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MARCHER AVEC LES PHILOSOPHES

Sven Ortoli Pascal Bruckner, Cédric Gras, Frédéric Gros, Nancy Huston, Jean-Paul Kauffmann, Alexis Lavis, David Le Breton, Michel Malherbe, Michel Serres et les illustrations d’Emmanuel Guibert



MARCHER AVEC LES PHILOSOPHES

Ouvrage coordonné par Sven Ortoli


Couverture : © Ronald Ong Livre adapté du numéro de Philosophie magazine hors-série Marcher avec les philosophes Ouvrage dirigé et coordonné par Sven Ortoli Responsables du développement éditorial Philosophie magazine Éditeur : Julie Davidoux et Clément Denis Conception visuelle et direction artistique : Jean-Patrice Wattinne/L’Éclaireur

Remerciements à Terres d’Aventure, qui a rendu possible le voyage de Cédric Gras en Mauritanie.

Philosophie magazine Éditeur Philo Éditions SAS 10, rue Ballu 75009 Paris philomag.com Président : Fabrice Gerschel En partenariat avec Terres d’Aventure 30, rue Saint-Augustin 75002 Paris terdav.com

Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du code de la propriété intellectuelle. Dépôt légal : mai 2018 ISBN : 978-2953813098 Diffusion : Geodif © Philo Éditions SAS pour les textes Imprimé en France par Pollina : ZI de Chasnais - 85407 Luçon.


AVANT-PROPOS

La meilleure façon de marcher PAR SVEN ORTOLI

N

ous sommes une race de marcheurs. Pourquoi ? Parce que, écrit le paléoanthropologue André Leroi-­ Gourhan, « le départ de l’évolution humaine n’a pas été pris par le cerveau mais par les pieds » : je marche, donc je pense. Et depuis que nos ancêtres australopithèques se sont levés il y a 3 millions d’années, « la caravane humaine au Sahara du monde » chantée par Théophile Gautier n’a plus jamais cessé d’avancer, des bords du rift africain à la Silicon Valley. La marche est au cœur de nos gènes. Les fantasmagories apocalyptiques ne s’y trompent pas, qui en font le dernier trait d’humanité des Walking Dead… et le premier


qui revient chez Montag, le pompier brûleur de livres de Fahrenheit 451, dans cette banlieue américaine où tout promeneur est un déviant. Marcher, penser, l’un ne va pas sans l’autre, dit Montaigne : « Mon esprit ne va si les jambes ne l’agitent ». Et après lui Rousseau : « Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j’ose ainsi dire, que dans [les voyages] que j’ai faits seul et à pied », et Nietzsche encore : « Seules les pensées que l’on a en marchant valent quelque chose. » Est-ce que cela épuise le sujet ? Certainement pas. Il y a autant de façons de marcher que de marcheurs, et l’on pourrait aussi bien décrire la marche comme une façon de vider l’esprit ou plutôt de le filtrer, d’écarter le superflu et d’atteindre l’élémentaire. L’élémentaire, c’est-à-dire le moment où toutes les marches finalement se ressemblent, lorsque le marcheur oublie où, comment et pourquoi il marche. Lorsque, comme dit joliment Virginia Woolf, « les pensées en marchant sont faites à moitié de ciel ». Lorsqu’il cesse d’être le sujet du paysage et s’y fond dans une cénesthésie qui mélange les odeurs, le paysage, les sons, sa fatigue et sa sueur, et qu’il éprouve cette pesanteur rassurante qui le tient mais ne le retient pas, un pied devant l’autre, dans une instabilité qui réaffirme sans cesse son ancrage au sol. Entre l’immense et le minuscule, entre le ciel et la chenille, l’œil naviguant d’un infini à l’autre et les pieds pensant la texture de l’humus, le tranchant d’un silex, le piquant d’une brindille, il chemine dans le cosmos. Et si on lui demande : où vas-tu ? Comme Hugo, il répond : « Je l’ignore ; et j’y vais. »




Premiers pas


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D

ans la marche, ce n’est pas le premier pas qui coûte le plus, ni le second, ni même le dix ou le vingt millième, tandis que les semelles deviennent de plomb, dans la neige ou dans la boue. Le premier pas qui compte a lieu avant de le faire. C’est l’hésitation des premiers hominidés il y a six millions d’années, celle du bébé devant l’immensité du geste qu’il s’apprête à faire, celle du marcheur aussi qui anticipe sa randonnée. Le premier pas, c’est le refus de l’immobilité. C’est précisément ce que signifiait Diderot à propos de la pensée :

« Le premier pas vers la philosophie, c’est l’incrédulité. »

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PREMIERS PAS

La vie au grand air Lors de sa retraite près de l’étang de Walden, dans le Massachusetts, de 1844 à 1847, Thoreau marche plusieurs heures par jour dans la nature sauvage avec un émerveillement toujours renouvelé. Dans son petit traité De la marche, issu d’une conférence de 1851, l’auteur de Walden ou la Vie dans les bois invite à « s’enivrer de l’air qu’on respire » loin des jardins clos et des sentiers battus.

EXTRAIT DE HENRY DAVID THOREAU

J

e n’ai rencontré qu’une ou deux personnes au cours de mon existence qui aient compris l’art de la Marche, à savoir celui d’aller se promener, qui aient le don, pour ainsi dire, du sauntering 1 ; ce terme qui est si joliment dérivé “de ces personnes désœuvrées qui vagabondaient de par le pays, au Moyen Âge, et demandaient la charité, sous le prétexte qu’elle se rendaient à la Sainte Terre” –, tant et si bien que les enfants s’exclamaient  : “Voici un sainte-terrer”, un saunterer – un pèlerin en partance pour la Terre Sainte. Ceux dont les errances ne les menaient jamais à la Terre Sainte, comme ils le prétendaient, ne sont à la vérité que de simples vagabonds oisifs, mais ceux qui s’y rendent sont des promeneurs au bon sens du terme, tel que je 15

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«


PREMIERS PAS

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l’entends. D’aucuns, cependant, font dériver le mot de sans terre qui, partant, signifierait sans foyer particulier tout autant que partout chez soi. Car tel est le secret d’une promenade réussie. Celui qui demeure assis dans une maison tout le temps peut bien être le plus grand des chemineaux, mais l’authentique Promeneur n’est pas plus vagabond que la rivière sinueuse qui ne cesse de chercher opiniâtrement le plus court chemin jusqu’à la mer. Mais je préfère le premier sens du terme, qui est sans nul doute l’étymologie la plus probable. Car chaque marche est une sorte de croisade, prêchée par un Pierre l’Hermite 2 qui sommeille en chacun de nous, pour aller reconquérir cette Terre Sainte qui est tombée aux mains des Infidèles. C’est vrai, nous ne sommes que des croisés au cœur défaillant, même les marcheurs d’aujourd’hui, qui ne se lancent jamais dans la moindre entreprise de longue haleine exigeant quelque persévérance. Nos expéditions ne sont que des périples qui nous ramènent le soir auprès de l’âtre d’où nous étions partis. La moitié de la promenade consiste à revenir sur nos pas. Nous devrions entreprendre chaque balade, sans doute, dans un esprit d’aventure éternelle, sans retour ; prêt à ne renvoyer que nos cœurs embaumés 3, comme des reliques de nos royaumes désolés. Si vous êtes prêts à abandonner père et mère, frère et sœur, femme, enfants et amis et à ne jamais les revoir ; si vous avez payé toutes vos dettes, rédigé votre testament, réglé toutes vos affaires et êtes un homme libre ; alors vous êtes prêt pour aller marcher. […] Je suis inquiet quand, après avoir parcouru physiquement un mile dans les bois, je ne m’y trouve pas en esprit. Dans ma promenade de l’après-midi, j’oublie bien volontiers toutes mes occupations de la matinée et mes obligations vis-à-vis de la société. Mais il arrive parfois que je ne me puisse me défaire aisément de la ville. La pensée de quelque travail occupera mon esprit, et je ne suis pas où se trouve mon corps ; je suis à l’extérieur de mes sens. Au cours de mes balades, je retourne bien volontiers à mes sens. Qu’ai-je à faire dans les bois, si je pense à quelque chose qui se trouve hors d’eux ? Je me considère avec suspicion, et ne puis m’empêcher de frissonner, 16


PREMIERS PAS

quand je me surprends à être complètement imbriqué dans ce que nous appelons de bonnes œuvres – car cela peut parfois m’arriver. Mes alentours offrent force belles balades, et bien que j’aie marché presque chaque jour depuis tant d’années, et parfois plusieurs jours d’affilée, je ne les ai pas encore toutes épuisées. Une perspective absolument neuve est un grand bonheur, et je puis encore en dénicher n’importe quel jour. Deux ou trois heures de marche m’entraîneront dans une contrée étrange que je ne me serais pas attendu à voir. Une ferme isolée que je n’avais pas vue auparavant a parfois autant de valeur à mes yeux que les territoires du roi du Dahomey 4. Il y a en fait une sorte d’harmonie qui se peut découvrir entres les possibilités du paysage, à l’intérieur d’un cercle d’un rayon de dix miles, en d’autres termes les limites d’un après-midi de marche, et les quelque soixante-dix années d’une existence humaine. Cela ne vous deviendra jamais chose familière.

Je peux sans difficulté marcher dix, quinze, vingt miles ou plus, en partant de chez moi, sans passer devant la moindre maison, sans croiser de chemin sinon ceux qu’empruntent le renard et le vison. D’abord le long de la rivière, puis du ruisseau, et ensuite par la prairie et les bois. Il y a des étendues de plusieurs miles carrés dans les alentours qui sont totalement inhabitées. Depuis nombre de collines, je puis voir au loin la civilisation et les demeures des hommes. » • Henry David Thoreau, De la marche (1862), trad. T. Gillybœuf, Mille et Une Nuits, 2003, pp. 7-9 et 15-18. 1. Signifie « balade ». Thoreau fait dériver sauntering, de façon douteuse, de « Sainte Terre ». 2. Moine français (v. 1050-1115) qui prit la tête de la Première Croisade (1095-1099). 3. Au Moyen Âge, lorsqu’un guerrier de sang noble mourait en terre étrangère, son cœur y était embaumé puis acheminé dans son pays pour être restitué à sa famille. 4. Ancien nom du Bénin.

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De nos jours, presque tous les prétendus progrès de l’homme, tels que la construction de maisons, l’abattage des forêts et des grands arbres, déforment tout simplement le paysage et le rendent de plus en plus insipide et domestiqué. […]



PREMIERS PAS

La marche, un chemin vers la liberté Depuis longtemps, Jean-Paul Kauffmann, écrivain et journaliste, arpente le monde, de la Marne aux Kerguelen, et en rapporte des livres nourris d’histoire et de littérature. Mais, pour l’ancien otage au Liban, la marche fut aussi le moyen de reprendre pied dans la vie.

ENTRETIEN AVEC JEAN-PAUL KAUFFMANN Propos recueillis par Martin Legros

JEAN-PAUL KAUFFMANN

\ Ma première grande expérience remonte à mon séjour

dans les îles Kerguelen, archipel de l’océan Indien entre le monde antarctique et le monde austral. Marcher dans cet espace, c’est à couper le souffle ! On a l’impression d’être le premier à découvrir cette terre. En y mettant le pied à la fin du siècle des Lumières, en 1772, l’explorateur Yves Joseph de Kerguelen, qui leur a donné son nom, croyait découvrir 19

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« Le goût de la marche m’est venu assez tard », dites-vous. Quand cela ?


PREMIERS PAS

un Eldorado, une sorte de « troisième monde ». Or cette terre ressemble plutôt au troisième jour de la Création avant même que les animaux ne la peuplent. C’est un paysage accidenté et dépeuplé qui évoque le commencement mais aussi la fin du monde, comme si une catastrophe nucléaire était survenue et avait tout vitrifié. J’ai parcouru l’archipel en bottes de caoutchouc, pour pouvoir traverser les multiples tourbières qui recouvrent le sol. J’en ai bavé, mais ce fut l’une de mes plus belles marches.

Pourquoi être allé si loin ?

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\ Je venais de traverser une longue épreuve, ma détention

comme otage pendant trois ans au Liban. Prisonnier, je m’étais dit : « Si jamais je sors vivant de cette histoire, j’irai aux Ker­ guelen. » C’est un lieu dont j’avais entendu parler, enfant, et qui m’a toujours fasciné. À cause de son nom, mais aussi de l’histoire de son découvreur : quand Kerguelen découvre cet archipel, il voit tout de suite qu’il n’y a rien à en tirer, il ne va même jamais y mettre le pied, préférant rester sur son bateau. Mais, fêté à son retour en France par Buffon et les philosophes des Lumières comme le nouveau Christophe Colomb, il se retrouve bientôt prisonnier de sa découverte : « Vous avez découvert le bon sauvage », lui dit-on – alors que cette île n’est habitée par personne ; tandis que le roi Louis XV l’envoie faire une seconde expédition, il s’emmêle dans une série de conflits et de mensonges et se retrouve jugé et emprisonné à son retour en France. Ce sont ces aventures qui m’avaient attiré si loin. Je voulais me mettre dans les pas de Kerguelen, arpenter ce lieu en racontant son histoire. Et puis, en chemin, j’ai été rattrapé par ma propre histoire. Ce lieu très hostile, où le vent souffle avec une extrême violence, est le pays de la haute solitude – un peu comme celui qui avait été le mien pendant trois ans. Il m’a servi de métaphore de ma captivité. C’est ainsi que j’ai pris goût à la marche. Depuis, elle s’est imposée à moi. Elle participe au dévoilement de ma propre existence – un dévoilement que je mène toujours de biais, en cheminant. 20


PREMIERS PAS

La marche est pour vous une expérience corporelle qui « change notre relation à l’espace et au monde »...

\ C’est ce que l’on manque quand on se déplace en voiture ou à vélo : le contact physique avec le sol. La voiture ne met en mouvement que le cerveau. Il faut le contact des orteils avec la surface de la croûte terrestre pour faire l’expérience de la consistance des choses. La marche permet cette rencontre physique avec les éléments, avec les odeurs et la lumière, avec les animaux, avec les habitants aussi, ceux que l’on rencontre par hasard, ceux qui nous hébergent, ceux avec qui on partage un repas. Dans les récits de vos marches, aux îles Kerguelen, le long de la Marne ou sur le champ de bataille d’Eylau, vous vous glissez souvent dans les pas d’écrivains ou de personnages historiques qui sont passés par là. mener à bien les marches que j’entreprends, j’ai besoin de la médiation d’écrivains ou de philosophes qui sont passés avant moi sur les lieux que j’explore. Dans Remon­ ter la Marne, je me suis mis notamment dans les pas de Gaston Bachelard, qui est né en Champagne et dont la poétique de l’eau se nourrit de l’expérience de ce fleuve. D’André Breton aussi, qui a été affecté à l’hôpital psychiatrique de Saint-Dizier en 1916 où étaient traités les soldats traumatisés. C’est là qu’il a eu la révélation de l’œuvre de Freud.

Vous emportez donc leurs livres avec vous ?

\ Pour le marcheur, la question de savoir ce qu’il emporte dans son sac à dos est fondamentale. D’autant 21

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\ Est-ce une faiblesse, une forme de timidité ? Pour



MARCHER AVEC LES PHILOSOPHES

Ils ont contribué à ce livre

FRÉDÉRIC GROS

› Professeur de pensée politique à Sciences-Po Paris, il a enseigné la philosophie en maisons d’arrêt. Il a dirigé l’édition des Œuvres de Michel Foucault dans la Bibliothèque de La Pléiade (Gallimard, PASCAL BRUCKNER 2015). Il est l’auteur de Marcher, › Après s’être élevé dans Le Nouveau une philosophie (Carnets Nord, 2009 ; Désordre amoureux (Seuil, 1977, rééd. Flammarion, 2011), de États de coécrit avec Alain Finkielkraut) contre violence. Essai sur la fin de la guerre la nouvelle idéologie sexuelle à laquelle (NRF Essais, Gallimard, 2006) et d’un avait abouti la révolution des mœurs roman, Possédées (Albin Michel, des années 1960, ce philosophe 2016). Il a fait paraître l’an passé et romancier s’est penché dans Désobéir (Albin Michel). Le Paradoxe amoureux (2009) et dans Le mariage d’amour a-t-il échoué ? EMMANUEL GUIBERT (2010) sur la difficulté de concilier › Artiste majeur de la bande l’amour qui attache et la liberté qui dessinée, il a mis en images les sépare. Auteur de La Sagesse de souvenirs d’un vétéran de la Seconde l’argent (2016), il a publié Un racisme Guerre mondiale dans La Guerre imaginaire. Islamophobie et culpabilité d’Alan (3 tomes, L’Association, 2000(2017), toujours chez Grasset. 2008 ; intégrale parue en 2009), L’Enfance d’Alan (L’Association, 2012) CÉDRIC GRAS et Martha & Alan (L’Association, › Écrivain-voyageur, il a séjourné 2016). Une démarche qu’il a pendant plus d’un an dans l’Extrême- poursuivie avec le photojournaliste Orient russe, une aventure qu’il relate Didier Lefèvre dans Le Photographe dans Vladivostok : neiges et moussons (3 tomes, Dupuis, 2003-2006). (Phébus, 2011). De 2011 à 2015, Les plus jeunes le connaissent en tant il est en poste à l’Alliance française que scénariste d’Ariol (dessins de dans plusieurs villes d’Ukraine Marc Boutavant ; 6 tomes, Bayard (Donetsk, Karkhov, Odessa), alors Presse, 2002-2006). Il a aussi dessiné que le pays est en pleine guerre civile. plusieurs carnets de voyages : La En 2016, il participe à la Campagne à la mer (Futuropolis, 61e expédition antarctique russe 2007), Le Pavé de Paris (Futuropolis, sur les bases Progress et Mirny. 2017), Japonais (Futuropolis, 2008) De ses pérégrinations, il a tiré ou Italia (Dupuis, 2015). Le Nord, c’est l’Est. Aux confins de la Fédération de Russie (Phébus, 2013), NANCY HUSTON Le Cœur et les Confins (Phébus, › Écrivaine franco-canadienne, 2014), L’Hiver aux trousses (Stock, elle brocarde dans un essai sous 2015) ou La Mer des cosmonautes forme de réquisitoire, Professeurs (Paulsen, 2017). Il vient de faire de désespoir (Actes Sud, 2004 ; rééd. paraître en mars 2018 Saisons du 2016), les intellectuels misogynes et voyage, chez Stock. antinatalistes, en tête desquels Arthur Schopenhauer. Féministe engagée,

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DAVID LE BRETON

son essai double, Sois belle suivi de Sois fort (éd. Parole, 2016), met sur un pied d’égalité l’homme et la femme, en montrant leurs forces et faiblesses, la part animale qui les assemble et les oppose ainsi que leurs souffrances respectives dans la société contemporaine.

JEAN-PAUL KAUFFMANN › Écrivain et journaliste. Grand reporter à L’Événement du jeudi, il est enlevé à Beyrouth en mai 1985 avec Michel Seurat, lequel meurt en détention en 1986. Kauffmann devra attendre trois ans avant d’être libéré. C’est aussi un écrivain-marcheur dont les récits, comme L’Arche des Kerguelen : voyage aux îles de la Désolation (Flammarion, 1993), Remonter la Marne (Fayard, 2013) et Outre-Terre : le voyage à Eylau (Éditions des Équateurs, 2016), explorent des lieux riches d’une mémoire historique et littéraire. Il a reçu le Prix Femina pour La Chambre noire de Longwood (La Table Ronde, 1997 ; rééd. Folio, Gallimard, 1998) et le Prix de la langue française de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.

› Professeur de sociologie à l’université de Strasbourg, membre de l’Institut universitaire de France. Il a notamment écrit Du silence (1997), Disparaître de soi. Une tentation contemporaine (2015) et Tenir. Douleur chronique et réinvention de soi (2017). Auteur d’un Éloge de la marche (2000), il a aussi publié Marcher. Éloge des chemins et de la lenteur (2012). Tous ses livres sont parus chez Métailié.

MICHEL MALHERBE › Philosophe, professeur émérite de l’université de Nantes. Spécialiste de philosophie anglo-saxonne, il a traduit les œuvres de Bacon, Locke et Hume. Il dirige les collections « Analyse et philosophie » et « Bibliothèque des philosophies » chez Vrin. Il a notamment écrit Qu’est-ce que la causalité ? Hume et Kant (Vrin, 1994) et La Philosophie empiriste de David Hume (Vrin, 1976 ; rééd. 2001). Dans son livre, D’un pas de philosophe (Vrin, 2013), il se demande s’il existe une philosophie de la marche.

MICHEL SERRES

› Attiré par l’ailleurs, ce grand penseur des communications dans › Agrégé de philosophie, chargé Hermès (I à V : 1969-1980, Éd. de de cours à l’université de Rouen, Minuit) et de la révolution numérique Alexis Lavis est spécialiste des dans Petite Poucette (Le Pommier, pensées indienne et chinoise. 2012) n’a cessé, avec une générosité Auteur de multiples traductions, malicieuse, de réfléchir à ce qui il a notamment écrit Symboles attache et détache l’humanité et croyances populaires en Chine à la Terre depuis la révolution (Trajectoire, 2008), L’Espace néolithique. Après Darwin, Bonaparte de la pensée chinoise. Confucianisme, et le Samaritain : une philosophie taoïsme, bouddhisme (Oxus, 2010) et de l’histoire (Le Pommier, 2016), Paroles de sages chinois (Seuil, 2013). il a signé C’était mieux avant  ! (Le Pommier, 2017), un antidote au déclinisme ambiant.

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MARCHER AVEC LES PHILOSOPHES

ALEXIS LAVIS


Table des matières Avant-propos Par Sven Ortoli

p. 7

Le flâneur des deux rives / Extrait de Walter Benjamin p. 53

p. 10

Voyageuse clandestine à Lhassa / Extrait d’Alexandra David-Néel p. 57

La vie au grand air / Extrait de Henry David Thoreau p. 15

« N’importe où pourvu que ce fût loin » / Extrait de Gustave Flaubert p. 61

La marche, un chemin vers la liberté / Entretien avec Jean-Paul Kauffmann p. 19

L’art de la dérive psycho-géographique / Par Alexandre Lacroix p. 65

CHAPITRE I

PREMIERS PAS

CHAPITRE II

CHAPITRE III

DIS-MOI OÙ TU MARCHES…

p. 28

DIS-MOI COMMENT TU MARCHES… p. 70

Citations

p. 32

Citations

Un intensificateur de présence / Entretien avec Frédéric Gros

p. 35

Jean-Jacques revient sur ses pas / Extrait de Jean-Jacques Rousseau p. 43 Dans la forêt nord-américaine avec Tarzan / Extrait d’Alexis de Tocqueville p. 47 La forêt de Jouvence / Extrait de Ralph Waldo Emerson p. 51

p. 74

Je marche, donc je pense / Entretien avec Michel Serres p. 77 Le nomade prophète / Extraits de Jacques Lacarrière p. 83 Éloge du sans-domicile fixe / Extraits d’Isabelle Eberhardt

p. 87

Marcher contre la vie courante / Entretien avec David Le Breton

p. 91

Assignées à résidence / Extraits de Rebecca Solnit p. 97


La marche entravée des femmes / Entretien avec Nancy Huston p. 99

« 144 kilomètres en trois jours » / Extraits de Charles Péguy p. 153

Les aventures de la lenteur / Par Pascal Bruckner p. 105

La méditation, un chemin vers la connaissance / Entretien avec Alexis Lavis p. 157

La sandale et le bâton, compagnons de route / Extrait de Victor Segalen p. 113 Métaphysique en baskets / Par Alexandre Lacroix p. 117

Cyniques, les chiens errants / Par Martin Duru p. 167

CHAPITRE V CHAPITRE IV

DIS-MOI POURQUOI TU MARCHES… p. 122 Citations

p. 126

Le sens de la marche / Entretien avec Michel Malherbe p. 129 La rage de partir / Extrait de Ian Hacking p. 135 Sur le chemin de la vie / Extrait de John Muir p. 137 « La grande révolution des sacs à dos » / Extrait de Jack Kerouac p. 139 Une traque hallucinante / Extrait de Rick Bass p. 141 « Le virus de Saint-Jacques » / Extrait de Jean-Christophe Rufin p. 145 Faire son chemin vers Compostelle / Extrait d’Yves Winkin p. 149

CHEMINS DE TRAVERSE

p. 170

Au désert de l’Adrar / Par Cédric Gras

p. 175

Retour au Sahara / Entretien avec Lionel Habasque p. 187 En pays sage / Illustrations commentées d’Emmanuel Guibert p. 191 Flâneurs et promeneurs / Par Martin Duru p. 204 Voyageurs et explorateurs / Par Chloé Ripert et Sven Ortoli p. 208 Pèlerins et politiques / Par Chloé Ripert

p. 212


MARCHER AVEC LES PHILOSOPHES

Avec Pascal Bruckner, Cédric Gras, Frédéric Gros, Nancy Huston, Jean-Paul Kauffmann, Alexis Lavis, David Le Breton, Michel Malherbe, Michel Serres et les illustrations d’Emmanuel Guibert. Sous la direction de Sven Ortoli.

« Seules les pensées que l’on a en marchant valent quelque chose », écrit Friedrich Nietzsche. Ce n’est pas Michel Serres qui l’aurait contredit, lui qui confie qu’il « pense avec les pieds ». Mais l’inverse est tout aussi vrai : lorsque nous marchons par monts et par vaux, c’est encore avec notre tête. De Henry David Thoreau à Victor Segalen, d’Alexandra David-Néel à Frédéric Gros, cet ouvrage rassemble les réflexions, récits et dessins de marcheurs illustres ainsi que de promeneurs contemporains venus de tous les horizons. Pour cheminer en bonne compagnie.

Un ouvrage réalisé en partenariat avec Terres d’Aventure

ISBN : 978-2953813098 19,90 €

Photo de couverture : © Ronald Ong Philosophie magazine Éditeur www.philomag.com


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