »
Et quand on le questionne sur cette part importante d’audace débridée nécessaire pour atteindre les objectifs les plus ambitieux, l’économiste n’utilise nullement cette langue de bois qu’on entend encore un peu trop souvent dans notre pays sur ces sujets : « Cette audace dont vous parlez, il en faut beaucoup plus en France » rétorque-t-il, « notre pays a encore une forme de culture du secret qui peut quelquefois handicaper. Dans le domaine de la défense, il y a deux ou trois très grands groupes privés qui sont au centre de tout et qui gardent un peu pour eux leurs secrets industriels. C’est bien sûr normal, car on est là dans un secteur très, très sensible. Mais aux ÉtatsUnis, par exemple, il y a à la fois cette culture du secret quand on se rapproche du cœur du réacteur et aussi une irrigation formidable en termes d’innovation. Même chose en Israël. C’est aussi le cas dans le domaine de la santé. À elle seule, Sanofi ne peut pas porter toute la politique d’innovation, il y a à l’évidence toute la place pour les start-up biotechnologiques et tout cet écosystème qui nous manque trop souvent. C’est dans cette logique d’une économie pleinement ouverte sur toutes les innovations possibles qu’on a souvent du mal à s’inscrire en France : oui, ça nécessite beaucoup plus d’audace et d’ouverture pour parvenir à l’avènement d’écosystèmes vertueux… » a
Il y a deux ans, cinq incubateurs de la Région Grand Est unissaient leurs forces pour mieux accompagner les projets innovants. Comment ces structures soutiennent-elles l’innovation et la réussite entrepreneuriale dans la région ?
Rencontre avec Stéphane Chauffriat, directeur du réseau Quest for change, et Martin Greder, directeur de l’incubateur The Pool à Metz.
2 ans après la naissance de Quest for change (QFC), quel bilan tirez-vous de l’alliance des incubateurs ?
Stéphane Chauffriat : Je tire un bilan positif de cette alliance qui regroupe aujourd’hui 5 incubateurs territoriaux : Rimbaud’Tech, Innovact, Quai Alpha, The Pool et SEMIA. Ensemble, nous accompagnons 260 projets ancrés dans leur territoire. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, nos start-up incubées ont réalisé environ 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 12 millions l’année précédente. Les levées de fonds et les valorisations sont également satisfaisantes. Notre objectif est de capitaliser sur la taille du réseau pour mutualiser nos moyens et créer des outils qui apportent de la valeur.
Martin Greder : De mon point de vue, QFC a changé beaucoup de choses. On s’est rapidement senti beaucoup moins seuls. On a pu partager des problématiques avec des collègues, accéder à des expertises métier, notamment dans le domaine de la santé. L’expertise offerte aux porteurs de projets s’est accrue, et nous avons pu profiter d’outils collaboratifs transversaux tels que la plateforme d’entrepreneurs LeClub (cf. article dédié
dans le magazine) et les événements organisés par QFC pour l’ensemble des incubateurs. Aujourd’hui, nous avons un vrai maillage territorial qui nous permet d’élargir notre zone d’influence. Enfin, cette alliance nous permet également de bénéficier de ressources financières supplémentaires grâce à la mutualisation des budgets, nous offrant la possibilité d’investir dans d’autres projets.
Y a-t-il un exemple qui permet d’illustrer la force d’un réseau comme QFC ?
Stéphane Chauffriat : Un bon exemple est l’Investor Day, un événement régulier bi annuel durant lequel nous organisons des rencontres entre investisseurs et start-up. Aujourd’hui, en leur proposant 60 à 70 entreprises en levée de fonds, nous sommes en mesure d’attirer une quarantaine de fonds d’investissement. Ils viennent de la région mais également de Paris pour saisir des opportunités qualifiées et rencontrer des start-up prometteuses.
Martin Greder : C’est le meilleur exemple en effet. Avant QFC, nous avions facilement accès aux investisseurs locaux tels qu’ILP, Finovam Gestion ou des
Business Angels locaux comme Yeast. Mais nous n’étions pas visibles auprès des grands fonds parisiens ou nationaux. Avec QFC, nos start-up peuvent désormais accéder à ces fonds, comme SUN ZU Lab qui a réussi à lever des fonds l’année dernière auprès de Kima Ventures et Elaia.
Quelles sont les difficultés rencontrées aujourd’hui par les entrepreneurs ?
Martin Greder : Le contexte économique actuel rend les grands groupes plus réticents à prendre des risques, à changer leurs habitudes et à expérimenter de nouvelles approches. Cela peut ralentir le développement de certaines start-up, en particulier celles du secteur industriel. Ensuite, le financement est devenu plus complexe et plus prudent, avec une diminution des fonds disponibles et une hausse des taux d’intérêt rendant l’endettement plus coûteux. Enfin, le manque de main-d’œuvre ou de ressources techniques peut parfois freiner le développement des start-up.
Stéphane Chauffriat : Le financement, notamment l’amorçage et le seed, reste une difficulté majeure. Il y a un décalage entre les besoins et la capacité
de financement du territoire. L’autre gros enjeu reste effectivement le recrutement.
Comment QFC et les incubateurs répondent-ils à ces défis ?
Stéphane Chauffriat : Au-delà de nos initiatives comme l’Investor Day, notre rôle en tant qu’incubateur est de permettre aux entrepreneurs de ne pas se sentir seuls face aux complexités de l’aventure entrepreneuriale. Nous offrons un soutien psychologique, en plus d’un accompagnement professionnel. Nos entrepreneurs peuvent parler librement et honnêtement avec nos experts, qui ont eux-mêmes vécu des expériences entrepreneuriales. Ils sont légitimes et travaillent main dans la main avec les entrepreneurs pour trouver des solutions adaptées à leurs problèmes.
Martin Greder : Pour moi, la mission d’un incubateur est d’amener le porteur d’un projet qui a une innovation techniquement viable vers le financement, la mise en marché et le développement de sa société. Je vois l’incubateur comme un centre de ressources au sens large du terme : un lieu physique pour accueillir les entrepreneurs, un apport d’exper-
tises sur le fond du projet, un coaching de l’entrepreneur. Nous sommes là pour apporter une écoute attentive, dans les succès comme dans les difficultés, et un accompagnement d’expertise de fond.
Comment QFC répond aux besoins plus spécifiques du territoire ?
Stéphane Chauffriat : Nous avons analysé les forces et les besoins du territoire. Actuellement, nous avons plus de 70 projets en santé, plus de 90 en industrie et entre 30 et 40 en bioéconomie, reflétant la réalité du terrain dans le Grand Est. Nous avons donc choisi de travailler sur trois grandes verticales avec Quest for health lancé le 1er décembre, Quest for industry qui verra le jour le 22 juin, et une déclinaison bioéconomie prévue probablement au premier trimestre 2024. Cela apporte du sens, car ces trois secteurs possèdent des fondamentaux importants dans le domaine entrepreneurial, tels que l’enseignement, la recherche publique et privée, un tissu industriel solide et des territoires imprégnés par ces grandes verticales. Toutefois, nous restons un réseau d’incubateurs généralistes, ouvert à d’autres domaines. a
Stéphane Chauffriat à gauche et Martin Greder.AVEC L’INCUBATEUR THE POOL
«Nous avons inventé une presse d’injection de plastique manuelle qui permet de prototyper en injection industrielle et de recycler les déchets plastiques. Depuis 2019, nous avons vendu plus de 300 presses dans 25 pays et nous développons notre marché aux États-Unis. L’accompagnement de The Pool a été crucial pour notre croissance. La Starter Class nous a permis de remettre en question notre projet. Ensuite, l’incubation nous a permis de bénéficier de conseils précieux d’entrepreneurs expérimentés et d’un soutien personnalisé pour gérer les aspects administratifs, financiers et commerciaux de notre entreprise.
En tant qu’ingénieur, j’avais besoin d’apprendre à gérer une entreprise. The Pool a été un choix évident pour moi en raison de la qualité des cours et de l’aide financière de la région. Être basé dans l’Est de la France est un atout pour notre activité, car la région est riche en industrie, nos sous-traitants sont proches et la frontière allemande facilite nos relations commerciales. L’accompagnement de The Pool nous a permis de surmonter des défis et de rester en vie sur le marché.»
« Notre start-up, créée en 2017, révolutionne le marquage du bois sans aérosol pour répondre aux problèmes environnementaux et sanitaires. Lorsqu’il a fallu industrialiser notre solution, Quai Alpha est venu vers nous et nous a aidé à trouver des partenaires. Leur accompagnement nous a permis de créer un réseau, de protéger notre innovation et de mettre en place une stratégie de communication adaptée.
La proximité de Quai Alpha et la volonté de limiter les erreurs ont été des facteurs déterminants pour choisir cet incubateur. Grâce à leur soutien et leur expertise, nous avons pu lancer notre production en janvier et préparer la commercialisation de notre produit en septembre. L’adhésion à Quest for change offre également une vision plus large et des débouchés à une échelle plus importante, avec un accès à des expertises complémentaires selon nos besoins. »
« En tant qu’entrepreneur, l’accompagnement le plus rassurant et le plus efficace repose principalement sur le réseau et l’aspect humain. Je souhaitais avoir la possibilité de rencontrer et d’échanger avec d’autres entrepreneurs, notamment des personnes qui sont passées par ces étapes ou qui accompagnent ces entrepreneurs, sur tous les aspects de la création d’une entreprise.
L’incubateur santé Quest for health, est reconnu comme le meilleur incubateur santé en France. Les chiffres le montrent. En tant que start-up biotech strasbourgeoise, les rejoindre était une évidence. Nous avons bénéficié d’un accompagnement de haut niveau avec des mises en relation de qualité avec des acteurs de la biotech, des clients ou des prestataires potentiels, d’un accès à un écosystème de financement non-dilutif local et national, et enfin de la création d’un réseau d’entrepreneurs biotech permettant l’échange, le soutien et les interactions. »
Pour mener leurs projets d’innovations à leur terme, les start-up industrielles et les industriels du Grand Est peuvent compter sur l’accompagnement de Quest for industry.
Bien que partageant le terme « start-up », les start-up industrielles diffèrent grandement de leurs homologues notamment du numérique. « L’industrie est un monde à part. La technicité et la temporalité des projets, la hauteur des investissements et la nature des investisseurs, la conduite de l’entreprise et de son développement sont des spécificités qui nécessitent de faire évoluer notre métier d’accompagnement », rappelle Christophe Knecht, directeur de Quest for industry (QFI), le tout nouveau pôle dédié aux jeunes pousses industrielles au sein de Quest for change (QFC), réseau d’incubateurs du Grand Est.
Créer un accompagnement thématique spécifique à l’industrie est un marqueur fort de la volonté de faire émerger l’innovation dans ce secteur. En unissant leurs forces, les incubateurs de Strasbourg et Mulhouse (SEMIA), Metz (The Pool), Reims (Innovact), CharlevilleMézières (Rimbaud’Tech) et Épinal (Quai Alpha) veulent être en mesure d’aider et de conseiller « avec méthode, réalisme et pragmatisme » les porteurs de projets industriels innovants. Une question de cohérence au sein d’un écosystème plus régional que local.
Pour bénéficier de l’accompagnement de QFI, il faut toutefois avoir dépassé le stade de la simple bonne idée et prouver la viabilité de son concept. « Nous intervenons du prototype à la première usine. C’està-dire après des années de recherche et développement et des années avant la fabrication de la première pièce. Un laps de temps de quelques années pour lever
les verrous technologiques et dérisquer le projet », précise Loïc Gorka, chargé d’affaires industrie de The Pool, l’incubateur de Metz.
Environ 90 start-up à vocation industrielle sont actuellement incubées (35 % des projets de QFC). En plus du socle commun, propre à la création d’entreprise, relatif à la gouvernance, la gestion financière, l’identification de débouchés et de partenaires, le marketing et la communication, elles bénéficient, en parallèle, d’un accompagnement spécifique à l’industrie, ses phases de développement et ses chaînes de financement.
Puis, explique Christophe Knecht, « nous dressons ensemble une feuille de route (roadmap) avec des jalons et des objectifs à atteindre, dans le bon ordre et au bon moment. » Direction les levées de fonds, l’industrialisation et la commercialisation ! La mise en relation avec les investisseurs privés, les pouvoirs publics et les partenaires est un apport clé de l’incubation des start-up industrielles par QFI. Les dispositifs de soutien à l’innovation et à la création d’entreprise sont légion, encore faut-il en avoir connaissance pour les solliciter.
QFI est ouvert à tous les projets d’innovation, tous les profils d’entrepreneurs, et tous les secteurs (énergie, matériaux, machine, fabrication), à partir du moment où l’innovation concerne la production industrielle ou si elle a vocation à être industrialisée. L’industrie dans le Grand Est étant diverse, cette multiplicité des secteurs se retrouve logiquement dans les profils des sociétés suivies, explique
le directeur de QFI : « Notre Région possède une activité industrielle polymorphe. Le Grand Est peut s’appuyer sur un riche savoir-faire industriel, doté d’unités de production actives dans de nombreuses filières d’avenir (mobilité, biotechnologies, etc.) Couplées à l’excellence et au dynamisme de la recherche locale, cette force de frappe et cette polyvalence constituent pour nos start-up un excellent terreau dans lequel nous pouvons et voulons apporter les innovations permettant d’optimiser la production et son organisation à court et à long terme. Nous pouvons aussi citer les nombreux projets, travaux de recherche adressant la conception de nouveaux matériaux plus performants et écologiques (exemple avec Black Leaf ou Papkot cités dans ce magazine), qui constituent aussi une source riche de possibles start-up industrielles ! Et il ne faut pas oublier l’industrie agroalimentaire ou la santé, quelle diversité ! »
Et la polymorphie de l’innovation n’est pas que sectorielle, elle réside aussi dans l’origine des projets. Le directeur de QFI précise sa nouvelle ambition d’accompagner les industriels dans la valorisation d’innovation : « Dans l’industrie, l’innovation se trouve dans les laboratoires académiques, mais aussi et surtout dans les travaux de R&D des industriels (par exemple : des recherches pour améliorer un processus industriel peuvent constituer la genèse d’une start-up). Il faut la
chercher, l’analyser et étudier une nouvelle voie de valorisation et de déploiement au travers du modèle de start-up, que QFI accompagnera volontiers ». Ces ambitions sont reprises dans l’article de l’œil de l’expert sur l’excubation en fin de magazine. Que ce soit, donc, dans la fabrication du graphène, le recyclage du plastique multi-composant, l’impression 3D à grande échelle, la récupération de la chaleur, l’intelligence artificielle ou encore dans les nouveaux matériaux « verts », QFI a pour ambition d’accompagner le développement d’entreprises viables et rentables à court et long terme, créatrices d’emplois et d’activités pérennes dans le Grand Est, même si elles n’en sont pas obligatoirement originaires. Ce serait la première étape pour faire émerger les leaders de demain.
Au-delà d’un accompagnement technique et financier, les incubés bénéficient d’un effet de réseau leur permettant de rencontrer des futurs partenaires. Par exemple, QFI réfléchit sur des initiatives d’industriels privés pour permettre aux start-up de bénéficier au mieux et au bon moment du support technique d’experts. Vous retrouvez quelques-unes de ces initiatives dans les interviews d’Europrod et d’Axandus de ce magazine.
À gauche, Christophe Knecht, directeur de Quest for industry, et Loïc Gorka, chargé d’affaires industrie de l’incubateur The Pool.
L’effet réseau c’est aussi rencontrer d’autres entrepreneurs dans la même situation. Conférences, salons, journée des investisseurs, moments de convivialité, plateforme Le Club, QFI apporte sur tout le territoire un soutien humain qui permet de se sentir moins seul quand on s’apprête à engager des millions d’euros dans un projet dont on n’est même pas encore sûr qu’il fonctionne. Ses chargés d’affaires, Christophe Knecht et Loïc Gorka, savent bien de quoi ils parlent : eux-mêmes sont d’anciens entrepreneurs industriels ayant fait l’expérience du développement d’une société industrielle.
Une parfaite connaissance du secteur, du parcours de l’entrepreneur et une culture du risque qu’ils partagent avec leurs incubés ! « Les porteurs ne sont pas toujours conscients de la complexité de l’industrialisation et de toutes les étapes qui doivent être accomplies pour maîtriser la chaîne de production. On ne peut pas tout changer du jour au lendemain et il faut savoir prendre son temps pour réussir. Agir au bon moment, c’est surtout à ça que sert notre accompagnement. », conclut Christophe Knecht. a
« J’ai fondé mon entreprise d’agencement industriel en 2018. Elle a rapidement réussi à générer du chiffre d’affaires. Au départ, j’ai sollicité Quai Alpha pour y occuper un bureau. Puis le confinement de 2020 est arrivé, et avec lui, une réflexion sur la façon dont je pouvais développer mon activité, notamment grâce à l’apport de l’imagerie numérique. C’est là que sont intervenus Martin Bouvron et Julia Mariton, respectivement chargé d’affaire et directrice de Quai Alpha. Mon cœur de métier je le connaissais, ce vers quoi je voulais tendre je le savais, mais aucune idée sur la façon d’y arriver. Avec eux, nous avons fixé une roadmap de R&D et lancé le projet en 2021. Quai Alpha apporte aussi une crédibilité forte vis-àvis des investisseurs et des clients. Sans incubation, la numérisation et le développement de mon activité ne seraient pas intervenus aussi vite. Aujourd’hui, MG-ib compte près de 15 collaborateurs et propose aux industriels de toute la France des solutions optimisées grâce à l’imagerie 3D.
Ce que je souhaite, c’est de pouvoir rendre la pareille en soutenant moi aussi de jeunes entreprises ! ».
« Ancien salarié d’un équipementier automobile en Allemagne, j’ai toujours eu la volonté d’entreprendre. Doté d’une large expertise scientifique et industrielle au service de l’Innovation et de la R&D, j’ai démissionné à 36 ans pour me concentrer sur une idée développée à titre personnel. L’urgence d’améliorer la façon de consommer l’énergie et la volonté d’utiliser mes compétences dans ce domaine ont abouti à une innovation permettant de convertir de la chaleur industrielle perdue (dite chaleur fatale), dès 60 °C, en électricité. Rejoint par deux associé(e)s, dont un ancien collègue, le dépôt de deux brevets et la réalisation d’une première preuve de concept nous ont permis d’intégrer SEMIA fin 2021. L’incubation a rapidement apporté une structuration et une maturation du projet, concrétisée par l’accompagnement d’une candidature début 2022 au concours i-Lab de BPIfrance. Cette candidature “d’essai” a été couronnée de succès, nous avons été lauréat du concours ! En parallèle, le soutien de la Région Grand Est et de l’ADEME contribue à renforcer le projet. Aujourd’hui, Cixten est sur de bons rails, SEMIA continue de nous conseiller et de nous orienter dans l’écosystème industriel régional et même international ! »
« Avec les cofondateurs de Blackleaf, Housseinou Ba et Cuong Pham-Huu, nous avons sollicité SEMIA en 2018. Dans le cadre de leur activité de recherche au CNRS, mes associés ont développé un nouveau procédé de production de graphène, l’un des matériaux les plus prometteurs pour l’avenir de l’industrie. Moi, j’ai une expertise commerciale.
Notre technologie ayant déjà été éprouvée en laboratoire, l’accompagnement de SEMIA nous a permis de nous structurer, tout en respectant notre façon d’être et de faire, ce que j’ai toujours apprécié, pour nous lancer rapidement sur le marché, avec un succès immédiat. Nous sommes toujours rentables depuis notre lancement en 2019. Aujourd’hui, même si Blackleaf vole de ses propres ailes en travaillant avec des grands groupes industriels français et étrangers, nous gardons un lien fort avec SEMIA. »
Avec plus de 400 entrepreneurs, la plateforme lancée par Quest for change réunit une communauté d’experts et d’entrepreneurs passionnés, prêts à partager leur savoir-faire pour propulser les projets innovants vers le succès.
Créer une start-up innovante est un parcours semé d’embûches. Pour les jeunes entrepreneurs, disposer d’un réseau d’experts et de mentors est un véritable facteur clé de succès. C’est dans cette optique que Quest for change a lancé LeClub, une communauté qui réunit des entrepreneurs incubés, des alumni et des experts engagés pour la réussite des start-up du réseau.
Cette communauté prend la forme d’une plateforme numérique développée par le réseau d’incubateurs du Grand Est. « L’idée derrière LeClub est de créer une communauté d’entrepreneurs qui se mobilisent et s’entraident pour inspirer les créateurs d’innovation et la réussite des projets en cours d’incubation » explique Sébastien Carraro, responsable business et partenariats de Quest for change.
Animée par les équipes des incubateurs, la plateforme a été conçue pour faciliter
les interactions entre les entrepreneurs et les experts du réseau qui y partagent leurs réussites, leurs étapes de développement ou encore leurs compétences clés. Toutes ces informations sont facilement accessibles à l’aide d’un moteur de recherche avancé qui permet d’identifier rapidement les acteurs selon leur secteur d’activité, leurs expertises ou leur sphère d’influence. Les membres de la communauté peuvent ensuite obtenir des conseils, une mise en relation ou des retours d’expérience, voire échanger via un système de messagerie intégré à Slack. Depuis son lancement en juin 2022, la communauté a su rassembler 400 entrepreneurs incubés ou alumni, favorisant les synergies et les collaborations techniques et commerciales.
Les collaborations nées au sein de LeClub sont nombreuses et variées. Par exemple, « Sounduct, une start-up incubée chez SEMIA et qui déve -
loppe un appareil auditif disruptif, a pu bénéficier des précieux conseils de Fizimed, entreprise alumni de 2018, sur l’industrialisation, la certification et la commercialisation d’un dispositif médical. Ces échanges concrets et fructueux démontrent la pertinence de la plateforme et sa capacité à créer des synergies entre les membres de la communauté » témoigne Sébastien Carraro.
En constante évolution, LeClub va s’enrichir dès cette année d’une bibliothèque de contenus des incubateurs, incluant des supports de formations, des informations utiles, des interviews et des webinaires, ainsi qu’un agenda des rencontres et une place de marché référençant des prestataires labellisés. En renforçant à la fois la dynamique d’entraide et les échanges au sein de la communauté, ce précieux outil est voué à devenir une véritable ressource clé du programme d’accompagnement des incubateurs de Quest for change et un tremplin pour favoriser la réussite des projets innovants. a
Axandus est un accélérateur privé industriel, situé dans la région lyonnaise. Son fondateur, Jean-Baptiste Yvon, est vice-président du groupe automobile EFI et Directeur d’AXANDUS. Depuis sa création il y a 9 ans, cet accélérateur a soutenu et accompagné 130 start-up dans le domaine industriel.
Ce modèle bénéficie d’une équipe intégrée au sein d’une société industrielle, ce qui lui octroie des ressources dédiées et lui donne accès aux moyens de validation et de sa force de frappe. En vertu du contrat, tout ce qui est réalisé relève de la propriété de la start-up, et cette dernière n’est pas tenue de produire au sein du groupe industriel.
EFI AUTOMOTIVE est un équipementier automobile, société familiale de 1800 personnes en France, Turquie, Chine et USA. EFI développe et produit en grande série des produits mécatronique, capteurs électroniques embarqués et actionneurs intelligents. L’équipe d’AXANDUS est constituée d’ingénieurs du groupe qui viennent avec toute leur expertise en Conception à Coût Objectif, achat, industrialisation et mise en série.
Ni incubateur, ni tout à fait accélérateur, Axandus se définit comme « accélérateur industriel ». Avant toute chose, un point sur le concept est nécessaire.
Un accélérateur industriel accompagne la start-up sur la définition et la réalisation de sa stratégie d’industrialisation, il peut également lui proposer jusqu’à une solution de production (usine, équipe technique, et équipements) si elle le souhaite. Le programme d’accélération industrielle est une course de fond qui est étalée sur
plusieurs trimestres : de la conception jusqu’à la montée en cadence du produit. Ce programme est exécuté par une équipe experte qui conduit et réalise les actions, ce qui permet à la start-up de redistribuer ses ressources et de se focaliser sur les tâches à plus haut rendement pour elle.
Parmi les start-up accompagnées, il y a PRIMO1D qui a réussi à automatiser la production de puces RFID, ainsi que NOTILO PLUS qui a réalisé la mise en production de robots sous-marins, de drones, de robots agricoles, d’objets connectés et de motorisations pour vélos électriques.
« Il existe de nombreux incubateurs et sociétés de consultants qui peuvent venir en aide aux entrepreneurs en innovation. Axandus, quant à lui, se distingue en tant qu’accélérateur au sein d’une société industrielle, réunissant à la fois des personnes expérimentées et des jeunes talents.
Nous avons des réflexes réseau, la connaissance des fournisseurs, une véritable force de frappe », expose JeanBaptiste Yvon. Sur 130 start-up accompagnées, 50 % ont plus que doublé leur chiffre d’affaires et le taux de dossiers arrêtés par manque de financement n’est plus que de 10 %.
Nulle concurrence entre les concepts énoncés plus hauts, puisque « l’accélérateur industriel intervient sur le produit
lui-même pour que ce dernier puisse être facilement fabricable en grande série ». Et, pour pouvoir fonctionner de concert avec les acteurs de la région, des incubateurs aux financeurs, il a fallu qu’Axandus trouve sa place dans le réseau. C’est chose faite.
Si sa présence sur les forums et rencontres de l’écosystème industriel lui permet aujourd’hui un positionnement et une visibilité accrus, l’accélérateur est majoritairement sollicité directement par les jeunes ou futures entreprises intéressées. Par ailleurs, Bpifrance et les Chambre de Commerce et d’Industrie ne manquent pas de le recommander aux profils adaptés.
Le réseau d’Axandus comprend à ce jour EFI automobile et Sercel (les deux sociétés liées au projet), la Fabrique de l’innovation (Université de Lyon), La Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Lyon, le CEA, la French Tech et La French POC, CARA, Tenerdis, Pulsalys, Le Village by CA et la Banque Populaire.
Axandus recherche une société industrielle qui serait intéressée pour dupliquer ce modèle.
Lorsqu’une jeune entreprise démarre avec un projet industriel et présente son idée à un sous-traitant, celui-ci demande un cahier des charges. C’est-à-dire des indications précises et techniques sur le projet à produire. Lorsque les fondateurs n’ont
aucune notion, ou très peu, d’industrie, le parcours devient plus long et erratique. Axandus est là pour aider à construire et chiffrer en limitant les risques.
Or, passer la « vallée de la mort » c’està-dire les trois à cinq premières années, dans l’industrie innovante, est synonyme de réduire la possibilité d’erreurs entre idée et production, notamment sur ce fameux cahier des charges, à transmettre au sous-traitant. « En général, sur 5 millions d’euros, les start-up d’innovation industrielle en investissent 3 millions en industrialisation, nous leur faisons gagner 1 million », explique Jean-Baptiste Yvon. Prévoir un modèle pour faire de la marge, et ne pas faire appel aux fonds, demande de maîtriser la chaîne complète et ne pas être « dépendants ni de sous-traitance, ni de fonds d’investissements ».
L’offre proposée est diversifiée. Elle permet à chacun de se situer et d’avancer dans la création de son projet avec un choix à la carte.
Un diagnostic industriel avec le support de Bpifrance peut être l’amorce de
La force d’Axandus est intimement liée à son équipe au savant mélange d’expérience et d’idées novatrices.
la prise en charge par l’accélérateur, il est complet : preuve de concept, preuve de désirabilité, chiffrage des produits, industrialisation, stratégie industrielle, faisabilité technique du produit, sous-traitance ou non, circuit de vente, SAV… « Chez nous, les gens viennent aussi chercher des expertises complémentaires à leur équipe », continue le fondateur.
Chez Axandus, en sus de l’offre d’accélérateur, il existe deux laboratoires d’essais (d’une trentaine de personnes) avec de gros moyens de production en électronique embarquée et produits industriels.
Ce qui est mis à disposition, ce ne sont pas seulement des compétences, mais aussi du matériel : « EFI est une entreprise ayant pour sujet la mobilité, nous avons donc à disposition de quoi travailler sur cet ensemble ».
Il est de fait possible, en étant accéléré chez Axandus, de disposer de moyens qui peuvent toucher aux mobilités, bien
entendu, mais aussi à la robotique, aux drones, à la « smart » agriculture, à l’IoT (objets connectés et capteurs communicants), domotique, mais aussi au domaine du médical.
Développer le potentiel français en matière d’innovation industrielle nécessite de pouvoir multiplier et étendre les dispositifs déjà existants. Déjà en lien avec l’ETI nantaise Sercel depuis 2017 pour une expansion en réseau, Axandus espère pouvoir proposer également son modèle sur le territoire alsacien.
« Le modèle de l’accélérateur agrémenté est gagnant-gagnant pour les industriels et les entrepreneurs », appuie le fondateur d’Axandus.
Jean-Baptiste Yvon et son équipe, aujourd’hui d’une dizaine de personnes, souhaite créer un véritable réseau Axandus, avec d’autres entreprises industrielles pour pouvoir accélérer, soutenir et propulser ceux qui feront les lendemains de l’industrie. a
Inyus, c’est le nom de la solution développée par Boris Pastor et sa société G-Energie. Son but ? Permettre une économie
moyenne de 15 % de chauffage dans les infrastructures équipées. Incubée à Quai Alpha, à Épinal, dans les Vosges, la start-up a bénéficié d’un accompagnement personnalisé.
sa feuille de route. Gestion d’entreprise, développement, validation du marché et de l’offre, et communication sont autant de clés acquises en quelques mois. Côté financements, il découvre la possibilité d’obtenir des aides spécifiques de la Région, de Bpifrance, et est sensibilisé aux différentes opportunités bancaires.
Aujourd’hui, l’incubateur lui propose un point régulier et l’accompagne en s’adaptant à ses besoins. Le plus de ce suivi ? « Le réseau », affirme l’entrepreneur. « C’est un accélérateur de développement, notamment du point de vue des mises en relation et de la prise de connaissance de marchés ».
C’est une réflexion toute naturelle sur la pertinence de maintenir un chauffage allumé dans une salle vide, qui a amené Boris Pastor à créer INYUS.
Boris Pastor est diplômé d’un BTS en management de l’énergie et a travaillé pour une société d’audit énergétique. Au cours d’une mission, il fait le constat d’un gâchis d’énergie pour le chauffage de bâtiments du tertiaire. « Dans une école, vous vous rendez compte que la pièce est chauffée pour rien la plupart du temps. Sans parler des vacances » analyse-t-il . Ce mode de détection « naturel » d’un marché a amené Boris Pastor à se diriger vers une solution qu’il connaissait déjà. Alors, comment améliorer la gestion énergétique de ce type de bâtiments ? « En remplaçant les têtes thermostatiques de radiateurs par des équipements munis de capteurs communicants ». Tout est
ensuite lié avec l’agenda des salles, comme Pronote pour les lycées.
Si l’idée et sa mise en application sont déjà pensées et trouvées, il reste à Boris Pastor à développer l’entreprise. Il croise lors d’un salon sur l’énergie des personnes dont les projets sont incubés à Quai Alpha. Intéressé, Boris Pastor se dirige vers l’incubateur. Lorsqu’il présente son entreprise à l’équipe, celle-ci en flaire immédiatement le potentiel, et lui propose de rejoindre la Starter Class en mars 2022. Durant ce programme de trois mois, l’incubateur l’accompagne pour parfaire
Pour pouvoir grandir, et grâce aux outils fournis par Quai Alpha, G-Energie emploie désormais un alternant. Cela lui donne les moyens de développer sa communication. D’ailleurs, le site internet dédié à la solution INYUS a vu le jour en mars.
Si l’entreprise est encore jeune, elle a déjà équipé un bâtiment du lycée technique d’Épinal de 3200 mètres carrés. À savoir, côté installation, 80 dispositifs peuvent être disposés en une journée par un technicien. Efficace dès la pose, le dispositif y fait ses preuves en matière d’économie d’énergie et de facilitation de gestion. En 2021-2022, 18,5 % d’économie d’énergie a été permise, soit l’équivalent de 40 MWh/an. En découle naturellement un positionnement sur un appel à projets pour les lycées de la région. Résultats à venir au printemps 2024. a
Marine Dumény Fournie par InyusLines Manufacturing compte bien révolutionner la fabrication additive, autrement dit l’impression 3D dans l’industrie. Lancée en février 2022 par Emerik Poursillié, Rauf Garip et Niels Pernoux, la vingtaine à peine, la start-up industrielle a conçu une machine de production optimisée de pièces en polymère.
« Avec la technologie que nous avons développée, nous avons créé la seule machine capable de produire en série des pièces polymère de haute performance, de haute qualité et de haute précision, jusqu’à 8 m3 et jusqu’à plusieurs milliers de pièces par an », explique Emerik Poursillié.
C’est en remportant un concours d’innovation organisé par leur école que les trois jeunes ingénieurs ont eu envie de devenir entrepreneurs. Parallèlement à leur formation à l’INSA Strasbourg, le trio développe petit à petit son innovation aujourd’hui brevetée. Puis, « c’est en partant des pro-
blématiques auxquelles nous avons été confrontés dans nos premières expériences professionnelles que nous avons identifié un vrai besoin et un marché en fort démarrage ».
Preuve de concept en 2020, prototype en 2021, « beaucoup de tests, un gros travail de validation technique avec nos clients » et Lines Manufacturing est lancée. Malgré leur obstination et leur résilience, les trois associés n’auraient pas pu tout réaliser seuls. Sans aucune expérience entrepreneuriale, à peine sortis d’école, ils frappent à la porte de SEMIA. « Formation accélérée à la gestion d’une entreprise, accompagnement par des experts de l’industrie, mise en relation avec des partenaires, SEMIA nous a donné les clés de la réussite », souligne Emerik Poursillié.
Automobile, nouvelles mobilités terrestres ou maritimes, grands groupes
industriels testant de nouveaux concepts ou externalisant la production de pièces optionnelles, jeunes pousses voulant produire à plus grande échelle, l’innovation de Lines ne manque pas de champs d’applications et de clients potentiels. Et pour cause, grâce à son innovation, la start-up leur permet de réduire leur consommation d’énergie et leur empreinte carbone en se passant de moule, en relocalisant leur production et en faisant des économies de matière première. Convaincue que l’impression 3D est un des leviers principaux pour décarboner l’industrie, Lines mise sur la valorisation des déchets en travaillant le plus possible avec des matières recyclées et recyclables, biosourcées et biodégradables.
Alors que son innovation entre en phase de commercialisation, le trio aborde l’avenir sereinement. Sa start-up compte parmi les plus prometteuses, en témoigne sa victoire au concours international Autotech de l’Automobile Club de France en avril dernier. a
C’est en participant à un concours interne à leur école que les trois cofondateurs de cette start-up alsacienne ont inventé une technologie permettant de démocratiser l’impression 3D industrielle.
Inès Saadallah et Axel Delanoix se sont rencontrés dans la Junior Entreprise de Kedge Business School Marseille. C’est à Reims qu’ils ont décidé de s’installer pour propulser leur start-up. L’idée sort de l’ordinaire dans la sphère Quest for change puisque leur projet… se porte ! Cygnes est en effet une marque de collants créés avec une fibre incassable et revalorisable.
pitch y est organisé. Ils décrochent, contre toutes attentes, le Coup de cœur du jury. Coïncidence ? « Nous n’avions personne pour nous photographier lors de notre passage sur scène, nous avons demandé assistance à la personne assise derrière nous : il s’agissait du directeur de la banque d’affaires régionale. C’est lui qui nous a aiguillés vers l’incubateur local. »
Très vite, les choses s’enchainent dès lors qu’ils rencontrent INNOVACT, à Reims. « Nous avons intégré l’incubation individuelle rapidement. Faire partie de cet écosystème a été une aide à chaque instant », se souviennent-ils.
Incubés par INNOVACT, le jeune duo expose les apports de cet accompagnement.
« Axel voulait entreprendre depuis un moment. Je sortais d’une discussion avec les femmes de ma famille sur la catastrophe que sont les collants : ils filent, ne sont jamais à la bonne taille, ne se recyclent pas, sont portés entre trois et cinq fois seulement. Et un collant, c’est 750 litres d’eau ! », se remémore Inès à propos de la naissance de Cygnes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le concept a éclot. « Avec le premier confinement, nous en avions profité pour lancer une étude de marché et constater que toutes les marques avaient le même produit. Tout
se jouait sur le marketing et la provenance de la fibre tissée », poursuit Axel. Pendant les deux derniers mois de 2021, le duo crée une campagne de crowdfunding via Ulule, puis lance son site Internet dans la foulée. La demande est forte. La participation au salon Made in France de Paris en 2022 confirme la tendance ! Le produit a trouvé son marché.
Jusqu’en avril 2022, Cygnes est un électron libre. Inès et Axel font leur propre R&D, et réalisent tout dans leur appartement parisien, logistique comprise. Alors qu’ils se rendent au Village by CA de Lausanne, un
Tous les jeudis, Inès et Axel font un point avec leur chargé d’affaires. Ils ont depuis engagé un stagiaire et une alternante pour les assister. Et l’accompagnement, notamment au niveau financier et sur les dossiers (aide à l’innovation BPIfrance…), leur permet de gagner en professionnalisme à côté.
« Ça nous a permis de prendre du recul surtout, et de faire des points sur notre activité, de rationaliser nos forces et faiblesses », expliquent-ils. « Aujourd’hui, nous sommes six parce que nous avons choisi d’internaliser la logistique. »
Confrontés à des enjeux rapides de croissance et de production, ils doivent évoluer : « nous devons passer à l’étape d’industrialisation de notre produit ! Il nous faut définir une stratégie, l’accompagnement par INNOVACT et Quest for industry est nécessaire et nous sera sans doute très bénéfique. » a
Racontez et imprimez les souvenirs de votre enfant depuis votre mobile .
CHILLHOOD.FR
Francis Blanrue Alban HeftiDiplômé de l’école d’ingénieurs INSA, Nicolas Knepper a connu un parcours purement industriel avant de rejoindre la SATT Conectus, il y a 6 ans. Il y est aujourd’hui directeur du pôle investissement « SPI-Chimie-Matériaux ». Ce qui le motive ? « J’ai envie que ça marche, que les travaux et inventions scientifiques permettent à des innovations concrètes de voir le jour, qu’ils servent à guérir, à anticiper, à simuler… à obtenir des impacts positifs ». Rencontre en terrain d’innovations.
Conectus compte parmi les 13 Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) présentes en France. Créée il y a 11 ans, sa mission consiste à détecter les innovations qui naissent au cœur des laboratoires de recherche publics implantés en Alsace et à les rendre accessibles aux entreprises. « Les chercheurs travaillent à des solutions pour résoudre des problèmes technologiques avant même qu’ils ne se manifestent, avant que nous ressentions le besoin d’y répondre. Ils ont un temps d’avance, c’est leur vocation. Il existe une richesse scientifique et un potentiel incroyable d’innovations, insoupçonnées, dans des domaines comme la santé ou l’environnement par exemple ».
Au quotidien, Conectus protège les découvertes scientifiques, finance et accompagne les projets innovants les plus prometteurs en termes de potentiel d’application industrielle. L’objectif final ? La concession de licences d’exploitation à des industriels ou la création de start-up technologiques.
Fait notable, Conectus investit dans certaines inventions scientifiques « à un stade de développement technologique très amont, où personne d’autre n’investit », pour obtenir des preuves de concept et démontrer leur intérêt pour un marché. Chaque année, environ 120 inventions scientifiques sont ainsi détectées et près de 12 projets sont soutenus financièrement par Conectus.
Conectus propose également un service clé en main aux entreprises souhaitant réaliser une collaboration avec un laboratoire académique. Conectus agit en tiers de confiance et simplifie la relation contractuelle.
Ce travail nécessite de pouvoir compter au quotidien sur « des profils de collaborateurs très pointus, dotés de compétences à la fois scientifique, technologique et business, capables de travailler à la fois avec un public de chercheurs et un public d’industriels, sur des sujets techniques », insiste Nicolas, qui saisit au passage l’occasion pour saluer la qualité du travail réalisé par son équipe.
À ce jour, la SATT Conectus a opéré pas moins de 159 transferts de technologies, permis l’émergence de 34 start-up, ces dernières représentant 260 millions d’euros de levées de fonds cumulés. Conectus a également favorisé 1 759 collaborations laboratoires/entreprises.
S’il est indéniable que des différences culturelles entre chercheurs et industriels peuvent freiner les collaborations d’innovation, Nicolas relève plusieurs évolutions positives. L’esprit start-up s’étend progressivement à l’industrie. Les industriels explorent plus souvent l’option de solutions externes pour répondre à leurs besoins. La réglementation évolue et les enjeux sociétaux actuels poussent à la recherche d’innovations de rupture. De leur côté, les jeunes générations de chercheurs manifestent davantage la volonté de trouver des débouchés concrets pour leurs travaux et d’avoir un impact positif sur le monde. Ils se tournent plus volontiers qu’avant vers l’entrepreneuriat et semblent plus enclins à considérer le monde industriel comme un vecteur pour « aller vers du concret ». Globalement, les mentalités évoluent et les systèmes d’évaluation mis en place par l’État incitent les chercheurs à intégrer la logique de transfert technologique dans leurs projets de recherche.
L’écosystème d’accompagnement évolue, lui aussi. SEMIA, l’incubateur alsacien d’entreprises innovantes, est d’ailleurs
un partenaire historique de Conectus.
« Tous les projets de start-up issus de la recherche académique passent par SEMIA. Et comme l’incubateur diffuse de plus en plus la logique start-up auprès des industriels, cela renforce les liens et laisse entrevoir de nouvelles collaborations. »
À l’instar de la SATT Conectus, deux autres SATT travaillent avec les incubateurs du réseau Quest for change présents sur leur territoire, la SATT Nord pour les Hauts de France et le nord de la Champagne Ardenne, la SATT Sayens pour la Lorraine, la Bourgogne Franche-Comté et la Champagne Ardenne.
AUX MUTATIONS
TECHNOLOGIQUES EN LIGNE DE MIRE.
Nicolas mentionne comme challenge pour Conectus le développement du travail en réseau avec les 13 autres SATT implantées en France. Il s’agit de mutualiser plus de choses, de partager plus de contacts industriels, d’être plus ambitieux ensemble, en proposant par exemple des grappes de brevets aux industriels, en croisant certaines disciplines, en montant des actions terrain (événements, prospection…) en format collectif. Il indique aussi que l’un des principaux challenges actuels est de
s’adapter aux mutations technologiques, qui évoluent en permanence : « l’Intelligence Artificielle se mélange aux sciences de la vie, la robotique s’installe dans de multiples domaines, la crise énergétique bouscule les fondamentaux… toutes ces évolutions appellent le développement de compétences nouvelles et une adaptation permanente des équipes qui gèrent nos projets. » Nicolas précise qu’en collaboration avec SEMIA, les tutelles académiques vont mettre en place des formations sur ces évolutions et ajouter aussi une forte composante entrepreneuriale pour les futurs porteurs de projet afin de mieux les préparer à la création de start-up. a
« DE LA DÉTECTION D’UN POTENTIEL D’INNOVATION À SA TRANSFORMATION EN PRODUIT INDUSTRIALISABLE, LE PARCOURS EST BIEN FLÉCHÉ, IL N’Y A PAS DE TROUS »Nicolas Knepper au Centre de recherche en biomédecine de Strasbourg (CRBS) où Connectus à notamment un bureau, au plus près des découvertes scientifiques.
Véronique Carré-Ménétrier, Christophe Jalaguier, David Oget et Ninel Kokanyan sont enseignants/ chercheurs en école d’ingénieur, et pas que. Véronique est aussi directrice de l’École d’ingénieurs en sciences industrielles et du numérique de l’université de Reims, l’EiSINe. Son collègue Christophe, et David de l’INSA Strasbourg, sont aussi, entre autres, référents PEPITE étudiants-entrepreneurs dans leur école. Ninel, quant-àelle, est notamment responsable de la filière de 3e année « innovation et intrapreneuriat » à CentraleSupélec de Metz. Echanges (non-exhaustifs) autour d’une incroyable richesse d’initiatives qui contribuent à faire émerger les entrepreneurs et innovateurs de demain.
Pour commencer, quelle est la place accordée au sujet de l’innovation et de l’entrepreneuriat dans vos formations ?
Véronique : nous accordons une place énorme pour les projets. C’est de là qu’émerge l’intention de vouloir créer quelque chose, c’est ça qui donne le déclic, c’est là que les étudiants commencent à faire un peu d’innovation. On a toujours fait la part belle aux projets, pour que ce soit valorisable par les étudiants. Je pense par exemple à une filière chez nous où 250 heures sont consacrées au projet. Nous renonçons donc à des cours à la place, ce n’est pas rien… Des industriels peuvent proposer des problématiques à traiter. Il s’agit souvent de faire un peu de benchmark, de développer un prototype pour lancer quelque chose, ou alors d’un projet de recherche appliquée.
Christophe : nous avons d’ailleurs un FabLab qui permet de proposer des solutions concrètes pour les industriels.
Ninel : nous voulons former des ingénieurs généralistes prêts à innover en toute circonstance et à relever des défis qu’on ne connaît même pas encore. Cela
se traduit par un dispositif complet. Mentionnons notre parcours d’entrepreneuriat pour les étudiants qui arrivent avec un projet. Ce parcours débouche sur la création d’entreprise à la fin du cursus. Nous proposons aussi une filière « innovation & intrapreneuriat » en 3e année. En parallèle des cours scientifiques, trois phases se déroulent sur l’année : idéation, prototypage, et mise sur le marché. Des ateliers sont organisés pour outiller les étudiants et les aider à rentrer dans un vrai projet, pour lequel ils sont challengés en équipe par une entreprise. Chaque équipe défend son livrable à la fin : cela motive ceux qui veulent créer. Nous pouvons aussi mentionner l’organisation d’une Start-up Week, obligatoire pour tous les étudiants de l’école. Plusieurs start-up sont invitées, lancent des défis, les étudiants réfléchissent à des idées innovantes, etc. Nous organisons aussi un Hackathon.
David : l’entrepreneuriat est un axe de développement stratégique de l’INSA, avec un marqueur fort autour de l’innovation. On le retrouve à la fois
dans nos relations avec des industriels, nos activités de recherche et nos relations avec les incubateurs. La formation qui touche l’ensemble des étudiants sur ces sujets se retrouve dans cinq cours généraux : communication – pitch, management, etc. Elle se trouve aussi dans une dizaine de cours électifs, que les étudiants peuvent choisir. Certains sont centrés sur des aspects technologiques, comme le Big Data ou le BIM par exemple. Deux autres cours concernent « de l’idée au marché » et « du marché à l’entreprise ». Ils sont organisés en projet et aboutissent à un concours avec PEPITE Etena. Nous avons aussi deux cours autour de la conception inventive et de l’innovation, qui aboutissent aussi à un concours, mené avec des entreprises. Le dernier était avec Chanel.
Quelles tendances observez-vous du côté étudiants, sont-ils plus sensibles, plus engagés sur ces sujets ?
Christophe : nous observons une légère progression chez nous en matière de création de start-up (notre école est
jeune). À partir des projets évoqués par Véronique et des cours qu’ils peuvent avoir, par exemple avec moi sur les sujets d’innovation, de créativité et d’entrepreneuriat, nous sentons progresser la volonté de rentrer ensuite en incubation ou de bénéficier du statut d’étudiant-entrepreneur. Nous observons aussi qu’il y a plus de prises d’initiatives, plus d’envie de proposer des idées pour traiter les problématiques rencontrées par leur entreprise dans le cadre de leur alternance par exemple.
Véronique : on sent qu’il y a davantage l’envie de faire quelque chose, qu’ils ont envie de partager des idées… qu’ils font preuve de plus de courage pour se lancer, parce qu’ils sont accompagnés et qu’on en parle plus.
David : nous avons pratiquement un doublement des effectifs pour travailler ces sujets dans le cadre de nos cours électifs. Les étudiants ont envie d’en savoir plus sur la façon dont fonctionne une entreprise, sur les contraintes du marché, sur les façons de développer un business. Ils ont des idées, se rendent compte qu’elles peuvent avoir de la valeur
et veulent savoir comment faire pour les valoriser éventuellement. Aussi, le fait de travailler en équipe sur un sujet en croisant des disciplines différentes pour construire un projet commun les intéresse particulièrement ! Nous avions 3-4 étudiants en statut entrepreneur en 2015, ils sont plutôt une douzaine aujourd’hui. Chaque année un étudiant au moins crée son entreprise et est accompagné par la suite par SEMIA. Certaines sont déjà viables.
Ninel : j’ajouterai une chose que nous observons, le retour d’expérience de start-up invitées motive et inspire beaucoup nos étudiants. Oui, c’est possible de réussir ! À partir de là, quand ils ont une idée, ils osent plus y aller. Aussi, nous remarquons que leur sensibilité plus affirmée aux défis du développement durable et de la transition environnementale leur donne envie de créer, de proposer des solutions. Par ailleurs, le cursus entrepreneuriat est très demandé (mais sélectif, nous acceptons 30 étudiants par promotion). Et à Metz, en dernière année, sur 70 étudiants, 30 étudiants suivent la filière « innovation et intrapreneuriat ».
« LES ÉTUDIANTS ONT ENVIE D’EN SAVOIR PLUS SUR LA FAÇON DONT FONCTIONNE UNE ENTREPRISE, SUR LES CONTRAINTES DU MARCHÉ, SUR LES FAÇONS DE DÉVELOPPER UN BUSINESS. »
David Oget
Chacun a encore plus à dire, tant les initiatives et les sujets traités sont riches … Nous comprenons bien en tout cas que le développement d’une culture de l’entrepreneuriat et de l’innovation opère dans les écoles, en lien avec leur écosystème.
Véronique Carré-MénétrierVous avez parfois commencé à l’évoquer, que pourriez-vous nous dire de plus sur vos relations avec l’écosystème d’innovation et les industriels ?
Véronique : nous réseautons beaucoup pour trouver des stages, des alternances, des thèses CIFRE, etc., nous entretenons de forts liens avec les industriels. Le fait d’être une école d’ingénieur facilite ces liens (c’était moins évident quand je dirigeais une faculté de sciences). Nous sentons une évolution côté des industriels, très demandeurs de contacts et d’informations. Ils participent volontiers à nos job dating, nos jurys de sélection, nos réunions d’information, etc.
Christophe : C’est vraiment une attente des industriels de participer. Comment formez-vous ? Comment pouvons-nous nous inscrire dans ce développement de start-up industrielle ?
L’ouverture est grande.
Ninel : nous avons de nombreux partenaires industriels, des grands groupes comme Alcatel basé à Strasbourg, des start-up du réseau Quest for change, etc.
Nous cherchons d’ailleurs à renforcer les relations avec QFC et l’incubateur de Metz, The Pool, pour créer davantage de passerelles entre étudiants et start-up. Nous organisons des tables rondes, des visites d’entreprises, des projets avec elles. Nous avons aussi un forum sur Paris, chaque année, où tous étudiants sont invités à rencontrer une centaine d’entreprises. En termes de recherche, nous avons aussi de nombreux partenariats, avec ArcelorMittal par exemple.
David : nous avons récemment lancé deux chaires pour développer nos liens avec des industriels sur ces sujets, comme Chanel, Soprema, Socomec, ArcelorMittal et autres. La chaire « esprit d’entreprendre » a été co-fondée en 2021 avec l’association étudiante INStart’Up. Je coordonne cette chaire. Notre ambition est de permettre à tout étudiant, personnel, diplômé de l’INSA Strasbourg, et tout personnel des mécènes de devenir entrepreneur, intrapreneur, développeur de nouvelles activités facilitant les transitions industrielles, environnementales, numériques et sociétales. Sept événements ont été organisés en 2022, comme des concours, des salons, des tables rondes, avec des entreprises qui participent largement. Nous avons aussi lancé en 2022 la chaire AIARD (Artificial Intelligence Augmented R&D). Elle opérationnalise des principes inventifs par de l’IA. Nous avons aussi une Junior entreprise qui réalise souvent de la conception mécanique, de l’étude du besoin jusqu’au prototypage. Citons aussi l’opération d’aide à la réalisation d’avant-projet OARA en dernière année. Nous avons des échanges réguliers avec SEMIA, qui participe notamment à la chaire « esprit d’entreprendre ». Nous collaborons beaucoup avec PEPITE Etena pour sélectionner les étudiants-entrepreneurs. Mentionnons aussi Alsace Tech, partenaire historique : beaucoup d’étudiants ont développé un projet passé par leur concours. a
« NOUS SENTONS UNE ÉVOLUTION CÔTÉ DES INDUSTRIELS, TRÈS DEMANDEURS DE CONTACTS ET D’INFORMATIONS. »
Stéphane Fontaine est professeur des universités et directeur du campus Arts et Métiers de Metz. Il a lancé en 2020 un Campus des Métiers et des Qualifications pour former des étudiants aux usages de l’intelligence artificielle et du digital, dans les métiers de l’industrie, du bâtiment et de la construction.
Le campus fédère 34 sites, essentiellement en Lorraine. Des établissements d’enseignement supérieur, six grandes entreprises et Quest for change comptent parmi les partenaires qui permettent de couvrir l’ensemble de la chaine de valeur. L’objectif du campus ?
« Attirer des talents vers l’un de nos six parcours spécialisés pour étudier, sous forme de projet essentiellement ». Les sujets sont proposés par les entreprises. Les partenaires académiques mettent à disposition un savoir-faire et des plateformes technologiques. Et pour accompagner les étudiants qui souhaitent créer leur start-up, « nous sommes particulièrement intéressés par l’accompagnement des incubateurs du réseau Quest for change (QFC), qui plus est avec une spécialisation dans l’industrie ».
Le parcours Entrepreneuriat Innovation Technologies se déroule sur 2 ans minimum. La première phase est consacrée à la sensibilisation d’étudiants à l’entrepreneuriat, avec le support du pôle Pépite Peel de Lorraine. « Nous détectons ceux qui sont intéressés de venir chez nous pour entreprendre un projet. Chaque étudiant est parrainé par une entreprise ». Dans une deuxième phase, l’étudiant travaille en mode projet. Il est encadré par un expert scientifique et un expert industriel. Stéphane Fontaine mentionne spontanément l’exemple d’un étudiant qui a travaillé dans ce cadre sur l’idée d’un drone submersible et qui a intéressé le parte-
naire privé Colas, pour inspecter les gravières. « Cet étudiant va rentrer aux Arts et Métiers et va disposer de temps pour développer son projet ». Dans une troisième phase, l’incubateur entre en action pour accompagner le projet de création de start-up, si toutefois ce dernier est retenu suite à sa candidature.
Des Ateliers de Transfert et d’Innovation sont aussi organisés. Ils permettent à des entreprises de toute taille de partager leur problématique d’innovation pour trouver des solutions innovantes avec l’aide d’une équipe d’étudiants multidisciplinaire, provenant de deux établissements d’enseignement supérieur partenaires. Prototypage et tests d’usage font partie des projets réalisés.
Stéphane Fontaine signale que CaMéX-IA participe aussi à l’émergence d’innovations industrielles par des voies plus classiques, comme celles de travaux de recherche doctorale avec une entreprise industrielle par exemple. a
« SI UNE PREUVE DE CONCEPT EST ÉTABLIE, LE PROJET CANDIDATE À L’INCUBATION AU SEIN DU RÉSEAU QFC. »
Avec l’avènement du numérique, le monde de la vente au détail connaît une révolution sans précédent. Schmidt Groupe, géant de l’aménagement intérieur, s’est tourné vers la start-up Hapticmedia pour créer une expérience d’achat innovante.
rateur 3D sur-mesure développé par Hapticmedia. « Cuisine Schmidt a été notre premier gros client. L’entreprise nous a fait confiance à un stade où nous étions très petits », confie Henri Foucaud, CEO de Hapticmedia. « Avec Schmidt Groupe, on s’est rencontrés à la fois sur le besoin, sur un état d’esprit et sur des compétences », se souvient-il. Malgré les défis techniques comme celui d’intégrer le riche catalogue du fabricant, le configurateur de cuisine était en ligne quelques mois plus tard. « On a vraiment travaillé main dans la main avec les équipes de Schmidt pour pouvoir construire un parcours le plus évolué possible pour l’utilisateur final, tout en le rendant extrêmement simple », ajoute-t-il. Pour Anne Leitzgen, le succès est au rendez-vous, avec un impact indéniable sur les ventes : « On constate que si nos clients ont passé du temps sur notre site, la concrétisation est meilleure en magasin. Plus ils ont de temps pour s’inspirer, plus on les marque. »
Au-delà des ventes, travailler avec des start-up permet d’apporter de l’agilité et de la flexibilité dans les projets, tout en apprenant à travailler différemment. Cette collaboration a également été bénéfique pour Hapticmedia. « Travailler avec un grand groupe nous a permis de comprendre leurs problématiques, de nous structurer pour travailler ensemble, et de gagner en crédibilité », témoigne son fondateur, qui personnalise désormais l’expérience en ligne de marques comme Guerlain ou Origine Cycles.
Au pied du château du HautKoenigsbourg se trouve Schmidt Groupe, le premier fabricant français de meubles sur mesure. Anne Leitzgen, sa présidente et petite-fille du fondateur, a une vision claire : « Nous sommes un artisan industriel qui a vocation à concevoir des espaces de vie inspirants pour ses clients. » Mais comment les inspirer ? Pour la dirigeante, cela passe par la personnalisation : « Nous sommes convaincus que les clients souhaitent de plus en plus des projets qui leur ressemblent ».
Au hasard d’une rencontre sur un salon de l’innovation à Strasbourg, Schmidt Groupe découvre le configu-
Comment favoriser l’émergence de collaborations similaires ? « À travers la Région Grand Est, Grand E-Nov+ ou les incubateurs QFC, il y a des acteurs et des mécanismes financiers qui encouragent les collaborations », se réjouit Henri Foucaud. Pour Anne Leitzgen, l’arrivée d’une filière comme Quest for industry est une avancée significative : « Certains industriels n’ont juste pas le réflexe de penser qu’une start-up peut les aider à enlever le caillou qu’ils ont dans la chaussure ». Encore faut-il créer les bonnes connexions et convaincre. « Pour collaborer avec un industriel, il faut être à l’écoute, trouver ses points de douleur, et y apporter une réponse », conseille-t-elle. a
C’est une belle histoire née un peu par hasard, celle d’un fabricant de matériel informatique haute performance côté en bourse et d’une start-up qui veut transformer nos smartphones en ordinateurs. Ensemble, ils cultivent l’ambition de devenir l’un des leaders de l’électronique grand public avec une démarche écologique et made in France.
Ces dernières années, les smartphones ont envahi nos poches et bouleversé nos habitudes. Face à ce constat, la start-up Miraxess s’est donnée comme ambition de transformer cet appareil intelligent qui nous suit partout en ordinateur portable. Avec le MiraBook, Yanis Anteur espère réduire les émissions de CO2 et le coût d’acquisition par rapport à un PC classique.
Si la promesse est belle, la concrétisation n’a pas été évidente. La start-up s’est d’abord tournée vers la Chine pour industrialiser son produit mais s’est heurtée à de nombreuses difficultés, culturelles, réglementaires et financières. « Miraxess n’avait plus d’argent. Industriellement, c’était compliqué », se souvient l’entrepreneur. Cherchant des solutions en Europe, Miraxess découvre par hasard l’existence d’un fabricant de serveurs de haute performance à Strasbourg. Une visite de l’usine est organisée et les deux entreprises se trouvent des complémentarités naturelles.
À cette époque, le groupe technologique accompagne déjà des start-up et a mis en place un programme d’accélération de jeunes entreprises innovantes. « Ce partenariat était vital pour Miraxess », confie Yanis Anteur. « Alain Wilmouth, fondateur de 2CRSi, nous a apporté un soutien inestimable à la fois commercial, industriel et émotionnel », poursuit-il. C’est aussi l’occasion pour
cette start-up lyonnaise de poser ses valises en Alsace et de compter sur le soutien d’un écosystème. « L’industrie est un domaine abandonné dans de nombreux endroits en France, sauf dans le Grand Est, où il y a encore un tissu industriel important et un terreau fertile pour ce genre de projet », réalise Joseph Gonnachon, responsable marketing de 2CRSi.
« Cette réussite n’aurait pas pu avoir lieu dans une autre région » reconnaît Yanis Anteur. « Notre incubation chez SEMIA nous a permis d’avoir de la crédibilité, des locaux et des soutiens comme la Région Grand Est ou l’accélérateur Scal’E-nov ». Après une levée de fonds de 2,5 millions d’euros l’année dernière, Miraxess s’attaque désormais à l’international, particulièrement au marché américain. Là encore, la start-up peut
Joseph Gonnachon, responsable marketing du groupe 2CRSi
compter sur la force commerciale et industrielle de son partenaire, déjà présent à Boston et en Californie. De son côté, 2CRSi aimerait continuer à faire grandir des entreprises innovantes dans l’industrie, l’intelligence artificielle ou le cloud. « Nous réalisons près de 10 % de notre chiffre d’affaires avec des start-up, toujours dans l’innovation », explique Joseph Gonnachon. « Des projets comme Miraxess, on aimerait en aider tous les jours mais personne ne nous connaît », poursuit-il.
L’appel est lancé ! a
« DES PROJETS COMME MIRAXESS, ON AIMERAIT EN AIDER TOUS LES JOURS. »Yanis Anteur, CEO de Miraxess.
Et si héberger une start-up pouvait être une opération gagnant-gagnant pour un industriel ?
Evolution, changement de méthode, projets communs ou distincts, renforcement des acquis de l’entreprise… Partageons le retour d’expérience de Philippe Robin, président d’Alysophil et alumni SEMIA-Quest for change, et Stephan Jenn, président de NovAliX.
Fondée en 2018, Alysophil a l’ambition de définir une nouvelle approche de la production chimique en utilisant l’intelligence artificielle, de nouvelles voies de synthèse et des procédés en flux continu. Les champs d’application sont multiples et s’étendent depuis les cosmétiques jusqu’aux matériaux énergétiques. NovAliX, société prestataire de recherche, a déjà une vingtaine d’années d’activités et travaille sur le développement de candidats médicaments pour l’industrie pharmaceutique.
Comment l’entreprise Alysophil en estelle arrivée à s’installer dans les locaux de NovAliX ?
Philippe Robin : Alysophil s’est développée grâce à des programmes de recherche avec de grands groupes. L’idée est de créer des sortes d’imprimantes 3D… chimiques. C’est-à-dire des unités de production compactes, pilotées par l’IA, pour produire des molécules à haute valeur ajoutée, d’intérêt particu-
lier pour l’industrie. Il s’agit de prendre les matières premières, et à travers des processus industriels, produire des molécules avec de nouveaux outils, pour rendre ces processus de synthèse plus sûrs et également plus performants. Nous avons deux pôles : un en chimie de laboratoire, installé chez NovAliX depuis 2019, et un consacré à l’IA.
Pourquoi cet hébergement ?
Stephan Jenn: NovAliX est une spinoff d’un laboratoire de recherche académique strasbourgeois. Nous faisons de la prestation de recherche pour le secteur de la santé. Cela signifie que les industriels vont utiliser nos compétences techniques quand les services externalisent une partie de leurs activités. Notre métier c’est d’externaliser la recherche, et aussi d’être à la pointe de l’innovation.
P. R. : Nous voulions nous focaliser sur le développement et l’optimisation de nouveaux procédés en flux continu. Or, quand vous démarrez de zéro, il faut trouver des partenaires. Il se trouve que durant un entretien avec un laboratoire universitaire en Belgique, ils me parlent de NovAliX, qui est en quête de procédés similaires à intégrer dans leurs activités. Je n’avais à offrir que des cerveaux pour réfléchir sur cette thématique de nouvelles chimies.
S. J. : Nous étions intéressés, alors nous avons mis à disposition des laboratoires, le matériel, l’environnement, un savoir-faire… parce que finalement vous
aviez les compétences qui nous manquaient à ce sujet.
Qu’est-ce que ce partenariat vous a respectivement apporté ?
P. R. : De notre côté, en premier lieu, une forme de quiétude. Le critère discriminant principal des débuts d’une entreprise c’est la trésorerie. Donc en plus des conditions dont nous avons déjà parlé, être hébergé et avoir un contrat pour la location du matériel et des locaux était un soulagement.
S. J. : La chimie en flux était un sujet identifié chez nous, ça permet de travailler de façon plus sécurisée, avec une haute qualité de produits, une plus grande rentabilité et une empreinte écologique plus restreinte… Nous avons pu densifier notre département de flow-chem. Notre coopération est simplifiée car il n’y a pas de conflit d’intérêt, étant donné que nos domaines d’application diffèrent. Nous sommes impliqués dans l’industrie pharmaceutique, tandis qu’ils se concentrent principalement sur les cosmétiques, entre autres. Au vu de notre intérêt commun pour les procédés, nous avons souhaité nous engager dans un projet commun.
P. R. : Une fois bien installés, nous nous sommes demandé que faire ensemble, effectivement. Nous avons donc parlé d’une plateforme communautaire autour de la chimie en flux. Ce que nous avons apporté dans les discussions, c’est notre dimension industrielle. Il y a là une vraie complémentarité entre de la
R&D et de l’industrie. Nous sommes donc partis sur un concept de micro-usine pour des médicaments.
S. J. : Il s’agit du projet PIPAc (Production Intelligente de Principe Actif). Nous avons donc mis, fin 2020, des grands acteurs de la chimie autour de la table comme Brücker et De Dietrich, pour produire deux principes actifs de médicaments. Avec, évidemment, les idées novatrices développées dans le cadre de notre partenariat Alysophil – NovAliX en matière de chimie nouvelle.
Ce consortium, alsacien, il faut le souligner, est donc un terrain d’expérimentation pour Alysophil, NovAliX, Brücker et De Dietrich ? C’est donc encore un point positif pour ce qui est d’investir et mentorer des start-up.
S. J. : Tout à fait, et le dossier est financé par France Relance à hauteur de 3,5 millions d’euros. Et c’est une première mondiale. Elle est d’autant plus intéressante que ça apporte une preuve supplémentaire qu’en matière d’industrie on ne fait pas revenir ce qui est parti, en revanche on peut développer une nouvelle façon de faire.
P. R. : Ça fait progresser nos deux entreprises – mais aussi les autres. Alysophil s’en trouve accélérée et développée.
S. J. : Nous voyons davantage notre partenariat comme une collaboration plutôt qu’un mentorat. Il n’y a que du positif à retirer en matière d’innovation et de coopération avec l’industrie. a
Philippe Robin, président d’Alysophil au premier plan, Stephan Jenn, président de Novalix au second plan.« LA CHIMIE EN FLUX ÉTAIT UN SUJET QUE NOUS AVIONS IDENTIFIÉ, ÇA PERMET DE TRAVAILLER DE FAÇON PLUS SÉCURISÉE, AVEC UNE EMPREINTE ÉCOLOGIQUE RESTREINTE. »
Platinium 3D est une plateforme de fabrication additive, c’est-à-dire d’impression 3D, basée à Charleville-Mézières. Créée en 2016 sous forme d’un consortium, elle a pour but de former, d’accompagner et de faire gagner en compétences les jeunes entreprises ayant un besoin de production.
CIRTES de Saint-Dié-des-Vosges héberge la strato-conception.
Ce qui fait notre force, c’est d’être en mesure de couvrir la totalité de la chaîne de valeur de la fabrication additive avec notre équipe de dix personnes, composée d’ingénieurs et de techniciens, soit en autonomie, soit avec l’aide de l’écosystème (par exemple le CRITT matériaux innovations).
En quoi Platinium 3D est une entité « facilitatrice », et en particulier auprès des start-up de l’écosystème industriel ?
La plateforme dispose de 3,5 millions d’euros d’équipements pour son lancement. Elle a pris en 2019 le statut d’association loi 1901. Bruno Flan, directeur, a rejoint Platinium 3D le 16 mars 2020. Il présente le modèle.
Comment se positionne cette plateforme de fabrication additive sur le Grand Est ?
Platinium 3D est une entité juridique indépendante, avec un modèle économique et une autonomie juridique, financière, administrative et commerciale. Après la crise sanitaire, le Plan de relance Grand Est nous a ouvert des opportunités. Cela nous a permis d’investir pour 2,2 millions d’euros d’équipements nou-
veaux. Platinium 3D est la seule plateforme française de fabrication additive équipée d’autant de technologies différentes et industrielles.
Il existe sept technologies référencées, nous en disposons de six. Notre plateforme regroupe un total de dix équipements différents sur ces technologies : quatre équipements en fabrication additive directe métallique, deux équipements de fabrication additive indirecte métallique, quatre équipements de fabrication additive polymère directe. Un vrai parc machine opérationnel, situé à Charleville-Mézières et Donchery, réparti sur trois sites. À l’échelle du Grand Est, l’intégralité des sept technologies est disponible puisque la
Les jeunes entreprises qui ont besoin d’un produit industriel sont parfois loin de se rendre compte de ce qu’il faut investir pour l’obtenir. Qu’il s’agisse de questions de coût, de délais… nous sommes là pour les accompagner et réaliser une étude complète. Nous proposons aussi une option de co-conception pour intégrer les avantages de la fabrication additive dans leurs produits. Cela avant de passer à la production grâce à nos équipements. Parce que nous permettons aux start-up d’accéder à des outils et des méthodes de production pour la réalisation de leur prototype tout en bénéficiant de conseils d’industrialisation, nous sommes recommandés par les incubateurs. Nous rendons possible la fabrication d’un produit souhaité dans des conditions de coûts et de délais accessibles, et sommes de fait un complément naturel à l’incubation pour les start-up industrielles. a
acte de reconnaissance, car le territoire de l’Alsace du Nord m’a beaucoup donné, j’ai voulu lui rendre la pareille en favorisant son dynamisme économique et industriel. Nous voulons créer des rencontres, des synergies et des coopérations, et donner une image positive et chaleureuse de l’entrepreneuriat, encore méconnu et mal aimé. Cela passe notamment par l’organisation de soirées « PIB » (Paddock Innovation Box) au cours desquelles des entrepreneurs viennent pitcher leur projet, des apéros « Linguabox » pour apprendre une nouvelle langue ou des brunchs philo pour réfléchir ensemble aux grandes problématiques de notre temps.
À l’heure où les difficultés de recrutement sont grandes, où les besoins en formation sont importants, vous envisagez de créer une école des métiers industriels de demain ?
Assureur à Haguenau, soutien historique du secteur de l’innovation en Alsace, Claude Casterot a fondé en 2021 le Paddock Academy, tiers-lieu dédié aux start-up. Tant par ambition que par conviction, il veut fédérer toute la filière de l’industrie nord-alsacienne autour d’un projet d’école mettant en lien
jeunes éloignés de l’emploi, porteurs de concepts innovants et employeurs industriels.
Pourquoi un agent général d’assurances bien implanté comme vous s’est-il lancé dans l’aventure du Paddock Academy, tiers lieu dédié à l’innovation et aux start-up ?
La création du Paddock en 2021 est à la fois un acte politique et de reconnaissance. Politique, car je considère que le secteur privé doit prendre sa part pour favoriser l’innovation et la création d’entreprise. Cela ne peut pas être du seul ressort de la puissance publique. Un
Le Paddock Academy est un tiers-lieu qui accueille des entrepreneurs, des artisans, des industriels, et aussi des étudiants de l’IUT d’Haguenau ou des jeunes en quête de formation ou de conseils. En lien avec l’Université de Strasbourg, le Réseau d’industriels innovants d’Alsace du Nord (RESILIAN), le Centre d’animation sociale et familiale Bisch’Art de Bischwiller et SEMIA, nous voulons mettre sur pied une sorte d’école de la deuxième chance. L’idée est de permettre à des jeunes éloignés de l’emploi de se former à des métiers d’avenir, tout en créant un vivier pour les entreprises parties prenantes de ce projet innovant. Avec la formidable équipe de bénévoles du Paddock, nous ne nous fixons aucune barrière. Nous misons avant tout sur la diversité, la transversalité des projets et des personnes, en étant le réseau des réseaux. Nous espérons contribuer à notre niveau à la création d’un écosystème régional vertueux, où toutes les parties prenantes sont gagnantes.
Comment êtes-vous tombé dans l’innovation ?
Grâce à l’assurance ! Voilà plus de vingt ans que deux des premières start-up incubées par SEMIA m’avaient sollicités et challengés pour les aider à protéger leur projet. Le début d’un formidable voyage ! Ce que je retiens depuis, c’est que le potentiel de notre région est énorme, que nous avons beaucoup de compétences à valoriser. Il suffit de leur donner les moyens de s’exprimer. a
Jean-François Camus, chargé de Mission Innovation Grand Est, lors de la remise des prix EDF Pulse Grand Est 2022.
et nous appuyer sur des partenaires d’innovation extérieurs.
Quels exemples d’initiatives permettent d’illustrer simplement cet effort ?
Nous pouvons citer le programme d’intrapreneuriat EDF Pulse Incubation qui soutient et valorise l’inventivité de nos collaborateurs, EDF Pulse Ventures qui finance des start-up proposant des solutions bas-carbone, ou encore EDF Pulse Connect qui cherche à mettre en lien les entités du groupe EDF avec des acteurs externes de l’innovation.
Jean-François Camus est chargé de Mission Innovation Grand Est du Groupe EDF. Son challenge ? Développer l’innovation du groupe pour contribuer à relever le défi civilisationnel du changement climatique. Il s’appuie pour cela sur la mise en œuvre d’une démarche d’innovation impliquant les entités du groupe, les start-up et les acteurs d’innovation de la région. Voici son retour d’expérience.
Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots la place accordée à l’innovation par le Groupe EDF ?
C’est très simple, l’innovation est inscrite dans notre ADN : « Construire un avenir énergétique neutre en CO2, conciliant préservation de la planète, bien-être et développement, grâce à l’électricité et à des solutions et services innovants ». Nous devons donc ouvrir le champ des possibles, impliquer nos collaborateurs
Nous mettons aussi à disposition de nos collègues un kit de ressources, la Connect Box. Elle comprend des outils, des recommandations, des contrats types, de façon à ce qu’une collaboration avec une start-up puisse se réaliser dans de bonnes conditions.
Pouvez-vous revenir un peu plus en détail sur le dispositif d’open innovation EDF Pulse Connect et sur ce qu’il apporte aux différentes parties prenantes ?
Nous organisons le prix EDF Pulse Grand Est au sein de la Direction Action Régionale Grand Est, en lien avec les différentes entités métiers du groupe EDF présentes en région. Ce prix est organisé tous les deux, trois ans environ.
Nous commençons par consulter nos collaborateurs sur leurs besoins d’innovation. Sur cette base, nous construisons et nous diffusons un appel à candidatures, en interne et en externe. Ensuite, nous sélectionnons des finalistes qui pitchent devant un jury pour désigner les gagnants. Ce processus nous permet d’identifier des solu-
tions répondant à nos besoins. Chacune des solutions technologiques récompensées par un prix est expérimentée concrètement sur le terrain, avec l’une de nos entités. Nous offrons ainsi aux équipes gagnantes de pouvoir disposer d’un terrain d’expérimentation et d’un chiffre d’affaires associé, en plus du gain d’image obtenu pour leur projet. Une diffusion à l’échelle du groupe est envisagée si l’expérimentation est concluante. Je m’assure d’ailleurs que les autres finalistes puissent aussi collaborer avec les entités du groupe, puisque tous ces projets sont issus d’un processus qui repose initialement sur l’identification de besoins en interne.
Trois gagnants et un prix coup de cœur ont été désignés lors de la dernière édition. APREX est une solution de vision utilisant de l’intelligence artificielle pour des opérations de contrôle sur le site de l’une nos centrales. TemplAR est un système de réalité augmenté pour identifier et gérer l’amiante sur une autre de nos centrales. Cixten est un système permettant la conversion de chaleur basse température en énergies réutilisables, via du CO2 supercritique.
Quelles sont les principales difficultés qu’il vous semble nécessaire d’anticiper pour qu’une collaboration entre une entreprise industrielle et une start-up puisse fonctionner, comment les gérer ?
Les différences de taille, d’organisation et de temporalité sont à considérer dès le départ. La rigidité de l’industriel peut se heurter à l’agilité de la start-up. Les ambiguïtés en termes d’attentes et d’étapes à franchir peuvent être nombreuses. Il faut veiller à rendre compatibles les deux parties en accordant une attention particulière aux fondements de la relation.
Une grande partie de la réussite d’une collaboration se joue certainement dans la communication, la transparence et la clarification. L’enjeu est la création d’une relation de confiance. Chacun doit commencer par écouter l’autre et chercher à comprendre son mode de fonctionnement, ses objectifs et son contexte, pour s’interroger sur les implications et les adaptations envisageables dans le cadre de la collaboration. L’expression et la formalisation des attendus par contractualisation me semblent être un élément incontournable. Il faut aussi rester focalisé sur le fait qu’il s’agit de créer de la valeur pour les deux parties : augmenter la performance de l’entreprise d’un côté, développer la start-up de l’autre.
Le fait de pouvoir compter sur une personne qui dispose d’une bonne connaissance des deux mondes facilite la relation.
Cette personne doit d’ailleurs être très en lien à la fois avec les acteurs opérationnels de son entreprise et très en lien
Les lauréats des prix EDF Pulse Grand Est 2022, qui ont chacun remporté 10 000 euros pour soutenir leur développement au sein d’une entité du groupe EDF ainsi qu’un accompagnement d’EDF pour valoriser leur projet.
avec les différents acteurs du territoire. La difficulté réside ici dans la multiplicité des acteurs et des sujets traités des deux côtés (cela est particulièrement vrai à l’échelle d’un groupe comme EDF). L’écosystème est très riche dans notre région et il est difficile d’embrasser la totalité de l’écosystème.
Pourquoi trouvez-vous cela intéressant d’intégrer l’écosystème d’innovation régional, comment procéder par exemple ? Cela facilite l’identification de solutions technologiques et de partenaires potentiels. Il faut pouvoir y consacrer du temps. S’appuyer sur quelques acteurs et moments clés peut aider en prendre efficacement la mesure. Quest for industry (Quest for change), Grand E-Nov+ ou encore la Région Grand Est sont de bons interlocuteurs pour commencer. Intégrer l’écosystème peut aussi passer par d’autres formes d’implications. Je participe par exemple au comité d’engagement de SEMIA/Quest for change, ce qui me permet de voir passer les projets de start-up candidats et de détecter des projets en amont. a
Afin de vous accompagner au mieux dans votre projet, en passant par la création, implantation et expansion, Quest for industry a réalisé un bref résumé de votre parcours d’accompagnement et des différents outils mis à votre disposition dans la Région.
Le Grand Est et ses acteurs accueillent et accompagnent les projets innovants industriels selon leur stade de maturité. À chaque stade son interlocuteur privilégié :
• Implantation sur le territoire : Agences de développement économique.
• Valorisation et transfert de technologie issue de la recherche publique : SATT Conectus, SATT Sayens, SATT Nord.
• Incubation, stratégie de création d’entreprise, développement technico-économique, financement : Incubateurs d’excellence territoriaux du réseau Quest for change, et accompagnement spécialisé sur les enjeux industriels, stratégie d’industrialisation, première usine de production par l’incubateur sectoriel Quest for industry.
• Accélération et croissance : Accélérateur Scal’E-nov.
Vous trouverez dans ce guide pratique un présentation succinte des ressources que vous pourrez utiliser pour votre projet d’innovation industrielle, avec Quest for industry :
I. Accompagnement dans la gestion de votre projet selon une méthodologie éprouvée.
II. Aide à l’accès aux financements auxquels votre projet peut être éligible.
III. Accès à un réseau d’entraide, de collaborations et de support à l’innovation.
IV. Accès préférentiel à diverses ressources matérielles : locaux, logiciels, offres négociées et autres.
VOICI LES DIFFÉRENTS NIVEAUX D’ACCOMPAGNEMENT PROPOSÉS :
1. Accompagnement par thématique sectorielle Journée de formation dédiée lors de la Starter Class (programme d’incubation collective). Objectifs : aborder les enjeux industriels de votre projet et assurer la cohérence avec ses objectifs économiques et commerciaux. Livrable : roadmap industrielle de votre projet.
2. Ateliers thématiques avec des experts par domaines d’activité Mobilité, textile, hydrogène, impression 3D, entre autres
3. Méthodes spécifiques d’accompagnement Méthode APTE : élaboration du cahier des charges Méthode AACE : cost engineering
4. Accompagnement complet sur tout le cycle de vie du produit, formalisé sous forme d’un référentiel de l’industrialisation du projet (10 fiches avec les points clés étape par étape), à savoir :
STRATÉGIE D’INDUSTRIALISATION ET DE FINANCEMENT DE L’INDUSTRIALISATION R&D IDEATION CONCEPTION PROTOTYPAGE ESSAIS ET PRÉINDUSTRIALISATION INDUSTRIALISATION ET PRODUCTION SÉRIE QUALITÉ, RÉGLEMENTATION, FINANCEMENTS
STRATÉGIE
INTELLECTUELLE, DESIGN ET RÉALISATION
5. Accompagnement spécifique pour les industriels Rapprochement entre les industriels et les projets innovants pouvant répondre à leurs besoins. Démarche d’excubation : accompagnement à l’émergence de start-up industrielle issue de l’innovation de l’industriel.
STRATÉGIE COMMERCIALE, SAV EXPLOITATION, LOGISTIQUE ET COMMERCIALISATION FIN DE VIE a GUIDE PRATIQUE 58 Innovation dans l’industrie — Quest for change
1. Aides publiques à l’innovation
Nous accompagnons le montage de dossiers pour faciliter votre accès aux financements suivants :
• Bourse Région Grand Est : avec un montant de 30 000 € par projet, la Région Grand Est décide d’accompagner la création d’entreprises innovantes, génératrices d’emplois et de nouvelles activités à fort potentiel.
Objectif : consolider les fonds propres de l’entreprise.
• Aide au premier développement de Région Grand Est : montant de 100 000 € par projet + 50 000 € si volet IA au projet.
Objectif : aide au financement de la R&D, l’industrialisation et la première commercialisation.
• Bourse French Tech : opérée et attribuée par Bpifrance, cette subvention pouvant aller jusqu’à 30 000 €/projet couvre différentes dépenses pour les porteurs de projets innovants et start-up de moins d’un an.
• La Bourse French Tech Émergence (BFTE) : cette subvention pouvant aller jusqu’à 90 000 €/projet finance l’analyse du potentiel d’un projet d’innovation de rupture ainsi que ses perspectives de marché.
• L’Aide au développement deep tech : cette aide plafonnée à 2 millions d’euros/projet finance les dépenses liées aux phases de recherche et développement d’un projet d’innovation de rupture avant son lancement industriel et commercial. Elle mixe subventions et avances récupérables.
• French Tech Tremplin : ce dispositif vise à accompagner les porteurs de projets issus d’un milieu sous représenté dans l’univers start-up. Il est composé d’une bourse, d’un accompagnement en incubateur et d’un système de parrainage.
• French Tech Seed : ce fonds permet un effet de levier à l’investissement privé dans les entreprises en post-maturation de moins de 3 ans, notamment dans le domaine de la Deep Tech.
• Concours d’innovation iLab : Ce dispositif est un concours organisé par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et de Bpifrance qui finance les meilleurs projets de R&D pour la finalisation du produit, procédé ou service technologique innovant à travers la création d’entreprise, grâce à une aide financière importante (jusqu’à 600K€ par projet, pour un budget de 26 M€ au total pour l’édition 2021) et un accompagnement adapté. En 22 ans, iLab est devenu un point de passage privilégié pour les porteurs de projets et un label de qualité unanimement reconnu par les investisseurs Deep Tech.
2. Investors Club
Nous mettons en relation investisseurs qualifiés & entrepreneurs. Développé en 2021 par le réseau Quest for change, l’Investors Club est une plateforme qui offre aux investisseurs (Business Angels et Venture Capital) un accès permanent et qualitatif à des présentations actualisées de nos start-up en recherche de financement. Il est possible de solliciter des rendez-vous avec ces start-up lors des Investors Day organisés plusieurs fois par an à Strasbourg et à Paris.
1. LeClub : réseau d’entrepreneurs incubés et alumni, communauté active
En intégrant Quest for change, vous rejoignez une communauté soudée de plusieurs centaines d’entrepreneurs, incubés et alumni. Vous avez accès à une plateforme dédiée vous permettant de bénéficier de ressources et de données exclusives pour développer vos projets et créer des opportunités d’affaires.
2. Écosystème des partenaires de confiance
Quest for industry (et plus largement Quest for change) fait partie d’un écosystème de confiance composé de prestataires et partenaires institutionnels, privés, académiques, qui peuvent être sollicités et mobilisés pour l’implantation et le développement de projets dans la Région. Notre écosystème industriel peut compter sur de précieux atouts (partenaires grands groupes, académiques et pôles de compétitivité).
L’ÉCOSYSTÈME GRAND EST D’INNOVATION DANS L’INDUSTRIE :
TERRITOIRE
• RÉGION GRAND EST
• COLLECTIVITÉS TERRITORIALES : EUROMÉTROPOLE DE STRASBOURG, EUROMÉTROPOLE DE METZ, ARDENNES MÉTROPOLE, GRAND REIMS, MULHOUSE ALSACE AGGLOMÉRATION, COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION D’ÉPINAL
INSTITUTIONS
• GREENTECH INNOVATION DU MINISTÈRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE
• ADEME
• GRAND E-NOV+
• DGSI
• DREETS
• DREAL
AGENCE D’ATTRACTIVITÉ
• ADIRA
• ARDENNES DÉVELOPPEMENT
• INSPIRE METZ
• MARNE DÉVELOPPEMENT
CHAMBRE DE COMMERCE SPÉCIALISATION FILIÈRE ET EXPORT
• CCI GRAND EST
• CCI VOSGES
• CCI ALSACE EUROMÉTROPOLE
• CCI MARNE EN CHAMPAGNE
INCUBATEURS TERRITORIAUX
ET SECTORIELS
• INNOVACT
• QUAI ALPHA
• RIMBAUD’TECH
• SEMIA
• THE POOL
• QUEST FOR HEALTH
• QUEST FOR INDUSTRY
EMPLOI
• SODIV
TRANSFERT DE TECHNOLOGIES
• SATT CONECTUS
• SATT SAYENS
• SATT NORD
ÉTABLISSEMENTS ACADÉMIQUES
• UNIVERSITÉ DE HAUTE ALSACE
• UNIVERSITÉ DE LORRAINE
• UNIVERSITÉ DE REIMS
CHAMPAGNE ARDENNES
• UNIVERSITÉ DE STRASBOURG
• INSA
• CENTRALE SUPÉLEC
• ARTS ET MÉTIERS
• EISINE
• INSIC
• ISU
• ENSTIB
• ENIM
FINANCIER
• BPIFRANCE
PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ
• MATERALIA
• PÔLE VÉHICULE DU FUTUR
• BIOVALLEY FRANCE
• HYDREOS
PARTENAIRES
DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL
• IFP ÉNERGIES NOUVELLES
• CAPTRONIC
• CIRTES
• CRITT MATÉRIAUX INNOVATION
• PLATINIUM 3D
• FABLABS
• PRESTATAIRES QUALIFIÉS
INTERNATIONAUX
• CYBERLAB
• BASEL AREA
• EIT CLIMATE-KIC
• EIT MANUFACTURING
• EIT RAW MATERIALS
BANQUES
• CIC EST
• CEGEE
• BPALC
En rejoignant Quest for industry, vous pouvez bénéficier de multiples ressources à des conditions préférentielles, facilitant la réalisation de votre projet.
1. Locaux
• Bureaux au sein des incubateurs du réseau Quest for change
• Bureaux et salles de réunion ponctuellement : Maison de la Région Grand Est à Paris
• Laboratoires : mise en relation avec universités et grandes écoles : INSA, Centrale Supélec, Université de Strasbourg, Universite de Haute Alsace, Université de Reims Champagne-Ardenne…
• Atelier/première usine : mise en relation avec l’écosystème
2. Offres négociées – Généralistes
• Amazon Active founders
• IBM Cloud
• Hubspot for start-up
• Scaleway start-up program
• Scalingo
• SdV
• Segment
• Forekasts
3. Offres négociées - Logiciels de développement spécifiques
• Solidworks (CAO, CAD)
• Mathworks (Modelling)
• Beelse (Impression 3D)
4. Recrutement – Job board
En tant qu’incubé ou alumni, vous avez la possibilité de publier vos offres d’emploi sur un Job Board mutualisé et de bénéficier gratuitement de l’ATS (Applicant Tracking System) de Welcome to the Jungle, afin de professionnaliser et de structurer votre process de recrutement.
5. Événementiel
• Participation à des événements ciblés organisés par notre réseau d’incubateurs.
• Participation en groupe à des salons industriels en fonction de l’intérêt de votre projet.
POUR EN SAVOIR PLUS ET CANDIDATER, CONTACTEZ-NOUS À CONTACT@QUESTFORINDUSTRY.EU
« Tout le monde finit sourd ». Jean-Philippe Marie de Chastenay et Olivier Gauthier, respectivement Directeur général et CEO de Sounduct, en savent quelque chose : la surdité touche leurs deux familles. En réponse à ce handicap invisible, dont le traitement est un enjeu national, les deux collègues – et amis – lancent leur start-up en 2021.
Sounduct est un projet réinventant les appareils auditifs et ainsi la prise en charge de la surdité, mais pas seulement. Si le terme « handicap invisible » est employé, c’est pour imager la réalité d’une fracture sociale sournoise. Lorsqu’on entend moins, ou plus du tout, qu’en est-il du quotidien ? Qu’en est-il du travail ? Qu’en est-il des relations sociales ? Tous les pans de la vie sont touchés, et ça ne se voit pas. Ce n’est pas « visible » parce que personne n’écrit « sourd » sur une pancarte. Et surtout, le progrès de la miniaturisation amène les audioprothésistes – et donc les patients – à opter pour des dispositifs de plus en plus réduits.
« J’ai toujours rêvé de pouvoir soigner mon père », explique Jean-Philippe Marie de Chastenay. « Nous avons dans ma famille une pathologie des os qui entraîne une perte de calcium, et ça peut entraîner de l’otospongiose (maladie génétique de l’oreille interne et moyenne, dont les principaux symptômes sont la perte d’audition ou des acouphènes – ndlr) ». Parmi les premiers bénéficiaires des techniques d’opérations d’il y a trente ans, le père du co-fondateur de Sounduct n’a malheureusement pas retrouvé l’audition. Ceci a engendré une surdité bilatérale, des acouphènes qui ont entravé l’exercice d’un emploi. « Et nous avons vécu une chute sociale complète, conséquence des difficultés financières qui en ont découlé ». Depuis, l’idée de trouver une solution accessible à la surdité ne le quitte pas. Il lui faudra attendre de rencontrer Olivier Gauthier, alors assureur, pour qu’à l’occasion d’une reprise de ses recherches, le projet prenne une nouvelle tournure. « Mon beau-père a l’Alzheimer et est atteint de surdité. L’idée du dispositif de Jean-Philippe a tout de suite attiré mon attention ».
Ensemble, ils poursuivent les recherches, fondent Sounduct en 2021 et déposent le brevet de leur appareil dans la foulée. Tous deux issus de milieux professionnels avec des réseaux forts, sur Paris, ils ont un cran d’avance dans leur projet. Cependant, ils
étaient à la recherche d’un accompagnement pertinent à la fois du côté santé et du développement de hardware. Ils finissent par entrer en contact avec SEMIA, sur les conseils de Start2prod, un accélérateur privé en Rhône-Alpes, et intègrent l’incubation collective en septembre 2021. Leur rencontre avec Christophe Knecht, directeur de Quest for industry, est facilitatrice : « Christophe a tout de suite compris les enjeux du projet et a surtout été très présent. Grâce à son engagement et celui des équipes de Quest for change nous avons pu avancer sur les différents sujets ». Le soutien de l’incubateur permet aux deux collègues de structurer leur projet en profondeur.
Olivier Gautier et Jean-Philippe Marie de Chastenay ne sont ni l’un ni l’autre issus du domaine de la santé et n’ont pas non plus d’expérience industrielle. Les expertises combinées de l’incubateur dans ces domaines leur permettent de pallier les difficultés rencontrées sur le sourcing du matériel, des mises en relation, un accompagnement approfondi sur des sujets comme leur stratégie d’industrialisation. ll leur permet aussi de pouvoir être orienté afin de de préparer leur essai clinique, en partenariat notamment avec l’IHU de Strasbourg. En quelques mois, la start-up conquiert l’écosystème strasbourgeois et décroche en 2022 le label Deeptech de Bpifrance ainsi que la bourse French Tech Emergence destinée aux start-up Deeptech.
En effet, si le projet Sounduct attire, au premier abord, par son fort impact sociétal, il ne faut pas oublier qu’il s’agit avant tout d’une innovation technologique de rupture.
Cette innovation repose en partie sur une technologie de conduction osseuse. Olivier et Jean-Philippe, à la démonstration, apposent deux transducteurs de part
et d’autre du crâne, lancent une musique, et les vibrations se traduisent en impulsions électriques qui font leur travail sur le système nerveux. On entend. La solution, non invasive, reste visible et c’est voulu. Les dispositifs seront personnalisables « comme des lunettes » expliquent-ils.
Les co-fondateurs de Sounduct insistent sur l’importance, et leur parti-pris, de rendre le dispositif visible pour amener une prise de conscience dans l’espace public. « Un exemple simple est celui des cours d’école où les enfants sourds sont ostracisés, ou encore celui de la caisse des supermarchés où les gens n’ont pas conscience du handicap réel de la personne devant eux », illustrent-ils.
Bien que ne souhaitant pas dévoiler leur technologie exacte avant la commercialisation, et en attente des essais cliniques (dont la définition et la mise en œuvre ont été guidées par Quest for health et par son réseau), les fondateurs de Sounduct estiment pouvoir prendre en charge jusqu’à 99 % des cas et types de malentendance et surdité.
Après une première levée de fonds de 1,5 million d’euros auprès d’investisseurs, place à une seconde. Il faut, après le développement du produit, passer à l’industrialisation. Un premier bras mécanique est en marche.
Les fonds levés cette année seront utilisés pour mettre en place une plateforme de production, renforcer l’équipe et se lancer sur le marché en 2024. La marquage CE de leur dispositif devra faire partie de cette étape.
Sounduct est impatiente de s’étendre sur les marchés allemands et américains, avec un objectif de chiffre d’affaires de 7 millions d’euros dès 2025. Sur un marché mondial tenu par cinq géants, le dispositif de Sounduct devra se faire sa place sur les étagères des audioprothésistes. a
Telle la mirabelle qui, grâce à l’alambic, se transforme en une délicate eau-de-vie, Replace métamorphose les déchets plastiques complexes en objets utiles du quotidien, au plus près de leur lieu de production.
Là où d’autres voient une impasse, Laurent Villemin, fondateur de Replace, y voit une opportunité. Après une carrière de près de 30 ans dans l’industrie de transformation des plastiques et des caoutchoucs, l’entrepreneur a choisi de s’attaquer à un défi environnemental de taille : le recyclage des plastiques complexes. Ces déchets multicomposants ont longtemps été les laissés-pour-compte du recyclage traditionnel. Composés de diverses matières, tels que des mélanges de plastiques, de métaux ou de papier, leur traitement s’avérait complexe et coûteux. Ils étaient ainsi souvent incinérés ou enfouis. « En Europe, il y a chaque année 10 millions de tonnes de plastiques multicomposants non valorisés » souligne Laurent Villemin.
C’est en partant de ce constat alarmant qu’il a fondé en 2019 à Woippy (Moselle) sa société pour donner une seconde vie aux plastiques complexes. « L’empreinte carbone, c’est notre mantra. On ne veut pas remplacer ce qui existe et qui marche bien. On veut développer un business qui soit complémentaire à ce qui existe pour aller plus loin et traiter les matières qui sont oubliées », explique-t-il. Pas question donc de venir concurrencer les filières de recyclage du plastique déjà structurées. L’idée est au contraire de travailler avec les acteurs de la collecte des déchets pour trouver un débouché innovant aux matières jusqu’ici non valorisées.
Laurent Villemin, fondateur de ReplaceEn seulement trois ans et avec l’aide de son partenaire industriel Aisa, Replace a réussi à mettre au point un procédé unique et breveté permettant de transformer ces plastiques complexes en objets du quotidien, allant des poteaux de signalisation aux bancs publics. La société fondée par Laurent Villemin et Christian Horn est passée d’un prototype de machine de production installé dans un site industriel désaffecté près de Sainte-Menehould (Marne) à un concept éprouvé et une entreprise florissante. « En 2022, nous avons transformé près de 1 000 tonnes de matières et réalisé plus de 650 000 euros de chiffres d’affaires », se réjouit Laurent Villemin. « Replace est aujourd’hui rentable, avec 10 salariés et 2 lignes de production capables de transformer 2 500 tonnes de matière issue de déchets multi-composants », poursuit-il. « C’est une super réussite », observe également Martin Greder, le directeur de The Pool, l’incubateur qui accompagne la start-up depuis ses débuts. Pour lui : « sa capacité d’exécution a été garante de son succès ».
Le parcours de Laurent Villemin n’a toutefois pas été sans embûches. « Quand on est une industrie, dans une friche industrielle, les assurances ne veulent pas suivre », déplore le dirigeant. « Heureusement, par l’intermédiaire de notre incubateur, nous avons rencontré les Assurances Castérot qui ont su nous accompagner dans notre démarche innovante ». La maîtrise du coût de l’énergie a été un autre défi de taille. « J’avais l’impression d’avoir une Mustang qui n’était pas maîtrisée », confie Laurent Villemin, soulignant la difficulté à piloter un poste de dépense aussi important, mais imprévisible. Enfin, « le financement a été un enjeu crucial, mais grâce à notre levée de fonds de 4 millions d’euros avec Yeast et le fonds ILP en septembre dernier, nous avons trouvé des partenaires qui partagent nos valeurs et comprennent notre métier d’industriel », témoigne l’entrepreneur. Dans cet exercice, il a pu compter sur le soutien de The Pool. « Laurent avait l’expérience dans l’industrie et les projets industriels, mais certains exercices sor-
taient de son champ d’expertise et il avait besoin d’échanges lors des grandes décisions : levée de fonds, investissements, développement des lignes de production » témoigne Martin Greder.
Sorti d’incubation après sa levée de fonds, Replace souhaite maintenant partager sa vision et son savoir-faire en étendant son modèle à d’autres régions et d’autres pays. « On a la volonté d’avoir un autre site en France et un autre à l’étranger », ambitionne Laurent Villemin. « On aura ainsi montré que le système est capable de s’exporter ailleurs sous contrôle ». L’entrepreneur voit même plus grand : « Tous les 200 km, il faudrait un atelier », imagine-t-il. Cette stratégie d’essaimage permettrait non seulement de valoriser les plastiques complexes à une échelle plus large, mais aussi de créer des emplois locaux et de réduire l’empreinte carbone du transport des matières.
« Nous avons été soutenus par des acteurs publics et privés, convaincus que notre démarche apporte une réponse concrète et viable aux enjeux environnementaux actuels », déclare Laurent Villemin. Le fondateur de Replace s’intéresse également aux enjeux sociétaux et entrepreneuriaux. « Un des points que j’adore dans mon métier, c’est de recruter des jeunes ou des personnes en reconversion. J’aide également des entrepreneurs qui m’appellent pour avoir des conseils », dit-il avec un œil qui pétille. Comme une consécration, il a été missionné par la Région Grand Est pour animer son nouveau programme en faveur de l’économie circulaire.
Le fondateur de Replace porte un regard positif sur l’avenir et tente de sensibiliser les générations futures aux défis de l’écologie et du recyclage. Dans une école maternelle de région parisienne, les enfants ont par exemple collecté des bouchons en plastique et des emballages alimentaires qui ont été transformés en tables de pique-nique dans leur cour de récréation. Voilà le genre d’histoire qui a du sens, celle que Laurent Villemin aime écrire. a
« NOUS AVONS ÉTÉ SOUTENUS PAR DES ACTEURS PUBLICS ET PRIVÉS, CONVAINCUS QUE NOTRE DÉMARCHE APPORTE UNE RÉPONSE CONCRÈTE ET VIABLE AUX ENJEUX
Entre décarbonation, plateforme indépendante et expertise
européenne, la start-up française Viridian est en passe de devenir un acteur majeur de la production de lithium en Europe.
La transition vers la mobilité électrique prend de l’ampleur en Europe, et avec elle, la demande en lithium, composant essentiel des batteries. C’est dans ce contexte que Rémy Welschinger, co-fondateur de Viridian, a vu l’opportunité de révolutionner la production de lithium sur le continent. Ce Français, installé à Londres depuis une vingtaine d’années, connaît très bien le marché des matières premières. Il a travaillé 15 ans dans des banques d’affaires avant de se consacrer au développement d’entreprises dans les domaines industriel et minier, notamment dans l’industrie du lithium.
C’est ainsi que naît l’idée de créer Viridian, une entreprise dédiée au développement de l’industrie du lithium en Europe. « Viridian signifie vert en latin, et notre entreprise a pour mission de développer l’industrie du futur, basée sur une économie verte et décarbonée », explique le fondateur. Pour concrétiser son projet, l’entrepreneur a pu compter sur l’expertise de ses associés. « Notre avantage est que nous étions matures dès la création de la société, car nous avons bénéficié de l’expertise rare et pointue de John et Dave, deux ingénieurs australiens ayant déjà construit des sites de production de lithium ».
De gauche à droite : Pierre Gourbeyre, directeur des opérations de Viridian, Remy Welschinger, co-fondateur, Laurence Levresse, directrice financière.
Viridian se démarque par une approche unique en deux points. D’une part, l’entreprise développe une usine qui combine le raffinage du lithium et la conversion du carbonate de lithium en hydroxyde de lithium, un procédé moins énergivore que les méthodes traditionnelles. « Nous sommes les premiers à porter ce type d’activité en Europe. Nous n’extrayons pas le lithium, mais nous intervenons pour en finir la production », précise Rémy Welschinger. D’autre part, Viridian mise sur une plateforme indépendante qui n’est pas liée à une ressource naturelle spécifique. Cette indépendance permet de sécuriser les matériaux critiques et
Rémy Welschinger, co-fondateur de Viridian
offre aux consommateurs de lithium un choix plus large sur la provenance de leur produit.
La France s’est imposée comme le choix naturel pour développer Viridian. « L’Europe sera la région la plus importante dans la transition vers la mobilité électrique. La France, avec des outils très efficaces comme la BPIfrance, est la destination la plus attractive d’Europe », explique Rémy Welschinger. L’entreprise a également été séduite par les régions industrielles du Grand Est et des Hauts de France, où elle a été invitée à s’implanter par Business France.
C’est finalement à Lauterbourg, dans le Bas-Rhin, que l’entreprise envisage de s’installer. « Lauterbourg offre des avantages avec une ZAC industrielle et un acteur chimique important, Dow Chemical, une infrastructure portuaire moderne avec porte-container et porte-colis lourds, et une interconnexion avec la route et le rail », explique Rémy Welschinger. « Cela nous permet d’avoir tout l’écosystème et l’infrastructure pour développer notre activité, notamment pour la logistique propre à notre métier : l’import et l’export de produits chimiques et de lithium », ajoute-t-il.
La société est aujourd’hui en phase de développement avancé, avec un
avant-projet définitif et un accompagnement par Technip, entreprise française spécialisée dans les projets d’ingénierie et de construction pour l’industrie de l’énergie. L’objectif est de mettre en service l’usine de Lauterbourg fin 2025, pour une production dès 2026. « Dans cette première phase, on parle d’une capacité de raffinage et de production du lithium de qualité batterie qui dépasserait les 25 000 tonnes par an », indique Rémy Welschinger. Avec une superficie de 20 hectares, le site de Lauterbourg sera capable d’accompagner la croissance de la demande jusqu’à quatre fois la taille initiale, soit plus de 100 000 tonnes par an. L’usine emploiera entre 60 et 70 personnes au début, principalement des techniciens, pour atteindre potentiellement 200 à 220 employés d’ici 2030.
Parmi les principaux enjeux du développement de Viridian, Rémy Welschinger souligne trois piliers essentiels : un besoin de financement important avec plus de 200 millions d’euros d’investissement, l’obtention des autorisations et du permis de construire, ainsi que l’ingénierie pour un projet bien défini et détaillé. En outre, l’entreprise doit sécuriser des contrats futurs qui garantissent un cash flow stable. « L’incubateur SEMIA et Quest for industry nous accompagnent dans nos démarches administratives,
dans l’accès aux aides financières et dans les relations avec les acteurs clés comme la Région Grand Est », indique le dirigeant. Il souligne également l’importance du rôle joué par l’incubateur dans le soutien aux projets industriels : « Ils ont fait le choix de ne pas avoir seulement la casquette classique d’un incubateur de start-up technologiques. Ils ont aussi fait le choix de se spécialiser dans l’industrie en développant des compétences dans ce secteur et en accompagnant des projets industriels dont certains sont très matures. C’est assez novateur et cela devrait inspirer d’autres incubateurs à le faire. »
Avec un marché en forte demande, une véritable expertise et un accompagnement adéquat, l’avenir semble prometteur pour Viridian. « Si on exécute bien le projet, on pourra nourrir l’ambition de devenir un acteur industriel important dans la région et même à l’échelle de l’Europe » se met à rêver Rémy Welschinger. Réaliste, il reconnaît toutefois qu’un travail conséquent les attend, mais se sent prêt à relever ce défi passionnant.
Fin 2022, le projet est devenu lauréat de l’appel à projets « Métaux Critiques » de France 2030, obtenant ainsi la reconnaissance de son caractère stratégique par l’État. a
« VIRIDIAN SIGNIFIE VERT EN LATIN, ET NOTRE ENTREPRISE A POUR MISSION DE DÉVELOPPER L’INDUSTRIE DU FUTUR, BASÉE SUR UNE ÉCONOMIE VERTE ET DÉCARBONÉE. »
Sanou Koura, c’est l’histoire d’une prise de conscience, d’un marché à prendre. C’est aussi l’histoire de deux collègues devenus amis, qui se lancent dans leur troisième aventure entrepreneuriale commune. Leur filon ? La réindustrialisation, avec une idée surprenante : valoriser la plus grande des mines de métaux européenne, la « mine urbaine ». Michel Trabuc est co-fondateur de Sanou Koura. Il illustre pour l’occasion l’expression « richesse du territoire ».
Il vous aura fallu attendre 2022 pour obtenir l’autorisation, par la Préfecture du Grand Est, d’ouvrir votre usine, mais votre projet se développe depuis bien plus longtemps.
En effet, depuis 2014, avec mon collègue Christian Thomas, nous travaillons avec notre société TND à la mise au point, avec de grands laboratoires, d’un procédé de valorisation des métaux. Il s’agit d’un projet mûri à l’aide de nos expériences.
Nous avons eu, dans les Ardennes, un excellent accueil ! Ardennes Développement nous soutient, notamment en matière de réseau et de contacts.
Nous avons aussi fait partie en 2022, des premiers lauréats de l’appel à projets du Plan France 2030 « Métaux Critiques ».
Ce projet est mû par des constats et un déclic. Quels sont-ils ?
Tout d’abord, la constatation que la réindustrialisation du Grand Est est nécessaire. Ensuite, pendant des années, tout ce qui était « sale » et faisait du bruit a eu tendance à être refusé sur les territoires. Résultat, nous sommes aujourd’hui dépendant d’autres espaces économiques pour nous fournir en matière d’industrie.
Puis, nous avons une véritable « mine urbaine » de déchets de métaux à portée de main, dans nos poubelles : composants électroniques issus de vieux téléphones, appareils électroniques, etc. Pour l’instant, ces déchets sont soit renvoyés en Asie, soit ils finissent enterrés en Afrique.
Quel sens cela a-t-il de faire venir du minerai de l’autre bout de la planète, pour le traiter en France ?
Nous avons les poubelles les plus riches de la planète, autant les exploiter !
Quant au déclic, Christian Thomas et moi travaillions dans une des dernières industries métallurgiques de France. Il n’y en a plus beaucoup, et en Allemagne la dernière petite usine productrice de tantale a été rachetée par une entreprise japonaise. Résultat, le marché est libre.
Afin d’accomplir notre transition industrielle, nous avons besoin de cuivre, de tantale justement, de cobalt aussi et de palladium… Et nous n’avons pas de mines en Europe. Il s’agit donc d’aller nous servir dans nos fameux déchets. Sanou Koura a pour but de devenir un gros producteur de ces éléments, par la revalorisation. Pour information, notre procédé ne dégradant pas les métaux, ils restent alignés sur leur cours en bourse pour le prix de revente.
En parlant du coût des métaux, et de marché, vous êtes aussi en cours de financement. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Nous sommes en effet à la recherche d’investisseurs, même si nous sommes conscients qu’il y aura forcément une part de dette, nous devons rassembler un capital total de 50 millions d’euros, à l’orée de septembre 2023.
Certains ont d’ailleurs déjà manifesté leur intérêt, ce qui s’explique par l’attractivité de notre projet. Le marché est en attente de métaux recyclés. Notamment la bijouterie, pour pouvoir toucher leurs consommateurs avec des certifications plus humaines. Mais pas seulement. Si l’on pense au cobalt, son extraction
induit quasi systématiquement un impact social et humain délétère. Avoir une possibilité d’achat en France constitue donc une véritable avancée. Nous espérons ainsi devenir leader du marché européen des métaux rares.
Sanou Koura ne se résume pas uniquement à un projet industriel. Il inclut également de la Green Tech, et sur ce point vous êtes allé jusqu’au bout de votre raisonnement.
S’installer dans les Ardennes était un choix en phase avec notre volonté de réindustrialisation. Cependant, nous avons pris des mesures pour préserver les terres agricoles lors de notre implantation, en veillant à ne pas les occuper. Ensuite, nous avons pensé notre usine à énergie positive, c’est-à-dire qu’elle ne consommera pas d’énergie et fonctionnera en autonomie. Une fois les métaux récupérés, ils seront enfournés pour les débarrasser des restes de plastiques. La gazéification brûlera et turbinera pour produire en fin de course de l’électricité. Dans la même logique d’autonomie, notre circuit d’eau sera fermé. L’idée est d’utiliser le minimum de ressources possible. Une optimisation des procédés sera faite en mettant en place un système de traitement des eaux qui permettra d’avoir de l’eau assez pure pour l’usage industriel, ou en réduisant les rejets de dioxyde de carbone dans l’air. Une attention particulière sera ainsi portée à l’environnement. Pour faire de la Green Tech, appliquer les normes en cours ne suffit pas. Il faut voir dix ans plus loin, et c’est ce que nous ferons. a
« AVOIR UNE POSSIBILITÉ D’ACHAT EN FRANCE CONSTITUE DONC UNE VÉRITABLE
Manuel Milliery, fondateur de Papkot, a développé une solution complexe mêlant data, IA, et chimie, pour parvenir à son but : la fin du plastique.
Manuel Milliery, le fondateur de Papkot, a travaillé pendant dix-neuf ans dans le conseil avant de se lancer dans le domaine de l’IA, de la réalité virtuelle et du machine learning. Salarié par la suite chez Samsung, il aspirait cependant à se lancer dans un projet lui permettant d’avoir un impact positif sur la société plus significatif. Papkot, c’est l’aboutissement de cette quête. Tout commence par un bénin incident d’emballage…
n jour, en faisant du vélo et en mangeant une barre de céréales, j’ai voulu ranger dans ma poche arrière l’emballage plastique de cette dernière. Arrivé chez moi, je ne l’avais plus ! », se souvient Manuel Milliery. « J’étais dans une phase de remise en question, et lors de cet incident j’ai réfléchi aux conséquences que ce bout de plastique, et par extension le cumul des déchets plastiques en général, pouvaient causer : les maladies dues à la pollution comme certains cancers, la contamination des océans, etc. ». Il réalise alors que tous les emballages, même papier, sont associés soit à de l’aluminium « pour briller, attirer l’œil, être esthétique », soit à du plastique « parce que le papier est un aimant à odeurs, gras, etc. ». Papkot voit le jour, en 2020, des suites de ces réflexions.
Avec ses propriétés seules, le papier ne peut être la simple et directe réponse au problème qui s’impose à Manuel Milliery. Pour autant, il a la conviction que se passer de plastique est possible. Il cherche alors du côté de la chimie moléculaire et de la science des matériaux. À l’aide de bases de données, pour calibrer au mieux les réactions et molécules, il jette son dévolu sur le verre : « j’ai tokenisé (matérialiser des actifs réels en version digitale – ndlr) le processus chimique pour automatiser la R&D et produire mieux », sourit-il. Suite à ses recherches, il trouve qu’en recouvrant la surface du papier avec du verre liquide (matériau aux propriétés barrière), il est possible d’obtenir un nouveau matériau, qui est cette fois recyclable et biodégradable. Quoi de mieux pour remplacer par exemple les gobelets ? En l’occurrence, sur ce premier produit, l’idée est de le commercialiser en lieu et place des gobelets jetables actuels (600 millions de gobelets sont produits par jour dans le monde).
Papkot répond à la demande écolo-
gique avec du totalement recyclable et du biodégradable.
Très conscient de l’environnement, Manuel Milliery veut préserver la nature autant que possible. Il se souvient « de vacances en Suisse, enfant, où il a remarqué les différences en matière de recyclage avec l’Italie : le premier triait tout, le second enterrait ses déchets jusqu’en 2010 ». Autre point notable, à ses yeux, les emballages des produits courants tels que les crèmes, les shampoings ou encore les dentifrices, contiennent souvent du plastique avec des composants toxiques. Cela renforce encore sa détermination à trouver une alternative plus saine.
En complément du recyclage qui est de plus en plus préconisé et réglementé dans les villes, il souhaite avancer sur la biodégradabilité, dans le but « de faire mieux », de viser une biodégradabilité parfaite : « nos produits peuvent se manger : ce qui n’est pas nocif pour nous, ne peut l’être pour la nature ».
Changer de technologie est souvent synonyme d’investissement en matériel. Ce qui engendre irrémédiablement des coûts, et donc une frilosité de la part de potentiels clients. Papkot y a pensé. Le tirage de son papier ne nécessite pas de modification du processus du client et « peut se faire sur les mêmes machines ».
Pratique, économique, la solution encourage la transition écologique des entreprises. Cette solution lui permet de travailler en France et aux États-Unis avec de grandes entreprises agro-alimentaires telles que Danone, McDonald’s et Mars, entre autres.
Sur ce même principe d’économie en vue d’écologie, il développe également
des contre-étiquettes réutilisables, en y ajoutant de la cellulose, qui permet de ne pas absorber la colle.
Ce qui rend l’entreprise viable, c’est aussi sa gestion économe. « J’ai mis 1 000 euros au départ, et réduit le coût de lancement au strict minimum », explique Manuel Milliery.
L’activité de la start-up strasbourgeoise, avec plusieurs brevets déposés, repose sur un algorithme innovant permettant de déterminer les réactifs et les processus adaptés pour chaque emballage et chaque usage. IA et data notamment sont mêlées à la fabrication, ce qui permet à Papkot de proposer deux modèles commerciaux différents : d’un côté, du développement sur mesure pour des clients souhaitant bénéficier d’une recette d’emballage ou de solution de revêtement exclusive, et de l’autre, la vente du revêtement liquide par tonne, produit par un sous-traitant basé près de Rouen et applicable sur du papier, à la façon d’un vernis. Les résultats sont présents : l’entreprise prévoit de tripler son chiffre d’affaires de 2022 sur le premier trimestre 2023.
En 2023, Papkot prévoit d’augmenter sa production en étendant sa sous-traitance industrielle. De nouveaux produits sont sur les rails, comme des barquettes, boîtes de burgers et autres contenants alimentaires fabriqués avec du plastique, mais également des couverts, notamment pour les compagnies aériennes.
L’entreprise a pour but de remplacer autant de plastique que possible. Après les États-Unis, sa prochaine phase de développement consistera à s’implanter en Chine. a
La Région Grand Est soutient un écosystème en constante évolution en matière d’industrie. Troisième région de France industrielle en termes d’emplois, son attractivité s’affirme jusque chez ses voisins européens. À Grand E-Nov+, l’agence d’innovation et de prospection internationale, née de la Région et de la CCI, de nombreux choix ont été faits pour développer cette attractivité.
La Région Grand Est, à travers de multiples dispositifs et structures, encourage le développement industriel. Avec le GET Industrie et le pôle Invest Eastern France, quels sont les soutiens offerts à l’innovation industrielle ?
La Région se mobilise financièrement. C’est un atout puisque, d’après le bilan Business France 2022 sur les investissements étrangers en France, 150 nouveaux projets d’entreprises étrangères, dont 83 nouvelles implantations, ont vu le jour chez nous. Ceux-ci ont permis la création ou le maintien de près de 4 800 emplois. L’Allemagne est à l’origine de 18 % d’entre eux, suivie par les Pays-Bas, La Suisse et l’Italie notamment. Les liens transfrontaliers du Grand Est sont moteurs.
L’aspect dynamique des réseaux est apprécié par les industriels dans leur phase d’implantation. La capacité de mobilisation des acteurs (Région, Préfecture, IEF – Invest Eastern France, Agences de développement économique locales, DREAL etc.) est décisive dans les prises de décisions des investisseurs.
Le projet GET s’inscrit dans le plan de transformation Business Act II de la Région.
À l’issue du premier plan de relance, trois grandes accélérations à opérer ont été identifiées : la transition numérique, l’industrie « 5 .0 » et la transition environnementale. Ce second plan intègre un quatrième défi, celui de la santé.
L’écosystème d’innovation est un réseau composé de partenaires. Nous avons parlé de la Région, bien sûr, mais quels sont les autres ?
Notre territoire compte de nombreux acteurs œuvrant en synergie autour de l’innovation.
Les SATT valorisent les connaissances et technologies issues des laboratoires de recherche de leur territoire. Les incubateurs d’excellence de la Région, tels que ceux du réseau Quest for change, accompagnent la structuration des projets de création d’entreprise innovante.
En matière de prospection internationale, les équipes d’Invest Eastern France (IEF) travaillent auprès de communautés d’entreprises intéressées à développer leurs projets en région. Nous nous appuyons également sur d’autres partenaires tels que des réseaux d’affaires,
Thomas Amstoutz à gauche, est responsable du pôle Grand Est Transformation (GET) Industrie, Philippe Tandeau de Marsac est directeur du pôle Invest Eastern France pour Grand E-Nov+. Ils illustrent les points clés du rayonnement industriel du territoire.
mais aussi de Business France. Leurs relais à l’étranger permettent d’identifier des opportunités d’investissements sur le territoire. IEF peut également compter sur le réseau local des Agences de développement économique...
Nous sollicitons, au besoin, les membres du Comité Stratégique, des Entreprises Innovantes (COSEI), un club animé par Grand E-Nov+ qui réunit des entreprises innovantes, grands groupes et ETI du Grand Est, parmi lesquels par exemple Bürkert, De Dietrich, Baccarat, Total Énergie, La Poste, AG2R La Mondiale, SNCF. Sans oublier des Universités, des laboratoires, etc.
Nous bénéficions également de plusieurs pôles de compétitivité :
• BioValley France, pour les innovations thérapeutiques et le développement de nouveaux médicaments, et sur l’imagerie et la robotique médicale et chirurgicale.
• Véhicule du futur, pour le véhicule urbain ou périurbain, et sur l’organisation des mobilités dans une perspective de développement durable.
• Fibres Energivie, pour les matériaux et bâtiments durables.
• Hydreos, sur le développement de produits et services novateurs autour de la qualité de l’eau et des écosystèmes.
• Materalia, dédié aux matériaux et procédés.
• Bioeconomy for Change, spécialisé sur les agroressources et leur transformation industrielle.
La Région dispose, en somme, de tous les chaînons d’accompagnement possible. Que rajouter sur les avantages du choix d’installation d’un projet industriel dans le Grand Est ?
Grand E-Nov+ et la Région se positionnent sur les enjeux actuels de transition et de transformation, cela compte.
Dans la continuité du soutien du réseau SATT lors de l’étape de maturation des projets concernés, et de l’accompagnement des incubateurs tels que Quest for change, Grand E-Nov+ propose aux start-up en croissance de bénéficier d’un accompagnement dédié à travers le programme Scal’E-Nov, l’accélérateur de start-up du Grand Est. Mis en place en 2019, Scal’E-Nov accompagne aujourd’hui
plus de 80 start-up, dont 30 % sont à vocation industrielle.
Nous intégrons aussi les start-up venues d’autres régions en accélération rapide, sur le programme Fast-track, au sein de Scal’E-Nov. Il suffit qu’elles souhaitent s’installer et qu’elles génèrent à l’avenir une réelle valeur ajoutée sur le territoire en termes d’emplois et de technologies. C’est un dispositif unique en France.
Le Grand Est, c’est aussi 2400 entreprises à capitaux étrangers et plus de 135 000 emplois générés. Et c’est surtout une position géographique centrale avantageuse qui facilite l’accès à des donneurs d’ordres et amène plus de proximité avec les clients.
Enfin, les offreurs de solutions innovantes, prêts à accompagner les entreprises dans leurs projets de transformation, sont bien présents dans la région. Il est possible de les retrouver sur la nouvelle plateforme en ligne Grand Est Transformation, qui regroupe les services et solutions qu’ils proposent (plateforme lancée lors du 360 Grand Est du 23 juin 2023, avec la participation des offreurs de solutions à l’événement). a
Patrick Saffioti est fondateur de Cool Clean Researches and technologies (CCRT). Il s’est installé dans le Grand Est après l’acquisition de locaux, dans la Marne. Il a créé CCRT en 2019, dans une optique de valorisation des gypses et plaques de plâtre, deux matériaux issus des mondes agricoles et industriels.
i nous parlons de phosphogypse, c’est-à-dire du déchet issu de la production d’acide phosphorique, nous avons une tonne produite pour cinq tonnes de déchets. La valorisation de ce matériau est une mine d’or encore inexploitée ». C’est en ces termes que Patrick Saffioti introduit l’un des pans d’activité de CCRT. En discussion avec de grands groupes chimiques pour des test sur l’isolation, le traitement et la conservation de la partie gypse de ce rejet, CCRT est en phase de certification. En 2021, via l’avocat d’affaires du groupe, il entre en contact avec Quest for change. Dans le même temps, alors basé dans le Sud-Est, un complexe de 6500 m2 lui est proposé à FèreChampenoise, dans la Marne.
« Nous avons été chaleureusement reçus par Quest for change et par la Région, très engagée dans le développement de l’industrie. Entre les apports financiers, le soutien, l’écosystème et le réseau, il n’y a pas eu d’hésitation. Difficile de nos jours d’implanter une industrie et d’être aussi bien entouré », se souvient le fondateur de la SAS CCRT.
Parmi les aides obtenues, Patrick Saffioti cite notamment « l’aide à l’emploi » pour un recrutement de doctorants et de post-doctorants, mais aussi « la bourse Régionale (du Grand Est) start-up » et « l’entrée de la Bpifrance, à hauteur de 250 000 euros, en obligations convertibles dans la société ».
À Fère-Champenoise, « nos locaux sont de pleins pieds, avec un accès pour les transporteurs routiers ». Un détail non négligeable pour cette industrie qui a pour but de s’exporter mondialement sous format de micro-usines. Cela permet aussi de redynamiser économiquement un secteur, ce qui apporte à CCRT un soutien des acteurs économiques locaux.
« Notre entreprise est née de l’idée de chercheurs ukrainiens. Mais, avec la guerre, nous avons dû développer l’entreprise en France », explique le fondateur de CCRT. Trois des associés sont ukrainiens. Un professeur d’Université, docteur en Sciences, un ingénieur mécanique dont le métier est de créer des usines, et la compagne de M. Saffioti, ingénieure informatique : une équipe à la fois européenne et complémentaire.
Être basé dans le Grand Est, c’est être ouvert sur l’Europe tout en étant à proximité de Paris. Les mises en relation se font plus aisément.
C’est aussi un avantage majeur pour le développement de leur concept d’usine conteneurisée déplaçable. La distribution de ces micro-usines se trouve parfaitement placée pour traiter les demandes à l’échelle mondiale, facteur non négligeable puisque les gisements de phosphogypse à exploiter ne se trouvent pas en France. La localisation géographique de la région champenoise en fait un centre névralgique pour la fabrication, puis la distribution des micro-usines vers l’Europe. a
« NOUS AVONS DE BELLES HISTOIRES DE PARTENARIATS GRÂCE À QUEST FOR CHANGE. »
Oiginaire de Metz, David Chquiry a toujours été attaché à sa région. Il y a fait ses études et sa carrière. C’est donc naturellement qu’il y a développé son projet de lampadaires solaires intelligents. « On nous a fait confiance dès le début, avec notre incubation à The Pool et la bourse Start-up notamment », explique l’entrepreneur.
Au-delà d’aides financières comme Be Est Export, la Région Grand Est a surtout contribué à la visibilité internationale de son innovation en lui permettant de participer à des salons prestigieux, tels que le CES de Las Vegas ou plus récemment le GITEX de Dubaï. Cette opportunité lui a permis de rencontrer des partenaires majeurs au Moyen-Orient, tels que DEWA,
Green Tech Innovations développe des lampadaires solaires intelligents. Si la start-up possède de nombreux ingrédients pour réussir, elle a pu compter sur le soutien d’un écosystème bienveillant pour faire émerger et
l’entreprise nationale d’électricité, et ALEC, une société de construction renommée. « Ces acteurs souhaitent inclure notre solution d’éclairage intelligent dans leurs réflexions sur les Smart Cities. Nous avons des projets pilotes qui vont démarrer courant juin », se réjouit David Chquiry.
La solution Solar E-Light de Green Tech Innovations a également été labellisée par Solar Impulse grâce à un partenariat entre la fondation, l’ADEME et la Région dans le cadre du programme Climaxion. Une bonne initiative pour soutenir les projets à impact environnemental qui devrait en amener d’autres selon David Chquiry. « La question environnementale n’est plus une option. On a des pépites technologiques sur le territoire qu’il faut
accompagner pour créer des champions », insiste-t-il. L’arrivée de Quest for industry, filière d’incubation dédiée à l’industrie, est une bonne réponse selon lui. « Ils ont su décrypter les besoins, notamment en matière d’investissement, de recrutement et de mise en relation », nous dit-il.
La collaboration avec des acteurs locaux est justement au cœur de la stratégie de Green Tech Innovations. C’est ainsi que la start-up s’est rapprochée de la filière champenoise de production de chanvre, leader en Europe, pour fabriquer la structure de la tête de luminaire en fibre végétale, réduisant encore plus l’empreinte carbone de sa solution. La coopération avec d’autres entreprises incubées chez The Pool, comme Replace et Holimaker, témoigne également de la volonté d’échange et d’entraide entre entrepreneurs.
Fier de ses racines et désireux de contribuer à l’économie locale, David Chquiry souhaite désormais développer un outil industriel dans la région dès l’année prochaine et embaucher une cinquantaine de personnes, pour la plupart ingénieurs. Il compte sur le soutien régional, essentiel selon lui au succès d’un projet industriel innovant. « C’est quoi l’industrie Made in Grand Est ? Ce doit être une industrie 5.0 », affirme-t-il, mettant en avant l’importance de l’humain, de l’usine connectée et de l’écoresponsabilité. a
Fadwa Sube est présidente – stratégie & financement –d’EuroProd, start-up industrielle Deep tech co-fondée par Soverency et DotVision.
Propulsée en 2022, EuroProd est emblématique de la dynamique de réindustrialisation des territoires en misant sur les technologies de rupture, les « DeepTech ». Ses capteurs IoT (Internet des objets), associés à une plateforme logicielle utilisant les algorithmes et l’intelligence artificielle, sont des atouts pour la souveraineté des données et la décarbonation des territoires. Fadwa Sube nous explicite son projet.
Revenons d’abord sur les sociétés co-fondatrices d’EuroProd. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Soverency est une société au croisement du capital-innovation et du développement responsable des territoires, par laquelle nous agissons en structurant, finançant et valorisant des actifs
industriels, numériques et environnementaux. DotVision est une PME pointue disposant d’une haute expertise technologique depuis plus de 10 ans dans l’IoT pour les domaines civil, militaire, industriel et gouvernemental.
Quel contexte motive la création d’EuroProd ?
EuroProd est née de plusieurs constats : les instruments financiers proposés au nouveau monde des start-up industrielles en amorçage ne sont pas assez bien adaptés à leur problématique propre. Et il est nécessaire de relocaliser les chaînes de production tout en s’engageant sur la voie de la décarbonation partout en France. Outre les gigafactories qui sont là pour adresser des marchés de masse, il faudra des micro-industries dispatchées aux différents points cardinaux de la France pour rapprocher lieu de production et lieu de consommation, en mode flux tendu et juste-à-temps, avec le plus faible bilan carbone possible.
Concevoir, développer et produire des capteurs communicants prend tout son sens dès lors que la plupart de ces capteurs sont produits en Asie et que les données qu’ils remontent sont stockées dans des clouds partout dans le monde.
Les capteurs EuroProd permettent aux villes, aux bâtiments, aux infrastructures, aux surfaces agricoles ou boisées, de rendre les biens industriels commu-
nicants, notamment pour mieux gérer la consommation d’eau et d’énergie, assurer la maintenance prédictive des machines et du bâti, optimiser la chaîne logistique.
Vous avez fait le choix de vous installer à Bar-sur-Aube, en Sud Champagne, pourquoi ?
Implanter notre unité de production à Bar-sur-Aube découle de notre volonté de développement et de revitalisation industrielle des territoires, fortement soutenue par la sénatrice de l’Aube Vanina PaoliGagin – qui a conduit une Mission d’Information au Sénat sur ce sujet – et par les collectivités territoriales et acteurs aubois du développement économique. Nous sommes ainsi plus proches des filières principales pour lesquelles et avec lesquelles nous allons concevoir pour produire, ce qui nous permet de nous adapter plus facilement, de nous dédier à leurs problématiques en les appréhendant globalement. Notre première unité pilote de production a été lancée et, malgré les déboires liés aux difficultés d’approvisionnement en composants, nous sommes prêts. Nous avons déjà livré les premiers lots de Spoony, le capteur « sobriété énergétique » phare de DotVision.
Le projet n’en est qu’à ses débuts, quelles sont les suites envisagées pour EuroProd en matière de recrutement et de développement ?
Nous avons à cœur de dynamiser le territoire, et cela ne se fera pas sans passer par l’emploi. Aujourd’hui, EuroProd compte moins d’une dizaine d’employés. Nous souhaitons, en fonction de notre développement, doubler cet effectif. Ainsi, nous nous orientons vers la formation et l’embauche de jeunes, notamment en BTS, bac pro, formation continue ou alternance, mais aussi des ingénieurs et des docteurs. La diversification est primordiale. Pour la suite, nous souhaitons pouvoir stocker nous-mêmes les données sur l’installation champenoise. Et, à l’horizon 2024, nous essaimerons dans le Grand Ouest et vers Nantes, sur le modèle de hubs industriels régionaux décrits précédemment.
Et si nous devions lever une coupe de champagne ?
Il faudrait le faire au soutien, notamment financier, pour l’implantation de sites pilotes et la mutualisation de capacités préindustrielles au profit des start-up, qui sont des clés pour la réussite de leur industrialisation. Nous nous positionnons pour devenir partenaires « première usine » des start-up industrielles, en matière de capteurs communicants et de mécatronique, pour travailler avec elles sur le lancement de leurs premières séries. Et nous avons hâte de déployer des réseaux de capteurs dans un vignoble de… Champagne de l’Aube ! a
« IMPLANTER NOTRE UNITÉ DE PRODUCTION À BAR-SUR-AUBE DÉCOULE DE NOTRE VOLONTÉ DE DÉVELOPPEMENT ET DE REVITALISATION INDUSTRIELLE DES TERRITOIRES. »
Claude Sturni est Vice-Président du Conseil Régional en charge de développement économique. Aussi Président de la communauté d’agglomération et Maire de Haguenau, il s’est forgé de fortes convictions sur l’importance de l’innovation pour assurer le renouvellement du tissu industriel, la création d’emplois et le développement d’activités. Ses 20 ans passés dans l’industrie, chez Merck, n’y sont pas étrangers non plus. Échanges autour de sa détermination à stimuler l’innovation dans la région.
Votre expérience vous amène à considérer l’innovation comme un levier particulièrement stratégique pour le développement économique du territoire, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Je suis convaincu que les atouts de notre région ont constamment besoin d’être revitalisés (pour rester des atouts). Tout comme dans la vie personnelle, la vie économique d’une entreprise connaît des hauts et des bas, innover est vital.
Au sein de la Région Grand Est, nous travaillons sur notre nouveau schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Nous nous appuyons sur un certain nombre de constats du Business Act, le plan de relance construit avec les acteurs publics et privés du territoire pendant la crise sanitaire. 1000 acteurs se sont mobilisés.
Les nombreuses structures partenaires d’innovation soutenues par la Région et les nombreuses aides financières mises en œuvre jusqu’à ce jour témoignent de notre engagement sur le sujet de l’innovation.
Dans votre réflexion, sur quels atouts considérez-vous que nous pouvons chercher à capitaliser en particulier ?
Nous sommes une région à la culture industrielle affirmée, avec de nombreux sites de production. Nous occupons la troisième place du podium en France en nombre d’établissements industriels présents en région. Cette position s’affirme et progresse, nous avons la chance d’être une région particulièrement attractive pour les entreprises.
L’image que renvoie le Grand Est est celle d’une région au cœur de l’Europe, avec des voisins comme la Suisse, l’Allemagne, la Belgique ou le Luxembourg qui ouvrent aussi des opportunités. En 2022, 150 décisions d’investissement étrangers ont été prises, induisant la création de 5000 emplois. C’est 17 % de plus qu’en
2021, qui était déjà une bonne année. Ces entreprises exogènes relèvent la qualité de l’accueil proposé, ce avec l’aide, entre autres, des agences développement et de Grand E-Nov+. Nous mettons aussi en avant notre écosystème régional d’innovation et les start-up du territoire. Une entreprise exogène recherche un marché, des compétences, des fournisseurs et un écosystème bienveillant. Elle stimule le territoire en amenant du sang neuf, une culture parfois plus forte d’innovation, et peut déboucher sur la création de nouveaux liens avec les établissements de formation et d’enseignement supérieur, les laboratoires de recherche académique ou les start-up par exemple.
Nous disposons de pôles de compétitivité qui peuvent être des marqueurs des territoires et des activateurs de collaborations entre ces différents acteurs. Nous souhaitons d’ailleurs qu’ils continuent de travailler avec l’ensemble de la région et les grappes d’activités reliables (au-delà de leur territoire d’implantation locale).
Nous devons aussi être fiers de nos 5 universités, 180 laboratoires de recherche, plus de 200 000 étudiants, dont 30 000 étrangers. Autant de compétences, de connaissances, de potentiels technologiques, d’innovation et de développement économique, à valoriser davantage.
Évidemment, nous sommes heureux de pouvoir compter sur des incubateurs labellisés sur la base d’un cahier des charges élaboré par la Région Grand Est, dans le but d’assurer un niveau d’exigences maximales de l’accompagnement auprès des start-up.
Nous avons donc de nombreux atouts pour stimuler l’innovation dans l’industrie. Quels sont les principaux défis que vous identifiez pour aller encore plus loin sur ces bases ?
Notre culture industrielle est plus forte que notre culture de l’innovation, cela
s’explique par l’histoire de notre région. Nous savons que la part de R&D privée reste inférieure à celle d’autres régions. C’est un sujet que nous souhaitons développer. Nous voulons aussi stimuler les collaborations entre laboratoires de recherche publique, entreprises industrielles, start-up et offreurs de solutions (des spécialistes de l’innovation et des technologies pour l’industrie du futur qui se sont fédérés au sein d’une communauté). Elles ne sont pas un réflexe aujourd’hui, bien qu’elles se développent déjà.
Quest for industry (QFI) c’est un signal que l’industrie est un marqueur fort de notre région, que nous avons envie d’industrie, que nous voulons stimuler et soutenir son renouvellement. C’est aussi la fierté de pouvoir valoriser l’existant et son potentiel. QFI va soutenir l’attractivité du territoire tout en soutenant le développement et le renouvellement de l’industrie par l’innovation. a
CLEFS DU GRAND EST
• 3e région la plus industrialisée de France.
• 7 000 entreprises industrielles présentes.
• 299 000 salariés employés dans l’industrie.
• 8,7 % des investissements étrangers à destination de la France réalisés dans la Région Grand Est.
• 50 projets d’innovation accompagnés par la Région Grand Est en 2022 afin d’amplifier la décarbonation de l’économie, dont 34 concernent des start-up régionales.
Sources : UIMM Lorraine ou Région Grand Est.
La majorité des entrepreneurs débute avec ses propres ressources. Les solutions bancaires, les Business Angels, des aides régionales ou nationales peuvent suivre, selon les projets et leur stade de développement. Il est nécessaire de bien définir sa stratégie de financement, Quest for industry est là pour y aider. Zoom ici sur quelques structures de financements à découvrir pour lancer et développer son projet.
Khelaf Idiri est responsable innovation au CIC EST. En poste depuis la création de la filière en 2019, il est à la tête de l’équipe chargée d’accompagner les entreprises innovantes sur la région. Une tâche qui diffère du conseil bancaire classique. Comment
l’équipe dédiée du CIC Est s’engaget-elle auprès de l’écosystème de l’innovation ? Réponses avec Khelaf Idiri.
En tant qu’entrepreneur industriel (ou non), lorsqu’on s’adresse à une banque, il faut cocher certaines cases. Au CIC Est, quelles sont-elles ?
Pour nous, l’entreprise doit correspondre au groupe et à ses valeurs. Tout ce qui touche à l’écologie, à l’inclusion, et à la solidarité sont des projets qui nous tiennent plus particulièrement à cœur. Évidemment, il faut que ledit projet soit viable et qu’il ait du potentiel. Comme il est difficile d’en juger seul, nous accordons une attention particulière à l’avis de l’écosystème : si une start-up est soutenue par un incubateur ou si elle remporte un prix régional par exemple, cela est un signe positif.
Une fois passée cette étape, quels sont les accompagnements financiers disponibles, et de quels dispositifs particuliers êtes-vous dotés ?
Nous avons tout un éventail de propositions et nous sommes adaptables. Du prêt entreprise innovante (réservé aux entreprises innovantes de plus de 3 ans avec un certain chiffre d’affaires), au financement à destination des entreprises plus jeunes avec différés de remboursements, nous étudions chaque dossier au cas par cas.
Notons aussi l’existence de Capital Grand Est, dont nous sommes premier actionnaire privé, qui injecte du financement et entre au capital – temporairement ou non – de l’entreprise. Crédit Mutuel Innovation, une filiale du groupe
Crédit Mutuel Alliance fédérale, investit par ailleurs au capital de grandes entreprises, sur des montants de plusieurs millions.
S’ajoute à cela un appel à projets annuel avec une dotation pour récompenser les start-up les plus prometteuses. Nous remettons des prix 10 000 euros dans trois catégories : Start, Scale et Impact. La finale nationale offre le double de ce prix.
Le Grand Est bénéficie d’une multitude de solutions d’accompagnement, comment se positionne le CIC Est dans son écosystème innovation ?
Notre rôle se situe dans l’accompagnement de la partie financement et sur des sujets connexes, comme les ressources humaines : des solutions existent pour attirer des talents ou pour conserver des collaborateurs au moyen d’actionnariat salarié, par exemple. De même, pour une start-up souhaitant se tourner vers l’international, notre réseau est un support. Nous pouvons aussi mettre en relation nos clients avec des entités du groupe à la recherche de solutions ou avec d’autres clients, via notre kiosque à services (nous avons 25 millions de clients).
Nous avons la chance dans le Grand Est d’avoir un maillage propice à l’innovation et en cela, avec nos partenaires dont font partie Quest for change et Scal’E-nov, nous sommes complémentaires et fonctionnons de concert. a
Bpifrance se renouvelle en permanence, notamment en ce qui concerne l’industrie. Pour le territoire du Grand Est, Bernard Nicaise, Ludovic Pouget, et Alban Stamm, respectivement directeur Réseau, directeur Régional et délégué Innovation chez Bpifrance, évoquent les solutions de financement qui s’offrent aux industriels.
La Banque Publique d’Investissement (BPI) a pour mission le financement et le développement des entreprises. La Caisse des Dépôts, en la personne de Nicolas Dufourcq, en assure la Présidence et détient son capital. Elle est supervisée par la Banque centrale européenne. Les ressources de cette dernière proviennent en majorité des marchés financiers et d’investisseurs privés. C’est ce montage qui lui permet un financement des industries.
Afin d’accompagner l’émergence de nouveaux types de projets industriels, Bpifrance revoit et adapte sans cesse son offre. « Aujourd’hui, les industriels et start-up industrielles ont un besoin de financement sur de l’immatériel, c’est-àdire de la Recherche et Développement (R&D), des questions de propriété intellectuelle, de la communication, etc. ». Bpifrance propose une diversité d’outils en conséquence.
Le Grand Est, comme le territoire national, adapte son offre à l’ère du temps en matière d’industrie. De haut en bas : Bernard Nicaise, Ludovic Pouget, Alban Stamm, Bpifrance.
Après étude avec un chargé d’affaires, trois types de solutions s’offrent aux entrepreneurs : les prêts sans garantie, non affectés et patients – ces prêts n’ont pas de ligne de dépense obligatoire établie et leur durée peut s’étendre de 5 à 15 ans. L’accès à un arsenal de plus de 300 solutions de financements directs ou indirects, ou encore
un fonds d’investissement, le SPI ou « Sociétés de Projets Industriels », investisseur avisé et minoritaire, qui concentre son action sur la phase d’industrialisation d’une technologie innovante. Dans le Grand Est, une cinquantaine d’entreprises accueille Bpifrance dans leur capital.
Un accompagnement et des opérations de conseils sont réalisés auprès des industriels : « Challenger les chefs d’entreprise, c’est transformer leurs projets en succès ». Des audits leur permettent ainsi de se former, et d’analyser leurs possibilités. Ces missions sont effectuées par des consultants sélectionnés, en sous-traitance.
Les industriels, au stade de jeune pousse, peuvent aussi prétendre à intégrer pour un à deux ans un accélérateur. L’accélération repose sur un programme intensif et sur mesure visant à structurer l’entreprise en profondeur pour révéler son potentiel. 25 programmes, dont 75 % sont à destination des industriels, leur sont ouverts.
S’ajoute à cela, un travail avec les acteurs et dispositifs de la Région Grand Est comme par exemple Scal’E-Nov, les banques du territoire et Grand E-Nov+.
« Nous consacrons 25 % de nos crédits, 70 % de notre financement de l’innovation, 70 % de nos actions de conseil et 70 % de Fonds Propres à l’industrie », concluent les représentants de la branche Grand Est. a
« CHALLENGER », FORMER ET S’ENTOURER POUR MENER DES PROJETS À BIEN
Associé chez Demeter Investments Managers, Cyrille Cabaret s’occupe de la partie « venture » des financements, c’est-à-dire des jeunes entreprises tout juste écloses. Il les dirige à leurs débuts vers des fonds d’investissement correspondants à leur activité. La solution proposée par Demeter permet un financement des start-up avec une entrée au capital. Elle diffère en cela d’une banque d’affaires.
Chez Demeter, nous sommes positionnés depuis notre création en 2005 sur tout ce qui relève de la transition énergétique. Nous travaillons notamment sur les infrastructures d’énergies renouvelables comme les parcs éoliens ou les installations photovoltaïques », présente Cyrille Cabaret. « En tant que société de gestion, nous avons divers fonds actifs, avec des thématiques rattachées ». Agro-innovation, viticulture, économie circulaire… sont autant de sujets cadrés par ces fonds.
Ce que propose la société, c’est de l’Equity, c’est-à-dire des actions au capital de la société sur quelques années. Certains fonds ont des durées de vie de dix ou douze ans, ce qui permet pour des projets plus longs, comme dans le domaine industriel, de se développer. Une option d’obligations, convertibles à terme au capital, est possible. La société a plus de 250 investissements à son actif.
« Nous sommes connus dans le milieu, les entrepreneurs nous envoient donc directement leur dossier ». Demeter est
en effet associée à des sociétés comme Ynsect, une « licorne » qui produit des insectes pour leurs protéines, Solaire Direct, Fermentalg, Naïo Technologies, ou encore dans le réseau Quest for change, à Sirfull (solutions SaaS industrie) ou à Defymed (santé) par exemple. La détection s’effectue également à travers l’écosystème. Ensuite, « il s’agit de voir si nous croyons au projet, à la personne qui le porte, et à leur potentiel, et surtout, si c’est le moment de les accompagner », expose Cyrille Cabaret. Les start-up sont alors orientées vers les solutions qui leur correspondent.
Bien qu’orienté hardware , Demeter ne recule pas devant les investissements en matière d’industrialisation. « Si les gens viennent nous voir, c’est parce qu’en plus d’être spécialisés, nous avons tous au sein de Demeter une expérience en création d’entreprise et une formation plutôt d’ingénieur. Nous savons apporter un plus ». Pas question de n’apporter que du financement. Les besoins de soutien, de « sparring-partner », de prise de recul et d’avis sur les projets sont pris en compte. a
De formation ingénieur, Marc Géméto a exercé successivement ses activités en conception produits, en marketing et stratégie, puis a été directeur innovation jusqu’en 2019 du groupe technologique Gemalto. C’est là qu’il met en place « un incubateur interne, qui recevra en 2011 le prix de l’Innovation Agile ». Après avoir fait reconnaître son expérience par une thèse en école doctorale, et aujourd’hui enseignant à Kedge Business School à Marseille, il défend l’idée que l’excubation est une méthode efficace pour les entreprises en matière d’innovation. Explications.
Avant toute chose, Marc Géméto, pourriez-vous expliquer ce qu’est l’excubation ?
C’est un néologisme dont j’ai créé la définition, même si le terme apparaissait déjà dans un ou deux articles à partir de 2016. J’ai défini l’excubation comme un dispositif consistant à détacher un groupe de salariés d’une entreprise existante pour travailler avec l’accompagnement d’une structure externe pendant une durée limitée, type incubateur ou accélérateur, dans le but d’explorer une opportunité d’innovation. Autrement dit, il s’agit de mettre un petit groupe de salariés dans un environnement entrepreneurial externe, en combinant la puissance technique et commerciale de leur entreprise d’origine avec l’agilité de l’approche entrepreneuriale, pour maximiser les chances de succès d’une innovation.
Votre thèse s’est centrée sur cette méthode d’excubation, nouveau type d’expérimentation favorisé par un contexte d’hyper compétition et de nou-
veaux modèles économiques rendus possibles par le numérique, c’est bien cela ?
Oui, la dominance du marché numérique par les GAFAMs, leur remise en cause par de nouvelles entreprises et start-up du numérique, la multiplication des partenariats d’Open Innovation, la diffusion des approches de design thinking et du lean start-up, ou encore l’explosion des nouvelles structures type incubateur et accélérateur, ont favorisé l’émergence de pratiques d’excubation.
J’ai donc étudié le contexte, le phénomène, et la façon dont peut fonctionner l’excubation, ainsi que les bénéfices, les limites, son impact et les recommandations en termes de management.
Vous avez donc suivi des entreprises et des structures d’accompagnement qui avaient propulsé des projets pour en tirer des conclusions. Qu’est-ce qui rend l’excubation si intéressante ?
L’hypothèse centrale de ma thèse, qui est partiellement validée, c’est que l’approche excubation va permettre, dans des
Marine Dumeny Fournie par Marc Gémétoconditions bien définies, d’améliorer le management de l’innovation.
Dans ce qu’on appelle de l’innovation substantielle (tout ce qui est non incrémental, c’est-à-dire une innovation radicale, majeure – ndlr ), l’exploration des projets de produits ou marchés non matures, en dehors du périmètre habituel de l’entreprise, donne des résultats très intéressants pour les grands groupes. Il est possible de valider en un temps inférieur et moins coûteux l’opportunité de business d’un projet.
Ce qui est difficile pour les entreprises, c’est de faire à la fois de l’exploration et de l’exploitation, « comment je transforme une exploration avec un potentiel et comment je la réintègre en exploitation ». La thèse montre que l’excubation est une ouverture, avec deux options possibles. Soit créer une business unit séparée avec une certaine autonomie et le support du comité de direction, soit il faut faire mener le projet en spin-off pour qu’il continue à travailler seul, avec éventuellement un accompagnement interne ou externe.
Nous sommes donc là sur l’hypothèse centrale de votre thèse. Quelles sont les méthodes à déployer pour espérer gagner en efficacité et en capacité d’innovation grâce à l’excubation ?
La thèse met en avant l’intérêt d’un environnement extérieur ouvrant de nouveaux possibles (focalisation sur le projet, levée des interdits, droit à l’erreur, collaboration intense, etc.), l’usage de méthodes entrepreneuriales centrées clients et agiles, l’accès à un réseau stimulant (start-up, etc.), et un accompagnement entrepreneurial par des personnes expérimentées. Un changement d’état d’esprit est recherché et permis.
Permettre à de petites équipes de sortir du cadre managérial habituel et de se focaliser sur leur projet permet d’explorer des opportunités d’innovation substantielle sur des marchés adjacents, d’avoir une émulation, et aussi d’avoir une proximité donc avec le client, le terrain. Cela change l’état d’esprit (et bénéficie aussi à l’image de l’entreprise). Dans ce cadre, les incubateurs vont se transformer petit à petit pour devenir, non plus seulement
des incubateurs de start-up, mais aussi des animateurs d’agilité et des accompagnateurs sur mesure des grands groupes. Cela se démontre d’ailleurs : des groupes comme Numa (workshops et classes à destination des entreprises – ndlr) ont beaucoup vendu de formations à l’agilité entrepreneuriale dans les groupes.
Ce changement d’état d’esprit, généré par l’excubation, peut-il transformer l’entreprise et s’inscrire dans une évolution du modèle managérial de l’innovation ?
On dit que le groupe est transformé si au moins 30 ou 40 % des gens le sont. L’excubation est un véritable catalyseur. Et il a de nombreux points positifs.
L’excubation ouvre un autre sujet qui est l’ambidextrie organisationnelle, c’està-dire la capacité à réaliser au sein d’une même société à la fois les activités d’exploitation et d’exploration. Et c’est sur ce dernier point que l’excubation fait appel à la capacité de la direction, peut trouver sa place et faire gagner en efficacité et en agilité. a
Stéphane Chauffriat, directeur de Quest for change et Jeanne Forget, vice-présidente du groupe Hager, en charge de l’innovation, deux interlocuteurs en discussion – très libre – sur les passionnantes thématiques de l’innovation. Au centre de leur dialogue, la start-up industrielle et les grands groupes, au cœur des promesses du plan France 2030…
Questionnée directement par Stéphane Chauffriat sur le potentiel important d’innovation existant au sein des sociétés industrielles du Grand Est et leur volonté de l’exploiter, Jeanne Forget précise que le but d’une société comme Hager est « d’être en permanence à la recherche de nouvelles tendances et de nouvelles technologies. Tout s’accélère, aujourd’hui, les défis technologiques sont de plus en plus pointus. Dans ce contexte, travailler avec des start-up nous permet tout d’abord de pouvoir anticiper, en voyant “deux ou trois cycles de produits plus loin” en quelque sorte. Comme Hager le pratique déjà, nous accompagnons des projets et nous pouvons le faire soit en incubation interne soit en incubation externe. Nous le faisons au niveau des méthodes ou du mindset de l’entrepreneuriat. On est dans l’accélération des idées qui se fait en dehors de notre cœur de métier et des méthodes d’innovation plus traditionnelles, je dirais ».
« Au sujet de la problématique des méthodes que vous évoquez » poursuit
Stéphane Chauffriat, « on constate que l’open innovation est presque devenu un mot-valise aujourd’hui. Mais si le savoir-faire technologique est incontestablement dans les sociétés industrielles comme celle que vous représentez, pensez-vous que vous devez impérativement aller rechercher à l’extérieur ce fameux mindset dont vous parlez ? »
« Je pense qu’en testant sans cesse toutes sortes d’idées, cela nous permet d’essayer de comprendre plus tôt les problématiques de nos clients. » répond Jeanne Forget. Ces méthodes existent dans l’entreprise, bien sûr, mais ce travail collaboratif avec des start-up qui ont beaucoup plus l’habitude que nous de cette rapidité nous permet de retransférer plus rapidement ces apports dans l’entreprise. Et cette synergie nous permet d’aborder beaucoup plus efficacement la problématique de l’exploitation. En fait, nous savons beaucoup de choses en théorie, mais cette collaboration avec les start-up nous permet de nous challenger beaucoup plus rapidement avec l’application concrète ».
Le directeur de Quest for change fait alors part des leçons qu’il tire de plusieurs cas concrets mis en œuvre au sein de sa structure : « Ce dont je peux témoigner, c’est du fort niveau de professionnalisme de ces projets » souligne-t-il. « Sur les fondamentaux techniques de développement de produits industriels, c’està-dire sur le cœur des métiers, on a face à nous des entrepreneurs qui sont incontestablement très solides. Généralement, le tendon d’Achille de la start-up est dans sa capacité réelle à la mise en œuvre, la production : et bien, nos premiers retours d’expérience montrent que les profils qui proviennent d’entreprises comme la vôtre franchissent largement cette zone de risque et qu’il faut aller les chercher. Pour nous, ces gens-là sont comme du pain béni quand nous tentons de passer à l’échelle du nombre de start-up indus-
trielles qu’il nous faut accompagner sur notre territoire. En fait, c’est ce lien très fort avec des sociétés comme la vôtre qui va nous permettre de démultiplier des opportunités qualitatives sur beaucoup d’autres secteurs… »
« Notre partenariat avec les start-up, nous le pensons un peu plus large qu’un partenariat traditionnel… » précise la vice-présidente de Hager. « Bien sûr, il y a la recherche de la “technologie de rupture”, mais ils peuvent aussi travailler avec nous sur les problématiques d’accès aux marchés avec de nouvelles idées de business models qui sont encore un peu loin de notre cœur de métier. Ce moteur d’innovation est vraiment très synergétique avec la société industrielle classique, mais les profils se doivent d’être très variés. En tout cas, pour un industriel, adopter de nouveaux business models, ça peut être quelquefois infiniment plus compliqué que de mettre en œuvre une nouvelle technologie. Voilà pourquoi nous avons besoin d’une grande variété de profils pour collaborer avec nous… »
« Je pense qu’il y a une dimension de durée de collaboration qui compte beau-
« ON A FACE À NOUS DES ENTREPRENEURS QUI SONT INCONTESTABLEMENT TRÈS
« NOTRE PARTENARIAT AVEC LES START-UP, NOUS LE PENSONS UN PEU PLUS LARGE QU’UN PARTENARIAT TRADITIONNEL… »
Jeanne Forget
coup » intervient Stéphane Chauffriat. « Nos relations pérennes avec Hager font que nous comprenons beaucoup mieux ce qui vous anime et cela nous permet de sourcer les besoins de sociétés comme la vôtre bien au-delà des limites géographiques de Quest for industry. On travaille par exemple avec nos voisins suisses ou allemands, les deal flows s’ouvrent… Cela nous permet de vous offrir des solutions qualifiées. Pour nous, se positionner sur ce type de relations et de collaborations est quelque chose qui nous intéresse vraiment. Le retour sur expérience que j’évoquais est bien réel ; par exemple, nous incubons Electric Oasis qui est une start-up dont le porteur vient de chez Hager : ses technologies n’avaient pas encore forcément de vocation en terme de business, mais la conjonction entre les envies de ses porteurs, les ambitions de Hager et notre expertise et notre savoirfaire font que d’autres vies ont pu être données aux projets de cette start-up… »
Jeanne Forget rebondit aussitôt :
« L’exemple est pertinent. Il y avait là une idée innovatrice qui était trop loin de notre cœur de métier et nous avons donc décidé de ne pas la développer nous-même. C’est là que tout ce qui s’est passé ces derniers mois a été intéressant : le coaching efficace de l’innova-
teur et de son projet a joué à plein : c’est un accompagnement très étroit qui a eu lieu et d’ailleurs Hager en a profité également. Notre collaborateur nous a fait part de son retour sur expérience, et cela a été très utile pour l’équipe d’innovation que je dirige. Ce fut d’ailleurs la première fois que la société a pu accompagner un collaborateur interne qui voulait externaliser son savoir-faire. Sans l’accompagnement des équipes de Quest for industry, je pense que nous y serions très difficilement parvenus… »
« On est là au cœur de ce que nous apportons » prolonge Stéphane Chauffriat. « Je pense que nous avons une bonne maîtrise des codes qui animent les porteurs de projets. Notre job consiste à vous les donner pour éviter une position qui pourrait être préjudiciable à l’avenir du projet, par exemple trois ans plus tard au moment d’une première levée de fonds. Ce sont autant de garde-fous que nous pouvons amener pour vous permettre de vivre toutes ces logiques de la façon la plus sereine possible. Cela touche à tellement de domaines différents, tout fluctue, tout évolue, souvent de façon rapide et même quelquefois radicale, un projet reste une vraie démarche individuelle, alors c’est à nous d’aider et d’accompagner au mieux l’entrepreneur
« JE PENSE QUE NOUS AVONS UNE BONNE MAÎTRISE DES CODES QUI ANIMENT LES PORTEURS DE PROJETS. »
Stéphane Chauffriat
qui le porte et essaie de le faire vivre… En tout cas, ce que nous savons, c’est qu’il y a de tels potentiels de projets un peu partout dans le Grand Est, avec plein d’entreprises qui innovent déjà beaucoup… »
Jeanne Forget abonde dans le même sens : « Vous savez également coacher l’équipe interne d’une entreprise qui est dédiée à l’innovation et qui travaille en mode start-up. Vous la coachez avec ce mindset et ces méthodes et vous nous aidez à ne pas retomber dans nos process classiques, vous savez nous inspirer en interne pour que nos projets évoluent et conservent leur mission qui est d’accélérer et de challenger le groupe en apportant d’autres idées. À toutes les étapes, l’exploitation, l’exploration interne puis l’incubation externe, la collaboration est fructueuse... »
start-up et innovation et ce qu’elles parviennent à obtenir comme résultats, ça peut être challengeable . Quelquefois, elles y mettent énormément d’argent : un modèle partenarial externalisé ferait sens. Pour moi, il y a un vrai questionnement à avoir là-dessus… D’autant qu’un tel partenariat ouvre le champ des possibles à quantité d’ETI qui n’ont pas les moyens d’internaliser la démarche. À l’évidence, engager une démarche de valorisation de ses projets ambitieuse et systématique, ce n’est pas si facile pour une grande majorité d’entreprises. Nous pouvons alors être vus comme une efficace boîte à outils, ce que je pense que nous sommes.
Nous sommes dans un contexte très favorable : la start-up industrielle devient un vrai sujet, il y a des enjeux de souveraineté, d’emploi qui sont bien mis en valeur par la dynamique portée par France 2030 et les pouvoirs publics.
Jeanne Forget« Je reste quant à moi complètement persuadé que notre vraie valeur ajoutée est de savoir gérer les questionnements et la démarche de croissance d’un projet. Tout ça n’est pas si facile que ça à internaliser. Quand on observe ce que certaines sociétés investissent dans une cellule
Un jour, il y a longtemps, Hager a été une toute petite entreprise. Ce qu’elle est devenue en quelques décennies, une société d’aujourd’hui peut peutêtre aspirer y parvenir en cinq ans, dix ans si on cumule les outils de financements et l’énergie qu’il faut y mettre car le monde, de nos jours, est constitué bien autrement qu’auparavant ». a
« IL Y A DES ENJEUX DE SOUVERAINETÉ, D’EMPLOI QUI SONT BIEN MIS EN VALEUR PAR LA DYNAMIQUE PORTÉE PAR FRANCE 2030. »
« NOUS SOMMES UNE EFFICACE BOÎTE À OUTILS… »
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Comment candidater
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1. Envoyez votre dossier de candidature sur ce lien : questforchange.vianeo.com et choisissez l’incubateur que vous souhaitez rejoindre.
2. Nos équipes étudieront votre candidature et vous recontacteront pour un RDV de détection, si votre projet rentre dans nos critères de sélection.
3. Un comité de sélection se réunira et décidera de votre entrée en incubation.
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INNOVACT 58 avenue du Général Eisenhower 51100 Reims www.innovact.com
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SEMIA STRASBOURG 9 rue de la Krutenau 67000 Strasbourg www.startup-semia.com
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Mécènes et financeurs :
Merci aux collectivités territoriales qui permettent le déploiement de notre réseau d’incubateurs sur leurs territoires : Ardenne Métropole, Grand Reims, CCI Marne en Champagne, Eurométropole de Metz, Communauté d’Agglomération d’Épinal, CCI des Vosges, Eurométropole de Strasbourg, Mulhouse Alsace Agglomération.
Merci à la Région Grand Est pour le soutien direct aux incubateurs et aux startups du Grand Est.
Merci au Ministère de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur et à l’Union Européenne pour permettre à notre réseau de soutenir le développement de ces innovations sur nos territoires.
Merci au CIC Est pour son soutien et en particulier à Béatrix Bardoux, Khelaf Idiri et Isabelle Metzger.
Merci à l’ensemble des membres des comités d’engagement et du conseil d’administration qui permettent de faire vivre notre réseau d’incubateurs.
Merci aux 260 projets que nous accompagnons pour leur confiance.
Partenaires :
Merci à nos partenaires qui nous permettent d’évoluer dans un écosystème stimulant.
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Merci aux collaborateurs de Quest for change pour leur expertise, leur niaque, leur dépassement continu au service des entrepreneurs : Alban Petit, Amélie Gallego, Antoine Chapelay, Barbara Luc, Benjamin Ehrlich, Catherine Arbez, Charles de Bohan, Christophe Knecht, Clara Lourdelet, Élise Edon, Éric Baumhauer, Guillaume Vetter-Genoud, Jean-Philippe Cartier, Julia Mariton, Katerina Tsouroula, Laura Lehmann, Loïc Gorka, Lorène Satti, Lucie Ardourel, Maeva Fevre, Margaux Giannini, Maria Cespedes, Martin Greder, Murielle Bordin Dietrich, Nada Mouhri, Ophélie Demond, Pascal Neuville, Patricia Thomas, Paul Klein, Quentin Delaire, Rachid-Antoine Rabla, Romain Neidl, Sedra Rasoanaivo, Sébastien Carraro, Shiwa Sahbaï, Stéphane Chauffriat, Tanguy Auffret, Terry Varenne, Timothée Gros, Vincent Loreaux, Warren Michel, Yves Gendrault.
Merci aux équipes d’Or Norme de nous avoir donné la possibilité de publier un hors-série sur l’entrepreneuriat innovant dans le Grand Est.
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