allĂŠes
la revue des enfants du centre dugommier
anthony violette brenda taha maya dorra gallia souad antoni le誰la vanessa sirine mohamed nina
Le premier numéro de la revue allées est issu d’une série d’ateliers donnés au centre dugommier à marseille auprès d’enfants âgés de 7 à 9 ans, à l’initiative de la mairie du premier secteur. Ateliers d’écriture (récits personnels ou jeux de collage), mais aussi ateliers de photographie et ateliers sonores, leurs ont permis d’explorer un petit bout de ville, un petit territoire qui paraît immense quand on a 7 ans. Entre les hauts de la canebière et les allées léon gambetta, il s’agissait d’être attentifs aux échos de la ville, d’y déposer ça et là mots et regards, rires et imaginaire. Se raconter la grande histoire de la ville par la petite histoire des déplacements quotidiens. Se raconter la lumière, les arbres, l’agitation sonore des machines, des conversations qui se croisent, se raconter un personnage qui n’existe pas, toujours en mouvement et insaisissable : la ville.
intervenantes / justine simon et anne foti / association p a r a l l a x e s stagiaire création sonore / sylvain roche conception graphique de la revue / association p a r a l l a x e s pour l’association couleurs cactus remerciements au centre aéré dugommier et à son équipe
souvent devant le soleil
le magasin est plein de sourires
dans la ville le ciel est
dĂŠsert
sans mĂŠlodie
seuls des panneaux publics
les tĂŞtes les paroles
il y a une musique
dans les quartiers, c’est beau les gros pylônes. on voit d’immenses usines courbes. on marche. attendent les bruits des mobylettes. les villes aussi sont vivantes. de là-haut, cela forme d’indestructibles limites. au feu vert les voitures rapides foncent puis s’arrêtent à nouveau. d’autres restent dans une ville de province. liberté. des hommes vont et viennent comme un réseau puis s’arrêtent. présence des arbres, palissade. dans les étages élevés, tu vois le vent aux fenêtres.
le frère de mon tonton
les éboueurs du ciel le méchant qui crie
la tristesse des invisibles
des vieux copains
ceux qui vendent des bonbons. ceux qui vendent des pizzas. ceux qui vendent des légumes et des fruits. celui qui sourit. ceux qui travaillent. celle qui est en tunisie. ceux qui sont bien en tunisie. celui qui travaille. celui qui lit. celle que j’aime. ceux qui jouent avec moi. celui qui me vend le pain au chocolat le matin. celui qui doit se lever très tôt. celles et ceux qui présentent le journal. ceux qui sont bien informés de ce qui se passe dans la journée. celui qui travaille à la mairie. celui qui est gentil. celle qui m’aime. celle qui a eu un bébé. ceux qui éteignent le feu. celle qui est amoureuse. celle qui nous donne des devoirs tout le temps. celui qui est parti.
les villes aussi sont vivantes
j’entends une musique sans paroles
le ciel est gris
l’air est calme
les voitures voyagent
feuille, j’habite les arbres
éloignée, nourriture exotique. une tasse de café. il y a une musique et aussi le désert. angles droits dans le cadre blanc. fenêtres. ils se croisent dans les avenues, le regard fixe, se frôlent, s’évitent aux feux rouges. des panneaux devant la télé, son corps, ton monde à un coin de rue, public.
je vois des hommes avec des ombres d’arbres. je vois des motos, des voitures, des tables, des chaises. un manequin. aussi des places. des restaurants avec des hommes. je vois des gens qui marchent, qui fument, qui portent des casquettes. des numéros de places. des ombres. des maisons. je vois des enfants qu’on connait. des écritures. chinois. des vieux. des serrures dans un magasin. tous les jours je vois la même pharmacie, je vois la même boulangerie. je vois des oiseaux dans le ciel. je vois des chiens dans la rue.
la matière des feux électriques, rouges, verts, oranges. dans la ville en voiture, le visage reflète dans sa propre lumière. présence de la caméra de surveillance qui regarde comme toi dans la rue, qui marchent ailleurs.
je promène dans les rues grises Les gens s’assoient au loin partout je regarde les hommes dans une grande allée avec des femmes dessinées chaque chose vit partout la lumière le ciel est la mer est bleue c’est une ville en mouvement rond un temps simple qui tourne sur lui même tasse de café il y a des gens assis la ville est un bloc
je vais à l’école et le soir je rentre chez moi je vois la boulangère tous les soirs et j’achète des bonbons le matin je traverse la rue avec ma mère je suis arrivée je vais en bus et je vois un ballon rouge et blanc bleu pour aller à l’école je prends toujours le même chemin pour aller au centre je prends toujours le même chemin je fais un appareil photo à moi seul je rencontre mes copains devant l’école j’habite à côté de l’école j’habite une petite rue je vais tout seul à cocci le magasin c’est en bas de la canebière après tu montes et tu vois cocci je marche sur le même trottoir je n’ai pas peur il y a mon oncle qui travaille là-bas je descends je vois mon copain l’école est en face de chez moi tous les jours j’y vais dans la même rue et je vois des girafes dans mon jardin tous les jours je vois un chat dans la musique je vois des étoiles dans le ciel la nuit je monte dans le métro je vois une dame dans le métro je marche et je monte les escaliers je marche je pousse la barrière j’aime le métro il y a du silence les gens ne parlent pas mais ne dorment pas je suis encore trop jeune pour le prendre seul je prends les escalators le bruit du métro il siffle blanc et un peu de bleu il faut un tatouage de carte vitale pour passer
parallaxes