Martinique Agricole N°2

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Agricole Martinique Février-Mars 2011 - N°2

Le Magazine bimestriel de l’actualité Agricole Agronomique et Agro-Alimentaire Martiniquaise. 3€

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“2 011 doit être l’année de la reprise…”

Lisez notre dossier de 20 pages

Actualités/Brèves

Recherche & Innovation

Entreprises & Produits

RUBRIQUES

LA CERCOSPORIOSE NOIRE : Où en est-on actuellement en Martinique ?



EDITORIAL

2011 :

Année des Outre-Mer, année de la repriseJ?

La Caraïbéenne d’Équipements Propriété de PIMEDIAS SARL 34 rue Schœlcher 97232 Le Lamentin RCS Fort de France 483 314 928

Directeur de la Publication: Philippe PIED

Rédacteurs, Collaborateurs, Journalistes et Pigistes: Mike Irasque, P.P, Antilla, ADV Maquette et Régie Publicitaire PIMEDIAS SARL Port.: 0696 73 26 26 Tél.: 0596 75 54 31 Fax: 0596 75 58 46 Mail: pimedias@wanadoo.fr Impression : PRIM - Guadeloupe ISSN en cours

Eclairer la réalité des outre-mer français, au-delà des clichés sur les "enfers de cyclones ou de crises sociales" : c’est l’ambition de Daniel Maximin, commissaire de l’année des Outre-mer, qui se déroulera tout au long de 2011.

Espérons que l’Union Européenne prendra en compte de manière conséquente notre situation en temps que région ultrapériphérique, et que le PDR, largement sous-utilisé par le monde agricole, lui devienne beaucoup plus accessible.

Espérons que la gestion du POSEI (Programme d’Options Spécifiques à l’Eloignement et à l’Insularité) - qui a pour objectif d’améliorer la compétitivité économique et technique des filières agricoles en tenant compte de leurs handicaps géographiques et économiques, notamment de l’éloignement, de l’insularité, de la faible superficie, du relief et du climat difficile, de la dépendance économique vis-à-vis de certains produits d’importation et de la concurrence internationale - soit “régionalisé”, comme le dit Mr Bertome (cf page 10).

EspéronsHque nous arriverons à éradiquer de façon non négligeable certaines “maladies” comme la cercosporiose, et que le spectre “chlordécone” se dissipe peu à peuHespérons.

En tout état de cause, les Agriculteurs, eux, continuent à se battre afin d’assurer leur subsistance, celle de leur famille et celle des martiniquaisH Hils y croît toujours malgré les “déboires”.

Dans ce magazine vous découvrirez les réalités de deux entrepreneurs, Ronald Daclinat, producteur de miel et Romuald Nelson, fabricant de compost, ainsi que celles d’agriculteurs et de responsables de coopératives et d’institutions agricole.

Dans notre prochaine édition, nous reviendrons sur “l’affaire” Martinique Nutrition Animale / Médivial, et présenterons la filière Avicole martiniquaise. Bonne lecture,

Philippe PIED Rédacteur en Chef

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SOMMAIRE

6 / Actualités

Brèves… ● Conflit Madivial / MNA ● Les vœux du Président de la Chambre d’Agriculture de Martinique ● Interview de Patrice Tirolien Député Européen ●

28 / Les vœux du Président Bertome

12 /Recherche & Innovation

2011 doit être une année d’espoir. Espoir de voir la crise chlordécone s’atténuer avec les nouvelles données de la recherche ; espoir de voir la production redémarrer avec les soutiens publics annoncés et le courage à la tâche des agriculteurs ; espoir de voir les mesures du PDRM plus accessible aux agriculteurs ; espoir de voir l’agriculture reconsidérée comme une priorité dans ce pays.

La SECI du Conseil Général ● Interview de sa Directrice Mme de Lacroix ● l’Unité d’Ingénierie Génétique Bovine de la Martinique ●

20 / Entreprises & Produits ● ●

Ronald Daclinat : Producteur de miel Madin’Compost : Le compost de SITA VERDE. L’interview de Romuald Nelson

16 / Recherche La SECI (Station d’Essais en Culture Irriguées du Conseil Général) : Une vocation de mise au point et de diffusion des techniques culturales et d'élevage utilisant l'irrigation, adaptées aux conditions du PISE (Périmètre Irrigué du Sud-Est) de la Martinique. Présentation détaillée et interview de sa Directrice Stéphanie de Lacroix.

Dossier Spécial (ACTUALISÉ)

La Cercosporiose Noire Nous vous proposons de faire le point sur l’arrivée de la Cercosporiose noire en Martinique. En effet, lors de notre précédent numéro, elle n’était pas encore présente sur notre départementJ ■ Quelles seront et sont les conséquences de cette maladie? ■ Que comptent faire les élus afin de réagir à cette invasion ? ■ Qu’en pensent les agriculteurs ? ■ Comment faire pour protéger les exploitations et les bananiers privés ? ■ Cette agression de nos bananiers déclenchera-t-elle, au vu de ses probables retombées négatives sur l’export, une restructuration de notre agriculture ?


Actu/Brèves Le CERTIPHYTO

La Chambre d’Agriculture est l’un des centres agréés dans le cadre de l’expérimentation par le Ministère de l’Agriculture pour dispenser la formation aboutissant à la délivrance du CERTIPHYTO. Cette formation permet aux agriculteurs de disposer d’outils leur permettant de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires tout en maintenant leur niveau de production. Le certificat Certiphyto est un document national délivré à des personnes physiques qui permet : - d’être en règle pour tout usage professionnel, dans les conditions définies par le Grenelle de l’Environnement II, notamment : le conseil, la distribution et l’utilisation. - de pouvoir effectuer légalement l’achat de produits phytopharmaceutiques à usage professionnel à partir de 2014. Les deux premières sessions de formation sont programmées comme suit : - 21, 24 et 25 février 2011 (réunion de préparation le 14/02) - 22, 24 et 25 mars 2011 (réunion de préparation le 14/03) Les modules de formation sont animés par des conseillers et ingénieurs de la Chambre d’Agriculture, des médecins et ingénieurs de la Prévention des risques de la CGSSM-AMEXA. Nombre de places limitées - Réserver rapidement :Plus d’infos au Service Formation : 0596 51 75 75 ou 0596 51 91 69

Un nouveau logo pour la Chambre d’Agriculture de Martinique

L’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA) a adopté, lors de sa dernière session plénière, un nouveau logo. Cette nouvelle identité visuelle vise à moderniser l’image des Chambres d’Agriculture.

Concours Général Agricole 2011

L’organisation des phases amont du Concours Général Agricole (CGA) est désormais confiée aux Chambres d’Agriculture. En Martinique, plusieurs candidats se sont inscrits pour concourir dans la famille «Produits du terroir» et la catégorie « Rhums et punchs ». Les agents préleveurs de la Chambre d’Agriculture, mandatés par le Commissaire général, ont procédé, avec la collaboration du CODERUM, aux prélèvements d’échantillons qui devront être présentés aux jurés, lors de la finale nationale, le 22 février, dans le cadre du Salon de l’Agriculture. Concours officiel du Ministère de l’Agriculture créé en 1970, le CGA est un événement de référence et un gage de qualité. Il sélectionne et prime les meilleurs produits du terroir français et les meilleurs animaux reproducteurs. Des médailles, d’or, d’argent et de bronze sont décernées chaque année aux meilleurs produits. Résultats du concours dans notre prochain numéro. 6 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

ECOPHYTO 2018

Le plan Ecophyto 2018 est en France l’une des mesures proposées par le Grenelle de l’Environnement et reprise par le Plan National de Santé environnement. Il vise à réduire et sécuriser l’utilisation des phytosanitaires (y compris en zone non agricole) pour notamment : - réduire de 50 % l’usage des pesticides avant 2018 - retirer du marché certaines préparations contenant les 53 substances actives les plus préoccupantes.

La Chambre d’Agriculture participe à l’animation du Plan Ecophyto en Martinique. Elle élabore dans ce cadre, le Bulletin de Santé du Végétal et met en œuvre les formations pour l’obtention du CERTIPHYTO. Animateur régional Plan ECOPHYTO : Hélène MARIE-NELY Tél. : 0596 51 75 75 Fax : 0596 51 93 42 – 0596 51 20 70 Email : ecophyto@martinique.chambagri.fr


Mac Cormick optimise son outil de production

Afin de gagner en réactivité, en délais de production et bien sûr en prix, Mac Cormick continue son plan de réorganisation de sa production. Les transmissions des grands tracteurs agricoles – XTX, MTX et TTX – seront transférées du site de Saint Dizier à celui de Modène. En rapprochant ainsi la fabrication des transmissions du site de montage final, les délais seront bien sûr comprimés, le poids de la logistique réduit, ainsi que l’empreinte carbone. Ces efforts industriels doivent permettre à Mac Cormick d’apporter un service toujours plus complet, au meilleur coût. Mac Cormick est distribué en Martinique et en Guadeloupe par M3 Antilles.

Internet : Du nouveau !

REFORME POSEI

Les élus de la Chambre d’Agriculture, accompagnés des responsables des structures interprofessionnelles se sont entretenus avec les députés européens Elie HOARAU et Patrice TIROLIEN. Il était question de la réforme du POSEI. La Chambre d’Agriculture a présenté ses observations qui se résument en trois points : - la consolidation du POSEI dans ses bases juridiques et financières ; - le renforcement des moyens du POSEI servant à encourager la production ; - la régionalisation de la gouvernance.

Salon de l’Agriculture 2011

La Chambre d’Agriculture, en partenariat avec le Comité Martiniquais du Tourisme, participera au Salon International de l’Agriculture, à Paris, du 19 au 27 février. Le stand se situera au cœur des régions françaises d’Outre-Mer, dans le Hall 7.1, à l’allée S. Nous vous y attendons.

Notre Chambre d’Agriculture dispose de son site internet : www.martinique.chambagri.fr

Attention : Nos adresses mails ont changé. Le mail général devient : ca972@martinique.chambagri.fr Plus d’infos sur notre site : Page : «La Chambre d’Agriculture» rubrique «Nous contacter»

Le Bulletin de Santé du Végétal

La Chambre d’Agriculture participe, avec la FREDON, les coopératives, les associations, les agriculteurs et les instituts techniques, à l’élaboration du Bulletin de Santé du Végétal (BSV).

Le BSV est un document qui contient la description de la situation phytosanitaire pour différentes cultures et des informations agronomiques et réglementaires. Ces informations sur les risques de dégâts aux cultures doivent permettre aux agriculteurs de mieux maîtriser la protection des cultures en raisonnant leurs traitements chimiques et donc en évitant les traitements systématiques. Edité mensuellement, le BSV est gratuit et mis à disposition de l’ensemble des partenaires et agriculteurs en version papier et sur les sites www.martinique.chambagri.fr & www.fredon972.fr

La profession agricole dispose désormais de ce nouvel outil, fruit de la mutualisation de l’information phytosanitaire collectée par différents partenaires. Le dispositif est piloté, dans le cadre du Plan Ecophyto 2018, par le Comité Régional d’Epidémio-surveillance (CRE), présidé par la Chambre d’Agriculture et la DAF. Agriculteurs, vous pouvez vous aussi enrichir le réseau par les résultats de vos observations ponctuelles ou régulières.

Pour toutes informations complémentaires, vous rapprocher de :

- Mylène ETIENNE-ALONZEAU Chambre d’Agriculture - Tél.: 0596 51 75 75 - Caroline SYLVANIELO FREDON - Tél.: 0596 73 58 88 Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 7


Actu/Brèves

Communiqué de presse repris tel quel, lors de notre invitation à la conférence de presse donnée. Nous reviendrons dans le prochain numéro sur ce sujet et cette problématique, avec notamment lʼinterview de M.N.A

■ Conflit entre l’union des coopératives MADIVIAL

et Martinique Nutrition Animale, seul fabricant local d’aliment du bétail. rigeants de MNA sans ignorer les pertes en animaux d’élevage que cela entraînerait ont de façon unilatérale décidé depuis mercredi dernier de ne plus délivrer d’aliments du bétail à un grand nombre d’éleveurs professionnels concernés et ont également délivrés un aliment du bétail de qualité exécrable aux autres éleveurs.

CONTEXTE Des moyens sans précédents ont été mobilisés par le gouvernement suite aux décisions du CIOM du 6 novembre 2009, afin de permettre le développement des filières de diversification animales et végétales au travers d’un abondement du POSEI de 40 M€ par an pour les 4 DOM.

Les ministres de l’Agriculture et de l’OutreMer attendent des acteurs amont et aval des filières des efforts d’organisation, de restructuration et la mise en place d’un projet global pour le décollage de la production de viandes locales, dans le cadre d’un développement endogène, pour tendre vers l’autosuffisance alimentaire des denrées animales et d’origine animale.

Suite au CIOM et aux attentes de l’État, la plupart des coopératives d’élevage de la Martinique se sont regroupées, en 2010, pour élaborer une stratégie commune visant à mutualiser les moyens, structurer l’amont et être interlocuteur privilégié de l’aval.

Cette démarche collective est en effet un premier pas indispensable pour la construction, avec les différents opérateurs maillons amont et aval des filières, d’un projet commun de développement. Elle se concrétise par la création, le 08 octobre 2010 (AGC), de « Madivial ».

La société MNA, seule entreprise de fabrication d’aliments de la Martinique, est un partenaire naturel, avec ses filiales SAS Bokaï – abattage et découpe de volailles – et SAS Kini – découpe d’animaux de boucherie (porcs et bovins) – de ce projet de développement. Pourtant, si tout est réuni pour mettre en œuvre un projet global de développement 8 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

des filières d’élevage, le partenariat est aujourd’hui totalement bloqué.

Les pertes cumulées sur les outils d’abattage et de découpe filiales de MNA – même si elles semblent endiguées aujourd’hui – et des dettes actuellement inexpliquées entre certaines coopératives et MNA ont amené une accumulation de dettes croisées, créées au fil du temps entre les coopératives adhérentes de Madivial, les éleveurs, MNA et ses filiales.

Les experts considèrent que ce système entraîne une dépendance de l’éleveur vis-à-vis de Martinique Nutrition Animale.

AUJOURD’HUI, Les Ministres en charge de l’agriculture et de l’outre-mer ont demandé officiellement une médiation dans le conflit qui oppose depuis fin 2010 les coopératives adhérentes de la nouvelle union « Madivial » et Martinique Nutrition Animale.

Les nombreux échanges menés par le Directeur de l’Agriculture et de la Forêt avec les deux parties depuis le 10 janvier dernier avec l’appui d’un expert accepté des deux parties n’ont pas permis d’aboutir à un projet de protocole.

À ce jour, nous ne constatons aucune avancée significative et formalisée de la part de MNA sur le projet de protocole. Pourtant, ce document apporte des réponses concrètes aux principaux problèmes constatés depuis plusieurs années avec les coopératives et un accompagnement de l’État pour sortir MNA et les coopératives de Madivial de cette crise, dans l’intérêt général des filières d’élevage de la Martinique.

Alors que les présidents de coopératives sont prêts à suivre les propositions de l’État les di-

Faisant le constat des premières pertes par manque de nourriture dans les élevages et des conséquences désastreuses sur les revenus des éleveurs et sur l’approvisionnement du marché dans les prochaines semaines les présidents de coopératives réunis dans MADIVIAL tenaient à informer la population sur l’état de crise de leur filière.

ECLAIRAGE SUR LE CONFLIT QUI OPPOSE MADIVIAL À (MNA) Au sixième jour de conflit des cas de mortalité (500 sur une exploitation de 8500 volailles) et de forts cannibalismes sont visibles à l’exploitation de M. Lamic Guy au Saint-Esprit (0696 83 96 59). Il nous semble important de faire connaître à la population, que la situation financière de la filière n’est pas à l’origine du conflit. La filière élevage n’a jamais été aussi près de disparaître. C’est maintenant une question de jours et le compte à rebours est lancé. L’Union des coopératives MADIVIAL veut une filière forte, tournée vers le consommateur martiniquais, respectueuse des prix les plus bas possible. Ce que semble nier MNA.

L’Union des coopératives rassemble des éleveurs martiniquais responsables qui sont toujours à la table des négociations où ils attendent MNA pour construire le projet de filière, avec l’aide de l’État que nous remercions. - Dette de La SCAM (Société coopérative avicole de la Martinique) adhérent de Madivial (Union de Coopératives d’élevage) chez MNA est de 1.8 M€

- Dette de MNA dans sa structure d’abattage et de conditionnement (SAS BOKAIL) vers la SCAM est de 3.4M€



Actualité

Vœux 2011 du Président

Louis Daniel Bertome, Président de la Chambre d’Agriculture de Martinique

“La Chambre d’Agriculture saura rester la cheville ouvrière de l’agriculture que nous sommes entrain de construire pour l’avenir.”

“L’histoire de notre agriculture est faite de cet engagement de femmes et d’hommes de ce pays pour une activité que parfois la société martiniquaise marginalise.” Mesdames messieurs

Nous avons l’honneur de compter parmi nous les députés Elie HOARAU et Patrice TIROLIEN du Parlement européen.

Nous savons combien notre agriculture est encadrée par la réglementation et la politique européenne et votre présence est pour nous l’occasion de réaffirmer que nous attendons de l’Union une prise en compte éclairée de notre situation et de nos besoins de région ultra périphérique tropicale. Je vous souhaite Messieurs les députés, au nom de la profession agricole, la bienvenue à la Martinique et à la Chambre d’Agriculture. Que votre présence soit de bon augure pour l’année agricole qui s’ouvre devant nous. Il est maintenant de tradition pour la Chambre d’Agriculture de rassembler la profession et ses partenaires à l’occasion du nouvel an. Cette tradition prend cette année un sens particulier puisque nous rentrons dans la cinquantième année de la Chambre d’Agriculture de la MartiniqueH

H2011 marque donc le cinquantenaire de la Chambre d’Agriculture. Pendant cinquante ans la chambre a activement participé dans le cadre de ses missions de proposition, d’orientation et d’intervention technique, au développement de notre agriculture, malgré le fait que son rôle soit mal appréhendé par beaucoup. 10 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

Il faut rappeler que la Chambre a été confrontée dès sa création à la gestion de la crise de la canne et du sucre qu’elle a ensuite mobilisé une grande partie de ses moyens d’encadrement à l’organisation de la production de banane en particulier des petits planteurs. Et que quand il s’est agi de développer les productions animales et végétales de diversification, la Chambre d’Agriculture a une fois de plus été là, aux côtés de ceux qui voulaient se lancer dans cette voie.

À l’heure où tous parlent de productions endogènes, il n’est pas vain de rappeler que ce sont d’abord des agriculteurs qui, avec l’appui de leur compagnie consulaire et des coopératives qu’ils ont monté, ont lancé une agriculture tournée vers le marché interne. Et cela depuis une trentaine d’années.

L’histoire de notre agriculture est faite de cet engagement de femmes et d’hommes de ce pays pour une activité que parfois la société martiniquaise marginalise.

A ce titre, je dois saluer le travail réalisé par mes prédécesseurs ;

les Présidents Joseph MAURICE, Gérard DESPORTES, Marcel FABRE et Guy OVIDE-ETIENNE qui, avec leurs équipes, ont su mettre en place, développer et stabiliser cette Chambre d’Agriculture que l’on nous envie dans les Dom et dans le réseau des Chambres d’Agriculture pour sa capacité d’action et de proposition malgré ses faibles moyens.

Que les élus du Bureau, de l’Assemblée et les salariés qui m’aident dans ma tâche aujourd’hui soient associés à ce résultat qui, trop souvent, est passé sous silence ou même ignoré.

Fort de cela, je ne doute pas que la Chambre d’Agriculture saura rester la cheville ouvrière de l’agriculture que nous sommes entrain de construire pour l’avenir.


Cette agriculture que nous voulons avec les agriculteurs dans la diversité de leur système et de leur mode d’organisation : - en préférant la diversité à la concentration et à l’uniformisation qui finissent toujours par tout appauvrir au profit d’un petit nombre, - en respectant le milieu et les équilibres écologiques afin de sauvegarder les ressources naturelles nécessaire à la production agricole - en visant l’équilibre alimentaire de la population

Nous sommes attentifs au développement de ces principes et aux moyens qui seront mis à leur mise en œuvre concrète.

Mais nous pensons que pour ce qui est des régions ultra périphériques et de la Martinique en particulier que le principe de subsidiarité, que nous comprenons comme la complémentarité entre la politique agricole de l’Europe et la politique agricole régionale, doit être renforcée dans le cadre d’une approche stratégique commune qui permet de se fixer des objectifs et d’en assurer le financement.

C’est pour cela que nous plaidons pour la régionalisation de la gestion

“JNous plaidons pour la régionalisation de la gestion du POSEI, en particulier des mesures touchant la production dite endogène.” - en s’appuyant sur les solidarités et les organisations locales - en stabilisant les débouchés par la contractualisation et la transparence des marchésH

H Une agriculture qui permet aux agriculteurs et à leur famille de vivre de leur activité.

Messieurs les Députés c’est cette agriculture que nous souhaitons voir l’Europe soutenir.

du POSEI, en particulier des mesures touchant la production dite endogène.

La réforme de la PAC doit nous amener à l’horizon 2020. Cet horizon que nous avons déjà en ligne de mire avec les propositions que nous avons présentées à l’Etat dans le cadre des Etats généraux de l’Outre-mer.

Certaines de nos préconisations, reprises par le CIOM, sont en phase de mise en œuvre. Je veux parler en particulier de l’abondement du POSEI ou des mesures de préservation du foncier agricole.

Nous voulons croire à l’engagement de l’Etat pour les productions de diversification.

Au niveau territorial, le Conseil Régional a fait connaître sa volonté de soutenir un plan de relance de la production agricole. Nos propositions visent à en permettre un bénéfice immédiat pour les agriculteurs dès 2011. Nous le voyons, nos partenaires publics affichent une certaine ambition pour notre agriculture. Cependant, nous savons que l’agriculture est d’abord l’affaire d’engagement de femmes et d’hommes qui font le secteur au quotidien : agriculteurs, techniciens, formateurs etc. C’est d’abord de leur capacité à agir ensemble que dépend le destin de notre secteur d’activité.

La Chambre d’Agriculture a engagé dans cet esprit un certain nombre d’actions structurantes.

La mise en place de l’Union des Coopératives d’élevage l’UDC est intervenue en 2010. Quand nous

La Commission européenne a publié sa communication sur la Politique Agricole Commune 2013. Cette communication avance un certain nombre de principes qui nous interpellent. Comme par exemple une production alimentaire viable, la production durable d’une alimentation diversifiée et de qualité ; un développement territorial équilibré. Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 11


Actualité

Vœux 2011 du Président un pool d’intervention pour le montage et l’accompagnement des projets de modernisation faisant appel au PDRM. L’Assemblée de la Chambre s’est prononcée sur la mise en place d’un Comité de promotion regroupant l’ensemble des filières. La seule amélioration de l’image de notre production et une meilleure valorisation des produits agricoles pourraient en effet permettre des gains appréciables de parts de marché.

avons proposé cette orientation aux coopératives d’élevage, il s’agissait pour nous de conforter les filières d’élevage afin qu’elles puissent mieux affronter les défis qui sont les nôtres aujourd’hui. Une majorité de coopératives s’est engagée dans cette voie. Ce n’est pas pour autant que l’avenir est assuré, mais nous avons l’espoir que nos structures seront plus armées pour s’attaquer au marché. Parallèlement, les partenaires des filières végétales ont mis en place en 2010 l’IMAFLHOR. L’interprofession végétale pourra ainsi compléter l’AMIV pour améliorer l’action de promotion et la valorisation de nos productions agricoles

Dans le domaine de l’installation, nous avons établi un partenariat avec les organismes de formation, l’AER, le CGSR et les JA afin de proposer aux jeunes candidats à l’installation un service complet et coordonné pour les accompagner dans leur projet.

Ce même souci de complémentarité et de cohérence nous a conduit a nous regrouper avec l’AER et le CGSR afin de constituer 12 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

De l’avis de tous, les moyens d’accompagnement des agriculteurs sont insuffisants . Nous savons que la production pourrait s’améliorer rapidement, à la fois en qualité et en quantité, avec un encadrement plus étoffé des agriculteurs et des éleveurs. Il y a donc dans ce domaine également à rechercher les complémentarités entre les structures agricoles afin de mieux accompagner les agriculteurs dans le respect du rôle et des attributions de chacun.

Je voudrais aussi aborder la création de l’Institut technique pour les productions de diversification. Ce projet figure dans le rapport d’orientation voté par la Chambre d’Agriculture en 2007. Il a été proposé dans le cadre des Etats généraux pour enfin figurer parmi les mesures du CIOM. Cette proposition que nous avons faite au nom de la profession doit pouvoir s’appuyer dans sa mise en œuvre sur les expériences acquises de longue date et surtout sur l’engagement conjoint et complémentaire des pouvoirs publics et de la profession. C’est pour cela que la Chambre d’Agriculture préconise d’une part que la recherche expérimentale soit pilotée par un comité en charge de la programmation et du financement des actions au sein duquel se retrouveront les organismes professionnels fédératifs et les partenaires publics. Et que, d’autre part les actions et opérations d’expérimentation soient confiées par ce comité, aux centres et structures d’expérimentation. Ce schéma d’organisation est de notre point de vue, celui qui permettra

de garantir à la fois une cohérence de la politique d’expérimentation et une mobilisation rationnelle des moyens nouveaux sur les opérations d’expérimentation et de démonstration dont ont besoin les agriculteurs

Chers amis je viens de vous tracer en quelque sorte la feuille de route de la Chambre pour 2011.

2010 aurait dû être l’année du redressement de l’agriculture après les événements de 2009 et les effets de DEAN. Cela n’a pas été. 2010 a, de l’avis unanime, plutôt été une année de doute et de crise de confiance pour les agriculteurs. On le voit bien à travers la panne de l’investissement agricole. Le PDRM est largement sous utilisé. Certaines parcelles sont laissées en friche. Et pour coiffer le tout, les difficultés financières des coopératives se sont aggravées.

2011 doit être une année d’espoir. Espoir de voir la crise chlordécone s’atténuer avec les nouvelles données de la recherche ; espoir de voir la production redémarrer avec les soutiens publics annoncés et le courage à la tâche des agriculteurs ; espoir de voir les mesures du PDRM plus accessibles aux agriculteurs ; espoir de voir l’agriculture reconsidérée comme une priorité dans ce pays.

Cet espoir dépend beaucoup de l’engagement complémentaire de chacun d’entre nous pour regarder résolument vers l’avant en rassemblant nos forces.

Bonne et heureuse année à toutes et à tous.


■ Patrice

Tirolien, Député Européen

Originaire de la Guadeloupe (Marie-Galante), Patrice Tirolien est maire de la commune de Grand-Bourg, mais également député européen. Il était dernièrement de passage dans notre île. Il nous explique pourquoiJ

« Nous avons beaucoup de choses à faire remonter... » Monsieur le député européen, vous êtes en Martinique dans un cadre particulier… Pouvez-vous nous préciser lequel ? P.Tirolien : Je suis député européen de la 8e circonscription. C’est-à-dire de toutes les RUP* de l’Atlantique, Saint-Pierre-et-Miquelon (qui est un PTOM*), et aussi de l’Océan Indien et du Pacifique. Je suis en Martinique après un déplacement en Guadeloupe, puis en Guyane, pour parler du POSEI qui est un outil extrêmement important pour l’agriculture.

niveau sont assez importantes (pratiquement 300 millions d’euros pour l’ensemble des régions ultra-périphériques). De plus, ces fonds peuvent être abondés de fonds nationaux. Il va y avoir une réforme du POSEI en 2011. Cette réforme est nécessaire. Parce que, depuis 2006, il y a eu quelques modifications ; donc il faut clarifier complètement le texte. Deuxièmement, il y a aussi une adaptation à faire du POSEI par rapport au traité de Lisbonne. Et on va profiter justement, c’est mon troisièmement, de cette réforme, pour faire remonter

Le POSEI* est l’outil qui favorise le développement de l’agriculture. Ce programme est mis en place pour aider l’agriculture dans les RUP. Parce que, sinon, on serait concurrencé par l’agriculture qui vient d’ailleurs. Le POSEI nous permet, avec les fonds qui sont mis à notre disposition, de constituer des filières. Et d’aller dans le sens d’un développement endogène. Les sommes qui interviennent à son

toutes les doléances des acteurs de l’agriculture. Afin que le texte soit au plus près des réalités des agriculteurs de ces régions ultra-périphériques.

“Il va y avoir une réforme du POSEI en 2011. Cette réforme est nécessaire. Parce que, depuis 2006, il y a eu quelques modifications ; donc il faut clarifier complètement le texte”.

ultra-périphériques, mais chaque île, chaque région a sa spécificité. La Guadeloupe, la Martinique, la Guyane n’ont pas forcément les mêmes problèmes. La Guadeloupe et la Martinique se ressemblent davantage. Avoir sillonné les trois DFA, les trois départements français d’Amérique, on peut dire de façon unanime, que tout le monde souhaite une gestion au niveau local. Qu’on ne nous balance pas des circulaires venant de Paris, et qui ne traduisent pas la réalité du terrain. Donc on souhaiterait qu’on ait un organe dans nos régions, où bien entendu les élus et les sociaux professionnels seraient repré-

Vous avez parlé de doléances. En Martinique, quels étaient les types de doléances ? P.Tirolien : C’est vrai que les principes sont les mêmes pour l’ensemble des régions

Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 13


Actualité

sentés. Mais cet organe ne serait pas là pour donner simplement un avis, mais serait un organe de co-décision. Pour que les acteurs du développement soient, quand même, très près de la réalité du terrain.

Vous pensez que ça peut aller dans ce sens ? Que cet organe, on l’aura un jour… ? P.Tirolien : Disons que nous avons beaucoup de choses à faire remonter. Mais vous savez, ce problème est un problème franco-français, si je peux m’exprimer ainsi… Puisqu’il ne se pose pas dans les mêmes termes au niveau du Portugal ou de l’Espagne. À savoir qu’ils ont une tradition décentralisatrice qui est beaucoup plus forte qu’en France. Les décisions doivent être prises au plus près de la réalité. Mais l’Etat français bloque ses décisions à son niveau. Donc, nous demandons à ce qu’on soit véritablement plus que consultés ; qu’on puisse décider ensemble de ce qui doit être fait, des actions qui doivent être menées, de la programmation de ces actions, et de la gestion en quelque sorte des fonds qui sont destinés à mener à bien ces actions. La fabrication de lait UHT en Martinique Autrement, pour chaque profession, pour chaque filière, il y a des mesures spécifiques qui sont demandées. En ce qui me concerne, j’ai fait la proposition de mettre en place un projet de fabrication de lait UHT en Martinique. Vous allez me dire pourquoi pas aussi en Guadeloupe? 14 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

En Guadeloupe on n’est pas suffisamment avancé dans la mesure où il n’y a pas de filière lait en Guadeloupe. En Martinique il y a une véritable filière lait. Je voudrais comme à la Réunion, comme à Madère, créer cette filière de fabrication de lait UHT à partir du lait produit ici ; et à partir du lait en poudre importé. Cela va créer des emplois, cela va développer davantage la filière lait ; également, être un complément de revenus pour les agriculteurs. Et bien entendu, cela facilitera l’élevage et la production de viande concernant toute la filière. J’avais déjà introduit cette proposition au niveau d’une des modifications du POSEI, mais malheureusement je n’ai pas été appuyé par l’Etat français. Ma proposition a donc été rejetée. Mais maintenant, j’ai l’aval des socioprofessionnels… Et je vais rencontrer très bientôt la ministre des DOM-TOM, le ministre de l’Agriculture. J’espère qu’avec le concours de tous, la Martinique pourrait être la première des îles de cette région à bénéficier de cette structure porteuse d’emplois, et de valeur ajoutée. Propos recueillis par Annick de Vassoigne

*RUP : Régions Ultra Périphériques L’Union Européenne comporte sept régions ultra périphériques : l’archipel des Canaries qui fait partie de l’Espagne, les archipels des Açores et de Madère qui font partie du Portugal, et les départements français d’Outre- Mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion). Les RUP font partie intégrante de l’Union, et par conséquent le droit communau-

taire leur est pleinement applicable, mais avec des dérogations au cas par cas en fonction de leurs handicaps structurels (par exemple en matière d’aides d’Etat, d’agriculture, de pêche, de fiscalité).

*PTOM : Pays et Territoires d’Outre Mer Ils sont au nombre de 21. Il s’agit de pays et territoires qui ne sont pas indépendants et qui sont liés à un Etat membre (France, Royaume-Uni, PaysBas ou Danemark). *POSEI : Programme d’Option Spécifique à l’éloignement et à l’insularité

LE PROGRAMME POSEI FRANCE

L’objectif global du Programme d’Options Spécifiques à l’éloignement et à l’Insularité est d’améliorer la compétitivité économique et technique des filières agricoles en tenant compte de leurs handicaps géographiques et économiques, notamment de l’éloignement, de l’insularité, de la faible superficie, du relief et du climat difficile, de la dépendance économique vis-à-vis de certains produits d’importation et de la concurrence internationale.



Recherche & Innovation

La S.E.C.I. (Station d’Essais en Cultures Irriguées) LE CONSEIL GÉNÉRAL DE LA MARTINIQUE : Encore et toujours une longueur dʼavance en termes de recherche et dʼinnovation

En marche vers le développement agricole durable et solidaire La SECI (la Station d’Essais en Cultures Irriguées) du Conseil Général, a pour vocation la mise au point et la diffusion des techniques culturales et d'élevage viables et compatibles avec la préservation de l’environnement. Implantée depuis sa création en 1972 au quartier Val d'Or à SainteAnne, la S.E.C.I. avait pour première vocation d’élaborer des pratiques culturales adaptées au Sud-Est de l’île. Forte de son expérience et sous l’impulsion de l’Agenda 21 du Conseil Général, la SECI s’oriente résolument vers la promotion du développement agricole durable, ceci au bénéfice de toute la Martinique. Ce qui fait d’elle un outil phare de la politique agricole du Conseil général. Il faut rappeler également que la SECI travaille en étroite collaboration avec des partenaires du monde agricole tels les coopératives, les organismes de recherches (INRA, CEMAGREF, IRD, CIRAD…), elle est associée à la publication de résultats scientifiques de part la contribution qu’elle y apporte. La SECI s’inscrit donc dans une démarche d’appui aux filières de diversification par la recherche d’alternatives aux problématiques générées par l’agriculture conventionnelle.

ACTIONS MENÉES ACTUELLEMENT PAR LA SECI : L’élaboration de référentiels technico-économiques de techniques agro-écologiques - Alternative à l’utilisation de traitement chimique - Capitalisation des observations du jardin créole - Techniques de compostage - Utilisation de l’agrométéorologie pour l’optimisation de l’utilisation de l’eau ■

■ La gestion de projets de développement pour la filière viande : Unité Expérimentale d’Ingénierie Génétique, et Centre d’élevage UIG

L’appui au Pôle d’Exellence Rural « Horticulture en aide au territoire » ■

Visite guidée de la contention à moutons lors du Festival du Mouton 16 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011


La SECI cʼest aussi lʼéducation à lʼenvironnement à destination des plus jeunes

L’AGROMÉTÉOROLOGIE POUR UNE OPTIMISATION DE LA RESSOURCE EN EAU

Depuis le 27 mars 2008, le Conseil Général a doté la SECI d’un nouvel outil destiné à optimiser l’irrigation : l’agro météorologie. Ce système récompensé au prix Territoria 2007, consiste à observer en continu l’hydrométéorologie des parcelles agricoles. La mise en place de ce système agrométéorologique a nécessité en amont l’implantation de matériels télégérés : capteurs climatologiques (pluviomètre, thermomètre, girouette, anémomètre, pyranomètre et baromètre) et sondes tensiométriques (mesure de la température et de l’humidité du sol ainsi que l’évaluation de l’humectation du feuillage). Le traitement des relevés, l’interprétation et l’exploitation des données agro météorologiques permettent un suivi minutieux de l’état hydrique du sol pour une meilleure adaptation l’irrigation de la culture et par conséquent l’économie de la ressource en eau. Objectif à terme : Fournir aux utilisateurs potentiels (agriculteurs, institu-

tionnels et organisateurs économiques ou privés) des données fiables pouvant concourir à une irrigation raisonnée et économe, synonyme d’une agriculture durable. APPUI DE LA SECI AU POLE D’EXCELLENCE HORTICOLE DE LA MARTINIQUE

En addition de sa contribution financière au Pôle d’Excellence Rural (PER), le Conseil Général soutien cette démarche en y apportant également un appui technique via la Station d’Essais en Cultures Irriguées.

Le PER, a pour ambition de développer l’horticulture, filière de diversification dont l’un des atouts est la qualité exclusive de ses Alpinias. L’objectif affiché étant de produire une culture non comestible, à forte valeur ajoutée, et la valorisation agricole de terrains impropres à la production de denrées alimentaires. En dépit de ses atouts, la production florale en Martinique souffre d’un coût de production élevé comparativement à la concurrence internationale notamment en provenance du continent africain.

Face à cette situation, la problématique à laquelle doit répondre la SECI est la suivante :

Quelles sont les possibilités d’amélioration du rapport qualité/productivité des cultures ornementales en Martinique ? Pour résoudre cette problématique la SECI a choisi 2 grandes thématiques de travail : l’une axée sur la remise à jour des itinéraires techniques des cultures florales et l’autre concernant l’amélioration du système de production. Cette initiative trouve son originalité par l’introduction de pratiques compatibles avec la préservation des ressources naturelles (associations culturales, plantes de service, paillage, recyclage des déchets de cultures).

Veau issu du transfert embryonnaire Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 17


Recherche & Innovation L’UNITE D’INGENIERIE GENETIQUE BOVINE DE LA MARTINIQUE

Voir la présentation de cette unité en page 20 et 21

Les produits des récoltes sont offerts aux associations dédiées à la cause des personnes défavorisées

UTILISATION DES PLANTES DE SERVICE

De nombreuses parcelles maraîchères de plein champ sont abandonnées pour cause de «fatigue du sol» résultant d’une baisse de leur fertilité, d’un accroissement de la pression des nuisibles. L’utilisation massive d’engrais et de produits de phytosanitaires de synthèse contribue en partie à cette situation. Conscient de cet état de fait, le Conseil Général accompagne les producteurs dans la recherche d’alternatives à l’utilisation d’intrants chimiques. Parmi ces alternatives figurent l’utilisa-

18 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

tion des plantes de service. Compte tenu de leurs propriétés naturelles, ces plantes ont la capacité d’aider l’agriculteur à maintenir la fertilité des sols, à lutter contre certains ennemis des cultures et à gérer l’enherbement des parcelles. Cet essai, mené en collaboration avec le CIRAD, a pour objectif d’observer les caractéristiques agronomiques des plantes de services en termes d’adaptation à différents milieux, ainsi que leur comportement (la sensibilité aux ravageurs et aux maladies, les vitesses de croissance, la compétitivité vis à vis des adventices, la biomasse produite et l’architecture de la plante).

Visite de lʼACDOM (220 elus)


■ Interview de Stéphanie de Lacroix,

directrice de la SECI

« Notre priorité première est de produire pour les générations futures de façon innovante et écologiques... »

La SECI (Station d’Essais en Cultures Irriguées) du Conseil Général de la Martinique, est une structure qui a pour vocation de mettre en œuvre la politique du Conseil Général en matière d’Agriculture durable qui s’intègre à l’Agenda 21. Ce service du Conseil Général créé en 1972 et dirigé par sa directrice Stéphanie de LACROIX depuis 2006, s’étend sur 25 ha et compte une vingtaine d’agents de la collectivité. Elle s’oriente résolument vers la promotion du développement agricole durable, ceci au bénéfice de toute la Martinique. Cela fait d’elle un outil phare de la politique agricole du Conseil général. Rencontre…

D’où proviennent vos ressources ? Vendez-vous vos produits ou vos conseils ? S. de LACROIX : Dépendant du Conseil Général, l’essentiel de notre budget provient de lui… Il faut tout de même savoir que notre production maraîchère est donnée à des œuvres caritatives et/ou aux nécessiteux (associations diverses). La production animale est vendue d’une part pour l’élevage aux professionnels et d’autre part à la boucherie (pour les animaux non sélectionnés) par le biais des coopératives. Nos conseils quant à eux sont totalement gratuit.

données météorologiques afin de les intégrer au mieux à l’agriculture de façon à optimiser la gestion de la ressource en eau. Schématiquement, plus nous sommes prêt de la réalité des besoins de la plante, moins nous gaspillerons d’eau et meilleure sera la gestion de celle-ci.

■ Les systèmes intégrés : très prometteurs, car économiquement viables. Parmi les systèmes intégrés notons l’essai Annones/Mouton Martinik/Plantes de couvertures, qui s’intègre au projet DEVAG. Ce dernier est financé en partie par les fonds INTERREG, et fait intervenir différents partenaires d’ici (PRAM/CIRAD) et de la Caraïbe (Cuba, Dominique, Guadeloupe, Haïti). Il a pour but de développer des techniques et systèmes d’agricultures durable afin de construire des liens permanents entre la recherche et les filières de production horticoles biologiques, agro-écologiques, notamment pour les cultures fruitières et légumières. ■ Le centre USOM (Unité de Sélection

de l’Ovin Martinik’) qui compte 10 adhérents pour environ 1000 mères en production. C’est la station d’élevage de l’unité de sélection des ovins de Martinique installé à la SECI, reconnue pour sa qualité de gestion du cheptel. Ce

centre est composé de béliers des meilleures exploitations.

■ Il est aussi à noter que nous travaillons sur bien d’autres domaines d’activités et que nous possédons le plus grand arboretum de poiriers pays (Tabebuia ssp.) de la caraïbe comportant 99 variétés, représentées par plus de 300 arbres plantés.

Quelle est la différence entre insémination artificielle et transfert embryonnaire ? Et en quoi votre expérimentation dans le domaine du transfert embryonnaire sur génisses brahman est-il unique ? S. de LACROIX : L’insémination artificielle, c’est l’implantation de « paillettes » (spermatozoïdes males) dans l’utérus de la femelle. Cela donne naissance à des petits ayants 50% de sang neuf. Génétiquement parlant, le veau qui naîtra sera à 50% du père et 50% de la mère. Le transfert embryonnaire, lui, consiste à implanter dans la femelle un embryon (donc une ovule déjà fécondée) de 8 jours. Le veau qui naîtra alors n’aura aucun lien de parenté avec la génisse. Il pourra donc sans consanguinité être utilisé comme reproducteur. Le sang est « neuf ». Ce transfert est unique car seulement réalisé sur des Brahman, considérées comme « sauvage ».

Quels sont vos principaux domaines d’activités ? S. de LACROIX : Nous faisons énormément de choses à la SECI ! La liste est longue, mais nous citerons tout de même :

■ Le système Agro-météorologique, qui permet de prendre en compte les

Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 19


Recherche & Innovation l’agriculture durable (compost, jardins créoles, référentiel technicoéconomique…), tout en gardant d’excellentes relations avec nos partenaires, puis :

Celà implique qu’il a fallu passer par une phase d’adaptation des génisses d’environ 8 mois afin de les préparer à ce transfert. Le stress est en effet un facteur majeur d’échec. Nous avons choisi la race Brahman car elle est totalement adaptée à nos conditions de milieux. C’est un travail d’équipe remarquable qui a été et qui est toujours réalisé par la SECI en étroite collaboration avec l’UEBB, la Chambre d’Agriculture de la Martinique et par la CODEM.

Une fois l’expérimentation réussie, que faites-vous des connaissances acquises et qu’advient-il des veaux issus de ce transfert embryonnaire ? S. de LACROIX : Nous sommes toujours en phase d’expérimentation même si les transferts T1* et T2* ont réussi (* T1, T2 et T3 correspondent aux différents Transfert embryonnaires). Il faut attendre les résultats du T3* qui débutera bientôt. Les veaux sevrés, destinés à la reproduction, sont redonnés à la profession, via nos partenaires, qui en sont propriétaires : les femelles sont livrées au sevrage, les mâles brahman sont redirigés vers la station d’élevage. Le but de cette expérimentation est de proposer aux professionnels les méthodes employées.

Quelle sont vos prévisions pour 2011 et suivantes ? S. de LACROIX : Nous comptons tout d’abord continuer nos investigations et montrer tout ce que fait et met en œuvre le Conseil Général pour 20 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

- Mettre en place des techniques agro-biologiques sur différentes cultures, - Promouvoir les techniques culturales des plantes médicinales, - Terminer la phase finale du transfert embryonnaire qui validera cette expérimentation, - Mettre en place de la station d’élevage bovins Brahman; - Créer sur notre site de Saint-Anne des serres high-tech dotées des toutes dernières technologies, dans le but de tester et de montrer aux professionnels de ce secteur, les dernières innovations susceptibles d’apporter un plus à l’agriculture martiniquaise en terme de qualité et de rentabilité, tout en réduisant de façon considérable l’usage de produits chimiques…et pourquoi pas l’aquaponie* !

* L’aquaponie est la culture de végétaux en « symbiose » avec l’élevage de poissons. D’après ses partisans, ce mode de culture fut utilisé depuis la nuit des temps puis oublié jusqu’à nos jours. Ce sont les déjections des poissons qui servent d’engrais pour le végétal cultivé. L’enjeu principal est de trouver le juste équilibre entre la population de poissons, la nourriture apportée, la population bactérienne et la végétation cultivée. Source Wikipédia

…Le mot de la fin ? S. de LACROIX : La SECI est vraiment un outil merveilleux du Conseil Général au service des martiniquais, et devrait être un lieu de référence aussi bien pour les professionnels que pour tous (écoliers, lycéens, locaux, touristes, professionnels…). Nos spécialistes sont présent… venez nombreux en prenant rendezvous individuellement ou en groupe pour des conseils ou des visites en nous contactant au 0596 76 73 36. Philippe PIED

Conseil Général de la Martinique (SECI) Val d’Or - 97 227 SAINTE-ANNE Tél: 0596 76 73 36 www.cg972.fr

LE PROGRAMME D’AMÉLIORATION GÉNÉTIQUE DE LA RACE OVIN MARTINIK’

Le programme d´amélioration génétique de la race ovine Martinik a été approuvé par la Commission nationale d´amélioration génétique du ministère de l´Agriculture en 1993. C´est le premier programme d´amélioration génétique officiellement agréé et reconnu dans les Caraïbes, et le seul en ce qui concerne les moutons. La sélection repose sur une base de sélection de neuf élevages regroupant 900 brebis contrôlées. Le but est d´assurer le maintien de cette population adaptée à l´élevage en milieu tropical, à climat contrasté, tout en améliorant ses aptitudes de production. Les objectifs des schémas de sélection sont de maintenir de bonnes aptitudes de reproduction (prolificité et dé-saisonnement), et l´adaptation à l´élevage au pâturage. C’est aussi d´augmenter les performances laitières des mères et la conformation bouchères des produits, notamment le développement de la masse musculaire. Pour répondre à ces objectifs, il est fait appel à des méthodes éprouvées, afin de fournir aux éleveurs de la région des reproducteurs présentant des aptitudes reconnues. Les moyens mis en œuvre sont : - Le contrôle de performance en ferme, - l´indexation des brebis suivant leur prolificité et leur valeur laitière, estimé par la croissance des agneaux entre 10 et 30 jours, - l´évaluation des jeunes béliers, après leur passage dans un centre d´élevage, - la qualification des reproducteurs suivant leur conformité au standard de la race et les performances enregistrées. Utilité de ce programme pour les éleveurs

Ce programme de sélection du Mouton Martinik permet d´assurer aux éleveurs l´obtention de reproducteurs associant des qualités d´adaptation à l´élevage en milieu tropical avec des aptitudes de productivité numérique et de production bouchère. Le tatouage (logo OMK) apposé à l´oreille est la garantie de l´origine des reproducteurs sélectionnés.


Formation

Le CACES du GRETA BTP : Le Certificat d’Aptitude à la Conduite des Engins en Sécurité (CACES) sur les exploitations agricoles

Les ouvriers des exploitations agricoles de la Martinique peuvent se positionner pour certifier leur aptitude à conduire en sécurité les engins agricoles sur deux recommandations de CACES® validés par le GRETA BTP Organisme Testeur CACES® depuis 2000 pour toutes les familles d’engins. 1/ Le CACES engins agricoles de la Recommandation Régionale de la CGSS Martinique.

Cette recommandation classe les engins agricoles en 3 catégories : ■ Catégorie

1 : Tracteurs agricoles

Catégorie 2 : Les remorques (à berceau, traditionnel, hangiban, à benne.) ■

Catégorie 3 : Les engins spécifiques à la canne à sucre (canne loader, le coupe canne…)

Ce CACES valide l’aptitude des ouvriers agricoles à effectuer les manœuvres et les déplacements sur l’exploitation en sécurité.

L’objectif étant : - De diminuer le nombre d’accidents sur les exploitations agricoles, - Sensibiliser a la sécurité sur le lieu de travail notamment par le port des équipements de protection individuel. Ce CACES® est valable 5 ans et ne concerne que le secteur agricole de la Martinique

2/ Le CACES® engins de chantier de la Recommandation Nationale (CNAMTS) R372m

Catégorie 8 qui concerne les tracteurs agricoles et ses équipements de travail à savoir l’épareuse, fourche, godet, benne, remorque, herse… Les exploitations se positionnent aussi sur les autres catégories de cette recommandation nationale à savoir :

■ la

catégorie 2 : Pelle hydraulique : utilisée pour refaire les traces, les tranchées et curage des fossés…

la catégorie 7 : Compacteur pour compacter les traces…

■ la catégorie 3 : Bulldozer pour labourer les champs et faire du terrassement.

la catégorie 4 : Chargeuse pour évacuer les déblais autour des hangars.

3/ D’autres types d’engins sont aussi utilisés sur les exploitations agricoles et réclament une validation de leur manipulation par un CACES®, à savoir :

les chariots élévateurs à conducteur porté ou accompagnant de la Recommandation Nationale (CNAMTS) R389 ■

■ les

■ les

transpalettes,

chariots à conducteur porté catégorie 1 de levée inférieure à 1m,

la catégorie 3 (chariots en porte a faux de capacité inférieure à 6 T) qui servent à soulever, transporter et arrimer les palettes de bananes dans les containers. ■

Bruno LAPOINTE testeur CACES® GRETA BTP

Ces CACES® sont valables 10 ans.

Joël LANGERON testeur CACES® GRETA BTP

DEMANDEZ NOTRE NOUVEAU CATALOGUE 2011 POUR CONNAÎTRE LES DATES DES SESSIONS CONTACT : Marie-Line BRAY – Conseillère en Formation Continue au GRETA BTP Téléphone : 0596.57.08.70 - Fax 0596.51.92.00 – Mail : greta.btp.972@orange.fr


Recherche & Innovation

ZOOM SUR :

L’UNITE D’INGENIERIE GENETIQUE BOVINE DE LA MARTINIQUE LE PROGRAMME GENETIQUE BOVIN

L’

élevage bovin martiniquais compte 25 000 bovins avec un taux d’approvisionnement du marché global de 19% et du marché en frais de 45%. Les conditions climatiques (carême marqué), sanitaires (parasitisme interne et externe) et le coût élevé des intrants, ajoutés à la diminution de la Surface Agricole Utile, sont autant de contraintes qui ont orienté les professionnels vers l’amélioration qualitative de leurs systèmes de production. En 2006, ils mettent en place un programme d’amélioration génétique du cheptel bovin viande martiniquais dans le but de garantir le bon développement de la production bovine à la Martinique. Ce programme se base alors sur trois éléments : le développement du cheptel souche Brahman, l’encadrement de jeunes bovins de boucherie issus du croisement Brahman/ Européen et la diffusion du progrès génétique à l’ensemble du Département. Cependant la mise en pratique de ce programme a mis en lumière deux contraintes majeures : la consanguinité de la souche Brahman et le manque de bovins de races européennes (Charolais, Limousin, etc.) nés localement. Afin de répondre à ces problématiques, le Conseil Général, la Chambre d’Agriculture, la CODEM (Coopératives des Eleveurs de Bovins de la Martinique) et l’UEBB (l’Union des Eleveurs Bovins Brahman), ont mis en place le projet d’Unité Expérimentale d’Ingénierie Génétique. Il a pour objectif de favoriser la mise en place d’outils d’amélioration génétique bovine au service de la filière élevage, notamment du programme génétique. Compte tenu de son expérience et ses compétences techniques, la SECI a été proposée comme site d’expérimentation.

22 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

Le programme d’amélioration génétique du cheptel bovin viande de la Martinique a été agréé par la CNAG (Commission Nationale pour l’Amélioration Génétique) en février 2006. Son objectif général est l’amélioration de la productivité de la filière “bovin viande”. Le schéma d’amélioration retenu consiste au croisement des Femelles Brahman (sélection sur aptitudes maternelle et rusticité) avec des mâles Européens (Charolais, Blond d’Aquitaine, etc.) (sélection sur aptitudes bouchères et nés localement), afin d’obtenir un produit de croisement amélioré en rendement carcasse avec des coûts de production réduits. LE PROJET D’UNITE D’INGENIERIE

L’Unité Expérimentale d’Ingénierie Génétique créée en réponse aux problématiques posées par l’amélioration génétique bovine en Martinique, celle-ci permet la mise en place d’outils performants au service de la filière élevage. Le projet repose sur deux axes : ♦ Le transfert embryonnaire ♦ La station d’élevage de reproducteurs Brahman. LE TRANSFERT EMBRYONNAIRE

L’objectif est la production de reproducteurs bovins de race pure acclimatés, par la mise en place d’un troupeau de femelles rustiques et performantes « aptes » à mener à terme des gestations d’embryons sélectionnés selon les besoins de la filière.

Descriptif : - Un lot de jeunes femelles Brahman de la base de sélection de l’UEBB est retenu sur des critères de productivité propre et sur ascendance. Un protocole d’élevage est mis en place à la SECI afin d’obtenir un lot de femelles receveuses dociles et prêtes pour le transfert embryonnaire. - Les reproducteurs issus de transfert embryonnaire sont évalués par les différents outils du programme génétique avant d’être placés dans la filière.

Perspectives : ♦ Tester sur des femelles Brahman une technique performante d’amélioration génétique : le transfert embryonnaire ♦ Répondre aux besoins du programme génétique bovin viande : lutte contre la consanguinité et augmentation des effectifs acclimatés en races euro-


LES PARTENAIRES IMPLIQUES DANS L’UNITE EXPERIMENTALE D’INGENIERIE GENETIQUE : Conseil Général de la Martinique (SECI) Val d’Or - 97 227 SAINTE-ANNE Tél: 0596 76 73 36

péennes. ♦ À terme, proposer à la filière un outil rapide d’amélioration génétique du cheptel bovin. LA STATION D’ELEVAGE

L’objectif est d’évaluer la valeur génétique des meilleurs reproducteurs Brahman issus de la base de sélection de l’UEBB (Organisme de Sélection Brahman), soumis aux mêmes conditions d’élevage (sans effet milieu).

Descriptif : Un lot de jeunes taurillons Brahman est retenu dans la base de sélection sur des critères de performances et de race. Ces animaux sont placés, au sevrage, pour une période d’élevage d’environ 12 mois. Un protocole d’évaluation est mis en place afin de quantifier les performances de croissance de chaque individu au cours de cette période d’élevage. L’alimentation est exclusivement à l’herbe afin de conserver et de favoriser les qualités de rusticité de la race Brahman.

Perspectives : ♦ Mettre en place un outil permettant la maîtrise génétique de la diffusion des taureaux Brahman (outil classique de sélection pour les organismes de sé-

lection) ♦ Apporter aux éleveurs de la base de sélection un outil leur permettant de connaître la valeur génétique réelle de leurs reproducteurs. LES GRANDES ETAPES DEPUIS 2007

1. Septembre 2007 : Adhésion du projet par l’ensemble des partenaires, 2. Sélection et acquisition des Génisses Brahman, 3. Acclimatation des génisses, sélectionnées dans les meilleurs cheptels, à la conduite exclusivement extensive de la SECI, 4. Echange de savoir-faire (professionnels/ agents de la SECI) et phase de docilité des génisses, pour diminuer les stress liés à la pose d’embryon, 5. Début avril 2009 : Première campagne de transferts embryonnaires sur génisses Brahman. 6. Décembre 2009 : 2eme campagne de transfert embryonnaire sur génisses brahman. 7. Janvier 2010 : Naissance des premiers veaux de l’Unité Expérimentale d’Ingénierie Génétique. 8. Octobre 2010 naissance de veaux du 2ième transfert embryonnaire 9. Décembre 2010 : Sevrage des premiers veaux du 1er transfert embryonnaire.

Chambre d’Agriculture de la Martinique Place d’Armes B.P. 312 97 286 - Le LAMENTIN Cedex 2 Tél: 0596 51 75 75

Coopérative des Eleveurs de la Martinique (CODEM) Place d’Armes 97 232 Le LAMENTIN Tél: 0596 30 02 02 Union des Eleveurs de Bovins Brahman (UEBB) Exploitation Agricole du Galion 97 220 TRINITE Tél: 0596 58 22 53 LES AUTRES PARTENAIRES : EUROPE – ODEADOM - AMIV

Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 23


Entreprises & Produits ■

Ronald Daclinat, producteur de miel (Miellerie Maniba)

Rencontre avec Ronald Daclinat de la miellerie Maniba, un jeune producteur de miel passionné par son métier.

« On ne pourra jamais produire assez de miel en Martinique pour pouvoir approvisionner toute la population... »

Quand et comment avez-vous créé votre entreprise apicole ? La miellerie Maniba a été créée en 2007, j’ai bénéficié de PIJ, d’installation jeune agriculteur, et ensuite du montage d’un dossier Docup, avec les aides de la Région et des fonds européens. Pour une somme de combien ? Une somme qui s’élève à 200.000 € à peu près.

Est-ce que c’est un métier que faisaient vos parents ? Comment l’avez-vous choisi ? J’ai d’abord connu l’apiculture tout simplement avec mon père, qui avait, dans un lotissement, 5 ou 6 ruches. Après, on a été s’installer à Case-Pilote. La superficie était plus grande et on a pu se développer un peu plus. Donc j’ai toujours été avec lui. Et ensuite j’ai bénéficié des techniques déjà utilisées par Miel Madinina, et Mr Pierre Perroni ; ainsi que celles de Mr Lecurieux-Belfond Alex de Chamonix Miel. C’est ce dernier qui m’a appris l’élevage de reines que je maîtrise maintenant.

Donc en fait vous n’avez pas suivi ce qu’on appelle les filières classiques ? On peut dire que vous êtes autodidacte ? Exactement, puisqu’on était inscrit à l’AMEXA (Assurance maladie, maternité et invalidité des exploitants agricoles) en tant qu’éleveur agriculteur. Bénéficiant justement de cette ancienneté, j’ai pu procéder à une validation d’acquis. Cela m’a permis de m’installer en tant que jeune agriculteur, tout simplement par VAE. À quel âge s’est faite votre première rencontre avec les abeilles ? J’ai commencé l’apiculture avec mon père à 13 ans.

C’est un coup de foudre? Absolument. C’est quelque chose de passionnant, une organisation formidable. Et puis, de toute façon, si j’ai arrêté toute autre activité pour me consacrer à l’apiculture, c’est parce que tout simplement on peut en survivre.

Certaines personnes disent que vous seriez le plus gros producteur de miel de la Martinique. C’est vrai ? Non, je ne pense pas être le plus gros producteur de miel en Martinique. Par contre j’approvisionne effectivement (en miellerie Maniba production de miel local) de grosses plate-formes telles que, par exemple, Leader Price, et effectivement certains 8 à 8. Je fais très peu de distribution sur place, puisque je suis rarement à la miellerie. Mais mes commandes sont surtout focalisées sur tout ce qui est grandes surfaces, etc.

Quelle quantité distribuez vous par an, approximativement ? La miellerie Maniba distribue entre 8000 et 15.000 litres selon la floraison, la pro24 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

duction de miel par an. Puisque la miellerie Maniba compte actuellement plus de 500 ruches, installées entre le Prêcheur et le Marin. C’est-à-dire, plus exactement, au Prêcheur, à Case-Pilote, à Schœlcher, à Rivière-Salée, à Saint-Esprit, à Ducos, au Lamentin, au François, aux Anses d’Arlet, et au Marin. Je suis également en étroite collaboration (au niveau des conseils, du matériel, de l’installation de leurs ruchers) avec des apiculteurs qui s’installent. puisque je suis leur collaborateur avec Toma Apiculture (qui est le plus gros fournisseur de matériel apicole en France), et avec Madinina Apiculture qui le représente. Nous avons un magasin à Case-Pilote. Madinina Apiculture va donc pouvoir approvisionner tous les apiculteurs dans leur installation ( petit matériel, installation de miellerie en Martinique).

Est-ce que c’est un métier d’avenir ? Est-ce qu’un jeune peut se dire : je vais me lancer dans l’élevage des abeilles ; nourrir ma famille, faire des projets d’avenir avec ce métier» ? Le gros problème en Martinique, c’est qu’il faut de plus en plus reculer, se retirer. Car les abeilles restent plus ou moins des bêtes agressives… Les habitations sont de plus en plus nombreuses et cela devient difficile de s’installer à proximité d’elles…

C’est compliqué pour un jeune de s’installer maintenant ? Il faut déjà avoir pas mal de contacts. De personnes qui voudraient accepter de permettre d’installer des ruchers (des ensembles de ruches) sur leur propriété.


Le Groupe SOCOPMA

Coopérative créée en 1981 par une dizaine de producteurs, la SOCOPMA assure la commercialisation des produits de ses adhérents. Au service de ces derniers, la SOCOPMA permet aussi de maîtriser leur production par : ● Les prévisions annuelles de livraison, ● Le respect des normes de qualité des produits

PRINCIPAUX PARTENAIRES

Conseil Général Régional ● Union Européenne ● D.A.A.F. ● Chambre d’Agriculture ● COOP de Martinique ● FREDON / S.P.V. ● CIRAD ● France-AgrimerR ● CTIFL ● CEGER ● Enseignement Agricole ● CRÉDIT AGRICOLE ● Fournisseurs d’intrants ● Fournisseurs de matériels ● Conseil ●

Pour être adhérent, une procédure simple mais rigoureuse existe : ● L’observation d’une période « d’essai », ● La validation de l’adhésion par un « collège » d’agriculteurs administrateurs.

LE PRIX DU MARAÎCHER DE L’ANNÉE Cette distinction récompense le producteur le plus méritant, nominé maraîcher de l’année, à travers différents critères (tonnage, chiffre d’affaire, progression…)

SOCOPMA, le respect des hommes, de la terre, des saveurs…

SOCOPMA

Z.I. PLACE D’ARMES 97232 LAMENTIN - MARTINIQUE Tél. : 0596 51 84 25 / 0596 57 16 59 E-Mail : socopma@wanadoo.fr

Distribution


Entreprises & Produits

Donc, concrètement, si on a un terrain à sa disposition, c’est moins compliqué de s’installer. À condition que ce terrain soit situé sur une zone mellifère. Une zone mellifère, c’est une zone qui pourra apporter une certaine qualité florale et une production au niveau fleur. Parce que les abeilles ont besoin de pollen, ont besoin de nectar. De ce fait, s’il n’y a pas de fleurs, s’il n’y a pas de nectar, on ne pourra pas avoir de production. Donc il faut être dans des zones qui ne soient pas trop humides. Et qui soient riches en terme de végétation.

Quelles sont les zones en Martinique les plus mellifères ? Au niveau du Prêcheur, tout ce qui est Saint-Sacrement. Egalement d’autres miels du Nord comme l’Acoma, la Savonnette des Bois, la Savonnette des Rivières qui sont des miels qui vont donner beaucoup de quantité. Vous avez dans le Sud, le Centre, tout ce qui est campêche, ti baume, les palétuviers au niveau des mangroves. Ainsi que les floraisons de plantes de vergers, des agrumes, des quénettiers.

Et ça va donner quel miel ? Selon la période, par exemple pour le miel de campêche (c’est l’une des premières floraisons), on pourra avoir un miel assez mono floral. Tandis que, la plupart du temps, on se retrouve avec de multiples floraisons ; donc un miel surtout mille fleurs. Le miel de Martinique est pour moi l’un des miels les plus aromatisés. Puisque nous avons une richesse florale très diversifiée ; qui nous permet de ressortir des miels d’excellente qualité.

26 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

On va rentrer dans le vif du sujet. Concrètement, qu’est-ce qu’une ruche, et qu’est-ce qu’un essaim ? Alors l’essaim est constitué de l’ensemble des abeilles avec leur reine. C’est-à-dire leur population. Tandis que ce qu’on va appeler la ruche, ce sera la boîte, le contenant + l’essaim, le contenu. Pour tout ce qui est essaim sauvage, sur une branche, tout ce qui est abeilles positionnées dans un tronc ; on va parler d’essaim sauvage. Et tout ce qui est installé, dans des boîtes, dans des constructions faites par l’homme, on va parler de ruches.

Nous sommes actuellement sur un site à Ducos, sur lequel vous avez combien de ruches ? Sur ce site nous avons plus de 150 ruches à l’heure actuelle, dont les sites d’élevage de reines. Ces derniers vont me permettre de distribuer des reines sur la plupart de mes ruchers. Ce que je vais pratiquer à Ducos, c’est surtout la sélection des reines. Le but n’étant pas d’avoir un nombre exponentiel de ruches, mais d’avoir surtout des ruches de production. Car le miel est de plus en plus demandé. C’est pour cela que je pratique avec soin sur ce site la sélection de reines qui produisent en quantité le miel. Ensuite, cette année, on mettra en place la sélection des mâles. On travaille également sur une sélection des abeilles qui résistent aux maladies. En Martinique c’est surtout la varoise qui nous préoccupe. C’est une pathologie venant des Etats-Unis, qui sévit en France ; et un peu partout. Nous avons la chance pour l’instant de ne

pas avoir la lotte américaine. Ou cette espèce de frelon qui vient d’Asie ; qui décime les ruches en métropole. Par contre, le gros problème, ce n’est pas tellement la pollution, les véhicules, etc. Mais surtout… l’agriculture.

C’est-à-dire ? Parce qu’il y a des doses prescrites pour des insecticides, pour protéger les fruits. Le problème c’est que généralement cela n’est pas respecté. Et les abeilles sont des insectes qui vont subir l’influence de ces produits chimiques. C’est surtout cela qui va décimer les essaims. À la miellerie Maniba, on va s’occuper pendant la mauvaise période d’entretenir les ruches. Parce que c’est à cette période qu’on va perdre une partie de son cheptel. Et qu’on le veuille ou non, il n’y a pas de fleurs en ce moment (décembre). Les ruches s’affaiblissent et vont être attaquées par cette recrudescence de maladies. Cette saison va de quand à quand ? C’est une période de septembre à décembre-janvier. Si pendant cette pé-


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LES ENGINS AGRICOLES La Série MLT : Une gamme spécifique d’engins Agricole

Conçus spécifiquement pour répondre aux exigences des métiers de l’agriculture, les chariots à bras télescopique MLT permettent la manutention de charges de 2,3 à 4,5 tonnes sur des hauteurs variant entre 5 et 10 mètres suivant les modèles. Au travers d’une gamme de machines la plus complète du marché, MANITOU vous offre une garantie de productivité et de confort élevée au quotidien pour l’ensemble de vos travaux de manutention agricole.

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Entreprises & Produits “Il faudrait qu’il y ait un respect de l’environnement, et un respect des agriculteurs face aux produits qu’ils utilisent.”

riode on a réussi à sauver son essaim, à le maintenir en quantitatif abeilles (au niveau du début de saison qui va commencer en décembre, janvier, février selon le temps qui actuellement est complètement déréglé), nous aurons la floraison. Et les ruches qui étaient déjà prêtes (qui avaient été nourries, donc qui sont fortes) vont produire très rapidement du miel. C’est-à-dire que sur une floraison de campêche, vous aurez des ruches qui vont produire en moins d’un mois 60 kilos de miel. Sur les floraisons de Saint-Sacrement ou de palétuviers vous aurez de très grosses rentrées de miel. Mais à condition que le climat soit clément. S’il y a, à cette période, de la pluie ; vous perdrez évidemment en quantité de miel.

Un essaim, c’est combien de membres ? Ça peut aller de 200 grammes à 2 kilos, 3 kilos d’abeilles ; donc ce sont des millions d’abeilles. Il faut savoir qu’une reine peut pondre jusqu’à 4000 œufs par jour. Ce qui en période de floraison (il y a de la nourriture) va permettre de développer un essai très rapidement. Puisqu’en moins de 20 jours, vous aurez des populations qui vont doubler rapidement ; avec la naissance des jeunes abeilles.

Vous avez combien de ruches globalement ? Pour quel investissement ? Il faut compter au minimum par ruche, 450 € ; uniquement pour le matériel. Et j’estime que ce qu’il y a de plus cher, ce n’est même pas le matériel, mais la qualité de ce que vous allez mettre à l’intérieur, c’est-à-dire l’essaim. Ce qui en fait cause problème, parce qu’au niveau des prises en charge notamment par la DAF (Direction de l’Agriculture et 28 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

de la Forêt), on tient compte uniquement du matériel, des cadres, des boîtes, de la cire. Mais on ne tient pas compte de ce qui a pour moi le plus de valeur encore : l’essaim. Car quand on a un essaim avec une reine sélectionnée de production, qui peut avoir des prix…

Quel est aujourd’hui, selon vous, l’état des lieux de l’apiculture en Martinique ? Comment se porte-telle ? Depuis Dean, il y a eu pas mal de pertes de ruches, mais on va dire qu’aujourd’hui les cheptels ont été complètement reconstitués. Thomas par contre… Sur des zones comme le Prêcheur, j’ai perdu 38 ruches. Thomas a bousculé complètement la végétation. Un exemple : les saints-sacrements sont carrément devenus inexistants sur le Prêcheur ; alors que c’était l’une des premières floraisons, et l’une des floraisons les plus importantes et les plus mellifères dans cette commune. Sinon, au niveau du quantitatif ruches sur la Martinique, je pense qu’il n’a jamais été aussi élevé. La demande est importante, et je ne pense pas pouvoir (quel que soit l’apiculteur d’ailleurs) arriver aujourd’hui à produire assez de miel pour fournir toute la Martinique ; sans qu’on puisse utiliser du miel importé. Pourquoi ? Parce que la population en Martinique augmente, donc les terrains sont défrichés, les zones constructibles sont de plus en plus importantes ; d’où le repli des ruches de plus en plus loin…. Il y a même des saturations de zones, par ruche… Et si la végétation diminue et le nombre de ruches augmente, ce nectar et ce pollen vont être divisés dans toutes les ruches ; et ne vont pas permettre de très grosses quantités par ruche. C’est en raison de tous ces facteurs que je pense qu’on ne pourra jamais produire assez de miel pour pouvoir approvisionner toute la population. D’autant plus qu’aujourd’hui les gens

connaissent toutes les vertus du miel. Qui peut être même consommé par les diabétiques…

Dans l’idéal, qu’est-ce qu’il faudrait pour que l’apiculture se porte encore mieux dans notre département ? Il faudrait tout simplement qu’il y ait un respect de l’environnement, et un respect des agriculteurs face aux produits qu’ils utilisent. Que chacun puisse comprendre qu’il est tout à fait normal que pendant le Carême, par exemple, une abeille puisse venir chez vous boire un peu d’eau… Puisque c’est au niveau des habitations qu’elles vont récupérer l’eau, les sources naturelles étant de plus en plus rares… Donc elles vont s’approcher du robinet qui est en train de suinter, etc. Il faudrait également que tout un chacun puisse se dire qu’on a besoin d’arbres mellifères, que l’on a besoin de fruits. Qui dit fruits dit survie des abeilles, donc floraison… Si chacun pouvait planter chez lui un arbre fruitier, et ne s’amusait pas à détruire toute la végétation autour de sa maison pour mettre de la pelouse ; on pourrait maintenir cette population à un quantitatif flore-miel qui serait intéressant.

L’apiculture tient donc de la responsabilité collective ? Absolument. La responsabilité de tout un chacun sur tous les gestes du quotidien.



Entreprises & Produits ■

Romuald Nelson, Responsable Commercial Sita Verde

« Restituer au sol de la matière organique, élément essentiel de sa constitution. » Romuald Nelson, responsable commercial en Martinique de SITA VERDE nous parle de son entreprise et de son produit phare : MADIN’ Compost.

Où se place Sita Verde dans l’organigramme du Smitom (SMITOM**, CVO, SITA VERDE etc.) ? Que réalise cette entité à l’intérieur de cette « chaîne » ? SITA VERDE est un sous-traitant d’IDEX Environnement qui a à charge l’exploitation du CVO (Centre de Valorisation Organique). Notre mission est d’effectuer l’écoulement du compost produit. Sont concernés par l’utilisation de ce produit les agriculteurs (maraîchers, producteurs de banane, de canne à sucre, de fleurs, etc.), mais également les amoureux du jardinage (amateurs de jardin). Pour le SMITOM, nous représentons l’expérience d’un savoir faire en matière de fabrication d’amendement organique, mais surtout nous sommes considérés comme étant un outil de promotion et de vulgarisation de la matière organique : Madin’compost. Nous assurons la commercialisation du Madin’Compost et servons d’appui technique sur l’utilisation de cette matière.

À quel groupe appartenezvous ? Sita Verde est une filiale du groupe Suez Environnement. Quel est l’intérêt du produit que SITA VERDE distribue ; et pour les professionnels, et pour les particuliers ? Quelle est votre cible principale ? Le Compost du CVO est un amendement organique par excellence, son rôle est avant tout de restituer au sol de la matière organique, élément essentiel de sa constitution. Il permet le maintien de l’activité biologique du sol. Il n’y a aucune restriction d’usage. Ce produit est destiné à tous types de cultures. Et sans danger à l’utilisation. Il est indemne de chlordécone. Une batterie d’analyses est réalisée par un laboratoire accrédité COFRAC* avant toute mise sur le marché, assurant ainsi aux utilisateurs l’emploi d’un produit de qualité.

Récupération des déchets verts (stockage des déchets) 30 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

Comment se procurer ce produit et à quel prix ? Il existe deux modes de conditionnement : - Les sacs de 50 l vendus à 8,90€ au CVO du Robert ou dans toutes les jardineries de l’île et chez certains pépiniéristes, - Le vrac sur le site du CVO à 35€ par tonne Les ventes au CVO se font le vendredi matin de 8h00 à 12h00 ou sur rendezvous (contact Romuald NELSON 0696 748 748).

Quels sont les objectifs de SITA VERDE à court et moyen terme (en terme de distribution, de résultats financiers, etc.)? Nos objectifs sont les suivants : - Faire connaître le Madin’Compost et démocratiser l’usage - Montrer l’intérêt de l’utilisation de la matière organique (protection de sol, maintien de la fertilité des sols, limitation des effets de l’érosion, améliore le pouvoir de rétention, améliore la porosité du sol, améliore la structure et texture de sol, réduit le lessivage, empêche le tassement, favorise le développement des racines, stimule l’activité biologique des sols, a un impact positif sur le développement des plantes et accroît le rendement).


Les déchets verts broyés

SITA VERDE espère montrer aux Martiniquais, et plus singulièrement à la profession agricole, l’intérêt de protéger les sols exploités. Par l’utilisation du Madin’Compost. Et, par la même occasion, de maintenir l’activité agricole par le maintien et/ou la croissance du rendement hectare.

Comment à ce jour les professionnels, ou personnes privées concernées, accueillent ce produit ? Le compost est un produit nouveau en Martinique. Cependant, confronté au problème de fatigue des sols lié à une exploitation intensive de ceux-ci, on assiste aujourd’hui à une carence de ce support de culture en matière organique. Si bien qu’afin de maintenir l’activité agricole il paraît impératif de protéger les sols afin de leur permettre de retrouver leur pouvoir fertilisant. Les agriculteurs sont de plus en plus obligés de prendre en compte cet élément. De plus SITA VERDE leur permet de solutionner ce problème pour l’acquisition d’un produit de qualité, normé (NFU 44-051) à très bon prix. Les producteurs en sont pleinement satisfaits.

** PRÉCISIONS SUR LE SMITOM Le SMITOM (Syndicat Mixte pour le Traitement des Ordures Ménagères) est une collectivité créée le 17 août 1998 qui regroupe la CCNM (Communauté des Communes du Nord de la Martinique) et la CAESM (Communauté d’Agglomération de l’Espace Sud Martinique). Son siège est situé au Robert. Sa mission : construire une usine (le CVO) qui traitera les bio-déchets dans notre île. 30 communes forment son périmètre (18 au Nord et 12 au Sud). Les communes du centre regroupées au sein de la CACEM (Fort-de-France, Lamentin, Saint-Joseph et Schoelcher) ne sont pas concernées par les travaux de cette entité.

Depuis maintenant trois ans, SITA VERDE promotionne et commercialise le Madin’ Compost sur le territoire martiniquais. Cet amendement organique, issu de la transformation des déchets verts et des bio déchets collectés par le CVO, répond en tous points aux exigences du concept du développement durable. Reconnu aujourd’hui pour ses potentialités agronomiques, il permet à ses utilisateurs de répondre aux carences en matière organique de leur sol à moyen et long terme. Principalement composé de cellulose et de lignine, le Madin’Compost, produit à décomposition rapide, a un effet fugace sur les structures du sol. Et, par conséquent, contribue au développement des végétaux. Le compost est un stock de matière organique qui s’accumule dans le sol. Sa dégradation, par l’effet de micro-organismes saprophytes, permet une production progressive d’azote. Environ 10 à 15% de cet azote produit est libéré rapidement. Le reste s’accumule puis se minéralise avec la matière organique du sol ; constituant ainsi une réserve disponible pour les futures plantations. Afin de mieux répondre aux besoins des plantes, l’utilisation de ce compost peut-être combiné à l’emploi de produits fertilisants autres. Du fait de sa composition, il n’existe, à ce jour, aucune restriction concernant l’utilisation de ce produit.

*COFRAC : Comité Français d’Accréditation. Association chargée de l’accréditation des laboratoires, organismes certificateurs et d’inspection.

Le jus de presse (liquide obtenu après la compression des déchets lors du broyage et réutilisé pour lʼarrosage, le jus de presse est riche en éléments fertilisants et active le processus de compostage grâce à sa richesse en décomposeur.)

31 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011


DOSSIER

cercosporiose noire

La cercosporiose noire vit maintenant parmi nousJ

Dossier réalisé par ADV

Nous vous proposons de faire le point sur l’arrivée de la Cercosporiose noire en Martinique. En effet, lors de notre précédent numéro, elle n’était pas encore présente sur notre départementJ ■ Quelles seront et sont les conséquencesde cette maladie? ■ Que comptent faire les élus afin de réagir à cette invasion ■ Qu’en pensent les agriculteurs?

?

■ Comment faire pour protéger les exploitations et les bananiers privés?

Cette agression de nos bananiers déclenchera-t-elle, au vu de ses probables retombées négatives, une restructuration de notre agriculture? ■

Des éléments de réponse avec : Florent Grabin (Président de l’association écologique Puma), David Dural (Directeur de l’IT2), Charles-André Mencé (Maire du Ducos la première ville touchée, et président de la commission agriculture du Conseil Général), José Maurice (Exploitant agricole au François, et président de la commission agriculture du Conseil Régional), Francis Emonide (Jeune exploitant agricole à Ducos, et membre des commissions commerce et technique de BANAMART), et enfin avec Pierre Monteux, Directeur Général de Banamart.


L’épée de Damoclès a fini par se rompre et nous tomber brutalement sur la tête. Depuis le temps qu’on en parlait… La cercosporiose noire est finalement parvenue, via SainteLucie infectée depuis le début de l’année (voir encadré), à se frayer un passage jusqu’à nous ; mi-août (officiellement début septembre). Nous sommes, apparemment, désormais, son hôte forcé. Et pour un bon bout de temps. Alors que la filière et les services de l’Etat ont tout fait pour empêcher l’arrivée par les hommes de cette réelle menace pour notre agriculture (en intensifiant notamment la com-

Maladie de la bananeT

jardins privés… Et qui risquent d’encore contribuer à alourdir l’infection si leurs propriétaires ne s’en préoc-

Les conséquences de la cercosporiose noire sont en effet problématiques : baisse du rendement, mûrissement accéléré des fruits (problématique pour l’exportation), intensification des traitements. Et disparition de la plantation qui devient noire et sèche ; si on ne fait rien. munication sur l’interdiction de transporter vers notre île des matériels végétaux - et donc l’introduction de plants infectés ramenés par le quidam à la suite de ses voyages) ; c’est finalement le vent qui semble nous avoir trahis… Maintenant il faut faire face. La filière et les services de l’Etat préparés depuis le début de l’année à l’inéluctable égrènent sur le terrain les détails de la riposte : multiples analyses des champs et feuilles suspects, coupe et destruction des feuilles infectées, élimination des bananiers privés et sauvages au sein des zones focus (zones constituées des parcelles et jardins où les bananiers contaminés sont détectés et confirmés par une analyse dans un laboratoire agréé), etc. Une grande campagne de communication a débuté fin octobre, afin d’informer la population non spécialiste. Étape importante au vu du nombre de bananiers implantés dans nos

cupent pas. Rappelons à ce stade que la cercosporiose noire s’implante par le biais de plants ou de feuilles (vertes ou sèches) infectés. Et par le vent qui peut transporter les spores (cellules reproductrices microscopiques) sur des dizaines de kilomètres. Nous sommes à environ 40 km de Sainte-Lucie… Les conséquences de la cercosporiose noire sont en effet problématiques : baisse du rendement, mûrissement accéléré des fruits (problématique pour l’exportation), intensification des traitements. Et disparition de la plantation qui devient noire et sèche ; si on ne fait rien. Heureusement cette maladie n’est pas dangereuse pour l’homme même si Florent Grabin président de l’association Puma ne souhaite pas confirmer cette idée véhiculée par de nombreux spécialistes avant de plus amples études (voir interview). Car pour l’instant, aucun pays

- à part l’Australie - n’a pu l’éradiquer. Il faudra donc vivre à ses côtés, comme on le fait depuis des années avec la cercosporiose jaune. En réfléchissant aux moyens de faire évoluer notre agriculture. Puisque son socle, la production bananière, risque tout de même d’être durablement un peu plus branlant qu’à l’accoutumée (voir différentes interviews). ■

Avancée de la cercosporiose noire (près de chez nous)

1972 : Honduras 1975 : Belize 1977 : Guatemala 1979 : Nicaragua, Costa Rica 1981 : Panama, Colombie, Mexique 1987 : Equateur 1991 : Venezuela 1992 : Cuba 1994 : Pérou, Jamaïque 1996 : République Dominicaine 1997 : Bolivie 1998 : Brésil, Etats-Unis (Floride) 2000 : Haïti 2004 : Bahamas, Porto-Rico, Trinidad et Tobago 2006 : Grenade 2009 : St-Vincent 2010 (janvier) : Ste-Lucie 2010 (septembre) : Martinique. Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 33


DOSSIER

cercosporiose noire

Florent Grabin

Interview du Président de l’Association écologique PUMA

« Il faudra justement éduquer la population, afin qu’elle reconnaisse, cette feuille infectéeJ » L’association Puma tenait, le 13 octobre dernier, une conférence de presse. Afin que la population soit au courant de l’arrivée en Martinique de la cercosporiose noire, maladie touchant les bananiers. Et qu’elle soit vigilante face aux solutions à adopter afin de contenir sa prolifération. Éclaircissements. Pourquoi cette conférence de presse ? Florent Grabin : À cause de l’arrivée en Martinique, début septembre, de la cercosporiose noire. On a identifié sa présence dans la commune de Ducos et dans la baie de Fort-de-France, chez des particuliers ; et singulièrement sur de la banane jaune. C’est une maladie qui touche toutes les variétés de banane. Et de ce fait, les producteurs de banane, le particulier qui possède quelques bananiers dans son jardin. Également les bananiers sauvages que l’on peut trouver, par exemple, en bordure de route sur toute l’île ; et qui n’appartiennent à personne. Par conséquent tous les bananiers doivent être traités. Il y a pour cela deux méthodes : la méthode chimique et la méthode d’effeuillage. L’ITBAN, avec lequel nous sommes en pourparler, nous a communiqué son mode opératoire chimique. Nous l’avons transmis en expertise, afin de savoir : si les produits utilisés sont compatibles avec la nature, et également avec la santé de l’homme. Ainsi, nous sommes dans une phase où nous ne faisons plus l’erreur que l’on a pu faire avec le chlordécone. En effet, à l’époque, personne n’avait communiqué, ni échangé sur cette question. Et on a vu ce que cela a donné… Aujourd’hui nous constatons qu’il y a en Martinique une conscience écologique très forte. Profitons de cette conscience, pour que l’on puisse, collectivement, régler ce problème.

34 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

C’est-à-dire ? Florent Grabin : Il faut le Conseil général, le Conseil régional, les 34 mairies, l’Etat, la société civile… Pour que l’on puisse, ensemble, avec le monde de l’agriculture, dans une grande réunion, prendre les dispositions, collectivement, afin de traiter le problème.

On savait que la cercosporiose noire était à nos portes depuis sa détection à Sainte-Lucie en janvier dernier… Sait-on de quelle façon elle est parvenue jusqu’à nous ? Florent Grabin : On pense que les spores sont arrivées par le vent. Il y a eu en effet beaucoup de mouvement de vent ces derniers temps avec la période cyclonique. Alors qu’à l’origine, on craignait que cela puisse arriver par l’homme. On aura les précisions en temps utile. Ce qui est certain : c’est que maintenant elle est là. Nous sommes devant une réalité : sa présence. Et elle commence à s’étaler dans l’île… Donc il faut traiter. D’importantes réunions ont déjà été réalisées avec les producteurs de banane afin de les renseigner sur la meilleure façon de réagir à ce fait. Les 34 mairies ont égale-

«

ment été informées. Mais nous ne savons pas ce qu’elles ont pris comme disposition pour que, dans leur commune, les citoyens soient informés des modes opératoires à mettre en place pour traiter le problème… La première chose à faire c’est de couper la feuille. Mais pour couper la feuille, il faut déjà savoir de quoi on parle… À quoi reconnaît-on, quand on est néophyte en la matière, une feuille infectée précisément par la cercosporiose noire ? Car il existe d’autres maladies de la banane telle la cercosporiose jaune par exemple… Florent Grabin : Il faudra justement éduquer la population afin qu’elle la reconnaisse cette feuille infectée… Elle comporte des traces jaunes quand il s’agit de cercosporiose jaune et des traces noires quand il s’agit de cercosporiose noire. De grosses tâches qui finissent par atteindre toute la surface de la feuille… Donc il faut couper la feuille. Le plus près possible du tronc. Puis la renverser, et l’écarter de tout ce qui est banane. Un plan de communication sera mis en place pour informer plus précisément. Mais il faut que nos maires, les par-

Il faudra justement éduquer la population afin qu’elle la reconnaisse cette feuille infectée… Elle comporte des traces jaunes quand il s’agit de cercosporiose jaune et des traces noires quand il s’agit de cercosporiose noire.»


ticuliers, jouent le jeu. Il faut que tout le monde ait la même partition en jeu. Pour que, finalement, la musique soit belle. Nous demandons également que la recherche puisse nous dire s’il y a un risque de voir cette maladie rentrer dans notre biotope.*

Attendez… Quel risque ? D’après un certain nombre de témoignages de spécialistes du monde de la banane,* il semble ressortir que la cercosporiose noire sévit depuis longtemps dans le monde entier ; et que si elle peut être destructrice pour la banane, si on ne réagit pas à

Donc le moment est venu pour que l’on puisse faire de la Martinique un véritable pôle d’excellence. Que l’on voit arriver ici, 2000 touristes scientifiques qui viennent y travailler. D’autant que l’on a un réel savoir faire en la matière: faisons le savoir à l’international. temps, elle n’est, par contre, pas dangereuse pour l’homme… Vous réfutez cela ?

Florent Grabin : Tant que nous n’avons pas un document scientifique nous indiquant que telle chose est possible où que telle chose est impossible… Nous appliquons le principe de précaution. Nous demandons que l’on puisse faire de la recherche scientifique sur cette question. C’est une maladie qui infecte une plante. On ne sait pas si elle peut s’établir sur d’autres plantes. Et comment… Donc il est urgent, pour nous, que l’on puisse mettre ces études en place. Cela nous permettra non seulement d’avoir une production à haute qualité environnementale, mais aussi de faire de la Martinique un pôle d’excellence en matière de recherche. Car on a tout sur place… Ici nous avons une île, toute la vie marine, terrestre, toutes les pollutions telluriques…

Nous sommes la plus grande université de France, et même d’Europe… Donc on peut savoir quelles sont les conséquences de tel produit chimique sur telle partie du milieu. Preuve en est : à partir du chlordécone on n’a qu’à voir tout ce que l’on a « sorti » ; les recherches se mettent en place, etc. Donc le moment est venu pour que l’on puisse faire de la Martinique un véritable pôle d’excellence. Que l’on voit arriver ici, 2 000 touristes scientifiques qui viennent y travailler. D’autant que l’on a un réel savoir faire en la matière : faisons le savoir à l’international. Nous avons, par exemple, aujourd’hui une banane durable avec un recul pesticide de plus de 70 %. Ce savoir faire est local. L’agriculture fait partie de l’aménagement du territoire, et fait partie des décisions politiques. L’intérêt d’une grande réunion comme celle dont nous avons parlé précédemment est que la Martinique puisse enfin dire collectivement : voilà le mode d’agriculture que nous voulons.

Pour finir un mot sur l’association Puma, et ses objectifs ? Florent Grabin : Nous défendons tout ce qui est intérêt économique et écologique de la Martinique. Nous ne sommes pas un parti politique. Nous œuvrons particulièrement sur tout ce qui est environnement. Notre champ de prédilection c’est l’eau. Et tout ce qui est scientifique ; tout ce qui est santé. Parce que, par exemple, il n’est pas admissible qu’aujourd’hui on puisse nous dire que l’on peut manger tel ou tel produit. Et ne pas nous donner les protocoles qui ont permis de trouver ces résultats positifs… Nos membres sont issus de tous les milieux.

Nous ne sommes ni scientifiques, ni juristes : donc nous nous faisons accompagner. Et quand nous avons l’avis de nos scientifiques (qui ont une réputation internationale), nous alertons les gens. Nous existons depuis une dizaine d’années. Et comptons 300 membres, à jour de leurs cotisations. ■ * Milieu biologique déterminé offrant des conditions d’habitat stable à un ensemble d’espèces animales ou végétales. *Voir le dossier sur la Cercosporiose Noire dans le précédent numéro de « Martinique Agricole » (octobre/novembre 2010) Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 35


DOSSIER

cercosporiose noire

Interview du Directeur de l’Institut Technique de la Banane (IT2)

David Dural

« Pour les particuliers, la solution est la même que pour les professionnels : l’effeuillage sanitaire dès qu’il y a des nécroses sur une feuille. »

Retour avec David Dural directeur de l’ITBAN (Institut Technique de la banane, depuis mai 2010, IT2) sur l’avancée de la cercosporiose noire en Martinique. Et sur les questions que l’arrivée de cette maladie ne manque pas de poserT

Quel est aujourd'hui l'état des lieux de l'avancée de la cercosporiose noire dans notre département ? Quelles sont les communes concernées ? L'association Puma a parlé de Ducos et de bananiers sauvages infectés à Fort-deFrance ; des rumeurs parlent également du FrançoisT Estce une réalité ? Y a-t-il d'autres communes dans lesquelles on a détecté cette maladie depuis le 1er septembre ? Si oui quelles sont-elles ? Et combien d'exploitations sont, à ce jour, concernées ? David Dural : (Voir carte Bilan

des prospections au 15 octobre). Comme vous pouvez le constater sur la carte et avec la légende, des communes du nord au sud de l’île sont concernées ; essentiellement des bananiers de jardins privés, des bananiers spontanés en bord de route et des parcelles de plantain. Les parcelles de banane export (Cavendish) sont pour le moment encore peu touchées du fait de la lutte collective contre

36 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

la cercosporiose jaune qui est également efficace contre la cercosporiose noire, ces 2 champignons appartenant au même genre : Mycosphaerella. Mycosphaerella fijensis pour la cercosporiose noire. Mycosphaerella musicola pour la cercosporiose jaune.

Savez-vous comment la cercosporiose noire est arrivée dans notre île ? L'association Puma a parlé du ventT Com-

ment l'a-t-on détecté la première fois et à quelle date ? David Dural : Ce sont effective-

ment les épisodes de vent de Sud/Sud-Ouest des mois de juillet et août 2010 qui ont amené les spores du champignon de SainteLucie.

Quelle est la procédure adoptée depuis sa "découverte" en Martinique ? Que fait-on au niveau des bananeraies afin de remédier à cette attaque ?

Suite page 38…



L’ITBAN (aujourd’hui IT2) en quelques mots :

Association loi 1901 comme la grande majorité des instituts techniques agricoles, l’IT2 (ex-ITBAN) a été créé le 16 décembre 2008 L’IT2 regroupe maintenant des or-

ganisations de producteurs de diversification végétale avec les OP banane de Guadeloupe et Martinique. Il est officiellement adossé au Réseau des instituts des filières animales et végétales (ACTA) depuis le 09 juin 2010. Son objectif principal est de promouvoir et de coordonner toute recherche et expérimentation tendant à l’amélioration et à la valorisation de la

production agricole de Guadeloupe et de Martinique. L’IT2 a donc pour vocation d’être l’articulation entre les organismes de recherche et les producteurs afin : - d’orienter et de démultiplier les efforts de recherche appliquée ; - de diffuser les résultats obtenus à l’ensemble des agriculteurs, rapidement et efficacement..

l’avoir avec l’Australie, la Dominique et la Guadeloupe (qui en sont encore indemnes).

Y a-t-il un plan média prévu afin d'informer plus largement la population ? Car finalement, bien peu de gens aujourd'hui semblent au courant ? David Dural : Oui, Avec

la parution du flyer ; et des spots Radio.

David Dural : Très rapidement, du fait de la dispersion des points de détection, la phase d’éradication enclenchée lors de

tion entre jaune et noire, voire entre cercosporiose et autres types de champignons ou impact d’insectes. La solution est

la première détection a été transformée en une phase de contrôle. Cette phase de contrôle passe par un effeuillage sévère des parcelles afin d’éviter la dissémination des spores.

la même que pour les professionnels : l’effeuillage sanitaire dès qu’il y a des nécroses sur une feuille. (Voir flyer).

Les bananiers isolés ont déjà été pour une grande part recensés par le Service de la Protection des Végétaux de la DAF. Il y en a, en fait, assez peu, par rapport à l’ensemble des jardins.

À quoi reconnaît-on (pour les néophytes) un bananier infecté par la cercosporiose noire ? Si un privé détecte la cercosporiose noire sur un des bananiers de son jardin, que doit-il faire exactement afin que l'infection ne se propage pas ? David Dural : Impossible pour

un néophyte de faire la distinc-

38 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

Que fera-t-on à court et moyen terme pour essayer de contrer l'arrivée de la cercosporiose noire au sein de notre territoire ? David Dural : La cercosporiose

noire est maintenant présente sur notre île ; ce qui en soit est un non-événement. L’événement était qu’elle en soit absente puisqu’au niveau mondial, nous étions les derniers à ne pas

Y a-t-il un plan d'action prévu afin de répertorier les bananiers sauvages infectés ? Qui devrait se charger de les traiter (où de les détruire) ? David Dural : Les bananiers iso-

lés ont déjà été pour une grande part recensés par le Service de la Protection des Végétaux de la DAF. Il y en a, en fait, assez peu, par rapport à l’ensemble des jardins. Et bien que sur le domaine public, il n’est pas rare qu’ils soient entretenus.

Pouvez-vous rappeler ce qu'est l'ITBAN ? Et quels sont ses champs d'actions et prérogatives ? David Dural : L’ITBAN n’existe

plus depuis mai 2010. Suite à son ouverture aux Organisations de Producteurs de Diversification végétale de Martinique et de Guadeloupe, il a été transformé en IT² (Institut Technique Tropical). ■


DOSSIER

cercosporiose noire

Interview du Président de la Commission Agriculture du Conseil Régional, et exploitant agricole

José Maurice

« L’arrivée d’une telle maladie en Martinique risque de poser de gros problèmes pour la bananeJ »

José Maurice a une double casquette: il est à la fois exploitant agricole au François et Président de la commission Agriculture du Conseil Régional. Deux raisons de connaître son avis sur l’arrivée de la cercosporiose noire en MartiniqueT Votre exploitation est-elle touchée par la cercosporiose noire ? Si oui, quelles sont les procédures que vous avez adoptées pour faire face à cette arrivée malencontreuse ? Si non, que faites-vous pour prévenir l'arrivée de cette infection ? José Maurice : Pour l’instant, non. Mais sachant que la menace existe je fais comme beaucoup de producteurs de la prévention qui consiste à couper les feuilles chaque semaine élaguer les haies et surtout surveiller attentivement les feuilles.

Le François semble être touché par cette maladie (info de particuliers), est-ce réellement le cas aujourd'hui ? Autour de vous, avezvous des "collègues" qui font face à cette problématique ? Comment réagissent-ils ? José Maurice : Nous sommes dans une phase de contamination, il est très difficile de connaître les zones infestées, la maladie évolue de semaine en semaine. Les collègues agriculteurs appliquent les préconisations du groupement : Coupe de feuilles et traitement avec un fongicide.

Quelle est la taille de votre exploitation ? Que produisez-vous en son sein ? Depuis quand êtes-vous exploitant agricole ? Pourquoi avez-

vous choisi ce métier ? José Maurice : J’ai une exploitation de 13 hectares au François : 7 hectares de bananes, 60 brebis en stabulation, 15 vaches pour la viande. Je suis exploitant depuis 1989, date de mon installation comme jeune Agriculteur. Produire pour mon pays m’a toujours fasciné. Je suis originaire de la campagne et à cette époque nos parents étaient à la fois salariés et agriculteurs. On les aidait le mercredi et le samedi et je pense que ma passion pour ce métier vient de là. J’ai étudié au lycée agricole à Croix-Rivail et une spécialisation en volailles/lapins en métropole, j’ai travaillé à la Chambre d’Agriculture et ensuite je me suis installé.

L'association Puma a tenu une conférence de presse mercredi 13 octobre. Elle disait vouloir avertir la population de l'arrivée de la cercosporiose noire sur notre territoire. Appeler toutes les institutions (CG, GR, Mairies, etc.) à s'asseoir autour d'une table afin de poser les problématiques dues à cette arrivée dans notre département (et région). Définir la riposte scientifique à adapter afin que la Martinique devienne un pôle d'excellence reconnu dans le monde face à la lutte contre cette maladie ? Et poser le problème dû à une probable re-

structuration de notre agriculture face à cette infection sur notre banane. Qu'en pensez-vous ? José Maurice : Il faut dire avant que la maladie était attendue en Martinique ; sachant sa présence à Sainte-Lucie, nos jours étaient comptés… Un réseau d’alerte était opérationnel composé de la Fredon (Fédération Régionale de Défense contre les organismes nuisibles de la Martinique), les groupements bananiers et des services de l’Etat , le SPV (Service de Protection des végétaux). C’est ce dispositif qui a permis l’identification rapide de la maladie. Il faut ajouter qu’il y a eu une campagne d’information auprès des mairies des loueurs de bateaux et des transporteurs. Maintenant la maladie est présente et il convient d’informer les agriculteurs et le grand public de la conduite à tenir. Il n’y a pas lieu aujourd’hui de parler de restructuration de l’agriculture à cause seulement de la maladie. Cependant, le président Serge Letchimy m’a demandé de travailler sur un plan de relance de l’agriculture. Et, là, très certainement, le problème de restructuration se posera.

Quelles sont les prérogatives de l'institution régionale et ses champs d'action dans le cadre d'une telle menace pour notre agriculture ? Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 39


DOSSIER

cercosporiose noire Nous n’avons pas, à ce jour, de demande précise à ce sujet. La Région accompagnera les producteurs s’il faut restructurer.

Que signifie pour notre Région l'arrivée d'une telle maladie infectant la banane ? Quelles en seront, selon vous, les conséquences pour l'agriculture de la Martinique ? José Maurice : La Région n’a pas de prérogative particulière ; c’est d’abord l’Etat et la profession qui sont concernés. L’arrivée d’une telle maladie en Martinique risque de poser de gros problèmes pour la banane toutes va-

riétés confondues : baisse de rendement, augmentation du coût de production, intensification du traitement. Pour l’instant il est très difficile d’évaluer les conséquences. On ne peut qu’émettre des hypothèses. Je rappelle que la Région n’a pas de compétence dans ce domaine particulier. Nous suivons avec beaucoup d’attention l’évolution des choses.

GARAGE DU SUD

On parle également d'une probable disparition d'un certain nombre d'exploitationsT Cela pourrait-il être le cas ? Et si oui, quel pourcentage peut ne pas se remettre ? José Maurice : Aujourd’hui il est trop tôt pour parler de disparition même si elle est à craindre. Il y a actuellement en Martinique environ 500 planteurs pour 7 000 hectares de bananes… Les agriculteurs sont très inquiets. Ils craignent de ne pas pouvoir faire face à la maladie et ne pas pouvoir faire face à l’augmentation des coûts de main-d’œuvre générés par la maladie. Ils attendent beaucoup de la Région. ■

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40 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011



DOSSIER

cercosporiose noire

Charles-André Mencé

Maire de Ducos, Président de la Commission Agriculture du Conseil Général

« Nous sommes dans un pays où on parle beaucoupJ Et puis après on regrette. »

Ducos est la première commune de l’île où l’on a identifié la cercosporiose noire. Son maire CharlesAndré Mencé fait le point avec nous des actions déjà menées et de celles qui seront mises en place face à cette menace. Et, en tant que président de la commission Agriculture du Conseil général, il répond notamment à la proposition de l’association PumaT L’association Puma a, lors d’une conférence de presse tenue le mercredi 13 octobre, voulu informer la population quant à l’arrivée sur notre île de la cercosporiose noire. D’après les informations récoltées Ducos serait la première commune à avoir « hébergé » cette maladie particulièrement préoccupante de la banane. Que comptez-vous faire, en tant que Maire, pour réagir face cette question ? Charles-André Mencé : Il ne

faut pas dire : que comptezvous faire ? Dites : ce que vous avez déjà fait, ce que vous faites, et ce que vous ferez… Parce que l’on a déjà visité les parcelles concernées avec le représentant de la DAF (Direction de l’Agriculture et des Forêts). Je suis allé sur le terrain. Il y a eu des procès-verbaux qui ont été constatés, avec l’adjoint chargé de l’agriculture. Ces procès-verbaux ont été 42 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

enregistrés. Et, si vous allez dans le coin, vous verrez que l’on a déjà commencé à effeuiller, à couper, etc. Nous sommes dans cette démarche. Nous voulons également vérifier s’il y a d’autres parcelles concernées, que celles déjà identifiées. Nous avons également prévu de faire une réunion avec l’ensemble des agriculteurs, dans la zone. Et ensuite, élargir au grand public.

Vous avez déjà posé des dates pour ces réunions d’information ? L’association Puma semblait dire qu’il y avait urgence en la matière pour le grand public. Car la cercosporiose noire semblait, depuis son arrivée, s’étendre comme une traînée de poudreT Charles-André Mencé : Vous

savez… Nous sommes dans un pays où on parle beaucoup… Et puis après on regrette. Nous avons déjà des éléments, nous avons prévu de faire des réu-


nions ; selon les disponibilités des services DAF, etc.

Quand ? Dans environ un mois ? Plus ? Moins ? Charles-André Mencé :

«

Avant un mois quand même… Vu la situation… puisque nous sommes l’une des premières communes où on l’a identifié. On a commencé à agir. Parce qu’il faut éviter de dire des choses trop rapidement dans le pays… Pour ne pas notamment ternir l’image…, nous allons communiquer, c’est déjà prévu. Et je continue à aller sur le terrain avec l’adjoint, afin de voir où il y a des risques. Non seulement auprès des grandes exploitations, mais aussi auprès des particuliers. On est déjà au

Charles-André Mencé : Et bien le président de la commission Agriculture est quelqu’un qui n’aime pas parler pour parler… Nous sommes en train de rassembler les données afin de savoir précisément quelles parcelles sont (ou pas) précisément touchées… Nous sommes en train de nous organiser, afin de parler d’une même voix. On sait ce qu’il y a lieu de faire.

…on ne parle pas souvent des agriculteurs… Savoir exactement comment les accompagner. Pour leur permettre de prendre les dispositions adéquates concernant, directement, leurs parcelles. D’abord agir avec les agriculteurs. Et ensuite décider des actions à prendre concernant les particuliers. » courant. On fait déjà. On préfère cette méthode plutôt que celle qui consiste à faire du tapage.

Vous êtes également président de la commission Agriculture du Conseil général. Quels sont vos plans d’action dans ce cadre face à la cercosporiose noire ? Le président de l’association Puma appelait à un grand rassemblement de toutes les institutions et personnes concernées afin de sauver, voire de restructurer notre agricultureT Que répond le président de la commission Agriculture face à cela ?

Nous allons rencontrer les syndicats pour leur dire : qu’au moment où l’on parle de protection de l’agriculture, où tout le monde se mobilise pour l’agriculture ; on ne parle pas souvent des agriculteurs… Savoir exactement comment les accompagner. Pour leur permettre de prendre les dispositions adéquates concernant, directement, leurs parcelles. D’abord agir avec les agriculteurs. Et ensuite décider des actions à prendre concernant les particuliers.

La question des « bananiers sauvages » ceux qui sont au bord des routes, près des rivières, (etc) peut-elle, selon vous, être préoccupante dans le cadre de cette épidémie ? Certains le laissent entendre en tout casT Charles-André Mencé : Bana-

niers sauvages ?… Il ne peut pas avoir de bananiers sauvages. Les bananiers poussent sur une parcelle : elle est soit privée ; soit publique. Simplement une fois que l’on détecte (où qu’il soit) un bananier suspect, il faut le signaler.

On a beaucoup parlé de Ducos comme première ville où a été « découverte » la cercosporiose noireT Beaucoup d’autres communes sont à ce jour « infectées » ? Charles-André Mencé : Bien

sûr. Beaucoup de communes… Mais comme nous prenons nos responsabilités et que nous n’aimons pas cacher les choses… Et bien nous les disons. D’autant que cette situation n’est pas de notre fait. Nous assumons notre politique de proximité. ■

Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 43


DOSSIER

cercosporiose noire

Interview d’un exploitant agricole à Ducos, membre des commissions commerce & techniques de BANAMART

Francis Emonide « Notre chiffre d’affaires diminuera d’au moins 10 %J » La cercosporiose noire affecte maintenant les bananiers de notre département. Quand avez-vous appris son arrivée ? Quand et comment avez-vous constaté qu’elle avait atteint certains de vos bananiers ? Francis Emonide : J’ai appris, par l’administration de Banamart, qu’elle était arrivée en Martinique vers la miaoût. Et on a détecté un foyer proche de mon exploitation vers la mi-septembre. Visuellement, il n’était pas possible de l’identifier. Le Service de Protection des Végétaux (SPV) allait régulièrement faire des prélèvements sur toutes les parcelles concernées dans la zone focus à Ducos. Et après avoir effectué des tests, ils m’ont révélé que j’étais positif à la cercosporiose noire. Mais ce n’était vraiment pas visible à l’œil nu. On nous a envoyé des photos par Internet nous permettant de voir ce qu’était la cercosporiose noire. Puis des arrêtés préfectoraux nous ont ordonné de couper les feuilles malades, nécrosés. Ensuite il fallait détruire nos champs pour essayer d’éradiquer la maladie…

Il semblerait que la cercosporiose noire au début de son implantation dans les champs de banane soit difficile à détecter à l’œil nu même par des professionnels comme vous, comme votre expérience récente le démontre. Ceci dit si à un stade plus avancé le particulier détecte cette maladie sur ses bana44 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

niers privés (jardin), comment doitil concrètement réagir ? Francis Emonide : La marche à suivre est de couper les feuilles détectées malades. Mais, après, le problème va rester entier, car après avoir coupé les feuilles ce particulier lambda devra traiter son bananier. Et je ne sais pas comment le particulier « lambda » pourra traiter son bananier… Car non seulement il lui faudra couper les feuilles infectées, mais il lui faudra aussi traiter les feuilles qui ne sont pas encore malades. Afin de les empêcher d’être infectées à leur tour…

Quel est le produit utilisé pour traiter les bananiers atteints par la cercosporiose noire ? Francis Emonide : C’est de l’huile végétale nommée Banol. Et on y ajoute deux autres produits. Le traitement est le même que dans le cadre de la cercosporiose jaune.

La cercosporiose noire semblait faire très peur à la communauté agricole bananière. Quand on a appris en janvier 2010 qu’elle avait été détectée à SainteLucie ; on a assisté à une espèce de branle-bas de combat de la filière, et même des autorités de l’Etat installées en Martinique, qui ont mis beaucoup de moyens en place afin d’essayer de faire en sorte qu’elle n’arrive pas jusqu’à nousT (voir le bi-mensuel « Martinique Agricole »).

Que ressentez-vous maintenant qu’elle estT là ? Francis Emonide : Il fallait s’y attendre… À vrai dire, je m’y attendais. Quand le directeur de Banamart m’a appris la nouvelle, je me suis remémoré une discussion que nous avions eue lui et moi deux mois auparavant. Et dans laquelle il me disait en substance : qu’il ne fallait pas se leurrer, que cette maladie risquait fort de se propager également en Martinique. Donc moi, comme beaucoup de planteurs, je m’y étais déjà préparé dans ma tête. Maintenant je ne pensais pas qu’il y aurait des mesures aussi radicales à mettre en place… Comme détruire certaines plantations de Martinique afin de tâcher d’éradiquer


Francis Emonide a 34 ans.

Bon sang ne ment pas : Il a découvert l’amour du métier et de la terre en accompagnant son père (exploitant lui aussi) dans les champs dès l’âge de 7 ans. Il

«

paraît que c’était la seule façon de faire tenir un peu tranquille le petit garçon turbulent… Il rentre, après le collège, au lycée agricole de Croix-Rivail. Après ses études il reprend l’exploitation de son père, qui, à l’origine, était de 3 hectares. Il est exploitant agri-

la maladie. Sachant qu’elle risquait de revenir l’année prochaine… Détruire les champs de banane pour éradiquer la maladie… Je pense qu’il est déjà trop tard pour cette solution. Car la maladie s’est déjà trop étendue sur notre territoire. Elle se propage par les spores (cellules reproductrices microscopiques de la cercosporiose), et par le vent… On n’aurait jamais eu assez de temps pour éradiquer la maladie avant qu’elle ne se propage sur les autres parcelles de la Martinique.

outil est plus utilisé dans le cadre de petites exploitations. Mais l’arrivée de cette maladie génère de toute évidence des coûts supplémentaires. Ceux qui n’auront pas les moyens financiers de payer quelqu’un chaque semaine pour effeuiller et traiter plus souvent… risquent de perdre leurs champs.

Et pour ceux qui vont garder leur champ, ça fera un manque à gagner de combien par an ? Francis Emonide : Je n’ai pas en-

cole depuis 2003. Il possède 18 hectares de terres agricole, 14 hectares de banane, à Ducos. Ce jeune chef d’entreprise, dynamique et cultivé, emploie 7 salariés à temps plein et 4 salariés à temps partiel.

Est-ce que cette crise actuelle (et la persévérance de cette maladie qui s’installe, apparemment, partout où elle passe) serait susceptible, d’après vous, de « changer la donne » de notre agriculture ? Et par là même, finalement, de notre économie, supportée en partie par cette industrie bananière ? Francis Emonide : … Cela dépendra des élus. Et de la politique. Nous, producteurs de bananes, nous produisons de la banane afin de la faire parvenir en métropole. Maintenant les décisions les plus importantes sont prises à Bruxelles… La banane des Antilles c’est à peine 15% du marché européen… ■

Détruire les champs de banane pour éradiquer la maladie… Je pense qu’il est déjà trop tard pour cette solution. Car la maladie s’est déjà trop étendue sur notre territoire. » Quelles seront pour vous les conséquences directes de l’arrivée de la cercosporiose noire sur notre île ? Vivre avec la cercosporiose noire implique quoi pour vous ? Francis Emonide : Cela implique une augmentation des charges. Il faudra mobiliser plus de main-d’œuvre, pour effeuiller plus souvent. Il faudra également investir sur du matériel supplémentaire : le canon pour ceux qui doivent traiter de grandes surfaces de banane. Cela coûte combien ? Francis Emonide : Le canon coûte entre 15 000 et 22 000 euros. Le coût de l’appareil à dos varie quant à lui de 200 à 450 euros. Ce second

core tout à fait précisément réfléchi à la question… Mais je pense que notre chiffre d’affaires diminuera, au moins, de 10%.

Dans ce cadre comment voyezvous l’avenir de votre profession ? Francis Emonide : Déjà, en réunion nous avions parlé d’éliminer les parcelles qui sont susceptibles d’être contaminées (en bordure de forêt, en bordure de rivière, etc). Toutes les parcelles qui sont dans des zones très humides et que l’on ne peut pas traiter. Toutes les parcelles sur lesquelles ni l’hélicoptère, le canon ou le traitement à dos ne peuvent ou n’ont le droit de passer. Il vaut mieux perdre un hectare ou deux que de perdre tout son champ.

Martinique Agricole N°2 - Fév./Mars 2011 - 45


DOSSIER

cercosporiose noire

Interview du Directeur Général de BANAMART

Pierre Monteux Où en sommes-nous au niveau de la cercosporiose ? P. Monteux : La cercosporiose noire est quasiment présente partout sur notre département; un grand nombre de communes sont infestées avec une présence plus forte sur la côte caraïbe, ce qui est logique puisque c’est celle qui a été touchée par le vent qui nous a apporté la cercosporiose noire venant de Sainte-Lucie. Par rapport aux prélèvements qui ont été réalisés par la FREDON ou par la Protection des Végétaux, nous trouvons effectivement une présence assez forte de la cercosporiose noire, sur les communes de Ducos, du Lamentin, de Fort-de-France, de Schœlcher ou de Case-Pilote. Sur les zones bananières comme le Carbet, Saint-Pierre, Morne-Rouge, elle est également présente. La situation est identique sur la presqu’île des Trois-Ilets et du Diamant (toujours ce phénomène de toucher du vent) même s’il n’existe pas sur ces communes de plantations de bananes établies. Pour l’instant, les autres zones qui suivent sont moins touchées : le sud-est de notre île, c’est-à-dire Sainte-Anne, Marin, Vauclin et la remontée de la côte atlantique où nous avons quelques points : très peu au Robert, un peu au Marigot et à Basse-Pointe, mais c’est encore relativement faible.

Aujourd’hui, nous estimons qu’elle est présente sur à peu près un millier d’hectares de plantations de bananes établies sur les 6.000 hectares que compte notre filière. Ces 1000 hectares sont principalement des zones exclues du traitement aérien et dont le traitement des cercosporioses noire et jaune relève de la responsabilité des planteurs. C’est principalement sur ces zones, exclues du traitement aérien par respect de la bande des 50 mètres par rapport aux habitations ou aux cours d’eau, qu’elle a été recensée et 46 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

identifiée le plus fréquemment. Sur certaines zones traitées par voie aérienne, nous pouvons également la retrouver, mais c’est plus rare.

Beaucoup de points sur Fort-deFrance et Schoelcher, bien qu’il n’y ait pas sur ces communes de plantations. Cela est dû simplement aux bananiers privés dans les jardins et publics sur le bord des routes.

Les deux cercosporioses ne peuvent pas cohabiter, la noire tue la jaune ? P. Monteux : Ce n’est pas qu’elles ne peuvent pas cohabiter, mais comme il y en a une plus virulente que l’autre, enfin c’est comme les microbes, vous n’avez jamais deux grippes à la fois, l’une domine l’autre.

Aujourd’hui, nous estimons qu’elle est présente sur à peu près un millier d’hectares de plantations de bananes établies sur les 6.000 hectares que compte notre filière.

Au niveau de la banane plantain, il faut rappeler qu’à la différence de la cercosporiose jaune, la cercosporiose noire atteint tous les bananiers, pas simplement la banane Cavendish export mais aussi la banane plantain ou légume. Tous les bananiers sont touchés.

L’état des lieux, c’est qu’effectivement, elle s’installe doucement, mais sûrement. Quand sera-t-elle présente sur l’ensemble du département, c’est assez difficile de le prévoir, parce qu’il y a les conditions climatiques qui jouent. C’est vrai que le cyclone Tomas a très certainement accéléré le processus de diffusion de la cercosporiose noire avec les vents très forts qui ont soulevé des spores et qui les ont transportées un peu partout sur le territoire.

Quand va-t-elle coloniser tout notre département, cela prendra-t-il 6 mois, 12 mois ou plus ? On est incapable de le dire. Je pense que ça va aller assez vite. D’ici à la fin 2011 ou au début 2012, on ne parlera plus que de la cercosporiose noire.

En tout cas, vous faites tout votre possible pour accélérer les traitements, alors quelle est la fréquence des traitements ? P. Monteux : Comme pour la cercosporiose jaune, la cercosporiose noire est traitée de la même manière. Ce ne sont pas de nouveaux produits, de nouvelles choses qui seront mises en place, ce sont des choses qu’on connaît, mais simplement ça va répondre à un monitoring différent, lequel monitoring va déterminer la fréquence des traitements nécessaires. Je rappelle que pour la lutte contre la cercosporiose il n’y a pas d’application préventive, ce ne sont que des applications curatives et nous resterons sur cette thématique. Ça ne sert à rien de faire du préventif. Nous sommes en train de mettre en place un monitoring qui était jusqu’à présent calqué sur la cercosporiose jaune et sur son développement. Depuis le début de l’année 2011, un monitoring a été mis en place pour la cercosporiose noire et c’est lui qui va déterminer, démontrer et en tout cas confirmer s’il y a une augmentation ou non du traitement.


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“La lutte contre la cercosporiose est une lutte obligatoireJ si on n’y participe pas il y a risque de prison avec sursis ou d’une amende pécunièreJ”

Qu’entendez-vous par monitoring ? Le monitoring c’est une surveillance de l’évolution de la maladie.

Le traitement est fonction de la grandeur du champ… ? De l’état d’avancement de la maladie. Globalement on regarde le stade de la maladie et par rapport à cela on détermine si un traitement est nécessaire. En dépit du fait que la cercosporiose noire évolue plus rapidement et qu’elle a un cycle de développement accéléré, il n’y a pas eu, pour l’heure, une augmentation de nombre d’applications. On n’a pas encore cette visibilité et, pour l’instant, ce que nous avons entrepris pour maîtriser ce champignon, ça a été de donner un mot d’ordre très strict à nos planteurs de procéder aux coupes feuilles puisque l’on sait très bien que la première démarche à faire est de couper les feuilles qui sont nécrosées, qui sont touchées par la maladie ; et une fois coupées, on les met face contre terre pour éviter que les champignons ne se répandent. Cela doit être fait régulièrement, toutes les semaines. C’est déjà le premier moyen de lutte contre la cercosporiose noire. Après il faut assurer un traitement. C’est un travail de communication qui a été fait auprès des planteurs entre octobre et novembre et de nouveau aujourd’hui. Après il y a le traitement aérien et le traitement terrestre par canon ou par atomiseur pour les zones qui sont ex48 - Martinique Agricole N°2 - Fév/Mars 2011

clues du traitement aérien. Dans la plupart des cas, c’est fait, mais il y a quand même quelques planteurs qui ne le font pas. Nous sommes dans une phase d’avertissement et nous leur adressons des courriers recommandés leur demandant instamment de mettre cela en place sur leur exploitation. Je vous rappelle que la lutte contre les cercosporioses est une lutte collective obligatoire. Elle s’inscrit dans un arrêté préfectoral qui rend obligatoire la lutte contre les cercosporioses noire et jaune et qui impose à tout le monde de lutter contre ces champignons ; et si on ne participe pas à cette lutte collective obligatoire, on est passible de prison avec sursis et/ou d’une amende pécuniaire. Au cours du mois d’octobre, les équipes de la FREDON ont beaucoup travaillé avec les planteurs de bananes plantain pour leur apprendre notamment la technique de l’effeuillage, puisque jusqu’à présent, dans le contexte de la cercosporiose jaune, ils ne le faisaient pas beaucoup. Là, dans le cas de la cercosporiose noire, ils seront obligés de le faire. Des équipes de la FREDON ont donc accompagné ces planteurs sur ces techniques d’effeuillage. Afin de poursuivre cette action, j’ai adressé récemment au nom de la SICA TG un courrier de proposition de collaboration à la SOCOPMA.

La SOCOPMA, c’est une coopérative de banane ? P. Monteux : Ils font de la banane plantain. Nous leur avons indiqué, dans notre courrier précité, que nous étions à leur disposition pour leur fournir le produit nécessaire aux traitements, c’est-à-dire l’huile et le fongicide, et qu’on offrait une aide financière à l’acquisition des atomiseurs, à hauteur de 50 % du prix, au bénéfice des producteurs de bananes plantain adhérents de la SOCOPMA.

Vous ne vous occupez pas uniquement de vos planteurs ? Vous êtes là pour la banane. P. Monteux : Pour toute l’agriculture.

Je verrai prochainement le Président de la SOCOPMA, Monsieur Charles CYRIL, pour la mise en place opérationnelle de cette coopération.

La cercosporiose noire accélère le mûrissement, il y a-t-il déjà des conséquences ? P. Monteux : C’est très compliqué de le dire. Il y a toujours des bananes qui arrivent mûres ; on n’a pas encore mesuré une augmentation considérable de ce taux mûr. Il est peut-être certain que du mûr que l’on a constaté est une conséquence de la cercosporiose noire, mais il est très difficile de trouver une corrélation au jour d’aujourd’hui.

Pour rassurer un peu la population, la cercosporiose noire n’a aucune conséquence sur l’homme ni sur le goût des bananes ? P. Monteux : La bananeraie dans le monde entier vit avec la cercosporiose noire. Ça ne rend pas la banane impropre à la consommation du fruit ; la cercosporiose noire est présente sur toutes les bananeraies d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, d’Afrique ou de Saint-Domingue et jusqu’à présent il n’y avait que deux zones qui étaient exemptes de ce champignon : l’Australie et les Petites Antilles mais ces dernières sont touchées l’une après l’autre puisqu’il y a eu, par ordre chronologique, Saint-Vincent, SainteLucie et, depuis Septembre 2010, la Martinique ; aujourd’hui il ne reste que la Dominique et la Guadeloupe. Cela n’empêche pas de faire de très belles bananes ; nos compétiteurs y arrivent. Cela n’empêche pas la commercialisation et la consommation des bananes. Par contre, si, au niveau des procédures agro techniques, on rate une étape, c’est-à-dire si l’on coupe, par exemple, le fruit à un stade trop tardif, le mûrissage va se trouver accéléré à cause de la cercosporiose noire.

Lors de notre dernier entretien, nous avions parlé d’indemnisation si la maladie arrivait. Est-elle là, comment fonctionne le système


d’indemnisation ? Quelles sont les conditions pour obtenir les aides ? P. Monteux : Nous avions effectivement mis en place un mécanisme de solidarité prévu par les textes réglementaires qui n’a pas pu jouer du fait de notre mode de contamination. Il avait tout son intérêt par rapport à l’arrêté préfectoral qui avait été pris en juillet 2010 qui définissait des zones focus, des zones tampon et des zones de sécurité. Par rapport aux foyers qu’on détectait, on définissait une zone focus puis une zone tampon et, enfin, une zone de sécurité. À l’intérieur de la zone focus, tant que nous étions dans une démarche d’éradication ou de tentative d’éradication de la maladie, toutes les bananeraies devaient être arrachées ou détruites. Ce système-là était tout à fait viable à partir du moment où nous avions un point stable de contamination autour duquel nous pouvions définir une zone focus que nous éradiquions. Malheureusement, il s’est avéré très vite qu’elle était présente sur de nombreux points de notre île.

Si on couvre des cercles de 3 km partout, ça couvre toute la Martinique ? P. Monteux : Nous avons essayé de travailler sur la définition de la zone focus ; nous avons construit une zone focus qui s’étendait sur Bois Rouge à Ducos et qui couvrait une vingtaine d’hectares de bananes établis que nous devions détruire. Mais, le matin où on avait ordonné la destruction, on me l’a signalé à Schœlcher et à Fort-de-France. À partir de ce moment, bien évidemment, nous n’avions plus aucune raison de détruire vingt-cinq ou trente hectares de bananes à Ducos alors qu’elle allait prospérer parallèlement à Schœlcher, à Fort-de-France, au Lamentin ou à SaintJoseph et j’en passe.

Donc vous avez laissé tomber. P. Monteux : Ce mécanisme de solidarité a été dissous du fait qu’il n’avait plus de raison d’être. Cependant, bien que non adhérent d’un groupement de producteurs de bananes, il nous a permis d’indemniser un producteur de bananes plantain, qui, malheureusement, fut la seule personne à avoir vu ses parcelles détruites. Il s’agissait des parcelles sur lesquelles, en premier, la cercosporiose

noire avait été découverte. Nous espérons aujourd’hui que l’indemnisation que nous lui avons versée lui permettra de relancer son exploitation.

Aujourd’hui, le planteur qui a un champ de bananes doit, semaine après semaine, payer certainement de la main-d’œuvre supplémentaire pour l’effeuillage, il n’a pas d’indemnisation ? P. Monteux : L’effeuillage est quelque chose qui était déjà préconisé dans le cadre de la lutte contre la cercosporiose jaune. Bien sûr, une des conséquences de la lutte contre la cercosporiose noire sera une augmentation du coût de revient. On n’a pas encore mesuré ou chiffré cette augmentation, mais c’est quelque chose de probable. Mais c’est vital et lorsque c’est fait régulièrement, cela s’absorbera naturellement.

Cette maladie a-t-elle eu des conséquences sur la confiance que l’on avait dans la banane martiniquaise dans l’hexagone chez vos principaux clients ? P. Monteux : Non, en aucune manière. Elle est de partout. Elle est arrivée en Martinique tout simplement.

Qu’en est-il de la problématique des bananiers particuliers ? P. Monteux : Une campagne de communication a été faite au niveau de la FREDON et de la Protection des Végétaux avec des affiches dans les journaux, des spots radio, des affiches dans les jardineries, pépinières etc., la distribution de flyers… C’est extrêmement compliqué d’en mesurer la retombée. C’est un travail de longue haleine. Nous sommes convaincus qu’il faudra la renouveler régulièrement mais cela a un coût. Vous travaillez en collaboration avec le programme JAFA ? P. Monteux : Ils font leur travail et nous

sommes proches de gens qui aiment le jardinage ; après c’est le grand public. Vous prenez votre voiture, il y a des bananiers qui sont complètement envahis par la cercosporiose, comment les détruire ? C’est un peu compliqué. Ce sera long, c’est vrai que l’accueil a été plutôt favorable, est-ce que ça a marqué, est-ce que c’est resté dans l’esprit des gens, oui mais pas à 100%. Je rappelle que la cercosporiose ne présente aucun danger pour l’homme ; regardez les campagnes faites pour lutter contre la dengue qui, elle, a une conséquence directe sur la vie. Est-ce qu’elles ont eu un effet ? Pas vraiment. Malheureusement, nous pouvons constater que, dans de trop nombreuses maisons, il perdure des nids de reproduction de moustiques. Il faut avoir de la relativité, ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas continuer, c’est un combat de longue haleine. Ce n’est pas la protection de mes bananiers, c’est la protection des bananiers de tous les Martiniquais. Je pense que les gens réagiront naturellement quand ils verront leurs bananiers ne plus porter de bananes, parce que leurs feuilles sont nécrosées, et d’eux-mêmes ils couperont les feuilles. Tout cela rentrera dans les habitudes. Notre prochaine opération par rapport au grand public sera de proposer et de distribuer à la population des plants de banane résistant aux cercosporioses.

Ça existe, vous avez finalement trouvé un remède miracle pour les planteurs ? P. Monteux : Pas pour les planteurs…Ces plants sont issus d’une recherche faite par le CIRAD, et donnent des bananiers résistants ou tolérants à la cercosporiose, par exemple la 920. Mais, malheureusement, ces bananiers ne sont pas adaptés à une production agricole : bananier très haut, fruit avec une peau très fine peu propice à son transport …. Par contre, ils donnent une banane excellente proche de la pomme

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DOSSIER

cercosporiose noire Nous avons un institut technique aujourd’hui qui fonctionne parfaitement. Ça représente un budget annuel, sur cette thématique de recherche fondamentale sur l’aspect variétal et sur la thématique de mise en place d’itinéraires culturaux innovants, d’environ 1.200.000 euros par an.

figue. Toutes ces contraintes qui existent pour le planteur n’existent pas pour le particulier puisque c’est de la consommation personnelle.

Suite à la visite de M. Sarkozy, estil prévu une enveloppe budgétaire spécifique à la lutte contre la cercosporiose noire, ou pour résoudre les problèmes des agriculteurs ? P. Monteux : Nous ne sommes pas sur les mêmes thématiques. Aujourd’hui, les aides nous proviennent de l’Union Européenne et elles nous servent à maintenir notre production de bananes et ses milliers d’emplois. C’est sur ce schéma-là qu’il faut travailler, notamment au regard des concessions qui ont été ou qui seront faites par l’Union Européenne sur le droit de douanes applicable aux bananes Dollar ; ainsi, avec l’accord de Genève de Décembre 2009, le droit de douanes a baissé de 176 à 148 euros la tonne ; cette baisse sera encore amplifiée avec les accords bilatéraux qui sont en passe d’être signés par l’Union européenne avec les Pays du Pacte Andin et du Marché Commun des Etats d’Amérique Centrale et qui programment un droit de douanes à l’horizon 2020 à 75 Euros la tonne. C’est par rapport à ces décisions qui sont prises par l’Union Européenne que nous nous devons d’agir. Il est nécessaire que l’Union Européenne prenne ses responsabilités par rapport à sa propre production communautaire de bananes. D’autant qu’elle a pris, dans le cadre de la baisse du droit de douanes applicable aux bananes dollar, des engagements de compensation financière à l’égard des pays ACP producteurs de bananes dans le cadre des APE. Ainsi, elle a accepté de mettre en place en leur faveur un programme d’aides à l’inves-

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tissement de l’ordre de 200.000.000 d’euros. Par conséquent, si l’Union Européenne prend des engagements financiers à l’égard des pays ACP, naturellement elle doit en prendre à l’égard de sa propre production canarienne, madérienne ou antillaise. Des discussions sont en cours et nous espérons qu’elles aboutiront favorablement.

Les instituts techniques travaillentils sur la prévention ? P. Monteux : La seule prévention c’est de trouver une plante qui soit résistante à la maladie. Il n’y a pas de médicament. La recherche continue. Très clairement, des bananiers répondant à tous les critères peuvent exister mais ils ne sont pas utilisables chez nous, car OGM.

Il y a des chiffres, uniquement pour la Martinique ou pour les Antilles françaises, sur les coûts de la recherche, pour la banane ? P. Monteux :

Combien y a-t-il de chercheurs ? P. Monteux : L’institut technique est principalement un trait d’union entre les organismes de recherche, bien souvent d’Etat, le CIRAD, le CEMAGREF, l’INRA… et la production, les producteurs et les groupements de producteurs. Les équipes de l’institut technique, ce ne sont pas des chercheurs avec des éprouvettes dans un laboratoire. Ce sont plutôt des chefs d’orchestres qui vont initier ou réorienter la recherche des véritables chercheurs. P. PIED




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