#145 hiver 2020

MENSUEL N° 145 Décembre 2020/Janvier 2021

Y A-T-IL DES LIMITES À LA LIBERTÉ D'EXPRESSION ?

Plaidoyer pour la nuance (quand tout le monde veut en découdre)

RENCONTRE AVEC

LE PROUST

SCANDINAVE

REPORTAGE SUR LES ADDICTIONS

L’ALCOOL, KARL OVE LA DROGUE… ET LES KNAUSGARD MOYENS D’EN SORTIR

« Aristote ne crée pas de système, il invente des solutions » PAR FRANCIS WOLFF

CAHIER CENTRAL

PLATON E X T R A I T S

D U

GORGIA S

L 17891 - 145 - F: 5,90 € - RD

Mensuel / France : Mensuel / France : 5,90 € Bel./Lux./Port. cont. : 6,50 € Suisse : 11 CHF Andorre : 6,20 € Allemagne : 6,90 € Canada : 11,50 $CA DOM : 8 € COM :1 000 XPF Maroc : 70 DH Tunisie 11,30 TND Espagne/Italie : 6.5 €

MARCEL GAUCHET FACE À FRANÇOIS HÉRAN

ÉDITO

L’œil de

Berberian Par Alexandre Lacroix Directeur de la rédaction

Par-delà le fourmillement des mots uand j’ai vraiment pris goût au spectacle des crépuscules, un phénomène a retenu mon attention. Il s’observe de préférence à la campagne ; en ville, il n’est presque jamais possible d’avoir une ouverture de champ de vision assez large pour le saisir. Juste avant que le soleil ne disparaisse derrière l’horizon, il y a un moment où le ciel lui-même fait le grand écart : il est rouge ou rose du côté de l’ouest, encore lumineux, et d’un bleu sombre à l’est. Cependant, on a beau scruter l’atmosphère en tous sens, il est impossible de trouver la moindre ligne de démarcation, la moindre rupture. Entre le rouge vermillon rehaussé d’or et la nuit, il n’est ni frontières, ni marches, ni degrés, ni étagement de palette, mais une déstabilisante continuité. Le panorama rassemble donc les contraires mais sans théâtraliser leur opposition : il l’efface.

J’ai toujours pensé que l’un des meilleurs critères pour évaluer l’intelligence ou plus exactement l’esprit d’un humain était le suivant : peut-il contenir en lui-même de fortes contradictions, sans être disloqué ni incohérent ? Le projet du fanatisme, des doctrines du salut ou des idéologies serait de vous faire l’âme monochrome ; la plupart du temps, ça n’est pas possible, ça ne fonctionne pas, nul ne se laisse badigeonner son appareil psychique jusque dans les recoins, jusque dans les angles, l’humain est trop changeant et complexe pour devenir tout noir ou tout blanc. Mais à considérer qu’une telle entreprise puisse aboutir, elle dissocierait l’humain de la réalité qui l’environne, tant cette dernière, telle que nous la saisissons à travers les paysages naturels, se présente comme un vaste dégradé, une composition de nuances.

Accueillir en soi la contradiction ne revient donc pas à se paralyser, à s’installer dans le compromis ni la remise en question permanente, mais à tenter de prendre modèle sur le ciel. Si cela peut avoir un inconvénient, c’est que cette expérience confine au vertige.

D’ailleurs, quand vous dirigez vraiment votre regard en un point choisi au hasard de la voûte céleste crépusculaire, mettons qu’il soit de couleur pêche, votre œil se met à y projeter un fourmillement, comme si des animalcules légers ou des points noirs y grouillaient. Et il faut un certain effort de volonté pour aller par-delà cette impression fallacieuse, effectuer la mise au point, comprendre que cette agitation brownienne, ces délinéaments sont introduits par nous-mêmes, par la faiblesse de notre propre organe de perception, et que le ciel lui-même est lisse et tiré. Ce n’est pas une mince tâche que d’atteindre l’uniformité paisible dans la contradiction. Peut-être que, transposé au domaine des idées, à l’opposition entre ordre ou désordre, négatif ou positif, ivresse ou sobriété, sagesse ou folie, paix ou combat, droite ou gauche – que sais-je ? –, cette uniformité ne s’atteint qu’après que s’est dissipé le grouillement d’un genre spécial d’animalcules : celui des mots, qui décomposent trop artificiellement les pensées pour que celles-ci épousent la simplicité du firmament.

© Serge Picard pour PM ; illustration : Charles Berberian pour PM.

Q

N’hésitez pas à nous transmettre vos remarques sur

reaction@philomag.com

Philosophie magazine n° 145 DÉCEMBRE 2020/JANVIER 2021

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PETER SINGER

Ce philosophe australien est l’une des plus grandes figures de l’utilitarisme contemporain, qu’il a mis au service de l’éthique animale dans un ouvrage pionnier, La Libération animale. Titulaire de la chaire d’éthique de l’université Princeton (États-Unis), il défend un « altruisme efficace » et présente ici les tenants de cette position en matière d’accès au vaccin.

P. 54

P. 30

JEAN-BERNARD DAEPPEN

Médecin spécialiste des addictions, il promeut dans sa pratique et ses nombreux travaux de recherche une approche thérapeutique dite « motivationnelle » qui puise dans les ressources de l’individu, à rebours des pratiques répressives traditionnelles.

Nous l’avons rencontré lors d’un reportage au Centre hospitalier universitaire vaudois de Lausanne.

WHITNEY PHILLIPS

Décrypter les comportements et les codes sur Internet afin d’en analyser les enjeux éthiques, voici le cœur de son travail. Maître assistante en communication et en rhétorique à la Syracuse University (États-Unis), elle est notamment l’autrice de The Ambivalent Internet. Elle apporte son éclairage sur les phénomènes de violence en ligne.

P. 48

JOËLLE ZASK

Que signifie vraiment participer, en démocratie ? Voici le sujet d’étude de cette spécialiste du pragmatisme, enseignant la philosophie politique à l’université Aix-Marseille. Elle vient de signer Zoocities. Des animaux sauvages dans la ville. Dans notre dossier, elle démontre l’importance du conflit et les vertus de l’ex­périence dans la constitution de la sphère publique.

P. 74

FRANCIS WOLFF

P. 68

KARL OVE KNAUSGÅRD

Ce romancier tenu pour le Marcel Proust norvégien est l’auteur d’une œuvre autobiographique monumentale en six volumes, intitulée non sans provocation Mon combat. Il nous ac­ corde un entretien exceptionnel, où il dessine son horizon philosophique, à l’occasion de la sortie en français de son dernier tome : Fin de combat, qui vient d’être récompensé par le prix Médicis-Essai.

Il a une méthode éprouvée pour lire un texte réputé ardu : identifier le problème auquel il répond par-delà l’exégèse. Professeur émérite à l’École normale supérieure et spécialiste de philosophie antique, il est l’auteur de Dire le monde, dont une version augmentée vient de paraître.

Avec Aristote, il tente d’élucider l’une des questions majeures de la philosophie : qu’est-ce que l’être ?

Philosophie magazine n° 145 DÉCEMBRE 2020/JANVIER 2021

Diffusion : MLP Contact pour les réassorts diffuseurs : À Juste Titres, 04 88 15 12 42, Julien Tessier, j.tessier@ajustetitres.fr RÉDACTION redaction@philomag.com Directeur de la rédaction : Alexandre Lacroix Rédacteurs en chef : Martin Legros, Michel Eltchaninoff Rédacteurs en chef adjoint : Cédric Enjalbert, Catherine Portevin Conseiller de la rédaction : Sven Ortoli Cheffe de rubrique : Victorine de Oliveira Rédacteur : Octave LarmagnacMatheron, Ariane Nicolas, Nicolas Gastineau, Samuel Lacroix Secrétaires de rédaction : Noël Foiry, Marie-Gabrielle Houriez Création graphique : William Londiche / da@philomag.com Graphiste : Alexandrine Leclère Responsable photo : Stéphane Ternon Rédactrice photo : Mika Sato Webmaster : Cyril Druesne Ont participé à ce numéro : Charles Berberian, Martin Duru, Sylvain Fesson, Philippe Garnier, Karla Hiraldo Voleau, Jules Julien, Frédéric Manzini, Catherine Meurisse, François Morel, Tobie Nathan, Aïda N’Diaye, Charles Pépin, Charles Perragin, Serge Picard, Alain Pilon, Claude Ponti, Oriane Safré-Proust, Séverine Scaglia, Isabelle Sorente ADMINISTRATION Directeur de la publication : Fabrice Gerschel Responsable administrative : Sophie Gamot-Darmon Responsable abonnements : Léa Cuenin Fabrication : Rivages Impression : Maury imprimeur, Z.I., 45300 Manchecourt Commission paritaire : 0521 D 88041 ISSN : 1951-1787 Dépôt légal : à parution Imprimé en France/Printed in France / Philosophie magazine est édité par Philo Éditions, SAS au capital de 340 200 euros, RCS Paris B 483 580 015 Siège social : 10, rue Ballu, 75009 Paris Président : Fabrice Gerschel RELATIONS PRESSE Canetti Conseil, 01 42 04 21 00 Françoise Canetti, francoise.canetti@canetti.com PUBLICITÉ Partenariats/Publicité Audrey Pilaire, 01 71 18 16 08, apilaire@philomag.com MENSUEL N° 145 - DÉCEMBRE 2020/ JANVIER 2021 Couverture : © Krista Van Der Niet ; Stéphanie Lacombe/ Pink/Saif images

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La rédaction n’est pas responsable des textes et documents qui lui sont envoyés.

Ils ne seront pas rendus à leurs propriétaires.

© Richard Drew/AP/Sipa ; Karla Hiraldo Voleau pour PM ; Claire Moliterni via Premier Parallèle ; CP ; Stéphanie Lacombe/Pink photographies/saif images ; Julien Faure/Leextra via Leemage.

P. 20

ILS ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO

10, rue Ballu, 75009 Paris Tél. : 01 43 80 46 10 www.philomag.com

PAGE 10

PAGE 8

Jaune comme la flamme des bougies d’anniversaire

Ceci n’est pas la couleur du propre de l’homme

PAGE 24

PAGE 88

PAGE 90

PAGE 94

PAGE 16

PAGE 80

PAGE 21

PAGE 84

Jaune pâle du rire artificiel

Jaune comme ma mine déconfite quand je me suis dit au revoir l’autre matin

Jaune franc de la victoire aux échecs

Rose tu-tu un peu passé

Rose corail comme les merveilles océaniques inconnues

PAGE 44

Marron comme un centriste qui s’apprête à voter blanc

Fuchsia comme un bout de plaisir effacé

Violet comme l’encre d’un journal intime primesautier

L'inimitable orange de la planète bleue

DANS NOTRE NUANCIER DE PENSÉES CE MOIS-CI

PAGE 22

Jaune comme la dernière pression que vous avez bue au comptoir

PAGE 96

Quand un je-ne-sais-quoi de rose est mélangé à un presque-rien de gris

PAGE 93

Rose comme la chair qui n’entre pas au purgatoire

PAGE 68

Rouge de honte comme Karl Ove Knausgård à la parution de son chef-d’œuvre

SOMMAIRE P. 3 Édito

P. 8 Questions à Charles Pépin

P. 10 Question d’enfant à Claude Ponti P. 12 Courrier des lecteurs

DOSSIER Plaidoyer pour la nuance

P. 42 Vol au-dessus de la mêlée

CAHIER CENTRAL

Violet comme l’œil au beurre noir de Socrate après sa causerie avec Gorgias

Déchiffrer l’actualité P. 14 TÉLESCOPAGE

Juste milieu aristotélicien entre l’excès de mauve et l’excès de violet

Kamala Harris, disciple de John Dewey ? / Loi Sécurité globale, le cauchemar de Foucault / Qui sera vacciné en priorité contre le Covid-19 ?

L’analyse de Peter Singer / Le Jeu de la dame : les échecs, jeu humain, trop humain P. 22 AU FIL D’UNE IDÉE Cafés, bars et bistrots P. 24 ETHNOMYTHOLOGIES par Tobie Nathan

P. 54 Internet et les réseaux sociaux

Cahier central Agrafé entre les pages 50 et 51, notre supplément : extraits du Gorgias de Platon

Prendre la tangente

Cheminer avec les idées

Alcool, drogues…

Comment se libérer des chaînes de la dépendance ?

P. 38 MOTIFS CACHÉS par Isabelle Sorente ? ??

La vraie couleur du plus beau pull de Calogero

le conflit ? Enquête

P. 52 Sur la ligne de crête : petite histoire

P. 30 REPORTAGE

PAGE 98

P. 48 La finesse permet-elle d’éviter

P. 16 REPÉRAGES

P. 18 PERSPECTIVES

PAGE 74

P. 44 Test : quel.le nuancé.e êtes-vous ?

du courant Socialisme ou Barbarie

nous rendent-ils fanatiques ?

Enquête P. 58 La liberté d’expression a-t-elle des limites ?

Débat entre Marcel Gauchet et François Héran

P. 68 L’ENTRETIEN

Karl Ove Knausgård

P. 74 LE CLASSIQUE SUBJECTIF

Aristote vu par Francis Wolff

P. 80 BOÎTE À OUTILS

Divergences / Sprint / Intraduisible / Strates P. 82 BACK PHILO

Livres

P. 84 NOTRE SÉLECTION

POUR LES FÊTES

P. 92 Notre sélection culturelle P. 94 OH ! LA BELLE VIE

par François Morel

P. 96 Humaine, trop humaine

par Catherine Meurisse

PAGE 54

Bleu comme la peur de passer pour un imbécile sur Twitter

Un encart Découverte La Croix (4 pages, à plat, 150 x 296 mm, plié 150 x 148 mm [un pli central], 5,8 g) est jeté sur les abonnés France métropolitaine.

P. 98 QUESTIONNAIRE DE SOCRATE

Calogero

© akg-images

Ce numéro comprend en cahier central un encart rédactionnel (agrafé entre les pages 50 et 51) de 16 pages complétant notre dossier « Plaidoyer pour la nuance », constitué d’une présentation et d’extraits du livre Gorgias, de Platon.

PHILOSOPHIE MAGAZINE N° 146 PARAÎTRA LE 14 JANVIER 2021

Philosophie magazine n° 145 DÉCEMBRE 2020/JANVIER 2021

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Tangente

REPORTAGE

Sur les hauteurs de Lausanne, en Suisse, le service hospitalier du professeur Jean-Bernard Daeppen, spécialiste des addictions, accueille les alcooliques sans leur faire la morale et propose aux héroïnomanes un programme révolutionnaire.

Surtout, c’est le lieu où se croisent des humains dont les trajectoires bouleversées nous invitent à réfléchir à nos propres dépendances.

LES CHAÎNES INTÉRIEURES DE LA Par Alexandre Lacroix / Photos Karla Hiraldo Voleau

DÉPENDANCE 30

Philosophie magazine n° 145 DÉCEMBRE 2020/JANVIER 2021

S

ans doute y a-t-il deux manières de concevoir l’être humain. Dans notre Modernité, depuis Descartes au moins, a prévalu une vision du sujet comme centre de pensée et de décision autonome, capable de faire table rase des enseignements et des influences extérieures pour partir à la recherche de la vérité. Ce sujet tout-puissant, monade ou volonté agissante, est la grande fiction métaphysique qui a fait le lit de notre individualisme, sinon de notre égoïsme.

Selon une autre perspective, l’être humain se laisse décrire comme un nœud de

dépendances multiples : à la nourriture, à l’eau potable, à l’affection, à la reconnaissance, au sexe, au sport, au confort matériel, aux écrans et aux smartphones, et, bien sûr, au tabac, à l’alcool, aux médicaments, aux drogues. Cette seconde conception de l’humain a ceci de déplaisant qu’elle nous dépossède de notre maîtrise, qu’elle relativise nos accomplissements mais aussi notre liberté en son principe même. Mais n’est-elle pas plus juste ? Si la dépendance est notre condition fondamentale depuis notre naissance (le bébé est singulièrement

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Dossier

PLAIDOYER POUR LA NUANCE (quand tout le monde veut en découdre)

PARCOURS DE CE DOSSIER

P. 42

Un plaidoyer pour la nuance ?

Ce ne serait pas un peu mou, prudent, exagérément rationaliste ou centriste, à une époque comme la nôtre, où tout le monde veut en découdre ? Où chacun choisit son camp et n’adresse plus la parole à ceux d’en face ? C’est avec ce préjugé et avec l’air du temps que nous allons batailler tout au long de ce dossier, en soutenant pour commencer que la défense de la nuance est d’abord un pari sur la nature de la réalité.

P. 52

Créé en 1948 par les philosophes Claude Lefort et Cornelius Castoriadis, Socialisme ou Barbarie était un mouvement à la fois marxiste et antistalinien.

Retour sur une aventure exemplaire pour ce qui est d’avancer sur la ligne de crête.

P. 44

Tant qu’on y est, nuançons la nuance elle-même…

De même qu’il y a plusieurs variétés de gris, n’y a-t-il pas plusieurs façons d’être nuancé ? Un sceptique et un modéré, par exemple, vont-ils s’entendre ? Pour savoir quel nuancé sommeille en vous, faites notre test.

P. 54

Quel rôle jouent les réseaux sociaux dans la polarisation des opinions, la mise au pilori de certains, la banalisation des injures ? Notre enquête en compagnie de l’essayiste Nicholas Carr, de la chercheuse en media studies Whitney Phillips et de la neuroscientifique Molly Crockett.

P. 48

© Krista van der Niet

Parce que le second confinement n’a pas été massif, qu’il a distingué les activités essentielles et non essentielles, il a agacé. N’est-ce pas le destin de toute proposition politique qui se veut consensuelle ?

En somme : la nuance a-t-elle vraiment sa place en politique ?

Les réponses des philosophes Raphaël Enthoven, Chantal Mouffe et Joëlle Zask.

Vous souhaitez réagir à un article ? Faites-nous part de vos impressions et de vos réflexions en nous écrivant à

reaction@philomag.com

P. 58

Et maintenant, les questions qui fâchent : quelles sont les limites de la liberté d’expression ? Charlie Hebdo devait-il ou non republier les caricatures ? Le droit au blasphème est-il une lubie française ou un acquis démocratique fondamental ? La mort tragique de Samuel Paty met-elle sa pédagogie au-dessus de toute critique ? Sur ces questions, les points de vue irréconciliables, mais argumentés, du philosophe Marcel Gauchet et du sociologue François Héran. Ou la preuve qu’on peut encore débattre avec vigueur sans faire l’économie de la nuance.

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Dossier

PLAIDOYER POUR LA NUANCE

TEST

QUEL NUANCÉ ÊTES-VOUS ?

Vous aimez l’esprit de finesse et détestez les dogmatiques ?

Oui mais encore… Car il y a diverses manières de faire dans la dentelle. Pour mieux vous connaître, faites le test.

Par Michel Eltchaninoff

ÉTAPE 1

RÉPONDEZ À CES VINGT QUESTIONS

1. Vous adorez voyager.

Mais pourquoi, au fait ?

A ❑ Pour le plaisir de voir le monde, pardi ! @ ❑ Pour comprendre que les autres peuples ne vivent pas et ne pensent pas comme nous. # ❑ Pour modifier sans cesse votre manière de voir les choses.

2. Oh la la ! Énorme prise de bec avec votre partenaire de vie (sur un sujet grave en plus) ! Que faites-vous ?

@ ❑ Vous allez faire un tour pour vous calmer et réfléchir un peu à ce que vous venez de recevoir en pleine figure. # ❑ Vous réagissez en deux temps : 1. vous vous mettez à sa place et assurez que vous comprenez ses propos ; 2. vous déviez la conversation vers un sujet plus consensuel…

A ❑ Alors là, vous restez interdit.e. Et s’il/ elle avait raison, après tout ?

3. Le confinement vous a-t-il fait souffrir ?

@ ❑ Pas vraiment, car cela représente une bonne occasion de vous isoler pour réfléchir, méditer, mieux comprendre les choses. # ❑ Terriblement, car vous vous sentez isolé.e des mouvements du monde. Vous risquez de vous enkyster dans vos positions et vos convictions.

A ❑ Ça dépend des jours. L’idéal est de pouvoir négocier entre la solitude et la sociabilité.

4. Après avoir lu un article sur Internet, vous regardez les commentaires et découvrez qu’ils sont très violents.

@ ❑ C’est normal : chacun a son opinion et a la chance de pouvoir l’exprimer directement. Vous lisez chaque commentaire avec intérêt et compréhension.

A ❑ Cela fait longtemps que vous ne lisez plus les avis des excités du Web. # ❑ Vous intervenez aussi pour appeler sans concession au respect de l’interlocuteur.

© iStock photo

5. Que pensez-vous de la fermeture des librairies durant le confinement ?

@ ❑ Vous possédez suffisamment de livres et avez accès à de nombreuses ressources sur Internet pour continuer à vous nourrir. # ❑ Ce qui vous manque le plus, c’est la possibilité de tomber sur un livre que vous ne connaissiez pas en arpentant les rayonnages d’une librairie.

A ❑ Vous vous contentez du « clique et collecte ».

6. Les autorités chinoises semblent avoir plutôt bien géré la pandémie de Covid-19… @ ❑ Chaque région du monde réagit à partir de sa culture – confucéenne là-bas, individualiste ici – et de son régime politique. Au fond, c’est légitime.

A ❑ Cela vous fait réfléchir au bien-fondé éventuel d’une meilleure discipline dans la population. Un exemple à suivre pour vaincre la pandémie ? # ❑ C’est exact, mais c’est surtout dû à un contrôle totalitaire de la population. La Chine demeure le principal adversaire des démocraties.

7. Un film très critique de la gestion de la pandémie par les autorités françaises vient de sortir… A priori, vous n’êtes pas du tout d’accord avec son contenu !

# ❑ Vous le téléchargez et le regardez avec la plus grande attention. Il faut comprendre les raisons de ses adversaires, quitte à faire bouger ses propres convictions.

A ❑ Que voulez-vous ? C’est le bruit du monde… Vous ne perdez pas de temps à le visionner. @ ❑ Vous prenez connaissance par la presse de ses principaux arguments et consultez des sources scientifiques fiables pour y répondre point par point.

8. L’homme politique français du « passé » que vous préférez, c’est :

A ❑ Alain Juppé, qui n’a jamais renoncé à ses idéaux équilibrés de centre-droit – et qui a sans doute perdu pour cette raison sa course vers la présidentielle. @ ❑ Jean-Pierre Chevènement : il a toujours démissionné de ses postes de responsabilité lorsque ses convictions étaient malmenées. # ❑ Michel Rocard, car ses idées fines ne l’ont pas empêché de chercher à changer les choses.

9. Vous êtes prof, comment organisez-vous les séances avec les élèves consacrées à l’assassinat de Samuel Paty ?

A ❑ Après la minute de silence qui se passera bien, retour au programme, qui tient lieu de feuille de route. @ ❑ Vous préparez une série de questions et d’arguments pour qu’ils comprennent que la laïcité n’est pas une agression contre les sentiments religieux. # ❑ Vous ouvrez un espace de discussion où chacun peut vraiment dire tout ce qu’il a sur

le cœur, pour ou contre les caricatures, en laissant le politiquement correct de côté.

10. Si l’on vous proposait un poste au gouvernement, vous choisiriez quel ministère ?

A ❑ Sans hésiter, celui de la Culture. Vous savez que vous ne changerez pas grandchose, mais quel milieu fascinant ! # ❑ Celui de l’Environnement : c’est complexe et casse-gueule, mais vous aurez au moins une chance de faire avancer vos idées. @ ❑ Le ministère de l’Outre-Mer. Ça vous fait rêver.

11. Quel grand livre de philosophie ou de spiritualité aimeriez-vous lire si vous aviez le temps ?

A ❑ Les Mémoires de Raymond Aron. @ ❑ La Critique de la raison pure de Kant, ou comment limiter les usages de la rationalité sans plonger dans l’irrationnel. # ❑ La Bhagavad-Gītā, cette somme de la pensée indienne : pour découvrir une pensée non occidentale.

12. Cette personne est magnifique.

Elle vous plaît énormément. Mais vous ne savez pas du tout si c’est réciproque…

A ❑ Vous dansez avec elle et surveillez son regard, son sourire. @ ❑ Vous la regardez toute la soirée et tournez autour d’elle pour voir si elle vous remarque. # ❑ Vous commencez par lui embrasser la main pour voir si elle la retire. Si ce n’est pas le cas, vous foncez.

13. Sur les sites pornographiques, la liste des « catégories », des plus classiques aux plus extravagantes, est plutôt fournie. Qu’en pensez-vous ?

@ ❑ C’est un peu too much, non ? # ❑ Il en faut pour tous les goûts.

A ❑ Vous parcourez la liste… mais vous ne goûtez pas à tout.

14. Au cours d’un dîner, vous tentez de défendre une position sans excès sur la question du rapport entre islam et islamisme. On vous traite de « ravi.e de la crèche »…

A ❑ Vous ne vous démontez pas et continuez d’exposer vos arguments. @ ❑ Vous vous dites qu’effectivement, votre position est peut-être un peu angélique. # ❑ Vous répliquez vertement que la nuance n’est pas de la mollesse.

Philosophie magazine n°125 DÉCEMBRE 2018/JANVIER 2019

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Dossier

PLAIDOYER POUR LA NUANCE

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Philosophie magazine n°145 DÉCEMBRE 2020/JANVIER 2021

Prôner la modération, est-ce paver la voie du consensus mou ? Ne faut-il pas plutôt nourrir l’opposition démocratique quitte à trancher le débat selon une logique partisane ?

Bref, doit-on éviter le conflit ou l’organiser ? Les philosophes proposent trois options.

Par Cédric Enjalbert

ÉPREUVES

DE FORCE © Augustas Cetkauskas/EyeEm/Getty images.

P

ourquoi les grandes enseignes sont-elles ouvertes et pas les petits commerçants ?

Les vendeurs de téléphone mais pas les librairies ? Pourquoi ouvrir les cantines mais fermer les théâtres ? En essayant de concilier le souci de la santé et celui de l’économie, en distinguant les commerces essentiels et non essentiels, les directives adoptées pour le second confinement ont attisé les revendications. Elles ont nourri la division, sinon la défiance, là où une décision ferme et sans nuance, au mois de mars, avait été plutôt bien acceptée. Comment le comprendre ? Ce mécontentement est-il la conséquence de ces con­cessions ou, au contraire, d’un manque

de discernement, d’une décision qui semble d’autant plus arbitraire qu’elle est verticale ?

L’exercice de la nuance favorise-t-il l’accord ou entretient-il la division ? La démocratie vit-elle d’une série de compromis ou d’oppositions tranchées ? La philosophie politique offre au moins trois grandes options.

L’OPTION DIALOGIQUE CONSTRUIRE UN TERRAIN D’ENTENTE

Pour affronter ces questions, je me suis d’abord tourné vers Raphaël Enthoven, qui s’engage volontiers dans la dispute. « Que la nuance soit essentielle, c’est évident. Que nous luttions “justement pour des nuances, mais des nuances qui ont l’importance de l’homme même”, comme dit Camus dans les Lettres à un ami allemand, je ne vous l’apprends pas. Mais j’aimerais ajouter une distinction entre la nuance et la pondération. On écrase souvent l’idée que l’on se fait de la nuance sous le comportement de celui qui, devant un événement, refuse de s’engager au nom d’une attitude plus réfléchie. Prenons l’exemple des caricatures du prophète. Où se

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PLAIDOYER POUR LA NUANCE

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LA MACHINE INFERNALE

© Oan Kim/Myop

Sur les réseaux sociaux déferlent les passions tristes.

En favorisant la vindicte à visage couvert, ils réveillent les monstres qui sommeillent en nous. Par Nicolas Gastineau

A

éroport de Londres-Heathrow, 20 décembre 2013. Une jeune Américaine, Justine Sacco, se prépare à embarquer pour des vacances en Afrique du Sud. Juste avant de mettre son téléphone en mode avion, elle se fend d’un Tweet. Pas un gazouillis léger, plutôt une blague façon oncle gênant, raciste et bien lourde : « Je pars en Afrique du Sud. J’espère

que je n’attraperais pas le sida. Je rigole, je suis blanche. » Et elle s’envole. Suspendue dans les airs, hors du temps et d’Internet, elle ignore que le monde a découvert son message avec horreur. L’escalade de la situation est rapide : pendant les onze heures quarante-cinq de vol qui séparent Londres de sa destination, des millions de gens s’indignent avec virulence.

Après de raisonnables messages antiracistes, on se met à exiger le licenciement de Justine en interpellant son entreprise. Les insultes fusent, les appels au meurtre se multiplient. #Justineatelleatteri? devient la première tendance mondiale sur Twitter. La violence de ce qui se joue ne semble pas choquer. On en rit même, on fait le décompte des minutes, on imagine le moment où elle va allumer son téléphone inondé de menaces de mort. À son arrivée sur le tarmac de l’aéroport du Cap, la vie de Justine est détruite.

Dans cette histoire comme dans tant d’autres, l’indignation morale a pris des proportions immenses. Chacun se devait d’être plus royaliste que le roi : pour être vu, il fallait aller un peu loin, un peu plus fort dans la condamnation. Une course à la radicalité qui ne tolérait pas la nuance – la limite de 140 caractères de Twitter ne l’aurait d’ailleurs pas permis. Dans cette affaire, même les plus raisonnables des « twittos » oublièrent deux

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Dossier

PLAIDOYER POUR LA NUANCE

É T R E B I L LA N O I S S E R P X E ’ D A-T-ELLE DES LIMITES ?

L’assassinat de Samuel Paty, professeur qui avait montré des caricatures de Mahomet à sa classe dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression, a suscité l’effroi… et une controverse sur le sens et les limites de cette liberté. Un débat qu’engagent ici Marcel Gauchet et François Héran, et qui porte sur la nature même de la démocratie, sur notre rapport à l’islam et à l’immigration, ainsi que sur la définition du racisme.

© iStock photo ; Damien Grenon/Photo12/AFP ; Mantovani/Gallimard/Opale via Leemage.

Propos recueillis par Martin Legros

FRANÇOIS MARCEL HÉRAN GAUCHET

Sociologue et démographe, il est professeur au Collège de France où il occupe la chaire « Migrations et sociétés ».

Il a publié Le Temps des immigrés. Essai sur le destin de la population française (Seuil, 2007) et Avec l’immigration.

Mesurer, débattre, agir (La Découverte, 2017). À la veille de l’hommage national rendu à Samuel Paty dans toutes les écoles, il a rédigé sur le site La Vie des idées une « Lettre aux professeurs d’histoiregéographie. Ou comment réfléchir en toute liberté sur la liberté d’expression ».

Philosophe, historien et directeur d’études émérite à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Il a notamment signé Le Désenchantement du monde (Gallimard, 1985), L’Avènement de la démocratie (4 vol., Gallimard, 2007-2017) et La Religion dans la démocratie. Parcours de la laïcité (Gallimard, 1998).

Dans l’ultime numéro de la revue Le Débat, qu’il a dirigé pendant quarante ans, il a publié un article intitulé « Laïcité.

Le retour et la controverse ».

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isons-le sans ambages : le Norvégien Karl Ove Knausgård a probablement écrit l’équivalent d’À la recherche du temps perdu pour le XXIe siècle. Traduit dans vingt-deux langues, son cycle autobiographique de six romans et de près de 5 000 pages est considéré en Grande-Bretagne, en Allemagne ou aux États-Unis comme l’entreprise littéraire la plus marquante de notre temps. D’ailleurs, juste avant de se lancer dans cette œuvre, il avait relu Proust. Mais ce qu’il lui a emprunté, ce n’est pas la phrase longue ni la sophistication du vocabulaire et du style ; sa prose est bien plus dépouillée. Non, c’est l’ambition folle de contenir toute l’existence dans un livre, d’avoir accès, via la littérature, à sa propre expérience, au temps passé, et d’en déployer la signification. Et puis, comme Proust, il se moque d’être ennuyeux. Il peut passer plusieurs pages à se demander

© Stéphanie Lacombe/Pink/Saif images

Idées

ENTRETIEN

Alors qu’en France Fin de combat (Denoël), dernier volume d’un cycle romanesque digne d’À la recherche du temps perdu, vient de recevoir le prix Médicis-Essai, nous avons eu une conversation avec l’écrivain norvégien le plus célèbre de sa génération. Il y explique son rapport à la poésie, à la philosophie, revient sur son existence mais aussi sur son choix polémique d’appeler sa somme Mon combat.

Karl Ove Knausgård Propos recueillis et traduits par Alexandre Lacroix

« Je cherche le sentiment d’une présence » pourquoi les morgues sont toujours installées au rez-de-chaussée ou au sous-sol des hôpitaux (les morts ne se baladent pas dans les étages) ou à décrire ses émotions la première fois qu’il est allé acheter de l’alcool. La puissance de son œuvre tient à la fois à son caractère monumental, aux boucles virtuoses de la narration qui accomplit parfois un détour de plusieurs centaines de pages avant de revenir au point névralgique avec une acuité renforcée, mais aussi à un paradoxe qui irrigue l’œuvre (et cet entretien, du reste).

Le lecteur de Mon combat sait tout de Knausgård : comment il a trompé ses premières femmes et avec qui, comment il a souffert de la phobie de la masturbation, que sa belle-mère était alcoolique et sa seconde épouse bipolaire. Pourtant, dans la vie réelle, Knausgård est un timide maladif, presque mutique. Il a honte de ce

qu’il est, et néanmoins il écrit tout. C’est ce qui évite à son entreprise le reproche de complaisance ou de narcissisme, et nous fait toucher la vulnérabilité d’un être humain. Phénomène d’édition (à chaque parution d’un volume en Norvège, les employeurs donnaient un « congé Knausgård » de deux ou trois jours, sachant que leurs salariés se mettaient à lire au bureau et ne fichaient plus rien), cet auteur est peu connu en France – nous sommes l’un des rares pays où ses livres ne sont pas des best-sellers. La raison ? Probablement considérons-nous que l’autofiction, de Jean-Jacques Rousseau à Emmanuel Carrère en passant par Louis-Ferdinand Céline, est notre spécialité. Et pourtant, Knausgård y a apporté sa touche, en l’illuminant par la quête de transparence et l’inquiétude morale propres à la tradition protestante.

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© Illustration : Jules Julien pour PM ; photo-droits d’inspiration : © ©Julien FAURE/Leextra via Leemage ;Bridgeman images.

Idées

LE CLASSIQUE SUBJECTIF

ARISTOTE VU PAR FRANCIS WOLFF

« Aristote ne propose pas un système, il invente des solutions »

© Julien FAURE/Leextra via Leemage

FRANCIS WOLFF

Il est philosophe et professeur émérite à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Spécialiste de philosophie ancienne, il est l’auteur d’Aristote et la Politique (PUF, 1991), de Penser avec les Anciens (Pluriel, 2016) et de Notre humanité. D’Aristote aux neurosciences (Fayard, 2010).

Son ouvrage Dire le monde (PUF, 1997) vient de reparaître chez Pluriel augmenté de commentaires.

Loin de sa réputation d’auteur difficile, Aristote est pour Francis Wolff un enquêteur qui agit avec méthode.

Pour appréhender le réel, le philosophe antique le découpe en de multiples questions, dont les réponses permettent de créer un monde commun fondé sur la délibération collective. Un argument en faveur de la démocratie toujours pertinent.

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LES ENJEUX QUI MONTENT, LES PENSEURS QUI COMPTENT Rassemblant les textes de philosophes, écrivains, sociologues et historiens parus dans la presse nationale et internationale pendant l’année 2020, cette sélection réalisée par la rédaction de Philosophie magazine a pour ambition de donner à entendre les penseurs de notre temps dans leur confrontation avec les grands événements et enjeux contemporains.

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PENSEURS JUDITH BUTLER JARED DIAMOND BRUNO LATOUR N. Y. KISUKIDI

POUR

MAURIZIO FERRARIS MARTHA NUSSBAUM PANKAJ MISHRA MARYLIN MAESO

2021

Avec notamment : Judith Butler La politique du chagrin Jared Diamond Apprendre à lutter en commun Bruno Latour Comment atterrir ?

Nadia Yala Kisukidi La joie africaine Marylin Maeso Hommage à Samuel Paty, professeur de doute et maître de vie Pankaj Mishra La faillite du modèle libéral Martha Nussbaum Éthique de la colère Arjun Appadurai Voici venu le temps de la révolte des élites Helen Lewis Harry Potter et la cancel culture Ran Halévi Le trumpisme après Trump

EN LIBRAIRIE LE 7 JANVIER E T S U R P H I L O M A G .C O M

François Morel s’attaque à la philosophie.

Il affronte à mains nues les citations célèbres de Socrate, Camus, Judith Butler, Nietzsche ou Simone Weil. Il les tord, les décortique, les détourne et les renverse, jusquà les rendre méconnaissables. Victorine de Oliveira passe derrière lui et remet les morceaux, et aussi les idées, en place.

Voici donc à la fois un traité de déconstruction et de reconstruction philosophique.

« Le recueil des chroniques de François Morel pour Philosophie magazine, revues et corrigées ! »

En librairie et sur philomag.com

Ne peut être vendu séparément. Photo, droits d‘inspiration : © Selva./Leemage. Illustration : StudioPhilo/William L.

PLAIDOYER POUR LA NUANCE

Gorgias

CAHIER CENTRAL

PLATON (extraits)