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A la demande de Catherine Theron, directrice du centre social La Sauvagère, nous avons conduit un atelier d ’écriture hebdomadaire, animé par Anne Foti, de mars à juin 2011 au c œur de la cité Saint Thys à Marseille.
L ’atelier s ’est déroulé dans la rue, à raison de deux heures par semaine, conjointement à un atelier peinture animé par le centre social en coopération avec l ’association Art & Développement. Le public concerné était celui de l ’atelier peinture (enfants, parents, accompagnateurs) mais aussi s ’adressait aux passants, aux habitants et aux clients des commerces de la rue principale. pour, en moyenne, 10 et 15 participants par atelier, sans compter les interventions orales et les textes multiples. Proposer un atelier d ’écriture à l ’extérieur, dans la rue, ce n ’est pas reproduire les conditions dites normales de l ’écriture : une table, une chaise, le corps avec pour seule mobilité celle de la main. L ’atelier d ’écriture en liberté devait permettre la rencontre du mouvement de l ’écriture et celui du corps mais aussi de prendre en compte le lieu même où nous nous trouvions, La cité Saint Thys. Depuis le lieu de l ’écriture, nous voulions permettre une mise à distance du monde, sa symbolisation en donnant à chacun la place et le temps de dire soi, les autres, la ville, la vie ! Nous souhaitions tenter de saisir de-ci de-là la parole d ’une communauté de vie au travers de regards sur la ville et sur la cité elle-même. L ’idée de départ était d ’initier une écriture directe, celle venue depuis la rue, mais aussi celle de la sensation. Pourtant, au l des rencontres, de la présence des habitués, de l ’apparition des gens de passage, il est apparu nécessaire de rendre possible une écriture de l ’intime, des parcours de vie, des petites choses. Il fallait aller de visage en visage, de petits groupes pépiants en âneur solitaire, glaner quelques lignes, quelques paroles, lire des textes au travers du chaos sonore de la rue, écouter leurs histoires, prendre des nouvelles, créer des rencontres avec les mots et les auteurs. Mais surtout, nous souhaitions inscrire nos vraies rencontres avec ceux et celles réunis là pour discuter ou regarder les enfants peindre ou bien jouer pour les plus jeunes.
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Bebe bebellville Tu dis à un bâtar de maigrir autant tu diras à fat Joe de maigrir Demain ils vont pleurer Donc aujourd ’hui je laisse les mecs rire Ils m ’ont griller en train de mettre ma b …. dans leur c.. Ils n ’ont fait que me pister car pour me sauter fallait du recul 7, 5, on matricule Ça défouraille au crépuscule Celui qui veut tester il coule ou s ’emballe les testicules Astiquez ma cellule, j ’ai tout dans le c.. plastié Je ne peux pas l ’identier mais c ’est du jeum certié Petit frère leur parole c ’est de la merde, faut pas t ’y er, T ’as beau être fort à l ’école mais ils te conseillerons pâtissier, D ’une balle on peut te viser, après avoir sympathisé Petit, c ’est tranchant ici, c ’est comme un coup de couteau, C ’est bouillant comme un toto poto, C ’est clair comme une goutte d ’eau, Les petits oiseaux dans le ghetto, Ils bétonnent avant de savoir voler Parce qu ’ils s ’achètent un pistolet pour plus vite se rastoler .. si tu sais s ….., personne viendra te pistonner, jack dit c ’était sur 6, maintenant sur 24 pistonnés Attention Mesdames et Messieurs, dans un instant ça devrait vous crever les yeux. Yanis.
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L ’écriture permettait d ’esquisser un lien, faire circuler la parole, les idées, les émotions entre les habitants d ’un même lieu, et de traduire l ’ambiance joyeuse et paisible suscitée par l ’apparition de l ’atelier peinture tous les vendredis. Il fallait permettre à chacun de s ’inscrire sur l ’espace d ’une page et dans cet espace, de peut être (re)ressentir, ne serait-ce que sur quelques lignes, le plaisir d ’écrire et de partager, en pluie de petits papiers éparpillés dans la rue.
Ce recueil réunit une sélection de quelques textes réalisés pendant les ateliers. Un grand merci à tous les participants (en mots écrits ou en paroles) et aux non participants bienveillants ! Merci à notre intervenante Anne Foti et à Darjeeling Bouton pour avoir animé deux ateliers, et merci inniment à Catherine Theron d ’avoir fait conance à la toute jeune association parallaxes. A très vite ! Julie Clairbaux, présidente de p a r a l l a x e s.
_____________________________________________________ Anne Foti est intervenante en atelier de pratiques artistiques. Elle est diplômée d ’un master 2 en recherches cinématographiques à l ’université d ’Aix en Provence. Auteure, vidéaste et photographe, elle décide de se consacrer à l ’animation d ’ateliers d ’écriture et de vidéo qui lui permettent une approche originale mêlant bien souvent images et écriture. Elle nourri ses ateliers de poésie contemporaine et d ’auteurs tels que Virginia Woolf, Marguerite Duras, favorisant une préhension sensible de l ’écriture. Elle programme des soirées de projection pour l ’association p a r a l l a x e s dans une démarche transversale, liant les différentes disciplines entre elles. Elle participe aussi à des ateliers de programmation pour Peuple & Culture Marseille et fait partie du comité de sélection du festival Les Inattendus.
Oh Sérine dépêche-toi, on va être en retard pour les cours ! J ’arrive, j ’arrive, ça y est, je te vois à l ’arrêt là, je monte dans le bus. Comme il est charmant ce chauffeur, si seulement j ’avais son âge! Ouh la, sérieux, il est plein ce bus et comme ça pue en plus. Je comprendrai jamais ces gens qui daignent pas se parfumer. Ah, Amandine, viens on va s ’asseoir au fond, y ’a des places de libre. Oui viens, on va se caler car là je tiens plus sur mes jambes. Comme on s ’assoit, à côté de nous, des jeunes qui fument des joins et écoutent leur musique sur leur téléphone. Je sens trop que le chauffeur va s ’énerver et va leur dire de baisser le son ou de sortir, s ’ils refusent. Sérieux Sérine, ils nous ont emboucanées ! T ’as raison, ouvrons les fenêtres du bus, MDR ! Vivement qu ’on arrive à destination, je supporte pas cette mentalité, si jeunes et ça se prend déjà pour des hommes, car ça fume. Monsieur, la porte s ’il vous plaît ! Chauffeur, la dame aimerait descendre, s ’il vous plaît ! Ces jeunes là qui laissent même pas leur place aux personnes âgées ! Mais c ’est quoi cette circulation ? Je sens qu ’on ne va pas arriver à l ’heure. Allez les enfants, mettez-vous les uns derrière les autres, on descend ici, ne vous dispersez pas, tenez vous la main, deux par deux, allez plus vite ! Oh les jeunes, ça y est, c ’est bon ça suft là, baissez votre musique, si non vous descendez ! Hum, cet homme, quelle autorité et quelle voix grave, en une seule phrase de prononcée et le calme retentit ! Quel charisme il dégage ! Allez Sérine, ouf enn arrivées, descendons parce que ça commençait à saouler ! Amandine & Sérine, 19 ans.
Tu as cassé, maintenant tu vas payer. Viens, y ’a Quaïs avec nous. Ok. Quaïs on y va, tu m ’attends. On y va, monte. Il est où ton frère? C ’est quoi ça? Mon fond d ’écran. Alors moi, j ’aime Océane. Il fauut bosser pour aimer Océane. J ’en ai besoin d ’elle, et de ses pieds! Ha! Ha! Ha! Vous dessinez ce que je voulais. Tu es italien? Non en fait...Ou espagnol? En fait je viens du Guatemala en amérique. Ça va Océane? Ah! Mais y ’a la peinture aujourd ’hui! Oui aujourd ’hui. Ben, j ’arrive. Moi ça ma carche super, des jeunes m ’ont fait un slam, ça marche super bien aussi avec les jeunes lles. Ouain, y ’a plus de grands. Sophie, 16 ans. |4|
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# 1 Visage d ’immeuble On voulait écrire dans la rue avec Georges Perec et son «Espèces d ’espaces», allonger les listes du quotidien, faire l ’inventaire du désordre. Mais à cause de la pluie on s ’est rabattu au gymnase …Et de là on voyait les façades des immeubles et leurs suites de balcons empilés comme des cubes. On a pris une grande feuille A3, plié le papier, écrit dans les cases ce que l ’on voyait, à l ’identique.
Atterrissage bruyant, enn arrivés ! Dieu soit loué, bravo ! On applaudit fort, on est sauvé, soulagée d ’atterrir et ravie de retrouver ma terre natale. Arrêtez de pousser, patience, on va descendre. Merci et à la prochaine fois sur nos lignes. Maman, on est nalement arrivées, et oui ! On va voir MAMIE, beh non, il faut récupérer nos bagages. Ils arrivent d ’où? De ce tapis roulant! On en a quatre, en voici une valise. Pousse-toi, c ’est lourd, je risque de te faire mal, tiens toi au chariot. Oh la la, je ne vois aucun de mes bagages, qu ’elle galère! C ’est ni, pas encore, soit patiente! Voilà la deuxième, encore deux et c ’est ni! Comment ils sont? Je ne trouve pas de chariot! Il reste ta valise bleue et la grise. Elles arrivent, youpi ! Et voilà, on sort, tu vas avoir une surprise! Qui vient nous chercher? Devine ! Regarde qui est là?! Ne sois pas timide! Et voilà notre belle surprise! C ’est le petit Ryad. Qu ’est ce qu ’il est petit, il est doux ! Bisou à Tata Wassila! Bien arrivés ! Oui très bien ! Très contente d ’être là ! Je pensais ne jamais y arriver. Hamdulilah. Wafaà, 31 ans.
Avec tout ces rôles secondaires, on ne peut échapper aux propriétés du balcon ! Différentes couleurs, différentes formes sont étendues à la vue de tout le monde. Une envie de s ’extérioriser... Ou tout juste un besoin de laisser sécher son linge à l ’air frais! Wafaà Allal.
Une parabole blanche accrochée au mur et des torchons, à côté il y a une grande fenêtre. Un balcon caché avec un grand rideau vert, je ne vois rien, peut être que les gens dorment. Une table blanche sans chaise et il y a en dessus un pot vide sans plante sans eur. Dans l ’autre côté du balcon je vois des pots pleins de plantes, j ’adore les balcons décorés de plantes. Un balcon vide, il n ’y a qu ’une étagère blanche, et la fenêtre est à peine ouverte je crois qu ’ils ne sont pas à la maison, demain le week-end, ils sont partis en voyage. Un balcon vide avec une ampoule et des fenêtres fermées, une femme seule qui travaille elle n ’a pas le temps d ’ouvrir même pas les fenêtres. Le balcon est tout ensoleillé, lumineux, propre, avec une table et deux chaises, c ’est une maison d ’un couple qui s ’entend bien et heureux. Nour, 35 ans.
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#2 La rue, de quoi c ’est fait, à quoi ça sert ? Enn dans la rue ! Alors on s ’en empare, on écrit, on fait des listes, encore avec Perec, de tout ce qui se passe ici et maintenant. Une page comme un instantané photographique !
Aujourd ’hui il fait beau Vendredi il pleut Aujourd ’hui j ’ai fait de la peinture Le bonhomme jaune Aujourd ’hui je suis allé à l ’école Aujourd ’hui je vois des voitures Aujourd ’hui je vois des bâtiments Aujourd ’hui je vois un bâtiment où j ’habite en haut à côté de la tour Aujourd ’hui je vois une colline Aujourd ’hui je vois des enfants et des adultes joyeux Aujourd ’hui je vois des enfants qui jouent.
# 12 Monologues extérieurs Encore avec Charles Pennequin, on va saisir des instantannés de vie, au présent ou au passé, ouvrir grandes ses oreilles, aller fureter à droite à gauche, et retranscrire paroles et pensées au travers d ’une sorte d ’éboulis de mots, de phrases, de choses entendues, d ’éclats de paroles.
Mouhamdou, 7 ans.
Saint Thys est un quartier plus tranquille que la Cayolle. Il y a une école maternelle, une tour, des blocs, une boulangerie et une alimentation. Il y a des gens calmes. Soraya, 13 ans et Yannis, 14 ans.
Il était une fois, je suis allée au parc, j ’ai beaucoup aimé le parc, il n ’y avait pas de poisson dans le parc, j ’avais vu des fées. Les fées je voulais les toucher. J ’ai vu ma copine, je m ’amuse avec elle. Il y a des jeux au parc. Mon jeu préféré c ’est la balançoire, je vais vite et haut comme une fée !
Oh là là ! Ce vieux il est toujours assit sur ce banc, il a pas de vie où quoi ? Le meilleur bâtiment c ’est le A à l ’époque c ’était ça … T ’as pas vu les mecs comme ils sont maintenant. Ah ouain, c ’est des allemands ! Tu connais dégun, t ’es mort. Il y en a qui sortent pas, Sahaha, court, court, y ’a le chien, il te court derrière ! Ah là là, il est où mon sac ? Ah, je l ’ai trouvé ! Les lles, je suis très en forme aujourd ’hui ! Oui, on voit ça ! Madina & Fatima, 14 ans.
Linda, 5 ans. |6|
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Un jour elle est gentille Un jour elle me gâte Un jour je l ’aime Une nuit je dors avec elle Un jour on est tout le temps ensemble Un jour on se prend dans les bras Un jour on sera …
Mon quartier, On est aujourd ’hui le vendredi, c ’est la n de la semaine, il fait très beau, les enfants sont joyeux avec les animateurs du quartier, ils dessinent et s ’amusent ensemble. Info du jour, tsunami au Japon, Aïe, Aïe, Aïe ! Ca va mal ! Une maman.
Dina.
Et puis, en aparté, et un peu pour dire que malgré les thèmes imposés, l ’atelier d ’écriture est resté un espace de liberté, voici un poème de Kevin pour sa maîtresse !
Maîtresse , Chère maîtresse Vous m ’avez bien appris mes leçons A chaque fois que je vais à l ’école je pense à vous Je pense à elle Heureux Très heureux Au mois de septembre Lundi 7 J ’étais nouveau dans cette école Un coup de foudre Le jour des vacances A seize heures et demi Lundi 7 Le jour de la rentrée Et j ’étais subtié !
Par une belle après-midi, un soleil éclatant, en plus que ça soit le jour de mon anniversaire! Je me réjouis d ’être là au beau milieu d ’une route passante allongée d ’arbres et de buissons. Des voitures y passent, des gens déambulent et ce qui m ’attire le plus dans cette ruelle, c ’est l ’atelier de peinture organisé pour développer la créativité des enfants. Des adultes peuvent y participer aussi, mais ils se font très rares ! A la sortie de l ’école personnellement j ’y assiste aussi souvent que je le peux et que le climat me le permet. Ma lle âgée de quatre ans ainsi que d ’autres enfants réalisent des dessins magniquement beaux ! Certains parents viennent prendre l ’air au milieu de cette ambiance de petits artistes peintres, cela redonne vie à la rue et apporte un échange socioculturel pour tous. Je suis ravie d ’être là en ce moment même ! Wafaà Allal.
Il est 17H15. Les enfants font de la peinture. Juste devant moi est assit un petit garçon très concentré sur son art. Il y en a d ’autres qui attendent leur tour pour s ’inscrire. Un petit garçon sur une moto. La lle qui court pour poser sa peinture à sécher. Un très beau sourire sur le visage d ’un petit garçon en regardant sa peinture. Des enfants qui peignent mais aussi beaucoup de discussions entre eux. Yasmine, une petite lle qui donne son avis sur ce qui se passe autour d ’elle. Ma lle concentrée sur son art. Un petit garçon qui fait du grand art, avec son assiette de peinture, il a tout passé sur sa feuille, très rigolo. Des enfants très occupés avec les animateurs. Ambiance joyeuse !
Kevin, 11 ans. Linda, 31 ans.
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Bonjour, je vois des enfants qui peignent, j ’entends des cris un peu partout de certains âges, je vois des pinceaux, des mamans souriantes que leur enfants peignent, je vois des voitures rouges blanches vertes, des enfants qui jouent au foot, des enfants qui courent et qui jouent à certaines activités, des sons de joie, de bonne humeur, aussi des animateurs joyeux, des arbres, aussi des feuilles, du béton, des poubelles. Kevin, 13 ans
Dans la rue il y a des voitures les chiens et les chats les enfants crient et parlent mon frère peint et y ’a plein de couleurs Adrien mange une sucette Eva écrit julie mange un bonbon Yndia écrit Julie fais la reine les oiseaux volent Naomie fait sa belle je suis la plus belle. Niya, 7 ans.
Il y a des voitures des motos qui font du bruit ma mère discute avec la nounou de Julie Julie s ’amuse les enfants peignent ma s œur et moi mangeons des bonbons Mahamdou écrit Niya écrit J ’écris Naomie mange une sucette à la fraise Julie se prend pour la reine et fait la folle Niya se mouche Naomie a fait Hou Hou ! Naomie met sa veste Ma mère me dit on va y aller !
# 11 Un jour Avec un texte de Charles Pennequin, « Un jour », il s ’agit d ’initier une écriture fragmentaire, celle des souvenirs quotidiens, celle de l ’intime mais aussi de la ville. Parler des autres, ceux de sa famille, ou des amis, dire les images qu ’on a en tête, images de ville, images de gestes, images de mots. Parce que le texte de Pennequin est une mosaïque d ’images, il dit à la fois quelque chose du fonctionnement fragmentaire de notre mémoire et laisse, dans l ’ellipse, apparaître ce que l ’on ne peut pas dire.
Un jour j ’ai été dans ton ventre Un jour Tu m ’as mis au monde Un jour tu m ’as tenue dans tes bras Un jour J ’ai fais une bêtise Un jour Tu m ’as donné une fessée Un jour Tu as été contente de moi Un jour Tu as été en colère Un jour Tu m ’offres des cadeaux Un jour je vais m ’en aller un jour tu seras toujours là pour moi Un jour Pour toujours je vais t ’aimer
Eva, 8 ans Marième, 12 ans. |8|
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# 10 Séance du 27 mai 2011 «Aujourd ’hui, on écrit sans feuille ni stylo». Un enregistreur numérique et la liberté des voix. Bafouillements, hésitations, silences, accumulations, répétitions, loghorées... sont la matière qui fait récit. Spontanéité de la parole, en écho aux gestes, aux actions banales, comme dormir, parler, embrasser, marcher. La parole c ’est toujours à la première personne du singulier : « je suis une cafetière... je suis un tigre.... ».
« Je suis dans la forêt avec tous les autres animaux que je suis toujours le lion que comme ça je fais peur je crie qu ’après que je vais partir que je dors après y a tous les enfants qui viennent au zoo pour me voir ils vont voir tous les animaux après c ’est moi je suis dans une grotte je dors je mange je mange avec mes dents je l ’avale après je pars dans ma grotte je vais voir tous mes amis je vais tous les manger et après je suis le seul du zoo et après je pars du zoo je vais dans une ville je fais peur à tout le monde tout le monde a peur de moi ils ont vraiment peur de toujours moi que il y a des petits enfants qui viennent me voir et je leur fait peur après il vont voir les parents. » Emeline, 6 ans.
#3 Trajets de vie Le trajet, celui du corps quotidien, de la fatigue et de l ’attente, celui qu ’on fait sans vraiment le voir ou y penser, celui qui lentement, à force de passages, dépose en nous quelque chose de la ville, de la vie invisible. Celui qui se trace en nous, plus que l ’on ne le trace (en écho aux textes de Leslie Kaplan, L ’excès-l ’usine & Livre des ciels).
Je suis en retard Je suis nerveuse Je galère Il fait beau soleil du vent Je m ’amuse en m ’énervant Je suis fatiguée, contente On fait du sport Mélissa, 11 ans. Là bas Par là Et par là Y a des escaliers Le numéro chiffré 1 Yanis, 4 ans. Je fais du roller Je vais vite Ça roule Quand tu pars sur la glace On entend le vent Les cheveux s ’envolent Les bruits ça fait tring tring tring Lucie, 7 ans.
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J ’ai pas d ’idée, n ’importe, je sais pas, y a des choses qui passent par la tête, n ’importe, c ’est pas grave, j ’ai pas d ’idée, j ’ai pas d ’idée, faire de la marche, on est 4, 5, 6, 7, 8, on est nombreux, 5 ou 6, 5 ou 6, c ’est pas possible avec eux, c ’est dur de sortir de la zizanie, zizanie, c ’est bien difcile.
# 9 Je voudrais être … A partir d ’une poésie d ’Emmanuel Mosses qui est lu au participant de l ’atelier, il s ’agit de choisir son exil. Partir, rêver, trouver une autre nationalité, se mettre en situation d ’être différent, d ’être autre et soi-même, ailleurs. Invoquer peutêtre ses origines, les histoires qui nous ont été racontées sur ce « là-bas », ou simplement dire ses rêves …
Jean-Michel, 4 ans
Je marche avec mes copains pour aller à Michelis. Je marche et j ’entends les bruits des voitures, je marche et je vois les copains à mon père, j ’entends mes copains jouer au foot, je pars le mercredi à 13H30, je pars deux trois fois par semaines, je pars le mardi soir, le mercredi et le samedi, le mardi à 17H30, le mercredi à 13H30 et ça dépend le samedi, mercredi il faisait beau, je suis allée à Mazargues. Lucas, 10 ans .
Saint Thys, journée ordinaire. La journée commence très tôt le matin après avoir déposé les enfants à l ’école, un petit retour à la maison, faire un peu de ménage à 9 heures, dans le bus 18 et le 15 nous allons faire les magasins.
je voudrais être Italienne J ’aimerais voir le soleil d ’Italie Me promener au bord de la mer italienne Me reposer sur le sable Italien Aimer les personnes qu ’il y a en Italie Etre ère d ’être Italienne Aimer passer du bon temps italien Et les couleurs du drapeau de l ’Italie Lydia, 9 ans.
I love l ’Amérique Je vois les voitures américaines Les rues américaines Les boutiques américaines Les dollars américains But what I like best in Amérique is Amérique!
Faousia.
Morgane, 11 ans.
Je voudrais être mauricienne Regarder les mers mauriciennes Voir danser les femmes mauriciennes Et les animaux mauriciens Kenza, 10 ans. |10|
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J ’aime La vie, les gens le bon dieu, la paix, le beau temps, le mauvais temps.
#4 Autobiographie en 5 Lieux Lieux de vie, lieux de passage, depuis le pays lointain où nous avons vécu, le pays de nos origines, jusqu ’à la petite maison de nos grands parents, il y a en nous une mémoire des lieux, la trace d ’une lumière particulière ou d ’une autre langue.
J ’aime pas Les chiens, le noir, la fatigue, la maladie. Rabéa, 40 ans.
J ’aime La play, la Wii, la plage, les frites, les maths, l ’anglais, le sport, le skate, le vélo, les chats, les vacances, l ’été, mon père, ma mère. J ’aime pas L ’école le lundi le mardi le vendredi, les légumes sauf les carottes, les devoirs, les chiens, l ’hiver. Yssam, 10 ans.
J ’aime, L ’aide au personnes en difculté, le beau temps, les eurs , le partage des cultures, music, cinéma, connaissances, les restaurants, les liens famillieux, la guérison, les vacances, la vie. J ’aime pas, L ’insalubrité, la vulgarité, les maltraitances, la pauvreté, la méchanceté, les personnes tristes, les maladies, l ’hiver, le froid, la mort. Hinda, 36 ans.
J ’aime les gâteaux aux chocolat, les pâtes à la sauce ou à la béchamel, les hamburgers, les légumes, parler avec mes amis, sortir faire les magasins ou aller au cinéma, mais ce que j ’aime par dessus tout c ’est ma famille ! Cependant, je n ’aime pas les épinards, les brocolis, les lms d ’horreur et qu ’on me crie dessus. Myriam, 18 ans. |18|
Le parc, les amis, la parc en haut, on monte et c ’est là bas, le parc Château St Loup, la glissade bleue, je rigole, je vois des oiseaux des chats et des chiens. Marseille St Thys. A la grande tour ils ont enlevé plein de gens au 1er étage parce que la tour elle bougeait. Ils n ’ont pas enlevé les gens, c ’est ma tour! Les trois derniers étages, ils ont fermé. Ils ont peur que les enfants tombent. Moi je vis au 3ème, ça va! Aux Catalans, Anissa, j ’ai dormi chez ma cousine, il y a la plage, on rigole, on fait des pique-niques. J ’ai un lapin. A la campagne, l ’autoroute, une demi heure, chez mon tonton Eric, il y a la nature et c ’est beau. L ’Italie, mon père est italien. La mer, le beau temps, l ’hôtel, la piscine … Clara (8 ans) et Yanis.
La Savine, j ’y ai travaillé pendant trois ans Sormiou, j ’ai emmené toutes les générations de jeunes d ’ici à Sormiou Saint Thys, j ’y vis, j ’y ai plein d ’amis, j ’y ai fait des choses. Aubagne, lieu de naissance, 8/06/78 Roquevaire, j ’y ai grandit, j ’y ai rencontré cette jeune lle qui nous a suivi, une maison de ville. Abdel-Latif. Ibiza, J ’habitais là-bas, j ’avais 4 ans, La mer, tout le temps la plage, sous les parasols. Syhem, 20 ans . |11|
Une étape dans ma vie: l ’aventure mahoraise. Tout commence en 2007, professionnellement, je débarque avec ma famille dans cette île de l ’océan indien. L ’île française si différente de la France ! Cette France « d ’en bas » où plus d ’un tiers de la population survie comme dans un pays en voie de développement ! Face à tant de misères, je me suis vachement attachée à cette portion de ma vie, malgré cela. Quatre années merveilleuses, enrichissantes et utiles dans ma vie ici-bas.
#8 J ’aime / j ’aime pas Après les objets qui parlent de nous et pour nous, on continue sur la question de l ’intime. En partant du fameux texte de Georges Perec « J ’aime, J ’aime pas », il s ’agira de se raconter sous forme de liste avec les choses que l ’on aime ou pas, les plus grandes comme les menus détails de la vie quotidienne. Dire tout ce qu ’on aime, tout ce qu ’on aime pas, c ’est encore une fois tenter de porter un regard sur notre quotidien, ou sur l ’espace commun, l ’espace de partages et d ’échanges mais aussi celui de la solitude, comme une jolie façon de se raconter et de se rencontrer !
La Maman de Niya . J ’aime les parfums, les bijoux, les mariages, l ’orient, la nature, l ’émission «Faites entrer l ’accusé», la musique, chanter, proter de la vie, sortir avec mes copines, mes parents, « Plus belle la vie », « Deseperate housewives », «Esprits criminels», le droit, la justice, les plats tunisiens, italiens, l ’Afrique, l ’été, le soleil, la plage, voyager, l ’Histoire, la criminologie, l ’or, conduire, parler au téléphone, les gens ouverts d ’esprit, qui n ’ont pas peur de la différence, qui prônent l ’acculturation, la liberté, la franchise, la générosité.
#5 La vie est un son A partir d ’un fragment de texte de Christophe Tarkos (Ma langue est poétique), il s ’agit encore d ’écrire notre lieu de vie. L ’autre manière de voir, pour voir plus loin que le bout de mes yeux, pour saisir la globalité de ce qui m ’enveloppe, c ’est l ’écoute. On ferme les yeux et on écrit !
« Les bruits des enfants, des oiseaux, du chardonneret, de la mésange, des voitures, des motos, tous étaient au rendez-vous. Et aujourd ’hui, le jour du carnaval, j ’entendais des acharnements, des bruits de photographie, et je vois ma copine déguisée en clown et je l ’entendais dire des bêtises ou bien des rires. Et voilà, tout ça se passe à l ’école ! Dina, Morgane et Ismaelle. |12|
J ’aime pas la politique, l ’hypocrisie, la malhonnêteté, les gens imbus de leur personne, lire, les intégristes, les fanatiques, les gens racistes, les gens superciels et matérialistes, patienter, les gens inactifs, égoïstes, la solitude, la paresse. Amandine, 19 ans.
J ’aime Le soleil, le calme, la propreté, l ’organisation, la vie, les beaux paysages, la lumière, la nature, la liberté, communiquer, aller vers les autres, les belles choses. J ’aime pas La pluie, le bruit, la saleté, le désordre, la mort, le noir, l ’enfermement, la solitude Malika. |17|
J ’entends le bruit du robot de la machine à pain, le bruit des voitures qui roulent, le bruit de la porte d ’entrée, le bruit des égouts, l ’eau qui coule dans les égouts, le bruit du robinet quand on l ’ouvre, le bruit que les voisins vont. J ’entends les chiens. Le henné, je l ’aime bien depuis que je suis toute petite, j ’aime bien le faire même son odeur, je l ’aime bien l ’odeur, y en a qui aiment, y en a qui n ’aiment pas moi, je l ’aime avant, je mettais tout dans la main maintenant, je mets une boule au milieu et je ferme la main je le fais le soir jusqu ’au lendemain matin je vois la couleur, rouge, orange je ferme sur les doigts, ça fait des points je l ’ai fait ça a bougé le lendemain, il y a des tâches blanches, c ’est pour ça il y a les dessins, mais je ne connais pas c ’est de la poudre et de l ’eau on mélange ça devient une pâte noire on le fait dans les fêtes, l ’aïd et quand on veut depuis que je suis petite y en a qui n ’aiment pas le faire mon mari, il n ’aime pas avant, quand je le faisais, il ne dormait pas à côté de moi il n ’aimait pas l ’odeur même quand je ferme les yeux, l ’odeur, je reconnais.
Bekhta, 32 ans.
Kenza, 10 ans.
Qu ’est ce que le son ! Sans les yeux, il devient chanson, Sans les mots, c ’est de l ’ultrason, Finalement, c ’est quartier qu ’on devient con mais grâce au pinson, l ’on devient bon ! Frédérique Gallia. (et le bruit alors !)
- Ça fait grrr grrr - Et moi ça fait poum poum - C ’est la porte ! - Non c ’est les chaises ! - Quand on fait poum poum dans mon école c ’est la porte ! - Les tables ! Les tables ! - La porte des toilettes fait clac clac ça fait un courant d ’air et ça fait hou ! Soane, Linda, Océane.
Maman parle au téléphone. J ’entends le bruit de la wii. La voisine, elle parle. Le son de sa voix. Les béquilles de tonton, le téléphone quand il sonne. Les enfants crient, les chiens, les rollers, anne parle, les oiseaux, les chansons, les pas. Quand on va à l ’écurie on entend le bruit des chevaux. Ben.
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#6 Ecrire la peinture Les ateliers d ’écriture à Saint Thys se déroulant en même temps que l ’atelier peinture animé par Sébastian de l ’association Art & Développement, on a voulu aujourd ’hui lier les deux ateliers par une simple invitation lancée aux écrivains à utiliser les peintures réalisées ce jour là.
#7 D ’une chose à soi Certaines « choses » ne sont plus perçues qu ’à travers le ltre des lieux communs. Cherchons à nous réapproprier des objets peuplant notre quotidien. Attachons-nous, avec Francis Ponge, à mener une observation ne et détaillée de ces « choses », délibérément choisies pour leur apparente banalité, de façon à les révéler comme des motifs curieux et intrigants.
Il était une fois une vache marron et bleue Le soleil est tout plat Le soleil a des rayons rouges Les yeux rouges, elle s ’appelle Sophie De l ’herbe verte Les cornes jaunes
les bancs qui servent à s ’assoir
Ben.
à se reposer
La terre est très bien faite mais il manque quelques îles. Elle n ’a pas voulu dessiner les étoiles elle a fait des points jaunes elle a mélangé le ciel de la terre à l espace. Je pense que la terre va se cogner avec Saturne et cela fera une explosion énorme. Les couleurs sont jolies. Malik , 10 ans.
à pique-niquer ou à parler fabriqués de deux pieds.
Kenza, 10 ans.
C ’est un humain qui se transforme en signe vert quand on l ’énerve. Il est vert, il a un arbre et des grandes oreilles, le ciel bleu foncé, le jour et bleu ciel la nuit, puis des gouttes de pluie de couleurs et il s ’appelle Toni … Marie, 10 ans.
J ’ai fait ressentir mon envie de peindre. Et voilà, je les fais ressentir !
Le couteau, la lame, le sang, la gorge, l ’islam, le judaïsme, mahmoud, conits, prison, indélité, prostitution, cocaïne, violence gratuite, celeste, timidité, cassage de rein, pourquoi, mélange de milieux, open bas, solitude. Foued, 26 ans.
Ange, 11 ans. |14|
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