Chemins hebdomadaire - semaine du 4 au 10 ao没t 2013
#04
la rédaction rédacteur en chef alexandre guyard rédacteur alexandre guyard photographes alexandre guyard sosina patuli anne foti
portrait d’alexandre guyard par anne foti
auteurs alexandre guyard sosina patuli sylvie nguyen léa todaro conception graphique anne foti
sommaire
journal édito par alexandre guyard
p. 5
un lieu au quotidien
p. 6
dans l’atelier intérieur
p. 7
chronique d’un lieu ordinaire
p. 9
chemins poétiques mon quotidien est poétique
p. 18
les choses un geste
p. 21
p. 32
un trajet quotidien
p. 29
édito La vie quotidienne, cette vie de tous les jours où l’on marche, où l’on court. Une vie qui le plus souvent est simple, sans extravagance, dont l’on ne se préocupe jamais. Lorsque vous allez à vos activités le matin avezvous déjà pris le temps de regarder le couloir ou la fenêtre ? Ne me dîtes pas oui, je ne vous crois pas. Vous êtes le plus souvent préssés, ou trop endormis, pour prendre le temps de regarder autour de vous. Le temps, un mot bien petit pour une si grande utilisation. Pourtant nous, écrivains et journalistes, avons pris ce temps qu’ils vous manquait pour décrire ces moments de la vie quotidienne que vous oubliez par habitude. alexandre guyard
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un lieu au quotidien
dans l’atelier intérieur par alexandre guyard.
Des tables marrons aux barreaux noirs, des chaises aux dossier rouges et aux barreaux noirs. Des fenêtres au cadre de bois et aux loquets de fer. Voici la grotte, aux murs de béton et au plafond de bois. Ici les mots règnent sur des feuilles ou sur des fichiers. Ici les livres sont partout, sur des chaises, sur des tables et même parfois sur le sol. On oublie souvent l’existence de ce lieu à l’allure insolite où le calme est roi et la tranquillité reine. Dans un coin, deux matelas posés là comme un salon entourent une table basse. Au centre de la grotte, des tables rectangulaires encombré de livres, d’ordinateurs, de feuilles et de crayons forment un U barré. Sur le mur, un tableau en ardoise affiche des mots, des phrases tel que : « écrire n’est pas un geste inconscient, c’est un geste d’inconscient », ou encore « être ou ne pas être », «je suis libre d’écrire», des notes glissent entre ces phrases comme un serpent au corp de craie et à l’âme de poussière. Parmis ces notes, il y en a une qui trône comme un titre prestigieux : « Carrefour métallique ». En dessous une table où sont posés miroir, boissons, provisions et ustensiles divers. Une porte blanche trouée de vitres floutées, à ses côtés un tableau de bois accroché au murs prônant un règlement intérieur oublié et des photos trafiquées. Sur deux tables, deux ordinateurs aux écrans noirs se tiennent droits, froids et immobiles. Sur le sol, des petits carreaux forment une mosaïque traversée ici et là par des fils blanc à la couverture collante. A l’écart se tient un bureau rassemblant deux tables devant la baie vitrée. Sur ce bureau s’active un ordinateur blanc gravé d’une pomme machée. Un autocollant « Fuck me, I will be famous » décore l’écran zébré de lignes faites de mots et de phrases. Une imprimante noire contraste avec le blanc du clavier. A ses côtés un casque, des livres, une tasse, une lampe, un appareil photo. Autant vous le dire c’est un bazar sans nom, qui pourtant à une âme. 7
un lieu au quotidien Un couloir jaune aux minuscules soleils couverts d'un ciel blanc troué de détecteurs de fumé inutilisés. Dans ce couloir austère nous marchons, nous courons chaque jour sans pour autant le regarder. Sur ces murs se tient aligné au garde à vous des portemanteaux vides posés ici pour être utilisés à une époque, mais maintenant ici pour décorer. Le règlement intérieur règne sans partage sur le tableau d'affichage où d'anciennes phrases écrites ont été oubliées telles que : «On mange quoi ?», ou encore «Bon appétit...». Dans un angle, deux étagères restent vides, posées ici pour une raison oubliée. Dans ce couloir aux multiples vitres sans teint, de la lumière filtre à travers les carreaux floutés. Ce couloir vide est pourtant le plus visité de tous, le matin, le midi et le soir, il nous voit tous passer, il nous compte, nous soigne. Vous l'avez sûrement deviné je veux parler du couloir du réfectoire où cohabite la cuisine, l'infirmerie et la salle à manger. C'est ici que des centaines de chemins se croisent, s'entrechoquent, mais ne se regardent jamais.
chronique d’un lieu ordinaire Des chaises au dossier rouge et aux barreaux noirs, des chaises rouges au dossier troué, des chaises rouge à accoudoirs. Trois sortent de chaises réunies en un seul lieu aéré. Une rambarde d'un vert foncé forme une frontière entre le béton et le vide. Accoudé sur la rambarde, on peut observer les montagnes bordées de conifères et de feuillus. Parfois le sommet disparaît, emporté par la danse des nuages. Derrière se dresse la falaise rayée de gris et de noir ou parfois des courageux viennent atteindre le sommet. Sous les pieds, le béton et et le goudron se livrent un combat acharné sans vainqueur. Une légère pente montre la limite du territoire de chacun. Elle est aussi souvent la cause de chute honteuse pour le malheureux qui aurait posé sa chaise dessus.
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un lieu au quotidien Sur le sol des traces de pas allongés de slows et de pop. Dans cette salle où l'on marche, où l'on court sans la voir se tient une estrade. Une estrade en bois et aux colonnes de bois. Des rideaux peut-être rouges, un parquet aux multiples losanges. Un panneau oublié, scotché au mur, reste seul, dessus il est écrit en noir : « Point de rencontre ». Un jeu de mot dans une pièce où un acteur attend quelqu'un qui ne viendra jamais... A droite de l'estrade un lavabo inutilisé et une porte menant aux toilettes. A sa gauche se tient un baby foot usé, objet de match sanglant opposant comme toujours, les blancs aux rouges. Difficile de dire si ces murs peut-être oranges accompagnés de plusieurs banc posés ici comme par hasard, n'est pas le lieu de fête dont il porte le nom. Marche après marche l'on monte vers le ciel. Marche après marche l'on transperce les plafonds en béton. Colonne vertébrale du bâtiment, il conduit pour qui le veut à l'un des quatre étages du chalet. Impossible d'éviter ces marches de béton et ses rambardes d'acier. Dans un coin, un extincteur oublié. Puis des vitres sans teints, sans gribouillage. A leurs coté un panneau : «Fenêtre de dés-enfumage». A travers ces fenêtres au cadre de bois, le monde. Tantôt un arbre, tantôt un immeuble. Plus l'on monte, plus la vue s'agrandit, comme un oiseau, l'ensemble se dévoile comme un secret retrouvé. Des pieds de fer portent deux planches en bois soudées entre elles par quatre vis. Seul dans son coin, il attend. Attendre quoi ? Qu'on s'y assoit, qu'on le déplace, qu'on s'y parle, qu'on s'y embrasse. Laissé sans reflet dans son coin, le banc attend. Il faut dire qu'il n'est pas très attirant, avec ses planches de bois craquées. Pourtant, il n'est pas mouillé mais protégé par les branches, on pourrait le déplacer, puisqu'il est léger. Oublié, il est comme tout le reste.
alexandre guyard. 10
ici
un lieu au quotidien
Dans ce couloir austère nous marchons, nous courons chaque jour sans pour autant le regarder.
Une feuille vierge sans cadre, placé comme une œuvre au milieu du bureau en bois d'osier. Le crayon posé en travers, une main blanche, pâle, essaye de l'attraper, un spasme la secoue, la main retombe, sans vie sur la terre.
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C’est ici que des centaines de chemins se croisent, s’entrechoquent, mais ne se regardent jamais.
chemins poétiques
MON QUOTIDIEN EST POÉTIQUE
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chemins poétiques
Des amis qu’on croit qu’on peut compter sur eux, mais quand on a besoin, ils/elles ne sont plus là.
les choses
par sosina Les choses inutiles Les gens qui ne respectent pas les autres, ceux qui se moquent, pour moi, ne sont bons à rien. La cigarette pour moi c’est utile à rien, elle fait beaucoup de mal aux gens . La drogue, les gens qui en prennent sont incapables de vivre une vie tranquille comme tous les autres. Les choses qui sont éloignées bien qu’elles semblent proches On a l’impression que les montagnes sont proches à nous et si on monte là on croit qu’on peut toucher le ciel, les étoiles, les nuages, le soleil, etc. On croit que toutes les familles s’aiment entre elles, mais il y a beaucoup d’enfants qui ne sont pas bien dans leur famille ; il y a aussi beaucoup de femmes qui ne vont pas bien avec leur mari. On sait que tous les frères s’aiment et ils sont trop proches, mais il y a des frères qui se vengent entre eux pour une petite chose, qui ne pardonnent pas et qui ne comprennent pas la situation entre eux et comme ça la vengeance commence toujours. Des amis qu’on croit qu’on peut compter sur eux, mais quand on a besoin, ils/ elles ne sont plus là. Les choses qui sont proches bien qu’éloignées. Mon petit frère est dans mon cœur mais il est très éloigné parce qu’on n’est pas dans le même endroit. Mes copines elles sont dans ma tête, mais elles ne sont pas à l’endroit où je suis. Mon film préféré est dans ma tête, mais il est éloigné de moi. 21
Les choses qui ne servent à rien mais qui rappellent le passé La montre que ma sœur m’a donnée, elle est cassée et elle ne sert à rien mais elle me rappelle les moments important et jolis pour moi. Un collier que ma meilleure amie m’a donné. Un tee-shirt que mon oncle m’a fait cadeau quand j’ai eu 8 ans, maintenant il est trop petit mais il est très important pour moi, il était le premier cadeau que mon oncle m’a offert. Choses effrayantes Un homme qui a une grand barbe. Le serpent, il marche trop vite et en cachette. La nuit où il n’y a pas du tout la lumière et quand c’est tout le silence. Les choses que les autres t’obligent à faire. Les choses qui semblent pures L’eau d’une fontaine. Le ciel tout bleu. La mer.
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par léa Les choses bonnes à rien La cigarette est un objet inutile, qui abîme le cœur. Choses qui sont éloignées bien que proches L’horizon paraît proche, mais on ne peut l’atteindre. Choses qui sont proches mais éloignées Les étoiles paraissent proches, mais on ne peut les toucher. Choses qui ne servent plus à rien mais qui rappelle le passé Des fleurs séchées offertes par ma meilleure amie. Une vieille peluche toute déchirée, abîmée. Les villes de mon enfance : Cachan, La Bretonnière et Melun. Choses effrayantes Me voir dans le miroir en pleine nuit. Entendre le parquet en pleine nuit. Les parents de ma meilleure amie. Le bruit des feux d’artifices. Entendre l’armoire crisser quand on l’ouvre. 23
par nathalie Les occasions dans lequelles les choses sans valeur prennent de l’importance Cette feuille écrite par moi peut changer ma vie. Une simple photo me fait rappeler une fausse enfance. Une cigarette se transforme en fumée mais cette fumée me détend. Les choses bonnes à rien Un dessin encré sur la peau. Sourire, et 2 secondes après, tirer la tronche. Transformer son corps avec la médecine. Choses qui sont éloignées, bien que proches La ressemblance d’un père mais son visage disparaît au fil des années de mes pensés. Les sentiments sont réciproques mais leurs corps sont séparés par la mer. Une histoire ancienne qui me hantera à jamais. La montage a l’air si proche mais quand on est au sommet, on est si loin. Un être humain liée par le sang qui s’est transformé en poussière. Choses qui sont proches bien qu’éloignées Mon pays le Vietnam, mais je suis pas née là bas. Une mère qui est présente sans être présente. Anticiper son avenir . Choses qui ne servent plus à rien mais qui rappellent le passé Une ancienne ville où tout le mal a commencé. Une seule photo de deux personnes biologiques qui n’ont plus aucun impact. Les roses ont fané mais le vase reste.
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Choses qui semblent pures L’air de la montagne. Le visage d’un enfant incompris. Adam et Eve. Un nouveau née. Choses qui paraissent malpropres Les jeunes filles qui crachent. Un homme avec un regard vicieux pervers. La bave d’un chien. Les toilettes qui sentent mauvais. Les choses effrayantes Le miroir dans le noir quand je suis dans mon lit. Au sommet de la montagne, on voit le vide. En lisant L’Ombre, j’ai ressenti la peur de du personnage principal. Traverser le couloir dans la nuit pour aller aux toilettes. Monter les escaliers dans la nuit. Faire un bac sans savoir où allez. Rentrer chez soi avec la boule au ventre.
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par alexandre Choses qui semblent pures Un miroir qui ne rit pas quand je pleure. Une feuille vierge sans rature. Voir sans être vu. Un repas avec soi-même. Une pensée sans fondement. Choses inutiles sans importance Chanter pour un sourd. Lire une feuille vierge. Écrire sans crayon. Vivre quand on est mort. Choses effrayantes Un sentiment que tu essayes de refluer. Un souvenir que tu veux oublier. Avouer la vérité. Raconter ma vie. Perdre mes amis. Devoir avouer mes soucis. Un mur à la couleur terne. Une vie que tu voudrais perdre. Une vie que je dois vivre. Choses qui ne servent plus à rien mais qui rappellent le passé Un crayon sans encre gravé d’initiales obscurcies. Un peignoir bleu trop petit. Un arbre foudroyé seul sur la plaine. Une chambre vide au mur terne. Un bureau hérité au pupitre délabré. Un mot gribouillé à la fin oublié. Un rouge à lèvre vide devant un miroir brisé. Une goutte de pluie figée sur du papier. 26
Choses proches bien qu’éloignées Une voile gonflée par les vents avance sur la mer qui se retire, un homme à son bord lève un bras en signe d’adieu. La plage, elle, s’étire paresseusement sur cette côte de Bretagne. Une colonne grise s’élève seule dans la nuit. Sa présence comme un signal, attire les hommes aux alentours, de loin, sa base vacille et reflète d’autre colonnes, elles ne sont sont pas grises. Comme des serpents, elles ondulent sur la terre. Mais bientôt les cris fusent, des camions rouges et blancs me dépassent. Autour de moi tout bouge parfois droit parfois de travers. Choses qui paraissent malpropres Un homme sans rasoir Un mouchoir usagé. Une relation d’un soir. Un mot mâché. Occasions dans lesquelles les choses sans valeur prennent de l’importance Une feuille aux carreaux espacés se tient seule sur la table en bois du salon. Sur cette feuille, un mot, un seul, se pose comme un trésor au centre d’une île. «Accepté», ma sœur crie à mes cotés, ses larmes sont sa frustration qu’elle relâche maintenant comme un robinet qui déverse son précieux fluide. Une poignée de main devant un panneau blanc fraîchement repeint. Une poignée ferme mais douce, relié à un corps svelte où deux yeux me regardent, dans ses yeux, je voix de l’écorce et de la mousse, je reste immobile, espérant en mon for intérieure qu’il ne relâche jamais ma main. Mais ce lien faiblit, sa main lâche la mienne qui pend maintenant dans le vide secoué de spasmes aux rythmes des battements d’un cœur qui n’est autre que le mien. Une musique résonne dans le couloir, d’abord une mélodie entraînante puis une voix, grave mais féminine, une porte grise aux reflets d’argent reste entrouverte. Je la franchis sans m’en rendre compte, devant moi s’étale une pièce aux fenêtres fermées et aux carreaux crasseux. Une femme, appuyée sur une table,
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fait danser ses doigts sur le clavier d’un piano aux notes mélodieuses. La partition aux lignes allongées se tient sur un pupitre noir au pied rouillé. Derrière elle, un tableau blanc terne où demeurent quelques mots figés, la femme me regarde, j’ouvre la bouche et je prononce ce mot à l’allure insolite, «Bonjour». Choses qui sont éloignées bien que proches Des rires fusent du salon, je me lève mais la porte est fermée. La fenêtre, elle, est ouverte. Le toit en ardoise est dur sous mes pieds, devant moi le paysage s’étale, je vois la forêt qui borde le lit de la rivière, la ville, le cimetière. Dans le ciel, des nuages dansent. Un avion vient tracer sur cette œuvre un trait à deux rangées comme une traînée dans la neige.
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Un geste
Je me brosse les cheveux. Ma brosse peine à défaire mes nœuds. Mes cheveux emmêlés se débattent avec la brosse pour se démêler. Les cheveux de devant sont plus faciles à démêler. C’est à eux que je m’attaque en premier. Brosse en main, je la passe dans mes cheveux. Je mets longtemps à les démêler. Maintenant, les cheveux qui sont derrière ma tête. Les plus dur à démêler. Je ne les vois pas, mais je les sens. Je passe la brosse une cinquantaine de fois dans mes cheveux. Je n’arrive pas à les démêler. Comme d’habitude, il y a toujours les nœuds les plus gros et qu’on ne voit pas. Je passe la brosse mais elle reste coincée dans mes nœuds. Je la décoince après avoir lutté. Je recommence et recommence encore. Je réussis à démêler quelques petits nœuds. Brosser ses cheveux est compliqué. Finalement, je réussis à enlever tous les nœuds.
Léa.
Je prends ma douche, je rentre dans la salle de bain pour prends ma douche, je me déshabille et je rentre sous la douche, je mets du shampoing et je prends ma douche, je mets de l’eau en route, je me frotte bien pour que je sois propre, j’arrête l’eau pour mettre encore du shampoing pour que je sois bien propre, je lâche l’eau pour enlever le shampoing et je prends ma douche, je prends le séchoir pour sécher mes cheveux et je prends la serviette pour que je me sèche, je m’habille et je sort de la salle de bain parce que c’est fini.
Sosina.
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rendez-vous au lac
L’eau coule, coule et s’écoule. Au dessus de moi le ciel assombri s’étend. Comme une mer tourmentée, des vagues se dressent puis s’étalent sur le ciel. La pluie tombe et tombe encore. Je remonte à mon cou un gilet bleu au contour blanc. Au sol deux pieds s’enfoncent dans le sable. Sur deux genoux blanc, un menton carré. L’eau coule, coule et s’écoule. Des cheveux bruns, châtains, retombent sur deux yeux bleus rougis. Devant ces yeux, un lac se découvre, un lac beau, un lac seul. Dans ce lac gelé, un trait noir avance vers la plage. Un trait noir, au tee-shirt mouillé et au jean collant. Un trait noir, blanc, bleu et noir. Un trait noir, aux yeux foncés et aux cheveux noirs. Sur le sable, des pieds avancent. Sur le sable, des pieds figés se disloquent et se meurent. Sur une joue, ce n’est pas de la pluie qui coule. Le temps passe et laisse des traces. Je me lève, ma capuche retombe sur mes épaules dévoilant mes cheveux châtains à la pluie dévoreuse. Mais la pluie ne tombe plus sur le champs de bataille, le soleil à transpercé les nuages, dévoilant un lac gris où un trait noir nage. L’eau ne coule plus, l’eau ne s’écoule plus. Pourquoi m’abandonnes-tu ?
Alexandre.
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un trajet quotidien
Je sors du métro, une odeur puante, un homme, il y a une lumière éblouissante, des verres fracassants sur le sol, plus loin, je sens une odeur de poisson, une sensation que l’on m’observe avec perversité.
Il y a des arbres nus, rien n’est encore illuminé, je n’entends que des moteurs, ça me fait peur, j’accélère, il y a quelque chose avec des yeux clairs qui me fixe, j’accélère encore plus, il y a enfin les bruits de la ville.
La pollution l’agitation urbaine, des bureaux, je sors d’un tunnel noir, le calme, l’air frais, la nature est là.
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Sylvie.
chemins poétiques
Je marche d’abord dans les petites allées où c’est silencieux et désert. Il fait encore sombre quand je pars. Pour aller à mon collège, il y a les quatre bâtiments blanc et bleu de l’école primaire et maternelle. Je passe par le centre commercial, devant les trois coiffeurs, la poste, le kebab, la pharmacie et l’imprimeur de teeshirt. Devant la poste, les lycéennes s’arrêtent pour se regarder et s’arranger dans la vitre. Au milieu de la pente qui mène à mon collège, il y a la bibliothèque municipale. Un gros bâtiment sali par le temps, devenu gris au lieu de beige. Au dessus de l’entrée, il y a un panneau en pierre avec «BIBLIOTHEQUE » gravée dessus. Un grand portail vert foncé devant lequel je passe à chaque fois a des barreaux tordus. Une fois descendue, j’arrive au dernier passage piéton. Celui où aucune voiture ne s’arrête pour laisser passer les piétons. Il faut traverser vite. Après l’avoir traversé, j’arrive enfin à mon collège.
Léa.
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Les cours sont terminés, devant le grand portail vert les élèves attendent une voiture, certains sautent pour mieux voir, d’autres attendent devant la route sans craindre un retard. Pour moi c’est différent, personne ne viendra. Une ruelle sur le côté. La rue principale continue tout droit et permet d’arriver chez ma mère en moins de cinq minutes, mais il existe aussi des petites ruelles délabrées, serpentant à travers la vieille ville. Labyrinthe de pierres et de briques. Un labyrinthe oublié fait de ruelles escarpées aux multiples jardins. Dédale de pierres à l’allure macabre. Parmi les collégiens, très rares sont ceux qui passent par ces chemins. On s’y perd facilement même avec un plan. Ici, toutes les maisons donnent sur de grandes rues, mais l’arrière, lui, n’a rien. Aucune fenêtre, ni de bois, ni de pierres, traversent ces murs où les fissurent sont nombreuses. Sous mes pieds des miettes, autrefois peut être des dalles, ou des tuiles mais aujourd’hui plus rien. Entre les maisons, une fissure de lumière apparaît.
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Alexandre.
Je sortais de la maison c’était un matin d’hiver, il y avait de la neige et il faisait trop froid. Ma petite ville ‘’Peshkopia’’ était toute en neige, la petite rivière était toute gelée. Les arbres s’étaient tous submergés de neige, la route aussi, le ciel était tout gris, je marchait lentement et je voyais le paysage qui était tout blanc, dans la rue il y avait justement les gens qui allaient à l’école, c’était tranquille, après je marchais avec mes copines et on jouait aux boules de neige, il y avait quelques rayons de soleil qui réchauffaient un peu le temps, la route était calme, personne ne parlait trop fort, quelque fois le vent commençait et la neige qui était dessus les arbres tombait, la boulangerie le tabac et tout ça, c’était ouvert, mais il y avait quelques uns qui n’étaient pas ouverts parce que les portes s’étaient gelées, les toits de maison s’étaient tous submergés de la neige aussi. Ça y était, j’étais arrivée à l’école, il y avait beaucoup de gens du village qui n’étaient pas là parce que la neige arrivait aux 30 centimètres, j’avais fini mon cours et c’était le temps d’aller à la maison, le ciel n’était pas aussi gris comme le matin, il avait pris une couleur bleue et avec quelques nuages qui étaient blancs le soleil était bien sorti et il ne faisait pas aussi froid la neige qui était dessus les arbres et les toits avait commencé de tomber. La ville avait plus de bruit, tous avaient fini leur travail et ils étaient en train de rentrer chez eux. J’étais en route pour rentrer chez moi aussi, la neige avait commencé de fondre et de disparaître mais encore la terre était toute blanche, je voyais les enfants qui étaient un peu tristes que la neige allait disparaître, mais ils n’arrêtaient pas de jouer de glisser dans la neige. La nuit avait commencé de tomber, il faisait noir mais avec la lune, les étoiles au ciel et la neige toute blanche par terre, on voyait bien la rue. Avec la disparition du soleil malheureusement il faisait froid et tous les enfants rentraient chez eux. Il faudrait deux minutes pour arriver chez moi, je marchais lentement et je pensais dans ma tête cette journée. Le temps avait changé trois ou quatre fois dans une journée. Comment c’était le matin, l’après-midi, et comment c’était le soir. Le temps est arrivé, je laissais tomber la lune, la nuit, la neige et je suis rentrée chez moi.
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Sosina.
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édité par gentiane en piste centre plein soleil à abondance (74) août 2013 dans le cadre d’ateliers d’écriture et de journalisme animés par anne foti