1629-‐1715 Les rois absolus
Introduc)on
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C’est l’époque de la religion de la seconde majesté. Apres l’époque, ou l’on tuait au nom du très haut, voici les guerres du roi, ou l’on offre son sang au nom du souverain devenu, ou redevenu absolu. L’impérieuse raison d’Etat est devenue un moteur d’acGon a parGr des années 1630 au moment même ou, par un étrange paradoxe, triomphait la reforme catholique, ce « siècle des saints ». Mais c’est l’esprit du chrisGanisme de faire respecter les rois avec une espèce de religion, que Tertullien appelle la religion de la seconde majesté. Pourtant au même moment, c’est bien une monarchie de papier qui se met en place, de plus en plus admiraGve, technocraGque est bureaucraGque. « Je m’en vais, mais l’Etat demeurera toujours ». Ce sont la parmi les dernières paroles prononcées par le vieux Louis XIV a la veille de sa mort, en aout 1715.
1629-‐1660: L’absolu)sme extraordinaire
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Avec la quesGon du duché de Mantoue, la France et l’Espagne s’affrontaient a propos de la succession a la couronne ducale. L’intervenGon armée entrainait un peu plus la France dans le conflit qui, depuis 1618, déchirait l’Europe. Apres la mort de Louis XIII en 1643, la régence d’Anne d’Autriche et le ministériat de Mazarin révélèrent au grand jour les contradicGons du système de l’extraordinaire, incarnée par un roi trop jeune Louis XIV (il avait 5 ans…). La majesté royale ne parvenait plus a jusGfier un système qui reposait tout enGer sur la puissance sacrée du souverain,. La noblesse était rongée par le « malcontentement », des révoltes anGfiscales surgirent dans le Sud-‐Ouest (les Croquants) et en Normandie (les Nu-‐Pieds).
Louis de Gonzague, duc de Nevers "Il était italien par son père, le duc de Mantoue, mais devint duc de Nevers par son mariage avec Henriefe de Clèves qui avait hérité dudit duché. Dès lors, il vécut en France et à la cour, dans l'entourage de Catherine de Médicis et se considérant comme français, il avait servi loyalement Henri III et Henri IV.
La Rochelle – un interlude avant le conflit avec l’Espagne
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La grande victoire catholique sur La Rochelle fut fêtée à Paris dans un triomphe païen. Selon le gout allégorique du siècle, Richelieu exhiba Louis XIII déguise en Jupiter Stator, tenant a la main un foudre dore. Le plus grand mal de Richelieu était encore le roi, qui d’un moment à l’autre pouvait lui échapper. L’Espagne, la cour, afendaient la mort de Louis XIII. Sa femme, son frère, chaque maGn, regardaient son visage et espéraient.
Louis XII et Richelieu a La Rochelle
La France ne peut sauver Mantoue
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Il y avait trois ou quatre marches de soldats, des comptoirs militaires ou un homme désespère, et qui ne voulait plus que tuer, pouvait se vendre. 1. L’ancien marche de l’Est ou la Hongrie. Le Danube était la grande école, le grand enrôlement de la cavalerie légère. 2. Exactement contraire en tout était le peGt marche de la Hollande. Peu d’hommes, et très choisis, très bien payes et très bien nourris. Une guerre lente et savante. 3. Le vaste théâtre de la Pologne et de la Russie. 4. Enfin, le grand, l’immense, le monstrueux marche d’hommes était l’Allemagne. Waldstein : Si j’ai quelques soldats, je puis être bafu ; mais si je les ai tous, je ferai la guerre a coup sur, n’ayant affaire qu’aux non soldats, aux paysans mal aguerris, aux moutons.. Waldstein était un grand homme maigre, de mine sinistre, de douteuse race. Pour rien il faisait pendre un homme, mais pour rien il le faisait riche. Et voila pourquoi tout le monde allait à son armée. Chacun voulait savoir sa chance. Il a été le plus fameux condo%ere au service de l'Empire pendant la guerre de Trente Ans, devenu généralissime des armées impériales, duc de Friedland et de Mecklembourg. L’éclipse de la France, pendant deux ans qu’elle passa au maçonnage à murer La Rochelle, profita à nos ennemis. Waldstein avait 160.000 hommes les plus aguerris du monde et s’agitait aux fronGères. Cefe fois, le roi resta au Nord, et Richelieu, nomme son lieutenant, alla, connétable en soutane et généralissime, frapper encore un peGt coup aux Alpes.
Albrecht von Wallenstein le plus fameux condo%ere au service de l'Empire pendant la guerre de Trente Ans
Siècle de Fer plutôt que siècle d’Or
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Cefe guerre calamiteuse que représente la guerre de Trente Ans ravagea l’Europe de 1618 a 1648. Elle avait débute en Bohême par la révolte des protestants contre l’autorité des Habsbourg. En 1648, le traite de Westphalie rétablît la paix dans l’Empire exsangue. Cependant la guerre se poursuivit entre la France et l’Espagne jusqu’au traite des Pyrénées en 1659. Siècle de fer et non d’or que le XVIIème siècle ! On assiste a une brutalisaGon des sociétés européennes pendant la Guerre de Trente Ans. Mais les guerres sont toujours des accoucheuses d’Etat : les guerres ont effet pour répercussion une emprise plus grande de l’Etat sur la société civile. Le temps de Richelieu et de Mazarin est « une époque pâlissante ou l’homme, de moins en moins esGme et compte, semble s’anéanGr dans la centralisaGon poliGque. »
Carl-‐Gustave, le vrai héros du XVIIème siècle
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Michelet a besoin d’un héros pour rabaisser par comparaison Richelieu. Le roi de Suède est la vraie figure révoluGonnaire du XVIIème siècle. Gustave devient chez Michelet le champion de la liberté de l’Europe face à l’impérialisme catholique de Ferdinand II. Ce « bon géant, calme et serein » est sans doute autant le fils spirituel de Rabelais que de Luther. En disposant ses bataillons non en carres comme les tercios espagnols, mais en « ordre mince », c’est-‐a-‐dire en longues lignes de trois ou quatre hommes de profondeur seulement, Gustave gagne en souplesse de manœuvre, les lignes s’écartent et se reforment. « Gustave Adolphe c’est le créateur de la guerre moderne. Il était le représentant du principe opprime, le protestanGsme, celui de la liberté de l’Europe. La Suède parut quelque temps irrésisGble. Elle reprit Calmar sur le Danemark. Elle conquit la Finlande, imposa la paix à la Russie. Elle conquit la Courlande, la Livonie, la Prusse polonaise, imposa la paix à la Pologne. Bien loin de faire des carres épais comme ceux des Espagnols, qui une fois rompus, s’embrouillaient de plus en plus, il mit ses hommes en files simples et du vide derrière, disant : « Si la cavalerie vous rompt, laissez passer, et reformez-‐vous a deux pas. » Gustave crut que le vrai mur, c’est l’homme ferme et que cefe fermeté mobile, dégagée des armures de limaçon sous lesquelles on trainait, est le secret de la victoire. Gustave aux princes allemands : « Votre Allemagne est un vieux corps malade ; il faut des remèdes héroïques. S’ils sont un peu forts ayez paGence. » Richelieu, en entravant Gustave, profita de ses victoires, exploita habilement la terreur de son nom et grappilla sur sa conquête. L’Espagne, bafue sur le Rhin par un peGt parG suédois, tombait dans le ridicule.
Gustave II
Richelieu – « chef du parJ protestant »
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Les protestants qu’étaient-‐ils en substance ? La transiGon du chrisGanisme a la liberté, la liberté naissante, sous forme encore chréGenne. La liberté, c’est la variété spontanée du génie humain. En 1634, Richelieu avait pris enfin deux grandes décisions : rupture ouverte avec l’Espagne, renvoi de la reine espagnole. Cefe dernière mesure eut été un grand coup en Europe. Il y avait bientôt 40 ans que la France n’avait pas fait la grande guerre. Et personne ne la savait plus. Nos genGlshommes duellistes n’étaient pas du tout des soldats. On peut dire que la France s’était sauvée elle-‐même. Ce gouvernement fort, dur, pesant, s’était vu désarme, et loin de se protéger, c’est lui qui, dans la crise, fut protège par la naGon.
Cardinal de Richelieu par Philippe de Champaigne
Richelieu – LuLe contre les deux reines
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Tous étaient pour la paix. Richelieu avait tous les gouts d’un prince italien de la décadence, bon musicien et même compositeur passable, peintre. Il n’avait pas beaucoup de cœur, était sec, dur, parfois cruel. Il ne se fiait qu’a une parente, sa nièce, madame de Combalet. Ce ne fut que peu avant sa mort qu’il fit tout un coup sa fortune, la fit duchesse d’Aiguillon. La reine qui avait tant d’intérêt à être grosse, le devint en effet.
Marie de Médicis
Madame de Combalet Duchesse d’Aiguillon.
Anne d’Autriche
De la guerre…
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Lorsque le guerre de Trente ans s’achève en 1648 avec le traite de Westphalie, on ne peut voir que la détresse d’un royaume parcouru par les soldats, décimé par le retour de la peste et étranglé par le tour de vis fiscal. Paix a l’intérieur, guerre a l’extérieur: L’édit de Nîmes en juillet 1629 mit un terme définiGf aux guerres de Religion qui avaient commence en 1562. L’édit de Nîmes sancGonnait une victoire militaire du roi, ce qui n’était pas le cas de l’édit de Nantes. Ainsi, la poliGque des places de sureté était abolie au profit de la soumission totale. Le désarmement des places fortes protestantes représentait un jalon capital dans le processus d’unificaGon territoriale du royaume. La poliGque de « la ceinture de fer » systémaGsé a parGr des années 1670 par Vauban trouve ici son fondement et son origine.
De la guerre…
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La menace espagnole: La France convoitait l’alliance de la Savoie et de la Lorraine – ce qui la plaçait en concurrence directe avec les Habsbourg. Devenu le défenseur des intérêts du duc de Nevers dans la succession de Mantoue, le roi de France chercha a s’établir en Savoie afin de préserver une voie de passage a travers les Alpes qui lui permit ensuite d’intervenir en Italie. Et malgré un contexte défavorable – la peste, les émoGons populaires – le roi et son ministre choisirent de défier l’Espagne. Cela passait par un rapprochement avec les ennemis de l’Espagne. L’ulGme étape de ce processus fut franchie en novembre 1634, avec le traite de Paris qui unissait la France et la Suède dans la défense des princes protestants de l’Empire. Le roi de France se voyait insGtue en défenseur des libertés poliGques et religieuses menacées par l’impérialisme des Habsbourg. Fortunes et infortunes de guerre : En un an, entre septembre 1631 et novembre 1632, Gustave Adolphe s’était impose comme le défenseur des protestants allemands et il s’était révélé un habile stratège en introduisant de profondes mutaGons dans l’art de la guerre. Apres le traite de Paris, la France prit le relais de la Suède. A Rocroi, le jeune duc d’Enghien, futur prince de Conde, aligna son armée pour proposer a l’ennemi une bataille rangée décisive. Le terrain était favorable au déploiement des tercios espagnols. Grace a une manœuvre brillante et audacieuse de sa cavalerie, il remporta une victoire pleine de panache et célébrée comme telle.
Louis XII, couronne par la victoire Philippe de Champaigne
L’étonnant succès du Cid en 1636
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La quesGon du siècle, c’est la mariage espagnol, redoute d‘Henri IV, accompli par sa femme, presque brise de Richelieu. Une grossesse miraculeuse met dans le trône de France le sang de Charles-‐Quint, Louis XIV, lequel ne combafra l’Espagne que pour prendre son rôle et le conGnuer par la ruine de la Hollande et de la France protestante. Le Cid et son succès naGonal furent un évènement énorme, d’une portée qui n’a jamais été senGe jusqu’ici. En 1636, au lendemain de l’invasion, quand la France entamée douta du génie du ministre et l’accusa d’imprévoyance, l’Espagne éclata au théâtre et y fut glorifiée. « Dans un si grand revers que vous reste-‐t-‐il ? – Moi Moi, dis-‐je, et c’est assez. » (Médée) Le sort, la pensée de la France et son état moral étaient dans cefe formule. Le 10 juillet 1637, au moment ou Richelieu recommençait encore contre l’Espagne une campagne laborieuse, au moment ou la cour l’entourait de complots, son âme liféraire, plus occupée encore du succès de Corneille, éclata toute dans une solennelle ouverture qu‘il fit chez lui de l’Académie Française, contre le Cid et le public. Sur Richelieu planait Corneille. La Chimène, ce fut la reine. Avec ses 37 ans, notre reine espagnole, oubliée, peu comptée, un peu moquée pour ses couches douteuses, refleurit, jeune et pure par la vertu du Cid. La première EdiFon du Cid qui parut alors même que la pièce se jouait encore devant la cour.
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La prépondérance française: Le 24 octobre 1648, la paix de Westphalie est signée. Elle consacre la reconnaissance de l’indépendance des cantons suisses et des Provinces-‐ Unies. Plus que le prince, c’est l’Etat inscrit dans sa réalité territoriale, qui s’affirmait comme le principe d’organisaGon de la religion. En ce sens, la paix de Westphalie contribua a l’émergence du principe étaGque. L’Espagne avait tente de profiter du désordre intérieur provoque par la Fronde pour menacer a nouveau la France. Le ralliement du prince de Conde, qui prit le commandement de l’armée espagnole, ne suffit pas cependant a la monarchie de Philippe IV, ruinée et épuisée par plusieurs décennies de guerre.
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L’état a l’épreuve de la guerre: Ajoutée au fléau endémique de la déserGon, la présentaGon de faux soldats (les passe-‐ volants) lors des revues créait un écart considérable entre es effecGfs théoriques et l’état réel des troupes. La dignité de connétable de France s’était éteinte en 1626 au profit de l’affirmaGon du collège des maréchaux de France. Richelieu: « Il se trouve en l’Histoire beaucoup plus d’armées péries par faute de pain et de police, que par l’effort des armes ennemies ». L’accroissement des effecGfs et la nécessite de lufer sur plusieurs fronts imposèrent a Richelieu d’envisager l’approvisionnement des troupes a une vaste échelle. Les intendants d’armée furent ainsi charges d’organiser le déplacement des soldats a travers le royaume en organisant des « étapes » ou ils pouvaient trouver des magasins pourvus de vivres. Le difficile contrôle de l’appareil militaire: Le roi n’exerçait un contrôle direct que sur le nombre restreint des unités appartenant a sa maison militaire. Les gardes françaises et suisses formaient le cœur des disposiGfs de bataille, tandis que les célèbres mousquetaires étaient souvent employés en « enfants perdus » dans des acGons périlleuses. La hiérarchie militaire était un enchevêtrement de droits et de dignités, ou le statut social des officiers, le presGge de leur unité, l’ancienneté de leurs services modulaient, a l’infini, l’étendue de l’autorité conférée par leur grade. A la violence de guerre s’ajoutait ainsi celle des duels insGtues en procédure d’arbitrage, malgré les interdicGons royales.
La forteresse de Salses a été édifiée entre 1497 et 1502. Ses murailles et ses ouvrages avances lui donnent un aspect intermédiaire entre un château et une citadelle basFonnée
De la guerre…
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Lorsque le roi s’engageait dans une guerre, il devait compléter l’effecGf de son armée permanente par la levée de nouvelles troupes. La levée, puis l’entreGen d’une compagnie ou d’un régiment, s’effectuaient sur le mode de l’entreprise. Responsables de l’uGlisaGon des deniers royaux places entre leurs mains, les capitaines ou colonels devaient en rendre compte lors des revues d’inspecGon – les « montres » qui vérifiaient l’équipement des soldats et, surtout, leur nombre. Pour pallier les insuffisances de ce système, le souverain devait faire appel a des capitaines étrangers avec lesquels il passait des capitulaGons. L’inorganisaGon et l’indiscipline de la cavalerie française avaient persuade Richelieu de la nécessite des recours aux étrangers, qui contribuèrent au redressement spectaculaire des années 1640. Ces troupes expérimentées consGtuèrent l’armature de la cavalerie victorieuse a Rocroi.
Le duc d’Enghien a la bataille de Rocroi
La bataille de Rocroi
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La régente espagnole ouvre son règne de quinze ans par un chemin de fleurs. Sans qu’on sache pourquoi ni comment, cefe étrangère est adorée. En afendant, tout tourne a son profit. Les favoris du dernier règne, les Conde, gagnent une bataille a point pour elle, et font a Rocroi la brillante préface du règne emphaGque de Louis XIV. Les Espagnols se sentaient couverts de tous cotes par ces bois infinis de peGts chênes, qu’on appelle la foret des Ardennes. Restait la vraie Espagne, la fameuse infanterie, comme un gros hérisson de piques, ou on ne mordait pas. C'est au cours du siège de Rocroi par les Espagnols, commandés par le comte de Fuentès, qu'eut lieu la fameuse bataille de Rocroi, le 19 mai 1643, qui vit la victoire des Français sur les Espagnols. Le chef de l'armée française, le duc d'Enghien, plus tard appelé le Grand Condé, révéla ici tout son génie militaire, alors qu'il était seulement âgé de 22 ans. Cefe victoire fut décisive dans la guerre de Trente Ans (1618-‐1648) : elle marqua le retour de la France sur la scène internaGonale après un siècle de défaites et de guerres civiles.
Le duc d’Enghien, futur prince de Conde.
De la guerre…
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Le royaume a l’épreuve de la guerre: Lorsque la menace se fit plus pressante a la suite du désastre de Corbie, Louis XIII étendit l’obligaGon du service militaire aux communautés de méGers, qui furent invitées a fournir leurs apprenGs puis leurs ouvriers. Les étudiants reçurent la promesse d’être dispenses de frais de récepGon a la maitrise s’ils s’engageaient dans l’armée. Les modestes dimensions de l’armée de Louis XIII et du jeune Louis XIV limitèrent l’impact démographique du prélèvement effectue sur les communautés. La guerre ne décima pas parGculièrement la classe des hommes âgés de 20 a 40 ans, mais la société tout enGère, car elle entrainait derrière elle un cortège de fléaux: les destrucGons et les pillages, qui laissent sans ressource des villages, voire des provinces enGères, la famine et aussi la peste. Le logement des gens de guerre était un véritable impôt double d’une menace physique permanente. A tous les niveaux, les moindres détenteurs d’une autorité militaire négociaient et monnayaient leur clémence. .
Peste d’Ashdod, ou les PhilisFns frappes par la peste. Nicolas Poussin.
De la guerre…
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Guerre et misère: La guerre jetait sur les routes les paysans qui fuyaient l’avancée des soldats. La hausse des impôts étranglaient progressivement les paysans qui accumulaient une defe exigible en numéraire. Les arriérés de taille devenaient alors considérables. L’existence d’une pauvreté massive est un caractère dominant de la société d’Ancien Régime. On peut l’évaluer par la nécessite, pour un foyer ou un individu, de consacrer plus de 80% de son revenu, a l’achat du pain, consGtuant la base de son alimentaGon.
Une famille de paysans par Louis Le Nain.
Se débarrasser des pauvres – les hôtels-‐Dieu
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A cote des clercs charges de prier (“oratores”), les nobles étaient ceux à qui incombait d’assurer par les armes (“bellatores”) la défense du troisième état compose de tous ceux qui travaillaient a un Gtre ou a un autre (“laboratores”). Dans la seconde moiGe du XVIIe siècle, cefe réparGGon a largement perdu de sa perGnence. Extrême diversité de la populaGon rurale: quoi de commun entre le gros fermier de l’Ile-‐de-‐France, producteur de céréales et de chevaux pour l’énorme marche de la capitale, et le peGt métayer des bocages de l’ouest armoricain qui culGve seigle et plantes texGles, et fournit en maGères premières son voisin, Gsserand de village, travaillant pour le négociant de la ville proche? Depuis le début du siècle, l’idée s’est répandue qu’il faut séparer les pauvres du reste de la société pour laquelle beaucoup d’entre eux sont une menace et procéder a leur enfermement dans des hôpitaux généraux où ils seront a la fois détenus, nourris, envoyés vers les hôtels-‐Dieu s’ils sont malades.
Hôtel-‐Dieu de Troyes.
De la guerre…
Grandes Misères de la guerre de Jacques Callot
De la guerre…
Grandes Misères de la guerre de Jacques Callot
De la guerre…
Grandes Misères de la guerre de Jacques Callot
De la guerre…
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La série des Misères et malheurs de la guerre de Jacques Callot, éditée en 1633, illustre avec précision l’invasion de la sphère civile par la guerre. Peu de vignefes représentent d’authenGques scènes de guerre, tandis que la plupart représentent les exacGons des soldats et la destrucGon des cadres élémentaires de la vie sociale.
Grandes Misères de la guerre de Jacques Callot
De la guerre…
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Les paysans chasses de leurs terres au terme d’un processus d’endefement ou a la suite d’un accident de la vie partaient souvent tenter leur chance en villes ou les secours et les perspecGves de travail étaient plus importants. De fait, au cours du second Gers du XVIIème siècle, le repli démographique s’est manifeste dans des proporGons proches de 10 a 15%. A environ 18 millions, la populaGon du royaume retrouvait ainsi le niveau d’éGage afeint au sorGr des guerres de religion.
Misère de la France, malheur de Richelieu
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L’enfant fut un garçon, donc un roi. Richelieu demeura sans voix. Sa fatalité était désormais d’avoir désormais pour maitres l’infant de la maison d’Autriche, la régente espagnole. Dans le compliment sec, en deux lignes, qu’il fait a la reine, les paroles lui restent a la gorge : « Madame, les grandes joies ne parlent pas... » L’invincible ennemi dont on ne pouvait se défaire, c’était l’épuisement du royaume, l’abime de la misère publique qui se creusait de plus en plus. On saisissait, on prenait tout jusqu’aux jupes des femmes. L’ordre règne ; les pouvoirs locaux sont écrasés. La grande quesGon du monde en ce siècle et aux trois derniers, c’est celle des biens ecclésiasGques. Elle domine toute la Guerre de Trente Ans. Il était évident que les biens donnes a l’Eglise avaient au Moyen Age diverses uGlités publiques, écoles, hôpitaux, entreGen des pauvres, etc. L’Etat n’existant pas alors (a proprement parler), l’Etat réel, sérieux était dans l’Eglise. Celle-‐ ci, peu a peu, se dégagea des charges, garda les avantages, s’enfonça dans son repos, donnant pour tout secours a l’Etat... ses prières. Richelieu, vaincu dans l’opinion par le drame espagnol et le succès du Cid, vaincu dynasGquement par la grossesse de la reine et l’enfant du miracle, reste vaincu encore dans la quesGon d’argent par la résistance du clergé.
Une royale et chré)enne applica)on
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Le parG dévot avait hérite de l’intransigeance des catholiques ligueurs qui, pendant les guerres de Religion, s’étaient opposes a toute forme de conciliaGon avec les protestants. Au contraire des dévots, Richelieu voyait dans l’Espagne des Habsbourg une puissance rivale résolue a l’affaiblissement de la France. La fédéraGon sous la bannière dévote des opposiGons a Richelieu puis a Mazarin, a contribue a réduire le débat a un affrontement bipolaire entre intransigeance catholique et laïcité de l’Etat. Confirmer les catholiques et converGr les héréGques: La reforme tridenGne s’est caractérisée par un esprit d’offensive qui a invesG l’espace poliGque et social, a la faveur d’un intense et durable élan pastoral. Les saints qui ont marque ce siècle ont souvent été des missionnaires: François de Sales, Vincent de Paul. L’élan pastoral de la reforme catholique – animes d’un véritable zèle réformateur voire, parfois, d’un certain rigorisme, les évêques du XVIIème siècle incarnèrent les exigences spirituelles et l’emprise cléricale de la reforme catholique.
Saint François de Sales et saint Vincent de Paul.
Une royale et chré)enne applica)on
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Spiritualité dévote et engagement parGsan: La parGcipaGon acGve des parGculiers – clercs ou laïcs – au renouveau pastoral représentait une composante essenGelle du mouvement devoir. En 1629, la fondaGon de la Compagnie du Saint Sacrement en une manifestaGon. L’exaltaGon du Saint Sacrement consGtuait, depuis le concile de Trente, l’une des formes privilégiées de l’orthodoxie catholique, face au dogme calviniste qui n’accordait a l’eucharisGe qu’une valeur commémoraGve. Au cours de printemps et de l’été 1630, la poliGque étrangère de la France avait afeint un point d’infléchissement. L’alliance avec les Provinces Unies déclenche une forte opposiGon. La puissance poliGque du courant avait été amplifiée par le souGen que lui avait accorde Marie de Médicis, et de façon beaucoup plus opportuniste, Gaston d’Orléans, le frère du roi. A l’issue d’une violente altercaGon entre Louis XIII et Marie de Médicis, les rumeurs de la cour firent croire au triomphe de la reine mère et au renvoi de Richelieu. Le lendemain, ce fut exactement l’inverse qui se produisit: Louis XIII maintenait sa confiance au cardinal et entreprit de démanteler la coaliGon qui s’opposait a sa poliGque. Marie de Médicis fut disgraciée, puis assignée a résidence de Compiègne, d’ou elle s’enfuit pour se refugier aux Pays-‐Bas espagnols, quifant définiGvement la scène poliGque.
Gaston d’Orléans.
Une royale et chré)enne applica)on
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Les protestants étaient restes fidèles au souverain lors des troubles civils qui avaient agite le royaume, en parGculier pendant la Fronde. Leur parGcipaGon a l’effort de guerre et la graGtude royale se manifestaient avec éclat par leur très forte représentaGon dans le cercle restreint des maréchaux de France: Turenne, Gassion, Rantzau, La Force.
Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de France.
maréchal de Gassion.
maréchal Josias de Rantzau.
maréchal de la Force.
Une royale et chré)enne applica)on
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L’Eglise et l’Etat: Richelieu confirma sa poliGque d’abaissement de « l’orgueil des grands » en réservant la distribuGon des bénéfices majeurs a ses allies. Les élites robines des milieux ministériels en Grèrent un large profit et invesGrent l’épiscopat qui devint plus dépendant du pouvoir royal. Le débat portait sur la nature de la grâce: était-‐elle « suffisante » comme le soutenaient les Jésuites, ou « efficace » comme le prétendaient les Jansénistes? Le chréGen devait-‐il conquérir son salut avec le concours de la grâce ou devait-‐il tout afendre de ce secours que Dieu lui accordait comme un don gratuit et incondiGonnel. Les Jansénistes plaçaient tout leur espoir de salut en un Dieu souverain et insensible aux vaines tentaGves des hommes pour infléchir sa décision de les sauver ou de les damner. Le Jansénisme inspirait une morale sociale criGque et une praGque religieuse marquée par la rigueur de la contemplaGon et de la morGficaGon.
Abbe de Saint-‐Cyran, qui fut l’introducteur du jansénisme en France. Il devint le directeur de conscience de Port Royal, qui devient ainsi une véritable citadelle du jansénisme.
Une royale et chré)enne applica)on
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L’assistance aux pauvres entre police et charité: La prise en charge du problème de la pauvreté par l’Etat s’insérait dans le mouvement de sécularisaGon des poliGques d’assistance, iniGe a Lyon, puis a Paris. Il faut rappeler que le terme de police, au XVIIème siècle, ne désignait pas uniquement la force appliquée au mainGen de l’ordre et a la répression de la criminalité, mais l’ensemble des praGques administraGves ou coerciGves qui organisent l’espace public. La volonté royale de pourvoir au secours des pauvres s’insérait dans le contexte de la reforme tridenGne qui avait redonne la charité une place déterminante dans l’édifice doctrinal de l’Eglise catholique, puisque le secours aux pauvres figurait parmi les œuvres par lesquelles chacun pouvait gagner son salut.
Vue de l’hôpital Saint-‐Louis a Paris.
Une royale et chré)enne applica)on
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La promoGon du culte marial contribuait l’affirmaGon de la catholicité face a l’hérésie protestante. De 1628, la victoire de La Rochelle avait été afribuée a l’intercession de la Vierge. Elle fut célébrée l’année suivante, par l’érecGon d’une église parisienne Notre Dame des Victoires.
Notre-‐Dame des Victoires Saint-‐Louis distribuant les aumônes Luis Tristan
Une royale et chré)enne applica)on
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La promoGon du culte marial contribuait l’affirmaGon de la catholicité face a l’hérésie protestante. De 1628, la victoire de La Rochelle avait été afribuée a l’intercession de la Vierge. Elle fut célébrée l’année suivante, par l’érecGon d’une église parisienne Notre Dame des Victoires.
Le vœu de Louis XIII Louis XIV offrant sa couronne et son sceptre a la Vierge par Philippe de Champaigne.
L’empire du discours
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« L’homme ayant été fait raisonnable, il ne doit rien faire que par raison » Richelieu qui fait écho avec Descartes « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». En affirmant l’essence raGonnelle des hommes, Richelieu jusGfiait sa poliGque de tolérance civile a l’égard des protestants. Le primat de la raison obligeait, en effet, l’Etat monarchique a recourir au moyen de la persuasion plutôt qu’a celui de la violence pour obtenir la conversion des huguenots. De la mesure avant tout chose: HériGer de la pensée de Machiavel, Jean-‐Louis Guez de Balzac, en publiant « Le Prince », contribua a la mise en place de la poliGque de Richelieu en lui donnant une assise théorique. A cefe concepGon de la raison d’Etat, Richelieu préféra la recherche d’une raGonalité d’Etat, suscepGble de s’imposer au prince lui-‐même et de définir une praGque de gouvernement. L’art d’avoir raison: La raison d’Etat n’aurait-‐elle été que le volet poliGque du triomphe d’une raGonalité polymorphe? Existe-‐t’il un rapport entre les différents registres de la raison?
L’Académie dite aussi la réunion d’amateurs – Mathieu Le Nain
L’empire du discours
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L’expérience devint un critère essenGel de validaGon des théories, par opposiGon aux anciens systèmes philosophiques établis sur l’argument d’autorité. Des la fin des années 1610, la marquise de Rambouillet accueillit dans son hôtel de la rue Saint-‐Honoré une société composée de gens de lefres et de condiGon ou la diplomaGe de l’esprit s’exerçait dans un climat de civilité courtoise. L’expérimentaGon exige la maitrise de trois types de savoir-‐faire: la technologie mécanique du disposiGf expérimental, la technologie liféraire du récit d’expérience et la technologie sociale de la persuasion. Si la raison poliGque pouvait se nourrir de la raGonalité scienGfique, l’inverse était également vrai. En science aussi, la raison était poliGque. Quand la science devient poliGque: Pascal entreprit de démontrer que les variaGons de niveau de mercure pouvaient s’expliquer par les différences de pression atmosphérique. « Récit de la grande expérience de l’équilibre des liqueurs » suite a son ascension du Puy du Dôme.
L’empire du discours
Vue de Paris sur le palais du Louvre, prise du Pont-‐Neuf
L’empire du discours
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Liférature et pouvoir: A Paris, les libelles se vendaient et les nouvelles circulaient dans la galerie du Palais, encombre de bouGques desGnées a la clientèle aisée des magistrats du parlement. Le Pont-‐Neuf était occupe par des libraires « étalant », dont les bouquinistes prolongent aujourd’hui la tradiGon. La créaGon de la Gazefe par Théophraste Renaudot est la première revue a grande diffusion – L’essenGel des nouvelles offertes aux lecteurs s’arGculaient autour de trois thèmes présentes par Renaudot: les batailles, les « mystères de la Cour » et les affaires judicaires… et passe progressivement de quatre a douze pages. L’objecGvité revendiquée par Renaudot se donnait l’objecGf poliGque de réfuter «les faux bruits qui servent souvent d’allumefes aux sédiGons intesGnes ». A l’usage, cefe foncGon se révéla prédominante. Richelieu écrivit lui-‐même certains arGcles de la Gazefe qui devint un docile instrument du pouvoir royal. Le règne de la propagande: Dans les « ConsidéraGons poliGques sur les coups d’Etat » (1639), Gabriel Naude a considère le peuple comme le réceptacle passif des idées et des discours véhicules par la propagande.
Le système de l’extraordinaire
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« La nécessite est maitresse impérieuse, qui violente les plus grands rois et qui les oblige a des condescendances involontaires ». Nées de l’adaptaGon de l’urgence a la nécessite, les mesures et les procédures extraordinaires formèrent un véritable système de gouvernement, qui s’appliqua a la jusGce, a l’administraGon et aux fiances. Ce fut l’œuvre de Richelieu. Intendants et officiers: Comme l'indique Richelieu, dans le Testament PoliGque, les dysfoncGonnements de l’administraGon fiscale jusGfièrent la désignaGon d’intendants pour « aller en tous lieux des Provinces s’enquérir des mœurs des officiers de JusGce et des finances; voir si les imposiGons se lèvent conformément aux ordonnances, si les receveurs n’y commefent pas d’injusGces en vexant les peuples, découvrir la façon avec laquelle ils exercent leurs charges; apprendre comme se gouverne la Noblesse et arrêter le cours de toutes sortes de désordres. » L’extraordinaire contre les privilèges: Les intendants furent employés sur d’innombrables fronts ou ils subsGtuèrent la logique de l’extraordinaire, a l’observaGon scrupuleuse des privilèges et des parGcularismes locaux.
Portrait d’Omer Talon. Conseiller d’Etat par Philippe de Champaigne.
Le système de l’extraordinaire •
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Le système fisco-‐financier: Etaient considérés comme extraordinaires des revenus parfaitement réguliers, comme les impôts indirects, mais dont la percepGon était confiée a des intermédiaires agissant en vertu d’un contrat de ferme ou d’un traite. L’analyse de l’évoluGon des revenus de l’Etat montre qu’a parGr de 1605, les recefes extraordinaires sont devenues majoritaires. Les fermes qui existaient depuis le Moyen Age, connurent sous le règne de Louis XIII un a c c r o i s s e m e n t m o d é r é d e l e u r v o l u m e . TradiGonnellement, le système de la ferme concernait les impôts indirects. Un traite était un contrat passe entre le roi et des financiers (les traitants) qui recevaient l’autorisaGon de Grer profit d’une ressource moyennant paiement au trésor des parGes casuelles d’un droit forfaitaire. Il s’agit en clair de vente d’offices. Le cardinal-‐ministre mobilisa massivement la ressource financière procurée par la vente des offices. Plus encore, il profita de la véritable faim d’offices, qui dévorait les élites, pour les a•rer au service du roi. Tout le paradoxe de la poliGque royale se trouvait ici concentre: la vente des offices qui alimentait les recefes extraordinaires, contribuaient a installer durablement les nouveaux acquéreurs dans le foncGonnement ordinaire de la jusGce et des insGtuGons.
Le système de l’extraordinaire
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L’absoluGsme et la loi: La jusGce extraordinaire fut mobilisée dans des circonstances douteuses ou le crime juge paraissait mal établi ou fonde est une simple défiance poliGque. Les fermes qui existaient depuis le Moyen Age, connurent sous le règne de Louis XIII un a c c r o i s s e m e n t m o d é r é d e l e u r v o l u m e . TradiGonnellement, le système de la ferme concernait les impôts indirects. Un traite était un contrat passe entre le roi et des financiers (les traitants) qui recevaient l’autorisaGon de Grer profit d’une ressource moyennant paiement au trésor des parGes casuelles d’un droit forfaitaire. Il s’agit en clair de vente d’offices. Le cardinal-‐ministre mobilisa massivement la ressource financière procurée par la vente des offices. Plus encore, il profita de la véritable faim d’offices, qui dévorait les élites, pour les a•rer au service du roi. Tout le paradoxe de la poliGque royale se trouvait ici concentre: la vente des offices qui alimentait les recefes extraordinaires, contribuaient a installer durablement les nouveaux acquéreurs dans le foncGonnement ordinaire de la jusGce et des insGtuGons.
Henri II, duc de Montmorency. Il refuse de s’allier de Richelieu, il rejoint ainsi les rangs des « Malcontents » qui s’opposent a la poliFque du cardinal ministre. Montmorency et Gaston d’Orléans s’engagent dans une stratégie insurrecFonnelle. Son exécuFon par décapitaFon marqua profondément les contemporains.
Le système de l’extraordinaire
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Le marquis de Cinq-‐Mars et son ami François-‐Auguste de Thou, conseiller d’Etat issu d’une presGgieuse famille de magistrats, formèrent le projet de renverser le cardinal, avec l’aide de Gaston d’Orléans, du duc de Bouillon et le souGen de l’Espagne. Le tribunal compose de maitres de requêtes et de parlementaires condamna a mort Cinq-‐Mars et de Thou qui furent exécutés a Lyon en 1642. Tout le paradoxe de la poliGque royale se trouvait ici concentre: la vente des offices qui alimentait les recefes extraordinaires, contribuaient a installer durablement les nouveaux acquéreurs dans le foncGonnement ordinaire de la jusGce et des insGtuGons. Le duc d’Epernon. Son ascension avait été favorisée par la protecFon d’Henri III dont il fut l’un des mignons. Il reprit de l’importance lors des guerres contre les protestants a parFr de 1622. Gouverneur de Guyenne et colonel général de l’infanterie française, il possédait une solide assise qui lui permit de conserver une certaine autonomie poliFque face au pouvoir grandissant de Richelieu. Le procès intente contre son fils Bernard a la suite du désastre de Fontarabie s’inscrit dans une offensive générale contre la maison d’Epernon qui perdit alors le gouvernement de Guyenne.
La conspiraJon espagnole encore
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Richelieu fit exclure Cinq-‐ Mars de tout conseil, et engagea le roi a reGrer le dauphin des mains de la reine. Cinq-‐Mars s’entendit avec François-‐Auguste de Thou et Gaston de France pour comploter avec les Espagnols. Leur plan prévoyait le renvoi ou l’assassinat de Richelieu, la signature de la paix avec l’Espagne avec une resGtuGon réciproque de territoires. Les Espagnols massèrent une armée de 18 000 hommes dans la région de Sedan pour intervenir aux côtés des conjurés. Une correspondance secrète du marquis fut interceptée par la police de Richelieu. Trahis dans leur confiance, Louis XIII et Richelieu le firent juger puis décapiter à Lyon, avec François-‐Auguste de Thou, le 12 septembre 1642. Cinq-‐Mars avait tue Richelieu. Son maitre, Louis XIII, le haïssait désormais sans retour. Il mourût tellement redoute qu’on n’osait nulle part dire qu’il fut mort, même dans les pays étrangers. Le roi le haïssait.
Le système de l’extraordinaire
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L’applicaGon des droits seigneuriaux était a l’origine de nombreuses contestaGons que les seigneurs réglaient brutalement. La faculté de régler les conflits a coups de canne, de bâton ou d’épée apparaissait a de nombreux genGlshommes comme la marque d’une liberté aristocraGque affranchie du droit commun. Tout le paradoxe de la poliGque royale se trouvait ici concentre: la vente des offices qui alimentait les recefes extraordinaires, contribuaient a installer durablement les nouveaux acquéreurs dans le foncGonnement ordinaire de la jusGce et des insGtuGons. P l u s q u ’ u n e t e n s i o n , l a d i s G n c G o n e n t r e l ’ e x t r a o r d i n a i r e e t l e c o u r s o r d i n a i r e d e l’administraGon et de la jusGce nourrissait un véritable paradoxe. Car les officiers dépossédés de l e u r s a f r i b u G o n s p a r l e s c o m m i s s a i r e s extraordinaires du roi étaient, eux aussi, les agents du pouvoir royal. Des lors, l’impérieuse nécessité, qui recommandait d’outrepasser le « souverain droit » ne risquait-‐elle pas d’affecter le droit du souverain?
Allégorie de la JusFce par Simon Vouet. Considéré comme peintre d’expression baroque, il a réalisé de nombreuses allégories (la richesse, la vertu, la loi, etc.) parmi lesquelles figure la JusFce.
… A la guerre civile
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La conjuraGon des inégaux: Le « tour de vis fiscal » fut a l’origine d’une série de révoltes populaires, qui prirent parfois le tour de véritables guerres civiles. Les impôts royaux: –
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Taille: Principal impôt direct, la taille peut être personnelle ou directe. Personnelle, elle pèse sur les individus (les chefs de feu), en foncGon de leurs capacités et de leur statut (la noblesse, le clergé et les bourgeois de nombreuses villes sont exemptes). Réelle, elle pèse sur les terres roturières. Taillon: InsGtue en 1549 par Henri II, le taillon est desGne a l’entreGen des gens de guerre lorsqu’ils sont loges chez l’habitant. Peu a peu détourné de sa desGnaGon iniGale, il est annexe a la taille dont il devient un simple supplément. Aides: Ensemble des impôts indirects perçus sur les denrées (vin, viande, etc.) commercialisée dans les villes. Le pouvoir royal et les insGtuGons municipales s’en partagent la responsabilité. Droits: Ensemble des taxes perçues sur des opéraGons parGculières. Le droit annuel est du par les officiers qui, en vertu de la paulefe, souhaitent transmefre librement leur charge en échange de paiement de ce droit qui représente le 1/60eme de la valeur de leur office. Gabelle: Impôt sur le sel perçu selon 6 régimes différents.
Mazarin
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Devenu cardinal en 1641, sans avoir jamais été prêtre. Il fut désigné par Richelieu comme son successeur. De fait, le lendemain de la mort de son protecteur, le 4 décembre 1642, il fut nomme principal ministre d’Etat. Sa faveur résista au trouble engendre par la mort de Louis XIII. Apres le a ruine et l’exil provoques par la Fronde, il reconsGtua toutes les assises poliGques et financières de sa posiGon. Il fut au cœur d’un véritable système de gouvernement qui favorisait l’ascension de ses fidèles, dans les finances, dans l’Eglise ou la maison du roi. A sa mort, en 1661, Colbert, qui avait son intendant, fut le principal bénéficiaire du « système Mazarin ».
Mazarin par Philippe de Champaigne
… A la guerre civile
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Les solidarités urbaines a l’épreuve de la révolte: L’ambiguïté des relaGons entre parlement et les couches populaires urbaines fut un moteur essenGel de la Fronde. L’opposiGon constante des magistrats aux édits fiscaux, créant ou augmentant des impôts, leur conférant un statut de protecteur du peuple. Les magistrats des cours souveraines s’opposèrent a la vente par la monarchie de nouveaux offices de maitres de requêtes. Les adversaires les plus résolus de la créaGon de nouveaux offices étaient les officiers déjà en place, qui redoutaient l’amoindrissement de leur propre pouvoir. Pour le public parisien, comme pour les révoltes de Saintonge, les gages dus aux nouveaux officiers signifiaient l’augmentaGon des charges de l’Etat et, a terme, l’accroissement de la pression fiscale. Il s’agissait alors de fermer la ville de Paris, la barricader, dans une posture de défi a l’autorité royale. Barricades St-‐Antoine (aout 1648) Le peuple était levé, et il fit un ouvrage énorme, douze cents barricades en douze heures. L’armée enveloppe Paris, insultant, ravageant comme un pays ennemi. Le roi quime la capitale avec sa mère le 6 janvier 1649. Il est possible de disFnguer trois facteurs d'explicaFon : au niveau fiscal (une pression croissante de la fiscalité royale), au niveau social (une remise en cause des privilèges des parlementaires parisiens) outre l’aspect fiscal, la monarchie touche également aux privilèges de ces parlementaires (les nouvelles créaFons de postes car font baisser le cours du prix de l’office), et au niveau poliFque (le pouvoir royal entend gouverner seul dans le cadre d'une monarchie absolue).
… A la guerre civile
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La Fronde naquit tout d'abord d'un mécontentement général. Celui-‐ci prenait sa source dans la crise économique et l'augmentaGon de la pression fiscale en vue de faire face aux dépenses de la guerre de Trente Ans. Cefe période de révolte marque un brutal fléchissement de l’autorité monarchique en France. Il y deux phases: la première correspond à l’opposiGon des cours souveraines (fronde parlementaire, 1648-‐1649); la seconde à l’opposiGon des Grands (fronde des princes, 1651-‐1653). À ce Gtre, elle peut être considérée comme la dernière grande révolte nobiliaire du XVIIe siècle. En septembre, la Cour s'exile quelques temps à Rueil. C'est là que le vainqueur de Rocroi et de Lens se met à la disposiGon d'Anne d'Autriche: "Je ne saurais souffrir l'insolence de ces bourgeois qui veulent gouverner l'État; je m'appelle Louis de Bourbon...". Par son intermédiaire et celui de Gaston d'Orléans, la Cour et le Parlement tentent de trouver une issue à la crise lors de conférences tenues à Saint-‐ Germain (25 septembre-‐4 octobre 1648). L’Etat avait besoin de garanGr sa defe par sa capacité a prélever l’impôt. Or l’accroissement de la pression fiscale menaçait le rendement de l’impôt par les troubles qu’il engendrait. La Fronde, en ce sens, apparaît comme une révolte de toutes les vicGmes de la faillite du crédit d’Etat, qui reposait, en grande parGe, sur des rentes assignées sur les rentrées fiscales. Elle apparaît ainsi comme une crise de croissance de l’absoluGsme, le moment ou ses ambiguïtés se manifestaient dans les contradicGons des officiers qui en étaient a la fois vicGmes et les acteurs.
Pierre Broussel Conseiller du Parlement de Paris, iniFateur de la Fronde.
… A la guerre civile
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FrustraGons nobiliaires: Il manquait a la noblesse un chef « naturel » capable de porter un projet alternaGf a « la tyrannie de Mazarin ». Mazarin fit arrêter Conde en compagnie de son frère ConG et de son beau-‐frère Longueville. En janvier 1650, la rupture était consomme. En fait, l’idée d’une monarchie aristocraGque, reconnaissant a la noblesse son rôle essenGel de corps intermédiaire, n’avait pas cesse d’occuper les esprits et de jusGfier conspiraGons et révoltes. Les préférences accordées aux favoris, ainsi que l’ascension des hommes nouveaux issus de la robe, choquaient les consciences aristocraGques viscéralement afachées au principe de la jusGce distribuGve. La revendicaGon parGculière de Conde valait pour toute la noblesse et, au-‐ delà, pour l’ensemble de la société. Ainsi s’exprimait l’afachement a un monde ordonne, ou chacun restait a sa place assignée par une « hiérarchie naturelle » en vertu d’un consensus garanG par le roi. Gaston d'Orléans rend publique sa rupture avec Mazarin le 2 février 1651. Les deux frondes s'unissent. Le Parlement réclame la liberté des princes, ordonne aux maréchaux de n'obéir qu'à Monsieur, lieutenant général du royaume (Gaston d'Orléans). Mazarin s'enfuit de Paris le 6 février. Un nouvel arrêt de bannissement du Parlement est promulgué. Le roi et la reine sont retenus prisonniers au Palais-‐ Royal et pour faire taire les rumeurs d'une nouvelle fuite, Louis XIV (12 ans) est exhibé en train de dormir devant la foule (nuit du 9 au 10 février 1651).
Boulainvilliers, Mémoire sur la noblesse: « Les vertus sont personnelles: elles égalent ou approchent de fort près la vraie noblesse ceux qui la praFquent. Mais la grande et haute noblesse a quelque chose de plus; elle consiste dans consiste dans une tradiFon de vertu, de gloire et d’honneur, de senFments, de dignité et de de biens qui s’est perpétuée dans une longue suite de races ».
… A la guerre civile
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De la rébellion a la guerre civile: L’emprisonnement des princes, le 18 janvier 1650, provoqua le soulèvement de quelques grands (Turenne, les ducs de La Rochefoucauld et de Bouillon,…). Les efforts frondeurs se reportèrent alors vers la Guyenne ou ils reçurent le souGen du parlement de Bordeaux. Les grands ne furent cependant jamais en mesure de rassembler une force militaire suffisante pour menacer l’armée royale. En décembre 1650, en dépit d’un renfort espagnol, les troupes frondeuses, commandées par Turenne, furent défaites a la bataille de Rethel par l’armée royale, commandée par du Plessis-‐Praslin. En janvier 1651, une délégaGon du parlement de Paris demanda a Anne d’Autriche de libérer les princes. La régente consenGt finalement a libérer les princes de Conde, ConG et Longueville. Conde, cefe fois, prit personnellement la tête de la rébellion alors que le roi accédait a la majorité. Ces souGens lui permirent d’assembler une armée de 12.000 hommes. Mais sur la longue durée, le choix de la révolte était difficile a assumer pour ces hommes. Beaucoup ne résistèrent pas aux offres de ralliement faites par Mazarin.
Le prince de Conde au siège de Fribourg
… A la guerre civile
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L’union des Frondes princière et parlementaire ne survécut pas, elle non plus, a la diversité des intérêts et des stratégies. Le 4 juillet 1652, le massacre a l’Hôtel de Ville porta un coup fatal a l’alliance. Conde s’enfuit aux Pays-‐Bas ou il se mit au service du roi d’Espagne . Le roi faisait son entrée dans Paris avant de rappeler Mazarin, quelques jours plus tard. En dépit de la diversité de ses acteurs et des revendicaGons, plusieurs convergences lui ont conféré une certaine unité. L’opposiGon a Mazarin fut, bien sur un important point de convergence, mobilisant, il est vrai, des moGfs aussi peu poliGques que l’anG-‐italianisme ou la détestaGon structurelle de la figure du favori.
… A la guerre civile
Mazarinade.
… A la guerre civile
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Le 21 octobre 1652, Louis XIV entre triomphalement à Paris. Il s'installe au Louvre. La déclaraGon royale du 12 novembre 1652 déchoit le prince de Condé de ses dignités et gouvernements (le 27 mars 1654, un arrêt du Parlement le condamnera à mort). Après la Fronde, il conGnue de vivre en exil pendant sept années (octobre 1652-‐novembre 1659). Il esGme ne pas être hosGle "à son roi" mais "au Mazarin". Ce n'est qu'en 1659 qu'il s'en remet à l'indulgence du roi. Une clause du traité des Pyrénées lui permet de recouvrer ses Gtres et ses biens.
Ecu figurant le jeune roi Louis XIV en 1652.
Turenne, le protecteur de la jeune royauté
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Turenne est a l’origine de grandes iniGaGves : i) il arrêta la cour, effrayée de l’entrée des Espagnols qui venaient secourir Conde, il l’empêcha de fuir ; ii) Mazarin s’éloignant encore pour apaiser et faire céder les résistances de Paris (aout 1652), Turenne prit toutes les précauGons pour que cet éloignement ne fut pas définiGf et pour assurer son retour ; iii) il inquiéta les Espagnols qui n’allèrent pas plus loin que Laon ; iv) enfin, il donna a la cour, a la Reine et au jeune roi, le courage de rentrer dans Paris, qu’ils redoutaient toujours. La, ce beau jeune roi, qui la veille avait été si près de rebrousser chemin, fait lire aux magistrats, vaincus sans combats, la défense de se mêler d’aucune affaire publique, ni spécialement de ses finances, ni entreprendre contre ceux a qui il confie l’administraGon. C’est la proclamaGon solennelle et définiGve de la monarchie absolue, du grand règne, et de l’âge d’or, qui, parG de la banqueroute, abouGt cinquante ans plus tard a la sublime banqueroute de trois milliards qui rasa le pays. Hors de la guerre, Turenne était un très pauvre homme, tout a fait terre a terre, et s’il ne fit jamais de mauvaises manœuvres, il fit bien des fausses démarches. Il aimait les hommes ranges, laborieux, a son image, il les faisait tels pour l’intérêt du service. En 1653-‐1654, n’ayant encore que des moyens très faibles, il reprit les places de Champagne que possédait Conde et qui étaient le vrai chemin de l’invasion.
Le maréchal de Turenne.
… A la guerre civile
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Violences souveraines: Il était fréquent, dans la première moiGe du XVIIème siècle, d’associer dans une meme causalité, l’essor des duels et des révoltes. Les genGlshommes mefaient la main a l’épée avec une aisance et une légèreté dénoncée par les moralistes. Le duel apparaissait comme une appropriaGon privée du droit de jusGce, réserve a Dieu et, par délégaGon au roi. L’Eglise avait elle-‐même dénoncé cefe usurpaGon du droit de jusGce, pendant le concile de Trente. Pascal exposait le péril consGtue par la légiGmaGon du recours a la violence dans les revendicaGons d’honneur. Il montrait une société en proie a une situaGon de conflit généralisé ou chacun devenait le seul juge de l’offense et des modalités de sa réparaGon. Gaston d’Orléans, duc d’Anjou, frère de Louis XIII. Ne en 1608, Gaston était le second fil d’Henri IV et de Marie de Médicis. Jusqu’à la naissance du futur Louis XIV, en 1638, il resta donc l’hériFer présompFf du trône de France. Ceme posiFon conféra une dimension parFculière a son a%tude d’éternel conspirateur.
Le cardinal de Retz se disFngua au cours de la Fronde ou il déploya un sens aigu de l’intrigue poliFque. Il fut emprisonne des le retour de Mazarin. Apres une évasion rocambolesque, il vécut un exil qui le mena a Rome.
… A la guerre civile
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En 1635, le succès de l’Illusion Comique et le ridicule de Matamore n’avaient pas empêche, un an après, le triomphe de Cid. Le temps semblait propice a la restauraGon du mythe chevaleresque. Conde en avait fait l’illustraGon, dans sa jeunesse guerrière. Avec son acGon poliGque pendant la Fronde, il porta l’espoir d’une actualisaGon poliGque de l’utopie chevaleresque. Le prince de Conde, incarnaGon du modelé héroïque, tenait a la fois du duelliste et du rebelle. Au delà des violences et destrucGons, la guerre introduisit, entre l’Etat et la société, un nouveau rapport dont la brutalité ouvre le caractère dominant de cet absoluGsme extraordinaire.
Prince de Conde
Gloire et victoire: le traite de Westphalie
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Puer Triumphator. C’est la médaille qui ouvre le grand règne. Le nourrisson royal reçoit les clefs de trente villes ou villages du Rhin, ou l’on entra que pour sorGr. C’est de cefe fumée que Mazarin nourrit la France et la Gnt cinq longues années immobiles pendant qu’il la saignait a blanc: un gouvernement de joueur qui ne ménage rien. Ce gouvernement trouve, en pleine famine, 500.000 écus pour créer l’Opéra. La grande scène du temps, le triomphe du faux, c’est la guerre. Le machiniste, c’est Conde. Une bataille sanglante, de nom sonore, occupait l’opinion. Une bataille sanglante, sans résultât, qu’elle fut meme suivie de revers, cela n’y faisait rien. On avait le coup de trompefe, le changement a vue, et le miracle d’opéra. A vingt-‐deux ans, Conde avait déjà tout de la guerre, le brillant, le sérieux, l’élan et la réflexion ; de plus, la chose rare, très rare dans un jeune homme, une ténacité indomptable, une résoluGon fixe et forte qui l’enracinait au champ de bataille.
Louis XIV jeune par Le Brun
Un maitre et de sujets (1661-‐1715)
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Evoquant la situaGon du roi, a la mort de Mazarin, en mars 1661, Voltaire écrit: « Louis XIV pouvait sans péril avoir ou n’avoir pas de premier ministre. Il ne restait pas moindre trace des anciennes facGons; il n’y avait plus en France qu’un maitre et des sujets. » Les premières vicGmes furent les grands, dont la domesGcaGon fut symbolisée par la soumission du prince de Conde. Passe au service du roi d’Espagne après l’échec de la Fronde, le prince avait du se soumefre aux condiGons imposées par Louis XIV dans le traite des Pyrénées conclu en 1659. La pacificaGon du royaume s’exerça également au détriment du Parlement de Paris, qui avait, lui aussi, éprouve les impasses de la révolte contre une autorité de tutelle. Le parlement fut plonge dans un hiver poliGque, qui ne prit fin qu’en 1715, lorsque le régent Philippe d’Orléans restaura ses droits, en échange du souGen a sa prise de pouvoir. CriGquée par Colbert et épisodiquement remises en cause, la vénalité des offices demeura la forme ordinaire du service royal. A la fin du XVIIème siècle, environ 50.000 officiers servaient le roi dans des charges civiles et 20.000 dans l’armée.
Louis XIV et sa famille déguisée en figures mythologiques par Jean Nocret. Abondamment uFlisée dans les « stratégies de gloire » louis-‐quatorziennes, la référence anFque est ici mise au service d’un discours dynasFque. Louis XIV est représenté en Apollon tenant un sceptre.
Un maitre et de sujets (1661-‐1715)
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La propagande royale était l’instrument du coup d’Etat permanent par lequel le prince exerçait son pouvoir sans partage ni intermédiaire. Alors que les appariGons du roi se limitèrent de plus en plus a la cour et la guerre, sa présence symbolique se répandit par de mulGples canaux: statues et places royales, édifices militaires, imprimes (almanachs occasionnels, gravures) . La guerre resta la grande affaire de ce règne dont elle fit la rudesse et la grandeur. Elle accaparait a elle-‐seule la quasi totalité des revenus de la monarchie et mobilisa plus d’un million de sujets au cours des 25 dernières années du règne. L’engagement librement consenG restait le principe essenGel du recrutement militaire, en parGculier pour les officiers qui n’étaient soumis a aucune forme d’obligaGon. La contrainte, toutefois, ne tarda pas a pallier les défaillances de l’élan volontaire. Il y avait ,en effet, aucun profit a réaliser, ni aucune gloire a conquérir en servant, en simple soldat, le roi dans ses armées. La guerre sous Louis XIV ne pesait plus comme un fléau comme sous Louis XIII, mais comme un fardeau. Généralement, les croyances firent, elles-‐aussi, l’objet d’une poliGque associant surveillance et répression. Le contrôle de l’imprime afeint un degré inédit d’organisaGon avec la créaGon en 1699 d’un bureau de la libraire confie a l'abbé Bignon.
« Tenir son fait des deux mains »
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En 1673, dans une lefre devenue célèbre, Vauban conseillait a Louvois d’inviter le roi a « faire son pré carre ». L’ingénieur recommandait ainsi d’abandonner certaines places fortes isolées en territoire ennemi, afin de tracer une ligne conGnue de forGficaGons. Le gouvernement personne de Louis XIV marque plus nefement qu’auparavant la limite entre le dehors voue a la guerre et le dedans invesG par la police. Le dessein de la France: Le traite des Pyrénées, qui mefait fin a une longue guerre contre l’Espagne, fut le premier a insGtuer la noGon de fronGère naturelle. Pourtant rien n’était moins naturel que cefe fronGère pyrénéenne dont le trace suscita d’âpres discussions.
Entrevue de Louis XIV et de Philippe IV dans l’ile des Faisans par Charles Le Brun. Du cote espagnol, Marie-‐Thérèse se Fent derrière son père. A la suite de ceme entrevue, le mariage de Louis XIV et de Marie-‐Thérèse fut célébré a Saint-‐Jean-‐de-‐Luz. Il était censé être assorF du paiement d’une dot, dont la monarchie espagnole ne s’acquima pas. Ce fut l’un des prétextes du déclenchement de la guerre de DévoluFon en 1667. Les possessions européennes de l’Espagne après la paix des Pyrénées (1659).
La paix des Pyrénées: triomphe et mort de Mazarin
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Mazarin, on l’a vu avant la Fronde, avait exploite le royaume par la force d’opinion que lui donnait une victoire annuelle de Conde. Pendant sept ans (après la Fronde) il se releva, brilla, grandit, par les solides résultats des succès de Turenne. Deux pompes aspiraient d’incalculables forces : i) la grande pompe centrale du fisc, l’exploitaGon violente par un coquin pour un coquin, je parle de Mazarin et de Fouquet a qui il confia les finances ; ii) la pompe universelle de toutes les tyrannies locales, les campagnes livrées aux seigneurs, avides, nécessiteux et luxueux. Dans la crise si grave ou la rivalité mariGme commençait entre l’Angleterre et la Hollande, c’était le moment ou jamais de s’afacher celle-‐ci. Mazarin ne voit la qu’une facilite de pirater. Noble commencement de cefe longue série de so•ses, par lesquelles Louis XIV réussît à rafacher solidement la Hollande a l’Angleterre. Mazarin, par une suite de fautes, avait perdu la Catalogne. Il sacrifia le Portugal. C’est la base réelle de son traite des Pyrénées, le 7 novembre 1659. Mazarin tenait le jeune roi par l’étourdissement des fêtes. Avec le mariage d’Espagne, la France garda les conquêtes de Richelieu, l’Artois, le Roussillon, mais peu ou rien des conquêtes de Mazarin. La France rendit les places fortes de Flandre, le prix des victoires de Turenne. Conde rentra et recouvra ses biens. Il se retrouva prince du sang, gouverneur de Bourgogne, mais perdu pour tout l’avenir. Richelieu travailla, Mazarin recueillît. L’un fit l’administraGon, l’armée, et mourut justement la veille de Rocroi. L’autre gâta tout et réussît en tout. Grand par Conde, et plus grand par Turenne, affermi par l’orage meme et l’avortement de la Fronde, il a ce dernier bonheur qu’on fait honneur à son génie de la paix forcée et fatale où l’on tomba par lassitude. Ce piédestal lui reste. Il garde après la mort ce masque de l’ange de la paix.
Portrait de Mazarin par Pierre Mignard.
Les Mazarinades
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Oublier, rire de tout, souffrir sans chercher de remède, se moquer de soi-‐même, et mourir en riant, telle fut cefe France d’alors. L’instrument des auteurs de libelles comme des écrivains, c’est la nouvelle langue française, née des Mazarinades qui est déjà éGncelante. Adieu le Gaulois, salut au Français. La belle forte langue du XVIème siècle qui si souvent vibre du cœur, était un peu pédante. Elle s’accrochait dans les plis de sa robe, se retardait dans les aspérités (piforesques, admirables) dont elle est hérissée. Cefe langue a subi une transformaGon chimique. Elle était solide et devient fluide. La Fronde avait fait cefe langue. Cefe langue a fait Voltaire, le gigantesque journaliste. Le nom de cefe langue, c’est la raison parlée.
La vision du règne de Louis XIV par Michelet
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Michelet présente le XVIIème siècle comme une longue phase de reconquête catholique intérieure assumée par la royauté jusqu'à la revendicaGon ultramontaine de la bulle « Unigenitus » (1713). La clef du règne de Louis XIV, c’est alors la croisade protestante dont le premier acte est la guerre contre la Hollande (1672) et la deuxième la guerre intérieure contre les protestants français. Trois paliers marquent le parcours qui a conduit au déploiement du despoGsme religieux : i) Henriefe d’Angleterre, Madame, la belle sœur du roi, rappelle l’espoir incarne par Gabrielle d’Estrées. Elle symbolise la possibilité fugiGve que le règne apporte un changement. Molière, Madame et Colbert souGennent la résistance aux forces réacGonnaires en ce début de règne. Les enquêtes de Colbert sur les finances des villes et sur celles de la jusGce (1665) consGtuent « Les grands jours », ces tribunaux excepGonnels qui ont pour mission de réprimer les abus commis par une parGe de la noblesse de province, hobereaux rapaces et juges corrompus. ii) La mort de Madame, l’éclipse de Molière, l’arrivée dans le lit du roi de la grossière Montespan, autant de signes d’un premier seuil. Pour Michelet, la guerre dans laquelle le roi s’engage en 1672 représente un évènement décisif, l’abandon du système d’alliances de revers praGque depuis un demi-‐siècle par la France. C’est la première révélaGon de la monarchie louis quatorzienne, le fond du règne meme, « une guerre de vengeance et de religion ». Les conquêtes de Louis XIV ont détruit les parGs pro-‐français a l’étranger (celui de de Wif en Hollande, celui de la dynasGe des Stuart en Angleterre). La Hollande du XVIIème siècle c’est un France plus française que la France, un pays de science et de libre pensée, organise de façon républicaine. En France, le caractère anGnaGonal de la royauté transparait dans la construcGon de Versailles. Le roi quife la capitale, lieu naGonal, pour un palais qui ne représente que lui. iii) Un nouveau tournant de dessine. En 1675, Turenne est tue au combat. «La scène change. » Madame de Maintenon apparaît comme la mauvaise fée de ce troisième acte du drame. Ce mariage nocturne aux connotaGons funèbres, est célèbre au moment meme ou la RévocaGon oblige les familles protestantes a la séparaGon et la l’exil. La RévocaGon est l’évènement anGthéGque de la RévoluGon française.
Portrait d’HenrieLe d’Angleterre
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Henriefe ne fut jamais la femme matérielle qu’il fallait a Louis XIV ; elle était surtout maigre. Son mari, Monsieur, n’était guère un homme et n’aimait pas les femmes. Il était le plastron du roi ; il s’en moquait tout le jour. La joie de Monsieur fut au comble lorsqu’il vit a Fontainebleau le roi ne plus pouvoir se passer de Madame, arranger tout pour elle, chasses, bals et parGes, et la faire enfin la vraie reine. Il pensait qu’il gouvernait. Et Madame aussi n’en était pas fâchée, et laissa faire. Mais progressivement, la situaGon de Madame était fort triste. Le grand parG dévot, le tartuffe de la religion, lui avait fait perdre crédit. Chacun voyait la disgrâce ou Madame tombait, le froid mortel du roi. Bossuet, pour la première fois, trouva des vrais mots d’homme : « Madame fut douce envers la mort, comme elle l’était pour tout le monde.”
« Tenir son fait des deux mains »
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La guerre de DévoluGon: Elle est issue de la quesGon de la stabilisaGon de la fronGère septentrionale. Apres le siège de Tournai, le siège de Douai consGtua une étape importante de la campagne triomphale menée par Louis XIV en Flandre.
Louis XIV visitant une tranchée pendant la guerre de DévoluFon
Entrée solennelle de Louis XIV a Douai par Van der Meulen.
La guerre de Flandre
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La guerre de Flandre, pour la cour, c’est le moment joyeux du règne de Louis XIV, une amusante fête. Le digne monument de cefe agréable campagne est notre porte Saint-‐MarGn : monument héroïco comique, bas, lourd, farce de vermicelles.
« Tenir son fait des deux mains »
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C’est toute l’ambiguïté de la poliGque guerrière de Louis XIV: elle est a la fois l’héritage d’une concepGon de la grandeur monarchique tout enGère contenue dans la gloire de la conquête et la mise en place d’un nouveau système administraGf, poliGque et militaire, qui visait a assurer la pérennité de la dominaGon, par le contrôle des territoires nouvellement soumis. On décèle ainsi dans la poliGque de Louis XIV une tentaGon de la gloire qui semble parfois s’être subsGtuée a la poursuite d’une poliGque suivie. Pourtant, a la différence de Louis XIII qui ne parvint jamais a se donner les moyens de contrôler les territoires, Louis XIV sut assumer le prix de ses victoires. La poliGque des réunions: Louis XIV recherchait également la réducGon des villes et des territoires a l’obéissance, la soumission et la souveraineté. La chambre des réunions du parlement de Metz se livra a une poliGque systémaGque de grignotage du territoire local. C’est ainsi qu’a la mort du duc de Deux-‐Ponts, Louis XIV occupait une posiGon suffisamment forte pour s’approprier les possessions alsaciennes du duché, au détriment du roi de Suède Charles XI, qui en était le souverain légiGme. La guerre de Hollande 1672-‐1678.
Le passage du Rhin par Louis XIV devant Tolhuis par Van de Meulen (1672).
La guerre de Hollande
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La Hollande était France. Nos rois l’avaient soutenue. Notre meilleur sang y avait passe. Nous y éGons plus que chez nous. Une France libre, une France de sagesse et de raison. La Hollande, si bien gardée de la mer, ne voulut jamais vers la terre faire des digues contre ce déluge d’hommes, la plupart affames, malheureux et persécutes. Le gouvernement de la Hollande était économe et son chef M. de Wif ménageait les hommes. En revanche, le chaos de la fausse Hollande était parfaitement représente par cefe famille d’Orange. Elle était de l’Empire ; elle avait un pied en Provence, un autre aux Pays-‐Bas. Véritables héros modernes, sans préjugés, sans faiblesse de cœur, qui ne connurent ni famille, ni amiGé, ni services rendus, foulèrent aux pieds père et patrie. Conde, ayant été blesse des la première affaire, le seul général fut Turenne, le nouveau converG au catholicisme, bien entendu sous le commis Louvois. Le roi écrivait de sa main les règlements et les ordres du jour. La Hollande, c’était un grand jardin, un trésor de richesse et d’art ; c’était l’asile universel des esprits pacifiques, qui ne demandaient rien que la possession tranquille d’une libre conscience. L’appariGon subite de ce monstre de guerre, d’une armée de 120.000 hommes, fut vécue par la plupart comme le dernier jour du monde. Ruyter, ayant surpris les flofes combinées d’Angleterre et de France et leur ayant livre une terrible bataille, l’une des plus furieuses du siècle, leur fit éprouver de telles pertes que des lors il n’y eut plus a songer a une descente. La grande Amsterdam lâcha les écluses d’eau douce, perça les digues, livra a l’Océan l’admirable campagne qui l’entoure.
« Tenir son fait des deux mains »
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En juin 1684, la France signa avec les puissances de la quadruple alliance (Empire, Espagne, Suède, Provinces-‐ Unies) la trêve de RaGsbonne qui reconnut de fait les réunions effectuées depuis 1 6 7 9 . M a i s c e t r i o m p h e apparent de la poliGque Louis-‐ Quatorzienne rendit hosGle la plupart des Etats Européens. La ligue d’Augsbourg, consGtuée en juillet 1686, et sans cesse augmentée par l’arrivée de nouveaux coalises, sancGonna cefe réalité diplomaGque qui abouGt a la guerre.
La guerre de la ligue d’Augsbourg. Il s’agissait en amaquant le PalaFnat et les Pays-‐Bas espagnols de protéger la ligne de défense française en Frant l’ennemi loin d’elle et en affaiblissant sa capacité a lancer des offensives depuis les territoires les plus proches 1672-‐1678.
« Tenir son fait des deux mains »
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En 1697, la paix de Ryswick mit fin a la guerre dite de la ligue d’Augsbourg. La resGtuGon de la Lorraine au duc Léopold Ier et du Luxembourg a l’Espagne signent le recul français.
« Tenir son fait des deux mains »
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La guerre de succession d’Espagne et l’équilibre européen: ParGculièrement longue – la plus longue du règne – cefe guerre fut marquée par une série de revers militaires, dont l’enchainement et l’ampleur parurent inouïs: Ramillies, Blenheim, Turin, Audenarde… Seul un ulGme revirement du sort des armes (Denain, 1712) permit la Louis XIV de négocier convenablement la paix d’Utrecht. Désormais, l’Angleterre était l’arbitre du nouvel équilibre européen, qui voyait émerger de nouvelles puissance: la Prusse, a la tête de laquelle les Hohenzollern avaient reçu la dignité royale; les Provinces Unies qui avaient résiste a la France et dont l’alliance avec l’Angleterre était forGfiée par des échanges commerciaux et culturels. Bien sur, la France demeurait la puissance dominante de l’Europe, mais elle ne pouvait plus agir en prédateur universel, car elle devait désormais composer avec d’autres pays capables de s’opposer a elle.
« Tenir son fait des deux mains »
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De l’annexion a l'intégraGon: En devenant français, les nouveaux territoires entraient dans une nouvelle réalité spaGale. L’emprise du roi de France se manifestait alors par la construcGon de forGficaGons: Dunkerque, Besançon, Strasbourg. Des chanGers pharaoniques mobilisèrent les ressources et les p o p u l a G o n s l o c a l e s , q u i é p r o u v è r e n t l a concrètement la dominaGon du roi Soleil. Les ingénieurs établirent paGemment les plans et la cartographie des contours de la France. Une masse gigantesque de mémoires, de cartes, de rapports fut ainsi expédiée au secrétaire d’Etat a la guerre, a Vauban ou au marquis de Chamlay .
Le collège des quatre naJons. Sur la rive gauche en face du Louvre, le Collège des Quatre NaFons fut édifie entre 1662 et 1688 selon les plans de Le Vau. Sa fondaFon répondait a une volonté couchée par Mazarin sur son testament. Le cardinal avait légué une parFe de sa fortune pour y accueillir 60 genFlshommes issus des « naFons » récemment annexées au royaume de France: l’Artois, l’Alsace, le Roussillon et Pignerol. Ceme entreprise était censée contribuer a la fidélisaFon des élites locales par une forme d’intégraFon culturelle.
Vauban et Turenne, les deux bras armes de Louis XIV
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Avec Vauban, la guerre des machines et des murs commence par le perfecGonnement du génie, de l’arGllerie. Ces arts nouveaux, cefe terreur de bombardements, donnaient de rapides succès. Il ne fallut a Vauban que deux mois pour reprendre la Franche-‐Comté. La Suisse y perdit sa vraie fronGère, dont la neutralité l’avait couverte durant 200 ans. Avec la destrucGon calculée du PalaGnat, Turenne fit soigneusement manger, consommer ce qui put se consommer, puis détruire le reste, saccager, incendier tout, faire, autant qu’on put, le désert.
Turenne, le ravageur du PalaFnat.
« Tenir son fait des deux mains »
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Guerre a l’extérieur, police a l’intérieur: De part et d’autre de la fronGère, les soldats n’étaient plus censés faire le meme méGer. Au-‐delà, s’étendait le domaine de la guerre, en deca régnait la police. Dans les années 1680, la terreur exercée par les dragonnades sur les protestants reposa tout enGère sur la transgression de cefe séparaGon. On mit en place parallèlement l’enregistrement de tous les gens de mer, qui se voyaient astreints a un service régulier sur les bâGments du roi, une année sur trois ou quatre selon les périodes.
Combat entre un corsaire français et un navire de ligne anglais.
Autorité et compromis
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« La mort du cardinal Mazarin, le 9 mars 1661, exerçant seul en plein la toute puissance royale jusqu’au dernier instant de sa vie, remit les rênes du gouvernement entre les mains du roi qui a souvent avoue que, jusqu’alors, il n’avait été monarque qu’en peinture. » Saint Simon. Le nouveau système de gouvernement reposa sur une réorganisaGon des conseils du gouvernement qui permit l’affirmaGon, puis le triomphe de deux figures majeures du pouvoir ministériel. Colbert, qui avait prémédité et provoque la chute de Nicolas Fouquet, et lui succéda dans la direcGon des affaires financières. Louvois, quant a lui, fut associe a son père a la tête du département de la guerre des 1662 avant d’en prendre la direcGon effecGve en 1667. En 1683, a la mort de Colbert, Louvois récupéra une parGe des afribuGons de son ancien rival. Il acquit ainsi les surintendances des bâGments et des postes et exerça sur le gouvernement de Louis XIV une influence désormais sans partage. Sa mort en 1691 a été mise souvent en parallèle avec celle de Mazarin 30 ans plus tôt. La direcGon des affaires: Le conseil d’en haut devint un véritable conseil d’Etat. Louis XIV en limite l’accès aux ministres et secrétaires d’Etat en charge des finances et des quatre départements: marine, maison du roi, guerre et affaires étrangères.
Louis XIV tenant le sceau royal.
Louvois.
Colbert.
Autorité et compromis
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L’essor poliGque du nouveau protège du roi fut indissociable de la rapidité et de la brutalité avec lesquelles il orchestra la chute de Nicolas Fouquet. En 1669, Colbert devint secrétaire a la Marine, qu’il contribua de façon déterminante a organiser, au point de passer pour le véritable créateur de « la Royale ». L’accumulaGon des charges et le népoGsme ont démulGplie le pouvoir colberGste, qui bénéficia aussi de la structuraGon des départements ministériels dotes d’un personnel plus nombreux, charge de compétences de plus en plus précises et reparGes selon une division raisonnée.
Portrait de Nicolas Fouquet par Charles Le Brun. Il s’impose en rétablissant la situaFon financière de la monarchie et en restaurant la confiance des créanciers de l’Etat.
Le château de Vaux-‐le-‐Vicomte. Situe près de Melun, il a été construit en une durée extrêmement brève, de 1656 a 1661. Fouquet y mobilisa les plus grands talents de son temps: Le Brun, Le Vau, et Le Notre.
La fin de la grande époque éJncelante
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La grande époque de la force éGncelante, celle de Pascal et de Molière, est close par la mort de ce dernier (1674). Racine s’éclipse (1676) après Phèdre. Mais La Fontaine publie ses dernières fables en 1679. Mais Bossuet est debout et il souGent le faix du siècle par un livre imposant, le Discours sur l’Histoire Universelle (1681). Une noblesse générale est dans les choses, tendue sans doute et emphaGque, comme la grande galerie de Versailles.
François Michel Le Tellier, marquis de Louvois. Le déclenchement de la guerre de Hollande en 1672 révéla toute sa science de l’organisaFon ainsi que son influence auprès du roi..
La mort de Colbert
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Colbert fut dévore par trois grands peuples improducGfs : i) le peuple noble, qui de plus en plus vit sur l’Etat ; ii) le peuple foncGonnaire, que le progrès de l’ordre oblige de créer ; iii) troisième peuple, l’armée permanente, énormément grossie. En imposant la perfecGon aux industries françaises, il espérait autoriser nos produits devant l’étranger, les faire acheter de confiance. Mais, en revanche, il empêchait la fabricaGon inferieure de saGsfaire aux besoins moins exigeants des classes pauvres. Sous Mazarin, la France misérable, en guenilles, buvait encore du vin ; mais sous Colbert, de l’eau. Sous lui, les fermes générales ne sont plus données a la faveur, mais a l’encan, au plus offrant, et elles rapportent davantage.
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Colbert: “ResGtuer à la France le transport mariGme de ses produits; développer les colonies et les afacher commercialement à la France; supprimer tous les intermédiaires entre la France et l’Inde; développer la marine militaire pour privilégier la marine marchande.”
Jean-‐BapJste Colbert. En 1651, il fit le choix judicieux d’amacher sa fortune a celle de Mazarin, dont il devint l’intendant. Sur son lit de mort, le cardinal le recommanda au roi. Des lors, l’ascension de Colbert accompagna la prise en main du gouvernement par Louis XIV. Il devint contrôleur général des finances en 1665. il se consFtua ensuit un véritable empire ministériel en cumulant les foncFons de secrétaire d’Etat de la Maison du Roi et de la Marine en 1669. il fut également surintendant des bâFments, arts et manufacturiers, surintendant des postes, grand-‐maitre des mines et minières de France et surintendant des eaux et forets.
Autorité et compromis
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La praGque administraGve: Le marquis de Chamlay présenta a Louvois les avantages d’un système de défense si parfaitement réglé qu’il pouvait s’affranchir des alea du facteur humain. L’espoir de soumefre la guerre a un système d’équaGons strictement paramétré était une utopie d’ingénieur, mais il s’accorda parGculièrement bien avec la praGque de gouvernement qualifie de « guerre de cabinet ». L’orgueil des grands: Les condiGons du pardon royal et de la soumission du prince rebelle furent âprement discutées et intégrées a la version finale du traite des Pyrénées. En échange de sa contriGon, le prince de Conde retrouvait ses charges et sa fortune. « Sans envie, sans fard, sans ostentaGon, toujours grand dans l’acGon et dans le repos, il parut a ChanGlly comme a la tête de ses troupes. » Oraison funèbre de Bossuet. Les gouverneurs, lieutenants généraux et commandants en chef devinrent de véritables agents de l’autorité royale. Ils représentaient leur province auprès du pouvoir central et le pouvoir central auprès de la province. Le pouvoir des grands se mesurait désormais a leur crédit auprès d’instances dont ils n’étaient pas les maitres. En définiGve, seul le mécénat leur permefait d’entretenir l’apparence d’une autorité souveraine.
Le grand Conde.
Le château de ChanJlly, domaine des Conde.
Autorité et compromis
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Conde prit un intérêt parGculier a la protecGon des arGstes et des écrivains hétérodoxes. Il protégea Molière après le scandale de Tartuffe. Il défendit également Malebranche. A Saint-‐Cloud, Philippe d’Orléans, le frère du roi, confia le programme décoraGf de son château a Mignard, qui prit l’exact contrepied de la solennité de Versailles. Monsieur choisit en effet de consacrer sa résidence aux plaisirs, a l’art et au badinage, tandis que la demeure royale était vouée a la gravite, a la grandeur et au sublime. Jean-‐BapJste Poquelin, Molière.
Le château de Saint-‐Cloud, domaine de Philippe d’Orléans. Tout était conçu comme dans la personnalité meme de Monsieur, pour présenter l’envers frivole de la gravite royale et versaillaise.
Autorité et compromis
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Les faux semblants de la remise en ordre financière: En 1666, Colbert ordonna aux intendants de mener une vaste enquête de noblesse desGnée a lufer contre les exempGons fiscales en démasquant les usurpateurs injustement déchargés du poids de la taille. Les mêmes incohérences pesèrent sur la réparGGon de l’impôt entre pays d’Etat et pays d’ElecGon. Les premiers bénéficiaient du privilège exorbitant de négocier le poids de la taille et de s’en acquifer par le paiement d’une somme forfaitaire. L’administraGon des deniers publics se trouva ainsi assurée par une compagnie d’entrepreneurs prives, qui ne se disGnguaient pas leurs intérêts parGculiers de ceux de l’Etat. Des 1665, Colbert avait envisage d’assainir le marche des office, voire de supprimer la vénalité. Mais la perspecGve d’une reprise de la guerre contre l’Espagne, a la suite de la mort de Philippe IV, laissait entrevoir de nouvelles difficultés budgétaires peu propices a la suppression d’un disposiGf qui avait l’avantage de remplir facilement les caisses de l’Etat. En fait, la transformaGon des magistratures municipales en offices vénaux acheva la fermeture des oligarchies urbanisées et leur mutaGon en castes héréditaires. La guerre comme entreprise: Pour une bonne part, le méGer d’officier restait marque par par le modèle entrepreneurial qui le caractérisait depuis ses origines. Les capitaines restaient maitres de l’emploi des deniers verses par le roi pour l’entreGen de leur compagnie. En fait, le méGer d’officier coutait toujours plus qu’il ne rapportait.
Bataille navale de la Hougue qui opposa la floLe de Louis XIV aux Hollandais.
Jean Bart, corsaire.
Portrait de Jean Bart
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La marine française ne songea qu’aux prises. Le roi se fit pirate. Jean Bart était d’origine normande, de Dieppe. C’était un grand garçon blond, de beau teint, avec des yeux bleus, une physionomie heureuse. Un jeune homme, Duguay-‐ Trouin, fou de femmes et de jeu, trouvait pourtant dans l’abordage de bien d’autres plaisirs. La France était si bas que l’impôt ne rendait plus rien. Le désespoir fit perdre le respect.
Bataille du Texel ou Jean Bart bat la floLe Hollandaise.
Autorité et compromis
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Dans la marine, le caractère entrepreneurial de la guerre est encore plus prononce. Les charges y étaient gratuites et chacun était entretenu par le trésor royal, selon un modèle qui s’apparentait a un véritable salariat d’Etat. La parGcipaGon de fonds prives se jouait donc a un autre niveau: celui des entrepreneurs impliques dans la construcGon et l’armement des navires. Les lefres de marque donnaient a des amateurs prives le droit de « courir sus » aux sujets des puissances ennemies, de capturer de navires et équipages et d’effectuer des raids sur les cotes. L’amirauté veillait au partage des prises entre l’Etat, l’armateur, le capitaine et l’équipage. La bataille du Texel remportée contre une flofe hollandaise par Jean Bart, en juin 1694, eut un retenGssement considérable par son ampleur. En 1689, le remplacement des mousquets par des fusils fut assure par un entrepreneur général, Maximilien Titon: au cours de la décennie 1690, la producGon et la diffusion de 600.000 fusils furent assurées a Saint-‐EGenne et a Charleville.
Le bataille du Texel.
Le fusil de Maximilien Titon.
L’honneur et l’intérêt
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Selon Colbert et l’opinion généralement admise, il n’y avait d’économie que poliGque, c’est-‐a-‐dire une science du gouvernement appliquée a la producGon et a la circulaGon des biens. La souveraineté du roi s’y exerçait par l’octroi des privilèges, qui réglementaient le commerce et l’industrie dans un espace donne, en conférant un monopole a un individu ou a un groupe parGculier. Elle se manifesta par la créaGon en 1664, de la Compagnie des Indes Orientales, qui reçut le monopole du commerce et de la navigaGon vers l’Orient. Il s’agissait alors de tarir un flux d’importaGons qui, selon la perspecGve mercanGliste, étaient censés ruiner le royaume en provoquant la sorGe des métaux précieux (or et argent). Les privilèges ne se limitaient pas a des disposiGons économiques car ils formaient également le principe d’une organisaGon sociale. Ils afribuaient un statut aux individus et parGcipaient a la formaGon d’une hiérarchie fondée sur la dignité et sur les disGncGons honorifiques. L’économie du privilège: L’aisance des gens de méGer était variable, mais elle restait toujours limitée, dans le meilleur des cas, a une honnête médiocrité. Pour les ouvriers, les possibilités d’accéder a la maitrise étaient entravées par le mainGen d’un « numerus clausus » qui limitait le nombre d’ateliers autorises dans un espace donne.
Louis XIV visitant la manufacture des Gobelins
Vue de l’arsenal des galères du port de Marseille Marseille fut marquée par une forte intervenFon de la monarchie. Le port abritait une quarantaine de galères et 12.000 galériens et hommes d’équipage.
L’honneur et l’intérêt
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Les compagnies de commerce representerent un volet important de la poliGque colberGenne. La plus célèbre d’entre elles, la compagnie des Indes orientales, reçut en 1664 le privilège de la navigaGon et du commerce de cap de Bonne-‐Esperance au détroit de Magellan, ainsi que la concession de l’ile Dauphine (Madagascar). En 1666, elle fut dotée d’un arsenal établi a Lorient. Créée en 1602, la compagnie néerlandaise est, elle, une véritable société par acGons, adossée a des insGtuGons financières (banque et bourse d’Amsterdam) et poliGques qui soutenaient le marche des Gtres. Les comptes de la compagnie étaient présentés devant l’Assemblée des Etats Généraux qui en garanGssait la sincérité exigée par les invesGsseurs. La fluidité et la solidité du marche des acGons permirent ainsi a la compagnie de trouver les moyens de son développement. Tandis qu’en France les cours restèrent soumis a l’intervenGon de l’autorité royale, qui tantôt suspendait le paiement des dividendes, tantôt on payait de ficGfs afin de rétablir la confiance. Faute de sincérité et de transparence, le marche des acGons n’a•ra jamais les négociants, qui se figèrent dans une a•tude de contestaGon des monopoles.
Le port d’Amsterdam L’essor d’Amsterdam au XVIIeme siecle a ete favorise par le developpement des insimuFons financieres et commerciales: banque, bourse, chambre civile des assurances mariFmes et compagnie des Indes orientales, VOC.
ConstrucJon du canal du Midi En 1662, Pierre-‐Paul Riquet propose a Colbert le projet du Canal des Deux-‐Mers, desFne a assurer le lien entre l’AtlanFque et la Méditerranée en reliant Sète a Toulouse, ou la joncFon devait s’opérer avec la Garonne. Riquet put s’ameler a la tache gigantesque de creuser le canal sur une distance de 241 km, entre Marseillan et Toulouse.
L’honneur et l’intérêt
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Les succès miGges de l’entreprise coloniale: En 1661, a l’arrivée de Colbert aux affaires, la présence française outre-‐ mer se limitait a quelques implantaGons autour du golfe du Saint-‐Laurent. En dépit de ses limites, la poliGque colberGenne enclencha une dynamique nouvelle. Le peuplement du Canada passe de quelques centaines a 3.215 habitants en 1665, puis a 9.400 en 1679. Les Français s’engagèrent auprès des Hurons dans leurs guerres contre les Iroquois, allies aux Anglais. TentaGon impériale et criGque du privilège: Le commerce se trouvait au cœur d’un débat crucial, car sa foncGon déterminait la nature meme du système économique. La doctrine mercanGliste ne le concevait qu’en relaGon avec la poliGque manufacturière, selon une perspecGve qui mefait l’accent sur la régulaGon de la producGon et des échanges pour contrôler les flux monétaires. La théorie libérale de Boisguilbert considérait, au contraire, le développement non contraint de la consommaGon comme le seul facteur de prospérité: « pour faire beaucoup de revenus dans un pays riche en denrées, il n’est pas nécessaire qu’il y ait beaucoup d’argent, mais qu’il y ait beaucoup de consommaGon. »
Boisguilbert
Portait de la famille Maupertuis Ce portait exprime toute la dignité sociale acquise par les riches armateurs malouins. Anobli en 1764, Maupertuis fut directeur de la Compagnie des Indes Occidentales de Saint-‐Malo.
Boisguilbert et la misère du royaume
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Boisguillebert parle au peuple, a tous. C’est sa première et redoutable originalité. Il pose cefe reforme dans une grande simplicité : « La permission pour le peuple de labourer, de commercer », de vivre, d’échapper aux 100.000 liens, créés pour la plupart par la bureaucraGe, la règlementaGon infinie de Colbert, tellement aggravée encore depuis sa mort. D’ou viennent tous les maux de la France ? i) On ne consomme plus ; l’impôt, la rente absorbe tout. ii) On ne circule plus. Les aides et les douanes empêchent le transport. Les denrées pourrissent et périssent. Un grand peuple en guenilles élégantes, tels sont les nobles, qui piquent dans les assiefes des seigneurs, qui mendient une place dans les bureaux de Pontchartrain. Des professions nouvelles commencent pour la noblesse. D’innombrables tripots, aux tournois de leur tapis vert, voient jouter la chevalerie nouvelle : un mot a enrichi la langue – chevalier d’industrie.
L’honneur et l’intérêt
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La criGque janséniste du privilège: Les moralistes tels que La Rochefoucauld et La Bruyère dénoncent le théâtre social comme un jeu d’apparences, ou la vertu apparaissait elle-‐même sous le jour de tromperie. Blaise Pascal (Second discours, 1660): « Il y a dans le monde deux sortes de grandeur; car il y a des grandeurs d’établissement et des grandeurs naturelles. Les grandeurs d’établissement dépendent de la volonté des hommes. Les dignités et la noblesse sont de ce genre. (…) Les grandeurs naturelles sont celles qui sont indépendantes de la fantaisie des hommes parce qu’elles consistent dans des qualités réelles et effecGves de l’âme ou du corps. » La morale sociale ne procédait pas d’une quelconque transcendance du bien mais de la saGsfacGon de l’intérêt narcissique de se voir a son avantage dans le miroir aux illusions vertueuses. Ancien élevé des peGtes écoles de Port-‐Royal, Boisguilbert écrivait: « Tout le commerce de la Terre ne se gouverne que par l’intérêt des entrepreneurs qui n’ont jamais songe a rendre service ni a obliger ceux avec qui ils contractent. » Mais le fondement moral, voire théologique de cefe criGque lui donnait une portée bien plus grande… Ce n’était pas seulement la poliGque commerciale, manufacturière et fiscale du roi qui se trouvait ébranlée, mais les fondements meme de l’édifice socio-‐économique mis en place par la monarchie. « Pour dix mille écus que le roi aura reçus, le royaume souffre d’une diminuGon de plus de 100.000 écus en sa totalité. » (Boisguilbert). Ainsi la véritable alternaGve n’opposait pas la contrainte règlementaire a une prétendue aspiraGon contrariée a la liberté mais l’honneur et l’intérêt, non seulement comme principes économiques mais comme fondement de l’organisaGon sociale.
La Bruyère
La Rochefoucauld
Pascal
Boisguilbert
L’honneur et l’intérêt
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L’office entre profit et dignité: L’office était une «marchandise d’Etat ». L’hypothèse d’un effondrement des prix du a un engorgement du marche des offices mérite d’être examinée et nuancée. Le rendement financier des offices ne suffisait pas a jusGfier l’invesGssement. Vauban envisagea, dans son célèbre projet de dime royale, publie en 1707, d’instaurer un prélèvement de 10% sur tous les revenus du royaume. En 1710, l’impôt du Dixième en appliqua parGellement le principe aux revenus fonciers et industriels ainsi qu’aux gages des offices. L’admission a l’hôtel des Invalides consGtuait une véritable forme de relégaGon sociale. Entre 1670 et 1714, elle fut le sort de plus de 1600 officiers qui vinrent y chercher l’asile plus que la guérison de leurs blessures. En une trentaine d’années de carrière, ces hommes âgés de 51 ans en moyenne, n’avaient progresse que d’un ou deux grades. Les logiques de l’intérêt ne pouvaient pas se déployer sans composer avec l’idée que chacun se faisait de sa propre dignité. Comme l’explique Montesquieu, c’était la le principe essenGel de la société d’Ancien Régime qui permet de comprendre les ruineuses carrières militaires, aussi bien que l’économie des privilèges et l’irrésisGble afrait des offices.
Vue d’un des quatre réfectoires de l’hôtel des Invalides
Penser et prier comme le roi
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IniGées sous Louis XIII par la créaGon de l’Académie Français, les fondaGons académiques se mulGplièrent sous Louis XIV au point de devenir un modelé quasi exclusif de la structuraGon des champs arGsGques et liféraires. Les Académies enregistraient les usages en meme temps qu’elles les réglementaient. Ce pays ou l’on parle français: Depuis la paruGon de Grammaire de Port Royal en 1660, jusqu’à la publicaGon du premier dicGonnaire de l’Académie Française en 1694, le règne de Louis XIV fut une période clé de la formalisaGon de la langue française. Dans ses comédies, Molière a souvent mis en scène l’enjeu représenté par l’usage de la langue, en balayant un large spectre de praGques fauGves, depuis le raffinement insensé des Précieuses Ridicules, jusqu’à la sGgmaGsaGon sociale et culturelle des paysans qui, comme le Pierrot de Dom Juan, parlaient un français déformé par les accents et les tournures du patois. L’usage fauGf de la parole sGgmaGse son auteur comme un délinquant ou un infirme. L’œuvre d’Arnauld et Nicole, la grammaire de Port Royale, ne se résumait pas a un ensemble de prescripGons formelles, elle créait des structures logiques et insGtuait un pacte de représentaGon entre les mots et les choses. La définiGon des règles grammaGcales et lexicales conférait ainsi a la langue française la responsabilité de structurer un rapport parGculier au monde. « Le premier soin de notre langue est de contenter l’esprit et non pas de chatouiller l’oreille. Elle a plus d’égard au bon sens qu’a la belle cadence. » (Bouhours, Manière de bien penser).
Les Précieuses Ridicules
Penser et prier comme le roi
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Comment les français sont devenus cartésiens: La querelle des anciens et des modernes fur un moment essenGel de la cristallisaGon du génie de la langue française, car elle fut l’occasion de mefre en débat ses spécificités et ses caractères propres. Dans ce contexte, Descartes apparut comme un point de référence voire de ralliement. En postulant en incipit du Discours de la Méthode que « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée», Descartes avait fait le pari de solliciter l’entendement des lecteurs plutôt que l’autorité des auteurs grecs et laGns. Il avait ainsi administre la démonstraGon que le français pouvait être une langue philosophique. Descartes, Arnauld et Nicole étaient de ceux qui, selon Boileau, avaient su « accorder le beau style avec le bon sens », illustrant ainsi cefe apGtude si parGculière de la langue française.
Allégorie de Louis XIV, protecteur des arts et des sciences par Jean Garnier On ne disFnguait pas alors les arts et les sciences, mais les arts libéraux et mécaniques. Les premiers formaient des savoirs abstraits tandis que les seconds nécessitent la médiaFon d’un instrument ou d’un ouFl. Ainsi, la musique comme la peinture appartenait-‐elle aux deux catégories: l’art de la composiFon était réputé « libéral » tandis que la praFque instrumentale relevait du mécanique. Toutefois, l’organisaFon académique et le patronage royal contribuèrent a déplacer les lignes de partage. Ainsi s’opposèrent les arts dignes de la protecFon royale, aux arFsanats structures en communautés de méFer.
Penser et prier comme le roi
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Le beau et le vrai: Le règne de Louis XIV fut l'âge d’or des fondaGons académiques: peinture et sculpture en 1648, inscripGons et médailles en 1663, sciences en 1666, musique en 1669 et architecture en 1671. Comme les règles de l’art furent l’affaire de l’académie de peinture, l’élaboraGon des normes de la science a été confiée a une compagnie royale. InsGtuée a l’insGgaGon de Colbert en 1666, l’académie des sciences assura la promoGon de la science nouvelle par opposiGon aux anciens savoirs scolasGques et aux sciences occultes.
Charles Le Brun, premier peintre du roi
Les aveugles de Jéricho. Nicolas Poussin
Penser et prier comme le roi
À l’Académie des InscripFons et des Médailles: “Vous pouvez, Messieurs, juger de l’esFme que je fais de vous, puisque je vous confie la chose du monde qui m’est la plus précieuse, qui est ma gloire.”
Colbert présente a Louis XIV les membres de l’académie royale des sciences créée en 1667.
Penser et prier comme le roi
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Alors que la Royal Society de Londres accueillait plusieurs astrologues, la compagnie parisienne manifesta a leur égard une désapprobaGon tranchée. L'abbé Bignon dirigeait une véritable administraGon forte d’une soixantaine de censeurs royaux, qui examinaient entre 200 et 400 ouvrages par an avant de leur accorder, ou non, un privilège ou une permission tacite. Les rejets, qui représentent entre 10 et 30% des cas, concernaient avant tout les affaires religieuses (quiéGsme, jansénisme).
Abbe Bignon
Madame de Montespan avec ses enfants par Pierre Mignard
Penser et prier comme le roi
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La paix dans l’Eglise: D’anciens frondeurs comme la duchesse de Longueville et le prince de ConG apportèrent leur protecGon aux jansénistes. Comme l’expliqua Racine, la retraite de Port-‐Royal a•rait « beaucoup de personnes, ou dégoutées de la cour ou tombées dans la disgrâce, qui venaient chercher chez eux des consolaGons, quelquefois meme se jeter dans la pénitence ». Le jansénisme, en outre, contenait les ferments d’une criGque sociale radicale, illustrée par l’œuvre de moralistes tels que La Rochefoucauld et La Bruyère. Les religieuses furent expulsées de leur couvent en 1664 et exilées a Port-‐ Royal des Champs, dans la valle de Chevreuse. Dans la première parGe de son gouvernement personnel, au cours des décennies 1660-‐1670, Louis XIV se montra plus soucieux de discipline ecclésiale que de quesGons de doctrine. Avec l’influence grandissante de madame de Maintenon, Louis XIV s’engageait sur le chemin d’une véritable conversion, qui traduisait un certain renversement de perspecGve. Le roi qui avait voulu soumefre l’Eglise pour assurer la tranquillité de l’Etat, sembla désormais uGliser les moyens de l’Etat pour garanGr le triomphe de l’Eglise.
Jacques Bénigne Bossuet Il fut appelé a la cour pour être le précepteur du dauphin. Bossuet devint ensuite un médiateur indispensable entre le roi et l’assemblée du clergé dont il rédigea.
L'Abbaye de Port-‐Royal des champs en 1709, Agnès Arnauld
Penser et prier comme le roi
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L’absoluGsme dévot: En 1685, la révocaGon de l’édit de Nantes apparut comme un tournant capital, qui traduisait l’engagement du roi sur une nouvelle voie spirituelle et poliGque. A parGr de 1679, les protestants furent exclus de tous les offices. En 1681, l’intendant du Poitou, René de Marcillac, uGlisa le moyen des dragonnades pour les forcer a la conversion. Louis XIV: « Nous voyons que la plus grande et la meilleure parGe de nos sujets de la dite Religion Prétendument Reformée ont embrasse la Catholique: et d’autant qu’au moyen de ce, l’exécuGon de l’Edit de Nantes demeure inuGle. » Selon Saint-‐Simon, la révocaGon fut l’œuvre combinée de Louvois et de madame de Maintenon.
Portrait de Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon Pierre Mignard. DémoliJon du Temple de Charenton en 1685 L’édit de Nantes ayant interdit l’exercice du culte reforme a Paris, l’édifice, œuvre de Jacques Androuet du Cerceau, fut incendie par des catholiques.
La révocaJon de l’édit de Nantes: les dragonnades
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Le roi Louis XIV édente et boitant, et madame veuve Scarron, dans son deuil et ses coiffes noires, s’unirent a ce moment qui, pour tant de familles, fut celui de la séparaGon éternelle. Déjà, de toutes parts, coulaient les larmes, éclataient les soupirs, et si du cote de Paris le vent eut porte cefe nuit, on eut entendu les sanglots. La RévocaGon, si longtemps préparée, eut pourtant tous les effets d’une surprise. Les protestants s’efforçaient de douter. Nos protestants, le peuple laborieux de Colbert, étaient les meilleurs Français de France. Et l’édit meme de la RévocaGon est encore équivoque. Il supprime le culte, chasse les ministres, veut que les enfants deviennent catholiques. Sur les parents, il ne s'explique pas. En fait, l’enlèvement des enfants commença 25 ans avant la RévocaGon. On avait dragonne la Hollande, la Westphalie, le Rhin. Aux prisons, on bernait (parfois a mort), on sautait sur la couverture celui qui ne payait pas la bienvenue. Un protestant, un catholique, dans la rue, se ressemblaient fort. En revanche, la dame protestante se reconnaissait tout de suite à un je ne sais quoi de serre, de modestement fier. Elle devait servir, sans domesGque, jusqu'à 20 soldats dans sa maison.
Le parJ de Fénelon et du duc de Bourgogne arrive aux affaires
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Le parG de Fénelon et du duc de Bourgogne était au plus haut puisqu’il donna au roi son ministre et son confesseur. Pour avoir impose un impôt sur le revenu, Vauban fut disgracie comme un dangereux. Boisguillebert fut exile. Leurs livres avaient un grand défaut. Ils enrichissaient le roi et sauvaient le peuple ; mais ils ruinaient l’armée des finances, des commis, des employés. Desmarets, éperdu de détresse, en était a voler des dépôts, a brocanter des grâces ; pour argent, il amnésiait les dilapider de la marine. Il innocentait les faussaires. Les jeunes arbres des forets royales, l’avenir l’espérance, il les coupait, les vendait à bas prix. Dans ce Versailles dore, sous les triomphants plafonds de Lebrun, l’Europe voyait un mendiant, pauvre diable en faillite, débiteur insolvable.
Penser et prier comme le roi
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L’ulGme marque de soumission de Louis XIV a l’autorité ponGficale se manifesta dans la poliGque a l’égard des jansénistes. Ce qui entraina la destrucGon du couvent de Port-‐Royal.
La société policée
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Norbert Elias explique ce vaste mouvement qui, depuis la Renaissance, a affecte l’Occident moderne, provoquant le repli des comportements impulsifs par la diffusion de nouvelles formes de civilité: la civilisaGon – le fait de civiliser n’est pas un état de fait, mais un processus, qui résulte d’une lufe constante entre les pulsions et la contrainte. La société de cour: A parGr de 1682 et l’installaGon définiGve de la cour dans l’écrin majestueux de Versailles, le système curial s’est comme pétrifié, en se figeant dans la pierre, décors et la végétaGon domesGquée des jardins. Versailles devint un microcosme, un abrégé de l’univers ou se dessinait et s’élaborait l’ordre du monde.
Les plaisirs de l’Isle Enchantée.
La société policée
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Des travaux d’ampleur pharaonique furent nécessaires pour saGsfaire l’ambiGon démiurgique du roi. L’approvisionnement des bassins exigea la construcGon de la machine et de l’aqueduc de Marly, qui acheminait l’eau de la Seine. Depuis qu’il avait succédé a Colbert a la tête de la surintendance des bâGments, Louvois avait pris l’habitude de mobiliser les soldats dans les différents chanGers royaux. Le chanGer quasi permanent de Versailles ne se conclut véritablement qu’avec la construcGon de l’opéra inaugurée en 1770.
La machine de l’aqueduc de Marly. Un ensemble de 14 roues a aube entrainait le mécanisme de pompage, qui permemait de remonter la pente des coteaux de la Seine .
La société policée
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Dans ses mémoires, Louis XIV a lui-‐même défini le méGer de roi comme un exil de soi: « il faut se garder contre soi-‐même, prendre garde a son inclinaGon et être toujours en garde contre son naturel. » A parGr de 1686, le roi jeta son dévolu sur le site de Marly, voue a l’évasion et a la chasse. Saint-‐Simon écrit que «le Roi, lasse du beau et de la foule, se persuada qu’il voulait quelquefois du peGt et de la solitude. »
Vue perspecJve du Château de Marly et des pavillons , cote de l’entrée du bâJment. Le château de Marly fut édifié selon un plan répondant a des exigences symboliques et foncFonnelles. DesFnes a l’hébergement des courFsans, les 12 pavillons représentaient les constellaFons formant les signes du zodiaque, traverses par le cours du Soleil dans la logique astrologique
La société policée
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Dans ses mémoires, Louis XIV a lui-‐même défini le méGer de roi comme un exil de soi: « il faut se garder contre soi-‐même, prendre garde a son inclinaGon et être toujours en garde contre son naturel. » A parGr de 1686, le roi jeta son dévolu sur le site de Marly, voue a l’évasion et a la chasse. Saint-‐Simon écrit que «le Roi, lasse du beau et de la foule, se persuada qu’il voulait quelquefois du peGt et de la solitude. » « Ne s’emporter jamais. C’est un grand point que d’être toujours maitre de soi-‐même. C’est être un homme par excellence, c’est avoir un cœur de roi. »
Louis XIV accordant audience. Maitre du détail comme des affaires diplomaFques, le roi porte un regard panopFque sur les affaires du monde.
Le tournant du règne: 1680
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Dans les années 1680, une série d’événements majeurs, notamment l’installaGon de la cour à Versailles en 1682, la mort de Colbert en 1683, la révocaGon de l’édit de Nantes en 1685, la formaGon de la ligue d’Augsbourg en 1688, contribue à modifier sensiblement la situaGon du royaume et la place de celui-‐ci en Europe. Madame de Maintenon, “la veuve Scarron” selon Saint-‐ Simon, se voit afribuer a Versailles en 1682 l’appartement le plus proche de celui du souverain. Elle joue désormais un rôle poliGque discret, mais non négligeable: elle favorise incontestablement le clan Colbert par rapport au clan Louvois. Elle contribue à changer l’atmosphère de la cour dans le sens d’une dévoGon au moins affichée. L’installaGon à Versailles a fait gonfler notablement les effecGfs de la cour, quelque 10.000 personnes en 1685.
Madame de Maintenon.
La société policée
Le jeune Louis XIV en empereur romain, course de tête et de bagues, Carrousel de 1662, par Charles Perrault. Un temps privilégié de la « société de plaisirs » qui lie le souverain a la noblesse de cour.
La société policée
La société policée
Le chanJer du château de Versailles. Van der Meulen
La société policée
Galerie des Glaces.
La société policée
Plafond de la Galerie des Glaces par Charles Le Brun.
La société policée
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Louis XIV sur la manière de montrer les jardins: « En sortant du chasteau par le vesGbule de la cour de marbre, on ira sur la terrasse; il faut s’arrester sur le haut des degrez pour considerer la situaGon des parterres des pièces d'eau et les fontaines des Cabinets. »
Bassin d’Apollon (Jardin de Versailles).
La société policée
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De la cour a la ville: l’intériorisaGon des contraintes: Dans les Caractères, La Bruyère: « Un homme qui sait la cour est maitre de son geste, de ses yeux et de son visage; il est profond, impénétrable; il dissimule les mauvais offices, sourit a ses ennemis, contraint son humeur, déguise ses passions, dément son cœur, parle, agit contre ses senGments. Tout ce grand raffinement n’est qu’un vice, que l’on appelle fausseté. » Dans le « Bourgeois GenGlhomme » Molière montre l’erreur de Monsieur Jourdain qui croit pouvoir réduire l’ensemble des traits disGncGfs de la noblesse a de pures convenGons, des techniques, des savoir-‐faire ou savoir-‐être assimilables par un bourgeois. Son échec démontre que la maitrise exige le naturel et l’aisance procures par la véritable noblesse. C’est cefe naturalisaGon de la norme qui fait le « je ne sais quoi » dont Gracian définit le caractère dans le Héros: « Que le « je ne sais quoi manque a un homme? Ses plus belles qualités ne feront jamais qu’un mérite insipide, ou plutôt elles demeurons comme mortes. »
Le bourgeois genJlhomme
Balthazar Gracian, jésuite espagnol, 1601-‐1658 .
La société policée
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L’empire sur soi ne consiste pas a bannir les comportements insGncGfs si essenGels a la guerre, mais d’en limiter l’expression la ou ils sont nécessaires et de passer ensuite, avec le meme naturel, a l’art le plus consomme de la civilité et de la courtoisie. Modes et modèles: L’escrime de la cour se disGnguait radicalement de « l’art en fait d’armes » enseigne par les membres de la communauté de méGer des maitres parisiens. A parGr de 1672, le Mercure Galant offrit a ses lecteurs un mélange d’échos mondains, de tendances a la mode, de criGque de spectacles et de récits de bataille. Le règne de la police: A parGr de la fin des années 1680, la BasGlle accueillit plusieurs auteurs de discours sédiGeux, surpris dans un cabaret ou dans la rue par des commissaires du Chatelet ou par leurs « mouches ».
« Le roi se fout du peuple »
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Le 26 avril 1702, un maitre d’armes parisien, nomme Jacques Le Perche fut embasGlle pour avoir prononce un discours ordurier a l’égard du roi et de sa « vieille » madame de Maintenon. Le maitre d’armes exprimait un senGment sans doute partage par de nombreux français au début de la guerre de la succession d’Espagne (1701-‐1714), qui suivait de trop près le conflit précèdent – la guerre de la ligue d’Augsbourg (1688-‐1697) -‐ achevé par le traite de Ryswick. Gloire du roi et misère du royaume: « Le peuple meme (il faut le dire), qui vous a tant aime, qui a eu tant de confiance en vous, commence a perdre l’amiGé, la confiance et meme le respect. Vos victoires et vos conquêtes ne le réjouissent plus; il est plein d’aigreur et de désespoir. » (lefre de Fénelon au roi). La guerre avait saGsfait l’orgueil du monarque au détriment de ses sujets, alors qu’elle était censée exprimer leur union dans une communauté d’acGon et d’intérêt. Un pacte essenGel de la monarchie avait été rompu. La gloire du roi: Achevé en 1684, le plafond de la galerie des glaces offre un résumé en images du gouvernement personnel de Louis XIV. En tant que secrétaire d’Etat de la maison du roi, dont dépendaient toutes les académies, Colbert se trouvait ainsi a la tête d’un département ministériel de la gloire. L’implantaGon d’une statuaire royale dans plusieurs grandes villes du royaume fut la manifestaGon , parmi d’autres, d’une poliGque délibérée de la diffusion de l’image du roi.
« Le roi se fout du peuple »
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La guerre, c’est le nom propre du vrai roi d’Angleterre, Marlborough, qui va sous la reine Anne, gouverner et combafre. La Guerre, le nom d’Eugene, l’épée, l’âme meurtrière de l’Autriche. Eugene a 38 ans, dans son visage indéfiniment long, ses longues et pales joues flétries et comme le fantôme d’un vieux prince italien. L’Anglais, vendu aux Juifs, fut l’homme de la Bourse de Londres. Et Eugene organisa aux colonies fronGères l’instrument machiavélique, le poignard de l’Autriche, qui, retourne contre les peuples, perpétua ce monstre, cefe Babel impériale. Les généraux français, modestes autant que malheureux, avaient leurs défaites déjà écrites sur le visage.
John Churchill, Duke of Marlborough
Prince Eugene de Savoie
Le prince Eugene
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Le prince Eugène est un prince français au service de l’empereur. Il sollicite de Louis XIV l’octroi d’une compagnie. Mais le roi reportant sur le jeune homme, la rancune tenace qu’il porte a sa mère, ne lui répond même pas. Ulcère, Eugène quife immédiatement la France, gagne Vienne et propose ses services à l’empereur Léopold qui les accepte. Il prend part, des 1683, a la victoire de Kalhenberg qui oblige les Turcs à lever le siège de Vienne. Le traite d’Utrecht a réussi à briser définiGvement le vieil encerclement des Habsbourg en placent un Bourbon sur le trône d’Espagne. Non seulement, l’Angleterre a reGré du traite des avantages qui renforcent sa situaGon de première puissance commerciale et mariGme, mais elle a fait triompher sur le conGnent la noGon d’équilibre européen qui lui assure les mains libres sur les mers.
Prince Eugene de Savoie
« Le roi se fout du peuple »
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Le cout de la guerre: Grace a la ceinture de fer, les zones de combat s’étaient désormais déplacées au-‐delà des fronGères. Seule la prise de Lille en 1708, suivie de la campagne de 1709, avait ranime le spectre de l’invasion, finalement éloigné par la sanglante bataille de Malplaquet. Dans un royaume dont la populaGon ne parvint qu’épisodiquement a franchir le seuil des 20 millions d’habitants, l’armée royale afeignit des proporGons gigantesques, sans doute démesurées. Alors que l’armée de Richelieu n’avait jamais dépasse 120.000 hommes, celle de Louis XIV en regroupa plus de 200.000 pendant la guerre de Hollande, puis franchit le niveau record de 450.000 pendant la guerre de la ligue d’Augsbourg. Il faudra afendre la levée en masse de 1793 pour retrouver des effecGfs comparables.
La bataille de Malplaquet, le 11 septembre 1709 Elle fut une défaite tacFque mais une victoire stratégique pour la France. Face a l’armée alliée (Anglais, Hollandais, Impériaux), les Français sous le commandement de Villars perdirent 12.000 blesses et tues, tandis que les Allies en eurent 20.000. Affaiblis, les Allies n’étaient plus en mesure de poursuivre l’offensive.
Villars et Vendôme
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La hasard et la faim mènent la France en cefe grande loterie qu’est la guerre. Notre Villars n’aimait que les romans, les comédies, les opéras, qu’il retenait, citait à chaque instant. Grand coureur d’actrices et de filles (sans parler de choses pires). Sa vie de près d’un siècle fut une merveilleuse gasconnade. Le roi ne connaissait ni ses moyens, ni les difficultés, le possible, ni l’impossible. Il ne tenait nul compte des distances, ni des saisons. Il disposait d’une arme nouvelle que personne ne maniait comme les Français, la baïonnefe. Ce fut encore Villars qui nous releva sur le Rhin. La France avait deux généraux, Villars et Vendôme, et elle n’en sut que faire. Vendôme, sans direcGon, laisse à sa paresse, flofa, puis s’amusa à la vaine affaire du Tyrol. Villars, abandonne sans secours en Allemagne, ayant en face deux armées, et près meme de manquer de poudre, ne se Gra d’affaire qu’en gagnant une grande bataille sur les troupes de l’Empire a Höchstädt (21 septembre 1703).
Marechal de Villars
« Le roi se fout du peuple »
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Très peu de soldats rentraient chez eux pourvus du « conge » qui les libérait de leur contrat d’engagement. Celui-‐ci, le plus souvent, était signe sans aucune clause de durée et le capitaine, qui peinait a recruter ses soldats , ne les libérait pas volonGers, de sorte que la déserGon était souvent l’unique moyen de mefre un terme a un engagement. Crise démographique et crise agraire: La guerre se combina avec une mauvaise conjoncture économique et des crises de subsistances, qui en amplifièrent les effets. Apres la famine de 1662, la reprise démographique avait permis a la populaGon du royaume de franchir le seuil des 20 millions d’habitants au cours des années 1680. Ce rétablissement fut le fruit de la baisse du prix du blé, qui se mainGnt a un bas niveau de 1662 a 1688, sans connaître d’accident majeur. La crise de 1692-‐1694 fut la conséquence d’une succession d’épisodes climaGques calamiteux, depuis l’été pourri de 1692 jusqu’à la sècheresse de 1693-‐1694. En 1693-‐1694, 2,8 millions de personnes moururent, soit 1,6 million de plus que la mortalité normale.
LeLre a Louis XIV. Fénelon « La France enFère n’est plus qu’un grand hôpital désole et sans provision. La noblesse, dont tout le bien est en décret, ne vit que de lemres d’Etat. »
Un pays affame
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En 1694, Jean Bart rentre à Dunkerque avec 160 bâGments charges de blé achète en Norvège, après avoir réussi à tromper Hollandais et Anglais cherchant à l’intercepter. Le blé est immédiatement acheminé vers Paris qui meurt de faim. Partout les hôtels-‐Dieu et les hôpitaux généraux, là où ils existent, sont pleins. Partout les cortèges de malheureux se traînent sur les routes, en quête de secours. Pourtant ces années de misère voient le début éclatant de la prospérité des grands ports français, avec la créaGon de nouveaux trafics et l’élargissement des horizons. Le navire corsaire n’est qu’un bateau marchand qui, muni provisoirement d’arGllerie, est uGlisé par son capitaine pour donner la chasse aux bateaux de commerce de l’ennemi, les capturer et s’en approprier la marchandise. Entre 1689 et 1697, 5.680 bateaux ennemis, de tous tonnages sont rançonnes où captures et emmenés dans des ports français, surtout Dunkerque et Saint-‐Malo.
LeLre anoblissant Jean Bart
« Le roi se fout du peuple »
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L’ampleur de la crise fut parGculièrement catastrophique pour les régions a monoculture céréalière, tandis que l’impact fut plus faible dans les provinces (Ouest, Sud-‐Est) bénéficiant d’une plus grande diversité des ressources. La crue fiscale frappa a contretemps et devint très sensible au pire moment de la crise de subsistances. Une seconde crise survint au cours du terrible hiver 1709. En janvier-‐février, la moyenne des températures en Ile-‐de-‐France s’établit a -‐20 degrés.
« Le roi se fout du peuple »
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L’esGmaGon des capacités du royaume représentait un enjeu majeur. Vauban en élabora un modèle qui entendait présenter le dénombrement des populaGons et la descripGon des terroirs, de façon « claire comme le jour », sous la forme d’un tableau c o m p o s e d e r u b r i q u e s o r g a n i s é e s e t hiérarchisées. « Que dirait-‐on d’un berger qui ne sait pas la nombre de son troupeau? » Une naGon en armes? Louvois insGtua un service qui obligeait chaque communauté a fournir un nombre d’hommes en armes en proporGon de sa populaGon. Mais, en 1701, l’insGtuGon subit une évoluGon majeure. Les troupes levées au Gtre de la milice furent amalgamées aux régiments réguliers et s’y f o n d i r e n t t o t a l e m e n t e n p e r d a n t progressivement leur parGcularité. A la bataille de Malplaquet (11 septembre 1709), les régiments consGtues selon cefe modalité se sont illustres, en manifestant une déterminaGon dont s’étaient montrées incapables les troupes professionnelles des gardes françaises.
« Le roi se fout du peuple »
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La France vue du dehors: Une France prédatrice… Au cours du XVIIème siècle, l’aspiraGon a la prépondérance européenne s’était dissimulée derrière les prétenGons rivales de la France et de l’Espagne a la formaGon d’une monarchie universelle. La conquête puis l’occupaGon des Provinces-‐Unies en 1672-‐1673 donna lieu a des scènes brutales qui se reproduisirent et s’amplifièrent dans le PalaGnat en 1674 puis en 1688-‐1689. On peut parler d’une systémaGsaGon du recours a la violence coerciGve au sein de l’armée française. L’épisode du PalaGnat bouleversa les consciences européennes.
Scène de massacre et de pillage en Hollande (1672)
« Le roi se fout du peuple »
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Le discours anG-‐français et la formaGon des idenGtés naGonales: La guerre contre la France consGtua un facteur important de l’affirmaGon d’une naGon germanique soudée par l’opposiGon a un ennemi commun. Les exacGons françaises dans le PalaGnat achevèrent de convaincre les princes protestants de s’allier a l’empereur qui avait jadis été leur ennemi. En Hollande, l’invasion française provoqua une véritable polarisaGon de l’esprit public. Grand pensionnaire de Hollande, Johan de Wif avait été l’arGsan d’une poliGque favorable a la France. Face a l’agression française, les parGsans de Guillaume III d’Orange-‐Nassau préconisaient une guerre de résistance qui s’opposait aux tentaGves de négociaGon menée par Johan de Wif et son frère Cornelius. Apres la révocaGon de l’édit de Nantes, l’afflux des huguenots chasses de France accrut le paradoxe de l’influence française aux Provinces-‐Unies. Important en Hollande, la détestaGon de l’absoluGsme louis-‐quatorzien, ils contribuèrent Gravure allemande représentant Melac. néanmoins a la diffusion de l’influence française. Dans le Saint-‐Empire, la figure de Melac l’incendiaire a été abondamment exploitée.
Les corps des frères de WiL L’exposiFon des cadavres muFles des frères de Wim ajoute un degré supplémentaire a la barbarie de leur exécuFon
« Le roi se fout du peuple »
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Cefe période est un moment clef de la construcGon de l’idenGté de la France, la tension entre la figure tutélaire du roi et le génie propre du royaume devint sensible. Voltaire: ’Depuis les dernières années du cardinal de Richelieu, jusqu'à celles qui ont suivi la mort de Louis XIV, il s’est fait dans nos arts, dans nos esprits, dans nos mœurs, comme dans notre gouvernement, une révoluGon générale qui doit servir de marque éternel a la véritable gloire de notre patrie. La France est forte de sa populaGon, de la variété de ses producGons, de l’unité de son territoire, de l’efficacité de son administraGon monarchique et d’un senGment naGonal a qui Louis XIV a su faire appel au pire moment de la guerre. A Louis XV : “Mon enfant, vous allez être un grand roi. Ne m’imitez pas dans le goût que j’ai eu pour les bâGments, ni dans celui que j’ai eu pour la guerre. Tachez au contraire d’avoir la paix avec vos voisins.” Saint-‐Simon au sujet des derniers jours de Louis XIV: “Il était uniquement occupé de Dieu, de son salut, de son néant.”