1180-‐1328 L’âge d’or des capé5ens
Introduc)on
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Le long XIIIème siècle, qui conduit de 1180 a 1328, cons5tue une étape majeure dans le développement du territoire soumise aux rois capé5ens. Il prend le nom générique de « France » dans la 5tulature royale, alors que se meIent en place les premières structures d’un Etat qui le surplombe. CeIe vaste révéla5on de la France, elle commence au Xème siècle, à l’avènement des Capets. Chaque province a des lors son histoire ; chacune prend une voix, et se raconte elle-‐ même. Une fois passées les terreurs de l’an Mil, l’humanité se réveille et se redresse. Une sorte d’explosion d’énergie se produit en Occident, s’élevant en cathédrales, se déployant en conquêtes. Les croisades réunissent les deux faits dominants du Moyen-‐Age, esprit guerrier et foi. Le Moyen-‐Age se conclut par saint Louis, incarna5on paradoxale de l’idéal de la foi médiévale et de sa fin. Les cathédrales cristallisent et illustrent magnifiquement toutes les données essen5elles du temps. Elles témoignent de l’essor de l’économie, qui favorise des inves5ssements locaux, de la modernité des techniques qui en permeIent la construc5on et du rôle majeur de la religion et de la foi, absolument consubstan5elles au quo5dien des individus et de la société. En outre, la cathédrale enregistre, dans son architecture et son décor, l’affirma5on de la monarchie. L’art gothique s’avère au premier chef un art royal.
Introduc)on
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S’ouvre vers 1260/1270 une crise qui marque les limites du système féodal, totalement contradictoire avec l’inves5ssement produc5f. Bien des paysans sombrent dans la misère, le revenu des pe5ts seigneurs s’affaiblit. Le pouvoir a besoin d’ennemis: la guerre, en Flandre ou bien en Aquitaine, jus5fie les débuts d’une fiscalité d’Etat. De plus, la luIe contre le pape, les héré5ques, les Templiers et les sorciers permet de mobiliser l’opinion en faveur de la royauté. Roi embléma5que, a la fois preux, sage et pieux, porte rapidement sur les autels, saint Louis est devenu en quelque sorte le patron de la monarchie française, notamment au temps de Louis XIV.
Saint-‐Louis, Louis IX, par le Greco.
Tableau de la France
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L’histoire de France commence avec la langue française. La langue est le signe principal d’une na5onalité. Le premier monument de la notre est le serment dicte par Charles-‐le-‐chauve a son frère, au traite de 843.
Serments de Strasbourg. En 840, à la mort de Louis le Pieux, la guerre commence immédiatement entre ses fils. Charles s'unit à Louis le Germanique, contre Lothaire Ier leur frère aîné, qui veut les exclure du partage de l'empire. Ensemble, ils remportent en 841 la bataille de Fontenoy-‐en-‐Puisaye, en Bourgogne. Le 14 février 842, ils renforcent leur alliance en prononçant réciproquement les serments de Strasbourg, prononcés en langue romane et en langue tudesque afin d'être compris par les troupes de l'ouest comme de l'est de la Francie.
La Bretagne
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La Bretagne, âpre et basse, simple quartz et granit, grand écueil place au coin de la France pour porter le coup des courants de la Manche ; d’autre part, la verte et rude Auvergne, vaste incendie éteint avec ses quarante volcans. La Bretagne bretonnante, pays devenu tout étranger au notre, justement parce qu’il est reste trop fidele a notre état primi5f ; peu français, tant il est gaulois. A ses deux portes, la Bretagne a deux villes : Saint-‐Malo et Nantes, la ville des corsaires et celle des négriers.
Saint-‐Malo.
Nantes.
L’Auvergne
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L’Auvergne est un pays froid sous un ciel déjà méridional, ou l’on gèle sur les laves. Les Limousins, plus laborieux qu’industrieux, ils ont beau émigrer tous les ans des montagnes, ils rapportent quelque argent, mais peu d’idées. La chèvre, c’est l’animal de celui qui ne possède rien, bête aventureuse, qui vit sur le commun, animal niveleur, fut l’instrument d’une invasion dévastatrice, la Terreur du désert.
Les Ardennes
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Ardennes : manufactures d’armes, tanneries, ardoisières, tout cela n’égaye pas le pays. Mais la race est dis5nguée : quelque chose d’intelligent, de sobre, d’économe, la figure un peu sèche et taillée a vives arrêtes.
Flandre
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Flandre: sur ces grasses et plantureuses campagnes, uniformément riches d’engrais, de canaux, d’exubérante et grossière végéta5on, herbes, hommes et animaux, poussent a l’envi, grossissent a plaisir. Le bœuf et le cheval y gonflent, à jouer l’éléphant. La Flandre est une Lombardie prosaïque, a qui manquent la vigne et le soleil.
Rijsel, hoofdstad van Vlaanderen -‐ Lille, capitale de la Flandre.
La guerre contre l’Anglais
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La guerre des guerres, le combat des combats, c’est celui de l’Angleterre et de la France, le reste est épisode. La luIe contre l’Angleterre a rendu à la France un immense service. Elle a confirme, précise sa na5onalité. A force de se serrer contre l’ennemi, les provinces se sont trouvées un peuple. C’est en voyant de près l’Anglais qu’elles ont sen5 qu’elles étaient France. La Seine marche et porte la pensée de la France, de Paris vers la Normandie, vers l’Océan, l’Angleterre, la lointaine Amérique.
Marquis de Montcalm.
Statue de Du Guesclin
La conquête normande de l’Angleterre •
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Avant de prendre les armes, Guillaume déclara qu’il s’en rapportait au jugement du pape. L’invasion de l’Angleterre prit le caractère d’une croisade, une foule d’hommes d’armes affluèrent de toute l’Europe près de Guillaume. Les Saxons combaIaient a pied avec de courtes haches, les Normands a cheval avec de longues lances. Les Saxons ne construisaient pas de châteaux, ainsi une bataille perdue, tout était perdue. L’Angleterre tout en5ère fut mesurée, décrite; soixante mille fiefs de chevaliers y furent créés aux dépens des Saxons, et le résultât consigne dans le livre noir de la conquête, le Doomsday book, le livre du jour du Jugement. Le roi d’Angleterre 5ra de la noblesse même un impôt, sous l’honorable nom d’escuage. C’était une dispense d’aller à la guerre. Les barons, fa5gues d’appels con5nuels, aimaient mieux donner quelque argent que de suivre leur aventureux souverain dans les entreprises où il s’embarquait ; et lui, il s’arrangeait fort de cet échange. Au lieu du service capricieux et incertain des barons, il achetait celui des soldats mercenaires, Gascons, Brabançons, Gallois et autres.
Doomsday Book.
La France
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Pousse donc ma belle et forte France, pousse les longs flots de ton onduleux territoire au Rhin, à la Méditerranée, à l’Océan. JeIe a la dure Angleterre la dure Bretagne, la tenace Normandie ; a la grave et solennelle Espagne, oppose la dérision gasconne, a l’Italie la fougue provençale ; au massif empire germanique, les solides et profonds bataillons de l’Alsace et de la Lorraine ; a l’enflure, a la colère belge, la sèche et sanguine colère de la Picardie, la sobriété, la réflexion, l’esprit disciplinable et civilisable des Ardennes et de la Champagne. L’Angleterre est un pays, l’Allemagne est un empire, la France est une personne.
Temps nouveaux: le règne de Philippe Auguste (1180-‐1223)
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La grande époque de l’architecture gothique correspond au règne de Philippe Auguste. Alors s’achèvent les cathédrales de Laon et de Paris et commence la construc5on des cathédrales de Chartres, Bourges, Soissons, Rouen, Amiens ou Reims. La dynamique de la France du nord, qui voisine avec la Flandre et la Champagne, les poles majeurs de l’ar5sanat et du commerce en Occident, favorise la poussée capé5enne vers l’ouest et le sud. Le règne de Philippe Auguste permet la levée de l’hypothèque Plantagenet et s’avère celui de la plus forte dilata5on du domaine royal au cours du Moyen Age. Avec lui débute l’âge d’or capé5en, car aucun pouvoir ne se peut désormais comparer a la royauté française. En 1204, Philippe II choisit une 5tulature nouvelle. Au 5tre de « roi des Francs », il subs5tue celui de roi de France: l’autorité royale a dorénavant pour base un territoire, elle ne par5cipe plus des liens d’homme a homme. Héritages: Suger, abbé de Saint-‐Denis, sanctuaire fondamental de la monarchie, a développe l’idée qu’il existe une pyramide féodale, qui, de fief en fief, conduit a son sommet, occupe par le roi, qui n’est le vassal de quiconque et ne prête hommage a personne. Louis VII laisse son fils face a un conten5eux redoutable. D’un part, le conflit avec le Plantagenet, dont les domaines sont immenses compares au domaine royal, demeure latent. D’autre part, les maitres des deux régions les plus riches du royaume, la Flandre et la Champagne, tendent a l’autonomie dans leurs terres et cherchent par ailleurs a contrôler le pouvoir royal.
Temps nouveaux: le règne de Philippe Auguste (1180-‐1223)
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Louis VII laisse son fils face a un conten5eux redoutable. D’un part, le conflit avec le Plantagenet, dont les domaines sont immenses compares au domaine royal, demeure latent. D’autre part, les maitres des deux régions les plus riches du royaume, la Flandre et la Champagne, tendent a l’autonomie dans leurs terres et cherchent par ailleurs a contrôler le pouvoir royal. Une décennie difficile (1180-‐1190): Les vic5mes principales des guerres médiévales sont les paysans, dont on pille les biens et ravage les cultures. Les belligérants évitent les sièges longs et les batailles rangées. L’expulsion des juifs, décrétée en avril 1182, qui s’accompagne de la saisie de leurs biens, apparaît en premier chef comme un moyen de financer en par5e l’effort de guerre développée au cours de la première décennie du règne. Le roman des rois. C’est une chronique de la monarchie capéYenne rédigée a Saint-‐Denis.
Gisant de Richard Cœur de Lyon a l’abbaye de Fontevrault. Le traite de Gisors (1180) renouvèle la paix entre les rois de France et d’Angleterre, qui concluent une alliance offensive et défensive.
Temps nouveaux: le règne de Philippe Auguste (1180-‐1223)
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Henri Plantagenet avait élargi l’empire familial par son mariage avec Aliénor d’Aquitaine, 5tulaire du domaine des comtes de Poi5ers, juste divorcée de Louis VII. Il se fait ensuite reconnaître roi d’Angleterre en 1154, avant d’amorcer la conquête de l’Irlande et d’étendre encore de son emprise con5nentale, par la prise de contrôle de la Bretagne et l’affermissement de son autorité sur les pays charentais. Le vassal paraît ainsi beaucoup plus puissant que son seigneur, le roi capé5en, confine toujours aux vielles terres de son domaine. Les bonnes manières de table, l’art de la danse, toujours pra5quée en groupe, et la courtoisie illustrent la cour d’Henri II. C’est le moment ou surgissent les premiers mé5ers du luxe, notamment celui des émailleurs, que Limoges rassemble. Gisants d’Henri II et d’Aliénor d’Aquitaine. Abbaye de Fontevrault.
Temps nouveaux: le règne de Philippe Auguste (1180-‐1223)
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Philippe aIaque, assure qu’Henri II ne parviendra pas bien longtemps a contrôler les lionceaux des flancs d’Aliénor d’Aquitaine – Richard, Geoffroy, le comte de Bretagne et Jean, le maitre d’Aquitaine, trois frères qui de plus se jalousent. Philippe Auguste noue des rela5ons privilégiées avec Richard, inquiet de voir son père sembler lui préférer Jean et peut-‐être songer a le déshériter. En novembre 1188, ce même Richard rompt avec son père et porte son hommage a Philippe pour la Normandie et l’Aquitaine… qu’il lui reste néanmoins a saisir et contrôler. En Terre Sainte, Saladin a écrasé les La5ns a la bataille de Hayn en juillet 1187. La nécessité d’organiser une contre-‐ offensive sous la forme d’une croisade pour sauver ce qui reste des Etats la5ns d’Orient. Richard a, le premier répondu a l’appel du « saint voyage » prenant la croix, a Tours, en novembre 1187. Le roi de France en profite pour faire approuver, en mars, par une assemblée de barons et de prélats, une taxe a l’effet de couvrir les frais de l’expédi5on. Elle doit être levée sur les biens meubles et les revenus de ceux qui ne prennent pas la croix. • La première cons5tu5on écrite de la monarchie capé5enne: Le Trésor est confie aux Templiers et les clés en sont remises a Pierre le Marechal et a 6 notables parisiens, qui ont également la garde du sceau royal. • Les villes dotées du régime communal avec l’appui du roi se trouvent ensuite sous le patronage de la couronne, ce qui élargît l’influence royale. Philippe Auguste y trouve des avantages militaires, puisque les villes avec leurs remparts puissants et leurs milices nombreuses représentent points d’appui et réserves d’effec5fs. Enfin, il 5sse des liens poli5ques Geoffroy, comte Richard cœur de solides avec les bourgeoises citadines, tant dans les de Bretagne Lion domaines que dans les fiefs de ses barons.
Temps nouveaux: le règne de Philippe Auguste (1180-‐1223)
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Fleurs de Lis contre léopards: le printemps de l’Etat monarchique (1190-‐1200): Pour l’heure, la rivalité entre les deux maisons royales paraît comme suspendue. Capture par les séides du duc d’Autriche auquel l’opposait un différend Richard Cœur de Lion se voit bientôt transféré dans les geôles de l’empereur de Germanie, Henri IV. Durant sa cap5vité, Philippe a traite avec Jean sans Terre et s’est empare de la Normandie septentrionale, du Vexin, d’Evreux, et de la Touraine. Richard débarque en mai 1194 et les hos5lités commencent. Il a dans son camp Guillaume le Marechal, jouteur émérite, le meilleur chevalier du siècle, mais la guerre féodale est en train de muter. Elle devient un conflit de puissances, dont l’argent est le nerf. Richard fait édifier en deux années, de 1196 a 1198, un temps record, la formidable forteresse qui prend le nom de Château Gaillard.
Jean sans Terre.
Guillaume le Marechal.
Temps nouveaux: le règne de Philippe Auguste (1180-‐1223)
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La période des années 1190-‐1200 paraît défavorable au roi de France. Le roi d’Angleterre, appuyé par les grands féodaux, comme le comte de Flandre, le duc de Bretagne, et des seigneurs moins importants, comme Renaud de Boulogne ou Guillaume de Thouars, a pris l’avantage. Cependant la monarchie se construit: les offices de cour ne sont plus confies a des hauts barons, mais a des hommes nouveaux, jeunes et de rang modeste. La chute de la maison Plantagenet: Jean sans Terre n’a pas la personnalité flamboyante de son frère, Richard Cœur de Lion. Il a de la difficulté a s’entendre avec ses vassaux. Philippe Auguste envahit la Normandie et lance Arthur de Bretagne a la conquête du Poitou. Il s’aIaque a Mirebeau, clé du Poitou, ou se sont enfermes la reine Aliénor et Jean sans Terre. Arthur de Bretagne est fait prisonnier par Jean sans Terre. Emprisonne a Falaise, Arthur disparaît dans des circonstances mal élucidées. Philippe Auguste met le siège devant la formidable forteresse de Château Gaillard en 1203. Jean sans Terre préfère passer en Angleterre, abandonnant la place a son des5n: Château Gaillard capitule en 1204. La totalité du duché Normand bascule alors. Ce processus d’intégra5on paisible se repère presque a l’iden5que dans la comte d’Anjou. L’autonomie du roi vis-‐à-‐vis du pape: Innocent III, le nouveau pape, entend a faire prévaloir le pouvoir spirituel sur les pouvoirs temporels. La résistance du roi aux demandes d’Innocent III, s’exprime dans l’affaire albigeoise. Ce conflit provoque finalement la première des croisades intérieures a la chré5enté. Cependant, le roi refuse obs5nément d’intervenir en Languedoc quand Innocent III le sollicite.
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La croisade contre les Albigeois est donc pon5ficale et féodale; a l’instar de la première croisade en Orient, elle rassemble, sous l’autorité du souverain pon5fe, une large part de la chevalerie occidentale, mais le roi de France n’y par5cipe pas et ne l’a pas souhaitée. Le dimanche de Bouvines: Une formidable coali5on an5 capé5enne s’organise, cimentée par les rancunes de plusieurs puissants féodaux a l’encontre de Philippe et, surtout, par les subsides anglais que Jean promet a foison et verse a profusion. La bataille décisive, la seule que Philippe Auguste ait jamais engagée, a donc lieu a proximité de Lille, au gue de Bouvines, le dimanche 27 juillet 1214. Le choc est violent, mais assez bref, entre l’ost du roi de France et l’armée des coalises. Au terme de quelques heures de combat, les coalises sont défaits et sont mis en fuite. Les conséquences de ceIe journée sont immenses. Un long et enthousiaste triomphe marque de véritables noces entre le souverain et la na5on enfin enclose. Le crédit de Jean sans Terre paraît ruine pour de bon auprès de ses sujets qui s’interrogent sur les fluctua5ons déconcertantes de sa poli5que.
La Bataille de Bouvines oppose les troupes royales françaises de Philippe Auguste, renforcées par les milices communales et soutenues par Frédéric II de Hohenstaufen, à une coalition anglo-germano-flamande menée par Otton IV.
Temps nouveaux: le règne de Philippe Auguste (1180-‐1223)
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La monarchie dans sa plénitude: la fin du règne et ses prolongements: Peu leIre, c’est un bon vivant. Moins brillant chevalier que son compé5teur Richard Cœur de Lion, il sait cependant combaIre s’il le faut. Les services de la monarchie ont cesse d’être ambulatoires. Et le roi réside le plus souvent dans son palais de l’ile de la Cite. Philippe Auguste fait enfermer la ville dans un rempart. Paris est devenu une ville ac5ve et peuplée, au cœur d’un réseau de routes importantes et voies d’eau. La ville abrite le centre du pouvoir, elle est une capitale, la première est la plus importante d’Occident. Bouvines a libère la monarchie capé5enne des pressions qu’elle subissait au nord. Elle se trouve désormais en capacité de passer a l’offensive. Par ailleurs, en Angleterre, la plupart des barons, des ecclésias5ques et des villes d’Angleterre entre en rébellion contre Jean sans Terre. Le 15 juin 1215, le roi doit, par la Magna Carta, la Grande Charte, admeIre la limita5on et le contrôle de son pouvoir. Le sceau de Philippe Auguste. Le lys est l’emblème d’élection céleste..
La Magna Carta.
Temps nouveaux: le règne de Philippe Auguste (1180-‐1223)
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En aout 1222, Louis VIII est sacre a Reims il a 36 ans. En décembre, le pape sollicite son concours au Languedoc, il lui offre la terre conquise. Le Poitou, l’Aunis, le Saintonge sont annexes au domaine royal. La monarchie capé5enne a conquis une façade sur l’Atlan5que. Louis VIII décide alors d’accomplir une promenade militaire dans le Languedoc. Il meurt en novembre a Montpensier. Louis IX est couronne le même moi. Blanche de Cas5lle exerce la régence en son nom. Le comte de Toulouse poursuit la luIe durant quelques temps, mais les pressions de la bourgeoisie toulousaine, son principal appui jusqu’à la, l’obligent a traiter au printemps de 1229. Le souverain dispose désormais d’une puissance qui éclipse et écrase toutes les autres dans le royaume et incite a la soumission plus qu’a la révolte. Une image religieuse apparaît dans la plupart des cathédrales – il s’agit du couronnement de la Vierge. CeIe représenta5on rappelle que Marie, en coopérant a l’œuvre de Dieu par sa foi, son espérance et sa charité, est devenue la mère féconde symboliquement rassembles dans sa personne, elle compose la figure de l’Eglise mys5que et de son achèvement dans les siècles des siècles. Il est certain qu’avec le règne de Philipe Auguste, débute un âge d’or capé5en qui redonne a la monarchie l’éclat qu’elle est supposée avoir connu a l’époque du premier empereur d’Occident.
Couronnement de la Vierge. Portail nord de la cathédrale Notre-‐Dame de Paris.
Blanche de CasLlle.
Roi de France et roi d’Angleterre
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Pendant la seconde croisade, celle de Louis VII et de l’empereur Conrad, les Allemands étaient en grand nombre ceIe fois. La femme de Louis VII est Éléonore d’Aquitaine – elle demande le divorce et se marie avec Henri Plantagenet, duc d’Anjou, pe5t fils de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, et bientôt roi d’Angleterre. En épousant Éléonore, il épouse avec elle la France occidentale, de Nantes aux Pyrénées. Saladin avait frappe deux coups sur les ennemis de l’islamisme. D’une part, il envahit l’Egypte, détrôna les Fatemites. De l’autre, il renversa le pe5t royaume de Jérusalem, dé{t et prit le roi Lusignan à la bataille de Tibériade et s’empara de la ville sainte. La France avait, presque seule, accompli la première croisade. L’Allemagne avait puissamment contribue a la seconde. La troisième fut populaire, surtout en Angleterre.
Saladin par Gustave Dore.
Richard et le siège de saint Jean d’Acre
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Richard était le mauvais fils d’Henri II, le fils de la colère, dont toute la vie fut comme un accès de violence furieuse, s’acquit parmi les Sarrasins un renom impérissable de vaillance et de cruauté. Lorsque la garnison d’Acre eut été forcée de capituler, Saladin refusant de racheter les prisonniers, il les fit tous égorger entre les deux camps. CeIe valeur et tous ces efforts produisirent peu de résultats. Toutes les na5ons de l’Europe étaient représentées au siège d’Acre, mais aussi toutes les haines na5onales. Chacun combaIait comme pour son compte et tachait de nuire aux autres, bien loin de les seconder. Il y avait dans le camp deux rois de Jérusalem, Guy de Lusignan soutenu par Philippe Auguste et Conrad de Tyr appuyé par Richard. Le long siège de Jérusalem est pour le Moyen Age comme le siège de Troie. Saint Jean d’Acre. Guy de Lusignan.
Conrad de Tyr.
La France dans les Croisades
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De toutes parts, l’Eglise triomphait dans l’Europe par l’épée des Français. En Sicile et en Espagne, en Angleterre et dans l’empire grec, ils avaient commence ou accompli la croisade contre les ennemis du pape et de la foi. L’Europe ne pouvait se croire une et le devenir qu’en se voyant en face de l’Asie. L’Allemagne avait sa croisade en Italie, l’Espagne chez elle-‐même. La guerre sainte de Jérusalem, résolue en France au concile de Clermont, prêchée par le Français, Pierre-‐l’Ermite, fut accomplie surtout par des Français. Il appartenait à la France de contribuer plus que tous les autres au grand évènement qui fit de l’Europe une na5on. La lourde féodalité s’est mobilisée, déracinée de la terre. Elle allait et venait, elle vivait sur les grandes routes de la croisade, entre la France et Jérusalem. Le roi seul restait fidele au sol de la France, plus grand chaque jour par l’absence et la préoccupa5on des barons. Telle fut, après la première croisade, la résurrec5on du roi et du peuple. L a c r o i s a d e c o r r e s p o n d à l’affranchissement du peuple dans les communes, affranchissement de la femme, affranchissement de la philosophie, de la pensée pure.
Les fabuleux desYns de Robert de Guiscard et de Tancrède de Hauteville servirent comme une émulaYon aux autres Seigneurs normands.
La Croisade •
Dieu est Dieu, voilà l’Islamisme, c’est la religion de l’unité. Ce Dieu serait jaloux de ses propres symboles. Il veut être seul à seul avec l’homme. Ils ont enferme la femme au sérail, mais elle les y enferme avec elle : ils n’ont pas voulu de la vierge, et ils se baIent depuis 1.000 ans pour Fa5ma. Les Arabes, peuple commerçant, a c c u e i l l a i e n t b i e n d’abord les pèlerins. Tout changea lorsque le calife Hakem, fils d’une chré5enne, se donna lui-‐même pour une incarna5on. Il maltraita cruellement l e s c h r é 5 e n s q u i prétendaient que le M es s i e ét a i t d éj à venu, et les juifs qui s ’ o b s 5 n a i e n t à l’aIendre encore.
Les mondes français au XIIIème siècle
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A la cour de Londres, comme a celle de Saint-‐Jean d’Acre en Syrie Pales5ne, un temps même, a celle de Constan5nople, et plus durablement au palais de Famagouste a Chypre, les élites parlent et écrivent la langue française et leurs noms rappellent « la douce France ». Une limite franche – les rivages marins: A Marseille, quatre ou cinq équipages s’unissent afin de cerner les bancs de thons rouges lors de leur passage au large des calanques; ils les déroutent en les affolant, les acculent dans des nasses de plus en plus étroites et, finalement, les hommes tuent les poissons incapables de fuir, emprisonnes comme ils le sont dans une étroite poche poche terminale. Toujours en Méditerranée, le lamparo, un fanal allume de nuit sur la proue des embarca5ons afin que sa lumière ayre les sardines – donne son nom a un type de pèche très pra5que du cote de Marseille. Des 1199, Jean sans Terre récompense son gouverneur de Guyenne en le gra5fiant de 50 livres angevines prises sur la vente des deux premières baleines péchées par des Basques. Dans les eaux plus froides de la mer du Nord et de Manche orientale, la harengaison devient la grande affaire. C’est que le hareng fait vivre toute une popula5on de matelots miséreux. Le sel, u5lise comme an5sep5que, a des usages ar5sanaux. Il sert notamment au tannage des peaux. En outre, il demeure le seul moyen de prolonger la conserva5on des vivres, et la demande en sel ne cesse de s’accroitre.
Sceau des poissonniers de Bruges. A Bruges, comme dans toutes les villes du Nord du royaume, le hareng est roi!
Il s’agit d’abord augmenter progressivement la concentraYon de sel en conduisant l’eau de mer d’un bassin a l’autre. Les Marais Salants de Guérande.
Les mondes français au XIIIème siècle
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La marqueterie des terroirs agricoles: Selon Marc Bloch, il y a trois civilisa5ons agraires: i) les grands espaces emblaves du centre parisien et de l’Est de la France, aux villages groupes, ii) le bocage et l’habitat disperse des régions de l’Ouest, iii) l’indétermina5on paysagère du Midi, ou l’individualisme paysan prévaudrait en dépit des fortes contraintes posées par le relief. Mille nuances viennent tempérer ceIe distribu5on schéma5que et contribuent a a l’infinie marqueterie des paysages tradi5onnels. Dans le grand Sud-‐Ouest se mul5plient les créa5ons de villages neufs, castelnaus a l’ombre d’un château et surtout bas5des , celles-‐la dépourvues de forteresse seigneuriale. La marqueterie des terroirs agricoles: Selon Marc Bloch, il y a trois civilisa5ons agraires: i) les grands espaces emblaves du centre parisien et de l’Est de la France, aux villages groupes, ii) le bocage et l’habitat disperse des régions de l’Ouest, iii) l’indétermina5on paysagère du Midi, ou l’individualisme paysan prévaudrait en dépit des fortes contraintes posées par le relief. Mille nuances viennent tempérer Castelnaus, sauvetés et basYdes du Sud-‐Ouest. ceIe distribu5on schéma5que et contribuent a a l’infinie marqueterie des paysages tradi5onnels. Un universel ou presque -‐ le vignoble: La vin est d’abord la boisson eucharis5que, et donc nul ne s’étonnera que les ecclésias5ques y aient apporte de tout temps un soin jaloux. La treille mobilise beaucoup l’énergie des moines, c’est non seulement parce qu’il leur est indispensable dans la liturgie, mais aussi parce qu’il s’agit, au contraire de l’eau souvent pollue et malsaine, d’une boisson saine, car fermentée même si le degré d’alcool, autour de 6 a 8 degrés, demeure faible, faute d’apports de sucre. Le transport se révèle être le facteur essen5el de la réussite d’un cru médiéval. Les vins du Midi méditerranéen en pâ5ssent gravement, faute de voies fluviales aisément pra5cables vers Paris ou la Flandre. Moine goutant du vin.
Le vin
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Le raisin est un fruit de passage. La taille sèche (ou taille dʼhiver) pra5quée de décembre a mars, est dite “longue” ou “courte”, selon le nombre dʼyeux (bourgeons) conserves appelés a porter des grappes. Des ceIe phase ini5ale, le vigneron doit arbitrer entre une produc5on abondante dʼun vin de qualité courante et la grande qualité exigeant des rendements moindres. La longue diges5on de la fermenta5on... Le contrôle de lʼindividu pensant sur la nature: Dionysos conquiert la maitrise du vin sur les géants, symbole de la nature bes5ale. Le succès du monachisme bénédic5n contribua a lʼexpasion du vin: la regle de saint Benoit, installant le vin en boisson supérieure aux autres et permeIant aux moines de boire une ra5on quo5dienne, a précipité la planta5on de vignes dans chaque abbaye. Thomas dʼAquin: “Le vin réconforte, le sang du Christ assure la rédemp5on.”
l'Abbaye de Saint André de Sorède.
C'est en 1115 que les moines de Cîteaux construisent le château du Clos de Vougeot afin d'exploiter la vigne qu'ils ont plantée aux alentours.
Les mondes français au XIIIème siècle •
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Des niches écologiques diversement appréciées: On transforme les étangs en viviers naturels ou le poisson g r a n d i t e n t o u t e q u i é t u d e : pra5quement toutes les retenues d’eau des5nées a ac5onner la roue d’un moulin. Philippe Auguste publie en 1219 la p r e m i è r e o r d o n n a n c e c o n n u e , règlementant les coupes fores5ères connues, règlementant les coupes, la glandee des porcs, le ramassage du bois mort – on peut y voir l’acte fondateur de l’administra5on des Eaux et Forets. Ce patrimoine sylvicole présente en effet pour le roi un double intérêt: i) il s’y adonne a sa distrac5on favorite, la chasse, ii) il lui rapporte beaucoup , d’autant que le cours du bois est a la hausse sur tout le siècle. Le breuil est un enclos ferme par des haies vives, puis, de plus en plus, par un mur de maçonnerie: c’est une authen5que réserve de chasse – on parle aussi de garenne ou de parc – facile a surveiller, ou les bêtes sauvages se reproduisent sans pouvoir s’échapper.
Sceau des poissonniers de Bruges. A Bruges, comme dans toutes les villes du Nord du royaume, le hareng est roi!
Cabanes en pierre sèches du Breuil (Dordogne)
Les mondes français au XIIIème siècle
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Diversité du royaume et de ses marges: Une ligne courant du Poitou au lac Léman partage l’espace français, sur les plans: -‐ linguis5que (les parlers d’oc et d’oïl), -‐ juridique (les pays de coutume au Nord, ceux de droit écrit au Sud), -‐ ethnologique (la tuile rouge ronde ou canal et le souvenir de l’apport romain dans le Midi, l’ardoise et le chaume au Nord), -‐ ar5s5que (la fin amors des troubadours d’un cote, les chansons de geste a et l’épopée arthurienne des trouvères septentrionaux de l’autre). A l’écrit, presque tous les notables du nord du royaume lisent et comprennent le français du roi, même s’ils ne le prononcent pas exactement comme lui; s’adressant a des méridionaux de la langue d’oc – un nom invente pour designer les provinces du Sud au parler si étrange – la chancellerie capé5enne emploie le la5n, langue universelle et gage qu’elle sera compris, au moins des élites. Un provincialisme bien tempéré: En ville, le luxe tapageur ou simplement l’aisance affichée de certains heurtent la sensibilité d’un siècle qui réfléchît a la pauvreté du Christ – Louis IX reprend a son compte et durcit la tradi5onnelle législa5on prohibant l’étalage d’un luxe indécent. Le roi et son entourage doivent en imposer par une apparence digne de leur rang, tout en affichant une retenue de bon aloi devant Dieu et les pauvres. La ques5on flamande: La ques5on linguis5que ne se pose pas comme aujourd'hui en Flandre. Le fond du problème résulte de la réussite excep5onnelle de toute la région et plus par5culièrement de l’industrie tex5le des villes de Flandre.
Les mondes français au XIIIème siècle
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Le comte de Flandre est vassal du royaume, mais aussi de l’empereur, ce qui lui ménage une certaine liberté d’ac5on: a Bouvines, Ferrand se bat aux cotes d’OIon de Brunschwick. Tant que le comte ne sera pas un Capé5en fidele, le roi n’hésitera pas a miner de l’intérieur le pouvoir de ce grand seigneur en soutenant le par5 des riches marchands urbains – a l’inverse de ce qu’il pra5que sur ses terres! Le comte s’appuie, lui, sur le menu peuple, exploitant ses récrimina5ons a l’encontre du patriciat. A par5r de 1286, les mé5ers, le patronat de l’ar5sanat, se dressent contre les patriciens mis en difficulté par le début du retournement de la conjoncture économique. Ces derniers se réconcilient avec le comte, entrainant l’interven5on puis la déroute de l’ost du roi de France, renverse, par les milices urbaines dans la boue de Courtrai, 11 juillet 1302: suprême humilia5on pour Philipe le Bel… On se moquera longtemps de ceIe bataille des éperons d’or, accessoires de la gloriole chevaleresque tombes entre les mains de leurs rudes vainqueurs. L’aIrac5on française hors les fron5ères: Aix devient la véritable capitale de la Provence, ou réside le juge mage qui remplace le comte de Provence durant ses absences. Partout l’autorité royale et la paix s’imposent aux sujets. Les ul5mes velléités de résistance des grands nobles provençaux ont été vite balayes. Mais le modèle capé5en s’impose dans le mode de gouvernement du comte, la civilisa5on provençale demeure plutôt tournée vers l’Italie, plus proche culturellement, moins agressive dans ses manières aussi.
Roi de France
Patriciat Marchands
Comte de Flandre
Peuple Ouvriers
Charles d’Anjou, comte de Provence.
La bataille de Courtrai
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Les combaIants des Flandres contre les Français de Philippe le Bel : comme ils ne pouvaient tous recevoir l’eucharis5e, chaque homme se baissa, prit la terre et la mit dans sa bouche. Quatre mille éperons dores furent pendus dans la cathédrale de Courtrai. CeIe terrible défaite, qui avait tout extermine toute l’avant-‐ garde de l’armée de France, c’est-‐a-‐dire la plupart des grands seigneurs, ceIe bataille qui ouvrait tant de successions, qui faisait tomber tant de fiefs a des mineurs sous la tutelle du roi.
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Le cas par5culier de la Navarre: Ce pe5t royaume s’étend sur 35.000 kilomètres carres environ. Escomptant profiter du vide du pouvoir, en 1276, les Cas5llans voudraient l’annexer. En 1285, Philippe le Bel devient roi de Navarre en épousant Jean, et ses trois fils le sont a sa suite au début du XIVème siècle. Philippe le Bel n’a jamais visite son royaume d’outre-‐Pyrennees; le futur Louis X le Hu5n consent a se faire couronner a Pampelune fin 1307, mais ne s’aIarde pas; ses frères n’y viennent jamais. La Navarre se trouve donc administrée par des gouverneurs qui sont en fait des officiers de la couronne de France. Le pape prend ses quar5ers en Avignon: Rome n’est plus le centre du monde, même pas le cœur de l’Italie dont les cites de Lombardie et de Toscane animent de leurs incessantes rivalités la croissance économique et les innova5ons ins5tu5onnelles. Rome fait en outre l’objet d’une perpétuelle rivalité entre ses grands lignages princiers qui, Colonna ou bien Orsini, essaient chacun a son tour, d’en prendre le contrôle. Innocent IV organise un premier concile œcuménique a Lyon en 1245. il rompt ainsi avec la tradi5on des conciles œcuméniques romains. Ce concile généralise le principe de la confession obligatoire des ses péchés a un prêtre au moins une fois l’an pour chacun des bap5ses adultes. L’archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, un Gascon, sujet du roi d’Aquitaine, prend son chemin vers l’Italie (1305). A Lyon, l’aIend Philippe IV, et l’on procède sans plus aIendre au sacre pon5fical; puis le nouveau pape hésite devant le guêpier romain, l’affronte un temps, le quiIe en mars 1309, songe alors a se fixer a Vienne, mais s’arrête en Avignon qui appar5ent a Charles II d’Anjou, roi de Naples et comte de Provence.
Charles II d’Anjou, roi de Naples et comte de Provence.
Les mondes français au XIIIème siècle
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Jean XXII entame un pon5ficat de 18 ans (1316-‐1334). Couronne a Lyon, c’est lui qui va établir de façon durable le siège pon5fical a Avignon. Avignon est une terre d’Empire mais se situe a a une encablure du royaume, dont le Rhône les sépare seul. Avignon cons5tue une place financière, ar5sanale et commerçante de première grandeur, puisque les sommes collectées pour la Chambre pon5ficale (le Trésor du pape) y affluent puisque les dignitaires de l’Eglise y entre5ennent un train de vie majestueux. Le français par delà les monts: De longue date, des Francos ont franchi les monts pour aller se baIre dans les Espagnes, soit comme mercenaires, soit comme volontaires de la guerre contre les musulmans d’Andalousie. Prépondérance également du français en Italie qui s’explique par au moins trois phénomènes concomitants: -‐ il fait office de langue commune pour tous les Occidentaux établis ou trafiquant dans le bassin oriental de la Méditerranéen, et parmi ceux-‐ci, les Italiens, marins ou marchands. -‐ les rela5ons commerciales entretenues avec la Flandre (ou le français est la langue des affaires) et les foires de Champagne, l’importance du marche parisien mo5vent chez l’appren5 marchand un appren5ssage précoce de l’idiome de ses futurs clients. -‐ Enfin, l’aIrac5on de l’université de Paris force a apprendre le dialecte des logeurs et des passants.
Avignon – cite des papes.
Jean XXII.
Les mondes français au XIIIème siècle
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La France d’outre mer: La Syrie franque. La prise de Jérusalem le 15 juillet 1099 par les croises parvenus au terme de leur pèlerinage arme posait plus de problèmes qu’elle n’en résolvait: tandis que les conquérants de la Ville sainte, pour la plupart, reprenaient leur chemin vers l’Occident, il fut décidé d’occuper « l’héritage du Christ ». Des 1144, la principauté d’Edesse s’effondre, puis en 1187 Saladin inflige aux Francs a Hayn une terrible défaite, qui décapite le royaume et entraine la perte de Jérusalem avec de nombreuses autres villes et places fortes de la Pales5ne, y compris Acre qui, une fois reprise, devient la capitale d’un royaume la5n atrophie, jusqu’à sa chute défini5ve en 1291. Les Francs installes en terre sainte sont dans leur grande majorité originaire de la moi5e septentrionale du royaume ou des comtes romans de l’Empire, a l’image de Godefroy de Bouillon, fils du comte de Boulogne et héri5er de la Basse Lorraine. Dans les quatre Etats francs, un clergé la5n se surimpose a ceux des Eglises grecques et orientales en place depuis des siècles, ses prélats étant le plus souvent recrutes en France.
Saint-‐Jean d’Acre. Elle fut prise en 1104 par les croises et devint la capitale mariYme du royaume de Jérusalem, grâce a son port en eau profonde. Les Hospitaliers y installèrent leur quarYer général. Il comportait des salles goYques imposantes.
Les mondes français au XIIIème siècle
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Apres le désastre de Hayn, Philippe Auguste et Richard Cœur de Lyon prennent la croix et débarquent en Syrie avec leurs armées: Philippe q u i I e n é a n m o i n s c e t e r r a i n d’opéra5on des la reprise d’Acre en 1191, après deux années de siège. Saint Louis s’aIarde quatre années en Pales5ne dont il relève les défenses. Toutes ces croisades ont donc échoue, et l’aytude belliqueuse indiscriminée des pèlerins venus un temps servir sous les armes en Terre sainte, a souvent inquiété les poulains, les Francs établis a demeure en Orient. En effet, ces croises fougueux marquent une propension a aIaquer i ndi s5nctement tout Oriental qui se présente a leurs yeux. De façon paradoxale, Frédéric II, l’empereur excommunie pour avoir Le krak des chevaliers. Le nom de Krak dérive d’un terme syriaque signifiant forteresse. trop retarde son départ pour la Ce château a été édifié par les Hospitaliers a parYr de 1170. croisade, réussît mieux que le roi de France en obtenant la res5tu5on de Jérusalem aux La5ns par le traite de Jaffa en 1229.
Les mondes français au XIIIème siècle
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Des la première croisade, après 1905, une espérance eschatologique a soulevé les masses de l’occident chré5en. L’idée de la réalisa5on a Jérusalem d’un monde de perfec5on, après l’élimina5on des ennemis du Christ, juifs et mahométans, a provoque un élan religieux extraordinaire et lance sur les route des milliers de pauvres, derrière des prédicateurs, dont Pierre l’Ermite cons5tue la figure la plus marquante. En 1212, le pape Innocent III ordonne des processions générales pour obtenir du Ciel la paix de l’Eglise universelle et le succès des chré5ens contre les héré5ques occitans et contre les Sarrasins de le péninsule ibérique ou de l’Orient. Ce message rencontre un écho immédiat parmi ceux que les chroniqueurs dénomment « pueri » -‐ ce sont en fait tous ceux qui se trouvent en situa5on de dépendance, sont mal intégrés dans la société, en posi5on précaire ou marginale: domes5ques, servantes, bergers des campagnes, d’ou le nom de pastoureaux. Dans le royaume de France, ceIe vague messianique met a sa tête un berger, E5enne de Cloyes. Les pastoureaux apparaissent bientôt comme des fauteurs de troubles compromeIant l’ordre public et sont considérés comme des suppôts de Satan. Avec leur chef charisma5que, le « Maitre de Hongrie », un Cistercien en rupture de monastère, ils sont massacres et pendus dans les environs de Bourges.
Les Pastoureaux. Ils traversèrent d’abord la Flandre et la Picardie et airaient, comme l’aimant aire le fer, a travers les villages et les champs
par leurs appels trompeurs , les bergers et les plus simples des pécheurs. Les bergers abandonnaient leurs troupeaux et sans averYr leurs familles. La reine Blanche de CasYlle qui, seule gouvernait alors le royaume de France avec une merveilleuse habileté, les laissait faire, parce qu’elle espérait qu’ils porteraient secours a son fils, le saint roi Louis IX en terre sainte. Parvenus a Orléans, ils ajaquèrent les clercs de l’université et en tuèrent beaucoup – ils envahissent les synagogues et dépouillèrent des Juifs.
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Le royaume de Chypre: Richard Cœur de Lion enlève, en mai 1191, l’ile de Chypre – il transfère sa conquête aux Templiers qui la vendent a l’un de ses vassaux poitevins, Guy de Lusignan. Nombre de Francs d’Orient, chasses de leurs domaines par l’avancée de Saladin après Hayn (1187) trouvent refuge a Chypre. La Chypre la5ne est une société coloniale dominée par une minorité franque. La cour de Nicosie parle français. Et l’importance stratégique de Chypre est bien mis en évidence lors de la première croisade de Louis IX: il y établît une base de ravitaillement qui provoque l’étonnement de tous les contemporains. Mais les Francs de cet extrême poste avance de la Chré5enté la5ne se meridionalisent tout naturellement, avant de s’italianiser pour de bon au XIVème siècle.
Le retour du croise. Hughes de Vaudémont est accueilli a son retour de terre sainte par son épouse, Anne de Bourgogne. Renouant avec les origines spirituelles de la marche vers Jérusalem, le croise est figure non en militaire mais en pèlerin. La longue barbe qu’il arbore souligne la sagesse du revenant. Louis IX arrive a Chypres. La nef royale bénéficie d’une innovaYon capitale: le gouvernail axial, dit d’étambot, mis au point dans les mers du Nord de l’Europe, assure désormais une bien meilleure gouverne aux grosses unîtes.
Les mondes français au XIIIème siècle
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Poussières d’Empire: Ourdis par les Véni5ens, armateurs et patrons de la floIe qui porte les croises, le détournement de la quatrième croisade, la prise et le saccage de Constan5nople en 1204 sont finalement entérinés par le pape Innocent III qui espère parvenir de ceIe manière a l’union des Eglises la5ne et grecque sous l’autorité éminente du trône de saint Pierre. Apparu dans ces circonstances tumultueuses, l’empire la5n d’Orient contrôle d’abord une par5e de la Grèce con5nentale et de l’Asie mineure byzan5ne.
Les mondes français au XIIIème siècle
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Retour en Sicile: La Sicile normande avait vu éclore une société pluriculturelle fort originale: dominée par une aristocra5e occidentale, elle juxtaposait apports arabo-‐musulmans, grecs byzan5ns et français. Le Saint Siege, en conflit permanent avec Frédéric II, dans la première moi5e du XIIIème siècle, cherche, après sa dispari5on en 1250 a subs5tuer a ses héri5ers un prince qui serait tout dévoué a la papauté. Charles d’Anjou, frère de Louis IX, reçoit de Clément IV (un pape « français ») l’inves5ture du royaume de Sicile en 1265. il prend en personne la tête de la croisade dirigée contre Manfred, le fils de Frédéric II. Charles implante dans son royaume les méthodes de gouvernement appliques en France. L’autorité souveraine se trouve concentrée dans les cours de Palerme ou de Naples, ou les Français et Provençaux reçoivent les offices principaux. La conquête du royaume de Sicile ouvre de larges possibilités aux ambi5ons de Charles d’Anjou. Il envisage même un temps de restaurer l’empire la5n, reconquis par les Grecs en 1261. il incarne en Méditerranée un impérialisme capé5en, que rendent possible l’acquisi5on par le roi de France d’une façade Clement IV invesLt Charles d'Anjou du royaume sur le liIoral du Languedoc et la mainmise par mariage sur la Provence. de Sicile. Cependant, les entreprises et les ambi5ons angevines dressent contre elles de nombreux adversaires: l’empereur byzan5n, Michel VIII Paléologue, puis Gênes et Barcelone, ports sans arrière pays comme base d’appui. Le 13 mars 1382, un accident survenu a Palerme, entre un groupe de sergents français et des Siciliens provoque une émeute. La foule cerne les hommes du détachement et les massacre, tandis que sonnent les Vêpres. Apres les Vêpres, Charles d’Anjou se replie sur Naples et la Terre ferme, ou il meurt en janvier 1285.
Louis IX devient saint Louis
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L’Eglise perdant son caractère de sainteté, ce caractère va passer a un laïque, a un roi, a un roi de France. Les peuples vont transporter leur respect au sacerdoce laïc, à la royauté. Le pieux Louis IX porte ainsi, a son insu, un coup terrible a l’Eglise. Et le pape n’a vaincu le mys5cisme indépendant (les Albigeois) qu’en ouvrant lui-‐ même de grandes écoles de mys5cisme, les ordres mendiants. Les ordres de saint Dominique et de saint François, sur lesquels le pape essaya de soutenir l’Eglise en ruine, eurent une mission commune la prédica5on. Le premier âge des monastères, l’âge du travail et de la culture, ou les bénédic5ns avaient défriche la terre et l’esprit des barbares, cet âge était passe. Celui des prédicateurs de la croisade, des moines de Cîteaux et de Clairvaux avaient fini avec la croisade. Mais les moines sédentaires et reclus ne servaient plus guère, lorsque les héré5ques couraient le monde pour répandre leurs doctrines. Contre de tels pécheurs, l’Eglise eut ses prêcheurs, c’est le nom même de l’ordre de saint Dominique. Ces apôtres effrénés de la grâce couraient partout pieds nus, jouant tous les mystères dans leurs sermons, trainant après eux les femmes et les enfants , riant a Noel, pleurant le Vendredi saint, développant sans retenue tout ce que le chris5anisme a d’éléments drama5ques. Tout puissant génie drama5que qui poussait saint François a l’imita5on complète de Jésus. Une dévo5on sensuelle embrassa la chré5enté. Jamais ceIe cinquième croisade n’avait été plus nécessaire et plus légi5me. Agressive jusque la, elle devenait défensive. On aIendait dans tout l’Orient un grand et terrible évènement, c’était comme le bruit des grandes eaux avant le déluge, comme le craquement des digues, comme le premier murmure des cataractes du ciel. Les Mongols s’étaient ébranles du Nord et peu a peu descendaient par toute l’Asie. L’empereur la5n de Constan5nople venait exposer à saint Louis son danger, son dénuement et sa misère. Les Mongols avaient pris Jérusalem abandonnée de ses habitants ; ces barbares, par un jeu perfide ; ces barbares, par un jeu perfide, mirent partout des croix sur les murs, les habitants trop crédules, revinrent et furent massacres. Ce n’était pas une simple guerre, une simple expédi5on que saint Louis projetait, mais la fonda5on d’une grande colonie en Egypte. Saint Louis crut les Mongols favorables au chris5anisme d’après leur haine pour les Musulmans et se ligua avec eux contre les deux papes de l’islamisme que sont les califes de Bagdad et du Caire. Rien ne manquait au malheur et à l’humilia5on de saint Louis. Les Arabes chantèrent sa défaite, et plus d’un peuple chré5en en fit des feux de joie. Il resta pourtant un an a la terre sainte pour aider a la défendre, au cas que les mameluks poursuivissent leur victoire hors de l’Egypte. Il releva les murs des villes, for5fia Césarée, Jaffa, Sidon, Saint Jean d’Acre. La plus grande par5e de l’armée resta sous le soleil d’Afrique, dans la profonde poussière soulevée par les vents, au milieu des cadavres et de la puanteur, des morts. Tout autour rodaient les Maures qui enlevaient toujours quelqu’un. En huit jours, la peste avait éclate. La croisade de saint Louis fut la dernière croisade. Le Moyen Age avait donne son idéal, sa fleur et son fruit, il devait mourir. En Philippe le Bel, le pe5t fils de saint Louis, commencent les temps modernes.
Le roman des rois
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Moine de la pres5gieuse abbaye royale, Primat entame dans les années 1260, a la demande expresse de saint Louis, la transla5on en français du texte la5n des Chroniques de Saint-‐Denis: il présente en defini5ve le Roman aux Rois a Philippe III le Hardi en 1274. Le royaume: un France inabou5e: Des fron5ères héritées d’un autre temps – Depuis le traite de Verdun, auquel étaient parvenus les fils de Louis le Pieux en 843: quatre rivières bornent le royaume de France occidentale en passe de devenir la France: L’Escaut, la Meuse, la Saône et le Rhône. L’empereur se trouve donc être le voisin du roi capé5en (d’autant qu’il est également roi d’Italie) mais tout une couronne de comtes est de langue romane et se trouve vite travaillée par la civilisa5on française et même par le pres5ge du roi de Paris. Philippe Auguste et Louis VIII ont considérablement réduit l’emprise des Plantagenet dans l’Ouest de la France. Toutefois ces derniers conservent l’Aquitaine, ce qui ne laisse pas de poser problème. Fidele a son aspira5on d’incarner le roi garant de l’équité et faiseur de paix, Louis IX entreprend de vider pour de bon le conten5eux entretenu depuis deux généra5ons avec son cousin d’Angleterre. Par le traite de Paris, paraphe en 1259, il res5tue le Limousin, le Quercy et le Périgord a Henri III contre le renoncement défini5f de ce dernier a la Normandie. D’une façon générale, toute la noblesse anglaise ou presque porte es noms d’origine française, elle se targue de parler le français (en réalité plutôt un dialecte franco normand).
Queribus. En 1239, le régent du royaume d’Aragon vend Queribus a Louis IX – Le château sert longtemps de refuge aux chevaliers en rupture de ban et aux « bons hommes » de la dissidence religieuse. Ce dernier sanctuaire de l’hérésie tombe en 1255.
Le roi de France et le roi d’Angleterre
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Pendant la seconde croisade, celle de Louis VII et de l’empereur Conrad, les Allemands étaient en grand nombre ceIe fois. La femme de Louis VII est Éléonore d’Aquitaine – elle demande le divorce et se marie avec Henri Plantagenet, duc d’Anjou, pe5t fils de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, et bientôt roi d’Angleterre. En épousant Éléonore, il épouse avec elle la France occidentale, de Nantes aux Pyrénées.
Gisant d’Aliénor d’Aquitaine.
Le roman des rois
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Le mystère du sacre: La personne du roi est sacrée. Un mode sans roi sombrerait dans l’anarchie, pensait-‐on. Heureusement, un roi pieux, juste et pacifique devient le garant d’un royaume prospère. L’aura de sainteté qui vient nimber la personne de Louis IX incarne parfaitement ceIe réussite conjointe du juste qu’il incarne parmi les hommes et du croyant auprès du Seigneur. Tel un prêtre consacre, le roi communie en ceIe occasion sous les deux espèces. Il demeure cependant laïc. La personne du roi échappe a la sphère profane et acquiert un statut sacerdotal inédit. En conséquence de quoi, le roi de France a la don de guérir la maladie royale – les écrouelles. Les Capé5ens se succèdent de père en fils jusqu’à la crise ouverte en 1328, par la dispari5on sans héri5er male de Charles IV, le dernier fils de Philippe le Bel. Retour a la lignée de Charlemagne: Maire du Palais depuis déjà longtemps, Pépin le Bref avait choisi finalement de chasser du trône le dernier roi fantoche merovingien, descendant dégénéré de Clovis, selon les dires de sa propagande. Son coup d’Etat, perpétré en 751, fut aussitôt entérine par la la papauté. Son fils Charles reçut la couronne impériale des mains du pape la Noel de l’an 800 et le pres5ge du grand conquérant acheva de dissiper les derniers doutes que certains pouvaient entretenir sur la légi5mité de la dynas5e. Un pa5ent travail généalogique permet aux clercs des premiers rois capé5ens d’affirmer que le trône de France est revenu a la lignée de Charlemagne – « Redditus ad s5rpem Karoli ». La monarchie capé5enne dispose assurément d’un mode successoral plus sur que celui d’une couronne devenue élec5ve. Le Capé5en ne se trouve pas non plus astreint a effectuer une expédi5on toujours risquée a travers les Alpes et la plaine du Po, dominée par Milan et les remuantes communes de la Ligue Lombarde, a seule fin d’honorer la tradi5on du couronnement romain.
L’arbre de Jesse. Une telle figuraYon établît un lien étroit entre la royauté (que Dieu établît pour gouverner le premier peuple élu) et le Christ, que le souverain capéYen approche par l’oncYon reçue lors de son sacre. La présence des lys, meuble des armes de France, porte son sens.
Le roman des rois
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Un changement de nature dans la rela5on entre la monarchie et ses sujets se manifeste avec le choix fait par Philippe Auguste, en 1204, a l’heure de ses succès décisifs en Normandie, de se dire Rex Franciae, roi de France, et non plus Rex Francorum, roi des Francs. Louis IX encourage l’abbé de Saint-‐Denis, Mathieu de Vendôme, a entreprendre, a par5r de 1262, un vaste programme de réorganisa5on de l’espace intérieur de son abba5ale: au sud, il regroupe les tombeaux merovingiens et carolingiens, jusqu’à la disperses au hasard de leur inhuma5on originelle, au nord, les tout premiers capé5ens. Et comme deux rois ne sauraient coexister, le roi régnant n’assiste jamais a l’enterrement de son prédécesseur auprès de leurs ancêtres. L’abbaye de Saint-‐Denis, plus que la cathédrale de Reims fréquentée le temps du sacre seulement, est le véritable cœur spirituel de la monarchie capé5enne.
L’Oriflamme a la Cathédrale de Chartres. L’oriflamme est une bannière de soie rouge, conservée a Saint-‐Denis, que le roi vient chercher quand il entre en guerre et rapport a la clôture des hosYlités. Gisants de la dynasLe merovingienne a l’abbaye de Saint-‐Denis.
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L’image présentée a ses sujets: Sous Louis VIII, l’aumônerie royale connaît plus de trois cents établissements de ladres (lépreux) repar5s a travers le Domaine (avec Saint-‐ Lazare notamment). Le roi veille avec aIen5on sur l’équipement hospitalier de sa capitale: l’Hôtel-‐Dieu, bien soutenu par le Trésor, propose des condi5ons d’accueil et de soins excep5onnelles, en par5culier pour les femmes près d’accoucher; et saint Louis fonde en 1254 l’hôpital des Quinze-‐Vingts, des5ne a accueillir, leur vie durant, trois cents aveugles sans ressources. Le peuple se trouve associé aux grandes heures ponctuant la montée en puissance de la monarchie: la mémoire na5onale a retenu le cortège d’enthousiasme qui accompagne Philippe Auguste sur son chemin de retour vers Paris après son triomphe de Bouvines. Autre vecteur de communica5on certes plus sélec5f par le public touche, la monnaie et les empreintes qu’elle diffuse. Louis IX par5cipe a la réintroduc5on en Occident du bimétallisme or/argent. Le roi en son royaume: Les premiers Capé5ens avaient tous vécu dans une ambiance très familiale, sans grand décorum, entoures d’un personnel domes5que réduit en nombre et dans le cadre architectural austère des châteaux forts sans aucun confort. Vers 1190, en parallèle aux travaux d’extension de l’enceinte de sa capitale, Philippe Auguste entreprend l’édifica5on du Louvre. Le nouveau château se présente comme une formidable forteresse, de plan rectangulaire, d’environ 70 mètres sur 70.
Ecu d’or de Louis IX.
PeLt royal d’or de Philippe le Bel.
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En fait, Philippe Auguste con5nue d’occuper le palais de la Cite a Paris. A ce dernier, Louis IX adjoint la Sainte-‐Chapelle, entreprise en 1243 et achevée en 1248. L’atmosphère demeure longtemps encore bon enfant. Les gens du peuple peuvent entrer dans le palais, voir le roi qui s’y déplace, parfois même lui adresser la parole: armes de leur verge, les huissiers ont un rôle essen5el, car ils doivent faire respecter un minimum d’ordre et assurer la sécurité du roi et des des Grands présents a la cour. La muraille ordonnée par Philippe Auguste enclot Paris, a l’intérieur de laquelle les indispensables travaux d’u5lité publique achèvent un premier équipement: pavage des rues principales, construc5on des halles, clôture du cime5ère des Saints Innocents. Les services centraux: Les documents financiers font défaut totalement pour le XIIème siècle. Le rôle du Temple s’affirme de façon durable – l’ordre militaire fonde a Jérusalem en vue de la défense de la Terre sainte a acquis une solide expérience financière. Le Temple de Paris gère donc le Trésor du roi jusqu’à la fin du siècle ou presque. Sur une jus5fica5on spirituelle – la défense de la foi en Orient ou la luIe contre l’hérésie – l’Eglise peut officiellement depuis le quatrième concile tenu au Latran concéder aux souverains une frac5on de ses revenus. A compter des années 1250, Louis IX transfère les charges de l’administra5on courante a une bourgeoisie ministérielle issue de son entourage domes5que, ou les nouveaux promus exerçaient des fonc5ons de valets ou de fournisseurs: apparaissent successivement, un chevalier du guet, en charge de la police diurne et nocturne de la cite, un prévôt des marchands, représentant des gros intérêts économiques. Rempart de Philippe Auguste a Paris
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Les moyens du gouvernement: Les terres possédées en propre par le roi lui procurent l’essen5el de ses ressources selon l’adage « Le roi doit vivre du sien ». Les baillis sont des officiers détachés de la cour, accables de taches mul5ples: outre le contrôle des prévôts, ils doivent tenir des assises mensuelles afin de rendre la jus5ce au nom du roi et, a l’occasion, convoquer et mener les assujeys au service militaire a l’ost, en prenant la tête de leur con5ngent jusque sur le champ de bataille au besoin. Les baillis doivent faire valider leur comptabilité deux fois l’an par la Chambre des comptes de Paris. Le bailli du roi doit être incorrup5ble et irréprochable dans sa conduite envers les sujets qui lui sont confies. Apanages et comtes capé5ens: Le principe de l’apanage est simple. Le roi cède une frac5on des territoires a un prince du sang pour assurer sa subsistance (ad panem). Ce dernier le gouvernera en son nom et la transmeIra a ses héri5ers légi5mes – l’apanage ne peut être démembré; s’il y a défaut de successeurs, il fait retour au souverain. CeIe pra5que du démembrement contrôle du Domaine royal présente au moins trois avantages: -‐ Elle sa5sfait les ambi5ons des frères et des fils cadets du roi. -‐ Elle sa5sfait les nobles présents dans une province éloignée, de raIachement récent, flaIes de voir porter a leur tête un suzerain d’extrac5on illustre, garant, pensent-‐ils, de la sauvegarde de leurs privilèges et des « libertés » aIachées a leur terre. -‐ Enfin, il s’agit d’une forme de décentralisa5on du pouvoir dans des espaces périphériques qu’un prince délègue est mieux a même de contrôler que des bureaux lointains ou des officiers anonymes.
Le paradis et l’enfer. Ceje image oppose le ciel et l’enfer. Des anges remejent a Abraham les âmes des bienheureux, représentés par de peYts personnages. Des démons torturent les damnes, avant de les jeter dans une chaudière, ou ils brulent sans se consumer, du fait de la fournaise infernale.
Des peuples mis sur le droit chemin
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L’éradica5on de l’hérésie: La doctrine divergente n’est plus connue qu’au travers d’écrits hos5les… Lorsque Bernard de Clairvaux vient prêcher au village de Verfeil en 1145, il se heurte au bruyant charivari des cents seigneurs du lieu. Les prêtres de la dissidence méridionale se nomment plutôt « les bons chré5ens » -‐ le terme « cathare » demeurant inconnu dans le Midi médiéval. En fait, il s’agit d’une simplifica5on radicale du chris5anisme, inspire notamment par l’Evangile de Jean, alors qu’ils rejeIent très largement l’Ancien Testament – Deux êtres divins, Satan et l’Esprit, s’opposent depuis la créa5on du monde, la terre étant le domaine créé par le Dieu du mal, le ciel celui du Dieu du bien. Les croyants peuvent escompter sauver leur âme en recevant a la fin de leur vie le seul sacrement délivré par les « bons hommes » -‐ le consolament. La consola5on est aussi le sacrement d’ordinant des officiants, seuls astreints a un mode de vie draconien, proche des habitudes du monachisme primi5f. L’un des moyens les plus surs de détecter leurs par5sans, vite découvert par l’Inquisi5on, sera d’exiger des suspects qu’ils prêtent serment de dire la vérité, parce que les « cathares » 5ennent en abomina5on cet usage social consistant a engager sa parole et s’y refusent conformément aux préceptes évangéliques. A la charnière du XIIème et du XIIIème siècles, deux frac5ons très minoritaires de la popula5on du Midi se montrent récep5ves au discours hétérodoxes des « bons hommes », la pe5te noblesse rurale et les élites citadines: -‐ la pe5te noblesse est en proie a appauvrissement souvent drama5que avec la pulvérisa5on des héritages lignagers partages a égalité entre tous les fils survivant a leur père. -‐ la bourgeoisie enrichie des cites prospères se trouve en buIe au blocage idéologique que lui impose une ins5tu5on ecclésiale condamnant radicalement ses ac5vités usuraires.
La croisade contre les Albigeois
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L’élément sémi5que, juif et arabe était fort au Languedoc. Narbonne avait été longtemps la capitale des Sarrasins de France. Les juifs étaient innombrables. Ils formaient le lien entre les chré5ens et les mahométans, entre la France et l’Espagne. Au centre, il y avait la grande cite de Toulouse, république sous un comte. La croisade contre Constan5nople avait habitue les esprits a l’idée d’une guerre sainte contre les chré5ens. On offrait le paradis a celui qui aurait ici-‐ bas pille les riches campagnes, les cites opulentes du Languedoc. Simon de Mon„ort, le véritable chef de guerre des Albigeois, était déjà un vieux soldat des croisades, endurci dans les guerres a outrance des Templiers et des Assassins -‐ Sac de Béziers : Tuez les tous, le Seigneur connaitra bien ceux qui sont a lui (abbé de Cîteaux).
Chute de Carcassonne.
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Donc, d’une part, des notables ruraux en grand danger de déclassement social – de l’autre, des notables citadins a l’ascension bridée, déçus dans leurs ambi5ons, inquiets car laisses sans gages spirituels d’un avenir pérenne. De plus les « bons hommes » sont peu regardants quant aux pra5ques ayant le profit comme fin, étant donne que, de toute façon, le monde d’ici-‐bas est mauvais par nature et qu’aucune ac5vité professionnelle ne saurait y être pire qu’une autre. La dissidence vaudoise: Elle est d’une tout autre nature et ne risque pas de se confondre avec un « catharisme ». Pierre Valdès veut rompre avec le laxisme de l’Eglise militante afin de mieux vivre l’Evangile dans sa plénitude. Il rejeIe donc les richesses accumulées, se dépouille de tout apparat luxueux et va solliciter auprès des autorités religieuses l’autorisa5on de prêcher la Parole révélée auprès des déshérités, les pauvres de Lyon. Poursuivi par l’Inquisi5on, il trouve avec sa suite refuge dans les hautes vallées alpines ou ils se main5ennent a travers la suite du Moyen Age. Au luxe affiche sans vergogne par les prélats, a leur orgueil al5er, a leur morgue, répond l’indignité de vie du bas du clergé catholique, inculte le plus souvent, incapable de se poser en modèle respectable. Le pape, Innocent III, autoritaire, mul5plie les rappels a l’ordre et finit par déléguer en 1204, Arnaud Amalric, l’abbé de Cîteaux, en Languedoc.
Abbaye cistercienne de Sénanque. Les abbés cisterciens furent les premiers prédicateurs a combajre l’hérésie grâce a leur culture théologique et a leur éloquence de grands seigneurs, une tache qui les faisait quijer, pour un temps bref, ces havres de paix que sont les monastères de leur ordre, toujours ruraux et isoles du commun des hommes.
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L’assassinat du légat du pape, Pierre de Castelnau, près de Saint-‐Gilles-‐Du-‐Gard, représente un défi direct porte a l’Eglise. Innocent III assure aux guerriers qui combaIront en pays albigeois la rémission plénière de leurs péchés, soit le privilège accorde aux Croises du Proche Orient. Incarna5on du bras séculier de l’Eglise, ceIe armée inédite inaugure son périple par le massacre de Béziers (« Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens!’). L’affaire de la foi se transforme insidieusement en un conflit pour la domina5on poli5que de la région, avec d’autant plus de facilite que, même pour les nobles méridionaux demeures bons catholiques, les croises sont vite ressen5s comme des agresseurs étrangers, avides et dangereux. Raimond VI se trouve accule. Il inflige aux Français un premier échec en reprenant Beaucaire, en aout 1216. En voulant reconquérir Toulouse, Simon est tue en juin 1218 sous ses murs et sa mort accélère le processus de délitement de sa conquête. Mais Louis VIII revient dans le Midi a la tête d’une puissante armée en 1226, assiège et prend Avignon. L’inquisi5on en ses œuvres: Le concile de Toulouse de 1229 élargît la répression de l’hérésie en s5pulant que ceux qui donneraient asile aux « bons hommes », perdraient leurs biens et que les maisons des héré5ques convaincus seraient rasées. Pour les relaps, les héré5ques pardonnes une fois puis ensuite retombes dans l’hérésie, la remise au bras séculier puis la mort s’imposent. L’ordre dominicain reçoit la charge de l’Inquisi5on. Un acte de Philippe Auguste. Il invesYt Simon de Montort du duché de Narbonne et du comte de Toulouse.
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Les Inquisiteurs travaillent sur fiches: ainsi les meilleures instruments intellectuels de l’époque, fondes sur les no5ons d’ordre, de classement ra5onnel, de raisonnement dialec5que pousse jusqu’à son terme logique, trouvent-‐il la un emploi fort en avance sur les techniques usuelles de la jus5ce du temps. Bref, les techniques inquisitoriales sont rodées et mises au point dans le Midi, comme en Italie, a compter du deuxième 5ers du XIIIème siècle. Mais l’effacement progressif de la dissidence religieuse en Languedoc ne s’explique pas seulement par la répression inquisitoriale. Assouplissement de la doctrine: le Purgatoire promet aux prêcheurs éventuels un possible rachat et ouvre a tous l’espoir du salut. En outre, a la différence des congréga5ons monas5ques antérieures, réservées a l’aristocra5e, les ordres mendiants rassemblent les fils des élites de la naissance et ceux des élites du savoir et de la richesse. La normalisa5on catholique: En ville, émergent de nouvelles pra5ques fes5ves qui ménagent toutes des respira5ons périodiques a travers le temps chré5en – la fête des fous – élec5on d’un abbé ou d’un évêque des fols au sein des enceintes monas5ques ou canoniales, classique rite d’inversion temporaire ou bien le carnaval et ses excès s’insèrent dans le très rigoureux carême d’avant Pâques. Partout, « on plante le mai », et les jeunes filles, couronnées de fleurs pour l’occasion, de danser autour de cet arbre, symbole de la renaissance de la végéta5on après l’hiver et de toutes les montées de sève printanière.
Vierge a l’enfant du XIIIème siècle. Auvergne. Avec les siècles, Marie noue une véritable relaYon avec son fils, s'étend près de lui (période romane), le regarde (début du XIIIème siècle), le prend dans ses bras (XIVème siècle).
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Le baptême – un rite universel d’intégra5on: L’Eglise impose sa marque sur toutes les ar5cula5ons importantes de la vie. Le baptême se confond pra5quement avec la naissance. Semblable au geste de saint Jean Bap5ste quand il versa sur le Christ de l’eau du Jourdain, le baptême lave l’âme du pèche originel commis par Adam et sa compagne, il signifie l’entrée dans la communauté des chré5ens. Le XIIIème siècle voit l’abandon définît du rituel du baptême par immersion et l’administra5on de ce sacrement le plus tôt possible dans la vie, toujours fragile, du nouveau ne. Jusque vers la douzième année de leur âge, les enfants morts sont enterres dans un carre spécial du cime5ère, le plus éloigné possible de l’église, comme si leur état ne paraissait pas défini5vement assure – certaines de ces âmes floIantes pourraient même se manifester sous la forme de revenants. Le mariage et les funérailles – deux rites de passage chris5anises: Le concile de Latran organise par Innocent III en fait l’un des sacrements de l’Eglise. Jusque-‐la, il demeurait, pour l’essen5el, une affaire conclue entre laïcs. Désormais l’union du nouveau couple se voit solennisée par le prêtre qui l’accueille sous le porche de l’église, juste avant la célébra5on de la grande messe dominicale. Le mariage est devenu une cérémonie solennelle publique, il doit être annonce – ce sont les bans – une union clandes5ne n’aurait aucune valeur et tomberait même sous le coup de la loi humaine puisqu’elle serait un rapt, étant perpétrée sans l’accord des parents. Latran réaffirme enfin un point tradi5onnel de la doctrine de l’Eglise – la prohibi5on de plusieurs unions matrimoniales simultanées. La bigamie est mo5f d’excommunica5on.
L’Officialité. La dispariYon du mari en Orient, suivie du remariage de sa veuve présumée, puis du retour du disparu, consYtue un cas typique de ces affaires matrimoniales dont les tribunaux d’Eglise se réservent le jugement au XIIIème siècle.
Des peuples mis sur le droit chemin
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Expulses de chez elles ou devenues incapables de gagner leur vie, beaucoup de personnes âgées malades, invalides, égrotantes, se retrouvent prises en charge par une structure hospitalière. Apres la veillée mortuaire, le corps passe par l’église pour une ul5me bénédic5on, avant d’être inhume soit dans le cime5ère adjacent – un terrain normalement clôture, un sol jadis béni par l’évêque qui l’a consacre a cet usage – soit, pour les plus favorises, a l’intérieur même du bâ5ment cultuel. Le purgatoire est invente a ceIe époque – la durée de séjour dans cet enfer modère peut être raccourcie grâce aux suffrages qui militent en faveur des âmes en peine, c’est a dire des bonnes ac5ons permises sur terre par le biais des dons opérés par le défunt et, surtout, les prières qu’assurent a ce dernier les legs aux communautés religieuses, incontestables spécialistes des chants d’implora5on au Seigneur, au premier rang desquelles figurent de plus en plus dans la France du XIIIème siècle les couvents des ordres mendiants. Une parole nouvelle, celle des ordres mendiants: Les vedeIes de l’actualité sont désormais les ordres mendiants. On sait comment Dominique a Prouille et a Fanjeaux puis a Toulouse, et François d’Assise ont mis au point une formule inédite, fondée sur le refus des richesses matérielles, inspirée de leur volonté d’un retour a la vie évangélique sur les pas des apôtres. Ils deviennent vite les grands spécialistes de la parole de masse. Ils vont partout porter la parole de Dieu – le réseau de leurs couvents devient vite assez dense pour autoriser un quadrillage systéma5que des contrées a parcourir.
Le modèle monasLque cesse de dominer à la fin XIIème siècle. Le pape Innocent IIII favorise de nouveaux groupes religieux qui se vouent à la vie dans les villes. Les moines sont relégués dans un monde clos, désolidarises du reste de la société, alors que leur image de seigneurs de la terre suscite de plus en plus la criYque. De l’Italie à l’Angleterre, les ordres monasYques tradiYonnels traversent une grave crise au XIVème siècle. Et a parYr de ceje époque, le monachisme se féminise : les couvents de femmes conYnuent d’offrir aux filles une alternaYve au mariage et aux familles un déversoir au trop-‐plein, au grand avantage de la collecYvité qui voit baisser la pression sur les patrimoines.
Les moines d’Occident
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Des hommes et des femmes en procession innombrable a travers les siècles. Affranchis des liens de parente, insouciants des enchevêtrements de la condi5on charnelle, indifférents au changement de nos sociétés ; ils outrepassent le temps commun. Non qu’ils échappent au temps – ils meurent comme un chacun. Ils vivent et passent d’un monde à l’autre. A l’origine, en Orient, le moine est anachorète, ermite – En Occident, il devient cénobite, vivant en communauté. Contradic5on, tension, indécision, entre la solitude et la vie en communauté. Tout aurait commence par la solitude. Les chré5ens avaient de bonnes raisons pour s’abandonner au désert. Jean le bap5ste s’était re5re sur une rive déser5que du Jourdain et prouvant son refus de la société contemporaine en vivant a la manière des bêtes. Jésus voulut également éprouver dans le désert la tenta5on des démons. La solitude purge, elle arme contre les puissances maléfiques, elle donne la victoire sur celles-‐ci. Théodose et plus tard, Jus5nien condamnent les ermites et les anachorètes en privilégiant la forme communautaire du chris5anisme. Malgré cela, les ermites ont foisonne sans aIendre Simon le stylite (390-‐459) qui vécût en cigogne au sommet d’une colonne. Mais très vite, la communauté a pris le dessus sur l’érémi5sme.
La figure de saint Antoine. Le défi résume la vocaYon du moine. Antoine l’EgypYen montre la voie à tous les moines d’Occident. Le saint ermite va défier les démons au désert et triomphe par l’indifférence devenue vertu. Antoine est donc un moine, mais on le dit ermite. Or, qu’est ce qu’un moine et qu’est ce qu’un ermite ? L’usage aujourd’hui les oppose : le moine vit en communauté, l’ermite en solitaire.
Les moines d’Occident
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Quatre hommes ont construit les premiers monuments liIéraires du monachisme en Occident : Jérôme, Sulpice Sévère, Jean Cassien entre le IV et Vème siècle, le quatrième, Benoit de Nursie vit au VIème siècle. Saint Jérôme écrit trois pe5ts ouvrages, trois Vies, qui dressent la figure du moine pour des siècles. Il voulait s’iden5fier à ses modèles monas5ques en se re5rant a Bethleem. Les réformateurs catholiques du XIVème siècle canonisent Jérôme dont s’emparent tous les grands peintres et sculpteurs. La cite des moines lui apparaît a l’image d’une fourmilière ou le travail est au centre ou rien n’appar5ent a quiconque, parce que tout est a tous. Sulpice Sévère : la figure du martyr, athlète de Dieu, ne répond plus aux besoins des communautés installées dans un Empire qui, peu a peu, adopte la religion des chré5ens. Le moine se glisse dans les habits du martyr, mais il subs5tue plus qu’une performance spor5ve a un autre: il illustre le triomphe de l’exemplarité sur l’inimitable. Jean Cassien, c’est l’ins5tuteur : par lui, l’Egypte entre dans la légende par ses ascètes. Voilà la vraie source de l’orientalisme occidental, Cassien a visite les ascètes de la Thébaïde (les Peres du désert). Pauvreté, chasteté, obéissance, voilà trois lois, les seules peut-‐être, qui marquent le monachisme et l’exilent hors du temps. La règle en effet de la pauvreté dissuade le moine de penser l’inves5ssement économique : parier sur l’avenir reste une incongruité. La loi de la chasteté isole et protège le moine des rêves de reproduc5on : il ne lui est pas permis non plus de s’inventer une progéniture autre que spirituelle. La loi enfin de l’obéissance limite les capacités de l’homme ou de la femme à développer autonomie et esprit d’ini5a5ve. Saint Benoit, c’est le législateur : le peu que l’on connaît de Benoit vient tout en5er des dialogues écrits par le pape Grégoire le Grand dans les années 580, 40 ans après sa mort. Il règlemente l’effet monas5que et introduit trois préceptes qui caractérisent la voie bénédic5ne : la stabilité, par quoi le moine s’oblige a rester moine du monastère ou il a pris l’habit, le travail manuel et le discernement ou la pondéra5on, qui prône la recherche de l’équilibre plus que l’exploit athlé5que. Longtemps les moines, en Orient comme en Occident, résistent a l’assimila5on aux ecclésias5ques et se perçoivent dans une classe par5culière de laïcs.
Les moines d’Occident
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Pour les Cisterciens du XIIIème siècle, le travail est adven5ce et demeure accessoire par rapport à la prière et à l’office des heures. Le XIIIème siècle marque une apogée de la trajectoire suivie par les sociétés monas5ques de l’Ouest européen. Les moines ont inves5 les circuits économiques tradi5onnels et ils y brillent. S’agit-‐il de produc5on céréalière ou d’élevage, ils dé5ennent les terres les plus riches, les plus produc5ves, et se posent comme les ges5onnaires les plus surs parce qu’ils vivent dans l’indépendance absolue a l’égard des aléas et des faillites auxquels sont soumis les patrimoines familiaux et que leur temps ne leur est pas compte. Ils représentent pour cela le modèle le plus performant de société qui se puisse penser dans l’Occident médiéval.
Le monastère Cistercien de Poblet en Catalogne représente la forme la plus achevée de l’ordre. Présentée comme exemplaire, l’ordre interne au monastère devrait émousYller la société du dehors et l’airer par une capillarite merveilleuse. Pas d’avantage que les moines du Mont Athos, les moines de l’Ouest n’ont pas cherche l’indépendance économique. Les Cisterciens ont caresse au XIIIème siècle le rêve d’une autarcie économique. Ils ont été rajrapes par les réalités : le décollage de l’économie européenne au XIIème siècle a valorise leur invesYssement collecYf ; leur travail leur a enrichis.
Les moines d’Occident
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5 traits suffisent à expliquer la posi5on extraordinaire des moines :
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1. Intercesseurs: leur proximité favorise cet échange inouï avec le sacre et fait d’eux des interlocuteurs privilégies, indispensables pour les sociétés tradi5onnelles. 2. Visionnaires: quelles que soient sa qualifica5on et sa place dans son groupe, il exerce une fonc5on de visionnaire. En vertu de sa distance a l’égard des souillures du monde terrestre, il est prédisposé a capter et a clarifier les signes dis5llés par Dieu et les puissances d’en haut. 3. Réformateurs : il a le soin de la cri5que et de l’appel a la reforme. L’exigence primordiale de purifica5on met en demeure le religieux de refuser l’assoupissement et la perte de vigilance (Luther). Les moines 5ennent toujours les premiers rangs de la reforme en Occident et en sont les premiers acteurs. 4. Maitres de l’écriture : les moines ont acquis très tôt des compétences de copistes qui font d’eux les spécialistes de l’écriture. 5. Le monastère, c’est la cite parfaite : la contribu5on du monachisme a l’imaginaire de la cite parfaite. Le groupe monumental forme par l’église orientée (a l’est, vers Jérusalem) et le cloitre qui s’y adosse au cote sud.
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Gouverner c’est servir
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Au XIIème et XIIIème siècles, les frères et les sœurs des communautés d'Assise, de Fontevraud ou du Paraclet, inventent collec5vement de nouvelles façons d'exercer le pouvoir et de concevoir l'autorité. De véritables préfigura5ons de nos démocra5es. On retrouve le même schéma dans toutes les expériences religieuses innovantes de ceIe époque. Une personne charisma5que, débordant de valeurs évangéliques, lance un appel: c'est l'image déterminante du pasteur qui se lève et cons5tue autour de lui son troupeau. Un troupeau, on ne plus ouvert d'ailleurs: dans les premières communautés, on trouve des pauvres, des riches, des bien portants, des malades, des hommes et des femmes. Les communautés religieuses veulent être dirigées. Mais elles opèrent un renversement radical: non seulement le supérieur est élu, mais il va se définir lui-‐même comme être inférieur à ceux qui l'ont porte au pouvoir. Il sera leur serviteur. Le pape n'était-‐il pas, serviteur des serviteurs de Dieu, "servus servorum Dei". Le supérieur doit de montrer encore plus humble que les gens qu'il dirige. Pourtant la société féodale fonc5onne sur la domina5on. Mais les ordres religieux s'imposent de choisir leur supérieur dans les catégories sociales que la société médiévale jugeait les plus, indignes... Ce renversement démocra5que à des effets pervers, il est impossible de se révolter contre celui qui se prétend votre serviteur. Tout le Moyen Âge est traversé par ceIe ambiguïté. Ce qui me fait dire que la Croix est à la fois la charpente et l'écharde des sociétés médiévales: charpente car tout repose sur le Christ, et le chris5anisme est évidemment l'idéologie dominante de l'époque -‐ mais aussi car ceIe idéologie dominante sème le doute sur l'ordre qu'elle légi5me, en renversant la hiérarchie des valeurs, en posant la pyramide sur la pointe. Le chris5anisme n'est pas, une idéologie tranquille. C'est une pensée inquiète et inquiétante.
Saint François d’Assise par Zurbaran. Une ceinture aux trois nœuds est son signe disYncYf.
Des peuples mis sur le droit chemin
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Leur ac5vité débordante fait que les frères Mineurs (franciscains) ou Prêcheurs (dominicains) se heurtent souvent a la jalousie du clergé paroissial, inquiets de voir baisser le produit de ses quêtes et surtout, de l’engouement montre par les fideles a l’élec5on des sépultures dans les cime5ères conventuels, ce qui prive leur cure d’une par5e de son casuel. Car les frères ne sont pas des anges immatériels tels que les avait rêves sans doute saint François d’Assise: ils font payer leurs services, y compris leur talent oratoire, au moins en ville puisque les autorités municipales doivent les défrayer de leur peine. Des tensions maintenues sous le boisseau: Dans la visée d’obtenir des Juifs une conversion sincère en leur démontrant leur « erreur », le pouvoir organise des controverses religieuses bâ5es sur le modèle des « disputa5ones » universitaires, durant lesquelles les théologiens ne prennent pas forcement le dessus sur des rabbins meilleurs connaisseurs de la Bible. Jusqu’en 1230, le prêt sur gages aux pe5tes gens était la seule ac5vité tolérée aux manieurs d’argent juifs, facilement rapproches ensuite par leurs vic5mes de l’apôtre Judas qui avait vendu le Christ pour trente deniers… Loin d’être dénoncé par les autorités religieuses et civiles, l’an5judaïsme populaire se trouve instrumentalise par la royauté capé5enne. Philippe le Bel va jusqu’a décréter leur expulsion hors du royaume en 1289, ordre renouvelé et double de la confisca5on de leurs biens en 1306, entrainant peut-‐être la sor5e de 100.000 israélites.
La fameuse rouelle. Le juif est désigne a l’ajenYon de ses concitoyens par un signe voyant cousu sur ses vêtements – un cercle d’étoffe de couleur tranchante, une marque d’infamie proclamée obligatoire par les conciles et dont le port s’impose lentement en France sous le règne de saint Louis.
Des peuples mis sur le droit chemin
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Faveur du prince et défaveur sordide: En l’absence de toute règle posée en principe du recrutement aux hautes charges de l’Etat royal, la faveur du prince assure seule la promo5on des heureux élus. La promo5on par le talent heurte de front une noblesse frustrée par ce qu’elle ressent comme une marque outrageante. La violence, bridée mais pas éradiquée: Le heurt des ambi5ons personnelles, le choc des haines recuites entre clans, les sordides querelles d’intérêt n’entachent pas que le proche entourage royal – des hommes d’armes se disputant une terre, les plus faibles, chasses de leur héritage, versant dans le bandi5sme. La gabegie financière et les privilèges indus des cour5sans scandalisent d’autant plus l’opinion que la monarchie s’est efforcée de limiter tout ce qui cons5tuait l’essence même de la noblesse dans son esprit, ses libertés et sa fierté, dont le libre recours a la violence pour régler ses différends. Le roi s’efforce de subs5tuer sa jus5ce aux hasards du soi-‐disant jugement de Dieu. Le souverain capé5en traque, après 1278, ces jeux violents et dangereux que sont les tournois, et il est soutenu dans ce projet par l’Eglise. Le pilori ruine la réputa5on de qui s’y trouve expose aux railleries du public, il vise en par5culier les blasphémateurs. La castra5on s’applique a celui qui s’est rendu coupable d’homosexualité ou de bes5alité, dans le meilleur des cas est transforme en eunuque par l’abla5on de ses tes5cules. Avec la pendaison, le cadavre du pendu est expose des jours et des jours au gibet afin d’aver5r les éventuels délinquants du sort pitoyable qui les aIend.
La gueule du Léviathan, entrée de l’Enfer.
La France a son op)mum médiéval
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L’intensifica5on des pra5ques agricoles: Les XIème et XIIème siècles sont les temps d’un grand élan de la reconquête puis de l’extension des terroirs. La foret a été auparavant la principale vic5me de la soif des terres neuves qui habitait la paysannerie. L’effort se poursuit et s’intensifie pourtant sur les zones humides (les premières levées de la Loire) et le liIoral atlan5que fait l’objet d’aménagement (marais de Guérande, marais poitevins). Un sol mieux cul5ve: Le travail a la main, effectue avec une houe ou une bèche ferrée, reste indispensable pour casser les moIes de terre – le défonçage précède le charruage. Deux grands types d’instruments aratoires se partagent la France du XIIIème siècle: -‐ l’araire, plutôt méditerranéen, trace un sillon en égra5gnant la surface de la terre, adapte a des sols légers et pauvres en défini5ve, mais peu couteux; -‐ la charrue, plutôt nordique, munie du coutre, un grand couteau ver5cal qui pénètre la terre en traçant la ligne du sillon qui va ouvrir le soc, et d’un versoir qui le rejeIe sur un cote, assurant ainsi un véritable labour profond.
Scène de moisson. L’usage de la faucille est déjà ancien et n’évolue guère. Sa lame est en métal et elle permet de cisailler les blés environ a mi-‐hauteur – les bêtes viendront pâturer la paille restant sur pied, après le passage des glaneuses qui récupèrent les grains tombes par terre lorsque le moissonneur rejeje derrière lui les gerbes chargées d’épis.
Scène de bêchage.
Scène de fenaison. InvenYon médiévale, la faux représente une amélioraYon considérable. La faux permet de couper a ras l’herbe venue a maturité, fournissant plus de foin aux animaux, dont les déjecYons vont ensuite engraisser les champs et dont dont la viande ou le lait nourrissent les hommes.
La France a son op)mum médiéval
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Le four commun tend a se généraliser au fur et a mesure que les pra5ques alimentaires se modifient en s’améliorant – on passe de la bouillie de céréales au pain cuit. La foret tend a devenir un lieu de tensions sociales tant son exploita5on est intense et reflète des intérêts contradictoires, de la simple survie pour les plus pauvres jusqu’aux profits spécula5fs escomptes par ses possesseurs (ramassage de bois morts, chasse dans les espaces interdits). L’impression se fait jour que les ressources de la nature sont désormais surexploitées – les Français prennent peu a peu confusément conscience qu’ils sont entres dans un monde plein. Des limites infrangibles: Tout se passe comme si l’agriculture française avait aIeint un plafond qu’elle est dorénavant incapable de crever, faute de science. L’absence de sélec5on de semences, simplement puisées sur le stock de l’année passée, comme des espèces animales, cons5tue une insuffisance grave. La médiocrité des procédés de conserva5on n’arrange rien: la place du chat dans la défense du grain contre les rats, souris et mulots, n’est pas bien établie. Les aliments carnes ne peuvent se conserver que sales ou fumes, a condi5on encore que les paysans disposent d’une cheminée ou qu’ils puissent se procurer le sel a un prix abordable. Le XIIème siècle voit clairement s’affirmer l’éclatement des sociétés villageoises partagées aux extrêmes entre de rares coqs de paroisse disposant d’un bon train de culture et la masse des brassiers dépourvus de terre, formant une société campagnarde étranglée par le crédit de détresse. La valorisa5on du travail ar5sanal: La mécanique des taches répé55ves progresse grâce a la révolu5on de l’arbre a came: ce disposi5f ingénieux permet, en effet, la transforma5on d’un mouvement en rota5on perpendiculairement a son axe: a chaque tour de l’arbre, la came soulève ou abaisse le levier d’un pilon.
La charrue. Le collier d’épaule permet a la bête de donner son maximum d’effort sans risque de s’étrangler. La charrue ouvre un sillon, dont le versoir dissymétrique rejeje une parYe de la terre sur le cote.
L’arbre a came.
La France a son op)mum médiéval •
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Le tex5le, secteur clef: La meilleure laine provient d’Angleterre. Trois a quatre mille tonnes proviennent d’Outre-‐Manche chaque année. Les achats de laine brute sont compensées par les ventes de draps (avec une énorme plus value – 10 a 15% de la laine anglaise reviendrait dans l’ile sous forme de produits faits) et par l’importa5on d’épices, le plus souvent méditerranéennes. Le principal aliment de la teinturerie médiévale est la guède ou pastel, spécialité de la Picardie – c’est a la fois un mordant et une teinture bleue, depuis le bleu pastel jusqu’au presque noir selon la densité et le nombre des bains dans lequel on plonge la pièce de drap. Les techniques de l’industrie drapière s’ar5cule autour de quelques grandes étapes: -‐ 1. La prépara5on de la laine – une étape féminine, en par5e rurale. -‐ 2. Le 5ssage et son mé5er. -‐ 3. Le foulage qui s’effectue pieds nus dans l’urine fermentée pour resserrer le 5ssu et lui donner une consistance de drap. -‐ 4. Le partage qui consiste a couper avec de grands ciseaux, les forces, les derniers fils excédentaires du drap. -‐ 5. La teinture. La valorisa5on du travail ar5sanal: Le travail fait l’objet, des le XIIème siècle, d’une réhabilita5on certaine. La reconnaissance du travail qualifie est entérine par l’Eglise qui accepte avec empressement que les corps de mé5ers offrent des vitraux a leurs saints protecteurs dans l’enceinte des cathédrales nouvelles (Chartres, Bourges, etc.). La par5e basse de ces verrières représente alors des ar5sans au travail. Les membres des corpora5ons se repar5ssent en fonc5on de leur âge et de leur compétence. Le garçon est un appren5 et beaucoup d’appren5s vont devenir maitres. Les ouvriers suscitent plus d’interroga5ons – sont ils des maitres contraints a s’employer chez leurs collègues? Des travailleurs a la qualifica5on non reconnue ou non vérifiable, s’agissant, par exemple, d’étrangers a la ville?
Vitraux de la Cathédrale de Chartes. Le Boulanger.
La France a son op)mum médiéval
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L’éthique des mé5ers est dans la main des gardes de la corpora5on a Paris. Le travail doit se faire sans tricherie, dans les ateliers ouverts a la vue de tous, les ouvroirs – de jour si possible (prohibi5on du travail a la chandelle) en respectant les interdits calendaires. Une offre de transport plus efficace: Les transports a dos d’homme sont réservés a l’acheminement de leurs ballots par les humbles vendeurs i5nérants parcourant les campagnes. Le réseau rou5er hérite des Gallo-‐Romains pose plus de problèmes qu’il n’en résout – l’entre5en des voies semées d’ornières et de nids de poule reste aléatoire, et surtout, se font jour des problèmes de compa5bilité du trace an5que avec les besoins nouveaux de l’ac5vité médiévale. CeIe situa5on explique que les animaux de bat sont les véritables moteurs de l’économie d’échange rou5ère, animée par des convois de mulets et d’ânes (le cheval n’est guère u5lise pour les transports a longue distance). Une forme par5culière de spiritualité apparaît, c’est « l’œuvre des ponts »: les « frères pon5fes », des ermites, quêtant pour leur construc5on, ensuite pour leur entre5en, tout en tenant un pe5t hôpital a leur issue. Les transports fluviaux sont sans aucun doute beaucoup plus importants en volume que les transports rou5ers, en dépit de leur inconvénients propres. Les transports par mer se développent également massivement grâce a la boussole empruntée aux Arabes et l’usage de cartes marines ou « portulans ». Le navire permet le développement de trafics de masse – les Hanséates descendent chaque année en convoi charger du sel dans la baie de Guérande par centaines de muids, la laine passe d’Angleterre en Flandre par milliers de tonnes, le vin quiIe la Rochelle par dizaine de milliers de tonneaux.
Vitraux de la Cathédrale de Chartes. Le Tonnelier.
La France a son op)mum médiéval
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Le progrès en cours des arts appliques: L’Eglise abandonne de façon délibérée la cure des corps souffrants aux laïcs, au point que les clercs se trouvent désormais interdits de cet art, a l’inverse des moines guérisseurs, grands u5lisateurs de « simples », durant le haut Moyen Age. Par chance, les épidémies sérieuses restent peu nombreuses au XIIIème siècle. Elan de l’ingénierie militaire: Très tôt, les plans types élaborés par les ingénieurs se répètent d’un lieu a l’autre. Pour éliminer les angles morts que présentaient les donjons résiden5els carres de l’époque précédente, ces construc5ons adoptent une forme ronde, offrant a leurs défenseurs des possibilités de 5rs tous azimuts – elles sont précédées par des fosses profonds de 13 a 20 mètres, protégées par des contrescarpes pavées. Ces formidables forteresses n’ont qu’un défaut, leur cout, fort élevé, malgré les avantages d’une construc5on standardisée. Désormais, les simples châteaux féodaux – pour ne rien dire des moIes castrales résiduelles – sont assurément surclasses et tombent des qu’une armée déterminée les aIaque. Les seigneurs de moindre envergure n’ont plus les moyens financiers de soutenir ceIe course aux armements.
Carcassonne.
Le siècle de la raison médiévale
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Le savoir et la chaire: L’université de Paris est la plus ancienne en France et demeure presque la seule… avec celle de Toulouse. L’alma mater parisienne hérite des écoles, placées sous le patronage de cathédrale et déjà implantée sur la montagne sainte Geneviève au XIIème siècle. La méthode scolas5que a pour objet de discuter selon les règles de la logique un thème impose – L’intellectuel qui use de la scolas5que n’est plus un simple exégète mais un créateur de problèmes qui sollicitent sa réflexion, excitent sa pensée et la conduisent a une prise de posi5on. La compa5bilité de la révéla5on divine avec la méthode aristotélicienne interroge tous les grands esprits du siècle, qui produisent de vastes synthèses – ce sont les Sommes comme la fameuse Somme Théologique de Thomas d’Aquin. La ma5ère enseignée aux facultés demeure livresque et abstraite par essence. Elle consiste, une fois acquise une maitrise suffisante du la5n des écoles, a entendre commenter les livres fondamentaux reçus des Anciens, puis a s’adonner a des joutes intellectuelles ordonnées, formatées, ar5ficielles. En marge des salles de cours, les besoins des étudiants, et ceux des gens d’Eglise tenus de disposer d’un missel, suscitent l’éclosion d’ateliers de copie, capables de reproduire rapidement et en très grand nombre d’exemplaire les livres les plus demandes grâce au système de « la pecia » ou partage du travail entre plusieurs scribes, charges plus spécialement chacun d’un cahier. Etudiants besogneux et clairs en aIente d’une prébendé survivent souvent grâce a ces humbles taches a façon.
Acte de donaLon de l’emplacement du collège de Sorbonne, Par cet acte, Louis IX, en 1257, déclare avoir donne au chanoine Robert de Sorbon.
Quadrivium
Trivium
Astronomie
Grammaire
Musique
Rhétorique
Géométrie
Logique
Arithmé5que
Le siècle de la raison médiévale
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La raison appliquée au gouvernement des hommes: L’université de Paris est la plus ancienne en France et demeure presque la seule… avec celle de Toulouse. L’alma mater parisienne hérite des écoles, placées sous le patronage de cathédrale et déjà implantée sur la montagne sainte Geneviève au XIIème siècle. La méthode scolas5que a pour objet de discuter selon les règles de la logique un thème impose – L’intellectuel qui use de la scolas5que n’est plus un simple exégète mais un créateur de problèmes qui sollicitent sa réflexion, excitent sa pensée et la conduisent a une prise de posi5on. La compa5bilité de la révéla5on divine avec la méthode aristotélicienne interroge tous les grands esprits du siècle, qui produisent de vastes synthèses – ce sont les Sommes comme la fameuse Somme Théologique de Thomas d’Aquin. La ma5ère enseignée aux facultés demeure livresque et abstraite par essence. Elle consiste, une fois acquise une maitrise suffisante du la5n des écoles, a entendre commenter les livres fondamentaux reçus des Anciens, puis a s’adonner a des joutes intellectuelles ordonnées, formatées, ar5ficielles. En marge des salles de cours, les besoins des étudiants, et ceux des gens d’Eglise tenus de disposer d’un missel, suscitent l’éclosion d’ateliers de copie, capables de reproduire rapidement et en très grand nombre d’exemplaire les livres les plus demandes grâce au système de « la pecia » ou partage du travail entre plusieurs scribes, charges plus spécialement chacun d’un cahier. Etudiants besogneux et clairs en aIente d’une prébendé survivent souvent grâce a ces humbles taches a façon.
Les Trompeaes de Jéricho. Saint Louis entreYent un atelier d’enluminures, dont la producYon manifeste une qualité extraordinaire.
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Toutefois, l’appari5on d’un nouveau support de l’écrit – le papier – une inven5on arabe – ne semble pas avoir eu d’effets immédiats ni facilite au siècle de saint Louis, la produc5on de livres bon marche. L’administra5on de la chose publique: Lorsque Philippe le Bel décidé, en 1295, de re5rer aux Templiers la garde de son Trésor et de le transférer au Louvre, il parachève le mouvement tendant vers la créa5on d’un service central spécialisé dans les affaires financières de la monarchie. Louis IX interdit le recours a l’ordalie ou combat de Dieu entre champions des deux par5es affrontées. En corollaire de la promo5on de la preuve raisonnable, la France capé5enne enregistre un très gros effort de rédac5on des coutumes locales et provinciales. Sous l’influence incidente du droit romain, les coutumiers se meIent a revendiquer l’idée de l’exemplarité du châYment du crime, qui relevé désormais du droit public et non plus de la sphère du prive ou les conten5eux pouvaient se régler entre les par5es par une simple transac5on, facilitée par leurs amis communs. Le sous-‐encadrement du royaume s’affirme patent, même si d’autres pouvoirs seigneuriaux, municipaux ou princiers – coordonnent plus ou moins bien leur ac5on avec celle des chevaliers la loi. Louis IX s’efforce d’imposer le principe de son autorité universelle et valable pour tous ses sujets, quels que soient leur condi5on ou leur rang: on se rappelle qu’a la suite de la pendaison de trois jeunes Flamands pour un mo5f fu5le, Louis IX fait jeter en prison le sir de Coucy, pourtant son parent.
Amiens, façade occidentale – la galerie des rois de Juda. Les rois de Juda composent la généalogie terrestre et humaine de la Vierge et du Christ et exaltent la royauté de ce dernier. L’habitude de les présenter en rangée vient de la façade de la cathédrale de Notre Dame.
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Triomphes du Gothique: L’art gothique se développe d’abord en France, c’est a dire en Ile-‐de-‐France. Ce sont bien sur les chapitres et les évêques qui décident de reconstruire leur cathédrale et qui financent l’entreprise, essen5ellement avec le produit des dimes, hors de toute interven5on directe du souverain. Mais ces édifices embléma5ques entre5ennent aussi des liens étroits avec l’affirma5on de la royauté. Une cathédrale est avant tout un temple de la couleur. Les vitraux rendent encore ce fait sensible. Ils actualisent le surnaturel – ils sont eux-‐ mêmes révéla5on, apocalypse. Dans les fenêtres basses, les vitraux légendaires racontent la vie des saints ou narrent des épisodes de l’Ancien ou du Nouveau Testament; dans les fenêtres hautes, ils montrent des personnages isoles et de grande taille: prophètes, évangélistes. Notre Dame de Chartres – IlluminaLons polychromes du portail. Les moyens modernes permejent de resYtuer les couleurs de la statuaire médiévale et de montrer comment elle apparaissait aux chréYens du Moyen Age.
Notre Dame de Chartres – Rose du Transept Sud. Elle présente un Christ en gloire.
Le siècle de la raison médiévale
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La travée classique se définît a Notre-‐Dame de Chartres. Des 1240 débute la période du gothique rayonnant, qui pousse a leur paroxysme les poten5alités majeures de l’architecture développée depuis 1190. S’affirment alors le linearisme des membres structurels, la minceur de supports, la ver5calité des nefs et l’ampleur des baies vitrées. Le gothique rayonnant élimine les maçonneries inu5les et s’impose partout dans le seconde moi5e du XIIIème siècle. Les cathédrales s’inscrivent dans l’ordre du colossal. Notre-‐Dame de Paris couvre 5500 mètres carres, Notre-‐Dame de Reims 6650, Notre-‐ Dame d’Amiens 7700. Extraordinaire acte de foi, les cathédrales témoignent d’une religion solide, paisible et conquérante. A la base, le souci d’économiser des matériaux, des frais de charroi, de la main d’œuvre et du temps, donc de l’argent. En effet, au XIIIème siècle un transport par terre de 18 km double le prix de revient de matériau. On a donc intérêt a réduire le cout du transport de la carrière au chan5er. Un moyen est de ne pas charrier des pierres brutes, non dégrossies. La taille s’opère donc loin du chan5er, et il convient de la normaliser. On doit prefabriquer et standardiser tous les éléments des5nes a l’édifice en construc5on. Le style gothique le permet, puisque les claveaux d’un arc brise ont la même courbure. Et si les chan5ers trainent parfois en longueur, cela 5ent avant tout a des problèmes de financement.
Le siècle de la raison médiévale
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La révolu5on gothique correspond a une révolu5on technique dans l’art de bâ5r: introduc5on du dessin et des épures, division du travail poussée, standardisa5on et taille en série des éléments de la construc5on.
Extraits des Carnets de Villard de Honnecourt. Comme les compagnons de son temps, il fait son apprenYssage en allant de ville en ville et de chanYer en chanYer. Il deviendra plus tard magister latomus, c'est-‐à-‐dire maître d'œuvre, profession qui englobe le méYer d'architecte. Son acYvité professionnelle couvre les années 1225 à 1250.
Le siècle de la raison médiévale
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En parallèle, se développe dans le Midi toulousain une architecture originale, contrastant fortement avec le style rayonnant adopte a Carcassonne. Les principes construc5fs en sont pleinement gothiques, mais le matériau en est la brique! Le style gothique trouve son achèvement a la cathédrale Sainte Cécile d’Albi, édifiée a par5r de 1277.
Labyrinthe de la cathédrale d’Amiens Sur le pavement des cathédrales, un labyrinthe au centre duquel on découvre les noms et figures de ceux qui ont contribue a édifier le monument, pour la gloire de Dieu.
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Cathédrale de Bourges, le jugement dernier , vers 1250 Au registre supérieur, le Christ juge, qui montre ses plaies dans un geste qui exprime également l’accueil. Auprès de lui, des anges portent les instruments de la Passion: la couronne d’épines, la croix, les clous, la lance. Ensuite a genoux, les intercesseurs, la Vierge et Jean. Au deuxième registre, saint Michel pèse les âmes.
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Dans son imagerie, la cathédrale classique cherche a incarner la totalité du savoir chré5en, théologique, naturel et historique, en meIant chacun a sa place. L’iconographie des cathédrales répond assurément a une pensée d’ordre.
Christ enseignant – Notre-‐Dame de Chartes. Jésus Christ apparaît a Chartres entoure de ses disciples. Il n’est plus le Dieu lointain des portails romans, le Seigneur inaccessible de l’Apocalypse. Il s’est fait homme. Il présente le livre de son existence terrestre et de son enseignement, celui des Evangiles. Son visage apparaît empreint de noblesse et de douceur. Ceje œuvre, qui traduit une spiritualité nouvelle ou l’accent est mis sur l’incarnaYon, a été sculptée par un « imagier » de grand talent.
Saint Remi – Portail des saint a la cathédrale de Reims. L’évêque de Reims figure en habits épiscopaux avec la mitre et le pallium. Près de sa tête, la colombe qui apporta la sainte ampoule lors du baptême de Clovis. La sculpture gothique ajeint la son classicisme, marque par un réalisme serein et l’engagement total des volumes dans l’espace.
Le siècle de la raison médiévale
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L’iconographie met l’accent sur l’Incarna5on. Dieu s’est fait homme, parmi les hommes. Les corps en volume et gagnent en stabilité. La raideur et la frontalité hiéra5que s’aIénuent progressivement au profit d’aytudes vivantes et les visages s’individualisent. Le jugement dernier, partout figure, a quant a lui très largement perdu sa tonalite apocalyp5que. A Bourges, notamment l’insistance st mise sur la résurrec5on de la chair, promesse des béa5tudes dans la beauté d’une forme qui ne doit plus périr.
Cathédrale de Bourges – La résurrecLon des morts. Les morts ressuscitent avec des corps jeunes et beaux, dans la perfecYon de la jeunesse et de la plénitude de la vie. Les morts renaissent a l’âge parfait de trente ans, ou Jésus Christ triompha de la mort.
Le siècle de la raison médiévale
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La théma5que d’ensemble des images expose l’histoire du salut et de l’Alliance de Dieu avec l’humanité. Marie, qui enfante l’humanité a Dieu en se soumeIant a la volonté de ce dernier, cons5tue l’icône de l’Eglise mys5que, corps du Christ. Au-‐delà de ceIe théma5que officielle, très rassurante, les images des cathédrales gothiques offrent l’expression d’une pastorale situant les fideles au cœur de l’histoire du salut, qui leur est rendue proche et familière, en même temps que d’une piété tranquille et apaisee. Vue de l’élévaLon de la nef de la Cathédrale Notre-‐Dame de Laon.
Vierge a l’enfant. Musée du Louvre, provenant de la sainte Chapelle.
Le siècle de la raison médiévale
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Les cathédrales sont nées d’un désir de lumière. Les murs de pierre se sont habilles de verre et se sont élancés vers les cieux. En moins de deux cents ans, des dizaines d’édifices monumentaux s’érigent au nord de la Loire. Les évêques les veulent toujours plus hautes, plus imposantes... Jusqu’à la catastrophe finale de la cathédrale de Beauvais qui marque la fin de la course au gigan5sme. Les cathédrales gothiques sont nées dans une abbaye a quelques lieux de Paris: l’abba5ale de Saint-‐Denis n’est pas une abbaye comme les autres, c’est la nécropole des rois de France. Son abbé Suger veut faire de son architecture un symbole poli5que – créer des lieux mul5ples dans un espace commun en faisant entrer la lumière – en faisant disparaître les mur… Pourtant les hommes de la Renaissance vont qualifier ceIe architecture de barbare… en la nommant Gothique.
Maqueae de l’abbaye de Saint Denis.
Le siècle de la raison médiévale
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Le déambulatoire dessert des chapelles rayonnantes sous des voutes d’ogives… L’architecture se qualifie par trois aIributs: -‐ L’arc brise, apparu un siècle plus tôt en Bourgogne, permet au mur de prendre de la hauteur. -‐ La voute d’ogives, venues de Normandie, repar5t mieux les forces des ogives et permet a l’édifice de prendre de la largeur. -‐ L’arc-‐boutant, venu lui aussi de Bourgogne, cet arc de maçonnerie permet de contre-‐buter les poussées des arcs. Il est l’élément le plus visible de l’architecture gothique avec ses longues volées latérales. Pourtant, les premières cathédrales furent construites a l’origine sans arcs-‐boutants.
La Cathédrale de Chartres. C’est la Cathédrale la mieux conservée de France.
Le siècle de la raison médiévale
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La Cathédrale représente la Jérusalem céleste. L’objec5f est de produire une idéalité.
La Cathédrale de Chartres. C’est la Cathédrale la mieux conservée de France.
Le siècle de la raison médiévale
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Les marques lapidaires sont très visibles dans les Cathédrales… Elles sont les premières marques. Et la pierre calcaire est la principale ma5ère première des Cathédrales.
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C’est Villard de Honnecourt qui témoigne le mieux de la standardisa5on de la taille et des gabarits dans les carrieres de pierre medievales.
Le siècle de la raison médiévale
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La cathédrale d’Amiens est la cathédrale de tous les superla5fs. 200.000 mètres cubes… Elle pourrait contenir deux Notre-‐Dame de Paris, 42 mètres de hauteur sur voute.
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Elle souffre cependant d’importants défauts structurels. Elle est construite comme toutes les cathédrales sur un schéma de croix la5ne – A l’est en direc5on de Jérusalem, le chœur – A l’ouest la nef. Et perpendiculaire a cet axe, les bras du transept. Et au centre, la croisée du transept, le point structurel le plus fragile d’une cathédrale gothique, mais son plus bel élément esthé5que.
Les cathédrales Notre-‐Dame de Coutances et de Reims
Le siècle de la raison médiévale
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La cathédrale de Beauvais est la cathédrale pour laquelle le fer a été le plus u5lise pendant la période gothique. Construite a par5r de 1235, saint Pierre de Beauvais est la plus haute cathédrale du monde, et avec des baies de 110 mètres carres, elle est la plus immatérielle… Folie des grandeurs? Les voutes d’ogives sont renforcées de structures en fer. Elles les rigidifient. Contrairement a Amiens, ceIe cathédrale n’est pas sor5e indemne de sa course vers les cieux. Elle s’élancé vers le ciel. La tour lanterne a la croisée du transept s’est effondrée au XIIIème siècle. Cet effondrement fut si spectaculaire que la nef gothique ne fut jamais construite.
A l’ombre du château nobles et manants •
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Les nobles ont engendre une noblesse: Le roi en Ile-‐de-‐France, les princes ou les barons ailleurs, tous les grands entendent faire régner la paix a l’intérieur de leurs Etats – l’Eglise, première vic5me des violences débridées, y incite d’ailleurs depuis longtemps la chevalerie en promouvant la paix puis la trêve de Dieu, en lui interdisant sous peine des plus terribles sanc5ons spirituelles d’opprimer « les pauvres ». Henri II Plantagenet, devenu duc d’Aquitaine par son mariage avec Aliénor, l’héri5ère du duché, entreprend de meIre a la raison ses vassaux de Bretagne, du Poitou ou des pays de la Charente, au prix d’in5midantes expédi5ons guerrières. Cependant, l’empire Plantagenêt est plus qu’a demi anéan5 au nord en 1204 par les offensives du roi capé5en contre Jean sans Terre – mais le souverain d’Angleterre 5ent toujours au XIIIème siècle Bordeaux et la Gascogne. Pour parvenir a ses fins, Henri II fut le premier a employer a grande échelle des soldats mercenaires, des rou5ers. Ces terribles professionnels du combat ne reçoivent ni même ne recherchent le qualifica5f de chevaliers. Le vassal doit aide a son seigneur dans quatre cas: -‐ contribu5on a ses frais pour la croisade, -‐ paiement de sa rançon. -‐ contribu5on pour la chevalerie de son fils, -‐ contribu5on au mariage de sa fille, Bientôt les chevaliers se disent nobles eux-‐mêmes et forcent ainsi l’entrée dans une nouvelle classe sociale, la noblesse. Celle-‐ci se reconnaît a un certain nombre de rituels agréga5fs, le plus significa5f étant celui de l’adoubement – un coup porte du plat de l’épée sur son épaule afin d’aIester sa résistance physique – c’est la « colée ». CeIe noblesse partage des valeurs que l’on qualifie désormais de « courtoises », en opposi5on a la grossièreté supposée des rustres paysans. Elle se caractérise par le refus obs5ne du travail manuel et le rejet de toute ac5vité tenue pour vile, le commerce de détail par exemple.
Bertrand de Born. Il a fière allure, le troubadour, Bertrand de Born, qui se fit le chantre de l’allégresse ressenYe au combat! .
Cérémonie d’adoubement.
Ruine de Jean sans terre
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Voilà le pape vainqueur de l’empire grec malgré lui. La réunion des deux églises est opérée. Innocent est le chef spirituel du monde. L’Allemagne, la vieille ennemie des papes, est mise hors combat ; elle est déchirée entre deux empereurs qui prennent le pape pour arbitre. Jean mangeait a son aise les biens ecclésias5ques, violait les filles nobles, achetait des soldats, et se moquait de tout. De l’argent, il en prenait tant qu’il en voulait aux prêtres, aux villes, aux juifs : il enfermait ceux-‐ci quand ils refusaient de financer, et leur arrachait les dents une a une. En 1212, Innocent III, rassure du cote du midi, prêche la croisade contre Jean, et chargea le roi de France d’exécuter la sentence apostolique. Une floIe, une armée immense furent assemblées par Philippe. De sa cote, Jean réunît à Douvres 60.000 hommes. Le légat du Pape qui avait passe la Manche, lui fit comprendre son péril. Jean se soumit et fit hommage au pape. Au cœur de l’hiver 1214, Jean passa la mer et débarqua à La Rochelle. Il devait aIaquer Philippe par le Midi, tandis que les Allemands et les Flamands tomberaient sur lui du cote du Nord. La bataille de Bouvines, si fameuse et si na5onale, ne semble pas avoir été une ac5on fort considérable. Jean repassa en Angleterre, vaincu, ruine, sans ressource.
Bataille de Bouvines. Elle a lieu le dimanche 27 juillet 1214 . Elle oppose les troupes royales françaises de Philippe Auguste, renforcées par les milices communales et soutenues par Frédéric II de Hohenstaufen, à une coaliYon anglo-‐germano-‐flamande menée par Ojon IV. Le vainqueur est le roi de France. .
A l’ombre du château nobles et manants
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Une chevalerie protéiforme et menacée: Les chevaliers voient leur nombre augmenter rapidement, au point qu’il s’en repère un au moins dans a peu près tous les villages de France. Nombre de ces nouveaux chevaliers sont en fait de simples hobereaux de village, plus chanceux mais guère plus fortunes que leurs anciens homologues paysans demeures aIaches a la glèbe. Le XIIIème siècle est traverse par une con5nuelle course a l’adapta5on puis a la survie de la pe5te noblesse, dont la marque la plus spectaculaire consiste au renoncement, pour beaucoup, a la cérémonie de l’adoubement. Moins prévoyants ou plus malchanceux, nombre de pauvres chevaliers de village se voient condamnes au fil des années a mendier, ou presque, leur pain en échange de presta5ons militaires qui retrouvent celles exigées aux siècles précédents des hommes de garnison, les milites castri. Le nombre des seigneurs explose ensuite pour aIeindre environ 50 vers 1300. Ils s’organisent sous la forme de lignages ver5caux, a l’extrac5on plus ou moins obscure. Comme tous les fils héritent a égalité selon la vieille loi successorale franque, le patrimoine paternel risque d’éclater en plusieurs unités a chaque généra5on. La précau5on la plus courante prescrit que l’aine d’une fratrie recevra la meilleure part. Les vassaux meIent leurs châteaux « jurables et rendables » que leur occupant doit ouvrir et meIre a la disposi5on de leurs seigneurs, et cela des la première demande – en somme, ils sont ravales au rang de simple chef de garnison sur le domaine tenu en franchise par leurs pères! La France (dans ses limites actuelles) représente environ un bassin humain d’environ 20 millions d’habitants et un pourcentage extrapole d’environ 2% de noblesse vers 1300, soit 340.000 personnes.
Un château et son bourg subordonne: Penne d’Albigeois. Le château paraît symboliser l’oppression seigneuriale, mais il ne faut pas oublier qu’il protège également. Il offre aux dépendants du seigneur un abri contre les agressions extérieures, il leur fournit du travail et, en cas de diseje, des subsistances. Des le XIème siècle, des bourgs se développent donc au pied des forteresses. .
Une scène d’hommage. Le vassal, revêtu de son armure, se Yent agenouille devant son seigneur, en habit de cour. Les mains des deux hommes sont entrelacées tandis que le premier jure fidélité au second.
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Une paysannerie soulagée du servage: Le très haut Moyen Age avait longtemps vécu sur un clivage simple: d’un cote, il y avait le peuple des hommes libres, qu’ils fussent des pe5ts propriétaires alleu5ers ou des comtes familiers de la cour royale; de l’autre, des esclaves, reçus au nombre des chré5ens grâce au baptême qui garan5ssait qu’ils avaient bien une âme au contraire des animaux, mais dont le corps ne leur appartenait pas, astreints comme ils l’étaient a un service illimite, qu’il fut domes5que, ar5sanale ou agricole. Le besoin de bras nombreux se fait ressen5r dans les zones de colonisa5on et incite les entrepreneurs de peuplement a accorder des concessions pour ayrer de nouvelles recrues, concessions que leurs voisins, proches ou lointains, doivent consen5r a leur tour, bon gré ou mal gré, afin de parer la fuite de leurs propres hommes, ayres par un régime qu’ils savent plus clément ailleurs. Dans certaines régions de la France septentrionale, les pouvoirs nobiliaires, soucieux de montrer leur bienveillance, accordent des chartes de franchise aux villages qui le demandent ou qu’ils fondent. Eleveur de bétail, céréaliculteur ou vigneron, le paysan du XIIIème siècle doit acquiIer trois types principaux de versements: -‐ Envers l’Eglise, il se trouve être redevable de la dime – dont le principe se jus5fie par l’Ancien Testament – l’évêque la partage avec le desservant de la paroisse. -‐ Envers les détenteurs des droits pesant sur les parcelles qu’il met en valeur, l’exploitant doit acquiIer des loyers, un cens désormais minime puisque fixe nominalement alors que la monnaie ne cesse de se dévaluer. -‐ Enfin, il reste astreint au paiement de diverses taxes recogni5ves de sa dépendance, écrasantes en cas de dispari5on du tenancier sans héri5er direct, puisqu’alors le seigneur s’approprie l’essen5el de la succession, au détriment de parents éloignés. Sans être totalement absente des campagnes, la fiscalité royale ou princière s’abat encore au premier chef sur les villes, frappant les transac5ons qui s’y concluent, imposant les fortunes immobiliers des citadins, plus faciles a es5mer.
Un agent seigneurial dirige et surveille le travail des ouvriers agricoles embauches pour les moissons.
Cuve a fouler.
A l’ombre du château nobles et manants
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Les difficultés rela5onnelles ont tôt incite les seigneurs a se décharger du plus clair de leurs soucis de percep5on en transférant en bloc a la communauté la responsabilité des prélèvements désormais en transférant en bloc a la communauté la responsabilité des prélèvements. CeIe communauté choisit « quatre prud’hommes qui diront ce que chacun peut payer sans avoir a vendre son héritage. » Le devenir des pouvoirs collec5fs: Dans les villages qui ne bénéficient pas de franchises, le seigneur demeure le maitre absolu des lieux. Les incidents trop prévisibles obligent a recourir a un agent de surveillance spécialisé, le messier, qui protège les cultures contre les prédateurs, y compris les troupeaux. Le village et la paroisse: Les origines de la paroisse plongent dans la nuit des temps chré5ens en Occident et l’époque capé5enne marque la stabilisa5on a peu près défini5ve de leur réseau, qui perdure ensuite jusqu’à l’aube de la Révolu5on. La paroisse procure a l’administra5on l’unité de percep5on qui fonde ses calculs fiscaux – en dépit des chevauchements ou des partages, elle se confond avec la seigneurie rurale. Dans la sphère sociale, trois poles résument la paroisse et l’essen5el de la vie spirituelle des popula5ons médiévales puis modernes: les fonts bap5smaux, sur lesquels le nouveau-‐né reçoit l’aspersion de l’eau régénérant qui l’agrège a la communauté des croyants; le cime5ère qui accueille sa dépouille au terme de son pèlerinage terrestre; l’église, enfin, qui abrite la cuve bap5smale et jouxte l’âtre mortuaire. Le bâ5ment cultuel procure a son environnement villageois le seul monument remarquable. Normalement, résident et stable au XIIIème siècle, le prêtre se dis5ngue de plus en plus du commun des villageois par son habit: il vit seul ou avec une servante âgée, sa parente si possible, dans une maison de bon aloi, accolée a un pe5t jardin. Il est un homme respecte par son état, et il peut se faire le porte-‐parole de ses ouailles auprès du seigneur ou des autorités supérieures.
Village ecclésial de Bram dans l’Aude.
A l’ombre du château nobles et manants
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Malgré la modes5e rela5ve de sa condi5on dans les pe5tes paroisses rurales, le prêtre fait figure de privilégié pour se voisins, se situant au niveau des agriculteurs, dont il est d’ailleurs bien souvent issu. Quelquefois, le seigneur du lieu a choisi a l’intérieur du temple de Dieu l’emplacement de sa sépulture, marque par une dalle plate gravée de ses armoiries, ou un enfeu, un gisant sous un arc, loge dans la maçonnerie d’un bas-‐côté, de façon excep5onnelle, il peut aussi s’y ménager, pour lui et sa famille, une chapelle priva5ve. Les non agriculteurs au village: Le pe5t seigneur campagnard, maitre du foncier d’une paroisse ou d’une frac5on de sa paroisse, peut y imposer son ordre en parcourant ses terres, autant pour le plaisir de donner de l’exercice a son cheval que pour surveiller l’ac5vité de ses vassaux. Les délits fores5ers ont de tout temps été nombreux, et il importe au maitre de la foret de défendre ses arbres contre les coupes de branches plus vertes que mortes, de préserver les jeunes pousses des aIaques des animaux domes5ques recherchant leur pâture, de protéger les bêtes sauvages qu’il réserve a sa chasse. La réputa5on du meunier est par5culièrement détestable: les fabliaux l’accusent de gruger sa clientèle sur la qualité de la marchandise qu’il lui res5tue, de profiter de la longue sta5on des femmes en aIente de la mouture pour les saouler de belles paroles. D’autres ar5sans existent dans les campagnes: on pense bien sur a l’indispensable forgeron qui répare les ou5ls, maitre du feu a la carrure de colosse.
Cathédrale de Chartres. Le forgeron.
Les villes
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Les fruits de l’histoire: En dehors de Marseille et de Nice fondées par des colons grecs, les plus anciens centres de popula5on agglomérée apparus dans ce qui était encore la Gaule, sont issus de la volonté des Romains d’appliquer a leur nouvelle province les cadres habituels d’une administra5on organisée autour de la civitas. La plupart de ces cites ont du s’entourer de remparts en raison des incursions barbares du IIIème siècle et, par la suite, certaines ont sombre, balayées en même temps que la civilisa5on dont elles étaient la vitrine. La plupart des villes moyennes ou importantes de la France doivent en fait leur main5en a la résidence en leurs murs d’un évêque, 5tulaire de l’église cathédrale. La géographie des implanta5ons mendiantes permet de déterminer l’importance rela5ve des villes. En 1330, on abou5t pour la France dans ses limites actuelles a une de 226 villes comportant des couvents de Mendiants. L’enceinte: Capitale du royaume, Paris dispose d’une muraille modèle, celle de Philippe Auguste, précédée d’un fosse de dix mètres de largeur et d’une profondeur presque similaire. Les fonc5ons de la muraille sont autant symboliques que pra5ques en un siècle ou règne, pour l’essen5el, la paix. La ville étend souvent son ban (son pouvoir de commander) sur un rayon d’une lieue (4400 km) et est en droit de mobiliser les habitants de ce « circuit » soumis par ailleurs a sa loi (sa coutume). C’est sa banlieue. Des dizaines de mé5ers sont charges par roulement de la surveillance des portes et de la luIe contre les incendies. Le château devient le lieu de garnison d’une troupe de soldats professionnels, charges sous les ordres d’un capitaine de surveiller la cite et d’y assurer le respect de l’autorité.
Aigues-‐Mortes. Le domaine capéYen ne possède qu’une fenêtre étroite sur la Méditerranée. C’est la que saint Louis fonde un port nouveau que les alluvions du Rhône envasent rapidement.
Les villes
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Derniers venus, les ordres mendiants s’implantent dans un premier temps a l’extérieur des murailles, puis essaient de se retrouver au cœur de la ville. En rupture radicale avec les pra5ques de l’An5quité qui rejetait ses morts hors de la cite, le Moyen Age chré5en favorise l’inhuma5on de ses défunts dans le cadre paroissial qui fut le leur durant leur vie. Les rue médiévales sont en général étroites (de simples sentes souvent), tortueuses, dégénérant en impasses, mutant en escaliers de pierre. Le pavage urbain ne commence a se répandre qu’a par5r du règne de Louis IX, en 1251. Apres la muraille, la halle (la cohue en Bretagne…) représente le premier inves5ssement monumental laïc, même si la place de marche n’est souvent qu’un simple élargissement de la rue principale. La prison n’ayant pour le moment qu’une fonc5on technique non afflic5ve, celle de retenir et garder a la disposi5on de la jus5ce délinquante et prévenus, elle n’a donc pas de bâ5ment qui lui soit vraiment propre dans le paysage urbain. La texture des villes: La ville demeure assez indifférenciée dans son expression spa5ale: des pauvres, comme des riches, se côtoient un peu partout. Une ségréga5on sociale existe pourtant – elle s’affirme selon l’étage occupe dans l’immeuble au moins dans les plus grandes villes. Au rez de chaussee, des ouvroirs, a la fois ateliers et bou5ques donnent sur la rue, puis vient l’etage noble réservé aux plus fortunes; ensuite, au fur et a mesure que l’on grimpe vers les combles, le niveau de revenu des locataires s’affaisse tandis qu’augmente leur densité. Durant des siècles, la ville de Paris s’est construite sur elle-‐même.
Moulins sous un pont de Seine. Entre les piles d’un pont de Paris, la ou le courant est le plus fort, des barques sont solidement amarrées: elles portent chacune la mécanique d’un moulin, qu’acYonne la grande roue dont les pales plongent dans le fleuve.
L’hôtel de ville et la halle de Ypres, avant leur destrucLon en 1914.
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La ques5on du feu et de l’eau: Rouen brule 10 fois entre 1200 et 1225. En 1244, c’est au tour de Limoges, puis en 1297 de Toulouse. Plus lancinants, mais moins spectaculaires, les problèmes de salubrité publiques, dont les contemporains se montrent tout a fait conscients. On peut puiser directement l’eau a la rivière, puis la porter a la domicile, une ac5vité qui assure la survie économique de nombreux gagne-‐pe5t. La ville comme siège de pouvoir: Pour prévenir tout risque de contesta5ons et de désordres, le désarmement intérieur des villes est entrepris avec fermeté et constance. La grande tour du Louvre devient le coffre-‐fort du roi et le siège de ses comptables. La ville comme pole produc5f: Le tex5le est au Moyen Age l’industrie reine. D’une façon générale, les draps français sont un ar5cle fort prise sur le marche européen. La présence permanente ou le passage d’une clientèle aisée alimente une produc5on de luxe, pour laquelle Paris affirme son avance grâce aux commandes de la cour. Dans un monde plein ou l’espace est désormais limite, l’alimenta5on accorde une place mesurée a la viande: la grande époque des bouchers vient plus tard, après les catastrophes démographiques du XIVème siècle. Tavernes et auberges donnent a boire plutôt qu’a manger et leur receIes culinaires demeurent mal connues. La ville comme pole commercial: Le développement, dans le courant du XIIème siècle, de la doctrine du Purgatoire amorce une 5mide tolérance pour cet intermédiaire qu’est le marchand, jusqu’à la condamne par principe. La différence entre les acteurs de l’économie d’échange sont énormes. Les gagne-‐pe5t (« pieds poudreux » ou colporteurs des campagnes, pe5ts bou5quiers des villes). A un niveau supérieur, apparaissent des marchands i5nérants au long cours. Les négociants agissent a un niveau encore supérieur.
La bouLque des drapiers. Cathédrale de Chartes.
La bouLque du pelleLer. Cathédrale de Chartes.
Les villes
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A Paris, en 1290, on compte 107 feux de Lombards, dont une trentaine de compagnies. A ces dernières, les gros profits, mais aussi des risques énormes a cause des emprunts obligataires, des « dons » gracieux extorques par les princes, jamais rembourses qui provoquent des faillites reten5ssantes. Ces compagnies sont des sociétés de droit prive, associant des hommes d’affaires apportant chacun une part de capital. Des 1291, les Lombards de Paris ont été arrêtés, dépouilles de leurs biens, puis relâchés. Comme les juifs, les Lombards servent d’éponge a finances au prince. Les hanses marchandes sont des associa5ons strictement professionnelles réservées a une élite de la fortune, et ayant pour voca5on la défense du pouvoir économique de ceIe élite par l’imposi5on d’un monopole de droit. L’air de la ville rend-‐t’il libre?: On devient bourgeois (cives en la5n) sous certaines condi5ons d’honorabilité, de résidence (en général une année suffit), de fortune, même si le seuil minimal du droit d’entrée apparaît assez bas. Par la suite, le bourgeois dépend de la jus5ce de sa ville, celle de la municipalité comme celle du ou des seigneurs pour ce qui est de leur ressort territorial. •
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Les classes dominantes: A compter des années 1250, la noblesse ancienne a tendance a se ruraliser, se voyant peu a peu exclue du gouvernement de la cite et menacée dans ses privilèges tradi5onnels. L’Eglise demeure le premier propriétaire citadin. Son patrimoine est ancien, inaliénable en droit.
Leare du roi Philippe (le Bel) accordant à la ville de Cahors la permission de lever et recevoir barre ou passage pour la construcYon du Pont Neuf.
Les villes
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Nouveaux venus et marginaux: L’immigra5on cons5tue une donnée structurelle de l’histoire urbaine a travers les âges: elle assure la croissance de la popula5on des villes, soit par la venue des ruraux, soit par celle de gens issus de moindres cites. Pour ces personnes souvent isolées, sans grandes ressources, n’appartenant pas vraiment a une paroisse citadine et encore moins a une confrérie, les couvents des ordres mendiants proposent une première forme d’intégra5on et leur assurent au moins un enterrement décent. En l’absence d’un milieu organise, la délinquance bénéficie de la première ostenta5on de l’argent, mais surtout de la complexité du découpage juridic5onnel entre les territoires des différentes seigneuries imbriquées les unes dans les autres comme a Paris, de la mul5plicité des mo5fs d’exemp5on et de trop nombreux lieux d’immunité tels qu’églises et hôpitaux, ou les sergents ne peuvent procéder a aucune arresta5on. Quand ils arrivent a interpeller un malfaiteur, la jus5ce se montre bien plus dure contre les voleurs (surtout ceux ayant opéré de nuit) qu’envers les violents – sur 30 personnes jugées pour vol, 22 sont condamnées a mort et jugées sans délai. Il n’est pas ques5on avant 1350 d’enfermer les pros5tuées dans un pros5bulum (une maison close) place sous la responsabilité des autorités municipales. Le mé5er demeure libre, aux risques et périls de leur âme, pourvu que leur ac5vité soit discrète, a défaut d’être secrète. La charité et le réseau hospitalier: La charité ins5tu5onnelle est le fait des aumôneries de couvents, des maisons de Templiers et d’Hospitaliers de Saint-‐Jean. La distribu5on des reliefs de repas des évêques et des seigneurs passe pour une pra5que pieuse, celle des vivres revient a des jours fixes, surtout le vendredi, en mémoire de la passion du Christ.
Enluminure du XIIIème siècle.
La synagogue vaincue.
Les villes •
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On décèle un réseau hospitalier dense, mais compose d’établissements d’importance fort inégale, d’une efficacité thérapeu5que médiocre, fondée sur la suralimenta5on des malades, plutôt que sur l’administra5on de soins cura5fs. En 1328, Paris dispose d’une soixantaine d’hôpitaux, au premier rang desquels vient l’Hôtel-‐Dieu établi sur l’ile de la Cite depuis l’époque franque. Le gouvernement de la cite: A l’origine de la renaissance urbaine en Occident, le seigneur de la ville (l’évêque en par5culier) recherche une simple aide pour sa ges5on quo5dienne des affaires courantes de la cite auprès des » boni homines » qui agissent de concert avec lui et se recrutent dans les milieux sociaux dominants (noblesse, bourgeoisie). Le peuple des assemblées de ville, « l’universitas » des bourgeois, est en pra5que très peu convoque et demeure sans grand pouvoir. Si les rivalités entre familles pour l’exercice du pouvoir citadin sont restées fameuses en Italie, elles ne sont toutefois pas réserves a la Péninsule. Des règlements de comptes entre clans se répètent aussi en Flandre a travers la guerre des amis. De même, les villes provençales font appel a un étranger rémunéré pour les gouverner, souvent un Italien, un podestat – professionnel de la ges5on des villes, lui-‐même juriste expérimenté, entoure d’une équipe rodée aux taches de police et de ges5on. Ce magistrat sans aIache locale prend en mains les affaires pour un mandat a durée déterminée, non renouvelable. Les villes et les pouvoirs supérieurs: Le roi est représenté par un prévôt dans ses bonnes villes du domaine royal tandis que les autres cites sont dominées par le clergé. En 1262, saint Louis prescrit que désormais chaque commune de France et de Normandie présente l’état annuel de ses finances, et il rend les édiles personnellement responsables de leur endeIement. Pour entériner la condamna5on des Templiers, et a Paris en 1314 encore, dans la perspec5ve de la guerre contre les Flamands, les villes sont ainsi reconnues comme l’un des trois ordres du royaume a l’occasion de la tenue de ces Etats généraux.
Doulce France? •
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Un credo simple: Une lente évolu5on a permis de passer au siècle précédent de la croyance en des « feux purgatoires » indécis dans lesquels l’âme pècheresse subissait les tourments quasi eternels appelés par ses fautes, a celle d’un lieu spécifique inscrit dans la géographie de l’au-‐delà, le Purgatoire qui accueille le plus grand nombre des âmes en peine. L’enfer se trouve réservé aux pécheurs irrécupérables, païens, héré5ques endurcis, et spécialement aux ennemis de la foi qui ont refuse ou rejeté la Révéla5on divine. Et presque personne non plus ne pénètre directement au Paradis des justes, hormis quelques saints et une poignée d’âmes d’élite signalées par leurs vertus et une vie sans tache. Le purgatoire diffuse un message plutôt op5miste, car il représente un sas ouvrant a terme sur le salut, un temps d’expia5on nécessaire. La piété infléchît le courroux du Seigneur (l’Eglise accorde des « indulgences » en retour de certains actes volontaires, de dévo5on, le pèlerinage en par5culier). La dévo5on a Marie, mère du Dieu incarne, a connu une large expansion au cours du XIIème siècle (tous les monastères cisterciens et la plupart des cathédrales gothiques lui sont consacres). Marie intègre de plus en plus la configura5on divine: les Franciscains commencent a développer l’idée de son Immaculée Concep5on, laquelle accorde a la mère du Fruit divin un statut éminent parmi toutes les femmes. Désormais, Dieu est amour. L’humanité glorieuse du Christ se trouve partout exaltée: la période suivante insistera sur les affres de sa Passion plus douloureusement ressen5e au milieu des troubles et des calamites.
La Vierge dorée. Cathédrale d’Amiens. Elle est légèrement hanchée, le poids du corps portant sur une seule jambe. C’est la première des vierges hanchées.
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La religion se confond toujours avec le respect scrupuleux des rites appliques a la leIre plutôt que compris ou vécus. L’assistance a la messe dominicale suppose en effet aucune par5cipa5on ac5ve a l’office par le chant, la prière, la communion, ni même un véritable suivi des gestes liturgiques accompli par le prêtre, d’autant que celui-‐ci officie en la5n, le dos tourne a l’assemblée, et qu’il se trouve neIement ségrégé d’elle par l’emplacement de l’autel isole dans le chœur. Le socle de la famille: La cellule familiale étroite s’affirme bien comme le socle de la société, a tous les niveaux de celle-‐ci: dans l’aristocra5e et la noblesse, elle s’incarne dans la lignage – chez les paysans, l’essen5el est pour eux d’assurer a l’unité de produc5on qu’est le foyer domes5que la main d’œuvre nécessaire a sa bonne marche. Dans tous les cas, le couple parental et ses enfants cons5tue a lui seul la famille étroite: les grands parents survivent rarement assez longtemps pour voir grandir leurs pe5ts enfants – saint Louis est le premier roi de France a garder quelque souvenir de son grand père, Philippe Auguste. Le fondement légal de la famille est l’ins5tu5on du mariage, promu en sacrement de l’Eglise catholique. Les unions trop précoces sont désormais interdites – il faut aIendre que la fille soit nubile (soit vers 12 ans selon la coutume la plus usuelle) pour la donner en mariage et que le garçon ait aIeint ses 14 ans. Cellule de base de la produc5on ar5sanale et paysanne plutôt que cadre douillet de l’épanouissement d’un bonheur in5me, le foyer est perçu par les théologiens comme un mal nécessaire: a leurs yeux, il vaut mieux vivre dans l’état conjugal que bruler de passions dangereuses pour l’âme. Des que l’épouse est enceinte, son mari ne doit plus la connaître: lorsqu’elle a La sainte Chapelle a Paris. Elle a pris la forme d’un reliquaire. accouche, la jeune mère demeure impure durant une période de 40 jours, au terme desquels une cérémonie par5culière de réconcilia5on, les relevailles, lui permet de retrouver une vie sociale normale et de fréquenter a nouveau l’église paroissiale.
Doulce France?
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L’éduca5on des enfants: Une pra5que éduca5ve volon5ers ludique vise a ini5er tôt l’enfant a l’appren5ssage des leIres, gravées sur des pe5ts cubes qu’il rassemble en jouant. L’éduca5on morale et sociale demeure au centre des préoccupa5ons des parents comme des maitres. Il convient d’ancrer les contenances, les manières de table, les règles de politesse en général, le respect du aux adultes comme aux supérieurs, dans l’esprit des jeunes en les convainquant qu’ils y trouveront plus tard leur intérêt. Chez les plus aises, les garçons sont enlevés vers 6-‐7 ans au milieu strictement féminin qui entoure la pe5te enfance. Les fils de la noblesse servent vers 12-‐14 ans dans la mesnie (la maison) du seigneur de leur père. La morale des fabliaux: Récits brefs, de quelques dizaines a quelques centaines de vers, les fabliaux narrent par le menu des situa5ons paradoxales greffées sur un fond de vie quo5dienne très stylise et archétypal, largement urbain donnant la vedeIe aux bons tours et exclama5ons joyeuses. Un 5ers des fabliaux verse dans la grivoiserie et la scatologique – les autres se veulent simplement amusants et instruc5fs aux dépens de personnages types, le paysan niais et roublard, le vieux mari riche et cocufie par son tendron d’épouse, le cure trousseur de jupons ou porte sur la mangeaille, le noble imbu de sa personne, le frère mendiant obsédé par ses confesses. Les plaisirs du corps: Festoyer avec ses amis charnels, ses compagnons de travail, ses voisins, ses confrères, représente l’un des moments les plus importants de la vie de chacun, des qu’il le peut et que l’occasion ou l’obliga5on rituelle s’en présente. La société d’abondance, la simple sécurité alimentaire sont encore a venir pour le plus grand nombre. Comme toujours au Moyen Age, les viandes sont servies bouillies plutôt que rô5es – ce qui donne une grande importance aux sauces et aux épices qui les accompagnent.
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Les dames ne s’autorisent aucun décolleté, mais affichent de modestes parures, et toujours une coiffure, de simple voile des paysannes ou des religieuses a des composi5ons déjà savantes. La mode, en quelque sorte « unisexe », se contente d’une coupe des habits assez uniforme: seule la qualité des 5ssus employés, leur teinture plus ou moins franche et durable (elle dépend de la qualité et du nombre de passages dans les bains colorants), leur état d’usure permeIent de situer leur porteur dans la société. L’Eglise reproche a la danse non pas de se tenir en des lieux qui nous semblent inappropriés – on danse dans le cime5ère a l’occasion, comme les marchands forains y installent leurs tréteaux lors de la foire – mais plutôt de venir distraire de leurs obliga5ons les fideles le dimanche, une journée qui devrait être tout en5ère réservée au Seigneur. Contrairement a ce que voudrait une déplorable légende noire, les gens du Moyen Age se lavent aussi souvent que possible, entre5ennent avec soin leurs habits et ils ont un souci certain de leur présenta5on – en ville, de nombreuses étuves sont a la disposi5on du public. Les sports et l’esprit de compé55on: Les ac5vités spor5ves sont réservées aux garçons et aux hommes faits. Le cheval d’arçon est déjà la pour apprendre a sauter sur un cheval. La compé55on entre deux « conrois », deux équipes, voit se restreindre peu a peu son champ de bataille, désormais clôture par des lices ou palissades – le tranchant ou la pointe des armes sont aussi émoussés « a plaisance » tandis que les protec5ons du corps se renforcent. Les pères assembles en conciles œcuméniques condamnent régulièrement ceIe pra5que du tournoi – Jean XXII ne fera que les autoriser au prétexte de la prépara5on a la croisade. Les diver5ssements: Une distrac5on se trouve blâmée par les autorités, qu’elles quelles soient: le jeu de hasard, le jeu de des. D’abord parce que le hasard du jet des des insulte la majesté divine en niant la parcelle d’intellect que Dieu a infusée a l’homme. Louis IX fait la police dans son entourage. D’autres jeux de table sont tolérés, le trictrac, sinon encourages, tel le jeu des échecs, car ils se pra5quent au calme, loin des auberges mal famées ou des postes de garde bruyants.
Le fils prodigue joue aux des. Cathédrale de Chartes.
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La chasse représente une distrac5on véritable: le sceau secret (personnel) de Philipe IV le Bel, figure un cerf courant, et ce souverain décédé des suites d’un accident de chasse, un plaisir auquel il s’était adonne aussi souvent qu’il l’avait pu. Les Français et leur liIérature: Les contes de Bretagne se résument en large part aux romans arthuriens, dont Chré5en de Troyes (après 1181) a fonde la renommée sur le con5nent – il s’y adjoint l’amour impossible liant Tristan a Iseult, que Thomas d’Angleterre et Béroul ont introduit dans les mêmes années auprès du public français. Il s’agit de contes merveilleux qui se déroulent dans un monde et une humanité parallèles, que chaque auteur enrichit a sa guise des fruits de son imagina5on et des fantasmes qui plaisent a son public. Enfin, la ma5ère de France représente, en théorie au moins, le suc de la na5on en construc5on, la Chanson de Roland, dont le premier état du texte est date des alentours de 1100, avait ouvert la voie a la mise par écrit de la geste na5onale des Francs. La diversifica5on des LeIres françaises: Trois domaines, essen5els, demeurent interdit au français: la théologie, le droit romain et la science, tous trois réserves par essence au la5n, la seule langue de la connaissance supérieure, la langue universelle, celle du savoir théorique et de l’université. Pour le reste, le recours au français progresse a l’écrit. La France capé5enne a légué au patrimoine liIéraire universel quelques œuvres d’excep5on – notamment le Roman de la Rose. Il installe le « fin amor » dans la proximité de Paris et des rudes chevaliers de Bouvines qui ont tombe l’armure dans le jardin de Liesse, ou Jeunesse rencontre différentes allégories qui l’ini5ent au joies de l’amour dans un espace onirique, dont l’accès est interdit aux non-‐valeurs du dehors (Vieillesse, Pauvreté, Jalousie) et même au clergé. Une sensualité paisible déborde de tout le poème, songe incarne d’un idéal de courtoisie rêvée: « Il n’est pas plus grand paradis que disposer de sa mie. » IllustraLons du Roman de la Rose.
L’ours – histoire d’un roi déchu •
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Pour les Germains, combaIre et tuer un ours représente le passage oblige pour accéder au monde des guerriers adultes. Lʼours est non seulement le roi de la foret mais aussi une créature intermédiaire entre le monde des bêtes, celui des hommes et des dieux. Cʼest en léchant longuement ses oursons moribonds que lʼourse les ramène a la vie, les réchauffe, leur donne forme et vigueur (légende médiévale). Lʼours en vieux slavon, cʼest « medvedev ».Les ennemis des ours ne sont alors pas tant Charlemagne et ses troupes que les prélats et les clercs qui les entourent. Ce sont eux qui ont déclare la guerre au plus fort de tous les animaux présents sur le sol européen et décide son extermina5on, du moins en terre germanique. A cela, une raison précise : en ceIe fin du VIIIème siècle, dans toute la Saxe et les régions circonvoisines, lʼours est parfois vénéré comme un véritable dieu et fait lʼobjet de cultes qui peuvent prendre des formes fréné5ques ou démoniaques. Les ménageries médiévales sont des instruments poli5ques. Longtemps, seuls les rois, les princes et les grands seigneurs, laïques, ecclésias5ques, étaient suffisamment riches pour en posséder. Lʼours male passe pour être ayre par les jeunes femmes et les désirer charnellement : il les recherche souvent, les enlève parfois, puis les viole et donne naissance a des êtres mi-‐hommes mi-‐ours qui sont toujours des guerriers indomptables, voire des fondateurs de lignées pres5gieuses. A lʼepoque féodale, le Diable devient omniprésent. Partout il exerce ses méfaits et étend son empire. Lʼours est son déguisement favori. Lʼours fait également par5e de son bes5aire. Entre le mois de novembre et celui de février, lʼours ne reste pas dans sa tanière mais se rend... en enfer.« Faire lʼours », ce nʼest pas seulement se déguiser en ours, cʼest aussi manifester un désir sexuel incontrôlé, comme dans les lupercales de la Rome an5que. Partout, ou presque des Alpes a la Bal5que, lʼours se pose en rival du Christ. Pour lʼEglise, il convient de lui déclarer la guerre, de le combaIre par tous les moyens, de le faire descendre de son trône et de ses autels. Apres avoir dompte, puis diabolise lʼours, les prélats et les cherchèrent a lʼhumilier et a le ridiculiser. On assiste alors a la promo5on du lion, la créa5on du léopard, la dévalorisa5on de lʼours. Prive de tout pres5ge, transforme en une bête de foire ou de cirque, souvent humilie ou ridiculise, lʼours con5nue néanmoins au Moyen Age dʼoccuper une place de premier plan dans lʼimaginaire des hommes.
Le bateleur et son ours.
Le cochon – histoire d’un cousin malaimé •
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le cochon est l’un des animaux dont l’élevage s’est propage le plus vite et le plus abondamment a par5r de l’appari5on de l’agriculture. La facilite a le nourrir (il mange a peu près n’importe quoi), l’abondance de sa viande et de sa graisse, et sa reproduc5on rapide expliquent ceIe extension précoce dans de larges zones de l’Ancien Monde. Partout la part la plus importante de l’alimenta5on carnée est fournie par le cochon. Dans les calendriers médiévaux, décembre est le mois ou l’on tue le cochon. C’est un moment essen5el de la vie rurale, marquant symboliquement l’entrée dans l’hiver et procurant des réserves de viandes. On fait en général jeuner le cochon un ou deux jours avant l’abaIage afin que ses boyaux soient vides au moment de la mort. Le vol des jambons est du reste un thème liIéraire fréquent par exemple dans les différentes branches du Roman de Renart, véritable roman de la faim. Au début du XIVème siècle, élever des porcs cons5tue parfois déjà une véritable ac5vité professionnelle et non plus seulement une nécessite de la vie rurale, qu’elle soit villageoise ou monas5que. A la fin du Moyen Age cependant, le paysage agraire se modifie de nouveau. La guerre, les épidémies et la crise démographique entrainent l’arrêt des défrichements. La foret et la lande regagnent le terrain perdu sur les terres emblavées, et les troupeaux, ceux de moutons comme ceux de porcs, bénéficient davantage d’espace. Tous les porcs d’un village sont réunis en troupeau et places sous la houleIe d’un porcher commun qui les mène au paisson ou a la glandee. Ce porcher, sorte de fonc5onnaire villageois, est souvent un simple d’esprit ou bien un jeune garçon, par5culièrement pauvre... Les trois personnages – le porcher, le charbonnier et le bucheron – qui vivent solitaires au fond des bois, suscitent le mépris, la crainte ou la suspicion des paysans. Le porc en ville. Dans la cite, le porc joue un rôle d’éboueur. Il se nourrit de déchets et d’ordures. Au début du XIIIème siècle, Philippe Auguste dut faire entourer le cime5ère des Innocents à Paris d’un mur suffisamment haut pour empêcher les porcs d’aller y déterrer les cadavres. Nombreux sont les procès qui meIent en scène des porcs ayant visite une bou5que, dévaste un jardin, pille une réserve ou un charroi, blesse voire dévore un enfant. A par5r de la fin du XIIème siècle, toutes les villes d’Europe prennent des décisions règlementaires pour limiter des porcs dans les rues.
L’empire du roi
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Le règne de Philippe le Bel (1285-‐1314) demeure déterminant. L’âge moderne commence avec Philippe le Bel, avec l’abaissement de la papauté. Son entourage de légistes bâ5t et met en œuvre une doctrine qui ruine la théocra5e pon5ficale. En parallèle, la guerre permet a la monarchie de se jus5fier l’établissement d’une fiscalité nouvelle, sans toutefois que la tenta5ve abou5sse vraiment. De façon très moderne, Philippe IV s’appuie sur une opinion publique que son entourage contribue a façonner et, a travers tout une série de procès reten5ssants, il se donne comme le premier défenseur de la foi et du salut de ses sujets. Une monarchie de droit divin: La chapelle du palais royal, la sainte Chapelle, cons5tue le manifeste le plus fort et le plus abou5 du caractère sacral de la monarchie capé5enne. Le sacre rappelle l’élec5on divine du lignage royal que le miracle de la Sainte Ampoule a confirme, mais la présence de la Couronne d’épines dans le palais du roi capé5en, dont l’insigne majeur du pouvoir réside dans une couronne, introduit d’évidence une homologie entre le Christ et saint Louis. Ce dernier affecte une posture chris5que du reste, quand, le jeudi saint, il lave les pieds des lépreux. La Sainte Chapelle 5ent donc une place centrale dans la sacralisa5on de l’ins5tu5on monarchique.
Choeur sainte chapelle avec la chasse des reliques. Précieux flacons renfermant le sang du Christ, le lait de la Vierge, la Sainte Eponge et le reliquaire de la couronne d’épines avec un fragment de la vraie croix.
L’empire du roi •
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L’invasion du droit et l’évolu5on de la suzeraineté a la souveraineté du roi: Le XIIIème siècle correspond a l’enseignement du droit a Orléans, Montpellier, et Toulouse. Les « légistes » deviennent avocats, juges, administrateurs, conseillers, officiers des seigneurs et des princes. La jus5ce devient alors affaire des spécialistes – ils peuplent en par5culier le Parlement, déserté par les barons et les prélats qui ne peuvent siéger en permanence. Apres 1250, le droit envahit la pensée poli5que et devient un instrument essen5el de la progression du pouvoir royal. La suzeraineté féodale est en passe alors de céder le pas a la souveraineté royale. Le roi est empereur dans son royaume « rex imperator est in regno suo ». Le roi qui ne 5ent que de Dieu, dispose par la même de préroga5ves iden5ques a celles du pape et prétend a une auctoritas et a une potestas. Le prince se dit assez souvent roi de France, rex Franciae, et non plus rex Francorum. Le pouvoir royal s’applique encore a des hommes, mais sur une base territoriale, celle du royaume, et non plus a travers la média5on de plusieurs échelons de seigneurs divers. Souverain d’un territoire, le roi est celui de tous les hommes qui l’habitent et sa juridic5on s’étend a tous sans restric5on. Le pouvoir royal ne cesse de s’étendre au fil du XIIIème siècle. Saint Louis interdit le recours au duel judiciaire, c’est a dire l’ordalie, au jugement de Dieu, pour laisser la place a l’enquête et a la preuve par témoins. Cependant, l’assen5ment du Conseil semble nécessaire aux choix législa5fs du roi. La maxime « quod principi placuit legis habet vigorem » (ce qui a plu au prince a force de loi) n’est pas encore totalement passée dans les faits. Mais la coutume impose partout le respect de « libertés », c’est a dire de privilèges spécifiques, de droits acquis, dont chaque communauté se prévaut. De plus, la géographie seigneuriale présente une extraordinaire complexité, mul5pliant chevauchements et enclaves que délinquants et procéduriers pra5quent avec maitrise.
L’empire du roi •
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Le roi de guerre: Le règne de Philippe III se couronne par une offensive désastreuse en Catalogne. En effet, après les vêpres véni5ennes, le pape lance une croisade contre l’Aragon, coupable d’avoir annexe la Sicile, par5e du royaume vassal du Saint Siege. L’expédi5on connaît un échec total et fait retraite. Le conte Guy de Dampierre envoie son défi a Philippe le Bel en janvier 1297. De 1294 a 1314, durant 20 années, tant en Aquitaine qu’en Flandre, se déroulent donc 12 campagnes et l’ost royal est convoque autant de fois. L’ac5vité guerrière se répète avec régularité. Elle cesse d’être épisodique, comme a l’époque féodale, pour devenir consubstan5elle au pouvoir monarchique. Fait essen5el: puisque les campagnes sont longues, il devient nécessaire de solder les par5cipants. La guerre de Gascogne s’avéré un gouffre financier. Pourtant c’est un conflit sans combat. Mais beaucoup de pe5ts nobles affluent a ce premier ost solde. La victoire de la monarchie sur la papauté: Il existe une contradic5on entre le caractère universel de l’Eglise, qui nourrit les préten5ons du pape a régir les princes temporels, et l’affirma5on territoriale des monarchies. Celles-‐ci ne peuvent en effet accorder une autonomie très large a l’Eglise dans leur royaume, d’abord parce que l’Eglise pourrait devenir un lieu redoutable de contesta5on, ensuite parce qu’elle dé5ent une fortune foncière et une puissance temporelle considérable. Au temps de Philippe le Bel, se trouve posée, sans avoir été tranchée, la ques5on de savoir si l’Etat est dans l’Eglise ou si l’Eglise est dans l’Etat. La libre disposi5on des bénéfices ecclésias5ques et la taxa5on des revenus temporels de l’Eglise sont d’une importance vitale pour la monarchie. Déjà pour la croisade, saint Louis et Philippe III ob5ennent des papes des subsides importants, prélevés sur les revenus temporels de l’Eglise de France. Philippe le Bel joue l’autonomie de l’Eglise de France et s’approprie la collecte et le produit de la décime. Mais Boniface VIII pense que l’ordre voulu par Dieu en vue du salut soumet les princes temporels a l’autorité de l’Eglise et a celle de son chef, le vicaire du Christ, disposant de la « plenitudo potesta5s », un pouvoir absolu, puisque de source divine. Il prétend donc a la domina5on universelle et, en tout cas, a une autorité sans partage sur toutes les Eglises.
Sceau de Guy de Dampierre comte de Flandre. Il se heurte au patriciat urbain et au Roi de France, mais s’appuie sur les méYers.
Philippe le Bel contre Boniface VIII •
Le roi frappa sur l’Eglise un coup hardi. Il limita, ralen5t ceIe terrible puissance d’absorp5on qui, peu a peu, eut fait passer toutes les terres du royaume aux gens de mainmorte. Ces légistes qui avaient gouverne les rois anglais des le XIIème siècle, au XIIIème saint Louis, Alphonse X et Frédéric II furent, sous le pe5t-‐fils de saint Louis les tyrans de la France. Ces chevaliers en droit, ces âmes de plomb et de fer, les Plasian, les Nogaret, les Marigini, procédèrent avec une horrible froideur dans leur imita5on servile du droit romain et de la fiscalité impériale. Ces cruels démolisseurs du Moyen-‐Age organisent la centralisa5on monarchique. Ils jeIent dans les provinces des baillis, des sénéchaux, des prévôts, des auditeurs, des tabellions, des procureurs du roi, des maitres et peseurs de monnaie. Ce droit laïque est surtout ennemi du droit ecclésias5que.L’immense machine du gouvernement royal qui subs5tue son mouvement complique aux mille mouvements naturels et simples du gouvernement féodal ; ceIe machine, l’argent seul peut lui donner l’impulsion. La guerre se faisait ainsi sans bruit ni bataille. C’était une luIe de corrup5on, une bataille d’argent, à qui serait le premier ruine. Le roi se mit pour la première fois à altérer la monnaie, triste moyen si employé au XIVème siècle. C’était un impôt facile et tacite, une banqueroute secrète au moins dans les premiers temps. L’Eglise apparaissait de plus en plus comme ce pe5t peuple heureux, obese et reluisant, au milieu du grand peuple affame qui commençait a le regarder de travers. La confisca5on de l’Eglise fut la pensée des rois depuis le XIIIème siècle, la cause principale de leurs luIes contre les papes.Boniface VIII délia les sujets de Philippe le Bel de leur serment de fidélité a leur roi et fulmina contre lui ses célèbres bulles contre le pouvoir temporel du roi. Il fut enlevé par les Français avec la complicité des Colonna. Il mourut des suites de sa cap5vité. C’est son successeur, un Français, Clément V qui va installer la papauté en Avignon et fut ensuite le pape du procès des Templiers. Neuf pon5fes allaient lui succéder pendant plus d’un siècle. Les combaIants des Flandres contre les Français de Philippe le Bel : comme ils ne pouvaient tous recevoir l’eucharis5e, chaque homme se baissa, prit la terre et la mit dans sa bouche. Quatre mille éperons dores furent pendus dans la cathédrale de Courtrai. CeIe terrible défaite, qui avait tout extermine toute l’avant-‐garde de l’armée de France, c’est-‐a-‐dire la plupart des grands seigneurs, ceIe bataille qui ouvrait tant de successions, qui faisait tomber tant de fiefs a des mineurs sous la tutelle du roi.
Boniface VIII.
L’empire du roi •
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Boniface VIIII enjoint aux ecclésias5ques de refuser toute taxe indue et menace le souverain d’excommunica5on. Philippe le Bel réagit vivement – il interdit toute exporta5on d’or et d’argent hors de France. Mais, mis en difficulté par ses mauvaises rela5ons avec les Colonna, Boniface VIII est contraint de transiger. Il prononce la canonisa5on de saint Louis, conférant a la monarchie française un lustre religieux accentue. Boniface VIII place le siège apostolique au-‐dessus des rois: il n’y a qu’une seule Eglise, seule voie de salut, seul corps mys5que du Christ. Ce corps vivant ne peut avoir qu’une tête, le Christ, ou bien, ici bas, son représentant, le pape. C’est alors que les légistes de Philippe le Bel renversent les rôles: ils sou5ennent que le pouvoir royal est l’égal du pouvoir pon5fical, car il procède de Dieu, mais ils proclament que le roi se trouve en posi5on d’exercer lui-‐même un magistère spirituel. Il a la charge de garder la foi et l’Eglise face a un pape défaillant. Guillaume de Plaisians accuse le pape d’hérésie, de simonie, de sodomie et de commerce avec les démons. Et il conclut en appelant a un concile universel qui le jugera. En juin 1305, Bertrand de Got, un Aquitain, accède au souverain pon5ficat sous le nom de Clément V. En 1308, Philippe le rencontre a Poi5ers et le presse de régler le sort des Templiers. Entre temps, Clément V lève toutes les condamna5ons pon5ficales portées antérieurement contre Philippe le Bel et ses officiers. En 1312, il supprime l’ordre des Templiers. Et deux ans plus tard, c’est le Conseil royal qui envoie au bucher, comme relaps, le grand maitre, Jacques de Molay et précepteur de Normandie, Geoffroy de Charnay. La victoire de la monarchie sur la papauté: Il existe une contradic5on entre le caractère universel de l’Eglise, qui nourrit les préten5ons du pape a régir les princes temporels, et l’affirma5on territoriale des monarchies. Celles-‐ci ne peuvent en effet accorder une autonomie très large a l’Eglise dans leur royaume, d’abord parce que l’Eglise pourrait devenir un lieu redoutable de contesta5on, ensuite parce qu’elle dé5ent une fortune foncière et une puissance temporelle considérable. Au temps de Philippe le Bel, se trouve posée, sans avoir été tranchée, la ques5on de savoir si l’Etat est dans l’Eglise ou si l’Eglise est dans l’Etat. Il est désormais acquis que le roi, chef de son royaume, est protecteur naturel de son Eglise. En parallèle, les légistes reconnaissent au roi un droit de propriété sur tous les biens du territoire sur lequel il règne.
Clement V.
L’or et les Templiers •
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Christophe Colomb: «L’or est une chose excellente. Avec l’or, on forme des trésors. Avec de l’or, on fait tout ce qu’on désire dans ce monde. On fait même arriver les âmes en paradis. » Tant que la richesse fut immobile, l’homme raIaché par elle à la terre et comme enracine, n’avait guère plus de locomo5on que la glèbe sur laquelle il rampait. L’or suit, facile et fluide, toute circula5on commerciale et administra5ve. La créa5on soudaine d’un pouvoir central, au début du XIVème siècle, créé un besoin subit et infini en argent et en or. Sous Philippe le Bel, ce monstre, ce géant nait, altéré, endente, affame -‐ ceIe intronisa5on de l’or à la place de Dieu. Au Moyen-‐Age, celui qui sait ou est l’or, le véritable alchimiste, le vrai sorcier, c’est le juif, ou le demi juif, le Lombard. Pendant tout le Moyen-‐Age, persécutes, chasses, rappelés, ils ont fait l’indispensable intermédiaire entre le fisc et la vic5me du fisc, entre l’agent et le pa5ent, pompant l’or d’en bas, et le rendant au roi par en haut avec laide grimace. L’or que prêté le meurtrier du fils de l’homme ne peut être qu’un or meurtrier, an5humain. Le soldat a la gloire, le moine le repos. Le Templier abjurait l’un et l’autre. L’idée du Temple, plus haute et plus générale, que celle même de l’Eglise, planait en quelque sorte par-‐dessus toute religion. Il était naturel que le relâchement s’introduisit parmi des moines guerrières, des cadets de la noblesse, qui couraient les aventures loin de la chré5enté, souvent loin des yeux de leurs chefs, entre les périls d’une guerre a mort et les tenta5ons d’un climat brulant, d’un pays d’esclaves, de la luxurieuse Syrie. Soldats délaisses, sen5nelles perdues, faut-‐il s’étonner si, au soir de ceIe bataille de deux siècles, les bras leur tombèrent. A mesure que la ferveur des guerres saintes diminuait en Europe, a mesure qu’on allait au moins a la croisade, on donnait davantage au Temple pour s’en dispenser. Cependant la terre sainte avait été défini5vement perdue en 1191, et la croisade terminée. Les chevaliers revenaient inu5les, formidables, odieux. Qu’allaient-‐ils faire en pleine paix de tant de forces et de richesses ? Ne seraient-‐ils pas tentes de se créer une souveraineté dans l’Occident, comme les chevaliers teutoniques l’ont fait en Prusse, les Hospitaliers dans les iles Méditerranéennes, et les Jésuites plus tard au Paraguay. Indica5on sommaire des accusa5ons : reniement, trahison de la chré5enté au profit des infidèles, ini5a5on dégoutante, pros5tu5on mutuelle; enfin le comble de l’horreur, cracher sur la croix !
DestrucLon de l’ordre du Temple
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Comme il n’y avait pas plus de sureté pour le pape Clément V sur les terres du roi. Il parvint a sor5r de Poi5ers, et se jeta dans Avignon (1309). Le procès prenait une tournure fâcheuse pour ceux qui l’avaient commence avec tant de précipita5on et de violence. Les accusateurs tombaient peu a peu a la situa5on d’accuses. Chaque jour les dépos5ons de ceux-‐ci révélaient les barbaries, les turpitudes de la première procédure. Cinquante-‐quatre templiers furent brules a la porte sainte Antoine. Dans tous les Etats de la chré5enté, on supprima l’ordre comme inu5le et dangereux. Les rois prirent leurs biens et les distribuèrent aux autres ordres. Mais les individus furent ménagés. Les traitements les plus sévères furent d’être enfermes dans des monastères, souvent leur propre couvents. C’est l’unique peine a laquelle on condamna en Angleterre les chefs de l’ordre qui s’obs5naient a nier. L’ordre qui avait représente au plus haut degré le génie symbolique mourut d’un symbole non compris, avec la monstrueuse accusa5on d’avoir renie et cracher sur la croix.
L’empire du roi •
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L’extraordinaire – débuts d’une fiscalité d’Etat: Les imposi5ons qui apparaissent durant le règne de Philippe le Bel ressor5ssent a l’extraordinaire. L’impôt est couple avec la guerre. C’est en 1292 que prend place une première expérience de fiscalité indirecte – on instaure une taxe sur les transac5ons commerciales (0,41%) a payer a la fois par l’acheteur et le vendeur. Extraordinaire innova5on mais mal reçue et appliquée. On passe alors a des impôts directs requérant un peu moins de technicité: on lève un impôt direct sur le capital immobilier. Sa quo5té s’élève a 1%. Les biens nobles échappent a la taxe, ainsi que ceux du clergé. Faute que l’extraordinaire se normalise, les revenus de la monarchie s’avèrent insuffisants et les dépenses ne peuvent être soldées que grâce a des expédients de natures diverses: taxes catégorielles pesant sur les juifs, les Lombards et les marchands italiens. Figurent enfin dans ce compte les profits que le roi 5re de sa monnaie. La monnaie du roi: L’autorité du souverain confère a la monnaie son pouvoir libératoire: elle garan5t sa valeur et son caractère d’instrument de paiement et d’échange. Il existe cependant deux monnaies royales: la monnaie tournoise (celle de Tours) et monnaie parisis (celle de Paris). L’essor économique de l’époque féodal a entraine, en poids de métal fin, une dévalua5on considérable de la monnaie de compte, livres, sous et deniers. Il a requis en effet l’accroissement des espèces monétaires en circula5on. CeIe infla5on progressive a considérablement réduit la quan5té d’argent pur contenue dans les espèces les plus usuelles, comme le denier. Les besoins propres du royaume et, principalement, ceux de la monarchie concourent a l’infla5on. Philippe le Bel n’est pas un faux-‐monnayeur, contrairement a ce que Dante lui reproche – il s’efforce seulement de meIre en circula5on la quan5té des monnaies requises par le fonc5onnement des finances monarchiques. Tout cela fait grimper la valeur marchande de l’argent et une logique mécanique veut que la valeur de l’argent monnaye soit aligne sur le cours du métal non monnaye: si ce dernier monte, la teneur des espèces monétaires en argent fin doit baisser, sinon l’émeIeur travaille a perte.
Masse d’or de Philippe le Bel
L’empire du roi
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Mais le souverain impose en effet a la monnaie frappée dans ses ateliers au cours légal supérieur au cours commercial du métal précieux que ceIe monnaie con5ent. Ce bénéfice est dit le seigneuriage. Il s’agit la d’une dévalua5on consciente de ceIe dernière, puisqu’a chacune de ses unités correspond un poids moindre de métal fin. Les muta5ons monétaires cons5tuent a ce moment une forme de prélèvement général, propor5onnel a la richesse en numéraire, dont ni les clercs ni les nobles ne peuvent s’exempter. Elles représentent un impôt qui n’occasionne aucune difficulté de percep5on et qui procure un gain rapide et substan5el. Les muta5ons monétaires forment le pallia5f et le subs5tut d’une fiscalité balbu5ante et défaillante. Toutefois, la dévalua5on de la monnaie de compte a ses limites. Elle joue a l’encontre des seigneurs, des ren5ers, des préteurs, et des propriétaires, dont le cens, les loyers, les baux, les rentes, ont été libellées en monnaies de compte. Les élites sociales veulent donc une monnaie forte. Or le roi et ses porte-‐paroles jouent a l’inverse, promeIant le retour de la bonne monnaie contre l’établissement d’une fiscalité substan5elle. Philippe le Bel promet un renforcement de la monnaie. Ce renforcement gène salaries et débiteurs, car il provoque une réduc5on des salaires en valeur nominale, tandis que prix et loyers ne baissent pas dans la même propor5on. Fama publica – Manipula5ons et cristallisa5on: La jus5ce inquisitoire qui s’instaure en France dans l’Eglise et les juridic5ons laïques au XIIIème siècle permet au juge de se saisir lui-‐même en se fondant sur la rumeur ou l’opinion publique (fama publica). Les mécanismes de persécu5on appliques aux héré5ques, aux marginaux, aux étrangers, renforcent la cohésion sociale et le pouvoir des princes. Les Lombards connaissent également un sort misérable: ils sont vic5mes de confisca5on et d’expulsion. Le 10 avril 1302 se réunît a Notre Dame, sur convoca5on du roi, l’assemblée des barons, des prélats et des représentants des villes – elle compte environ 1000 par5cipants. C’est dans le royaume la première consulta5on directe de l’opinion publiques sans intermédiaire. Ces assemblées sont des5nées, non pas a discuter les affaires qu’on leur expose, mais a enregistrer et par la suite a diffuser.
Des temps incertains •
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L’essoufflement de l’épopée des cathédrales en premier lieu. Apres 1270, l’innova5on architecturale se tarit. Et, fait symbolique, le chœur de saint Pierre de Beauvais s’effondre en 1284. Non du reste parce que l’art de bâ5r a franchi ses limites, mais parce que la par5e construite avait besoin d’être épaulée par de nouvelles travées, qui ne sont pas venues, faute de financement. Dégrada5on de la conjoncture après 1270: Une famine très brutale frappe l’Europe du Nord-‐Ouest, de 1315 a 1317. Elle s’accompagne d’une grande mortalité. La répé55on des famines et des mortalités révèle une disjonc5on entre la produc5on des subsistances et la popula5on. Depuis 1250, toutes les terres cul5vables sont occupées. Les défrichements se bloquent en gros vers 1250 – il faut respecter l’équilibre ager-‐saltus: la nécessite de conserver, a cote de l’espace mis en culture, des friches et des bois, qui sont indispensables pour servir de pâture aux animaux et fournir le bois u5le aux instruments aratoires et autres, au chauffage et au feu de cuisine, aux habita5ons aussi; on reste alors dans une civilisa5on du bois. En conséquence, pour que la produc5on progresse, l’agriculture doit devenir intensive – ainsi chaque exploita5on doit diversifier sa produc5on. Mais, dans le royaume de France, a ceIe époque, domine la micro exploita5on, souvent inférieure a deux hectares. Misère paysanne: Le moindre incident clima5que place les micro exploita5ons paysannes dans une situa5on très difficile. La pe5te paysannerie doit donc souvent s’endeIer pour solder les prélèvements auxquels elle se trouve soumise. L’endeIement rural se généralise au fil du temps. Les paysans parcellaires et les manouvriers ne doivent leur survie, en période ordinaire, qu’au travail qu’ils effectuent au manoir ou chez leurs voisins aises. Encore sont-‐ils contraints de vendre leurs bras a bon marche, en raison de la pression démographique et de l’infla5on qui écrête les salaires.
L’ange au sourire. Cathédrale de Reims.
Des temps incertains
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Les prélèvements opérés de diverses manières sur le revenu paysan et le sur prélèvement qui résulte de l’infla5on, des bas salaires, de l’endeIement et de l’impôt monarchique entraient la détériora5on de la condi5on paysanne, causent en par5e les crises de subsistances en interdisant tout inves5ssement produc5f a la plupart es tenanciers. La décroissance de la produc5on agricole, masquée par les hausses des prix (phénomène de stagfla5on), commence assez tôt, des 1270. Crises et révoltes urbaines: Les éléments surnuméraires du monde agricole gagnent les faubourgs des villes avec l’espoir de trouver du travail dans les ateliers ou sur les chan5ers. Malheureusement, les villes ne sont plus guère en état d’absorber ce trop plein démographique. L’Italie du Nord et la Flandre, les deux espaces les plus avances de l’Europe entrent longtemps en communica5on par l’intermédiaire des foires de Champagne, mais en 1297, s’effectue la première liaison mari5me entre Genès et Bruges par Gibraltar. Très vite, Véni5ens et Génois meIent chaque année sur pied plusieurs convois, reliant leurs ports a ceux d’Angleterre ou de la Flandre. Il en résulte le déclin des foires de Champagne.
Provins Les remparts. Une des villes ou se tenaient les foires de Champagne, elle a Yre profit de sa prospérité pour édifier des remparts consYtuant un des ensembles les plus remarquables de l’architecture militaire des XIIème et XIIIème siècles.
Des temps incertains
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Certaines villes cherchent a se libérer d’un tutelle seigneuriale qui reste pesante. En Flandre, des soulèvements se produisent durant l’été 1280: 5sserands et foulons sont a la pointe de la luIe. Ils protestent contre l’exploita5on économique a laquelle les soumeIent les marchands, qui leur vendent les ma5ères premières a un prix élevé et leur achètent a bas prix le produit et le travail. Les extrêmes de la fortune se renforcent, écrasant les classes moyennes. Désormais, la pauvreté est en passe de devenir une réalité de mass, contre laquelle il n’existe aucun amor5sseur social efficace. Mendiants et désœuvrés envahissent rues et places, car ils savent d’expérience qu’en ville, a défaut d’un travail convenablement rémunéré, les aumônes individuelles comme les distribu5ons charitables sont plus conséquentes qu’a la campagne.
ELenne Marcel sur la place de l’Hôtel de Ville. Le mécontentement inhérent à la crise et l’exemple des cités flamandes, italiennes ou de la Hanse donnent a EYenne Marcel l’occasion d’essayer de montrer que les villes seraient plus à même de gérer la société et de répondre aux nouveaux impéraYfs économiques de plus en plus centrés sur le commerce et moins sur la propriété foncière. Le grand patriciat commerçant possède des ressources financières très abondantes qu’il prête aux princes et aux ecclésiasYques : il devient un acteur incontournable. À l’époque, plutôt que d’entretenir une coûteuse administraYon, les souverains ont pris l’habitude de faire prélever les taxes par de riches parYculiers qui leur cèdent le montant souhaité et se remboursent en percevant les impôts pour leur compte, ce qui assure de confortables bénéfices. En Angleterre, les revers de Jean sans Terre contre Philippe Auguste avaient conduit les barons anglais à lui imposer en 1215 la Magna Carta, la Grande Charte, qui insYtuait, entre autres, la liberté des villes et le contrôle de la fiscalité par le Parlement. En France, Philippe le Bel instaure des États généraux où la noblesse, le clergé et les villes sont représentés, pour avoir une légiYmité à lever des impôts y compris sur les terres d’Église et rassembler la naYon naissante pour faire bloc contre le pape.
Les Etats Généraux
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Depuis Philippe le Bel les souverains recourent à des muta5ons monétaires qui affaiblissent le cour de la monnaie et entraînent une forte infla5on mais qui permeIent d’importantes receIes. L’État est bien le seul à en 5rer bénéfice. La noblesse, le clergé et la grande bourgeoisie qui sont propriétaires fonciers voient fondre la valeur des rentes et loyers. Les dévalua5ons pèsent sur les échanges pénalisent le commercé. É5enne Marcel évolue dans ce contexte de crise où les villes deviennent la force poli5que principale et en par5culier Paris, qui est de très de loin la première aggloméra5on d’Occident. Vers 1328, la popula5on parisienne est es5mée à 200 000 habitants, ce qui en fait la cité la plus peuplée d’Europe. La famille Marcel est l’une des plus puissantes de la bourgeoisie parisienne. Pierre Marcel est un familier de Saint Louis qu’il accompagne en croisade. CeIe famille de drapiers est très étendue et forme un réseau solidaire. Les Marcel importent des 5ssus de Flandre et de Brabant, ils sont fournisseurs de la cour et du roi auxquels ils prêtent aussi de l’argent. Après les chevauchées du Prince noir en Languedoc et du duc de Lancastre en Artois, les Etats généraux ont conscience de la nécessité de lever une armée, mais plus encore de financer des garnisons pour défendre les ville. Ils acceptent la levée d’une taxe sur les transac5ons commerciales.
Des temps incertains •
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La crise de la noblesse et la réac5on féodale: La pe5te aristocra5e connaît des problèmes de fortune et l’ensemble des nobles souffre des aIeintes que la monarchie porte a ses privilèges coutumiers. La pe5te noblesse n’a de salut que dans les offices royaux ou princiers et dans le service du roi, d’ou sa ruée a l’ost. La crise de la noblesse nourrit parmi ses membres un vif regret du passe et elle suscite, a l’automne de 1314, un mouvement de protesta5on contre la monarchie. Dans le domaine militaire, le monopole et la supériorité de la chevalerie sont baIus en brèche: l’essor économique et monétaire a permis le recrutement de soudoyers et d’arbalétriers, professionnellement efficaces, mais issus de la roture la plus vile. Suite a la rupture avec la Flandre, le roi doit requérir de ses sujets une aide nouvelle. Marigny ob5ent de l’assemblée des barons, d’évêques et de bourgeois des villes du royaume la levée d’une taxe. Voilà qui fournit le prétexte de la rébellion nobiliaire. La colère des hobereaux se cristallise et ils se groupent en ligue. Les ligueurs prennent le nom d’Allies. Ils réclament que les anciens usages de la noblesse soient rétablis :droit de se faire la guerre les uns les autres, de chevaucher, d’aller et venir, de porter les armes, sans être contraintes de donner trêve: ils ne veulent plus être ajournes et juges par les officiers du roi – « Les nobles ne doivent avoir d’autres juges que les nobles. » Le frère du roi de France, Charles de Valois intervient militairement a Lyon pour affirmer la tutelle du roi de France sur la ville. C’est un prince fastueux, qui a conduit beaucoup de campagnes pour son frère en Aquitaine et Flandre. Il met a profit la mort du roi pour opérer une purge parmi ses conseillers. Sa première vic5me est Marigny, le chambellan du roi. Il est pendu en 1315 au gibet de Mon„aucon. Finalement, les ligues tournent court, même si elles se poursuivent quelque peu sous Charles IV.
Tête du gisant de Charles de Valois a Saint Denis.
Des temps incertains • •
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Les Pastoureaux: Les nobles ne sont pas les seuls a vivre un malaise a ceIe époque. La renaissance du mouvement des Pastoureaux montre l’ébranlement psychologique et religieux qui saisit les masses populaires. Leur croisade commence a l’occasion de Pâques 1320. ils rassemblent très vite une troupe importante, ce qui souligne la disponibilité d’un grand nombre de jeunes ruraux et l’impact de la religiosité apocalyp5que chez les humbles. Animes d’une espérance millénariste, ces pauvres partent vers Jérusalem, dans le projet d’y connaître l’âge d’or, les mille années de béa5tudes annoncées par saint Jean. Le mouvement des Pastoureaux de 1320 apparaît donc comme un mouvement de marginaux des campagnes, de jeunes sans travail, qui trouvent un emploi, une u5lité dans la croisade par le Christ. Ils se dirigent vers l’Aquitaine, tuant les juifs qu’ils rencontrent et pillent leurs biens. Les officiers royaux traitent des lors les Pastoureaux en criminels, car les juifs sont sous la sauvegarde du souverain, mais le peuple fait cause commune avec eux. Les Lépreux: Ils sont longtemps présentés comme des pécheurs légi5mement punis et souffrent d’horreur et de mépris. Ils sont assimilables et assimiles a des ennemis de la chré5enté, et associes dans ce registre aux juifs et aux mahométans. La crise dynas5que – la fin des capé5ens directs: Louis VII a régné 47 ans, Philippe Auguste 43 ans, Louis IX 44 ans, Philippe le Bel 29 ans – la longueur de ces règnes a contribue de manière importante a stabiliser la monarchie. L’absence d’héri5ers males 5ent de l’adultère des belles filles de Philippe le Bel, qui a contraint ses fils a se remarier, ce qui, du fait de leur vie écourtée, ne leur a pas laisse le temps d’engendrer des enfants en suffisance.
Les Pastoureaux a Verdun sur Garonne. L’excès de misère exaltant les esprits, un grand mouvement lieu avait dans le peuple. Comme au temps de saint Louis, une foule de pauvres gens, de paysans, de bergers ou pastoureaux , comme on les appelait, s’ajroupent et disent qu’ils veulent aller outre-‐mer, que c’est par eux qu’on doit recouvrer la terre sainte. Ils s’en allèrent vers le Midi, égorgeant partout les juifs, que les gens du roi tachaient en vain de défendre.
Des temps incertains
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L’adultère publiquement dévoile fait courir un risque énorme a la monarchie. Non seulement, s’il en résulte des naissances, il rompt une lignée, qui remonte aux Carolingiens, mais il menace d’engendrer des conflits. Philippe le Bel sévit avec la rigueur qui s’impose… Les frères d’Aunay (les amants des épouses de ses fils) sont tortures, émasculés puis décapités. Marguerite de Bourgogne, l’épouse de Louis le Hu5n, est emprisonnée et meurt de froid a Château-‐Gaillard. Mais a sa mort, Philippe le Bel, qui a perdu tous ses fils, n’a pas également de pe5ts fils pour lui succéder. Philippe de Poi5ers, frère puîné de Louis le Hu5n, fait admeIre après le décès de ce dernier qu’il est l’héri5er légi5me de la couronne. Or Louis le Hu5n avait eu de Marguerite de Bourgogne une fille, Jeanne, qui se trouve écartée du trône. Les Lépreux: Ils sont longtemps présentés comme des pécheurs légi5mement punis et souffrent d’horreur et de mépris. Ils sont assimilables et assimiles a des ennemis de la chré5enté, et associes dans ce registre aux juifs et aux mahométans. La crise dynas5que – la fin des capé5ens directs: Louis VII a régné 47 ans, Philippe Auguste 43 ans, Louis IX 44 ans, Philippe le Bel 29 ans – la longueur de ces règnes a contribue de manière importante a stabiliser la monarchie. L’absence d’héri5ers males 5ent de l’adultère des belles filles de Philippe le Bel, qui a contraint ses fils a se remarier, ce qui, du fait de leur vie écourtée, ne leur a pas laisse le temps d’engendrer des enfants en suffisance… Philippe le Bel a bien un pe5t fils mais il s’agit du fils d’isabelle – sa fille mariée en 1308 au roi Edouard II d’Angleterre. Il s’agit d’Edouard III et la parente est incontestable en termes de parente pure.
La famille de Philippe le Bel. Edouard II et son épouse, Isabelle de France, étant venus a Paris, la famille royale se trouve au complet.
Des temps incertains
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L’arrivée des Valois: Le choix de Philippe de Valois par les barons ne repose sur aucune règle écrite et c’est seulement 50 ans plus tard, sous le règne de Charles V, que la loi salique (celle des anciens Francs saliens du très haut Moyen Age), excluant les femmes de la succession au trône, est sor5e de l’oubli pour jus5fier ce coup de force dynas5que. Philippe VI accède au trône en avril 1328: couronne a Reims, il lève l’oriflamme a Saint-‐Denis, deux jours plus tard et en septembre, avec l’aide de la noblesse flamande, il met en déroute et extermine les milices peu structurées des paysans flamands au Mont Cassel. Dieu a rendu son jugement contre eux et pour la légi5mité de Philippe de Valois. Cependant, la ques5on de Flandre, ni celle de Gascogne ne sont défini5vement tranchées.
Philippe VI de Valois.
Le dimanche de Bouvines
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Les chevaliers de Bouvines étaient mus par leur propre code de l’honneur, leur concep5on de la bravoure et courage. Mais ils étaient aussi confrontes en permanence, et de plus en plus déjà, aux exigences de l’argent, qu’ils affectaient de mépriser par ailleurs, et a la montée en puissance des souverainetés (le roi, l’Eglise), qui menaçaient de rabaisser les fiers combaIants rassembles et de ruiner leurs descendants en leur ôtant leur autorité sur leurs dépendants, jusqu’à la jugée naturelle, voulue par Dieu. Finalement deux morts sont a déplorer… « Tous les autres cadavres, ce fut le bas peuple qui les fournit ». Par sa brièveté (trois grosses heures) comme par sa sélec5vité sociale, Bouvines appar5ent a un univers d’excep5on. « La bataille n’est pas la guerre… Elle est une procédure de paix. » Son rôle est de forcer le ciel a se déclarer et a manifester ses desseins, a montrer une fois pour toutes, et de manière éclatante, incontestable, de quel cote se situe le bon droit.
Saint Louis fait prisonnier en Egypte en avril 1250
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CeIe image met en exergue et en scène le roi souffrant, iden5té du Christ. Prisonnier des Sarrasins en Egypte, Louis IX souffre de maladies terribles. La scène ici représentée évoque une peu celle qui montrait l’arresta5on de Jésus après le baiser de Judas. Les Sarrasins barbus, ont la trogne aussi menaçante que celle des sbires des grands prêtres d’Israël.
Les signes personnels du passe
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La vogue des tournois dans la France du nord est un puissant facteur de développement des armoiries. Dans leur jeunesse, les combaIants de Bouvines se sont amuses a tournoyer lors des fréquentes rencontres que les grands seigneurs se doivent d’organiser afin de tenir leur rang. Ces armoiries n’ont en elles-‐mêmes aucune valeur ni significa5on propre: leurs « meubles », les figures dessinées sur le blason, sont soit des mo5fs géométriques, soit une un silhoueIe très stylisée représentant un animal, une tour de château, une fleur, etc. Rares sont les armoiries dites parlantes qui jouent sur le nom du lignage.