481-‐888 La France avant la France
Preface
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L’iden3té na3onale française est en grande par3e liée au travail mul3séculaire de l’Etat sur le territoire et la société, a la différence s’autres na3ons qui se sont cons3tuées a par3r de critères culturels ou linguis3ques. En France, l’Etat, un Etat de plus en plus lourd et central, a été antérieur a la Na3on. La France renvoyait d’abord au royaume des Francs, une en3té poli3que émergeante, entre Loire et Seine, a par3r de Clovis, « Rex Francorum ». Les Francs ont joue un rôle majeur dans la genèse, l’histoire de la chris3anisa3on de l’Europe et plus par3culièrement de la France. Les puissants contribuent a l’avancée de la chris3anisa3on par la fonda3on d’églises et de monastères; et puis la totalité des évêques et des saints appar3ennent a leur milieu.
Le baptême de Clovis par saint Remi de Reims
Les debuts des Francs
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Courbe la tète, doux Sicambre… Le Celte indocile n’a pas voulu la courber. Ces barbares qui semblaient prêts a tout écraser, ils deviennent, qu’ils le sachent ou non, les dociles instruments de l’Eglise. Elle emploiera leurs jeunes bras pour forger le lien d’acier qui va unir la société moderne. Le marteau germanique de Thor et de Charles Martel va servir à marteler, dompter discipliner le génie rebelle de l’Occident. Saint Remi au baptême de Clovis : ‘Sicambre, baisse docilement la tête ; brule ce que tu as adore, et adore ce que tu as brule.’ Chez nos Celtes les parts sont égales entre les frères, comme également longues sont leurs épées. Vous ne leur feriez pas aisément entendre qu’un seul doive posséder. CeZe tendance a l’égalité, au nivellement, qui en droit isolait les hommes, aurait eu besoin d’une véritable sympathie qui les rapprochât, de sorte que l’homme, affranchi de l’homme par la loi, se raZachât a lui par un lien volontaire. Par la, nous sommes une na3on, tandis que les Celtes purs en sont restes au clan. Derrière la vielle Europe cel3que, ibérienne et romaine, dessinée si sévèrement dans ses péninsules et dans ses iles, s’étendait un autre monde tout autrement vaste et vague. Ce monde du Nord, germanique et slave, mal déterminée par la nature, l’a été par les révolu3ons poli3ques. Terre indécise, races floZantes. La femme dans la Germanie primi3ve grandit dans la vie guerrière. Elle ne s’éloigne pas du champ de bataille, elle l’envisage, elle y préside, elle devient la fée des combats, la walkyrie charmante et terrible, qui cueille, comme une fleur, l’âme du guerrier expirant.
La Gaule au Veme siècle
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Géographie administra3ve de la Gaule: A la fin du IVème siècle, la Gaule cons3tue l’une des plus grandes régions de l’Empire romain d’Occident, peut-‐être la plus importante si l’on en juge l’installa3on de la cour impériale a Trèves, sous le règne de l’empereur Gra3en (375-‐383). Malgré les invasions, il n’y a pas de changement majeur: le réseau des cites se main3endra jusqu’à la Révolu3on. L’impôt financier (juga3o) et personnel (capita3o) frappait tous les propriétaires.
La table de Peu6nger est un rouleau de parchemin de plus de 6m de longueur et de 34cm de largeur représentant les grandes voies de communica6on terrestre de l’Empire romain tardif.
La Gaule au Veme siècle
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Le chris3anisme: Des le IIème siècle, la Gaule avait été gagnée par le chris3anisme qui s’est répandu au sein de pe3tes communautés orientales de marchands, juifs pour une bonne part, et donc de langue grecque. Avec Théodose (379-‐395), l’Empire devint officiellement chré3en. Seuls les Juifs conservaient leur liberté de culte. Comme l’ensemble de l’Empire, la Gaule fut touchée, mais assez tardivement, par une crise interne du chris3anisme: l’arianisme. Arius contestait le mystère de la Trinite et l'égalité entre les trois personnes, le Père, le Fils et le saint Esprit. L’introduc3on du monachisme est aZachée au nom de saint Mar3n en Gaule. La transforma3on des pouvoirs dans la cite: Un personnage s’affirme dans la cite – il s’agit de l’évêque. L’administra3on impériale commence a se décharger de certaines responsabilités publiques, en par3culier de la jus3ce. L’évêque est officiellement inves3 de la protec3on des citoyens, face aux décisions arbitraires de l’administra3on impériale. L’épiscopat gaulois est , dans sa très grande majorité, issu de l'élite senatoriale. La crise de IIIème siècle et les transforma3ons du limes: Pendant les deux premiers siècles de l’Empire, au prix d’une forte militarisa3on et d’une adroite diploma3e a l’égard des tribus germaniques, Rome contrôla solidement le limes le long du Rhin et du Danube. Vers 250, la situa3on s’aggrava considérablement. Le pouvoir romain dut faire face simultanément a une double poussée: sur le Rhin, le long du Danube, mais aussi en Orient de la part du royaume perse sassanide. Des raids des peuples germaniques touchèrent l’ensemble de la Gaule.
Les Invasions
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C’était la l’effet des invasions : 1 – toute correspondance régulière, habituelle, facile entre les diverses par3es du territoire, 2 – toute sécurité, toute perspec3ve d’avenir ; elles brisaient les liens qui unissent entre eux les habitants d’un meme pays, les moments d’une meme vie ; 3 – elles isolaient les hommes, et pour chaque homme les journées. La ville, l’élément primi3f du monde romain, survit presque seule à sa ruine.
La Gaule au Veme siècle
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Les reformes administra3ves de Dioclé3en (284-‐305) et l’instaura3on de Tétrarchie permirent le retour de la paix et l’Empire connut alors un siècle de progressive récupéra3on. A l’intérieur de la Gaule, les cites gauloises furent pe3t a pe3t for3fiées au cours du IVème siècle. Et surtout, les forces militaires sta3onnées a la fron3ère incorporent un nombre croissant de con3ngents barbares. L’armée romaine s’est fortement germanisée en même temps que les con3ngents barbares. L’armée a donc joue un grand rôle de brasseuse d’élites
Dioclé6en
La Gaule au Veme siècle
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Nouveau regard sur les Barbares – le phénomène d’ethnogenèse: La cohésion des gouapes barbares est restée longtemps extrêmement précaire et elle se fondait peu sur une conscience ethnique ou biologique. Le succès de Rome avait repose sur une tres grande capacité d’intégra3on, renforcée d’une certaine façon par l’universalisme chré3en dont l’Empire devint porteur au IVème siècle. Rome peut être tenue pour la grande responsable de la forma3on des peuples et royautés barbares jusqu’à leur inser3on territoriale dans l’Empire au Vème siècle. L’installa3on des peuples germaniques au Vème siècle: En Orient comme en Occident, jusque dans le dernier quart du IVème siècle, l’intégra3on individuelle ou collec3ve de soldats germaniques et de leur famille concernait des effec3fs rela3vement restreints. L’irrup3on du peuple des Huns, venus d’Asie centrale, bouleversa cet équilibre aux fron3ères de l’Empire et provoqua d’importants mouvements de popula3on. Les Barbares en Gaule: Au milieu des années 370, les Goths furent les premières vic3mes des Huns. Des 376, une par3e d’entre eux, les Wisigoths traversèrent le Danube avec l’accord de l’empereur Valens. CeZe migra3on mal contrôlée suscita beaucoup d’incompréhension et de mécontentements des deux cotes. L’empereur entendit rétablir l’ordre, mais son armée fut défaite a Andrinople, en Thrace, par les Wisigoths le 9 aout 378, et lui-‐même perdit la vie au cours de la bataille.
La Gaule au Veme siècle
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En Europe centrale, la pression des Huns redoublait. L’armée de campagne était en grande par3e occupée en Italie a contenir les Wisigoths. Les peuples germaniques se répandirent alors en Gaule, en Espagne et en Afrique du Nord, avant d’être rejoints en 414 par les Wisigoths venus d’Italie. Ces barbares n’étaient pas venus pour faire disparaître l’Empire. Pousses par les circonstances, ils cherchèrent – non sans brutalité certes – a se faire accepter en son sein. Etablissement des royautés germaniques en Gaule au Vème siècle: Des chefs francs, on sait tres peu de chose, hormis leurs noms. Il est sur cependant que coexistaient dans la seconde moi3e du Vème siècle un certain nombre de pe3ts groupes, qui n’étaient pas encore soumis a l’autorité d’un seul chef, puisque ce fut précisément l’habileté de Clovis que de parvenir a les fédérer. Le mythe des origines troyennes des Francs: « Il y a en Asie une forteresse des Troyens ou se trouve la ville appelée Ilion , la ou régnait Énée. » Le mythe de l’origine troyenne était un thème fédérateur qui permeZait de rassembler l’ensemble des peuples occidentaux dans une histoire commune. Ae3us, le vainqueur officiel d’Axla aux champs catalauniques ou les Barbares fédérés avaient mis un coup d’arrêt a l’expansion des Huns, était probablement un personnage douteux a la poli3que tortueuse et dépourvue de scrupules. A Paris, c’est une grande dame de l’aristocra3e locale, Geneviève qui encouragea la résistance dans l’ile de la Cite.
Palais de Théodoric a Ravenne
Royaume de Théodoric II dont le palais se trouve a Toulouse.
La Gaule au Veme siècle
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Sacre empereur des Français a Notre-‐Dame de Paris, Childéric était revêtu d’un manteau d’apparat de velours pourpre brode d’abeilles – la stylisa3on des abeilles sur le manteau du sacre leur donnait une forme de lys.
Trésor de Childéric
Les Merovingiens
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C’est a l’Eglise que Clovis avait du en grande par3e ses rapides conquêtes. Ses successeurs s’abandonnèrent de bonne heure aux conseils des Romains, des vaincus. Frédégonde était ceZe femme terrible, entourée d’hommes dévoues qu’elle fascinait de son génie meurtrier, dont elle troublait la raison par d’enivrants breuvages. Dans ceZe vieillesse précoce de tous les peuples barbares, la décadence des Francs est encore entourée d’une sorte d’eclat. Asile pour les vainqueurs, les Francs se éclat dans l’Eglise contre le tumulte de la vie barbare, contre leurs passions, leurs violences, dont ils souffraient autant que les vaincus. Les barbares donnèrent ce qu’ils avaient pris ; ils se trouvèrent avoir vaincu pour l’Eglise. Chaque jour la connivence des prêtres et du peuple devait ainsi enlever quelque chose au barbare, et profiter de sa crédulité, de sa dévo3on, de ses remords. Tout Merovingien est père a quinze ans, caduc a trente. La plupart n’aZeignent pas cet âge. Le symbole de ceZe race, ce sont les énervés de Jumièges, ces jeunes princes a qui l’on a coupe les ar3cula3ons, et qui s’en vont sur un bateau au cours du fleuve qui les porte a l’Océan ; mais ils sont recueillis dans un monastère.
Chilpéric Ier et Frédégonde
Société, Culture, Economie des temps merovingiens
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Les formes du lien social: rien n’indique que la société merovingienne ait été plus violente que les autres sociétés du Moyen Age. Elle n’ignorait pas les mécanismes de régula3on qui favorisaient régulièrement le retour de la paix entre les individus et les groupes. Le droit: Le code Théodosien reste en Gaule merovingienne la référence pour le droit romain par3culièrement au sud de la Loire. Etre franc ou romain cons3tuait de moins en moins une catégorie ethnique a proprement parler, mais définissait le droit dans lequel la personne était suscep3ble d’être jugée. Etre franc, c’était aussi, outre vivre sous le régime de la Loi salique, conserver le statut hérité du Vème siècle: offrir un service militaire et, en retour, bénéficier d’une exemp3on d’impôts. La loi salique est un avant tout un tarif de composi3ons pécuniaires qui fixe précisément pour chaque dommage cause (meurtre, mu3la3on, vol) la somme des3née a apporter une répara3on a la par3e lésée. L’établissement d’une lourde amende lorsqu’il est ques3on d’homicide, avait pour but d’empêcher la perpétua3on des cycles de vengeance privée (autrement dit, la faide) en meme temps qu’elle introduisait l’idée (romaine) que la jus3ce relevait de la sphère publique, c’est-‐a-‐dire de la seule compétence du roi et de ses représentants.
La loi salique
Société, Culture, Economie des temps merovingiens •
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Les puissants et les autres: Une première ligne de partage dis3ngue, dans la société merovingienne, les libres des non libres. Un non libre me dispose d’aucune autonomie, ce qui signifie qu’il ne par3cipe pas aux ac3vités publiques, en par3culier aux assemblées, et qu’il n’est pas soumis au service militaire. Point commun des non libres: ils dépendent d’un maitre auquel ils doivent un service. Le mariage: Le mariage représentait le principal moyen d’étendre des rela3ons d’alliance entre les parentèles. A l’époque merovingienne, les interdits restaient peu contraignants et permeZaient d’épouser au delà du troisième degré de parente. Par ailleurs, nombreux sont les exemples de veuves qui, plutôt que d’accepter un remariage ayant pour effet de disperser le patrimoine familial, préférèrent s’engager dans la vie religieuse, laquelle avait l’avantage de maintenir l’unité de ce dernier. Un monastère patrimonial avait voca3on a être point d’unité de la famille, une sorte d’indivision pourrait-‐on dire. Il offrait aussi l’avantage de par3ciper a l’éduca3on des enfants de la famille et de pouvoir prendre en charge l’accueil des plus âgés de ses membres.
Crypte de l’abbaye de la Jouarre
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Transforma3ons de la culture en gaule merovingienne: La parfaite maitrise de la langue écrite a toujours été l’apanage d’une élite et, pour ceZe raison, doit être considérée comme un élément de dis3nc3on sociale. Le la3n connaissait une évolu3on qu’un observateur pourrait aisément comparer a celle de l’anglais au XXIème siècle. C’est seulement a la fin du VIIIème siècle, en restaurant autoritairement un état plus ancien de la langue écrite, que les Carolingiens introduisirent une rupture décisive: on peut alors parler d’une dissocia3on entre la langue et l’écrit et de la conversa3on savante, le la3n classique et les langues parlées. Tres tôt, l’entourage des rois wisigoths de Toulouse et des souverains burgondes s’exprime en la3n. Il en va de meme, des le début du VIème siècle, des membres de la cour franque qui axre une élite cul3vée d’origine romaine. Les muta3ons des campagnes: Légué par Rome, le cadre principal de l’économie rurale demeurait au VIème siècle le grand domaine foncier, la villa.
La Villa romaine
Société, Culture, Economie des temps merovingiens
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Dans une économie quo3dienne aux horizons assez étroits, les villes con3nuèrent a jouer un rôle non négligeable. Elles restaient des lieux de pouvoir. S’ils ne disparurent pas brutalement, les grands équipements urbains légués par Rome furent la plupart du temps laisses a l’abandon, en par3e démantelés ou réemployés. Les transforma3ons du grand domaine: Plus indépendant d’un point de vie strictement économique, le « servus » du VIème siècle ne retrouva pas, cependant, une pleine autonomie juridique et resta dans la dépendance du maitre. Celle-‐ci valait aussi protec3on. Des lors, on comprend pourquoi au meme moment, en bon nombre, de pe3ts propriétaires libres des environs trouvèrent intérêt a entrer dans la dépendance d’un grand propriétaire en lui remeZant leurs terres que celui-‐ci leur concédait aussitôt en usufruit par un contrat nomme précaire. Le grand commerce méditerranéen: La Gaule du VIème siècle restait intégrée dans les grands courants d’échanges méditerranéens qu’avait favorises l’hégémonie romaine. Tout du moins, voit-‐on certains produits orientaux de luxe con3nuer a circuler en Gaule: vin de Gaza, 3ssus, soieries et papyrus d’Egypte, olives et huile d’Afrique du Nord, sans parler des epices nombreuses.
MaqueLe de l’épave de Fos-‐sur-‐Mer
Uguentenria qui contenaient des baumes et des parfums
Société, Culture, Economie des temps merovingiens
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Premier éveil des mers du Nord: Des le VIème siècle, avec la stabilisa3on des royautés germaniques, franques et anglo-‐saxonnes, on constate une reprise des liaisons intérieures selon des voies qu’empruntèrent abondamment les hommes d’Eglise a par3r de la fin du siècle. Du sou d’or au denier d’argent: Les souverains barbares firent frapper des sous, a l’effigie des empereurs de Constan3nople du VIème siècle. Le premier roi a faire apparaître sa propre 3tulature sur les monnaies fut Theodebert Ier vers 540, mais ceZe ini3a3ve resta dans un premier temps isolee, ce qui montre bien le respect que l’on avait pour l’instrument monetaire comme aZribut de l’autorite romaine. Sou de Theodebert Ier
La construc=on du « regnum francorum » (482-‐613)
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Par3 de Tours, Clovis fondit sur Alaric II qui fut défait et tue, a Vouillé, a quelques kilomètres de Poi3ers. Les Francs prirent alors progressivement le contrôle de l’Aquitaine a l’excep3on des confins pyrénéens tenus par les Basques et autres Gascons farouchement aZaches a leur indépendance. La conversion du roi: Au tournant des Vème et VIème siècles, si l’ensemble des peuples germaniques installes dans l’Empire se disaient chré3ens, ils confessaient la foi définie par Arius au début du IVème siècle, mais tenue un siècle plus tard, pour héré3que. Ce schisme préoccupait d’autant plus l’épiscopat gallo-‐romain qu’il était entretenu par la royauté ainsi que par les élites burgondes et wisigothiques. Le paganisme de Clovis pouvait passer pour un moindre mal.
L’Occident en 482.
La construc=on du « regnum francorum » (482-‐613)
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Il importait surtout a Grégoire de Tours de présenter Clovis comme un nouveau Constan3n auquel le Christ s’était aussi révélé avant la bataille de Pont-‐Milvius en 312. L’organisa3on du royaume: De Clovis, il faut aussi retenir l’œuvre du législateur. Dans le domaine civil, il se contenta de confirmer la situa3on existante. D’un cote, les popula3ons gallo-‐romaines con3nuaient a vivre sous le régime de la loi romaine. En 507, la Loi Salique ne s’appliquait qu’aux Francs installes entre Escaut et Loire. Dans le domaine du droit ecclésias3que – qu’on appellera plus tard canonique – Clovis, nouveau Constan3n, renoua franchement avec la tradi3on impériale. Clovis mourut a Paris, le 27 novembre 511. Au début du VIème siècle, Paris, simple cite, était d’une importance toute rela3ve.
Arius d’Alexandrie
Sarcophage merovingien Eglise sainte Genevieve a Paris
La construc=on du « regnum francorum » (482-‐613)
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Les fils de Clovis: Clo3lde ne souhaitait sans doute pas laisser Thierry Ier, le fils aine que Clovis avait eu de sa première épouse rhénane, exercer seul le pouvoir au détriment des fils de la reine: Clodomir, Childebert, et Clotaire. On procède a un partage: a Thierry la région rhénane, a Clodomir la vallée de la Loire, a Childebert la future Normandie, a Clotaire le nord de la Gaule. Il faudra aZendre l’année 534 pour voir les Francs défini3vement victorieux, emmenés par Childebert et Clotaire: a l’instar de l’Aquitaine, une trentaine d’années plus tôt, le royaume burgonde fut équitablement partage entre les vainqueurs. Partage de 511 et de 524
La construc=on du « regnum francorum » (482-‐613)
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La Provence: La conquête du royaume burgonde ouvrait la voie a l’expansion franque en direc3on de la Méditerranée.
Casque de Vezeronce (Rhone-‐Alpes)
La construc=on du « regnum francorum » (482-‐613)
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La Fin de l’Europe gothique: Lorsque Clovis succéda a son père, l’Italie bien que privée d’empereur, depuis 476, était toujours le pivot central de l’Europe occidentale. C’est a ce moment que Jus3nien se lance dans la reconquête de l’Italie. La France et la poli3que italienne de Constan3nople: Etablis a Constan3nople, les empereurs n’avaient pas renonce a l’Occident malgré la déposi3on de Romulus Augustule en 476. Au début du VIème siècle, ils n’étaient certes plus en mesure d’intervenir efficacement, mais ils aimaient a rappeler qu’eux seuls incarnaient la légi3mité du pouvoir. C’est ainsi que Clovis accepta avec reconnaissance les insignes du consulat que l’empereur Anastase lui fit parvenir a Tours. Lorsque débarrassé du danger perse, l’empereur Jus3nien, après avoir mis la main sur le royaume vandale en 534, entreprit la reconquête de la péninsule, il soigna l’alliance de revers avec les Francs.
La construc=on du « regnum francorum » (482-‐613)
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Mais en 569, les Lombards firent irrup3on dans la plaine du Po et se rendirent maitres dans la Péninsule. « Chilpéric, le Néron et le Hérode de notre temps, rentrait de la chasse par une nuit obscure. Arrive un homme qui le frappe d’un coup de couteau sous l’aisselle… Il a dévasté et incendie souvent de tres nombreuses régions. Il n’en éprouvait aucune douleur, mais plutôt de la joie comme autrefois Néron. » Grégoire de Tours. Un conflit qui n’en finit pas: En 584, c’était désormais a Frédégonde de se retrouver seule a Paris, isolee et en compagnie d’un enfant ne quelques mois plus tôt.
Grégoire de Tours Frédégonde
La construc=on du « regnum francorum » (482-‐613)
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La manière spectaculaire et humiliante dont la vieille reine fut aussitôt mise a mort montre bien que Clotaire entendait défini3vement tourner la page d’un conflit qui durait depuis plus de 40 ans pour inaugurer une nouvelle période de l’histoire du peuple franc. Plusieurs historiens l’ont souligne récemment, la dispari3on de Brunehaut, princesse wisigothique, méditerranéenne et finalement encore tres romaine, révèle aussi les transforma3ons plus profondes de la royauté et des élites merovingiennes dont les intérêts s’enracinaient désormais beaucoup plus franchement entre Loire et Rhin, ou émergeaient les forces qui ressuscitèrent l’empire deux siècles plus tard. L’An3quité romaine qui ne finissait pas de s’achever depuis la déposi3on du dernier empereur d’Occident prenait fin, ceZe fois défini3vement.
Supplice de la princesse Brunehaut
Assassinat de Sigebert par un des sbires de Frédégonde
L’apogée de la royauté merovingienne (614-‐639)
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Les règnes de Clotaire II et de son fils Dagobert ont indiscutablement cons3tue l’apogée de la dynas3e merovingienne. Avec eux, le royaume entre pleinement dans le Moyen-‐Age.
Clotaire II, Dagobert Ier et saint Arnoul.
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Les assemblées de l’édit de Paris (614): Clotaire II renoua avec la tradi3on poli3que inaugurée par Clovis en 511. Tous les évêques des différents royaumes furent convoques. Clotaire II avait prix le sage par3 de maintenir l’iden3té des trois royaumes de Neustrie, Austrasie et Bourgogne.
L’apogée de la royauté merovingienne (614-‐639)
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Les caractères de la royauté merovingienne: Au début du VIIème siècle, le souverain restait un chef de guerre germanique dont le charisme était toujours exprime par ceZe longue chevelure qu’arboraient encore, au début du VIIIème siècle, les derniers merovingiens. Les résidences royales: La royauté franque était i3nérante au VIIème siècle. En Neustrie, c’est autour de Paris que se concentraient a par3r du début du VIIème siècle les lieux du pouvoir. Mais c’est surtout Dagobert qui se prit d’intérêt pour le sanctuaire de Saint Denis. Surtout, en décidant de faire de Saint Denis le lieu de sa sépulture, Dagobert instaura la voca3on de nécropole royale de l’édifice. Un roi qui ne partait pas a la tête de son armée risquait de voir s’amenuiser, non seulement son pres3ge, mais aussi ses ressources et sa capacité a les redistribuer.
Paris a l’époque merovingienne.
L’apogée de la royauté merovingienne (614-‐639)
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L’aristocra3e laïque: Si l’autorite royale était respectée a la cour, il pouvait en aller tres différemment des que l’on s’éloignait du palais. Le souverain était tenu de récompenser ses leudes et tel était le prix de leur fidélité. L’autorite royale était moins de s’imposer contre les aristocrates que d’établir un large consensus au sein de l’aristocra3e en redistribuant adroitement biens et charges. Le comte intervenait dans trois domaines: l’exercice de la jus3ce, le rassemblement de l’armée, la percep3on des revenus fiscaux. Charlemagne et ses leudes
Haches merovingiennes
L’apogée de la royauté merovingienne (614-‐639)
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Les immunités religieuses: On assiste a l’associa3on étroite de l’épiscopat aux responsabilités publiques locales.
Le roi Dagobert remet a l’évêque Omer (saint Omer) la crosse, symbole de ses responsabilités pastorales
Une société chré=enne •
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La Gaule du VIème siècle vit sur une tradi3on chré3enne qui remonte au IVème siècle; les évêques sont des personnages de tout premier plan dans la société; le paysage urbain est indiscutablement couvert de lieux de culte aux statuts les plus varies et ceux-‐ci essaiment dans les campagnes au cours du VIème siècle. L’église séculière: Au VIIème siècle, les évêques, les successeurs des apôtres, revendiquent une réelle autonomie, affichée a l’occasion de leurs réunions en conciles. Rome et la Gaule franque: Au Vème siècle, les évêques de Rome avaient eu le souci de maintenir des liens étroits avec leurs collègues gaulois. Rome était encore la capitale poli3que de la par3e occidentale de l’Empire et il paraissait normal que ses évêques jouassent un rôle similaire au sein de l’Eglise. En réalité, c’est la crise ouverte avec Constan3nople qui conduisit Rome a rechercher plus ac3vement le sou3en des évêques francs. Les évêques de Rome avaient commence a faire admeZre l’idée qu’en vertu de la mission confiée par la Christ a Pierre, ils étaient, en Occident du moins, les con3nuateurs par excellence de la tradi3on apostolique. L’évêque reste encore le pivot de l’organisa3on de l’église dans un diocèse. Il préside les offices dans la cathédrale, prêche et administre les sacrements.
Saint Mar6n et l’arbre des païens (Vézelay)
Une société chré=enne
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La chris3anisa3on a la conquête des campagnes: Une église rurale était d’autant plus fréquentée qu’elle possédait des reliques et pouvait se réclamer d’un saint patron. A la fin du VIème siècle, l’heure n’est plus a la conversion spectaculaire et désordonnée mais a la chris3anisa3on en profondeur des comportements par la prédica3on et l’instruc3on. Aucune étude archéologique ne confirme la destruc3on brutale de temples païens. Souvent, le culte des saints permit d’orienter a moindre frais le besoin qu’avaient les fideles d’obtenir un accès plus simple et plus concret au sacre. Le monachisme en Gaule au VIème siècle: Si l’aZrait de la vie érémi3que menée par les pères orientaux et introduite en Gaule par saint Mar3n restait fort, la dimension communautaire prenait le pas, encouragée par les évêques. Le dynamisme du monachisme provençal a pour origine le monastère de Lérins fonde au Vème siècle, au large de Cannes. Sa grande figure est Césaire.
Cloitre de l’abbaye de Lérins
Une société chré=enne
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Les règles monas3ques: La plupart du temps une communauté se formait autour d’un maitre, évêque, ermite, qui déterminait la manière dont s’organisait la vie commune. Benoit composa sa règle pour la communauté qu’il réunît au Mont Cassin a la fin des années 520. Elle se dis3ngue par une grande simplicité et une grande clarté, alors que les autres textes avaient tendance, a force de compila3on, a verser dans une certaine confusion. Rompant neZement avec certains excès de la vie érémi3que, elle rappelle que chaque moine ne peut faire son salut qu’avec le sou3en des autres. Enfin, la Règle insiste sur l’équilibre qui règne entre trois ac3vités: le travail manuel, la « lec3o divina », c’est-‐a-‐dire la medita3on personnelle de la Bible, et enfin l’ Opus Dei (l’Œuvre de Dieu), c’est-‐a-‐dire la prière communautaire sous la forme d’offices rythmant la journée. Au VIème siècle, le monastère aspire a être un monde clos, mais si les individus qui y rentrent rompent avec le monde extérieur, il n’en va pas de meme de la communauté. Le nombre croissant des dona3ons aristocra3ques, foncières ou mobilières, d’autant plus considérables que les fondateurs – qui ne voulaient pas que l’on cessât de prier pour eux après leur mort – donnèrent aux monastères un rôle économique et social qui tendait a devenir considérable.
Saint Benoit de Nursie
Une société chré=enne •
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Colomban et le monachisme irlandais: L’Irlande n’ayant pas été romanisée, le chris3anisme qui s’implanta au cours du Vème siècle, prit une forme tres différente de celle qui existait sur le con3nent. La spiritualité du monachisme irlandais possédait un caractère ascé3que tres prononce, caractérisé par des mor3fica3ons extrêmement rigoureuses. Surtout, le monachisme irlandais con3nuait a exalter l’érémi3sme sous une forme extrême, le pèlerinage perpétuel au nom de Dieu (peregrina3o pro Deo), ce qui l’éloignait de la stabilité prônée au meme moment par saint Benoit de Nursie. La pérégrina3on de Colomban sur le con3nent: Colomban supporta tres mal le droit de regard que les évêques merovingiens prétendaient exercer sur ses fonda3ons, ce qui était pourtant une préroga3ve parfaitement canonique. Il est en effet évident que l’Irlandais fut a l’origine d’une vague de nouvelles fonda3ons aristocra3ques, par3culièrement dans la par3e nord de la Gaule. Le monachisme irlandais fut, en Gaule, le premier promoteur a grande échelle de la règle bénédic3ne.
Saint Colomban
Crypte merovingienne
Une société chré=enne
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La sainteté: Le culte des saints s’est répandue dans l’ensemble de l’Empire romain, a par3r du IVème siècle. Dans le royaume franc, il demeure un phénomène fondamental tant du point de vue de l’expression du sen3ment religieux des popula3ons que de la forma3on d’iden3tés civiques et poli3ques. Il en résulta la promo3on par la vox populi d’un bon nombre de saints proprement gaulois, des le Vème siècle. Le premier, et le plus célèbre d’entre eux, est assurément Mar3n.
Saint Mar6n partage son manteau avec un pauvre.
Sarcophage de sainte Chrodoara
Le lent déclin de la royauté merovingienne
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La mort de Dagobert, le 19 janvier 639, marque assurément un tournant dans l’histoire merovingienne. On observe alors au sein de l’aristocra3e des deux regna une compé33on des plus exacerbées qui prit la forme d’une rivalité accrue entre Neustriens et Austrasiens. Clovis II et le gouvernement de la reine Bathilde: Clovis II n’était qu’un enfant de 5 ans en 639, mais il fut immédiatement reconnu par les leudes neustriens et bourguignons dans son palais, près de Sens. On pouvait alors discerner des volontés centralisatrices qui commençaient a émaner de la cour neustrienne. Il ne faut pas oublier que la conquête franque avait été rapide. Dans la première moi3e du VIème siècle, la Gaule dans son ensemble s’était retrouvée soumise a Clovis et a ses fils, ce qui n’a pas pour autant fait disparaître des par3cularismes herites a la fois d’une romanisa3on plus profonde au midi, et de l’histoire singulière qu’avait connue au Vème siècle l’Aquitaine wisigothique, la Provence ostrogothique et le royaume burgonde. En Provence, l’aristocra3e se retrouvait autour d’un chef – ici nomme autour du 3tre an3que de « patrice » -‐ qui manifestait toujours sa fidélité a l’égard du souverain merovingien mais prenait ses distances avec les maires du palais successifs.
Clovis II le fainéant
La reine Bathilde
Le lent déclin de la royauté merovingienne •
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Alamans, Thuringiens et Bavarois avaient accepte de reconnaître l’autorite de Clotaire II et Dagobert a l’issue de brutales expédi3ons militaires menées par ces souverains, et en raison des lourds tributs qui leur étaient imposes. Conquête et évangélisa3on de la Frise: Etabli sur le liZoral de la mer du Nord, du Rhin, le peuple des Frisons avait peu retenu au VIème siècle l’aZen3on des souverains francs, tout occupes a étendre leur influence vers le sud et a recons3tuer a leur profit l’unité de la Gaule romaine. A sa mort, le 16 décembre 714, Pépin laissait un royaume franc désormais réunifié, en passe de c o n n a î t r e u n e n o u v e l l e e x p a n s i o n , par3culièrement au nord et a l’est, c’est-‐a-‐dire en périphérie de ceZe Austrasie qui l’avait vu naitre. Homme du Nord, Pépin ne s’est guère aventure au-‐ delà de la Loire, laissant ainsi pour quelques années encore l’Aquitaine, la Bourgogne et la Provence vivre une existence autonome.
Les fonda=ons de la puissance carolingienne
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La prise en main de l’héritage de Pepin par son fils Charles Martel: Il s’appuie d’abord sur l’héritage de son père; au sein de son armée, parmi ses par3sans, on trouve naturellement d’anciens fideles de Pépin II. Charles est avant tout un chef de guerre. Sa puissance repose donc pour l’essen3el sur sa force de frappe, laquelle se nourrit des vastes domaines donnes en bénéfice aux fideles du maire du palais. La poli3que expansionniste de Charles Martel a l’Est: La crise de 714 avait montre que le danger était grand de voir les périphéries se dresser contre les Francs: Frisons, Saxons et Aquitains avaient profite du désarroi pour lancer des raids et des pillage, notamment contre l’Austrasie. Comme son père Pépin II, Charles avait compris que l’intégra3on poli3que de la Germanie dans le royaume franc marchait de pair avec son intégra3on religieuse.
Charles Martel.
Boniface, consacre évêque par le pape Grégoire II en 722. Il abat le chêne de Geismar d’un simple coup de hache.
Les fonda=ons de la puissance carolingienne •
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L’extension de la puissance franque dans le Midi: A Poi3ers, la posi3on stratégique choisie par Charles a essen3ellement pour but de protéger la basilique Saint-‐Mar3n de Tours qui, certes, se trouve en Aquitaine puisqu’elle est située sur la rive gauche de la Loire (donc en Aquitaine) mais n’en demeure pas moins un haut lieu de dévo3on pour les Francs, car saint Mar3n est le patron de la dynas3e merovingienne et donc du royaume en général. C o n t r a i r e m e n t a l ’ o p i n i o n communément admise, la bataille de Poi3ers n’avait nullement mis fin aux incursions sarrasines en Gaule, elle a v a i t s e u l e m e n t d é t o u r n e l e s M u s u l m a n s d ’ E s p a g n e v e r s l e Languedoc, qu’ils occupaient déjà en par3e, et la vallée du Rhône.
Les Carolingiens • •
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Pépin, triomphant par la perfidie, se vit seul maitre de toutes les Gaule, tout puissant dans l’Italie par l’humilia3on des Lombards, tout puissant dans l’Eglise par l’ami3é des papes et des évêques, auxquels il transféra presque toute l’autorité législa3ve. L’empire des Francs était déjà vieux et fa3gue quand il tomba entre les mains de Charlemagne mais toutes les na3ons environnantes s’étaient affaiblies : les Saxons étaient pris de dos par les Slaves, les Sarrasins avaient perdu l’unité de leur empire. Les 60 ans de guerre qui remplissent les règnes de Pépin et de Charlemagne offrent peu de victoires mais des ravages réguliers, périodiques ; ils usaient leurs ennemis plutôt qu’ils ne les domptaient, ils brisaient à la longue leur fougue et leur élan. C’est dans son palais d’Aix qu’il fallait voir Charlemagne. Ce restaurateur de l’Empire d’Occident avait dépouille de ses marbres les plus précieux pour orner sa Rome barbare. Toutefois, quelle que fut sa préférence pour les étrangers, pour les leZres de condi3on servile, il avait trop besoin des hommes de race germanique, dans ses interminables guerres, pour se faire tout romain. Il parlait presque toujours allemand. Chaque jour les grands forcent les faibles a se donner a eux corps et biens ; le servage est un asile ou l’homme libre se refugie chaque jour. Et pendant que Charlemagne disserte sur la théologie, rêve l’empire romain, et étudie la grammaire, la domina3on des Francs croule tout doucement. Les hommes et les terres échappaient peu a peu au pouvoir royal pour se donner aux grands, aux évêques surtout, c’est-‐a-‐dire aux pouvoirs locaux qui allaient cons3tuer la république féodale. Celui-‐la meme qui a rêve l’unité est oblige comme Dioclé3en, de partager ses Etats pour les défendre, l’un de ses fils gardera l’Italie, l’autre l’Allemagne, le dernier l’Aquitaine.
Les fonda=ons de la puissance carolingienne •
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L’impossible reforme de l’Eglise: Carloman et Pépin poursuivirent la poli3que inaugurée par leur grand-‐ père Pépin II, qui consistait a soutenir l’effort d’évangélisa3on de la Germanie porte par les missionnaires anglo-‐saxons comme Boniface. L’alliance entre les Francs et la papauté, nouée d’abord par l’intermédiaire des Anglo-‐Saxons, annonçait a la fois le basculement défini3f de Rome en Occident et le rôle éminent que le pape allait progressivement revendiquer dans ceZe par3e du monde chré3en. Fort de l’appui du pape, Pépin convoqua a Soissons – an3que capitale merovingienne, une assemblée, vers la fin de l’année 751, ou il fut « élevé sur le trône et a la dignité royale. » La fonda3on de la dynas3e en 754: CeZe cérémonie est directement liée a la présence du pape en Francien – pour la première fois dans l’histoire de la chré3enté. En acceptant de renforcer l’autorite de Pépin s’il devenait le roi des Francs, le pape Zacharie militait pour une interven3on militaire franque contre les Lombards en Italie, au secours de la papauté.
Pépin le Bref.
Les fonda=ons de la puissance carolingienne
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Le sacre de Pépin le Bref en 754 est probablement le premier véritable « sacre » royal réalise au moyen d’une onc3on sainte. La tradi3on de la royauté sacrée essen3ellement fondée sur le modele davidique: l’onc3on du roi franc peut s’iden3fier a celle du roi David par le prophète Samuel, parce que le peuple qu’il dirige est compris, a l’instar du peuple hébreu de l’Ancien Testament. E3enne II ne s’en 3nt pas la et reconnut également a Pépin le 3tre de patrice des Romains qui lui conférait, a l’égal de l’empereur, la protec3on de la ville de Rome et de l’église de saint Pierre, en échangé de quoi Pépin promit au pape la « res3tu3on » a l’église de saint Pierre les territoires occupes par les Lombards. Sacre de Pépin le Bref par le pape E6enne II
Les fonda=ons de la puissance carolingienne
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La relance de la reforme de l’Eglise: Derrière chaque succès militaire de Pépin et des Francs se profilait de la main de Dieu, c’était du moins ce que les clercs qui militaient dans l’entourage de Pépin proclamaient chaque jour. Quand Pépin disparut en 768, son pres3ge immense et dépassait les bornes du monde occidental: on sait en effet qu’il échangera de nombreuses ambassades avec l’empereur d’Orient et aussi qu’il dépêcha en 765 auprès du calife de Bagdad, al Mansour.
Le royaume franc a la mort de Pépin le Bref Fondée en 762 par le calife Al Mansour (754-‐775), Bagdad compte 1 million d’habitants au Xe siècle : elle est le cœur poli6que, commercial et intellectuel de l’Empire musulman.
De la fonda=on a la fin de l’empire
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La malheureuse expédi3on d’Espagne: Le roi franc accueillit favorablement des envoyés de l’Espagne musulmane, qui demandaient l’appui militaire des Francs contre l’émir de Cordoue. L’occasion était belle d’étendre puissance franque au-‐delà des Pyrénées la et de l’Aquitaine nouvellement soumise. La bataille de Roncevaux: « Les Basques avaient pour eux, en ceZe circonstance, la légèreté de leur armement et la configura3on du terrain, tandis que les Francs étaient desservis par la lourdeur de leurs armes et leur posi3on en contrebas.(…) Et ce revers ne put être venge sur-‐le-‐champ parce que les ennemis, le coup fait, se dispersèrent si bien que nul ne put savoir en quel coin du monde il eut fallu les chercher». La Chanson de Roland: ce ne sont pas les Basques mais les Sarrasins qui tendent un piège a l’arrière-‐garde de l’armée franque.
Illustra6ons de la Chanson de Roland.
De la fonda=on a la fin de l’empire
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Apres avoir mis au pas les Saxons lors d’une grande campagne qui permit de les repousser jusqu’à l’Elbe et avoir implante en Saxe des comtes, Charles, appelé par le pape Hadrien durant l’hiver 780/781, reprit le chemin de Rome. Le jeune Pépin et le pe3t Louis, qui n’avait que trois ans, furent sacres rois par le pape Hadrien et probablement aussi couronnes ce qui préludait a leur installa3on dans deux nouveaux royaumes, définis par leur père, ou ils résideront désormais: Pépin en Italie, Louis en Aquitaine. Les prémisses d’une autorite universelle: Des le début des années 790, Charles a acquis sur l’ensemble des territoires de la chré3enté occidentale – hormis les iles britanniques – une supréma3e incontestable et une autorité qui est déjà reconnue comme universelle.
Charlemagne.. Charlemagne et le pape Hadrien.
Le palais d’Aix-‐la-‐Chapelle •
C’est dans son palais d’Aix qu’il fallait voir Charlemagne. Ce restaurateur de l’Empire d’Occident avait dépouille de ses marbres les plus précieux pour orner sa Rome barbare. Toutefois, quelle que fut sa préférence pour les étrangers, pour les leZres de condi3on servile, il avait trop besoin des hommes de race germanique, dans ses interminables guerres, pour se faire tout romain. Il parlait presque toujours allemand. Chaque jour les grands forcent les faibles a se donner a eux corps et biens ; le servage est un asile ou l’homme libre se refugie chaque jour. Et pendant que Charlemagne disserte sur la théologie, rêve l’empire romain, et étudie la grammaire, la domina3on des Francs croule tout doucement. Les hommes et les terres échappaient peu a peu au pouvoir royal pour se donner aux grands, aux évêques surtout, c’est-‐a-‐dire aux pouvoirs locaux qui allaient cons3tuer la république féodale. Celui-‐la meme qui a rêve l’unité est oblige comme Dioclé3en, de partager ses Etats pour les défendre, l’un de ses fils gardera l’Italie, l’autre l’Allemagne, le dernier l’Aquitaine.
De la fonda=on a la fin de l’empire
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Les condi3ons de l’accession a l’Empire: L’empereur qui siège a Constan3nople a été détrôné en 797 par sa propre mère Irène, qui lui a fait crever les yeux et a pris sa place, ce qui pour les Francs cons3tue un objet de scandale, non pas tant en raison de l’usurpa3on que parce que c’est une femme qui s’arroge le 3tre d’empereur. Les cérémonies de la Noel 800: A peine le roi Charles s’était-‐il agenouille devant le tombeau de Saint Pierre que le pape lui posa une précieuse couronne sur la tête, tandis que le peuple présent dans la basilique entamait par trois fois l’acclama3on rituelle: « A Charles Auguste, couronne par Dieu, puissant et pacifique empereur, vie et victoire! » Apres quoi le pape procéda a l’onc3on – et probablement aussi au couronnement – du jeune Charles. Le seul rituel de couronnement disponible était le rituel byzan3n qui dérivait lui-‐même de l’ancien rituel des empereurs romains: dans tous les cas, c’était l’acclama3on de la foule qui cons3tuait l’empereur et le couronnement peu répandu en Occident, était réalisé en Orient par le patriarche qui, ensuite, se prosternait devant le nouvel empereur. Or, le 25 décembre 800, Léon III n’avait pas aZendu l’acclama3on de la foule pour couronner Charles, il lui avait immédiatement impose la couronne, créant par la même la très longue tradi3on ultérieure portant que seul le pape est capable de cons3tuer l’empereur.
Sacre de Charlemagne par Léon III.
De la fonda=on a la fin de l’empire
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Les dernières années: En 806, a l’assemble de Thionville, Charles présenta un projet de partage de l’empire entre ses trois fils et fit jurer aux grands de le respecter. Apres une succession de deuils inaZendus, il est clair pour l’empereur et la cour que seul Louis d’Aquitaine recueillerait la totalité de l’empire. La prise en main de l’héritage de Charles: C’était donc le roi d’Aquitaine, dument couronne par son père, qui héritait de l’empire. Mais si Louis héritait de l’empire, il héritait aussi de la situa3on poli3que des années 810, bien différente de celle des années 780. Louis d’Aquitaine, le dernier fil de Charlemagne..
Le partage de 806..
De la fonda=on a la fin de l’empire •
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Or toute la dynamique de la société carolingienne – et du même coup, son équilibre – reposaient en fait sur la guerre offensive, qui permeZait au roi de sa3sfaire l’aristocra3e en lui confiant de nouvelles charges, de nouvelles terres et des parts de bu3n. Une fois la paix instaurée, il fallait trouver d’autres moyens pour maintenir l’équilibre entre les groupes aristocra3ques, pour les convaincre de collaborer au bien commun et éviter le développement des tendances centrifuges. Reforme de l’empire, reforme de l’Eglise: il est du devoir de tous les dirigeants, tant laïques qu’ecclésias3ques, d’œuvrer pour préserver intact cet héritage. La fusion complète du corps poli3que avec le corps ecclésial, c’est-‐ a-‐dire non pas la hiérarchie ecclésias3que mais l’ensemble de tous ceux qui ont reçu le baptême. Louis, pourtant âgé de seulement 39 ans, souhaitait régler le problème de sa succession. On prévoyait ainsi que pour conserver l’unité de l’empire voulue par Dieu, seul Lothaire, son fils aine recevrait le 3tre d’empereur et l’autorité sur tous les territoires, tandis que les puinés, Pépin et Louis, recevraient la charge de royaumes périphériques, en l’occurrence l’Aquitaine et la Bavière, avec le 3tre de roi, mais sous le contrôle de leur frère auquel ils devaient obéissance. Il s’agit d’une « ordina3o imperii ». Le traite de Verdun.
De la fonda=on a la fin de l’empire
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Le bouleversement de 833: Lothaire et Pépin commencèrent a lever une armée, ils ob3nrent facilement le ralliement de Louis le Germanique, mais avant toute chose, ils cherchèrent a obtenir l’appui du pape Grégoire IV, auquel ils demandèrent d’intervenir pour restaurer l’unité de l’Empire, toujours pense comme unité de l’Eglise, et aussi pour rétablir l’entente au sein de la famille impériale déchirée. Au bout de trois jours, Louis le Pieux vit son camp déserté par les siens: la rupture de tant de serments de fidélité laissa une trace sur le lieu même, qui fut des lors appelé « le Champ du Mensonge ». Les frères coalises conduisirent leur père au monastère Saint-‐ Médard de Soissons sous bonne garde. Mais la victoire des frères a peine assurée, le front de leur coali3on se brisa a nouveau devant les préten3ons de Lothaire a prendre la place de son père comme seul empereur. Ce qui abou3t a la fuite de Lothaire et a la réhabilita3on de Louis le Pieux le 1er mars 834, solennellement couronne empereur a Metz.
Louis le Pieux.
Abbaye Saint-‐Médard de Soissons.
De la fonda=on a la fin de l’empire
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Les dernières années du règne de Louis: L’aristocra3e franque avait d o n c d é p e n s e b e a u c o u p d ’ é n e r g i e d a n s l e s l u Z e s intes3nes depuis la fin des années 820, alors que se développait le long des cotes de l’Empire une nouvelle menace: celle des pillages perpétrés par les pirates scandinaves, les Vikings, qu’on appelait sur le con3nent les « Normands », c’est-‐a-‐dire les hommes venus du Nord.
Les débuts du royaume de France? •
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Les des3nées du royaume de France de l’ouest, qui n’est pas encore le royaume de France, semblent liées a celles du jeune Charles le Chauve: il n’a que 17 ans a la mort de son père et va devoir conquérir sans héritage. Apres des années d’effort pour maintenir l’unité de l’Empire et de l’Eglise, les Carolingiens et toute l’aristocra3e franque versaient dans la guerre fratricide. Louis et Charles le Chauve ob3nrent la victoire sur Lothaire et celui-‐ci fut contraint de s’enfuir avec ses par3sans jusqu’à Aix-‐la-‐Chapelle ou il s’enferma. On discerne dans le partage de Verdun « les quatre fleuves » sur lesquels se fixera assez durablement la fron3ère du royaume de France: le Rhône, la Saône, la Meuse et l’Escaut. Le partage ne fut pas fait pour les peuples mais pour les vassaux, c’est-‐a-‐dire pour l’aristocra3e impériale. En effet, chaque roi devait maintenir les bénéfices de ses vassaux dans son royaume et il était interdit a un vassal de faire hommage a plusieurs rois. Partage de Verdun en 843.
La naissance de la France •
L’histoire de France commence avec la langue française. La langue est le signe principal d’une na3onalité. Le premier monument de la notre est le serment dicte par Charles-‐le-‐chauve a son frère, au traite de 843.
Les débuts du royaume de France? •
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Un contrat entre le roi et les grands: Les historiens du droit et des ins3tu3ons interprètent aujourd’hui cet accord de Coulaines comme une convenien3a, c’est-‐a-‐dire comme un accord librement conclu entre les contractants qui sont mis, de ce fait, sur un pied d'égalité. On a bien le sen3ment en effet que les grands considèrent ici la royauté comme un partenaire dans un contrat, au point que le fait pour le roi de manquer a ses engagements jus3fierait contre lui la rébellion et la désobéissance. Le problème récurrent de l’Aquitaine et le sacre de 848: Lors du grand rassemblement des laïques et des ecclésias3ques francs et aquitains tenus a Orléans en juin 848. Charles fut reconnu par tous comme roi et sacre par l’archevêque de Sens. CeZe cérémonie se déroulait symboliquement a la fron3ère de trois royaumes francs: la Neustrie, l’Aquitaine, et la Bourgogne. Un royaume dont la paix est sans cesse menacée: Les Francs n’avaient jamais réussi a contrôler la Bretagne, qui ne cons3tuait pas d’ailleurs une priorité pour eux. Charlemagne s’était contente d’organiser la fron3ère en s’appuyant principalement sur la cite de Vannes et en nommant un comte de la marche de Bretagne qui devait surveiller les agissements des Bretons. L’impossible soumission des Aquitains: Sur le « font aquitain », le sacre de 848 n’avait pas résolu tous les problèmes, car pour une par3e, les grands ne s’étaient pas rallie a Charles, a commencer par Guillaume, fils de Bernard de Sep3manie, qui s’était empare de Toulouse et d’Ampurias et complotait avec les Musulmans pour tenter d’arracher la Sep3manie a l’autorité du roi franc.
Les débuts du royaume de France? •
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Les ravages des Vikings: Les Vikings tout a la fois guerriers, marchands, pirates et colonisateurs, sont apparus sur les cotes de l’empire carolingien des le début du IXème siècle. A par3r des années 830-‐840, les incursions scandinaves se développent, avec des floZes de plus en plus importantes, et qui agissent en plusieurs lieux a la fois. Surtout, les Scandinaves commencent a hiverner sur place, notamment en Aquitaine, a Noirmou3er, a par3r de 836, et dans la basse vallée de la Seine, en 851. Les communautés ecclésias3ques étaient les premières cibles des Vikings, en leur faisant acheter leur départ. Mais rapidement, l’autorité publique elle-‐même se mit a verser tribut pour « acheter la paix ». La crise de 858: le mo3f principal des conjures était que Charles le Chauve se montrait incapable de luZer efficacement contre les Vikings. Un grand nombre d’aristocrates prêtent serment de fidélité a Louis le Germanique au palais de Pon3ons. Charles se re3re alors en Bourgogne et aZend son heure avec ses derniers par3sans. Les grands se rallient en masse a Louis le Germanique qui procède a une vaste redistribu3on des charges et des bénéfices en tous genres.
Drakkar d’Oseberg.
Serment de Strasbourg par Louis le Germanique
Les débuts du royaume de France? •
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Cependant le sou3en de l’épiscopat a Charles le Chauve est sans faille. Charles a été oint par les évêques de son royaume, et seuls les évêques, collec3vement, pourraient rompre ce pacte sacre de l’onc3on. Louis se trouve ainsi prive de tout sou3en de l’épiscopat et Charles, depuis son réduit bourguignon, put rassembler des troupes et marcher contre son frère qui est baZu en janvier 859 et qui n’insista pas. L’établissement des grands commandements: La première priorité était de faire la paix avec Louis le Germanique: les deux frères se réconcilièrent a la conférence de Coblence, en juin 860, ou Louis finalement reconnut a Charles le droit de confisquer les charges publiques de ceux qui l’avaient trahi. Ils ne tardèrent pas cependant, pour la plupart d’entre eux, a rentrer en grâce et même a obtenir plus qu’ils n’avaient jamais eu. A par3r des années 860, Charles se rangea en effet a une nouvelle poli3que qui consistait a notamment cumuler des charges comtales dans certaines régions, de manière a cons3tuer de vastes zones placées sous le contrôle d’un chef militaire supérieur a tous les détenteurs de la puissance publique sur ce territoire – ce sont les grands commandements. Lothaire II mourut en 869, sans héri3er légi3me, laissant donc libre cours a l’appé3t de ses deux oncles survivants, Louis le Germanique et Charles le Chauve. Le projet impérial: L’idée de briguer la couronne impériale semble avoir été depuis longtemps dans l’esprit de Charles, sans doute influence par l’aura extraordinaire de son grand-‐père dont il portait le nom.
Les débuts du royaume de France? •
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Charles avait été couronne empereur par le pape Jean VIII, le jour de la Noel 875, soit 75 ans jour pour jour après Charlemagne. Le projet impérial est avant tout un projet romain: la persistance de l’idée impériale vient essen3ellement de a papauté pour qui il est nécessaire d’avoir un défenseur, mais aussi de la volonté de Charles qui se sent inves3 non seulement d’une mission divine, mais aussi de la mission d’accomplir le programme élaboré par son père et par son grand-‐ père. L’idée impériale qui est en revanche totalement abandonnée par les grands du royaume de Charles, tant laïques qu’ecclésias3ques. qui es3ment avoir mieux a faire chez eux qu’en Italie. La montée de la contesta3on et la mort de Charles: Le pape Jean VIII était aux prises avec les Sarrasins qui ravageaient toute la Campanie et la Sabine et s’approchaient dangereusement de Rome. Louis le bègue et le renforcement de la royauté contractuelle: A la mort de Charles le Chauve, le royaume en3er est en effervescence – son fils Louis semble avoir inconsidérément redistribue les « honores » a ses propres fidèles, suscitant la révolte généralisée des grands du royaume, notamment de ceux qui revenaient d’Italie. En fait, très vite, Louis reconnaît qu’il doit son trône au sou3en des grands qui l’ont reconnu, et s’engage a respecter les limites bien définies dans l’exercice de son pouvoir.
Le pape Jean VIII.
Les débuts du royaume de France?
Partage entre les successeurs de Louis le Bègue au traite de Ribemont.
Tableau de la France: La Bretagne La Bretagne, âpre et basse, simple quartz et granit, grand écueil place au coin de la France pour porter le coup des courants de la Manche ; d’autre part, la verte et rude Auvergne, vaste incendie éteint avec ses quarante volcans. La Bretagne bretonnante, pays devenu tout étranger au notre, justement parce qu’il est reste trop fidèle a notre état primi3f ; peu français, tant il est gaulois. A ses deux portes, la Bretagne a deux villes : Saint-‐Malo et Nantes, la ville des corsaires et celle des négriers.
Tableau de la France: L’Auvergne et le Limousin L’Auvergne est un pays froid sous un ciel déjà méridional, ou l’on gèle sur les laves. Les Limousins, plus laborieux qu’industrieux, ils ont beau émigrer tous les ans des montagnes, ils rapportent quelque argent, mais peu d’idées. La chèvre, c’est l’animal de celui qui ne possède rien, bête aventureuse, qui vit sur le commun, animal niveleur, fut l’instrument d’une invasion dévastatrice, la Terreur du désert.
Tableau de la France: Languedoc et Provence Tandis que le Languedoc recule devant la mer, la Provence y entre, elle lui jeZe Marseille et Toulon. Le Rhône est le symbole de la contrée, son fé3che, comme le Nil est celui de l’Egypte.
Tableau de la France: Flandre Flandre: sur ces grasses et plantureuses campagnes, uniformément riches d’engrais, de canaux, d’exubérante et grossière végéta3on, herbes, hommes et animaux, poussent a l’envi, grossissent a plaisir. Le bœuf et le cheval y gonflent, à jouer l’éléphant. La Flandre est une Lombardie prosaïque, a qui manquent la vigne et le soleil.
Tableau de la France: L’Angleterre La guerre des guerres, le combat des combats, c’est celui de l’Angleterre et de la France, le reste est épisode. La luZe contre l’Angleterre a rendu à la France un immense service. Elle a confirme, précise sa na3onalité. A force de se serrer contre l’ennemi, les provinces se sont trouvées un peuple. C’est en voyant de près l’Anglais qu’elles ont sen3 qu’elles étaient France. La Seine marche et porte la pensée de la France, de Paris vers la Normandie, vers l’Océan, l’Angleterre, la lointaine Amérique. Pousse donc ma belle et forte France, pousse les longs flots de ton onduleux territoire au Rhin, à la Méditerranée, à l’Océan. JeZe a la dure Angleterre la dure Bretagne, la tenace Normandie ; a la grave et solennelle Espagne, oppose la dérision gasconne, a l’Italie la fougue provençale ; au massif empire germanique, les solides et profonds bataillons de l’Alsace et de la Lorraine ; a l’enflure, a la colère belge, la sèche et sanguine colère de la Picardie, la sobriété, la réflexion, l’esprit disciplinable et civilisable des Ardennes et de la Champagne. L’Angleterre est un pays, l’Allemagne est un empire, la France est une personne.
La dissoluAon de l’empire carolingien •
Le gouvernement des évêques était convaincu d’impuissance. La France leur échappait, elle avait besoin de mains plus fortes et plus guerrières pour la défendre des nouvelles invasions barbares. A peine débarrassée des Allemands qui l’avaient si longtemps gouvernée, elle se trouvait faible, inhabile, administrée, défendue par des prêtres ; et cependant, arrivaient par tous ses fleuves et par tous ses rivages d’autres Germains bien autrement sauvages que ceux dont elle était délivrée. CeZe différence essen3elle entre les deux époques des invasions portent a croire que les premières, qui eurent lieu par terre, furent faites par des familles, par des guerriers suivis de leurs femmes et de leurs enfants ; moins mêles aux vaincus par des mariages, ils purent mieux conserver la pureté de leur race et de leur langue. Les pirates de l’époque ou nous sommes parvenus, semblent avoir été des exiles, des bannis qui se firent rois de la mer, parce que la terre leur manquait. Il fallut des Sabines à ces nouveaux Romulus. Impuissance du pouvoir épiscopal a gouverner la France pendant ces années de grand désordre : les comtes, les seigneurs, voilà les vrais héri3ers de Charles-‐le-‐ chauve.
Charles-‐le-‐ chauve, entoures de ses comtes et officiers du palais.
Une société qui se pense comme une église
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Le roi carolingien est avant toute chose le chef d’une société chré3enne qu’il doit mener vers son salut et dont il s’es3me responsable: en tant que roi sacre, il peut prendre légi3mement prendre l’Eglise a son service et c’est également l’Eglise qui lui fournit les concepts idéologiques qui légi3ment sa domina3on – ainsi que celle de l’ensemble des élites – sur la société. L’évêque, personnage charisma3que: Les évêques, successeurs des apôtres, ont été ins3tues par le Christ comme episkopoi, surveillants, gardiens de troupeau. Dans chaque cite, on doit trouver un évêque et un comte, qui doivent collaborer, mais dont les pouvoirs ne sauraient être confondus. C’était une manière de luZer contre la mainmise des grandes familles aristocra3ques sur des régions en3ères. L’évêque, au service du roi: L’évêque est seul responsable de ce qui se passe dans son diocèse et il a en3ère autorité sur tous les clercs. On assiste a la mise en place d’une authen3que Eglise royale, en3èrement contrôlée par le souverain, qui choisit les évêques a sa guise. Pour le roi, la charge épiscopale est un « honor » au même 3tre que la charge comtale.
Chapelle Pala6ne, Aix la Chapelle
Une société qui se pense comme une église
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L’archevêque Himcar et la province ecclésias3que de Reims (840-‐882): L’Eglise de Reims avait dans le royaume occidental la par3cularité d’avoir été associée très tôt a la royauté franque, a travers l’épisode du baptême de Clovis aZribue a l’évêque Remi. C’est le mythe de la sainte ampoule qui for3fie la posi3on prédominante de l’évêché de Reims: la légende veut qu’a la prière de Remi, une colombe apparaît dans le ciel, portant dans son bec une ampoule dont l’évêque verse le contenu dans l’eau de bap3stère. Des prêtres ruraux qui cons3tuent une élite: Ces prêtres étaient issus de familles très diverses socialement, et la plupart d’entre eux avaient été éduquées a l’école cathédrale et on pas au monastère; ils étaient en général nommes par l’évêque dans leur région, même si la mobilité géographique n’était pas interdite.
Baptême de Clovis par saint Remi
Une société qui se pense comme une église
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Des prêtres ruraux qui cons3tuent une élite: Ces prêtres étaient issus de familles très diverses socialement, et la plupart d’entre eux avaient été éduquées a l’école cathédrale et on pas au monastère; ils étaient en général nommes par l’évêque dans leur région, même si la mobilité géographique n’était pas interdite. La généralisa3on de la règle de saint Benoit: Sous le règne de Louis le Pieux et grâce a l’ac3on de Benoit d’Aniane, on parvint peu a peu a une véritable uniformisa3on de l’ins3tu3on monas3que. Apres avoir suivi dans son propre monastère, une règle hybride largement inspirée des ascètes orientaux, Benoit rédigea une synthèse de toutes les règles tendant a prouver que tous pouvaient se rapporter a la règle de saint Benoit et il s’efforça des lors de la diffuser en Sep3manie et en Aquitaine avec le sou3en de Louis le Pieux. Le point culminant de ceZe entreprise fut aZeint lors du concile d’Aix la Chapelle de 816 qui proclama la règle bénédic3ne comme norme unique de la vie monas3que dans l’empire franc.
La règle de saint Benoit
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Les pôles de sacralité: Les reliques des saints cons3tuaient le cœur de l’église, le lieu fondamental, le locus, d’ou rayonne la puissance sacrée. Les plus grands personnages de l’aristocra3e franque s’adressaient couramment au pape pour obtenir les reliques issues des tombeaux romains des premiers martyres chré3ens. Les reliques étaient si précieuses qu’on ne les manipulait que très rarement nues, c’est-‐a-‐dire sans qu’elles soient enveloppées de 3ssus de soie ou enfermées dans un reliquaire. Elles étaient des3nées a être enfouies dans les autels des églises, servant aussi de pole d’ancrage autour duquel se déploie le bâ3ment ecclésias3que, qui devient lui-‐ même le centre des pra3ques sociales. L’église comme bâ3ment: Alors que la doctrine des Peres de l’Eglise – et notamment celle de saint Augus3n – ne préconisaient nullement la nécessité du bâ3ment ecclésial, dans la mesure ou Dieu, contrairement aux idoles, est partout et ne peut se laisser enfermer dans un temple de pierre, on voit émerger, a par3r du IXème siècle, la défini3on d’un espace de l’église qui est d’abord pense néga3vement, c’est-‐a-‐dire comme espace impropre a toute ac3vité séculière.
Reliquaire carolingien de Pépin II d’Aquitaine.
Transport des reliques
Une société qui se pense comme une église
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L’autel est alors véritablement place au centre des pra3ques sociales: c’est la qu’on vient prêter serment, affranchir les esclaves, donner ou échanger des biens. Dans le même temps, la fonc3on eucharis3que de l’église se double de la fonc3on funéraire du cime3ère qui l’entoure et qui est une nouveauté radicale dans la pra3que des sépultures de l’An3quité. Le cime3ère du haut Moyen-‐Age est une zone de sépultures collec3ves ou étaient ensevelis de manière indifférenciée les défunts: la terre elle-‐même y était souvent retournée, et les ossements les plus anciens en étaient extraits pour faire la place a de nouveaux corps, il n’y avait donc pas de tombe individuelle. Le baptême reste la pierre angulaire du chris3anisme carolingien. Tout ce qui n’est pas bap3se demeure suspect. Des le milieu du IXème siècle, pamphlets an3juifs et légendes noires permeZent a plusieurs conciles de restreindre les libertés des juifs et surtout diffusent l’idée que les communautés juives sont toujours suscep3bles de trahir.
Baptême de Clovis.
Société aristocra=que et culture des élites
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Toute la société du VIIIème et IXème siècles, est dirigée par un groupe, rela3vement restreint de grands personnages, laïques et ecclésias3ques, qui entourent le roi, le conseillent et le sou3ennent. CeZe frange supérieure de la société a beaucoup profite de l’essor du pouvoir des Carolingiens sur l’ensemble de l’Europe. On évalue l’aristocra3e impériale a une quarantaine de grandes familles au IXème siècle. Et c’est ceZe ap3tude, considérée comme naturelle, a protéger et a commander, qui définit le mieux ce qu’est la noblesse dans le monde franc. Une noblesse qui se fonde, qui se fonde d’abord dans le caractère illustre des ancêtres et donc de la famille. L’inceste est un interdit universel. Il n’existe pas de sociétés humaines ou toutes les femmes soient des épouses possibles pour tous les hommes. Cependant, aucune société n’a pousse aussi loin l’interdit de l’inceste que l’Occident médiéval: toute la parente, que ce soit par le sang ou par alliance, est englobée dans le cercle des unions interdites.
Société aristocra=que et culture des élites •
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Chris3anisa3on du mariage: Non seulement le mariage doit être monogamique, mais il doit être également indissoluble: en principe, on ne doit se marier qu’une seule fois dans sa vie, ce qui restreint évidemment le nombre des héri3ers possibles. Ni la stérilité, ni l’adultère ne sont considérés comme des mo3fs valables de répudia3on de l’épouse et de toute façon quiconque a répudié sa femme ne peut se remarier tant qu’elle est vivante. Les conflits et leur résolu3on: La société du haut Moyen-‐ Age est fondamentalement une société agonis3que: la compé33on y prend de nombreuses formes et n’exclut pas la violence, ce qui peut se développer a l’occasion de rituels pourtant des3nes a pacifier la situa3on, comme les banquets. Les héros de l’épopée carolingienne. Bien entendu, les conflits qui débouchent sur un meurtre sont beaucoup plus difficiles a pacifier: des l’époque merovingienne, le roi, parce qu’il est responsable de la paix publique, doit agir par l’intermédiaire de ses représentants, comtes et évêques, pour éviter que la vengeance, reconnue comme un droit, n’abou3sse a des conflits en chaine qu’il devient impossible de pacifier.
Société aristocra=que et culture des élites
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La culture des élites: L’époque carolingienne correspond a un moment important dans l’évolu3on culturelle de la civilisa3on médiévale: venus d’horizons différents, les leZres de presque toute l’Europe convergent vers les cours carolingiennes, ou ils sont invites et soutenus par les souverains du milieu du VIIIème siècle. La première renaissance carolingienne: Elle est d’abord un mouvement de reforme religieuse, car l’améliora3on du la3n doit servir d’abord des buts de cet ordre, même s’ils ne sont pas les seuls. On met au point une nouvelle écriture, que nous appelons la « minuscule caroline », très lisible car sans ligature entre les leZres et séparant bien les mots les uns des autres. Le palais est le lieu privilégié de la renaissance carolingienne, il possède son propre scriptorium ou travaillent des moines copistes et des enlumineurs, venus eux-‐aussi de toute l’Europe.
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Forma3on et éduca3on: Charlemagne est présenté dans les manuels scolaires de la fin du XIXème siècle comme celui qui aurait invente l’école. CeZe croyance se fonde sur l’obliga3on qu’il fait aux prêtres et aux évêques d’organiser des écoles au niveau de chaque bourg rural, afin d’instruire l’ensemble des garçons. Ce programme repose avant tout sur le souci de former de bons chré3ens, qui soient a leur tour capables d’instruire leur famille. Les meilleurs d’entre eux sont aussi des3nes a la prêtrise. La fameuse « renaissance carolingienne » met l’écrit au cœur du pouvoir et fait de l’écriture un signe incontournable de l’autorité, royale ou divine. La préhistoire du français, c’est l’histoire du la3n parle. Charlemagne parlait lui-‐même couramment le la3n, qui était la seule langue véhiculaire possible d’un bout a l’autre de l’empire, mais sa langue maternelle était le francique et il avait passe toute sa jeunesse en Picardie et le Bassin parisien ou l’on parlait « la langue romane rus3que » que très certainement il devait au moins comprendre. Signature de Charlemagne
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Loin d’être une période de stagna3on, voire de régression économique et démographique comme on l’a longtemps pense, l’époque carolingienne est au fondement de la première croissance européenne. Le grand domaine au cœur de la croissance: Le plus ancien polyp3que conserve est celui que l'abbé de Saint-‐Germain-‐ des-‐Prés, Irminon, a fait réaliser dans les années 820: il décrit plus d’une vingtaine de domaines appartenant a l’abbaye, essen3ellement situes dans la par3e sud du Bassin parisien, et correspondant a plus de 50.000 hectares. Paysans libres, esclaves et dépendants: La société carolingienne n’est pas une société esclavagiste, a la manière de la société romaine classique ou a celle des planteurs américains: les esclaves de peine, c’est-‐a-‐dire ceux dont la totalité de la force de travail est absorbée par le maitre, existent bien, mais ils ne sont pas employés dans le même cadre et surtout, ils ne forment pas l’essen3el de la force de travail. L’esclavage, en tant que système de produc3on, a bel et bien disparu, du moins dans le royaume carolingien de l’ouest. En revanche, au fur et a mesure que s’é3ole la catégorie des esclaves, celle des dépendants ne cesse de croitre.
Polyp6que d’Irminon.
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Les dépendants sont d’abord cons3tués des anciens esclaves, dument affranchis et souvent chasés, c’est-‐a-‐dire installes par le maitre sur une tenure. Des lors que le maitre confiait une parcelle de terre, si mince fut-‐elle, a un esclave et lui donnait la possibilité de prendre femme et de la garder, il transformait son statut d’esclave en statut de dépendant. Etre libre dans la société carolingienne, c’est fondamentalement être capable de par3ciper aux ac3vités publiques: aller a l’armée, prendre part aux assemblées délibéra3ves, prêter serment de fidélité au roi, relever du tribunal comtal. Pauvres et puissants: Le roi est en fait le seul protecteur des « pauvres » dans la mesure ou ceux-‐ci étaient coupes des grands réseaux de solidarité familiale qui assuraient normalement la protec3on de l’individu dans un Etat faible. L’oppression est d’abord le fait des grands laïques, et principalement du comte et de ses subalternes, qui peuvent tourner les instruments de la puissance publique contre les paysans libres: la convoca3on a l’armée permeZait au comte, notamment, d’éloigner de son exploita3on un chef de famille pour une durée significa3ve et surtout a une époque cruciale de l’année agricole. Car la guerre, comme la moisson se fait en été.
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Il ne reste plus au paysan, appauvri et fragilise, qu’a céder les terres dont il est propriétaire et qui sont sa seule richesse, au comte qui lui rétrocèdera sous forme de tenure: la famille du paysan libre conserve théoriquement sa liberté juridique, mais elle ne pèse pas grand chose face au contrat qui la lie désormais au grand propriétaire, pour lequel elle doit travailler de généra3on en généra3on. Le grand domaine phagocyte ainsi progressivement la pe3te propriété libre et la condi3on paysanne a l’intérieur du domaine a tendance a s’aligner sur celle des dépendants non-‐libres. Produire et consommer: L’immense majorité de la popula3on travaille a produire et a récolter de la nourriture, dans le cadre d’une économie qui, si elle n’est pas seulement une économie de survie, connaît quand même les difficultés inhérentes a toute société quasi en3èrement tributaire de la nature, et en par3culier du climat. Pourtant il ne semble pas que le monde carolingien ait connu des maladies de carences aussi graves que celles qu’on peut repérer par la suite, probablement en raison d’un système de polyculture qui permet encore une alimenta3on variée et qui demeure fondée sur la trilogie de l’An3quité: céréales (orge, seigle) – « menus grains » (pois, fèves, len3lles) et vigne.
MoLe castrale du donjon dans l’enceinte du château de Gisors.
Campagnes carolingiennes.
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Indispensables échanges: Le système domanial, qui a permis de canaliser le dynamisme agricole au profit des maitres des domaines, avait un objec3f double: couvrir les besoins propres du seigneur, mais aussi alimenter le marche, au moins dans l’espace régional, voire au-‐delà. La monnaie carolingienne: Elle se caractérise par le monométallisme – a par3r du VIIIème siècle, on ne frappe quasiment plus de pièces d’or, mais des pièces d’argent, les deniers, qui cons3tuent d’abord une monnaie locale. Parmi les professionnels du grand commerce, figurent les marchands juifs qui pra3quent notamment le commerce des esclaves, razzies essen3ellement en pays slave, et achemines a Verdun qui en est le marche principal – pour gagner ensuite l’Espagne ou les esclaves sont vendus a des3na3on des grands marches musulmans. L’encadrement des hommes: Dans certains comtes on voit apparaître, au début du IXème siècle, la charge vicomtale qui vise a remplacer le comte quand ce dernier est absent, notamment lorsqu’il est a la cour du roi. Les principales aZribu3ons du comte sont militaires et judiciaires. Il doit aussi tenir régulièrement une assemblée des hommes libres, le plaid comtal, ou l’on y tranche les li3ges survenus.
Deniers carolingiens.
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La jus3ce au cœur du gouvernement: En principe, c’est a l’accuse d’apporter la preuve de son innocence, car il doit se laver de l’accusa3on pour rétablir son honneur, mais c’est au tribunal de choisir la preuve qu’il doit apporter pour se disculper. Il existe en gros trois possibilités: le serment purgatoire, l’ordalie unilatérale principalement par l’eau bouillante ou le fer rouge, ou encore le duel judiciaire, dit aussi ordalie bilatérale. Les reformes de Charlemagne et de Louis le Pieux ont vise a faire prédominer le témoignage sous serment et l’u3lisa3on de l’écrit, c’est-‐a-‐dire promouvoir une forme de preuve ra3onnelle. De plus, le comte est tout puissant dans sa région, et c’est pour luZer contre d’éventuels abus de pouvoir que Charlemagne et Louis le Pieux ont entrepris de reformer en par3e la jus3ce et l’administra3on locale notamment par l ’ e n v o i s y s t é m a 3 q u e d e « m i s s i dominici », les envoyés du seigneur.
Lorsch, porte de l’ancienne abbaye.
Louis le Pieux.
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Le public et le prive: Outre le serment de fidélité au roi prête par tous les hommes libres âgés de 12 ans, Charlemagne demandent a tous les détenteurs de charges publiques qu’ils se cons3tuent ses vassaux. Charlemagne souhaitait en effet u3liser les liens de vassalité pour mieux structurer l’ensemble de la société: il encourage ainsi tous les hommes libres a se choisir un seigneur, c’est-‐a-‐dire a se cons3tuer vassal d’un plus puissant qu’eux, cela favorise évidemment la montée en puissance des comtes qui sont les mieux places pour recueillir les fidélités. Contrairement a ce que pensait Charlemagne, la pyramide vassalique ne remonte pas jusqu’au roi et la généralisa3on de la vassalité accroit encore la nature hybride du pouvoir qui, dans le haut Moyen Age, relève toujours d’une symbiose entre public et prive. Le but des Carolingiens n’était pas de centraliser l’empire a par3r d’Aix-‐la-‐ Chapelle ou de Compiègne, ni de cons3tuer un embryon d’Etat moderne. Le projet carolingien ressemble bien davantage a une tenta3ve remarquablement réussie, pour restructurer le pouvoir au niveau local, ce qui permet l’accroissement sans précèdent du pouvoir de l’aristocra3e. Pour ce faire, les Carolingiens ont développé une idéologie dans laquelle tout pouvoir public est considéré comme un rôle personnel dévolu par Dieu, un « ministerium » qu’il faut bien remplir pour faire son salut. Les rois et empereurs carolingiens ont empêché le développement d’un charisme exclusivement aristocra3que en récupérant et en replaçant tous les charismes au sein d’une hiérarchie de ministères ordonnes par le roi. Charlemagne a su associer les groupements aristocra3ques qui tenaient les centres de pouvoir locaux et les structures englobantes de l’Eglise – notamment sous la forme des réseaux mémoriaux des grands monastères.
Les histoires de Grégoire de Tours
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Grace a lui et a lui seul, nous connaissons les temps merovingiens mieux que d’autres époques plus rapprochées. Les deux volets de l’œuvre de Grégoire ne se comprennent pas l’un sans l’autre: les livres hagiographiques présentent en effet l’Eglise des saints; les livres historiques, l’Eglise qui progresse vers le salut par l’ac3on des justes, tout en ayant a faire face aux opposi3ons des méchants.