Prisme Magazine - n°2 - 24/10/2013

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©WIKIPEDIA

PRISME NUMÉRO 2, 24 Octobre

LE SYSTEME

POUTINE L’INTERVIEW. CHANTEL LE CARPENTIER POUR UN BOYCOTT DE LA PAGE 3 DU SUN


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LES ILLUMINÉS DU TEA PARTY

D

es extrémistes, des ultras conservateurs ou au mieux des néo- libéraux. Voici quelques uns des adjectifs que nos chers médias s’emploient à utiliser pour qualifier le Tea Party. Vous savez, la frange conservatrice du parti républicain aux Etats-Unis, celle qui est en parti responsable du « shutdown » qui a bloqué les administrations américaines pendant 16 jours. Tout ça pour quoi ? Pour relever de quelques semaines le plafond d’une dette qui culmine à 17 000 milliards de dollars, et qui pourrait dépasser les 100% du PIB en mars prochain. Dès la fin de la crise budgétaire, le journal Le Monde a titré : « Une défaite en rase campagne pour les républicains ». Mais qui peut dire que Barack Obama a gagné ce combat ? C’est une défaite flagrante pour un pays qui repousse sans cesse depuis des années le remboursement d’une dette devenue monstrueuse. Le Président américain a donc perdu le combat du déclin, en refusant de s’atteler à ce problème que seules les républicains et le Tea Party semblent avoir compris. Bizarrement, en pleine crise de la dette publique en Europe, les français n’ont pas hésité à critiquer violemment ces américains qui s’opposent au déficit fédéral. Ça en dit long sur la dépendance de la France envers la dépense publique et l’interventionnisme étatique, qui prennent une ampleur sans précédent avec François Hollande. Non, le Tea Party n’est pas une secte d’illuminés. Ils sont 20 % de sondés à soutenir cette politique anti-interventionnisme, c’est-à-dire 63 millions d’américains. La population de la France. 63 millions d’américains qui croient encore au poids des communautés et de l’initiative individuelle. Un cinquième d’une population qui croit encore qu’il n’est pas bon de dépenser plus que ce que l’on gagne, que l’Etat n’a pas à encadrer en permanence la population, et que trop d’impôts est nocif pour l’économie. Cette théorie vient tout droit de Milton Friedman, l’un des plus importants économistes du XXème siècle. Alors si dans quelques mois, voire années, les Etats-Unis arrivent en défaut de paiement, peut-être qu’alors on commencera à écouter plus attentivement cette minorité, aujourd’hui pointée du doigt.

©GautierStangret

E DE ANTOIN LLE IA LONGEV

ÉDITO

MENTIONS LÉGALES PRISME, 47 RUE SERGENT MICHEL BERTHET CP606 LYON CEDEX 09 SITES WEB : WWW.TWITTER.COM/PRISMEMAGAZINE HTTPS://WWW.FACEBOOK.COM/PRISMEMAGAZINE?FREF=TS RÉDACTEUR-EN-CHEF : ANTOINE DE LONGEVIALLE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : LÉA CARDINAL MAQUETTISTES : LÉA CARDINAL, LÉNA AILLOUD JOURNALISTES : LÉA CARDINAL, ELISA BOUVET, IRCHADE KARI, LÉNA AILLOUD, ROMARIC HADDOU, GAUTIER STANGRET, ALEXANDRE FESTAZ, LORENZO CALIGARO, KÉVIN CHARNAY, ANTOINE DE LONGEVIALLE.


©L’EstRépublicain

SOMMAIRE de vols : le ras-le-bol 4 Victimes des agriculteurs

5 ©Huffingtonpost

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Euthanasie : la question d’une législation perdure

: Les étudiants 6 Interview partent en croisade contre le Sun

Snowden / Réfugiés 7 Affaire Syriens : quand les médias pèsent

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sur l’opinion publique

: quel homme 8 Poutine derrière le dictateur ?

incendies 10 D’importants menacent Sydney


LES AGRICULTEURS MONTENT AU CRÉNEAU

Près 8000 vols agricoles depuis le début de l’année

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©Lefigaro

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FRANCE

Arnaud Rousseau est président de FDSEA de Seine-et-Marne. Il est aussi agriculteur à Trocy-en-Multien.

ne tonne de pommes de terre dans la Meuse, l’équivalent de 600 bouteilles de vin dans le Bordelais, six tonnes de céréales dans le Vaucluse, vols en série de matériel agricole dans les Vosges, hectolitres de gazole siphonnés dans les réservoirs de tracteurs ou de moissonneuses batteuses en Champagne, et autres dépeçages de moutons : les vols agricoles se multiplient. Entre janvier et septembre, 7800 cas auraient été enregistrés dans les campagnes françaises, soit 7,5% de plus qu’en 2012. Et fini les petits chapardages. Place maintenant à des séries de vols de plus en plus organisés. « Des gangs itinérants sillonnent l’ensemble du territoire, experts dans le repérage et disposant de tentaculaires relais logistiques. Il s’agit du même type d’équipes qui étaient spécialisées auparavant dans les vols de camions frigorifiques ou d’engins de chantiers. Elles répondent au gré du marché à des commandes émanant de pays de l’Est et, peut-être, d’Afrique » observe le général Simon-Pierre Baradel, directeur de la police judiciaire à la direction de la gendarmerie à Issy-lesMoulineaux.

de nuire aux agriculteurs, dupe les consommateurs et les pouvoirs publics ». Sur Internet, des pétitions circulent. L’une d’elle dénonce la présence de « bandes [qui] profitent de l’isolement des exploitations pour faire main basse sur tout ce qui peut se négocier ». La FNSEA a même appelé Manuel Valls à renforcer la présence policière pour la surveillance des exploitations agricoles. Le mécontentement de certains est alarmant. Le fort sentiment d’insécurité à de quoi en énerver plus d’un. Arnaud

« Se faire justice soi-même »

Rousseau, président de la FDSEA de Seine-et-Marne s’inquiète : « Nous sommes face à une forme de banalisation de ces vols, qui restent impunis. De plus en plus d’agriculteurs exaspérés parlent de se faire justice eux-mêmes ». Cette montée en puissance de l’autodéfense vient confirmer l’état de tension général chez les agriculteurs depuis quelques années. Un climat morose dans le monde agricole Un ras-le-bol généralisé des agriculteurs

Les agriculteurs commencent donc à monter au créneau. La fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) s’indigne : « Ces vols et dégradations représentent un coût important pour les agriculteurs, qui ont déjà du mal à faire face, s’indignet-on à la FNSEA. Ce sont souvent des années de travail détruites au profit d’une économie parallèle qui, en plus

Le Front national à l’affût Le FN devient un interlocuteur privilégié des agriculteurs. La colère des campagnes françaises devient de plus en plus fertile pour le parti. Des représentants se rendent en effet régulièrement, presque une fois par mois, dans ces régions des « oubliés », comme Marine Le Pen les a appelés lors de sa visite en HauteMarne. Leif Blanc, délégué du parti à la ruralité, à l’agriculture et à l’environnement, s’est dit surpris lorsqu’il a vu les chiffres doubler voire tripler après les élections, dans des départements comme la Creuse ou le Morbihan. Sentiment de colère, d’abandon et d’insécurité devrait encore une fois faire les affaires du Front national.

qui vient tirer encore un peu plus la sonnette d’alarme. En effet, l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS) a publié le 10 octobre, les chiffres de la première étude officielle sur le taux de suicide chez les agriculteurs. Et le constat est effrayant : 500 suicides ont été enregistrés de 2007 à 2009, ce qui représente presque un suicide tous les deux jours. L’étude s’inscrit dans le plan de prévention du suicide dans le monde agricole annoncé en mars 2011 par Bruno Lemaire, alors ministre de l’agriculture. L’étude très attendue était censée briser un tabou. Il est impossible de nier une corrélation entre ce taux de suicide toujours plus conséquent et les difficultés économiques du secteur. Les éleveurs de bovins-lait sont les plus touchés financièrement, depuis la rupture de l’accord sur le prix du lait entre les producteurs et les agents économiques. Et ce sont bien eux les plus concernés par ces terribles chiffres. Pour Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, cette détresse est due à l’isolement et une pression administrative et économique trop forte, « car on est depuis 20 ans sur le marché mondial avec des prix à la baisse, une chaîne alimentaire qui ne fait pas de cadeaux aux producteurs » précise-t-il. Une série de vols qui pourrait mettre le feu aux poudres donc, dans un contexte déjà bien difficile.

Elisa BOUVET Kevin CHARNAY


Courrier International va se séparer de 30% de ses effectifs en 2014. En cause, la perte récente d’un contrat avec la Commission européenne pour la gestion du site Presseurop, qui propose une sélection d’articles de presse européens. L’hebdomadaire recevait 2,9 millions d’euros annuels en tant qu’opérateur principal de ce site et devrait licencier 22 personnes sur 79. LA

TAXE A

L’ EUTHANASIE, OBJET PERPÉTUEL DE POLÉMIQUE

FRANCE

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Bonnemaison, accusé à tort ou à raison ?

© France rvinfo

COURRIER INTERNATIONAL VA LICENCIER EN 2014

75 % ADOPTÉE

L’une des mesures phares de François Hollande est en passe d’aboutir. Vendredi 18 Octobre, les députés ont voté la nouvelle « version » de cette taxe, qui sera versée par les entreprises, concernant les rémunérations dépassant 1 million d’euros par an. Elle concerne 470 sociétés et quelques 1 000 salariés. Cette taxe devrait rapporter 60 millions d’euros l’an prochain et 160 millions en 2015.

LA MATERNITÉ DE DOURDAN PROVISOIREMENT FERMÉE La maternité de Dourdan (Essonne) est fermée, à compter du lundi 21 Octobre, pour une durée d’un mois minimum. En cause : la mort d’un nouveauné, déclarée fin septembre. Les parents de ce dernier ont porté plainte et une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort du nourrisson. L’organisation des prochains accouchements prise en charge par d’autres maternités « garantissant toutes les mesures de sécurité et de qualité des prises en charge », déclare l’Agence Régionale de la Santé (ARS).

C’était la semaine du... 24 OCTOBRE

2010 : mort de George Frêche 1962 : Référendum pour l´élection du Président de la République au suffrage universel.

1940 : Le Maréchal Pétain, rencontre Adolf Hitler à Montoire-sur-Loir

M

ercredi dernier, l’urgentiste de 53 ans, Nicolas Bonnemaison est renvoyé aux assises pour l’empoisonnement, par injection létale, de sept personnes en fin de vie. Après sa mise en examen en août 2011, il avait bénéficié de deux non-lieux pour deux patients. Mais en août dernier, son procès est de nouveau ouvert aux assises par le parquet de Bayonne pour de nombreux autres cas. Durant l’audience, le prévenu ne nie à aucun moment les faits et avoue même avoir souhaité abréger les souffrances extrêmes de ses patients. Un procès qui remet alors en cause le sujet de l’euthanasie en France et la question de l’euthanasie clandestine par faute de loi. La législation qui fait débat Actuellement, dans les textes de lois français, l’euthanasie n’est pas définie. C’est la loi Ponticelli qui est spécifique aux droits des malades en fin de vie. Mais les juges appliquent essentiellement la règle stipulant que « l’acte de tuer est un homicide ». Souvent appelé « le suicide assisté », l’euthanasie active est sévèrement punie par la loi. Le code pénal classe cet acte au niveau des assises.

L’urgentiste Nicolas Bonnemaison

En Juillet dernier, François Hollande avait évoqué l’idée d’un projet de loi concernant l’euthanasie. Il proposait de mettre en place « une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Il avait également parlé d’un futur débat national, pour la fin de l’année. Un rapport réalisé par le Médecin Pierre Sicard, avait également été remis au Président, mentionnant pour la première fois la possibilité d’un suicide assisté dans des cas très spécifiques. Et ailleurs... Les pays européens sont encore très peu à autoriser l’euthanasie. Le droit européen condamne l’euthanasie active mais admet l’arrêt de traitement. Le Conseil Européen avait adopté cette loi le 26 Juin 1999, en insistant sur l’importance des Droits de L’homme. Mais l’Europe connaît aussi différents avis et traitements sur le sujet. Les Pays-Bas ont été les premiers à autoriser l’euthanasie. Elle est admise quand le patient est atteint d’une maladie incurable. En Belgique, on a relevé cette semaine un « taux record ». Depuis janvier 2013, 15 279 demandes

anticipées d’euthanasie ont été déclarées. Cet acte est légal en Belgique depuis 2002, sous de nombreuses conditions (la demande doit être formulée de manière volontaire, réfléchie et répétée). La discussion est désormais ouverte pour l’appliquer aux mineurs. En Suisse, si le « suicide assisté » est admis, l’euthanasie est réfutée. Depuis 2011, la mort sur ordonnance est accordée chez les suisses, seulement si le patient répond aux conditions imposées. Beaucoup d’associations suisses (comme «Exit») ont été créées pour venir en aide au suicide assisté dans le pays. Au Luxembourg, l’euthanasie et l’assistance au suicide y sont légaux depuis le 17 mars 2009. La Pologne refuse toute possibilité de mise en place de cette loi. Le sujet fait encore débat en Europe étant donné qu’il n’est pas aussi clair. D’un pays à l’autre, les termes et les conditions varient. Certains états comme la Belgique se développent de plus en plus sur le sujet tandis que certains, comme l’Espagne, y réfléchissent encore.

Léna AILLOUD


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INTERVIEW

Chantel Le Carpentier, étudiante à l’université d’ESSEX, meneuse de la fronde contre la page 3 du Sun et ses femmes dénudées.

A BAS LA PAGE 3 DU « SUN » !

ESSEX BOYCOTTE LE SEXE

De son adhésion à la campagne « No more page 3 », à son combat pour chasser le Sun de son université, Chantel Le Carpentier revient pour nous sur ces choix et les raisons de cette croisade médiatique. Vous avez décidé samedi dernier avec l’Union Des Etudiants de boycotter le tabloïd « THE SUN ». Pourquoi avez-vous pris cette décision ?

C’est une décision juste. Nous boycottons le journal seulement sur le campus. Cette action a attiré l’attention de la presse nationale et cela a provoqué un débat. Cela a permis une prise de conscience pendant la campagne, et changé les mentalités sur le campus. Le fait que les journaux soient tellement lus et vendus dans tout le pays, montre qu’il y a un vrai besoin d’agir et d’arrêter cette pratique qui consiste à donner une fausse image de la femme. Le Sun sera banni du campus tant qu’il ne cessera pas de dégrader la femme par ses clichés osés en page 3. La Grande Bretagne est une démocratie qui respecte les droits de l’homme ainsi que les droits de la femme. Mais la page 3 du SUN y est considérée comme une institution depuis 1969. Ne craigniez-vous pas que le choix que vous avez fait en accord avec l’Union des étudiants puisse-être perçu comme une entrave à la liberté de la presse ?

Ce n’est pas de la censure parce que les étudiants peuvent toujours acheter le journal en dehors et regarder les nouvelles sur Internet. Ce n’est pas de notre ressort de dénoncer le sexisme contre la liberté de la presse. Nous voulons juste que le Sun et le Star assument leur responsabilité. C’est à eux de décider de changer la façon dont ils représentent la femme dans des journaux qui sont lus dans tout le pays.

Le SUN est lu par plus de 8 millions de britanniques tous les jours. Ne considérez-vous pas cette décision de censurer le SUN comme une entorse à cette « tradition sociétale » ?

Ce n’est pas parce que l’on considère une chose comme une tradition que cela signifie qu’elle est acceptable. Cet argument est irrecevable. La Grande-Bretagne est une démocratie qui défend les droits des femmes, et c’est également le combat que nous menons. Ces photos dans le Sun et le

Star envoient des messages négatifs aux jeunes. Cela montre que les femmes ne peuvent prétendre à l’égalité avec les hommes. Grâce au Sun, les hommes peuvent acheter et vendre les femmes par l’intermédiaire d’un journal national. Récemment le Sun a offert aux lecteurs une vue à 360° des filles de la page 3 sur son site internet www.thesun.co.uk. Cette nouveauté ne fait qu’affirmer aux hommes que les femmes leur appartiennent. Il y a des femmes dévêtues dans plusieurs tabloïds, comme le Daily Mirror, envisagezvous de censurer d’autres journaux ?

Le Daily Mirror ne le fait pas vraiment. Nous boycottons seulement les journaux comme le Star et le Sun qui présentent objectivement les femmes de cette manière. Pourquoi avez-vous rejoint la campagne « No more page 3 » ?

Je suis une fervente supportrice de la campagne « No more page 3 » lancé par Lucy-Anne Holmes. Lucy est une incroyable LA CAMPAGNE « NO MORE PAGE THREE » porte-parole pour ce mouvement, tout Créatrice : Lucy Anne Holmes (auteure) en restant une femme ordinaire qui Naissance : Lors des Jeux Olympiques de Londres a réalisé que les tabloïds sont restés en 2012. cantonnés à l’image sexiste de la Pétition : 121167 personnes ont signé la pétition femme des années 1970. Je soutiens nomorepage3.org. Celle-ci demande à David la campagne depuis son lancement Dinsmore, rédacteur en chef du SUN de retirer la en 2012. En tant que membre de page 3 du tabloïd anglais. l’Union des étudiants de l’université Facebook : www.facebook.com/NoMorePage / d’Essex, je tente de faire connaître la 314557 J’aime / 2143 personnes en parlent campagne. J’organise des réunions Twitter : www.facebook.com/ NoMorePage320865 et des débats, et incite l’Union des abonnés étudiants à bannir le Sun du campus. 20 universités : dont Manchester et la London School of Economis Irchade KARI


UNE PREMIÈRE MOSQUÉE À PAPEETE Mardi 15 Octobre, une première mosquée a ouvert ses portes à Papeete, une île de Tahiti. Un local d’environ 60 m², en plein coeur d’un immeuble, qualifié d’une affiche «centre islamique de Tahiti» fera office de mosquée. Une ouverture contestée avec cette île à majorité chrétienne, où les musulmans demeurent nombreux. Cette première mosquée à Tahiti a suscité des pétitions et de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux. La présidence de la Polynésie Française a néanmoins autorisé l’ouverture du lieu de culte. TYPHON WIPHA, UN DES PLUS REDOUTABLES EN DIX ANS Avec ses rafales de vents de 180 km/h, Wipha a déjà tué 14 personnes au Japon. En quelques jours, ce 26ème typhon de la saison provoque de fortes pluies et des vents violents sur la côte Pacifique. Mercredi 16 Octobre, il se déplaçait vers le Nord-Est à 70 km.h, s’éloignant des côtes. Une cinquantaine de résidents sont portés disparus. Quant à la centrale de Fukushima, elle s’est empressée de prendre des précautions, en renforçant les équipements et la surveillance des zones inondables.

L’INTERNATIONAL « HERALD TRIBUNE » CHANGE DE NOM Le 15 octobre, l’International Herald Tribune (IHT), propriété exclusive du New York Times depuis 2003, a changé de nom pour devenir l’International New York Times (NYT). L’objectif est d’utiliser la bonne implantation européenne de l’IHT pour développer le NYT et promouvoir son édition numérique en dehors des Etats-Unis.

C’était la semaine du... 2

1929 noir

24 OCTOBRE

:

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le jeudi Wall Street

1964 : La Rhodésie devient indépendante et prend le nom de Zambie 1535 : Jacques Cartier découvre un île au Canada, qui deviendra Montréal en 1642.

INTERNATIONAL

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Réactions racistes dans la presse libanaise

Le Liban se défoule et évacue ses problèmes sociétaux grâce à des attaques médiatiques et politiques contre les réfugiés syriens. Un comportement rappelant celui de certains Français contre la communauté Rom.

«C

ombien de poules dans le sac ? », c’est le titre d’un des derniers sketchs de la chaîne LBC. Non, les Libanais ne se moquent pas des Roms mais des réfugiés syriens. Selon le gouvernement libanais, le nombre de réfugiés avoisinerait 1,3 million de personnes. Alors, pour un pays de plus de 4 millions d’habitants (selon « Statistiques mondiales », en Octobre 2013), l’impression « d’invasion » est plus que présente. Depuis quelques mois, la « syrophobie » s’étend aux médias et au monde politique. Invité d’un talk-show sur OTV, le député Zyad Assouad explique pourquoi il a gardé son revolver sur lui lors d’un rassemblement pacifique. Dans le même temps, le ministre de l’Ecologie du gouvernement libanais démissionnaire, Gebran Bassil, s’engage dans une quête active d’un financement pour expulser les Syriens de son pays. Les différents médias libanais jettent régulièrement de l’huile sur le feu en publiant à coups d’éditos, des pamphlets contre les réfugiés. Le célibat des jeunes Libanaises ? La faute des Syriens. Les embouteillages ? Encore les Syriens. La hausse des prix ? Pas besoin de vous faire un dessin… Une plume raciste qui n’est pas sans rappeler les incriminations dont souffre la communauté Rom en France. On se souvient, avec un rire jaune, de la récente Une de Valeurs Actuelles. Usant des mêmes outils médiatiques comme Twitter, internet,… Cette vague discriminatoire caricature les Syriens et les Roms de termes similaires. « Gitans » ou encore « terroristes » sont usés jusqu’au non-sens. MTV a même diffusé un reportage sur des Libanais excédés qui ont expulsé eux-mêmes des réfugiés, à la manière des riverains de la résidence des Vergers Saint-Louis à Marseille fin septembre 2012.

Alexandre FESTAZ

UK : Une guerre médiatique sur fond d’affaire Snowden La tournure que prend l’affaire Snowden dans les médias britanniques pourrait rappeler la funeste affaire Dreyfus dans l’Hexagone. Le renseignement américain ne vise pas seulement à identifier des terroristes, comme l’affirme Washington, mais aussi à se livrer à des activités d’espionnage économique et industriel.

E

dward Snowden s’intéresse à Glenn Greenwald. Ancien avocat résidant à Rio de Janeiro, l’homme est un fin connaisseur de la Constitution et des droits civiques. Il s’est montré très critique au sujet de l’érosion des libertés civiles à la suite du 11 Septembre, et a pris position en faveur de Bradley Manning, la source de WikiLeaks, dans des articles comme « Bradley Manning mérite une médaille » ou « Bradley Manning : le visage de l’héroïsme ». À la suite des révélations d’Edward Snowden publiées par le Guardian et de la mise en évidence pour l’opinion publique du programme Tempora, les

parlementaires britanniques demandent des comptes au gouvernement. Le Government Communications Headquarters (GCHQ) assure respecter scrupuleusement la loi, un porte-parole déclarant : « Nous ne faisons pas de commentaires sur les questions touchant au renseignement. Nos agences de renseignement continuent à agir en respectant un strict cadre légal ». Le directeur de la commission parlementaire chargée du renseignement et de la sécurité, Malcolm Rifkind, s’est attendu à « avoir une réponse rapide du GCHQ sur cette affaire », a-t-il indiqué sur la chaine de télévision britannique BBC, ajoutant que la

commission pouvait décider le cas échéant d’entendre directement le directeur du GCHQ : « La question cruciale n’est pas tant de savoir quelle quantité de données [le GCHQ] peut en théorie collecter, mais ce à quoi il peut avoir accès, s’il s’agit d’une intrusion dans la vie privée des citoyens ». L’opposition travailliste estime pour sa part que les informations du Guardian soulignent « l’urgence et l’importance du travail sur cette question de la commission sur le renseignement et la sécurité ». Des militants luttant pour la protection de la vie privée ont aussi exprimé leur inquiétude.

Gautier STANGRET


8 POUTINE : INTERNATIONAL

En une dizaine d’année, le chef du Kremlin

Déjà plus d’un an et demi que les regards du monde entier sont tournés vers la guerre syrienne. Un drame dont l’attaque chimique du 21 août constitue probablement l’horrible apogée. Loin de ne concerner que Bachar el-Assad et son peuple, la crise qui en résulte va notamment déboucher sur un coup diplomatique retentissant de la part de la Russie. Et signer le retour sur le devant de la scène internationale de l’homme qui la dirige : Vladimir Poutine.

R

etour en arrière. En 1999, des attentats font 300 morts à Moscou. Attribués aux rebelles tchétchènes, ils vont permettre à Boris Eltsine de justifier le déclenchement d’une seconde guerre contre la Tchétchénie et favoriser l’ascension politique du chef actuel du Kremlin. Si ces attaques alimentent longtemps la rumeur, c’est un livre paru aux Etats-Unis en 2012 qui en tire une conclusion accablante : les attentats ont été commis par les services secrets russes dirigés par…Vladimir Poutine. Dès lors, on parle du « Crime qui a fait Poutine ». Si le contexte est incomparable aujourd’hui, le clin d’œil tragique du 21 août et ses conséquences interrogent. Doit-on y voir le « nouveau crime qui a refait Poutine » ?

Le nouveau « Monsieur Niet »

Depuis le début du conflit syrien, Moscou maintient sa position, à savoir défendre son allié Bachar al-Assad. Membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, Poutine met systématiquement son veto pour empêcher toute ingérence internationale en Syrie. Une position claire, cohérente et invariable, à l’opposé des hésitations occidentales. La Russie défend aussi bien sa politique intérieure que ses intérêts internationaux. Parce que refuser l’ingérence c’est avant tout, sur son territoire, vouloir régler seul ses problèmes séparatistes. Et parce qu’à l’extérieur, le statuquo fait le jeu de la Russie. D’abord, l’allié, auquel Moscou fournit des armes depuis les années 50, est préservé. Les approvisionnements explosent et les contrats montent jusqu’à 1,5 milliards de dollars. Ensuite, l’Occident est mis en échec et le contingent anti-américain continu de gonfler. L’instabilité qui perdure au MoyenOrient fait, elle, monter le prix des hydrocarbures. En fait, la Russie a besoin du port syrien de Tartous, site tratégique pour préserver son influence au Moyen-Orient. C’est donc pour défendre l’ensemble de ces intérêts que Poutine a géré le dossier syrien d’une main aussi ferme. En proposant la destruction de l’arsenal chimique syrien, il est parvenu à éviter toute intervention mi-

litaire. La position de la Russie sur la scène internationale est renforcée puisqu’elle se place sur un pied d’égalité avec les EtatsUnis, repoussant les nations de la vieille Europe dans les coulisses. Et Poutine peut donc poursuivre son rêve d’une Union soviétique forte emmenée par une Russie à l’influence incontestable.

Libertés réduites

Vladimir Poutine arrive au pouvoir dans un contexte particulier. Il est seulement le deuxième président de la Fédération de Russie et succède à un Eltsine fatigué et malade. Ce dernier, malgré une augmentation du taux de chômage les dernières années de son mandat, jouit d’une grande popularité grâce à l’instauration de la perestroïka et de la glasnost. Cette vision de la Russie qui prône la transparence politique ainsi que des réformes économique et sociale n’est pas partagé par Poutine, éternel nostalgique de la puissance Soviétique (cf Le Saviez-Vous). Ces nombreux retours en arrière lui sont reprochés par ses opposants, notamment par les journalistes qui sont véritablement muselés depuis son arrivée. La liberté de la presse Russe est aujourd’hui comparable à celle du Pakistan, de la Colombie, de l’Afghanistan ou de l’Arabie Saoudite d’après le clas-

sement annuel de Reporter sans Frontière. Et quand bien même vous osez critiquer la gouvernance Russe, gare aux représailles qui peuvent vous envoyer dans des prisons semblables aux goulags d’autrefois. Demandez aux Pussy Riot (cf encadré). Anna Politkovskaïa, par exemple, a été assassinée alors qu’elle allait publier un livre sur les sévices du premier ministre Ramzan Kadyrov envers les civils Tchétchènes. Alexandre Litvinenko, lui, enquête sur la mort de cette femme mais ne pourra achever son travail puisqu’ il meurt empoisonné par une substance radioactive. Les homosexuels et athés qui auraient le malheur d’ « offenser le sentiment religieux » risquent eux aussi de graves répressions. La «propagande pour les relations sexuelles non traditionnelles devant mineur» est passible d’amendes de 4 000 à 5 000 roubles (100-125 euros). Selon un sondage de l’institut Vtsiom, presque 90% des Russes soutiendraient la répression à l’égard de la propagande homosexuelle. Les ONG, censées, comme leur nom l’indique, être libres de droits, sont elles aussi contrôlées par le pouvoir qui fait attention à sa communication. Mais alors comment Poutine peut-il depuis 10 ans gouverner seul en Russie, sans grande contestation interne ni de la part


a imposé son style à la Russie

INTERNATIONAL

SUPER-TSAR de l’opinion publique internationale ? Il a d’abord augmenté considérablement le pouvoir du FSB dont il est issu (cf le Saviez-Vous) ainsi que ceux de la police et de l’armée, ceux qu’on appelle en russe les ‘siloviki’. On note également qu’il a nommé à la tête des plus grandes institutions publiques des personnes émanant presque toutes de la ville de Saint-Pétersbourg, dont il est originaire et dont il a renforcé les pouvoirs au détriment de Moscou. Enfin pour avoir une place aussi importante au sein de la communauté internationale, pas de secret, il l’explique luimême : « Gazprom est un puissant levier d’influence économique et politique sur le reste du monde ». En effet, la Russie est le premier producteur et exportateur mondial de gaz (respectivement 600 milliards de m3 par an et 200 milliards exportés). La Fédération de Russie est, de fait, le premier fournisseur de l’Union européenne (40 % du gaz consommé, 30 % du pétrole) dont la demande est en constante progression. Ses richesses en gaz et en pétrole et le contrôle d’un réseau immense et sans équivalent d’oléoducs et de gazoducs (150 000 km de gazoducs) qui irriguent toute l’Europe, lui permettent de détenir actuellement une position géopolitique de premier plan. Souvent pointé du doigt pour ses largesses envers les droits de l’Homme, Vladimir Poutine vient pourtant d’être proposé, au comité du Prix Nobel de la Paix pour son rôle dans le dossier syrien. Si elle peut faire bondir, l’idée est révélatrice de la côte de popularité dont il jouit dans son pays.

Une stature qui plait

Après les années Eltsine marquées par une impression de laisser-aller, son arrivée au pouvoir en 2000, renvoie une image de stabilité qui satisfait les Russes. Il apparait également comme celui qui va consolider le pouvoir central et préserver l’unité de la Fédération de Russie en anihilant les mouvements nationalistes. Au plan international, il séduit les grands dirigeants grâce à sa politique économique qui permet un retour à la croissance et favorise les échanges. Après la crise de 1998, Poutine va également décider d’assainir et de simplifier la fiscalité. La lutte contre la corruption apparait comme l’une de ses priorités. Encore une fois, il se détache de son prédécesseur et gagne des sympathisants. Malgré tout, la corruption demeure dans l’appareil d’Etat. La croissance est aussi rendue possible par les cours du gaz et du pétrole qui remontent et permettent à la Russie d’effacer une énorme partie de sa dette. Au plan social, plusieurs réformes concernant notamment les retraites, l’éducation et la santé rencontrent un franc succès. Combinées à des recettes fiscales importantes issues des hydrocarbures, elles ont permis une vraie hausse du revenu des particuliers. Des salaires désormais versés en temps et en heure et obtenus dans des conditions de travail plus satisfaisantes. Et puis Poutine est celui qui, pour beaucoup, incarne le mieux l’idée d’une grande Russie. Parce qu’il est pertinent par rapport à la conjoncture économique et sociale actuelle mais également parce qu’il est charismatique. L’image qu’il renvoie est celle d’un

Ces opposants réprimés Alexeï Navalny : Candidat à la mairie de Moscou, il s’est notamment fait connaitre par son blog engagé et apparait comme une figure anti-Poutine depuis les élections législatives contestées de 2011. Le 18 juillet, il est condamné à 5 ans de camps pour détournement de fond. Sa peine vient d’être transformée en sursis. Boris Berezovsky : Milliardaire et opposant de longue date à Poutine, il était exilé à Londres avec plusieurs autres militants. En mars 2013, son cadavre est retrouvé près de Londres. Si les enquêteurs n’ont « rien trouvé de suspect », sa mort demeure inexpliquée. Il avait été victime de deux tentatives d’assassinat auparavant. Pussy Riot : En février 2012, elle prononce une « prière punk » sur l’autel de la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, demandant à la vierge de chasser Poutine. Deux d’entre elles sont condamnées à deux années de camp. En ce moment, Nadejda Tolokonnikova suit une grève de la faim pour dénoncer ses conditions de détention. Elle affirme également être en danger de mort.

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homme sportif, instruit, d’un orateur qui s’est construit tout seul. Nombreux sont les Russes qui apprécient son style autoritaire, capable de tenir tête aux occidentaux. Un style qu’il cultive et met en scène, conscient de l’importance qu’il prend au cœur de ce système très bien huilé. Lorenzo CALLIGAROT & Romaric HADDOU

LE SAVIEZ-VOUS ? Vladimir Vladimirovitch Poutine est né le 7 octobre 1952 à Leningrad, il est le 3ème enfant d’une famille ouvrière. Le jeune Poutine grandit dans une ville dans un contexte de guerre froide où l’après Staline a du mal à s’organiser. Il voue d’ailleurs une admiration sans faille à son grand-père qui était garde du corps et gouteur de Lénine puis de Staline. Fan de sport en tout genre, il jette son dévolu sur les sports de combats notamment le Sambo, un mélange de Judo et d’Aïkido, concocté par le Kremlin pour développer l’agressivité de ses jeunes pousses. Il devient champion de Leningrad à plusieurs reprises mais ne se voit pas continuer dans cette voie et entre donc, à l’Université de Leningrad où il obtient son diplôme, avec un mémoire consacré à la politique des États-Unis en Afrique, en 1975. Sa rencontre avec une jeune hôtesse de l’air va précipiter son ascension politique, il la rencontre en 1982 et en fait sa femme un an plus tard. Ce mariage lui permet d’entrer au service territorial déconcentré du KGB à Leningrad et de prétendre à des opérations extérieures, réservées aux hommes mariés pour éviter les rencontres impromptues et l’homosexualité. Il passe 5 ans dans une unité opérationnelle à Dresde où, sous la couverture de directeur de la « Maison de l’amitié germano-soviétique », il œuvre pour le KGB. Il gravit les échelons, et creuse son trou à Moscou, aux affaires de la Présidence, puis chargé du Département principal de contrôle, jusqu’à être nommé directeur du FSB, le Service fédéral de sécurité en 1998. Un an plus tard en août, il est nommé Président du gouvernement par Boris Eltsine, ce qui en fait le personnage n°2 de l’Etat. Il gagne les faveurs de l’opinion publique à partir du 1er octobre 1999 où il décide de réprimander sévèrement les tentatives de soulèvement de la Tchétchénie, sous couvert d’« opération antiterroriste ». Le 31 décembre, il est nommé président par intérim suite à la démission surprise d’Eltsine.


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LA SEMAINE PRISME

Des incendies ravagent les alentours de la ville depuis près d’une semaine

LA PHOTO DE LA SEMAINE

IL SUFFIRAIT D’UNE ÉTINCELLE

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ydney vit dans la pénombre. La ville la plus peuplée d’Australie est entourée par un énorme nuage de fumée, causé par de gigantesques incendies qui sévissent depuis plusieurs jours. La banlieue de Sydney étant menacée par les flammes, l’état d’urgence a dû être déclenché par le Premier Ministre de la région. Pour le moment, les flammes n’ont fait qu’un seul mort, mais des milliers d’habitations attendent un éventuel ordre d’évacuation. En attendant, plus de deux cents maisons ont d’ores et déjà été détruites. Cela fait plus de cinquante ans que le pays n’a pas connu d’incendies aussi ravageurs. Il faut dire que les températures sont anormalement élevées pour la saison, avec plus de 34 degrés, et des vents soufflants à plus de 100 kilomètres par heure. La progression des flammes est donc très importante. Pour le moment, les trois feux sont séparés, mais les autorités du pays craignent qu’ils ne se rejoignent pour former un « méga-incendie ». Et là, le pire pourrait se produire.


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