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Qu’il est loin, le premier baiser !
celle du « jeunisme » : lorsque nous avons 60 ans, nous évoluons encore à côté d’autres personnes qui n’en ont que 50, voire 40, et nous voudrions faire partie de leur tranche d’âge, pour être encore « dans le coup », compétitifs sur le marché du travail et attractifs physiquement. Inconsciemment, la di culté accrue de trouver un emploi pour un sénior nous ferait paraître dangereux de continuer à s’approcher de la barrière des 60 ans. Et, pour une raison qui reste à élucider, notre cerveau se raconterait à lui-même qu’il n’a que 50 ans. Un décalage du même ordre se produit quand on a 50 ou 40 ans, le rajeunissement étant proportionnel à l’âge réel.
Sans compter qu’il y a mille avantages à se sentir jeune. Des études épidémiologiques ont ainsi montré que l’illusion de jeunesse était associée à de meilleures performances cognitives, une meilleure satisfaction vis-à-vis de l’existence, une meilleure santé physique et mentale, et une mortalité réduite (sauf face au Covid-19, car l’illusion de jeunesse fait croire qu’on a moins besoin de se protéger contre le virus). Soyez donc content(e) si vous éprouvez cette sensation devant votre miroir, c’est plutôt bon signe. Le pire serait plutôt de garder en vieillissant, tel Dorian Gray, un visage éternellement jeune pendant que l’esprit se racornirait et se parcheminerait. £
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Sébastien Bohler
Si le baiser romantique est, comme le (dé)clamait Cyrano de Bergerac, « un instant d’infini qui fait un bruit d’abeilles », les archéologues sont confrontés à un problème de taille : un bruit d’abeille laisse peu de traces derrière lui. Pour autant, il se raconte à travers l’écriture et la sculpture : l’analyse de textes anciens a ainsi conduit les chercheurs danois Troels Pank Arbøll et Sophie Lund Rasmussen à conclure que cette pratique était déjà répandue au Moyen-Orient il y a 4 500 ans.
Les textes analysés, écrits en cunéiforme sur des tablettes d’argile, sont originaires de Mésopotamie – approximativement la Syrie et l’Irak actuels – et couvrent une période de plusieurs siècles. On y découvre des mentions claires de baisers sur les lèvres, à visée romantique ou sexuelle. Elles évoquent par exemple l’histoire d’une femme mariée qui s’est presque « laissée détourner du droit chemin » par le baiser d’un autre homme que son mari, ou celle d’une femme célibataire qui jure qu’elle n’embrassera ni n’aura de relations sexuelles avec une de ses connaissances.
Ces résultats reculent d’un millénaire l’âge des premières traces écrites de french kiss, précédemment attribuées à des textes indiens datant d’il y a 3 500 ans. Cette pratique pourrait même être bien plus ancestrale encore : une statue préhistorique sculptée il y a environ 11 000 ans, dite « des Amants de Ain Sakhri », semble déjà figurer un baiser. Bien avant, donc, que les textes antiques ne commencent à bourdonner de ces petits « instants d’infinis »… £ Guillaume Jacquemont