Chemins #06

Chemins hebdomadaire - semaine du 11 au 17 ao没t 2013

#05

photo-reportage

au-delà de la vallée d’abondance, page 18.

la rédaction rédacteurs clara guilmin loïs lazini

reporters photographes loïs lazini clara guilmin

auteurs zoé leroux sylvie nguyen conception graphique anne foti

sommaire

journal édito

p. 7

portrait - derrière un sourire

p. 8

enquête - de l’autre côté du film

p. 12

photo reportage - de l’autre côté de la montagne

p. 18

p. 27

images en mouvement

images de rêve

p. 28

p. 31

chemins poétiques l’image est poétique

images d’images

p. 30

5

édito

Cette semaine, nous avons décidé de parler de l’autre côté des choses.

Nous avons voulu savoir ce qui se passait derrière le sourire d’une jeune fille en vacances en colonie, car malgré sa bonne humeur, sa vie est triste et mouvementé.

Nous sommes allés observer les coulisses d’un film. Un court métrage tourné par des enfants de la colo, au sein de l’atelier cinéma animé par Manu.

Le châlet de la colonie est située dans la vallée d’Abondance. C’est une belle vallée, mais très étroite et nous avons souhaité passer de l’autre côté de la montagne pour voir ce qu’il y avait derrière. Un reportage photo vous fera découvrir ce que nous y avons vu.

Cette semaine les chemins poétiques sont aussi consacrés à l’image. Les auteurs ont écrit en s’inspirant de photographies ou d’un extrait de film, où encore d’images de rêves pour aller chercher derrière les images les mots qui s’y cachent.

Vous souhaitant une bonne lecture !

Clara et Loïs

7

dialogue

derrière un sourire

Il y a des enfants heureux d’être en colonie de vacances loin de leurs parents ! Et puis d’autres qui n’ont pas choisi de venir ici, d’autres qui n’ont plus leurs parents ou qui sont loin d’eux. Des adolescents qui sont obligés de venir ici parce que leur foyer ferme pendant l’été. C’est en même temps une chance pour eux d’être en colonie dans un si beau lieu mais aussi une contrainte. Nous avons rencontré Sosina qui est très heureuse d’être ici malgré sa situation. Elle a fait le choix de venir ici, elle est très courageuse et positive dans tout ce qu’elle fait. Nous lui souhaitons de réussir ici en France.

-Bonjour, Sozina.

-Bonjour !

-Quel âge as-tu?

-J’ai 16 ans.

-Et d’où viens-tu?

-Je viens d’Albanie.

-Pourquoi es-tu venue en France ?

-Pour étudier et gagner de l’argent.

-Pourquoi es-tu venue en colo?

-Je suis venue pour m’amuser, connaître des gens. La première semaine j’ai fait écrivain et là je fais cinéma.

-Ça te plaît ?

-Oui !

-Tu es venue toute seule en France ?

-Oui, mais il y a ma sœur qui y habite et qui est mariée.

9

dialogue -Tu es contente de venir en colo pendant les vacances ?

-Oui, je suis très contente. Pour moi c’est la première fois et je trouve ça amusant.

-Tu pense y revenir?

-Oui, pourquoi pas!

-C’est toi qui a décidé de venir en colo?

-Oui, la famille d’accueil m’a posé la question et j’ai été d’accord, puis j’ai regardé cette colo et les autres et j’ai choisi de venir ici.

-Tu dis que tu vis en famille d’accueil, comment ça se passe?

-Ça se passe bien. Mais au début moins car les familles d’accueil d’ici sont différentes par rapport à l’Albanie.

-Quelle est la différence?

-Les familles françaises sont plus respectueuses et il n’y a pas les traditions qu’il y a en Albanie.

-Ils sont comment en Albanie?

-En Albanie, ils ne s’intéressent pas à ta vie, ils s’en fichent !

-Si tu avais le choix, où préfèrerais-tu vivre?

-Je pense en France.

-Et où sont tes parents?

-Ils sont restés en Albanie et ils ne pensent pas venir en France.

-Ils te manquent ?

-Oui, beaucoup. Mais je peux voir ma sœur tous les week-ends, car nous n’habitons pas loin.

-Depuis combien de temps es-tu dans ta famille d’accueil?

-Depuis octobre. Mais je suis arrivée en France en septembre, puis je suis venue dans un foyer et là ils m’ont trouvé une famille d’accueil.

-Jusqu’à quel âge vas-tu rester dans ta famille d’accueil?

10

-Normalement jusqu’à 18 ans, mais si je veux, je peux rester jusqu’à 21 ans.

-Tu préfères quoi?

-La famille d’accueil car je ne connaissais personne puisque toutes les semaines des enfants partaient et venaient.

-Tu t’es habituée à ta famille d’accueil?

-Oui, mais je n’aime pas vraiment rester avec une famille que je ne connais pas.

-Tu pense faire quoi comme études ?

-Je veux devenir secrétaire, car à la rentrée je vais rentrer dans une vraie école et c’est là où je vais faire des études pour devenir secrétaire.

-Quand tu n’as pas cours, que fais-tu de tes journées ?

-Je lis, car j’adore lire et je joue avec les enfants de la famille d’accueil.

11

de l’autre côté du film

interviews Nous sommes allées sur le tournage d’un film réalisé par des enfants de la colo pour voir ce qui se cahe derrière les images. Le tournage de ce jour là a lieu tout près du centre, près d’une très jolie cascade et d’une cabane dans les bois.

Manu, l’intervenant cinéma, donne les directives avec Ruben, le cadreur. Les acteurs se mettent en place et au signal du cameraman et commencent à jouer. Ils répètent la scène avec plusieurs plans. Ils prennent environ un quart d’heure pour avoir une scène de quelques petites secondes. Tout le monde est concentré, même ceux qui ne jouent pas, il n’y a pas un bruit quand les acteurs jouent. Il y a une bonne ambiance entre l’équipe. Il faut faire avec les aléas des conditions de tournage en extérieur, comme un chien qui aboie, des bruits qui gênent...

Nous avons interviewé quelques personnes pendant le tournage pour rendre compte de l’ambiance du tournage et explorer tous les aspects de la construction d’un film. Nous avons rencontré Ruben, le cadreur ; Lila, Anyssia et Marjorie, des actrices ; Johan, un assistant à tout faire ; Chiara, la monteuse du film, extraits : - Que fais-tu dans le film ?

Ruben : Je suis cadreur et assistant du réalisateur. Je prépare les acteurs et je choisis les plans.

- Qu’est ce qui te plaît dans le fait d’être cadreur ?

Ruben : Je n’aime pas être devant la camera, je préfère le côté technique du cinéma.

- Quel rôle joues-tu ?

Lila : Je ne sais pas trop si je suis l’amie ou l’ennemie, selon la tournure du film.

14

de l’autre côté du film - De quoi parle votre film ?

Lila : Notre film parle d’enfants désobéissants qui trouvent une cabane qui appartient à d’autres enfants. Ça ressemble au film Jeux d’enfants.

- Combien de temps prenez-vous pour tourner une scène entière ?

Lila : ça peut aller jusqu’à une heure et demi !

- Que fais-tu dans le fim ?

Johan : Rien, on ne sait pas. S’il manque des personnages peu importants je peux les jouer. Ah, et aussi je coiffe ceux qui jouent !

- Quel rôle joue-tu ?

Marjorie : Je joue une enfant du camp ennemi des acteurs principaux.

- Ce rôle te plaît ?

Marjorie : Oui, c’est moi qui l’ai choisi. Nous avons tous décidé de ce que nous voulions faire.

- Comment se passe une scène ?

Marjorie : On la répète avec plusieurs plans, on improvise mais à la fin on connaît la scène par cœur. Et c’est dur de garder son sérieux.

- Quel est ton rôle ?

Anyssia : La mère stricte des enfants.

- Tu ne t’ennuie pas quand tu n’as pas de rôle ?

Anyssia : Non, on discute entre nous parce qu’on s’entend bien.

- Tu restes naturelle dans ton rôle ?

Anyssia : Non, je dois changer mon caractère.

15

interviews - Quel rôle joue-tu ?

Charlotte : Un ami, mais je fais surtout la mise en scène et du maquillage.

- Que penses-tu du lieu de tournage ?

Charlotte : C’est très compliqué d’y accéder mais une fois qu’on y est ça va. C’est un très bel et calme endroit.

- C’est dur de jouer une scène ?

Charlotte : Oui parce que c’est la première fois et je ne suis pas très à l’aise.

- Que fais-tu dans le film ?

Chiara : Je fais le montage.

- Qu’est ce qu’est le montage ?

Chiara : Un montage c’est quand on assemble plusieurs scènes pour créer un court ou long métrage.

-Pourquoi fais-tu le montage ?

Chiara : J’en faisais déjà avant, je me suis spécialisée et j’aime beaucoup ça.

J’aimerai en faire mon métier.

- Combien de temps prends-tu pour monter une scène ?

Chiara : Ça peut prendre de 5 minutes à une demi heure.

- Pourquoi préfères-tu monter que tourner dans le film ?

Chiara : Je trouve ça important de monter. En plus, je ne joue pas bien !

16

de l’autre côté du film

photo reportage

de l’autre côté de la montagne

Abondance se trouve dans une vallée très étroite. Le seul paysage est toujours la même montagne. Nous avous donc décidé de voir ce qu'il y avait derrière. Pour cela, nous sommes allées à Châtel, proche d'Abondance prendre la navette qui nous à amenées à Pré-La-Joux. Là, nous avons pris une succession de télésièges: Pierre Longue, Rochassons, Chaux Fleurie, Lindarets, jusqu'à arriver à une altitude de 1930mètres. En chemin, nous avons croisé des hommes pratiquants du VTT de descente. Nous les avons interviewés. Ils nous ont dit qu'ils utilisaient les pistes de ski, transformées en pistes pour VTT. Ils faisaient partie d'une association qui venait ici tous les ans car c'est une station très réputée l'été. Il y avait aussi beaucoup d'étrangers. Plus on montait, plus beaux étaient les paysages. Conclusion, derrière les montagnes se trouvent... des montagnes!

17

chemins poĂŠtiques

chemins poétiques

LES IMAGES SONT POÉTIQUES

27

tristesse rien n’est illuminé bois rustique enfant perdu il recherche quelque chose champ couleur sombre la porte s’ouvre toute seule alors que l’enfant n’as pas pu l’ouvrir ou peut être une illusion flash back noir et blanc – sépia s’envoler comme un ange cabane vitre cassée mystère les fleurs emportées par le vent dans un souffle s.n.

28

images en mouvement

autour du film le miroir d’andreï tarkovski

Vous serez assis sur un tapis et vous tripoterez un papier.

Ensuite, vous le reposerez vite pour ne pas vous faire surprendre.

Votre mère arrivera, et vous ne direz rien.

Vous marcherez dans un champ, puis vous irez à votre datcha.

La porte s’ouvrira pour vous, une fenêtre éclatera.

Puis vous courrerez pour rejoindre une autre datcha, et le vent se mettra à souffler fort.

Vous appelerez votre mère et vous tenterez d’ouvrir, mais la porte sera fermée.

Vous descendrez les escaliers.

Finalement la porte s’ouvrira et votre mère apparaîtra.

Vous n’irez pas vers elle. z.l.

29

images de rêves

Je suis dans ma chambre, et je joue tranquillement. Ma mère entre et me dit de faire mes bagages. Je fais mes bagages et nous nous retrouvons sur un bâteau. Nous nous asseyons. Soudain, je me retrouve dans une pièce toute sombre et je ne vois rien. La lumière s’allume et je suis dans un magasin de jouet. Un vendeur s’approche et me conseille des jouets.

Je sors du magasin en courant. J’essaye de trouver ma mère, mais soudain une grosse musique éclate. Je suis en boîte de nuit. Je cherche ma mère partout, mais je ne la trouve pas. Je veux partir, mais je ne trouve pas la sortie,q uand enfin je la trouve elle disparaît. Je me retrouve dans ma chambre en train de jouer. z.l.

dans un monde tout blanc je tombe, seule dans un pays inconnu avec mon petit frère et ma petite sœur, plein de gens, ne pas savoir ou allez, regardez partout, chercher quelqu’un de familier, rien de familier, pourquoi les gens parle d’une langue étrange, je me retrouve a courir courir et encore courir, je hurle, peur que mon petit frère et ma petite sœur meurt dans ce pays, chercher un moyen de communications, au loin un homme, je court vers lui mais il disparaît, tout autour de moi disparaît je me retrouve seule dans un monde tout blanc ou sont passe mon petit frère et ma petite sœur. s.n.

30

images d’images

Dans un appartement tout blanc, vide, sans lumière, une cuisine avec un bar sans vie, pas loin une porte entre ouverte, une salle de bain illuminée par des bougies. Au milieu de cette pièce, un vieux matelas, un cendrier, des cigarettes et un sac avec quelques vêtements. Les stores fermés laissent quelques rayons de lumière entrer dans la pièce et se mélanger avec la fumée blanche.

Un homme assis sur le matelas avec un joint entre ses longs doigts. Cet homme, avec un regard de culpabilité, de désespoir. Cet homme était mon père, je l’examine, car on dit souvent que je lui ressemble comme deux gouttes d’eau, ses yeux, sa bouche, son corps lâche, maigre et très grand, son visage sombre, sans expression. Sur son majeur était inscrit trois points de façon triangulaire. J’aime regarder ses mains, il y a des veines qui ressortent, elles sont rassurantes. s.n.

31

chemins poétiques

Des hommes - sont immobiles s’ennuient - ont froid - sont tristes – mélancoliques – attendent -dans le brouillard - les bâtiments - la terre - la saleté – de la boue - des flaques d’eau - énormes tuyaux - des bennes sales- l’endroit inéclairé - le noir. z.l.

32

images d’images

Une jeune femme de dos, à l’extérieur, une jambe levée, sur un rocher.

Elle porte un t-shirt blanc, sans manches, un short en jean et elle a une queue de cheval. Plus loin, de l’eau, une grande étendue d’eau claire, et des hautes herbes. Il y a aussi du sable. Il y a beaucoup de soleil et l’endroit est bien éclairé. Il y a du flou sur les côtés. Puis une pente de sable, avec des herbes. Encore plus loin, une plage et des personnes marchant sur la plage. Elles sont floues, elles sont toutes floues, sauf la jeune fille. Elle se trouve bien au milieu de l’endroit. Sur l’eau, une bouée avec une inscription dessus, mais la bouée est trop loin pour qu’on aperçoive l’inscription.

C’était pendant les vacances d’été, Romane avait demandé à Emilie de poser pour elle. Emilie s’était mise sur un rocher, avait levé une jambe et ne bougeait plus. Les rayons du soleil faisait briller sa peau. Romane a pris cette photo sur son polaroid. Moi je l’ai aidée pour tenir, mais dès que Romane a pris la photo je me suis enlevée. C’est moi qui avait appris à Emilie cette position. C’était sur une plage en Amérique. Emilie portait son t-shirt préféré. Moi, je ne regardais pas. z.l.

33

Je suis dans une chambre d’hôtel moderne, peinte en grise, une grande vitre rectangulaire habillée par un voile blanc qui tombe au ras du sol sur le mur droit. Devant cette vitre un écran plasma avec une image tornade.

Devant moi une deuxième vitre comme la première, je suis assise sur un lit moelleux ma main posée sur la couverture grise très douce, à coté, mon sac à main noir cuir, devant moi mon reflet, à l’extérieur le ciel est gris, la mer est très proche, plus loin les bâtiment d’une forme rectangulaire, très grands. Dans cette chambre je ne peux voir que des images fixes, rien ne bouge dans cette chambre je suis seule entourées par des écrans avec des images, je suis comme coupée du monde, je ne peux appeler ni changer d’image, dans une vitre je me vois, image, je vois cette femme. s.n.

Je pars, je prends la route. Je quitte cet endroit. Je prendrais la route la plus discrète, pour ne pas rencontrer la police. Ce n’est pas que j’ai quelque chose à cacher, non, mais je n’aime pas trop m’arrêter en route, surtout que ma route va être longue, longue. Je ne sais pas où je vais, ni pourquoi je pars. Je vais m’échapper. Peut-être ferais-je le tour du monde ! Non, ça m’étonnerait, pas dans ma deux-chevaux. Peut-être pourraisje emprunter un véhicule. Où faire le tour du monde à pied... Aujourd’hui, il fait orage ; peut-être est-ce le moment d’y aller ? Où peut-être vais-je attendre demain, dimanche, jour de repos pour tous... Non, sinon je ne partirai pas, et même si je partais, je ne pourrais pas assister à la messe.

Mais, je pourrais partir l’après-midi. Et je pourrais assister à la messe.

C’est décidé je prends la route aujourd’hui !

34

z.l.

Étouffement – faire comme tout le monde - fuir – foule – faire semblant – se fondre dans la foule – ras le bol – talons – affiche – véhicule - bruit soir – courir – femme - peur – se laisser fondre – homme – précipitations – car – sombre – rouge – routine – carreaux – blanc – pollution – adulte – métropole s.n.

35

édité par gentiane en piste centre plein soleil à abondance (74) août 2013 dans le cadre d’ateliers d’écriture et de journalisme animés par anne foti