The Red Bulletin_1201_FR

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Janvier 2012

Télé grat chargez notr uiteme n e ap p li i P t ad

Re c e s t r o uv e u z g ra t p p l é m e nt u it t o u moi s le s s L’ Éq avec uip e

Tout est Permin Da n s l e si l l a g e d e Ri c h’ à Va rs

magazine sponsorisÉ

RZA / Red Bull BC One / Jim Carrey / Romain Charles / Red Bull Crashed Ice / Dave Grohl / Marc Coma / Luc Alphand

Un magazine hors du commun

Avec Grohl, ça gratte ! D e Ku rt Co b a i n a ux Foo Fi g hte rs

loeb brise

la glace Entreti e n p rivé c hez l u i


For Girls and Boys

JAN 14TH | AVORIAZ (FRA) JAN 29TH | BARDONECCHIA (ITA) FEB 4TH | BIALKATATRZANSKA (POL) FEB 11TH | ASTUN (ESP) FEB 25TH | NESSELWANG (GER) MARCH 3RD | SPITZING (GER) MARCH 10TH | LINDVALLEN (SWE) MARCH 18TH | DAMUELS (AUT) MARCH 31ST | LEYSIN (SUI) More info: www.facebook.com/BurtonEurope Questions and Registrations, contact Rider Service info@burtonparkjamtour.com or 00800 287 866 13 (Toll Free)


editorial

la preuve par neuf

PHOTO DE UNE : PHILIPP HORAk. PHOTO : SHAMIL TANNA

Quand on a la chance de passer une journée en compagnie de Jack Nicklaus à Naples – havre de paix floridien situé à quelques encablures des Everglades – quand on a bavardé pendant des heures avec Didier Deschamps au bord de sa piscine sur les hauteurs de MonteCarlo entre deux côtelettes bien cuites, quand on a passé une demijournée d’anthologie dans le bureau de Sir Alex Ferguson à Carrington, le centre d’entraînement de Manchester United, ou en compagnie de Thierry Henry sur le toit d’un building de Manhattan, quand on a échangé avec André Agassi et Roger Federer en marge de Roland-Garros, on se dit qu’on a beaucoup de chance. Puis, vient cette « mise au vert » sur les bords du Lac Léman au domicile d’un octuple Champion du monde des rallyes ou, si vous préférez, le meilleur pilote de tous les temps. On se dit qu’on a vraiment beaucoup de chance. Surtout lorsque celui-ci dégaine son Dave Grohl (à droite) s’est rapidement lié d’amitié hélico et vient vous récupérer à la descente pour notre reporter Andreas Rottenschlager, sous de l’avion... le charme. L’ancien batteur de Nirvana lui a même S’en suit alors un moment exceptionnel, livré quelques conseils de drague... (page 38) au beau milieu de son salon, sobre et moderne, où l’homme prend peu à peu le dessus. En toute transparence. Pudique, le Français effeuille sa personnalité, ses envies, ses aspirations, son enfance et même ses rêves. D’ordinaire, on nous bassine les oreilles avec ces sportifs qui ne savent pas parler, n’ont rien à dire ou se protègent. À qui la faute ? Il suffit de les connaître pour mieux les appréhender, les écouter pour mieux leur renvoyer la balle. Ce troisième numéro de The Red Bulletin regorge de personnalités fortes. Leur point commun ? Elles n’ont pas froid aux yeux. Chacune dans leur domaine. Richard Permin, Dave Grohl, Luc Alphand, Romain Charles, Marie-France Roy, les descendeurs du Red Bull Crashed Ice, les B-Boy du Red Bull BC One, David Doubilet, Marc Coma ou encore Jim Carrey se livrent. Pour vous. Et, bien sûr, Sébastien Loeb, à la conquête d’une neuvième couronne mondiale dès la semaine prochaine sur les routes du Monte-Carlo.

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La Rédaction

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LAUVELLE NO I L P P A RE

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FRANÇAIS

Le 1er magazine français en version iPad : des articles d’un magazine hors du commun et des vidéos à couper le souffle.

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IllustratIon : DIetmar KaInrath

K a i n r at h

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LE MONDE DE RED BULL

SOMMAIRE

JANVIER

60

76 52 44

38

PHOTOS : PHILIPP HORAK, DENIS KLERO, MARCEL LÄMMERHIRT/RED BULL CONTENTPOOL, SCOTT MARKEWITZ, JUERGEN SKARWAN/RED BULL CONTENTPOOL (2), SONY

68

88

Bullevard

Action

16 TOUTE L’ACTU Exclu ! Luc Alphand dévoile ses plans pour 2012 et reste ambitieux

38 ROCK’N’GROHL L’ancien batteur de Nirvana nous a accordé un entretien exclusif. Aujourd’hui guitariste des Foo Fighters, Dave Grohl n’a pas beaucoup changé

17 MON CORPS ET MOI Marie-France Roy, reine du snow. Partez à la rencontre de la Québécoise 18 HÉROS NATIONAL Romain Charles revient sur Terre après une mission de 500 jours à la découverte de Mars... dans la banlieue de Moscou 23 TÊTE AU CARREY The Red Bulletin s’est plongé dans la tête de Jim Carrey, le fantasque comédien US 24 PROFONDE INSPIRATION Explication par A + B des techniques de plongée en apnée. Soyez prudents ! Tous les mois 06 LA GRIFFE SIGNÉE KAINRATH 08 PHOTOS DU MOIS 98 DANS LA LUCARNE

44 LOEB EN LA MATIÈRE Le meilleur pilote de tous les temps a accueilli The Red Bulletin à son domicile 52 LE CHAT ET LA TOUPIE À la rencontre de El Niño en finale du Red Bull Bc One 60 FLYING FRENCHMAN En marge du Red Bull Linecatcher, partez à la découverte de Richard Permin 68 À BOUE DE SOUFFLE Reportage in-situ aux côtés de Mad Max des temps modernes 76 LE FEU SUR LA GLACE Leur truc à eux ? Dévaler la glace du Red Bull Crashed Ice devant des milliers de fans survoltés

PLUS

+

DE CORPS D’ESPRIT

84 VOYAGES Up Helly Aa enflamme les Îles Shetland tous les ans en janvier 86 CUISINE Les secrets d’un chef ou une recette souvent épicée 88 PRENEZ LE PLI L’alpiniste Stefan Glowacz déploie son matos rien que pour vous 90 ENTRAÎNEMENT Les conseils de Marc Coma à l’heure du Dakar 2012 92 SORTIR Budapest se livre 92 GONJASUFI Prenez votre envol avec ce reggae lunaire dans le désert californien 93 EXPRESS RZA nous a parlé en toute modestie 94 AGENDA Tour du monde des meilleurs plans Red Bull 98 PLEINE LUCARNE La plume d’Ono-dit-Biot 7


Mau i , Hawaii

À kite OU DOUBLe Même au cœur de l’hiver, l’archipel des îles Hawaii est léché par d’impressionnantes lames de fond. Cela confirme, s’il en est, le statut de paradis de la glisse pour funboarders, kitesurfers et surfers. Nous sommes ici sur la côte nord de Maui. La vague que vous avez sous les yeux a parcouru une centaine de km avant de venir « casser » sur les rivages de l’île, référence en la matière. Le kitesurfer professionnel Bernie Hiss ne tarit pas d’éloges sur Maui : « Les conditions sont parfaites ! » Suivez les pros du Kite sur : www.prokitetour.com

du mois


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Photo : thorsten indra Credits



Hai M i n g , autr i c H e

Âge De Pierre

Photo : reUters/dominiC ebenbiChler

du mois

Si vous n’avez pas froid aux yeux et que vous êtes un aventurier dans l’âme, cette discipline est faite pour vous. Dans ce cas, le manque de neige n’est pas un problème puisque vous chaussez à même la roche, et, tel un roc en pâte, vous pouvez dévaler vos pentes favorites sous un soleil d’altitude. Prenez tout de même vos précautions afin de ne pas freiner brutalement devant vos amis en bas de piste. Ils risqueraient de se prendre un galet... À quoi ressemble une descente sur une piste de pierres ? Téléchargez l’appli iPad gratuite : www.redbulletin.com/ipad

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du mois

Dans la pratique du Slackline, il est préférable de ne pas avoir le vertige. Si vous ne supportez pas la vue du premier étage de la Tour Eiffel, n’essayez pas de vous lancer comme Florian Ebner. L’expérimenté Autrichien a choisi de planter ses mousquetons de part et d’autre d’un vide de 300 mètres au coeur des Dolomites. Tenté ? Rendez-vous dans les magasins specialisés. www.elephant-slackline.com

fOU vOLant

Li e n z , t yro L o r i e ntaL


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Photo : Martin Lugger


Bullevard Énergisant... à petites doses

Twitté Ces humoristes-là n’ont pas besoin d’auteurs. Ils le prouvent sur Twitter. Morceaux choisis de trois drôles d’oiseaux. RUSSELL BRAND (@rustyrockets) 3,5 millions abonnés

« Payer pour du sexe est comme faire danser un chat sur ses pattes arrières. Ce n’est pas bien mais vous êtes persuadé qu’il aime ça. » JONAH HILL (@JonahHill) 827 000 abonnés

« Je veux rencontrer le type qui en voyant une tortue s’est dit : les gens vont adorer une version Ninja. » CONAN O’BRIEN (@conanobrien) 4,5 millions abonnés

« Le film Cowboys & Aliens n’a rien à voir avec les lois sur l’immigration de l’Arizona. » www.twitter.com

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FUNKY ! Un mini synthé à l’allure de vaisseau spatial. Producteur notamment de Nick Cave, Depeche Mode et Moby, le label britannique Mute vient de lancer son premier mini synthétiseur. Sacré pari ! De la taille d’une console de jeu, l’engin est capable de produire des sons venus d’un autre monde. Le pouce et l’index suffisent à le régler avec précision. Adrian Shaughnessy, designer vedette et créateur de cette tablette en cuivre, y a intégré huit touches de contrôle sur le tableau de bord. Les sons produits restent le fruit du hasard ou plus précisément du comportement physique du joueur. Plus le courant passe, plus l’appareil se déchaîne, rendant ainsi l’expérience aléatoire mais très divertissante. Son séquenceur intégré permet éventuellement d’enregistrer la bande son d’un Alien. Très pratique pour impressionner les fans d’électro ou faire croire aux petits et grands enfants qu’une invasion d’extraterrestres est plus qu’imminente.

Le synthé de poche du label Mute.

En vente pour 70 Euros sur www.mute.com

LES IMAGES DU MOIS

UN INSTANT SVP !

Découvrez des scènes trépidantes de la vie de nos lecteurs. À télécharger sur : www.redbulletin.com Les meilleures photos publiées seront tirées au sort. Le ou la gagnante emportera la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

Kowloon La star du BMX Daniel Dhers est à Hong Kong en compagnie de jeunes talents sous le charme. Raf Sanchez, Red Bull Under My Wing


B U L L E VA R D

Oscarisables Le podium des super favoris

ROUGE DE ROCK Hagar : « Il n’y a pas d’âge pour le rock ! »

J. EDGAR Un patron du FBI campé par Leonardo Di Caprio. Son premier Oscar ? Vito décrochera-t-il sa première médaille d’or aux X-Games ?

PHOTOS : PA PHOTOS, GETTY IMAGES (2), CORBIS, GEORGE BENSON/DIRTY ELECTRONICS, NEIL ZLOZOWER, PAUL BACHMANN

Le droit de Vito Aux Winter X-Games d’Aspen l’année dernière, Louis Vito a décroché le bronze dans le Superpipe. En 2012, pour la 16e édition (26-29 janvier), l’Américain clame haut et fort qu’il vise la plus haute marche du podium : « Je veux atteindre le niveau supérieur », dit-il. Pour y parvenir, le Yankee de 23 ans n’a pas seulement modifié ses habitudes alimentaires et « boosté » sa préparation physique. Son principal centre d’intérêt est exclusivement devenu le snowboard. Il était temps. Ce n’était pas le cas en 2009 où il s’est octroyé une parenthèse de trois mois pour participer à l’émission de télé Dancing with the Stars suivie par 22 millions de téléspectateurs outreAtlantique. Cette pause très show-biz a disparu de son agenda. Ses objectifs ne s’arrêtent pas à Aspen. Après une cinquième place obtenue aux J.O. 2010 de Vancouver en Halfpipe, il vise l’or en 2014 à Sotchi : « Je mentirai si je disais que je n’y pense pas. » www.louievito.com

MONEYBALL Brad Pitt alias Billy Beane, manager de l’équipe de baseball des Oakland Athletics. La grosse cote ?

Père de famille, Sammy Hagar n’a rien à voir avec ses acolytes de la même génération. Il est en concert presque toute l’année. À guichets fermés. Chouchou de la gente féminine et superstar du hard rock avec Van Halen dans les années 80, le « Red Rocker », 64 ans, écume aujourd’hui les routes avec son nouveau groupe Chickenfoot. À ses côtés, deux pointures, le guitariste puriste Joe Satriani et Chad Smith, batteur des Red Hot.    : Dans votre autobiographie vous évoquez vos excès des années 80. Et aujourd’hui ?   : Je suis un homme marié, je ne peux rien vous dire ! Je suis plus raisonnable même si ce n’est

pas toujours facile. J’ai autant de fans dans la gente féminine que masculine. Elles laissent homme et enfant(s) à la maison pour assister aux concerts et se lâchent plus que des groupies de 20 ans ! Quel est votre secret pour garder la forme ? Grâce aux concerts et les longues promenades que j’adore faire. Une séance rapide au club de fitness ne me dit rien. C’est comme le sexe, il faut parfois savoir prendre son temps. Que peut-on attendre de vos concerts ? Ils sont bruyants et dangereux ! À chaque soirée, le batteur martyrise grave sa batterie ! www.chickenfoot.us

THE IRON LADY Meryl Streep, meilleure actrice pour son interprétation de Margaret Thatcher ? Les nominés connus sur www.oscar.com

Hagar (à droite) en tournée européenne ce mois-ci avec Chickenfoot.

PHOTO GAGNANTE

al-Khobar 16 pilotes s’affrontent dans des

Knoc-Out-Heats sur un parcours construit pour l’occasion. Naim Chidiac, Red Bull Ras B Ras

Johannesburg Artistic Intelligence a convaincu le public et le jury dans une compétition de dance. Tyrone Bradley, Red Bull Beat Battle

Santiago 50 000 spectateurs sont présents à La Reina pour voir de drôles d’engins. Marcelo Maragni, Red Bull Soap Box Race 15


b u l l e va r d

La tournée mondiale de The Art of Flight a fait deux escales à Paris (Grand Rex, notre photo), l’une fin novembre, l’autre début décembre. De New York à Moscou, le film événement du monde de la glisse a sillonné les salles obscures. Il a été projeté dans 37 villes en Amérique du Nord et en Europe. Le personnage central du film, Travis Rice, probablement le meilleur snowboarder de la planète, était présent. L’Américain, tout sourire, s’est prêté au jeu des questions-réponses à l’issue de la première projection sur les Grands Boulevards et a conclu : « C’est toujours sympa de venir à Paris ! » Plus de 100 000 DVDs du film – produit par Red Bull Media House en association avec Brain Farm Digital Cinema – ont déjà été vendus. www.artofflightmovie.com

L'ancien skieur professionnel et ex-vainqueur du Dakar a maintenant choisi de s’exprimer sur les mers.

AlphAnd tous terrAins

Rarement rassasié, Luc Alphand, 46 ans, a touché à tout. Il dévoile dans the red Bulletin un sacré projet.

Crompton plus vif qu'une fourmi.

Crompton sur le drome Dernière étape du Red Bull Mini Drome 2011, Paris n’a pas manqué de vibrer pour cette course de « fixie », unique en son genre (pas de freins, pas de vitesses). Installé à La Cigale, le plus petit vélodrome du monde s’est étalé de tout son long sur 25 m de circonférence. Vainqueur de l’épreuve le 10 décembre dernier, Ricky Crompton, 25 ans, se souvient que le fixie a vu le jour dans les rues de New York au début des années 80. Il était utilisé par des coursiers plutôt téméraires. www.redbull.fr/minidrome

George Town Ne pas tenter dans votre salon : Ryan Doyle la tête en bas sans toucher le sol. Juan José Marroquín 16

The Red BulleTin : Luc, vous avez été skieur de très haut niveau (12 succès en Coupe du monde dont le classement général en 1997), pilote automobile (vainqueur du Dakar en 2006) et navigateur depuis cet automne. Quelles sensations préférez-vous ? luc alphand : la voile me libère. après une chute en enduro, je me suis luxé deux vertèbres. et sur la Jacques vabre en novembre dernier, on abandonne sur casse moteur, un comble ! en 2011, j’ai dû passer 80 jours en mer notamment en compagnie de Marc thiercelin sur un monocoque de 60 pieds. un super pédagogue. Quels sont vos projets pour 2012 ? un truc énorme ! le record du pacifique avec l’hydroptère d’alain thébault sur le trajet los angeles-hawaii. en mars-avril, on convoie le bateau par cargo vers l.-a. le record est prévu pour juin-juillet. on sera six à bord dont deux grands noms de la voile. l’engin fait environ 20 mètres de long sur 26 de large.

Porto Alegre Le rappeur brésilien Marcelo D2 (à droite) chauffe la salle avant une session. Marcelo Maragni, Red Bull Soundclash

Moscou Dans le contre-la-montre du Red Bull Crashed Ice, l’important est de se battre contre le chrono. Daniel Kolodin

textes : christophe couvrat. photos : Will Bailey, teddy Morellec/red Bull content pool, picturedesk.coM

The night of flight !


B U L L E VA R D

MON CORPS ET MOI

ROY EN SON ROYAUME Marie-France Roy est une des meilleures snowboardeuses au monde. Fractures, blessures et accidents ont façonné l’ascension de la Québecoise vers les sommets. Décryptage.

AïE !

J’ai débuté à l’âge de 11 ans. Jusqu’en mars 2010, je ne me suis rien cassé. Ce qui est plutôt chanceux. J’effectuais un tournage à Whistler et en voyant une corniche enneigée, j’ai pensé que je pouvais passer dessus. Mais elle était beaucoup plus en surplomb que je ne le pensais. Je suis arrivée trop vite et je me suis retrouvée dans les airs à plus de 13 mètres pour aller me réceptionner sur une neige glacée. Je me disais : « Si je tombe sur le dos, c’est la casse. » Alors j’ai atterri sur mes pieds mais ma tête est partie en arrière. Elle a tapé la glace et je me suis fracturé une vertèbre cervicale, la C2. Beaucoup de gens ne marchent plus après un truc pareil. J’ai porté une minerve. Je suis revenue très vite.

LA LO I DE S SÉ RI ES

J’ai de nombreuses cicatric es sur les hanches à force de tom ber sur les rampes. La première fois que je ridais avec Tara Dakides (légende US du snowboard), j’ai ess ayé de bondir sur la rampe pou r glisser mais j’ai dérapé et chuté lourdement à plat sur les hanches. J’ét ais pliée en deux par la douleur. Dix minutes plus tard, Tara se casse la clavicule...

EN CUI SIN E

J’essaye de manger beaucoup de légumes, j’achète aussi de la nourriture bio, mais je ne suis pas psychorigide là-dessus. Loin de là. Je ne suis pas du genre à me dire : « Je ne peux pas manger de ça ! ». J’adore la poutine : frites recouvertes de fromage fondu et de sauce à la viande. C’est lourd mais super bon !

COUDÉ E FRANC HE

TEXTE : RUTH MORGAN. PHOTO : BLAKE JORGENSON

En 2005, j’étais en train de « rider » avec des amis. J’ai assuré un petit saut pour le fun mais j’ai tapé. J’ai posé mon bras droit en arrière pour me rattraper et il a tourné dans le mauvais sens – ce que les médecins appellent une hyper-extension. La douleur était si violente que j’en ai vomi et j’ai failli m’évanouir. J’ai mis un mois pour guérir, le bras en écharpe. J’ai encore comme une boule au bout de mon coude.

VIS PERD UE

Aux X-Games, à Aspen en 2007, une vis a profondément coupé ma planche. Au moment de sauter, cette entaille a pris la neige et je me suis embarquée de travers. Je suis partie en backflip (salto arrière) de 20 m et je suis retombée la tête la première avant de rebondir sur le dos. Je me suis cassée quatre côtes. Quand j’étais en l’air, je me disais : « Ok, tu vas rester paralysée après ça. » À l’arrivée, c’est pas cher payé.

CO NFIA NC E EN SO I

Le mental est un sacré mo teur. Il vous aide à revenir après un accident. Vous devez suivre vos inst incts, vous persuader parfois qu’il fau t arrêter d’être peureuse comme une pet ite chatte et qu’il faut y aller. D’autres fois, vous vous dites que c’est trop danger eux. Choisir entre les deux est un déf i quotidien.

EN PLEINE NATURE Je ne supporte pas les salles de gym. J’ai besoin d’être à l’extérieur. Je passe l’été à surfer tous les jours et l’hiver je vais rider. J’aime m’entraîner en pleine nature et respirer l’air pur. J’étais encore dehors en raquettes il y a peu. Ce n’est pas le cas quand tu fais du sport en salle.

twitter.com/mariefranceroy

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Charles : « Après 520 jours sans lumière naturelle, je ne suis pas claustro. »

CHARLES

1ER

beaucoup mieux. Je continue depuis que nous sommes dehors. Vous n'avez jamais eu envie de tout larguer ? Il suffisait juste de pousser la porte... Six hommes – dont un français – ont passé 520 jours Je me suis souvent posé cette question puisque des dans quatre modules de 550 m³. Revenu sur Terre le expériences psychologiques s’intéressaient à ce point 4 novembre, Romain Charles garde la tête dans les étoiles. en particulier. Mes motivations étaient toujours intactes et ma réponse évidente : je veux rester    : Comment vous sentez-vous jusqu’à la fin de l’isolation. depuis votre « retour » sur Terre ? À votre sortie, vous avez parlé de « routine » en   : Pendant nos 520 jours, nous évoquant le rythme des journées... nous sommes habitués à vivre avec des ressources Certains moments de la journée étaient très « routilimitées. La redécouverte de la foule, de la niers » – comme le réveil par exemple – mais nourriture fraîche, du froid de l’hiver s’est j’ai tout fait pour ne pas m’ennuyer. J’avais faite brutalement mais sans dommages. emmené de nombreux livres pour avoir Sort-on indemne de cette expérience ? toujours quelque chose à faire lorsque Toutes les expériences que nous vivons le travail était fini. Ce précieux conseil – nous marquent d’une façon ou d’une de rester occupé – m’avait été donné par Romain Charles autre. Cette mission n’est pas différente. un ancien collègue sous-marinier. Né le 12 juillet 1979 Elle m’a marqué à vie. Il vous a fallu du temps pour ne plus à Laval (Mayenne) Vivre enfermé 17 mois ça vous change ! vous sentir sur Terre ? Cursus universitaire J’ai demandé aux membres de ma famille Lorsque je suis entré dans les modules, Diplômé en 2004 si j’étais différent. La réponse m’a rassuré, je me suis aussitôt dit : « Pour les 520 jours La planète Mars de l’Institut français je n’ai pas changé ! À part ma pâleur... à venir, voici mon monde. » Je n’avais excite l’imagination de mécanique avancée 520 jours passés dans un module sans pas l’impression d’être dans l’espace : des hommes. Parcours pro lumière naturelle, il y a de quoi devenir nous avions toujours l’apesanteur. Ingénieur dans le claustrophobe ? Vous mangiez quoi pendant 520 jours ? secteur automobile Je ne le suis pas devenu. En fait, nous avions On avait des menus stricts. Pas question d’en laisser chez Mann et Hummell (Laval) en 2004 puis quelques expériences psychologiques qui suivaient dans son assiette. À l’aller c’était des plats de cuisine Sotira (Saint-Malo) de une possible évolution de notre claustrophobie allemande, bon… pas évident. Au retour de la cuisi2005 à 2010. A rejoint mais à aucun moment je ne me suis senti oppressé. ne russe. Assez répétitif. On s’est quand même autol’ESA (Agence Spatiale Chaque « marsonaute » avait aussi pour objectif risé un extra pour le réveillon. Dans le cadre d’une Européenne) en 2010 d’apprendre la langue d’un collègue... expérience, on a fait pousser des plantes en serre Loisirs Un de mes objectifs pendant cette mission était alors, au retour, on a pu consommer des tomates et Lecture, cinéma, d’améliorer mon niveau de russe et, même si des poivrons. De la fraîcheur. Super ! Ça faisait du plongée sous marine, natation, course à pied je ne suis pas encore bilingue, je me débrouille bien, on en redemandait.

TEXTE : ETIENNE BONAMY. PHOTOS : STEPHANE CORVAJA/ESA (3), REX FEATURES (1)

HÉROS


B U L L E VA R D

VITE FAIT, BIEN FAIT

Sportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.

Un des modules de la mission.

Un week-end sous le signe de Lindsey Vonn. L’Américaine a remporté haut la main le Super G et les deux descentes de Lake Louise (CA). Elle n’a pas de rivale.

Mars 500 : trois russes, un chinois, un italien et un français.

Et du vin ? Ah oui, on avait du vin ! En poudre ! Vous imaginez ? À boire chaud ou froid. Vous croyez qu’il pouvait y avoir de l’alcool dedans ? C’était dégueulasse. Au programme quotidien, il y avait 8 h de repos et 8 h de loisirs. Vous en profitiez comment ? J’occupais une partie de mon temps libre à répondre aux messages de mes proches. Nous nous retrouvions aussi pour regarder un film ou jouer à un jeu vidéo. Quel trajet vous a paru le plus long ? Celui vers Mars ou le retour sur terre ? Le retour sur Terre était difficile. C’est l’absence de nouveauté qui a été le plus pesant. Nous connaissions déjà par cœur les expériences que nous devions effectuer, le choix de la nourriture allait en diminuant et la découverte de Mars était passée. Aviez-vous accès à l’actualité ? Oui, nous recevions très régulièrement les infos. Que faites-vous depuis votre retour en France ? J’ai passé un mois complet à Moscou pour la PostFlight Data Collection. Le but était d’étudier la réadaptation de nos corps au monde normal. Depuis, je travaille avec l’Agence Spatiale Européenne pour présenter cette expérience Mars 500 et en tirer les leçons pour les futurs vols. Quels conseils donneriez-vous à l'équipage qui partira peut-être pour Mars dans 20 ou 30 ans ? Rester occupé et garder un rythme « jour-nuit » régulier. J’aurai aussi une multitude de petites recommandations à partager avec eux. Vous vous dites toujours que ça vaut le coup de tout plaquer pour passer 500 jours dans l’espace ? La réussite de la mission vaut ce sacrifice. Avez-vous toujours envie d’être spationaute ? Oui, j’ai envie de franchir ce cap.

et Tom Kristensen Sébastien Ogier (à droite) ions de Düsseldorf mp Cha des rse cou lors de la çais, tout sourire, Fran Le . nier le 4 décembre der est désormais chez VW.

Ryan Sandes remporte l’Ultramarathon du Népal (250 km) en 25 h 15 min et 25 secondes soit une avance de 30 min sur son dauphin...

Le Snowboarder anglais de 18 ans Jamie Nicholls vole la vedette à ses adversaires aux Burton Rail Days de Tokyo.

www.esa.int

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B U L L E VA R D

EINST UND JETZT

MAXI LAXI

HIER ET AUJOURD'HUI

ZOOM SUR...

GIATUT UN AMOUR ADIGNIT À HOLLYWOOD NULL EA COR , ARRIFLEX SEQUAT,16,SI1960 Fabriquée Vel do odoloreet pour laexpremière ea corper fois sit,encorpercil 1952 par ex etum Arri, l’Arriflex ver si16 bladoit autem beaucoup doloreàmod la stabilité molor sis alit illaor apportée parsim sonzzrit trépied eui tat, et aux velprogrès iure mod do commy nos augiatum technologiques de la précédente, doloborero od l’Arridolobor susto flex 35.con Le volore modèleexer 35 est si. la première caméra Rudcinéma de doloreàeliquat, utiliservel le système ulput lam, dequatem focale 20

« unique inci bla consequi reflex » (SLR). ex essecte Son réflecteur tatem zzritva et iriure sur vient tio erostrud l’axe d’optique endion24 utem fois irilit, par seconde quat. Duiscil – une merveille iquisl irittechnique wissis num utilisée nos aliquatin pour la verilla conulla première fois aux conse J.O.dolore de Berlin doloboreet en 1936.do Elle doloborper est proposée iure surdelisi le marché blandit unat. anBortisl plus tard do-à loreet inissim Leipzig et partquam à la conquête zzrit luptat, d’Hollywood. si blam irit

La reconnaissance de lanim contribution ullamco nullamcommy quiscip erd’Arri si tie àfacilluptat. l’industrieDuisseq du film uipismolum s’est traduiteillandiamet par 12 oscars,utrevenus au siège defaciliquat la société à wiscincil ip ex eliqui blaore Munich, au développeadipsumautant zzriured’hommages do conulputpat. Ut vel utpament la technologie cinématographique. tetue de moloboreet ut er sequisim vent niat www.arri.de aciduip

TEXTE : ALEXANDER MACHEK

Acil ullutpat, sim quis aci bla aliquisit nummy nummy nos nulla consenim ad tem essecte consequat ute mod tatum quisit ...cette paire unique de caméras. Elle incarne le cinéma moderne, celui des trente glorieuses. Explications en contre-plongée.


B U L L E VA R D

PHOTOS : KURT KEINRATH

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30 caméras Epic connectées entre elles à ullamco nullamcommy nim quiscip er si tie 48 images/sec. Sur uipismolum cette photo, illandiamet l’Epic est facilluptat. Duisseq installée sur brasfaciliquat articulé wiscincil ut ipunexCMOCOS, eliqui blaore qui permet la programmation de Ut chaque adipsum zzriure do conulputpat. vel utpamouvement de caméra. tetue moloboreet ut er sequisim vent niat www.red.com aciduip 21


b u l l e va r d

Exploit

Échec et Matt

Sortir son vélo là où d’autres ne pourraient même pas marcher. Tel est le défi relevé par un biker américain mal voyant. Matt Gilman suscite l’admiration de tous. Date et lieu de naissance 28 avril 1980 à Baltimore Pratique le Trial depuis 2002 A perdu la vue en 2004 A subi 22 opérations des yeux en 2 ans Sur le net Paramètres de recherche « blind bike trials » Marque de vélo Inspired

Matt Gilman, 31 ans, vit à baltimore dans le Maryland. Comme moi, son truc c’est le Trial. dans notre milieu, Matt représente une valeur sûre. Ses photos et ses vidéos circulent sur tous les forums importants du Trial. À la différence de ses collègues, sa vue est réduite de 70 %. Autant dire quasi-aveugle. Sa joie de vivre saute aux yeux. il est ouvert au monde et positive à tout-va. Sa vue s’est détériorée suite à un diabète mal soigné à l’âge de 24 ans. Adepte passionné de bMX et de Trial, Gilman est d’abord tombé dans un profond désarroi avant que sa passion du sport ne lui permette de prendre le dessus physiquement et mentalement. l’Américain délivre une leÇon de vie synonyme de dépassement de soi dont tout individu lambda devrait s’inspirer. il a dû s’entraîner durement pour pouvoir à nouveau pratiquer le Trial. en tant que pro, je suis impressionné par son exceptionnelle persévérance à réapprendre les bases de la discipline. Je ne peux même pas imaginer faire du Trial sans la vue. Gilman, lui, n’est pas en mesure d’affronter d’autres compétiteurs. Normal. Sa vision réduite lui permet de distinguer les contours de formes contrastant avec la lumière. il ne peut cependant pas

appréhender les distances et les hauteurs, ni les reliefs du terrain. il compense par son expérience et la confiance qu’il place dans les informations fournies par son coéquipier. Au même titre que l’équilibre ou la force mentale, l’appréciation des distances est avec un des aspects essentiels du Trial. il est évident que, sans cela, on heurterait constamment des obstacles et les sauts deviendraient aléatoires. Gilman doit jauger les distances à pied et l’expérience prend là toute son importance. il ne peut pas, comme d’autres bikers, s’attaquer directement à l’obstacle. il doit au préalable repérer le parcours et le mémoriser dans les moindres détails. Une partie importante de l’entraînement est consacrée à la maîtrise des chutes. Certaines situations dangereuses nous amènent à nous éjecter volontairement du vélo pour éviter de tomber grièvement. la vue est ici primordiale pour déclencher le saut du vélo et une réception sécurisée sur les deux jambes. Ce contrôle visuel fait défaut à Matt. Quand je lui demande comment il gère les chutes, il répond simplement : « Quand je tombe, je tombe lourdement ! » « la vision va au-delà de la vue. » Telle est sa devise qu’il s’évertue depuis un certains temps à démontrer dans ses Trial Shows avec pour seul objectif d’encourager chacun à poursuivre son rêve. Peu importe l’obstacle. « Tout est possible si on le veut vraiment. » difficile d’en douter dans la bouche de Matt Gilman. www.blindbiketrials.com

TeXTe : ThoMAS Öhler. PhoToS : Aki lACoUNT, ToMMy bAUSe

Thomas Öhler, 28 ans, Champion du monde du Trial en 2008. À l’image du texte cidessus, Matt Gilman l’a inspiré.

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b u l l e va r d

Exploration

tête au Carrey

À quelques jours de son 50e anniversaire, Jim Carrey, grand-père depuis peu, regarde devant avec de jolis projets en gestation. ca lifor ni a dr ea

m Carrey débarque à Los Ang eles en 1981. Sa carrière débute sur la scène du ­légendaire Comedy Store. Rodney Dangerfield le repère et le signe pour la première partie du Dangerfield Show de Las Vegas. Tous deux sont restés bons amis grâce not amment à une tournée de deux ans qui leur permet de « se marrer et partager quelques ­repas indigestes dans les avions. » ­Dangerfield disparaît en 2004. Carrey portera son cercueil à l’en terrement.

Ma de in can ada

James Eugene Carrey est né à Newmarket dans l’Ontario le 17 janvier 1962. Il est ts. le benjamin d’une famille de quatre enfan très ru appa est aces grim les pour don Son tôt, encouragé notamment par son père Percy, ancien jazzman. Jimmy débute chez Yuk Yuk dès l’âge de 14 ans. Jusqu’à ses 19 ans, il est la star de la jeune scène canadienne.

droit comm e un i

Il y a celui qu’on connaît, amoureux des blagues salasses voire odorantes. Et puis, il y a le Jim Carrey, star de Eternal sunshine of the spotless mind et de The Truman show. Ces deux films ont été adorés par le public, y compris ces fans les plus réfractaires. Dans Man in the Moon, Carrey est resté droit dans ses bottes aux côtés de Danny De Vito, Milos Forman ou Courtney Love. Fidèle à lui-même finalement…

pâté de tête

À l’image de la plupart des comiques, Jim Carrey a un côté sombre. « Quand je ne fais rien, je gamberge. J’ai la tête qui s’emballe, avoue-t-il au New Yorker. Je refais les choses un millier de fois. Mais je vais mieux. Plus de superflu ! »

tiercé gagna nt

prémo nition

En 1994, trois films révèlent Carrey au grand public. Ace Ventura : detective chiens et chats, Dumb and Dumber et The Mask, véritable carton. L’année suivante, il incarne le ­méchant dans ­Batman ­Forever. En 1996, il touche un cachet de 20 millions de ­dollars pour Disjoncté de Ben Stiller. Il ­deviendra ensuite l’acteur le mieux payé de Hollywood.

Lorsqu’il joue le rôle d’un dessinateur dans la sitcom The Duck Factory en 1984, des doutes l’envahissent sur son avenir. Six mois après, il reprend le one man show. Carrey rêve de succès et mise... sur lui-même avec un chèque de 10 millions de dollars, encaissable en 1995… Jolie prémonition !

textE : Paul Wilson. Illustration : Lie-Ins and Tigers

jeun e gra nd-p ère

Six semaines après son 48e anniversaire, Jim Carrey annonce sur Twitter qu’il est grand-père du petit Jackson Riley Santana. Jane, sa mère, est le fruit du premier mariage de Jim. Il a ensuite été l’époux de Lauren ­Holly, sa partenaire dans Dumb and ­Dumber avant ­d’enchaîner une ­relation de quelques années avec ­Jenny McCarthy. Au ­passage, il y eut Renée Zellwegger. Histoire fugace qui a laissé des traces.

twiT t aga in

le roi de l’ace L’idée est simple : Steve Carrell et Jim Carrey jouent le rôle d’un duo de magiciens sous le charme d’Olivia Wilde, ­directement venue de la planète Tron. On l’a notamment vue dans Dr. House et Time Out. Vu d’Hollywood, il s’agit d’un ­killer pitch. Burt Wonderstone sera sur les écrans en 2013.

Quelle est la star de ciné la plus suivie sur Twitter ? Kutcher fait de la télé et Timberlake est un comédien-musicien. ­Carrey est sur la plus haute marche du podium avec plus de 5 millions de e ­suiveurs. Ça le situe au 34 rang ­mondial loin derrière Lady Gaga et ses 16 millions d’abonnés. Carrey ne suit qu’une seule autre page sur Twitter : celle du groupe de sa fille… www.jimcarreytrulife.com

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Pas de bleus à l'âme pour Herbert Nitsch. Plutôt un bleu azur, couleur menthe à l'eau. Bienvenue à 214 mètres sous le niveau de la mer.


b u l l e va r d

FORMULE MAGIQUE

Grand bleu

TexTe : RuTh MoRgan, DR MaRTin apolin. phoTo : MauRiTius. illusTRaTion : ManDy fischeR

L’univers de la plongée sous-marine flirte avec danger ! Une rapide remontée à la surface peut s’avérer mortelle. Les apnéistes y sont confrontés lorsqu’ils descendent à 200 m de profondeur avec une seule inspiration. Explication scientifique*. Le physicien prenons d’abord un exemple : lorsque vous ouvrez pour la première fois une bouteille d’eau gazeuse, l’eau à tendance à jaillir, tel un geyser pour peu qu'elle ait été légèrement malmenée. Quelle en est la raison ? l’explication est fournie par la Loi dite de Henry selon laquelle la quantité de gaz dissoute dans un liquide détermine la pression exercée sur ce dernier. concrètement, cela signifie qu’une pression supplémentaire subsiste dans la bouteille fermée entraînant une dissolution du co² dans l’eau. le fait d’ouvrir la bouteille provoque une baisse de pression et inverse le processus : le co² devient gazeux et jaillit instantanément. ceci nous amène le plus logiquement du monde à la plongée sous-marine. plus la profondeur d’immersion est grande, plus la pression ressentie augmente. Demandez à votre tympan. la relation entre une pression P et une profondeur d’eau h tient ainsi : P = · g · h. c’est parce que (densité de l’eau) et g (accélération de la pesanteur) sont constantes que la pression de l’eau augmente proportionnellement à la profondeur d’eau. À noter qu’en grande profondeur, la pression opposée exercée par le corps augmente aussi (sans quoi les plongeurs se contracteraient de plus en plus). l’augmentation de pression opposée permet au gaz respiré de se dissoudre davantage dans le sang – comme dans le cas du co² dans l’eau gazeuse. si le plongeur remonte trop rapidement à la surface, se produit alors une réaction similaire à l’ouverture de la bouteille d’eau gazeuse : le gaz, à savoir l’azote (78 % de l’air respiré), se dilate. cela peut être fatal : les bulles d’azote empêchent l’irrigation sanguine artérielle ce qui provoque généralement un grave accident de décompression. Qu’en est-il alors pour les apnéistes ? l’azote absorbé dans une seule et unique inspiration entraîne-t-il également l’accident de plongée ? oui, car la quantité de n² dissoute dans le sang ne dépend pas seulement de la pression mais également de la durée de plongée. une plongée à 200 m s'étale sur environ quatre minutes. l’alliance pression-durée peut suffire à atteindre le seuil critique de n² dissous dans le sang. un certain nombre d'accidents, en compétition ou chez les amateurs, le prouvent tous les ans de manière parfois tragique. lorsque vous débutez, il est préférable de pratiquer la plongée sous-marine en piscine. Le pro « le risque de décompression lié à la plongée en apnée dépend aussi d’autres facteurs tels que la condition physique et le nombre de plongées effectués quotidiennement, précise l’autrichien herbert nitsch, actuel détenteur du record du monde de plongée en apnée (214 m). Je ralentis le rythme en remontée. À 10 mètres de la surface je marque un dernier palier d’une minute. À l’arrivée, j’inhale de l’oxygène pur et replonge immédiatement pour éliminer l’azote nocif. » www.herbertnitsch.com *Docteur en Physique, Martin Apolin (46 ans) est professeur dans le secondaire, maître de conférences à la faculté de Vienne et l’auteur de plusieurs ouvrages.­

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B U L L E VA R D

JUGEMENT DERNIER

APOCALYPSE NOW ? Tempêtes solaires, collisions de planètes, invasions d’extraterrestres… Quelques illuminés continuent de défendre leurs théories – souvent loufoques – sur ce qui peut nous tomber dessus en 2012. Pragmatiques s’abstenir…

Le peuple Maya avait pour habitude de se fier à trois calendriers. L’un d’eux, le grand décompte, a démarré en l’an 3114 avant Jésus-Christ et devait s’achever 5 126 années plus tard, soit le 21 décembre 2012. Si certains interprètent cela comme la fin du monde, d’autres avancent que cette date correspond pour les Mayas à un simple changement de millénaire. Ils visaient apparemment bien au-delà du 21 décembre prochain. Les inscriptions relevées sur la tombe de « Pacal le grand » annoncent sa réincarnation en 4112 après J.-C.

3 600

Emmenés par Nancy Lieder (soi-disant en contact avec les extraterrestres, ndlr), les prophètes de l’apocalypse sont persuadés qu’une planète suit une trajectoire irrégulière autour du soleil depuis 3 600 ans. Cette « planète X » entrerait en collision avec la Terre cette année, ce qui y ferait disparaître toute forme de vie. « Ces affirmations ne reposent sur aucun fait, plaide la NASA. Si une planète devait s’approcher de la Terre nous la verrions. » Un astre nommé Eris suit bien une orbite bizarre mais il est improbable qu’il passe à moins de… 6,4 billions de km de la Terre.

445 000 L’auteur américain Zecharia Sitchin estimait que sur la planète Nibiru, perdue au-delà de Neptune et connue de lui seul, vivait une race d’extraterrestres partis sur Terre pour y chercher de l’or 445 000 ans avant J.-C. Comme l’extraction du minerai était devenue trop pénible, ils utilisèrent des singes pour accomplir le travail et, dans le processus, leur ADN se croisa avec celui des singes. D’où l’origine de l’Homo Sapiens. Sitchin estimait que les dieux Anunnaki représentés sur des tablettes d’argile datant de l’âge de bronze étaient en fait des Nibiruiens. Il est mort en 2010, soit deux ans avant une hypothétique collision entre la Terre et Nibiru.

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Tout en gardant un œil sur la « planète X », Nancy Lieder annonce la fin du monde en 2012 causée par le basculement des pôles. Les extraterrestres de l’étoile Zeta Reticuli lui ont transmis par télépathie que cela entraînerait innondations, tremblements de terre et éruptions volcaniques. L’hypothèse du basculement des pôles a rallié quelques scientifiques. En 2001, la démonstration d’un décalage significatif des pôles, phénomène de rotation dû au fait que la Terre n’est pas une sphère parfaite, a prouvé qu’ils avaient varié de seulement cinq minuscules degrés depuis 130 millions d’années.

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Le cycle d’intenses activités du soleil arrive à son apogée tous les onze ans. C’est le cas en 2012. Certains astro-météorologistes s’attendent à un tsunami solaire qui dévasterait la Terre. En 2006, une étude de la NASA explique que le prochain cycle serait de 30 à 50 % plus élevé et entraînerait une raréfaction de l’électricité ainsi que la mise hors d’usage des satellites. Une récente mise à jour fixe la prochaine tempête solaire à 2013 avec une intensité moindre. Ces mêmes astro-météorologistes envisagent toujours une catastrophe d’envergure.

340 000 000 Tout n’est pas si catastrophique ! Pour le 31 décembre dernier, les Mayas prévoyaient aussi un alignement de toutes les planètes de notre système solaire – et en prime le soleil – le long de la ligne d’équateur de la Voie Lactée. Une telle configuration devait ouvrir une porte dans le ciel. Pas pour signifier la fin de l’humanité mais plutôt le début d’un nouveau voyage. Forts de leurs calculs et de leurs certitudes, les astronomes affirment que des alignements comme celui-ci ne se produisent qu’une fois tous les 340 millions d’années. L’alignement parfait, lui, survient tous les 180 trillions d’années. www.endoftheworld2012.net

TEXTE : FLORIAN OBKIRCHER. PHOTOS : PICTUREDESK.COM (4), LAIF

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250 000



2010 Des requins citrons de quatre mètres de long à la recherche de nourriture sous une mer formée. David Doubilet : « Ils n’étaient pas agressifs mais j’ai quand même dû en frapper quelques-uns sur le nez avec le caisson de mon appareil photo. » Bahamas


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Mer patrie

Plongez avec The Red Bulletin dans l’univers ouaté du monde du silence. David Doubilet, un des plus talentueux photographes de l’élément marin, ouvre la voie. Immersion. Texte : Paul Wilson

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« J’utilisais un sac respiratoire d’anesthésie et des bouts de masque pour fabriquer le caisson de mon Brownie Hawkeye, raconte Doubilet, 64 ans. Mes premières photos étaient horribles, elles ressemblaient à de l’art moderne. On y voyait des bouts de poisson, des pieds humains et le bord des piscines. Au début, je plongeais dans un lac aux alentours des monts Adirondack. Je devais avoir huit ou neuf ans. La première fois que j’ai mis un masque de plongée, j’ai exulté : “Oh mon Dieu, mais voici l’autre face du monde, c’est là que je veux vivre !” L’observation d’un grand requin blanc a pris un peu plus de temps. Une longue route, sorte de quête permanente. » Une longue route ? Doubilet ne traîne pas. À 15 ans, il vend son premier cliché à un magazine sud-américain. Quelques années plus tard, entré comme volontaire dans un laboratoire marin de la baie de New York, il quitte son job de nettoyeur d’équipements pour devenir chef-photographe. En 1971, il ronge son frein sur les bancs de l’université et comprend rapidement que les études ne sont pas faites pour lui. Dans le même temps, il signe ses premières photos pour le prestigieux National Geographic après une virée en mer Rouge au coeur des anguilles de jardin. Cette collaboration court toujours, depuis quarante ans. Le magazine et le photographe surfent sur ce véritable coup de foudre professionnel. 30

PhoTo : GARY BeLL

Sous l’eau. Au propre comme au figuré, David Doubilet voit la vie... sous l’eau. L’Américain observe le fond des océans depuis 50 ans par le prisme de son masque de plongée et l’objectif de son appareil photo. Son premier cliché, il le saisit à 12 ans dans les eaux d’Elberon, dans le New Jersey, à une grosse centaine de kilomètres au sud de New York. Il bricole lui-même ce qui lui sert de prise d’images sous-marines.

Doubilet enchaîne les jobs. En 1976, il passe l’été à chasser le monstre du Loch Ness et utilise alors un appareil révolutionnaire sensible aux signalements d’un sonar. Unique à l’époque. Il fait aussi des photos pour le film de Peter Yates, The Deep (Les grands fonds), suite officieuse des Dents de la mer, en 1977. Doubilet se souvient : « Évidemment, quand nous sommes arrivés sur les bords du Loch Ness, l’appareil était au chômage technique. Je suis pourtant tombé sur un monstre : une chaussure ouverte comme une gueule dont les clous ressemblaient à des dents. Le lac a l’allure dorée d’un single malt : depuis les profondeurs, il est sombre mais s’éclaire soudain en surface. » Puis, il s’éveille, son débit s’accélère à l’évocation de son expérience cinématographique. « Pour le film Les grands fonds, avec Jacqueline Bisset (et Nick Nolte, ndlr), j’ai fait la photo. » Il parle de ce cliché célèbre et un peu coquin. On y voit l’actrice, assise sur l’arrière d’un bateau à la sortie d’une plongée, T-shirt blanc encore mouillé. « Je n’avais pas les droits sur cette photo. Dommage… » Il observe au plus près depuis quelques années les conséquences du réchauffement climatique sur les océans. Membre fondateur de l’ILCP (International League of Conservation Photographers, ndlr). La nature de ses plongées a changé, dépassant la simple exploration, pour devenir « le témoignage d’un monde qui aura bientôt disparu. » Une vie à plonger sous les banquises arctiques ou dans les récifs de corail de Cuba, à photographier le plancton, des prédateurs géants et l’ensemble de la vie marine – la plupart du temps en association avec son compère, l’auteur Jen Hayes – a permis à Doubilet de voir cet autre monde, celui du silence. Plus que quiconque. Il en veut encore. En avril dernier, il répond à un nouvel ordre de mission et se rend dans le Golfe du SaintLaurent, au Canada. Son regard bleu se noie dans ses pensées. Il cherche parfois à transmettre son amour de la plongée chevillé au corps depuis l’âge de huit ans. Rêveur, il glisse : « C’est merveilleux de suivre ainsi ses pulsions de vie. »


1986 Un banc de barracudas à chevrons forme un cercle de protection autour d’un plongeur. « Très efficace car il s’agit d’un modèle géométrique dans un monde sans géométrie. » Papouasie-Nouvelle-Guinée


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2002 Un plongeur suit la remontée à la surface d’un crocodile américain en quête d’air. Une espèce rare. « Ceux du Nil auraient tenté de nous manger. Pas les crocodiles américains. » Les jardins de la Reine, Cuba

1996 Une raie manta se délecte de plancton dans les eaux riches de Kona. « Les lumières du patio d’un hôtel peuvent attirer des nuages de plancton en suspension dans l’air. Dans ce cas précis, ce sont les lumières d’un bateau. » Kona, Hawaii

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1995 Une méduse-boîte (ou cubozoa) capture une crevette dans ses ­tentacules. « C’est l’animal le plus ­venimeux du monde à l’exception peutêtre de certains avocats (rires). Chaque tentacule est couvert de ­milliers de cellules de nématocystes, tous armés d’un minuscule harpon plein de toxines. » Townsville, Queensland, Australie

2008 Un pêcheur au-dessus d’un petit groupe de méduses-lune. « Elles piquent un peu. Ça n’a rien à voir avec la méduse-boîte, grosse comme un poing. La lune est de la taille d’une assiette. » Baie de Gam, Indonésie


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2011 Manchots à jugulaire et manchots papous. « Ils se méfiaient de moi lorsque je nageais avec eux. Ils devaient penser que j’étais un phoque affamé. » Île de Danko, Antarctique

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PhoTo : sTeve jones

2010 « C’est moi, au milieu d’un champ de glace, en train de photographier des phoques léopard. L’eau est à -2°. Côté sensations, c’est comme nager dans un verre de margarita. » Antarctique


1994 Raie pastenague. « Les bateaux de croisière font revenir tout le monde sur le pont à l’heure du déjeuner. Après 14 h 30, vous pouvez faire des images. La mer clapote comme si on y passait le râteau. Un jardin zen. » Détroit Nord, Îles Grand Cayman


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1974 Un plongeur inspecte l’énorme hélice d’un pétrolier de 300 mètres de long. « Je faisais des photos en mer Rouge quand un éditeur m’a commandé ce cadre là. Une plongée parfaite pour décompresser, 21 mètres sous la surface. » Eilat, Israël 2006 Un labre à double tête nage le long du récif de Lord Howe Island, à 250 milles nautiques des côtes australiennes dans le Pacifique Sud (page de droite). « L’île parfaite : il n’y a aucune créature venimeuse contrairement au continent Aussie qui en regorge. Mais il n’y a que 300 lits sur l’île. » New South Wales, Australie

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Les secrets de Doubilet Lorsqu’il parle des subtilités de son travail, David Doubilet déclare : « Je fais une photo, je ne la prends pas. » Un artisan qui a besoin de très bons outils : un appareil photo, un caisson étanche, des hublots (pour couvrir les optiques) et des lumières stroboscopiques, généralement deux, positionnées de part et d’autre du caisson. David Doubilet a débuté avec un Brownie Hawkeye bricolé et protégé par un caisson fabriqué main. Il possède aujourd’hui plusieurs appareils, essentiellement des Nikon – ses préférés – qui lui permettent de disposer d’une gamme complète. « Mon kit de base est composé d’un Nikon D3, d’un D3S – un appareil fantastique – et d’un D700, avec une gamme d’optiques et de hublots ad hoc. Tout est protégé par des caissons Secam et mes stroboscopes sont des Sea YS-250. » Doubilet ajoute un détail qui a son importance et peut faire toute la différence : « Sous l’eau, il faut de la tension, des nerfs. S’il pèse une réelle menace, palpable, quelque chose de beau, alors là l’image aura du sens. » www.daviddoubilet.com

2004 Une grenouille rouge s’accroche au masque de plongée de David Doubilet pendant un shooting de nuit. « Je n’avais rien vu. J’ai cru après coup qu’il y avait une tache sur mon masque. » Delta Okavango, Botswana


Action

rock’n’ grohl Ex-batteur de nirvana, désormais Roi de la gratte avec les Foo Fighters, Dave Grohl reste sur le devant de la scène. L’Américain porte un regard lucide, donc acerbe, sur le 21e siècle. Grohl sait aussi que Kurt Cobain le surveille. tout Là-haut. The Red Bulletin est parti à la rencontre d’un des derniers monstres sacrés du rock. Texte : Andreas Rottenschlager

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Photos : Rene Huemer


Dave Grohl en pleine action pendant la tournée européenne des Foo Fighters en 2011. Il fête ses 25 ans de scène, quart de siècle entamé sous la houlette de Kurt Cobain.


Grohl a collaborÊ avec de nombreux artistes dont Paul McCartney, Norah Jones, Tony Iommi et David Bowie.


action

Festival de Chiemsee, Allemagne. La loge montée sur un ­préfabriqué derrière l’open bar ne ressemble pas à grand chose avec son petit frigo bruyant et son vieux canapé. C’est ici que Dave Grohl reçoit. De 1990 à 1994, il agite ses baguettes de ­batteur avec N ­ irvana, le groupe culte de toute une génération. Après le décès de Kurt Cobain, il reste au sommet avec les Foo Fighters. À 42 ans, Grohl est en tournée pour Wasting Light, le septième album des Foo Fighters. Déjà. Quel chemin ­parcouru depuis les clubs punks miteux de Washington DC où il a débuté sa carrière il y a 25 ans. La porte du bungalow s’ouvre soudain et laisse passer un grand barbu à la longue ­chevelure noire. « Salut, qu’est ce qu’il se passe ? Ils disent qu’un putain d’orage s’approche mais ça devrait quand même le faire, je crois. » Tant mieux, c’est le moment de se prêter au jeu des questions-­réponses. Grohl enchaîne : « C’est parti ! » the red bulletin : Dave, c’est quoi le Rock’n’Roll ? dave grohl : C’est un état d’esprit rebelle et téméraire qui vient de l’intérieur. Ce n’est pas une mode que tu affiches. Je connais des gens qui ont une rock’n’roll attitude sans avoir jamais joué de musique. Quand êtes-vous tombé pour la première fois dans la ­potion magique ? Je devais avoir 7 ou 8 ans en écoutant Frankenstein, une chanson du Edgar Winter Group. Ensuite, j’ai appris à jouer de la guitare. Mon ­premier vrai grand moment de rock’n’roll, je l’ai connu à 12 ans. J’étais allé voir Let There Be Rock au cinéma, le film d’AC/DC et j’ai découvert leur musique en concert. Pour la première fois, j’ai eu envie de tout faire péter ! Vous avez déclaré un jour que vous pouviez juger en deux secondes si une personne est rocker ou non. L’an passé, vous avez joué pour le président Barack Obama à la Maison Blanche. Est-il un rocker ? [Il se marre] Je ne sais pas s’il est un rocker, mais il a une âme. Quand il vous regarde dans les yeux et vous serre la main, il le fait franchement. Je l’ai rencontré plusieurs fois et à chaque fois que je le vois, il s’approche et me lance : « Hé mec, comment ça va ? » Il est vraiment décontracté et sincère. S’il vous le demande, vous le supporterez dans la campagne pour sa réélection cette année ? Évidemment. Il a accepté le job le plus difficile qui soit sur terre. Je n’imagine pas donner un coup de main à un autre parti dont l’obsession c’est le business, le profit et l’argent. Tu sais, je suis quelqu’un de fun, un mec qui aime la paix, parfois les ­partis de droite me semblent beaucoup trop égoïstes. Wasting Light, votre dernier album rencontre un énorme succès. Comment expliquez-vous la bonne santé des ­

Foo Fighters dans une industrie musicale sur la tengeante ? Je ne sais pas. Demandez au boss de notre maison de disques. Dave, pourquoi les Foo… … Ok, disons que je suis le patron [il éclate de rire]. Bon, je pense qu’est arrivé ce qui devait arriver. En fait, on ne se pose pas la question. Le business n’est pas vraiment la priorité n°1. Redoutez-vous ce moment, que tout groupe connaît un jour, où le public de vos concerts préfère vos vieux tubes plutôt que les nouveaux morceaux ? Absolument. C’est un équilibre délicat. Les fans purs et durs, ils veulent entendre des morceaux que nous ne jouons jamais sur scène. Quand on se produit devant 60 ou 80 000 personnes, mon souhait est de satisfaire tout le monde. Si on joue ­d’obscures faces B toute la soirée, on ne va pas vraiment régaler le public. Quand on a enregistré le nouvel album, je voulais qu’on soit aussi bon que possible histoire que les gens ne nous réclament pas sur scène ­uniquement les vieilles ­chansons. Quand on joue des morceaux comme Walk, These days ou Rope, l’adhésion des gens est très forte. Quel titre des Foo Fighters dois-je passer dans ma ­voiture pour impressionner la fille assise à mes côtés ? Ah, tu veux la sauter ? Oui. Walking after you, une ­chanson de notre deuxième album (The Colour and the Shape, titre n°12, ndlr). Quelle est la règle de conduite du groupe en ce qui concerne la boisson ? Je commence à boire une heure avant le concert [il ­regarde sa montre]… Ce qui veut dire dans 45 minutes. Si je suis d’humeur assez folle, je bois beaucoup de whisky. ­Sinon, juste quelques bières. Ça dépend vraiment du moment. L’année dernière, les Foo Fighters ont joué dans de tout ­petits clubs et vous avez aussi participé à Michael, l’album posthume de Michael Jackson. Qu’est-ce qui vous motive pour vous investir dans un projet musical ? C’est de pouvoir faire quelque chose de nouveau : jouer avec un musicien ou un chanteur avec lequel je n’ai jamais joué, etc. Ça doit juste être un projet valable. Comme jouer de la batterie avec la voix de Michael Jackson sortie d’outre-tombe ? Ça a vraiment foiré. Lenny Kravitz – que je n’ai croisé qu’une seule fois – m’appelle et me demande si je veux bien jouer de la batterie sur un morceau (I can’t make it antoher day). J’ai dit : « Bien sûr ! », j’ai joué sur le morceau et je n’ai plus jamais entendu parler de lui. Sur la pochette, il est écrit : « Michael Jackson accompagné de Lenny Kravitz et Dave Grohl », mais il n’a utilisé aucun de mes enregistrements. C’est pas cool mec ! Si je vous pique votre téléphone portable, combien de stars du rock pourrais-je appeler ?

« Mon premier grand moment de rock’n’roll, je l’ai eu à 12 ans. J’étais allé voir Let There be rock, le film d’AC/DC et j’ai découvert leur musique en concert. J’ai eu envie de tout péter. »

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Laisse moi regarder [il prend son Blackberry et fait défiler ses contacts]. Parmi les plus grands noms… au moins 10. Comment se fait-il que le meilleur rockeur n’utilise que si peu Twitter ou Facebook ? Parce que je suis trop vieux [rires]. Tu sais ce que ma mère m’a dit à propos de Twitter, ma vieille mère de 75 ans ! Elle m’a dit [il prend la voix tremblante d’une vielle femme] : « Dave, tu sais ce qu’est Twitter ? » Chaque fois que nous aurons un nouveau projet, je balancerai un petit quelque chose mais je ne veux pas utiliser Facebook ou un truc comme ça. Le ball-trap est votre loisir préféré. Pourquoi ? Il y a certaines occupations qui offrent des moments de ­relaxation ou de méditation. Comme conduire, jouer au golf ou peindre. Pour moi, c’est le ball-trap. Je sais que c’est bruyant mais de toute façon je suis sourd. 2011 a sonné comme étant l’année du 20e anniversaire de Nevermind, l’album de ­Nirvana. Pour vous, il y a eu un avant et un après ? Ça me touche beaucoup ­personnellement. C’est plus qu’un anniversaire musical. Cet album, ces douze ­chansons ont changé ma vie à jamais. Oui, il y a un avant et un après. Qu’elle est la première chose que vous avez retenu du ­business du rock au sein de Nirvana en 1990 ? J’ai été poursuivi, c’est le ­premier truc dont j’ai été ­v ictime ! Je jouais auparavant dans un groupe punk. J’avais signé un contrat avec un mec. Quand j’ai rejoint Nirvana, cette personne – je ne suis pas autorisé à donner son nom – ne m’a pas oublié et m’a appelé pour me dire : « Eh, je t’ai toujours sous contrat. » J’étais traqué par un punk pour mes premiers pas dans le business [rires]... L’image publique de Kurt Cobain collait-elle à ce qu’il était vraiment dans le privé ? La plupart des gens pense qu’il était dépressif. C’est faux. Il était vraiment marrant, très sympathique, un gentil mec. Vous avez vu disparaître des amis victimes d’overdose. Comment faites-vous pour rester clean et en bonne santé ? J’ai stoppé la consommation de drogues à 20 ans. Je n’ai jamais pris de coke, ni d’héroïne, ni de speed. J’ai fumé beaucoup d’herbe et pris beaucoup d’acides mais j’avais arrêté avant de ­rejoindre Nirvana et tout le temps que j’ai passé dans le groupe, j’étais clean. Il y a des moments où c’était tellement dingue, que le mieux à faire, était de se tirer. Si on consommait des drogues dures, on allait avoir des problèmes. Ça doit être difficile d’imposer des règles à vos filles alors que vous avez connu une jeunesse très agitée. Elles sont encore très jeunes : Harper a deux ans et Violet cinq. Le plus important pour moi, c’est que mes enfants se sentent ­aimées. Elles sont les choses les plus importantes de ma vie.

On a une relation géniale ensemble. Quand je suis en tournée, comme maintenant, je passe le plus de temps possible avec les enfants. Nous faisons désormais des tournées plus courtes parce que nous avons tous des enfants. Vous autoriseriez votre fille adolescente à sortir avec un jeune Dave Grohl de 16 ans ? Vous savez, j’étais un bon petit adolescent. Je n’étais pas un mauvais gars. J’ai fait des conneries – j’ai saccagé des trucs, joué de la musique punk-rock débile, volé la voiture de ma mère la nuit, mais c’est tout. Donc, je dirais oui à ma fille ! Vous vous êtes quand même fait vous-même un tatouage de Black Flag (un groupe légendaire californien de punk) à l’âge de 13 ans… J’ai appris en regardant un film allemand, Christiane F. Quels sont les règles de base à connaître pour se faire soi-même un tatouage ? J’ai pris une aiguille et j’ai ­enroulé un fil à son extrémité puis je l’ai plongé dans l’encre de ­façon qu’il trempe bien ­dedans. Et après il y a juste à faire, « pique, pique, pique » [il fait semblant de piquer son bras avec une aiguille]. Quel type de musique écoutent vos enfants ? Katy Perry ! Ça me brise le cœur. Je leur ai joué du Bob Marley, Led Zeppelin, les Beatles... Elles ont aimé mais veulent écouter « whip – my – hair – back – and – forth – girl » (la chanson Whip my hair, interprétée par Willow, la sœur de Will Smith). Quel est votre avis sur les jeunes groupes ? Quand j’étais le batteur de Scream (de 1986 à 1990), il n’y avait pas vraiment une industrie de la musique, du moins pas pour nous, parce que nous jouions de la musique punk rock. On n’avait pas de plans de carrière. La plupart du temps, on n’était pas payé. On dormait par terre et on empruntait de ­l’argent pour se rendre à un concert. La musique comme ­business ça ne fonctionnait pas. Si tu es un musicien et que tu aimes jouer ta musique, faire des concerts devrait être ta récompense. Peut-on encore connaître le succès aujourd’hui en écrivant et interprétant des chansons ? Bien sûr. Il y a tellement de personnes talentueuses. Vous savez pourquoi l’album d’Adèle est si populaire ? Elle va à contre-­ courant et écrit des chansons géniales. Elle ne fait même pas de concerts ! Les gens aiment ça parce que c’est de la bonne ­musique. C’est difficile d’en trouver actuellement. C’est le ­problème avec l’industrie musicale. Quel comédien jouerait votre rôle dans un film sur vous ? Vous savez à qui j’ai toujours pensé ? Shelley Duvall. Elle jouait l’épouse dans Shining et je la veux pour tenir ce rôle !

« Il y a des moments où c’était tellement dingue que le mieux à faire, était de se tirer. Si on consommait des drogues dures, on allait avoir des problèmes. »

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www.foofighters.com


Batterie, chant, guitare : Dave Grohl est un boulimique de travail. ­L’Américain a touché à tout avec Nirvana, les Foo Fighters mais aussi Them Crooked Vultures, un groupe qui lui tient à cœur.


Action

, « aime J la »

bagarre

C’est en toute décontraction que Sébastien Loeb nous a ouvert les portes de sa résidence helvétique. S’il s’apprête à chasser un neuvième sacre mondial dès la semaine prochaine au Monte-Carlo, le Français a pris son temps et enclenché le frein à main. The Red Bulletin était là. Entretien. Textes : Christophe Couvrat

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Photos : Philip Horak


À l’intersaison, ­Sébastien Loeb en ­profite pour se r­ approcher des siens. L’Alsacien ­affiche une sérénité à toute épreuve avant le coup d’envoi du ­Championnat du monde des rallyes.


Action

S

cratch, la bien-nommée veille sur son poulain. Elle ne le quitte jamais. La mascotte de Sébastien Loeb s’affiche fièrement sur l’arrière de son hélico ultra-moderne et décore la plupart des casques du Français. Il est comme ça l’octuple Champion du monde des rallyes. L’Alsacien sait recevoir. La balade à quelques centaines de mètres d’altitude au-dessus des contreforts du Jura a des allures de carte postale. « Tu vois, là-bas, c’est le Mont-Blanc », pointe celui qui partage souvent en compagnie de Sébastien Chabal ou Yannick Noah le titre de sportif préféré des français. Bien présents ce jour-là de part et d’autre du Léman, les nuages bas ne peuvent empêcher les 4 807 mètres du plus haut sommet d’Europe de se dresser à l’horizon. Au cœur du canton de Vaud, en Suisse, Loeb réside à flanc de colline. Le Français se montre affable dans un salon cosy où trônent quelques images discrètes de son mariage avec Séverine. Il est souriant, propose un café, puis deux, et installe une discussion informelle, sans tabou.

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The Red BulleTin : Sébastien, vous souvenez-vous de vos victoires en WRC (67 au total, record) ? SéBaSTien loeB : [Surpris] Non… C’est une catastrophe ! Dans quelle épreuve comptez-vous par exemple le plus de victoires ? [Direct] L’Allemagne (8, ndlr). Ça revient vite ! Absent du calendrier WRC depuis 2008, le rallye de MonteCarlo ouvre l’année 2012 dans quelques jours (17-22 janvier). Vous êtes un peu sur vos terres… C’est surtout le rallye de mon copilote. Daniel (Elena, ndlr) est chez lui. Après, je trouve dommage que le Monte-Carlo ait été relégué pendant quelque temps. La règlementation se cherchait un peu. Ils voulaient faire des roulements pour garder certaines épreuves et pas d’autres. Ils ont peut-être oublié qu’il fallait assurer un socle solide. Le Monte-Carlo a été sorti au même moment que le Tour de Corse. C’est une bonne chose qu’il revienne. Il se court en France. Cela représente quelquechose de particulier pour nous. Vous l’avez gagné combien de fois ?

Sébastien Loeb, version père de famille, a même pris soin de nous faire visiter son nid douillet situé sur les hauteurs du lac Léman, à quelques encablures du Jura français.

« je ne savais pas ce qu’était un rallye ! je n’ai jamais été fan de quiconque. »


PHOTOS ADDITIONNELLE : gEPA PICTuRES

2011 Je ne sais plus… 5 victoires au total. Il y a aussi le légendaire Turini… Daniel était spectateur sur les routes du Monte-Carlo quand il était plus jeune. Moi, à cette époque, je ne savais même pas ce que c’était. Vous assistiez à des rallyes lorsque vous étiez gamin ? une fois, au rallye des Vosges je crois. Mon père m’y avait amené. J’avais 10 ans peut-être. Depuis, je n’ai pas assisté à un rallye avant que je n’en dispute un… Quel pilote vous impressionnait à l’époque ? Le problème c’est que je ne savais pas ce qu’était un rallye ! Je n’ai jamais été fan de quiconque. C’est plus vers mes 18 ans quand on regardait les courses à la télé avec mes potes. On se disait :« C’est incroyable ce que ces gars-là font avec leurs caisses. » Mais ça n’allait pas plus loin que ça. Le premier métier vers lequel… [Il coupe] Prof de sport comme mon père. Il était entraîneur de gymnastique en club puis Conseiller Technique Départemental

(CTD) avant de poursuivre en lycée. Je me voyais bien suivre ses traces. Je n’étais pas très motivé par les études. Je savais que ça pouvait me plaire. Vous rêviez de faire quel métier ? Pilote de chasse ! D’ailleurs, je me suis trompé là-dessus. On m’a dit : « Il faut faire Maths Sup/Maths Spé ». Mais certains y sont parvenus sans faire tout ça. Je suis monté un jour dans un Rafale. J’en ai discuté avec le pilote. Il m’a expliqué comment il était arrivé là. Ça n’avait rien à voir avec ce qu’on m’avait dit. Il avait fait des études un peu techniques certes mais on peut y arriver. Au moins, tu fais quelque chose qui t’intéresse. D’où un premier contact précoce avec l’élément automobile… Ç’a commencé en compagnie de mon voisin. Il me poussait dans la cour familiale avec ma voiture. Je ne touchais pas les pédales. Je faisais des marches avant/marches arrière… Mon père m’emmenait conduire dans les champs. Parfois je piquais la voiture pour faire un petit tour. Dans les courses de mobylette, il fallait aussi que je sois le plus rapide.

citroën ds3

En 2012, l'Alsacien attaque sa deuxième année consécutive au volant de la DS3 avec laquelle il a été sacré Champion du monde l’année dernière (huit victoires à la clé).

Vous étiez quel type d’élève à l’école ? Je n’ai pas passé le bac car j’ai arrêté après la 1re S. Au brevet des collèges, j’ai eu 20/20 en Maths sans jamais travailler. Tant que j’avais des bonnes notes sans rien faire, ça m’allait. Plus tard, il fallait bosser un peu. Je voulais une voiture de sport. Mes parents insistaient pour que je travaille pendant les vacances. Mon premier boulot à l’usine était de fabriquer des supports en polyuréthane pour lavabos et baignoires. Finalement, je gagnais un peu d’argent et je me suis dit : « Si je continue à bosser, je vais me la payer ma voiture. » J’ai continué et je ne suis plus retourné à l’école. J’en ai eu marre à un moment donné avec les boulots comme ça. Puis il y a eu une année de BEP électro-technique. J’ai fait ça et j’ai enchaîné dans la vie 47


Action

1997

peugeot 106 Sébastien Loeb à ses débuts au volant d’une 106 sur les routes du rallye de Loire-Atlantique.

2000

toyota corolla Wrc Changement de décor sur les routes ecarpées du Tour de Corse en 2000. Il pilote aussi cette année-là deux Saxo, une Mégane et une Xsara.

Aux côtés de son épouse Séverine, l’octuple Champion du monde est un papa attentionné qui prend le temps de déconnecter en consultant son iPad.

2006

pescarolo-judd au mans Grâce à Henri Pescarolo, Sébastien Loeb dispute les 24 h du Mans. « Les opportunités peuvent sans doute revenir », dit l’Alsacien aujourd’hui.

« je prends du plaisir dans tout ce que je fais. j’aime conduire, j’aime les rallyes, j’aime la Bagarre ! je ne peux pas l’expliquer. » La salle des trophées du meilleur pilote de tous les temps est impressionnante.

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Action

Chiffres :

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comme le nombre de français Champion du monde avant Loeb : Didier Auriol en 1994

3

comme le nombre de modèles Citroën au volant desquels il a conquis ses huit titres : Xsara WRC (3 titres 2004 à 2006, 28 victoires), C4 WRC (4 titres 2007 à 2010, 34 victoires), DS 3 WRC (1 titre en 2011, 8 victoires)

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comme le nombre de titres mondiaux des finlandais Kankkunen et Makkinen, dauphins de Loeb au nombre de sacres remportés

8

comme le plus grand nombre de victoires dans un même rallye (Allemagne)

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comme le nombre de ses contrats publicitaires

23

comme le nombre de rallyes où Sébastien Loeb s’est imposé au moins une fois

67

PHOTOS ADDITIONNELLE : DPPI, MCkLEIN, gETTy IMAgES

comme le nombre total de ses victoires en rallye (record)

professionnelle comme ça jusqu’à mes débuts en rallye. Les deux premières années, je faisais les deux. Finalement, quelle a été votre première voiture ? une Super 5 gT Turbo. Avec des parents, l’un prof de Maths, l’autre de Gym, on comprend mieux votre capacité d’analyse et de réaction ultra rapide... [Étonné] Effectivement, je n’avais jamais fait la somme des deux… Mon père était Champion de France universitaire de gym. Depuis tout petit je suis dans les salles. Je le suivais aussi quand il était entraîneur. Il est très important de maîtriser son corps et son équilibre. Pour aller vite avec une voiture, il faut faire corps avec elle. Tout doit être naturel. Comme quand on marche. Je ne réfléchis pas. Jamais. Il faut se sentir à l’aise dans l’habitacle. Pardon ? Vous ne réfléchissez pas ? Je dis que je ne réfléchis pas car c’est naturel. Je n’ai pas une seconde pour faire autre chose. un exemple : un jour, pendant une spéciale, je voulais régler ma balance de freins pour en mettre un peu plus sur l’arrière. Je sais très bien que pour mettre des freins sur l’arrière on tourne le bouton à droite. Sauf que là, entre les notes, la concentration sur le pilotage, écouter le copilote, faire appel à sa mémoire pour visualiser la route, adapter la vitesse d’entrée, adapter la vitesse par rapport au grip au sol, la trajectoire, il y a beaucoup de calculs à faire vite. Ça doit être naturel. Je n’ai pas le temps de penser à autre chose. Comment fonctionne le binôme Loeb-Elena ? Très bien ! Il me dit ce que je lui ai dicté. Sur chaque rallye, le mardi et le mercredi il y a les reconnaissances (deux passages maximum autorisés sur chaque ES, ndlr). Le 1er passage je lui dicte, le 2e il me répète ce que je lui ai dit. Puis je peaufine un peu le soir avec la vidéo. Arrive-t-il que vous ne soyez pas d’accord ? S’il me dit « Attention ! » c’est parce que je lui ai dit de me dire « Attention ! ». Il écrit mot pour mot ce que je lui dis. Il est ma mémoire. Son rôle n’est pas le même qu’un copilote sur le Dakar où il y a plus de navigation. Justement, le Dakar… Ce n’est pas ma priorité. Je suis plus branché circuit que Dakar. Le côté aventure, paysages, ça me plairait même si ce que je fais en rallye est plus proche du circuit que du Dakar car on est à la limite tout le temps. Si je le fais, c’est avec

un pote pour me balader. Je ne peux pas car on va m’attendre. Je suis obligé d’y aller dans des conditions professionnelles pour faire un résultat. On verra plus tard. Vous auriez pu toucher à la F1 si la FIA vous avait octroyé la Super Licence… Des opportunités comme celle-ci ne se présentent pas tous les jours. J’ai fait de bons temps avec la Red Bull pendant une séance d’essais. Ils avaient l’idée de me faire rouler sur plusieurs gP. Ça n’a pas été possible. Je n’avais pas d’ambition particulière. J’aurais roulé chez Toro Rosso. Ce n’est pas une voiture qui permettait de rouler pour gagner. Je n’étais pas préparé pour le faire. Je serais monté dans la caisse à Abu Dhabi en 2009 et j’aurais fait la course sans essais au préalable. Après une première expérience sous la houlette de Pescarolo en 2005, vous avez failli disputer les 24 h du Mans pour Peugeot. Ça ne s’est pas fait pour quelles raisons ? Je me suis retrouvé avec un emploi du temps trop chargé : les essais de la C4 et de la DS3, sans oublier les courses avec la C4. On faisait les essais des deux voitures car on changeait en fin d’année. Ma fille avait deux ans et demi. En deux mois, je serai rentré trois jours chez moi ! Je voulais aussi faire sérieusement les essais avec la Peugeot. Les opportunités de courir au Mans peuvent sans doute revenir. Si je le fais je ne veux pas que ce soit une contrainte. Qu’est-ce qui vous motive encore aujourd’hui ? Je prends du plaisir dans tout ce que je fais. J’aime conduire, j’aime les rallyes, j’aime la bagarre ! Je n’ai pas de motivation particulière, je ne peux pas l’expliquer. C’est naturel. Rouler pour rouler ne m’intéresse pas. Je n’aime pas perdre. Si je sens que j’ai les moyens d’être devant alors je le fais. Je n’ai rien à prouver. Si je n’avais pas voulu prendre de risque, j’aurais arrêté. Il vaut mieux que je le fasse quand je suis en haut plutôt que quand je me fais taper. Ça ne me plairait pas. En 2011, j’étais toujours dans le coup alors qu’en début d’année, j’ai failli partir pour faire du circuit. Sébastien Ogier au volant d'une Skoda puis, en 2013, de la Polo. 2012 est-elle une année au rabais ? Le principal client sera Hirvonen (le Finlandais remplace Ogier chez Citroën pour 2012 et 2013). Il n’y aura plus de stratégie comme l’an dernier. S’il me bat, il me battra. S’il est devant moi, on ne va pas lui dire « Oh, attends Loeb ! ». Ça ne marche pas comme ça. Sauf si en fin de 49


Rare privilège accordé au reporter et au photographe de The Red Bulletin : Sébastien Loeb en personne assure le pilotage à bord de son hélicoptère entre l’aéroport de Genève et sa résidence helvétique.

saison je suis en tête et lui 6e. Là, d’accord. On a vu ce qu’il s’est passé chez Ford en 2011. Latvala allait tout le temps plus vite. Hirvonen avait plus de points. On a mis Latvala derrière à chaque fois. Si cette année, Hirvonen gagne le Monte-Carlo et s’impose en Suède et au Mexique, on ne va pas lui dire de m’attendre. Il n’y a pas de n°1 et de n°2, au moins en début de saison. Je pense que les choses se feront logiquement comme chez Ford cette année. Qu’Ogier ne soit pas là c’est son choix. Il a décidé d’aller chez Volkswagen, c’est ainsi. Un bon choix ? Je n’ai pas suivi ses tractations. On pensait tous qu’il allait signer chez Ford. Je pense que Ford n’avait pas les moyens de le payer beaucoup en 2012. Ford n’est pas dans une situation évidente. Volkswagen, j’y ai pensé en milieu de saison. Finalement, je suis resté chez Citroën car c’est l’équipe avec laquelle j’ai évolué et gagné. Ils m’ont démontré l’importance que j’avais dans le groupe. Ma carrière n’en est pas au même stade que celle d’Ogier. Il a tout le temps devant lui. Moi j’en suis à me poser la question de faire un an ou deux. Trois ans, c’est trop loin pour moi. Je n’étais pas prêt à signer pour deux ans de course. Je cassais tout ce que j’avais fait chez Citroën. Avec le recul, si Ogier n’avait pas été là en 2011, vous n’auriez pas été Champion du monde ? Je n’ai pas besoin de ça. Ça m’a sûrement poussé sur certains rallyes à rouler plus 50

Loeb–Heintz, l’autre duo Sébastien Loeb apprécie fonctionner en couple. Il y a celui, officiel, qu’il forme avec Séverine depuis leur union en 2005. Puis, il y a le binôme drivé conjointement par Daniel Elena, souvent qualifié d’inséparable. Enfin, le duo formé avec Dominique Heintz, vieux de la vieille, scotché aux débuts de Loeb en course et gage d’avenir. Explications. « Je m’étais inscrit au rallye jeune. Il y a les sélections régionales puis nationales. L’inscription était de 15 francs français. J’étais électricien à cette époque. Il y avait 15 000 participants sur tout le pays. Dominique m’avait remarqué. Il me confie une voiture de son équipe. La première année, je gagne mais le jury donne la victoire à un autre participant. Moi, je suis rentré chez moi. L’année suivante, je fais une faute dans la dernière manche mais je m’impose à l’arrivée. » Aujourd’hui, les deux compères ont un seul et même objectif : aider un jeune pilote à prolonger l’aventure. Loeb poursuit : « Quand j’ai présenté Ogier à Fréquelin, c’était l’idée. À ce moment-là, avec Dominique,

on voulait l’aider. Au rallye du Limousin, je suis allé voir mon beau-frère qui roulait et j’ai vu passer Ogier. Je me suis dit : P…, il roule fort ! On s’est dit : Pourquoi ne pas le rencontrer et faire un truc pour lui ? J’en ai parlé à Fréquelin qui l’a ensuite rencontré. Dominique et moi on n’a rien eu à faire. Tant mieux pour Ogier. Depuis, on a continué l’aventure en s’associant à PH Sport qui fait rouler les voitures privées de Citroën. On a créé une société à part tous les deux. » Les rôles sont bien partagés. Heintz avance sur la partie concrète et Loeb valide. « C’est un vrai boulot. On se parle tous les jours au téléphone. Il faut trouver des partenaires, etc. Si on peut faire monter un jeune ou deux, ça nous plairait beaucoup », poursuit Loeb. Le costume de manager d’équipe n’est pas loin. Il lui trotte plus que jamais dans la tête. « Cela me permettrait de rester en contact avec le sport automobile. Si demain j’arrête, je suis tout seul. Je fais quoi ? J’ai gagné de l’argent, je n’ai pas besoin de travailler. » Sage réflexion.

Loeb à propos de Daniel Elena : « Il est ma mémoire. »

Sébastien sur Séverine : « Elle est un très bon copilote. »

Loeb au sujet de Dominique Heintz : « Il m’a remarqué. »


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2009

citroën c4 Wrc

PHOTOS ADDITIONNELLE : gETTy IMAgES, (2), DPPI, gEPA PICTuRES

C’est avec elle que Sébastien Loeb a remporté le plus de titres mondiaux (quatre de 2007 à 2010, 34 victoires).

fort. Il y a eu une bagarre intense. Je n’ai pas de problème avec Ogier. Entre la Xsara, la C4 et la DS3, laquelle avez-vous préféré ? Toutes ! Ce sont trois voitures avec quatre roues motrices WRC. Les deux premières avaient un 2 litres turbo. La 3e un 1600 turbo. Mais ce n’est pas ça qui fait la différence. J’aime beaucoup la DS3 car c’est la plus agile des trois, la plus joueuse. On peut la jeter d’un côté puis de l’autre. Sur asphalte, les trois sont top. Sur terre, la C4 a plus d’inertie. La DS3 est plus réactive. La Xsara est au milieu. Quel rival vous a donné le plus de mal ? Sur certaines épreuves, grönholm était très rapide. Sur un championnat entier, ça n’a pas été le plus difficile à battre. Souvent, au moment où ça se jouait, il en faisait une avant moi (de faute, ndlr). Hirvonen n’est pas facile à dominer en raison de sa régularité. Ogier a montré sa rapidité sur tous les terrains. Latvala a eu un début de saison un peu pourri. Sur asphalte, il est plus vite qu’Ogier. Sur terre, ils sont aussi rapides l’un que l’autre. Vous avez signé chez Citroën l’été dernier pour une année plus un an en option. Vous serez là en 2013 ? Je n’ai pas envie de me forcer à rouler.

« que j’aie 7, 8 ou 9 titres, ne change rien à ma vie. je préfÈre me laisser une porte de sortie. je veux pouvoir m’arrÊter. »

Que j’aie 7, 8 ou 9 titres, ne change rien à ma vie. Je préfère me laisser une porte de sortie. Si je m’aperçois en milieu de saison que je n’ai pas envie de continuer, je veux pouvoir m’arrêter. Si je veux rebondir en circuit ou ailleurs, je ne veux pas arrêter trop tard. De quoi êtes-vous le plus fier ? Les huit titres. Il y a dix ans, je commençais à peine à rêver que je pouvais être Champion du monde. Avant le San Remo 2001, j’étais inexistant (il terminera 2e de l’épreuve, ndlr). Je contactais Subaru et Mitsubishi. Ils me répondaient : « Le jour où on aura besoin de vous on vous appellera. » Après le rallye, tous les gros teams m’ont appelé. C’est là que tout a basculé. Mais ça pouvait se terminer par le job d’électricien l’année d’après ! Quand vous voulez quelque chose, vous l’avez ? Oui… En général j’y arrive, mais ce n’est pas une science exacte. La licence de pilote d’hélico n’a pas été un problème. Quand quelque chose m’intéresse, je trouve la motivation nécessaire pour l’obtenir. J’étais pilote de char à l’armée. Je me suis dit : « Autant faire quelque chose qui puisse me servir. » D’où le permis camion dans ce cas-là. www.citroen-wrc.com

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LE CHAT ET LA TOUPIE

Les 16 meilleurs B-Boys au monde étaient sur le ring de la finale du Red Bull BC One fin novembre à Moscou. The Red Bulletin a suivi le parcours d’un phénomène, El Niño, tout juste terrassé par Roxrite, vainqueur à l’allure féline. Texte : Florian Obkircher 52

Photos : Denis Klero


Son truc à lui ? Enchaîner les figures au sol et défier l’apesanteur. El Niño a de qui tenir puisque son oncle était Breakdancer. C’est lui qui a appris les bases au gamin de 21 ans.



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C’est à la sueur de son front qu’il est devenu une star. El Niño s’entraîne comme un forcené quatre heures par jour, trois jours par semaine. Il lui arrive de varier les plaisirs et de s’adonner à la pratique du basketball. « C’est un sport qui me fait beaucoup de bien, surtout pour l’endurance. Je pense à autre chose. Là aussi on doit éliminer son adversaire. »

Les projecteurs s’allument. Des faisceaux rouges et bleus repeignent l’arène. Le DJ pose l’aiguille sur le vinyle et « Boom » ! Des cris de joie montent des tribunes. Le cirque Nikulin est en ébullition. Un chauffeur de salle monte sur scène et hurle dans le microphone. Sa voix ne fait pas le poids face aux fans. « Moooscow ! Are you readyyyy ? ! » Pour les B-Boys, c’est un championnat du monde. Le combat de l’année. Les 16 meilleurs danseurs s’y affrontent. K.-O. garanti. Thomas Hergenröther vient de Hanovre. C’est un B-Boy de la première heure. C’est lui qui, en 2004, a eu l’idée du Red Bull BC One. « Je recherche surtout des B-Boys qui sont des bêtes de scène. Au Red Bull BC One tu dois être le parfait danseur et savoir jouer avec le public et l’adversaire. En un mot : avoir une personnalité. » Hergenröther sélectionne luimême dix gamins qui remplissent au mieux ces critères. Cinq des participants passent par des qualifications nationales organisées sur les quatre continents. Le Brésilien Neguin, tenant du titre, est le seul qualifié d’office. Au total, 16 B-Boys venant de 10 pays prennent possession de Moscou dont El Niño. L’ambiance est détendue et bon enfant. L’un d’eux bondi soudain. « Lequel d’entre vous se rappelle du Kneespin ? », demande-t-il en tournoyant avec une maladresse volontaire sur le genou. Tous se mettent à rire. Le plaisantin s’appelle Alex Diaz. Nom de scène : El Niño. Il lui va comme un gant et pas seulement en 55


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raison de sa taille. Le regard pétillant, la moustache encore au stade de duvet et l’esprit alerte affichent El Niño comme le parfait camarade de classe, joyeux drille apprécié de tous. « Le Kneespin est l’une des plus anciennes figures de Breakdance. Aujourd’hui, personne ne la sort », explique-t-il après son petit intermède. Bien qu’il soit à 21 ans le benjamin de la compétition, il a plus d’expérience que la plupart de ses camarades. Float, le pionnier New Yorkais du Breakdance lui change les couches quand il est bébé. « Grâce à lui, je faisais des figures avant même de savoir parler », dit-il, sourire en coin. À trois ans, ses oncles lui donnent des cours de Breakdance et en 1997 un cousin lui trouve son nom d’artiste alors qu’il n’a que six ans. Ce sera El Niño. Son origine est liée à l’ouragan du même nom qui touche la Floride. Son cousin lui dit alors : « Mec, tu danses comme El Niño. Tu virevoltes à une vitesse incroyable ! » À 14 ans, il part en tournée avec Missy Elliot et enchaîne sur scène avec Busta Rhymes. Danseur pro depuis deux ans, il est en déplacement trois semaines sur quatre. Il intervient dans des stages et participe à des compétitions en tant que danseur ou membre du jury. En septembre 2011, il prend part aux éliminations du Red Bull BC One à Chicago et l’emporte facilement. « J’y suis allé sans douter de l’issue, dit-il avec assurance. Cette qualification est un rêve qui se réalise. C’est comme bosser pendant une éternité dans ton boulot pour décrocher une promotion et puis soudain vient le jour où tu l’obtiens. Une participation au Red Bull BC One sur ton CV, c’est la fin des soucis pour trouver du taff, dit-il. Pendant un week-end, tu as toute la planète Breakdance qui te regarde en streaming. Un truc de dingue ! » D’origine vénézuélienne, El Niño vit ici son baptême du feu. Soudain, le gong retentit. Il est appelé puis bondit, secoue sa tête sur ses épaules et sautille tel un boxeur qui sort de l’isolement. La porte qui mène au ring s’ouvre. El Niño respire profondément une dernière fois et avance dans la lumière éblouissante des projecteurs. Il sait bien que les deux premiers tours sont les plus difficiles et 56

« garder les meilleurs trucs » pour la finale est suicidaire face à des concurrents de ce niveau. « La maîtrise des bases et de l’acrobatie est primordiale pour gagner le Red Bull BC One », explique Lamine, légende française des BBoys, animateur télé et un des cinq jurys de l’événement. Déjà présent en 2004, son expérience est indéniable. Roxrite est le favori cette année. La trentaine, ce danseur à l’allure désarticulée a gagné toutes les compétitions de Breakdance – seul manque le Red Bull BC One à son palmarès. Pour El Niño, Roxrite est bien plus qu’un concurrent. C’est un grand frère. Son héros. Ils se connaissent depuis 2002. « Je me souviens parfaitement de notre première rencontre, dit Roxrite. C’était au Red Bull Lords of the Floor à Seattle. À l’époque, El Niño avait 11 ans et remportait la compétition. Je me suis dit : D’où vient ce gamin ? » El Niño n’est visiblement pas enchanté par le tirage au sort qui lui a réservé Roxrite. Le sourire gêné, les deux hommes se donnent l’accolade. « Je t’aime bien, dit le plus jeune. Mais demain c’est sans pitié. » Jour J, six heures avant la grande finale. Dans sa chambre baignée d’une lumière tamisée, El Niño est assis sur un grand lit couvert de draps blancs. Il regarde à travers la fenêtre. Un samedi après-midi froid et humide à Moscou. Les tours soviétiques créent un sentiment d’ennui et de lassitude chez le B-Boy. « Les effets du décalage horaire », ditil. Un rhume l’assaille depuis le début de la journée. Les trois paquets de mouchoirs sur la table de chevet le prouvent. « Pas grave, ça ne devrait pas influencer mes performances », dit-il d’une petite voix en se frottant les yeux rougis. Le B-Boy regagne sa loge. Il s’apprête à défier Roxrite, son ami de toujours. Vingt minutes plus tard, ils se retrouvent face à face pour le duel tant attendu. Une dernière tape sur la main et c’est parti. Le DJ balance un rythme latino, Roxrite remonte son bonnet de laine, réajuste son pantalon et se lance sur des Toprocks. Un travail de jambe impeccable accompagné d’un Freeze. Il passe sur la tête avec les jambes repliées et se met en position horizontale pour tournoyer sur son axe sans relâche. Le style est


Le majestueux décor du cirque Nikulin, construit en 1880, a accueilli 3 500 fans survoltés. Le plus vieux cirque de Russie et le Red Bull BC One se sont parfaitement mariés le temps d’une soirée. Ambiance que Mounir et Soso n’ont pas vraiment eu le temps d’apprécier. Les deux français en lice se sont fait sortir au premier tour.

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Le verdict vient de tomber. Roxrite domine El Niño. L’élève n’a pas encore dépassé le maître. Les deux hommes se quittent bons amis et se donnent rendezvous à Rio de Janeiro.

précis, ciblé et complètement dans le rythme. Roxrite est le plus malin. L’acrobatie qui en met plein la vue ce n’est pas son truc. Lui, c’est le maître de la tactique et des moves propres. C’est au tour de El Niño. Dans ce choc entre frères, les gestes malicieux passent à la trappe au profit d’un véritable respect mutuel. Les spectateurs sont éblouis – tonnerre d’applaudissements. Place au verdict, El Niño a un bon feeling. Les écriteaux se lèvent : El Niño, El Niño, Roxrite, Roxrite, et… Roxrite ! El Niño baisse brièvement les yeux. Éliminé au deuxième tour, face au futur vainqueur. Puis il se tourne vers son adversaire et l’applaudit. Ils tombent dans les bras l’un de l’autre. « À la dernière seconde, j’ai encore hésité à faire le move risqué, pensant que j’en aurais besoin pour la suite. Grave erreur. Si je l’avais fait, je serais encore en course, analyse-t-il peu après en backstage. Roxrite est un parfait technicien et les jurés en ont plus tenu compte aujourd’hui. Perdre contre mon grand frère, c’est pas ce qu’il y a de pire. Après le combat, je suis allé le voir et lui ai dit : Écoute, tu m’as éliminé, maintenant il faut que tu ailles au bout. » Cette phrase n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Roxite remporte le titre dans une finale de tous les dangers face au B-Boy Lil G du Venezuela. Quand le dernier juré lève son écriteau avec le nom de Roxrite inscrit dessus, El Niño et ses potes foncent sur la scène pour le porter en triomphe. La déception de l’élimination est grande pour El Niño mais compensée par la joie de voir son frère d’armes s’imposer à Moscou. Roxrite ira défendre son titre à Rio de Janeiro à la fin de l’année 2012. « Il a été incroyable. Même si Lil G s’est mis les spectateurs dans la poche avec ses figures, Roxrite a réalisé des enchaînements parfaits. Une victoire acquise avec dignité », s’enorgueillit El Niño en tapant sur l’épaule de son ami, visiblement aux anges. À l’heure de tirer le bilan de sa semaine moscovite, El Niño lorgne sur la ceinture de Champion du monde du Red Bull BC One et affirme : « Nous nous reverrons l’année prochaine, lui et moi avons encore des comptes à régler. » On a hâte d’y être ! www.redbullbcone.com

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Flying Frenchman

à quelques heures de la 4e édition du red Bull linecatcher (11-18 janvier, vars), the red Bulletin vous plonge dans l’intimité du meilleur Freerider européen. richard « Flying » permin n’a pas Froid aux yeux. Texte : Christophe Couvrat 60


date et lieu de naissance : 9 mai 1985, paris taille / poids : 1,80 m / 82 kg résidence : annecy en été et canada en hiver 1er séjour aux états-unis : 2007 1er switch 720 douBle tail : stockholm king oF style 2007 1er douBle cork 1260 : saas Fee (suisse) 2008

PHOTOS : DOM DAHER (2)

Permin a un secret. Il se sert de son stress comme d’une force diluée sous la peau, sorte d’adrénaline de l’invisible, ces fameuses secondes qui précèdent le grand saut. Dès lors, il peut se lâcher « dans le cœur du poulet, le top du top ».


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Cet homme sait tout faire. Richard Permin règne en maître dans son environnement naturel, celui de la haute montagne, vierge de toute trace humaine. Un bon bol d’air frais.

À

deux reprises, il dit non. Le souffle de l’hélico saupoudre de flocons immaculés les quelques mètres carrés qui l’entourent à plus de 3 000 mètres au-dessus de Haines dans le sud-est de l’Alaska. Seul au monde depuis quelques secondes, Richard Permin défriche au loin le canal de Lynn, havre de paix des fjords les plus profonds d’Amérique du Nord. Il ferme les yeux, inspire et dessine la ligne qui se profile devant lui. Puis, Permin scrute la pente, proche des 45° de dénivelé ( ! ). Et renonce : « Il faut s’écouter, dit-il. Phil Meier s’est élancé au même endroit. Genou explosé et 20 points de suture sur le tibia. » Le Suisse s’en souvient. À vie. Cet exemple résume à la perfection la personnalité de ce parisien de naissance. Coup de boule aux idées reçues, Permin a la tête sur les épaules et le cœur bien accroché. « Une fois, je me suis cassé trois côtes d’un coup. Ça a limite perforé le poumon. J’ai vraiment eu peur. Ils m’ont envoyé à l’hôpital. J’étais sous morphine pendant des heures avant qu’ils ne me laissent rentrer chez moi. Je n’ai rien fait pendant quelques semaines. J’en suis à treize côtes cassées au

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total… » Le prix à payer sans doute. Car la sécurité doit être partout. Ou plutôt nulle part. Pas droit à l’erreur. « On est sur un terrain naturel, pas exploité par l’homme. Ça pète autour de toi ? Tu es dans la m… Si la nature a décidé de t’envoyer dans le décor, elle le fait. Quand tu choisis une ligne, il faut toujours que tu aies une sortie de secours, voire deux. En Alaska, même les solutions de rechange me faisaient flipper. C’était Chamonix, puissance 10 ! » Chamonix, étalonnage de référence. Si la peur n’évite pas le danger, elle est chevillée au corps de ses riders de l’extrême, amoureux de sensations (très) fortes. Permin en a conscience et n’aime pas jouer avec ça. « À partir du moment où tu n’as plus peur, tu fais des erreurs. Quand t’as peur, tu restes concentré, tu te mets dans ta bulle. Tu penses à ta ligne, à quel moment tu vas faire un virage, etc. » Permin a un secret. Il se sert de son stress comme d’une force diluée sous la peau, sorte d’adrénaline de l’invisible, ces fameuses secondes qui précèdent le grand saut. Dès lors, il peut se lâcher, « dans le cœur du poulet, le top du top ».


PHOTOS : ERIC BERGER (2)

À le voir, le Lyonnais d’adoption affiche une assurance déconcertante du haut de ses 26 ans dont 23 sur une paire de skis. Un regard bleu turquoise, des mèches blondes angéliques et une facilité certaine pour dribbler son monde. « J’ai grandi à Lyon. Très vite, la neige m’a attiré. » Et le football ? « Je n’ai jamais aimé. » Sylvie et Jacques saisissent en quelques mois le pouvoir d’attraction des éléments hivernaux sur leur fils de trois ans. Plus tard, ce sera au tour de Patrick, le beau-père. À 7 ans, Richard décroche sa flèche d’argent et veut dessiner des courbes, en apesanteur sur une neige blanche immaculée, tracer des lignes à fleur de pentes vertigineuses et vierges de toute trace humaine. « Gamin, j’étais hyperactif, toujours en train de sauter partout. J’ai fait du skate. Ça me défoulait. Mais j’ai pris pas mal de gamelles. C’est très ingrat. » La Plagne devient son terrain de jeu pendant que ses potes squattent la place de l’hôtel de ville. Richard, ado casse-cou, est précoce. « On m’a dit que j’étais trop jeune pour passer le monitorat de ski. » La barre des 17 ans doit être franchie. Permin n’en a que 15.

Permin seul tout là-haut : « À partir du moment où tu n’as plus peur, tu fais des erreurs. Quand t’as peur, tu restes concentré, tu te mets dans ta bulle. Tu penses à ta ligne, à quel moment tu vas faire un virage, etc. »


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Permin : « C’est toi qui choisis ta trace, ton morceau de caillou. Tu ne sautes pas un caillou pour sauter un caillou. Tu prends une ligne. Il faut que ce soit esthétique. Comme un peintre devant sa toile vierge. »

Qu’importe. Il ne se laisse pas dompter. « Mes parents n’étaient pas d’accord. Je leur ai alors demandé de me laisser faire quelque chose en ski. Finalement, ils ont cédé. Je voyage depuis que je suis ado. Parfois, ça vaut toutes les heures de cours du monde… » Sylvie, Patrick et Jacques ont le nez creux avec leur fils aîné. Le gamin quitte le domicile parental à l’âge de 16 ans direction le CESNI de la Plagne qui lui propose un programme complet. Enseignement à l’ESF pendant les vacances scolaires et ski, encore et toujours, le reste de l’année. De quoi parfaire sa technique et découvrir les dizaines de kilomètres de pistes du domaine. Le paradis. Tout le monde y gagne. Surtout Rich’ en maturité. « Ce n’est plus ta mère qui lave ton linge. Nous étions trois dans 15m², dont un militaire âgé de 25 ans. Tu apprends vite ! » Permin engrange, mètre après mètre. Il développe un style agressif. Sa progression est foudroyante et ouvre des portes. À 20 ans, un de ses premiers sponsors l’inscrit à une compétition de Big Air à Zurich réunissant les meilleurs mondiaux. Il passe par les qualifications. Ce n’est pas un problème.

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PHOTOS : BLAKE JORGENSON, ERIC BERGER

Le Lyonnais enchaîne les tours, accède à la finale (4e place) et décroche son billet pour le Jon Olsson Super Session, les X-Games et le King of Style, compétition de renom dans le freetsyle. Il termine 2e dès sa première participation avant de remporter l’épreuve l’année suivante. Haut la main. Sa carrière est lancée. Il emménage à Annecy et squatte désormais les lignes de La Clusaz et Chamonix. Outre-Atlantique, un frémissement voit le jour. L’ombre d’un frenchie surdoué plane au-dessus de Whistler ou de Chatter Creek. Puis enfle jusqu’aux oreilles des meilleures prods TV. Elles se l’arrachent. Matchstick Productions, référence en la matière, décroche le gros lot. « C’était mon rêve de gosse de tourner avec eux. Aujourd’hui, je suis le seul européen sous leur coupe. Il faut avoir les c… de miser sur un exil aux US pendant de longs mois. Làbas, c’est une autre mentalité, ils aiment le show. Ils sont très perfectionnistes. Grâce à eux, tu vois l’évolution du ski chaque année à travers leurs vidéos. Quand je fais un film, je me sens bien. Tu n’es pas sur un terrain délimité comme en compétition. 65


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Backcountry : désigne littéralement « l’arrière-pays ». terrain de jeu idéal pour délivrer des kicks (sauts) dans la Bosse sur des modules naturels Freeride : rider des « grosses » montagnes, sauter des Barres impressionnantes. BreF, du lourd ! visuellement, c’est ce qui rend le mieux. tu n’as pas de limites Freestyle : regroupe le halppipe, le slopestyle et le Big air. tout ce qui est sur la piste avec des modules douBle cork 1260 : c’est une rotation de trois tours et demi, parFois la tête en Bas ! switch 900 : tu pars en switch (en arrière) et tu Fais 2 tours et demi en l’air. tu te poses de Face. le tout avec un graB (attraper le ski avec les mains) 66


PHOTOS : CHRISTIAN PONDELLA/RED BULL CONTENT POOL, ERIC BERGER

« Une piste noire ? Je la descends à reculons. » Richard Permin ne manque pas d’humour. La tête dans les étoiles, le ski dans le ciel, il sait garder les pieds sur terre.

C’est toi qui choisis ta trace, ton morceau de caillou. Tu ne sautes pas un caillou pour sauter un caillou. Tu prends une ligne. Il faut que ce soit esthétique. Comme un peintre devant sa toile vierge. » S’en suit une saison sur les meilleurs spots de la planète dont Tulsequah en Colombie Britannique, aux frontières de l’Alaska. Puis l’hiver dernier, quatre mois au Canada aux côtés de Travis Rice ou Candide Thovex, tenant du titre au Red Bull Linecatcher et exemple pour Permin. Tous logés à la même enseigne. Envoyer du gros. Du très gros. Tout un hiver pour une bobine de huit minutes de film à l’arrivée. « On dormait dans un lodge. Les lignes étaient repérées. Une fois, on a attendu dix jours avant de les skier. Il faut notamment que les conditions de lumière soient totalement parfaites. Au moment où il faut y aller, je peux te dire que t’as intérêt à être bien réveillé. » Pendant ces dix jours d’attente, Permin tue l’ennui. « Avec Sean (Pettit), on partait skier dans la forêt ou on faisait de la moto neige. » Pettit-Permin, inséparable duo. « Sean est un bon stimulant. » Et Thovex ? « C’est le meilleur,

le plus complet. » Tous trois ont leur propre style. La marque de fabrique des freeriders. Permin n’est pas en reste. Il a été élu meilleur skieur européen 2011 au Festival de film de ski IF3 devant un parterre de fans et de spécialistes. Le couronnement. À Vars, il joue à domicile. Ses amis, sa famille seront là. « Le concept est super intéressant. Red Bull développe notre sport et on en a besoin. » Le rendez-vous est particulier pour ces skieurs volants, plus amis que compétiteurs en dehors des pistes. Permin n’a jamais remporté le Linecatcher et ses deux runs minimum, nécessaires pour s’imposer. « Il y a un esprit de compétition, c’est sûr. Mais c’est un engrenage. Quand on voit un pote faire une figure, on veut faire mieux, monter d’un cran. » Vars en salive d’avance. Et Permin de conclure, sourire en coin : « Une piste noire ? Je la descends à reculons. » www.redbulllinecatcher.com


Bryce Menzies et son copilote Ricky Johnson en pleine action à Enseñada. Ils termineront 3e de l’épreuve.

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à BouE dE soufflE aux faux aIRs dE Mad Max dEs tEMPs ModERnEs, cEttE couRsE nE MénagE nI hoMMEs nI MontuREs. à dEux ou quatRE RouEs, Ils PaRcouREnt Plus dE MIllE KIloMètREs, non-stoP, à tRavERs la PénInsulE dE BaJa calIfoRnIa, dans lE noRd MExIcaIn. la BaJa 1000 n’accEPtE Pas lEs faIBlEs. BIEnvEnuE dans un unIvERs IMPItoyaBlE, RoyauME dE BouE Et d’huIlE MotEuR. texte : alfredo Martínez fernández

Photos : Jürgen skarwan

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tavo vildósola abandonnera au kilomètre 315.

a Baja 1000. Un totem pour ceux qui vivent les sports mécaniques dans l’animalité absolue. Une hérésie pour les puristes. Un scandale pour ceux qui ont le Dakar chevillé au corps, sorte de référence ultime du rallye-raid. Un argument de poids plaide en faveur de la Baja 1000 : si le Dakar se court par étapes, la Baja doit être avalée d’un seul morceau. Cette épreuve est particulièrement usante. Depuis plus de quarante ans, elle est même une des plus dures au monde. Des centaines de pilotes se sont succédés sur les pistes de Baja California, ou BasseCalifornie, état du nord-ouest du Mexique. Ce désert est fascinant. Il suscite toutes sortes de convoitises depuis quatre siècles et génère autant de fantasmes. Aujourd’hui, on y galope à grands coups d’adrénaline et d’huile-moteur, entre les vestiges des éditions précédentes qui jonchent le sable. On y trouve des amortisseurs torturés, des carcasses nouées et figées à jamais, victimes des chemins sablonneux ou pierreux à l’âme assassine. Année après année, des hommes s’y affrontent, armés de leur seul courage et du déploiement de leur talent au volant. Agressivité et compétitivité n’ont pas de limite. Ou presque. Difficile de résumer la Baja dans un document Powerpoint. L’exploit sportif, le dépassement de soi, la passion et l’émotion dépensés sans compter ne se mesurent réellement que lorsqu’on s’y frotte. Et s’y pique… Pour cette 44e édition, la Baja a accueilli 275 équipages venus du Mexique, des États-Unis et de seize autres pays, soit une course définitivement universelle. Dans cette vrombissante communion où la bénédiction se célèbre aux senteurs de gasoil, aux traces des deux ou quatre roues de toutes sortes, le chemin de croix est immuable et s’étend 70

du Nord au Sud sur 692 miles, soit 1 115 kilomètres d’un ruban sablonneux, pierreux, piégeur, dangereux, oppressant. Il débute et s’achève sur le Costero, en face du Centro Cultural Riviera del Pacifico, dans la ville portuaire de Enseñada, que l’on nomme volontiers la Perle du Pacifique, tant la luminosité inspirerait tout peintre amateur de nature morte. The Red Bulletin a collé aux basques de ces fous du volant, souvent charmants, parfois nerveux mais tous au parcours peu commun.

PouR cEttE 44E édItIon, la BaJa accuEIllE 275 équIPagEs vEnus du MExIquE, dEs étatsunIs Et dE sEIzE autREs Pays, soIt unE couRsE unIvERsEllE. la gRand-MEssE

Enseñada, Océan pacifique, 17 novembre. Le jour où tout s’accélère. Celui des dernières urgences, de l’enregistrement des véhicules, de leur inspection technique. L’ambiance monte d’un cran, la foule se presse le long du boulevard, une forme de tension serre les rangs. Le public est subjugué par les hurlements lancinants des moteurs et le rythme de la musique mexicaine. Au milieu des hôtesses qui réclament des autographes, des pétroleuses frétillent tandis que le gros des troupes contemple les monstres encore au repos et prêts à jaillir du podium. Valse d’appareils photo, de caméras et de téléphones portables. Tout y passe : amortisseurs, pneus gigantesques, structures tubulaires de trucks furieux. Ces conglomérats hirsutes sont des véhicules uniques au monde, fruits d’années de recherches et de développe-

ments technologiques. Ils dépassent les 200 km/h et dévorent cailloux, rochers vicieux, sable et boue. Les deux Trophy Trucks de Red Bull descendent à leur tour le boulevard. Tels des « Moïse motorisés », ils voient la marée humaine s’ouvrir à leur passage. Les spectateurs en oublient presque le danger à l’heure de rendre hommage aux héros. Le monde n’est pas seulement mécanique. Il est aussi question de pilotes, véritables stars de leur état et dont le nom force le respect : Bryce Menzies et Tavo Vildósola. On se jetterait sous les roues immenses pour partager un instant avec ces soldats de la route. Autrefois, on se damnait pour croiser le regard de Steve McQueen ou percevoir le sifflement désinvolte de Paul Newman. Cette année, on se presse pour immortaliser Kory Scheeler, Nick Vanderwey et Rob MacCachren. On se bouscule pour les Herbst (Tim, Troy et Ed) ou les McMillin (Andy, Scott et Jessica). On acclame aussi les motards Red Bull, Kendall Norman et Quinn Cody. D’autres concurrents hauts en couleur attirent les regards. Menzies, Gustavo Vildósola senior et Gustavo « Tavo » Vildósola junior, le duo mexicain, victorieux dans la catégorie des Trophy Trucks et au classement général. C’est qu’ils ne sont pas ordinaires, les Vildósola. En 2007, à bord de leur Truck n°4 – un de ces monstres au châssis tubulaire dont la puissance est illimitée –, ils squattent la deuxième place du classement, la meilleure jamais obtenue par un team mexicain. En 2010, ils s’offrent le Graal suprême en remportant la course et pulvérisant au passage tous les chronos. Ils se permettent le luxe de devancer les motos, habituellement plus rapides. Depuis cette date, le pays tout entier leur voue un culte indescriptible. « Les gens naissent avec l’amour de la Baja. Le tout-terrain coule dans leurs veines », explique Viry Félix, seule Mexicaine en lice. La Baja 1000 ? Une histoire de famille. Son père, Rafael, et son frère, Tavo, s’y frottent. À son tour, elle dévore la Baja sur son buggy rose. « Je devais avoir 17 ans lorsque je me suis installée pour la première fois dans une voiture de course. Je jouais les copilotes pour mon père à San Vincente. Nous avons retourné la voiture dans un virage, à la fin du premier tour. J’ai dû attendre, la tête à l’envers, accrochée à ma ceinture. » Aujourd’hui, elle affiche une science parfaite de la Baja, dont Tavo Vildósola, son frère, s’inspire largement malgré les réticences de Viry. Elle souhaite gader sa science de la course pour... elle.


les concurrents empruntent parfois des chemins détournés au cœur des villes (ici tavo vildósola). la récompense est au bout du chemin...

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« c’Est la couRsE la Plus IntEnsE dE Ma vIE ! suR la sEctIon côtIèRE, nous avIons sEulEMEnt tREntE sEcondEs d’avancE suR la REd Bull. on avaIt dEs fRIssons PaRtout ! » andy McMIllIn BaJa Et aRts MaRtIaux

L’histoire de Viry ressemble à celle de beaucoup de pilotes qui financent leur très chère passion avec leurs propres deniers et rivalisent malgré tout avec des équipes soutenues par des sponsors. Cela n’est pas sans rappeler les premières heures du Dakar, une époque où Gilbert Sabine scrutait les galères des amateurs sur les dunes mauritaniennes. « Ma première course comme pilote date de 1994. Un groupe d’amis avait organisé une compétition au cours de laquelle les épouses couraient aussi. Ma mère n’avait pas senti le coup et j’avais pris sa place. Ce jour-là, j’ai compris que le tout-terrain était fait pour moi. » Ç’a été une belle surprise pour Viry. Son équipe, les Chicas Off Road, trouve un sponsor de manière totalement imprévisible. Son frère, Tavo, travaille comme chauffeur sur le tournage du film Little Boy, avec John Savage et l’acteur japonais Cary-Hiroyuki Tagawa. Il lui parle de sa sœur. C’est le coup de foudre... professionnel.

les engins utilisés pendant la Baja 1000 n’ont pas grand-chose à voir avec les véhicules du dakar.

L’idée de sponsoriser Viry lui plaît. Il n’est nullement question d’argent : il la prépare à la Baja 1000 à travers l’enseignement d’un art martial, le Chu Shin. Cette belle histoire raconte comment, chaque année, des amateurs peuvent se mêler aux favoris de la Baja

la moindre casse moteur peut être fatale. l’assistance est rarissime.

et partager la même ivresse. Peu importe le prix à payer, tant que le véhicule se montre suffisamment résistant pour ne pas tomber en lambeaux sur le bord de la route. L’événement est né de cet esprit-là, toujours vivace aujourd’hui. Tout a débuté en 1962 quand deux aventuriers, Dave Ekins et Bill Robertson Junior ont grimpé sur des Honda et dévalé la route qui mène de Tijuana à La Paz, histoire de voir combien de temps ils mettraient. En gestation dans un premier temps, leur course embrasse une dimension officielle par le passage dans divers bureaux de poste, histoire d’y faire tamponner des papiers et garder trace de leurs temps et positions. Sorte de check-point avant l’heure. Ekins remporte la première manche en 39 heures et 54 minutes, procès-verbal à l’appui. Pendant cinq ans, ce type de défi persiste et les deux pionniers de la catégorie auto, Ralph Poole et Spencer Murray, abaissent le chrono à 31 heures pile-poil, en 1967, à bord d’une Rambler American. Par le biais d’un fleuriste de San Fernandao, du nom de Ed Pearlman,


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lE tRacé dE la BaJa 1000 YUMA

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Depuis 1967, un des rallyes les plus difficiles au monde a pour théâtre le décor lunaire du désert de Baja California, entre Enseñada et San Felipe. dans lE détaIl : traditionnellement, la course a lieu à cheval sur deux états, du port de Enseñada jusqu’à La Paz. Cette année, elle s’est déroulée comme un circuit traversant successivement Ojos Negros, Misión de Santa Catarina, Cohabuzo, Valle El Borrego, Matomi, San Felipe, Rancho Mike Sky, Eréndira, Puerto San Isidro, Punta Cabras et Santo Tomás, soit une distance totale de près de 1 200 km. Tous les types de véhicules sont admis (buggy, motos, quads).

20 M I L E S 50 K M

les concurrents de la Baja 1000 n’ont pas beaucoup de temps pour faire du tourisme.

le professionnalisme débarque dans cette course. Ainsi est née la Mexican 1000, le 31 octobre 1967. 68 participants sont au départ. Une organisation digne de ce nom se met en place et succède aux bureaux de poste. La NORRA (National Off Road Racing Association) voit le jour. La structure ne survit pas à la crise pétrolière de 1974 et la responsabilité de l’organisation de la Baja 1000 est confiée à Score aux côtés de la marque Tecate. C’est toujours le cas aujourd’hui.

toP Banana

Jour J. Le soleil vient à peine de griffer ses rayons dans un ciel bleu azur. Il est 6 heures, les motos et les 4×4 vrombissent sur la ligne de départ. Nervosité palpable. On se croirait dans les starts d’un spectacle de rodéo, avant le lâcher du taureau... À 6 h 30, les motos sont lâchées. Kendall Norman, Californien de la très chic Santa Barbara, est le deuxième à s’élancer, sur sa Honda CRF450X. Il a de solides ambitions : c’est le pilote Red Bull et un des favoris. En 2009, il s’adjuge les deux Baja : 500 et 1000. Le dernier à s’élancer est Joe Rice, 53 ans, 73


au volant d’un buggy, mieux vaut ne pas craindre la boue. fashion victims s’abstenir...

sur un tout-terrain Can-Am Outlander 800. Joe trace sa route dans la Baja depuis 1982. « L’an dernier, j’ai mis 32 heures pour descendre jusqu’à La Paz. Le meilleur moment de cette aventure est le franchissement de la ligne d’arrivée ainsi que les tacos et les bières qui nous attendent ! » Il l’avoue. Finir la course devient plus compliqué chaque année. Les voitures ne cessent de progresser ce qui oblige les organisateurs à concocter un tracé plus difficile. « Je me souviens de ce jour où je suis allé vers le célèbre Perry McNeill, qui court encore à 62 ans. C’est une légende vivante. Il était à Ciudad Constitución et ne pouvait plus bouger à cause de crampes. Nous lui avons donné des bananes pour l’aider à récupérer. » À 11 heures, le premier des 32 Trophy Trucks s’élance, piloté par la star télé Jesse James. Pour Tavo Vildósola, le starter est donné à 11 h 14. La première section de course se déploie le long de la rivière d’Enseñada. L’averse récente a transformé la piste en véritable bourbier.

Jusqu’à la dERnIèRE étIncEllE 56 kilomètres après le départ, à Ojos Negros, Tavo rattrape Jesse James. 74

Vildósola avait prévu de refaire le plein. Depuis qu’il s’est emparé du leadership, il décide de changer de stratégie et d’attendre le kilomètre 145 pour passer à la pompe, le temps d’accroître l’écart avec James. Judicieux : « J.J. » finit par ne plus apercevoir la poussière de Tavo. Quelques kilomètres plus loin, à El Álamo-Laguna Salada, le tracé change de destination pour se diriger vers le Sud et cheminer à travers rocailles et éboulis. De là, la caravane file toujours au Sud, à travers la Laguna Salada et sa sinistre réputation. Ce passage est un cimetière de voitures. Le truck de Tavo n’échappe pas à la règle. Kilomètre 156, alors qu’il atteint le sommet, un piston de sa suspension hydraulique rend l’âme.

la faMEusE BouclE dE san fElIPE PERMEt dE cRoIsER lE sPEctaculaIRE MatoMI wash Et la laguna dEl dIaBlo avEc unE vuE MagnIfIquE suR lE PIcacho.

Son équipe technique vient à la rescousse. Il perd deux heures. Ses malheurs ne sont pas terminés. 11 kilomètres plus loin, un alternateur abandonne. Il ne lui en reste plus qu’un pour l’alimentation électrique. Trop sollicité, le second jette l’ancre aussi, au kilomètre 193. Tavo insiste, peu disposé à la défaite. Têtu, il ne renonce qu’après 315 kilomètres. La fameuse boucle de San Felipe s’enroule depuis El Borrego et ouvre le chemin de la Côte le long de la mer de Cortés, dans le golfe de Californie. Elle permet aussi de croiser le spectaculaire Matomi Wash et la Laguna del Diablo. La vue sur le Picacho, point culminant de la péninsule, y est sublime. Joli fond d’écran pour trois pilotes qui bataillent en tête : Bryce Menzies, Andy McMillin et Nick Vanderwey. Passé San Felipe, place aux étapes de montagne, avant une descente vers San Vincente et le Rancho Eréndira, sur la côte Pacifique. On efface ensuite le village de Santo Tomás pour un retour dans le désert, entre Ojos Negros et Enseñada. Dans ces conditions extrêmes, les motos sont les plus rapides. Le vainqueur de la 44e édition de la Baja 1000 est


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Norman Kendall, pilote Red Bull, suivi par le régional de l’étape, Shane Esposito. Colton Udall ferme le podium.

unE étoIlE Est néE

19 novembre, petit matin. Photographes, journalistes et organisateurs sont massés sur la ligne d’arrivée, dans une tension palpable. Les trois Trophy Trucks de tête se livrent une lutte acharnée. Quelques minutes à peine les séparent. Bientôt, le public entendra le hurlement du premier moteur, celui du Ford F-150 qui appartient à Scott et Andy McMillin. Trois minutes derrière, c’est au tour de la Chevrolet Silverado de Nick Vanderwey et Curt LeDuc de débarquer ; puis, deux minutes plus tard, le duo Red Bull Bryce Menzies et Ricky Johnson fait son apparition à bord de la Ford F-150. On assiste bien, là, à l’arrivée la plus serrée de l’histoire. Andy McMillin a du mal à y croire : « C’est la course la plus intense de ma vie ! Sur la section côtière, nous avions seulement trente secondes d’avance sur la Red Bull. On avait des frissons partout, c’était génial. » Papa Scott, lui, affiche un large sourire. « La Baja est une course essentielle dans l’histoire de la famille McMillin. Cela fait 35 ans qu’on y participe. »

vIctoIRE fInalE chEz lEs Buggy PouR vIRy fElIx. EllE Est la PREMIèRE fEMME à tERMInER suR la Plus hautE MaRchE d’un classEMEnt généRal dE la BaJa 1000. lE tout sans coPIlotE. unE étoIlE Est défInItIvEMEnt néE. Une fois la ligne d’arrivée franchie, Bryce Menzies est assailli par ses fans ; il prend le temps de se jeter sur une canette de Red Bull puis se confie dans le détail : « Quand nous sommes entrés dans la gravière de Borrego, nous avions six secondes d’avance sur Andy. Lorsque nous avons voulu faire le plein et changer nos pneus, le cric hydraulique a cassé. Résultat, on perd là de très précieuses secondes qui nous ont peutêtre coûté une place à l'arrivée. Tant pis. La boucle de San Felipe ? Un paysage sauvage, de toute beauté. On ne s'en lasse pas. »

sal fish, organisateur légendaire de la Baja 1000.

Et Viry Félix dans tout ça ? Victoire finale chez les buggy. Elle est la première femme à remporter ici un classement général final (25 heures, 42 minutes et 41 secondes). Le tout sans l’aide d’un copilote. Une étoile est bel et bien née sur les routes de la Baja 1000. www.score-international.com

Bryce Menzies savoure sa troisième place finale avec une canette de Red Bull.

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Le feu sur La gLace

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S’il est une discipline de plus en plus appréciée dans le froid de l’hiver, c’est bien le Ice Cross Downhill. Parcours séduisants, ­ matériel sur mesure et excellents patineurs. Le décor est planté. Attention, ça déménage ! Texte : Werner Jessner

Photos : Jürgen Skarwan


L Les hommes les plus rapides du Red Bull Crashed Ice World Championship : Arttu Pihlainen (Finlande) vainqueur en 2011. Il devance les canadiens Kyle et Scott Croxall (de haut en bas). Un bon affûtage permet souvent d’être le plus rapide.

e starter s’apprête à dégainer : « Vous êtes prêts ? Attention au départ ! » Quatre paires d’yeux fixent un canal de glace abrupt, traître, parsemé de simples et doubles bosses, de virages inclinés et de vagues. L’important est de réussir une mise en action parfaite. S’imposer physiquement face à ses adversaires. Concentrés derrière le portillon de départ, les patineurs sont insensibles aux BPM (battements par minute, ndlr) balancés par les DJ du coin. Seule la voix du starter parvient à capter leur attention. Dès l’ouverture du portillon, le monde qui entoure ces fous de la glisse ne devient qu’un étroit tuyau blanc d’adrénaline et d’endorphine. S’ensuit une douce ivresse dès la ligne d’arrivée franchie… à condition d’être dans les deux premiers ! Ces veinards-là gagnent le droit de rejouer jusqu’à faire partie des quatre derniers finalistes. L’année dernière, la bataille pour le titre a tourné au clash culturel entre les deux écoles qui dominent la discipline et le hockey sur glace : les nations scandinaves et le Canada. Le Ice Cross Downhill est un sport à part entière mais il est impossible d’oublier que le hockey en est l’essence même. La formation acquise sur une patinoire classique conditionne le comportement des descendeurs. Ils sont peu nombreux à avoir dominé cette discipline l’année dernière. D’un côté Arttu Pihlainen, prof de gym finlandais, de l’autre les frères Croxhall, Kyle et Scott, deux canadiens, véritables forces de la nature. En 2012, on pourrait aussi voir émerger le talentueux allemand Fabian Mels ainsi que la fusée russe Andrei Lavrov.

Arttu Pihlainen est marié et père de deux enfants, âgés de trois et un an. L’aînée patine et se montre déjà à l’aise sur la glace. Kyle Croxhall est pompier de métier. Son frère est moniteur de ski nautique l’été. Les frangins baignent dans la glisse. Arttu est doué dans toutes les disciplines sportives, un as de tout ce qui bouge. L’été, il monte sur un vélo pour garder la forme. Ses potes disent de lui qu’il a un hobby d’autiste : « le dressage d’hamster ». Rien à voir avec la réalité bien sûr. Les Croxhall, eux, affectionnent les virées à travers les vastes étendues canadiennes pour décompresser de leur discipline. Le quotidien des principaux protagonistes est aussi différent que leur style : Arttu est un athlète dont les jambes rapides lui permettent de prendre l’avantage dès le départ. Il domine la course de bout en bout sans être pris dans les corps-à-corps. Car il est très difficile de doubler pendant la descente. Les accolades à l’arrivée sont les seuls contacts physiques qu’il subit… En revanche, le style des frères Croxhall est typiquement canadien et pourrait se résumer par : « J’arrive ! Pousse toi de là sinon je te souffle ! » Scott Croxhall, le cadet des frangins, rajoute, sans fioritures : « J’aimerais que tous les contacts physiques soient permis. » Il a été disqualifié l’année dernière en quart de finale du Red Bull Crashed Ice World Championship. La raison ? Tirage de maillot... Pousser, tirer le maillot, jouer des coudes ou tamponner l’adversaire sont des manœuvres jugées illégales et strictement interdites. Ils s’apparentent parfois à des enfants à qui on rappelle les règles de civilité. De l’action, il n’en manque pas. Malgré un règlement strict, on ne se fait pas de cadeau. Encore moins au départ. Dans un combat face à trois concurrents gonflés à bloc, une mise en action réussie n’est certes pas le gage d’une victoire garantie mais constitue néanmoins une sérieuse option. Celui qui sort en tête dès le premier virage s’épargne l’empoignade derrière. Réactivité, rapidité de foulé et cuisses solides sont importants pour ne pas avoir à contempler devant soi ses respectables concurrents dès le premier tiers du parcours. La préparation des athlètes pour 2012 est devenue plus pointue. Ils doivent maîtriser des vitesses en hausse et des parcours rallongés. À l’arrivée d’une descente, une minute sépare souvent les bons des excellents patineurs. Les sauts sont tous différents. Les sections rapides révèlent l’état de forme de chacun. Certains accusent le coup alors que d’autres accélèrent. Les virages inclinés offrent plusieurs trajectoires similaires et permettent de dépasser son rival. Les doubles bosses font valser les concurrents hésitants et permettent aux vaillants de

PHOTO ADDITIONNELLE : JOERg MITTER (3)

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Que ce soit à Moscou ou dans la Province de Québec, le Red Bull Crashed Ice World Championship attire les supporters en masse. Ils sont parfois des dizaines de milliers...

« Les contacts physiques ? uniquement après La Ligne d’arrivée, enfin… normaLement ! » 79


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« en 2012, nous introduisons de nouveaux obstacLes. » chris papillon, directeur de course

Le Finlandais volant Arttu Pihlainen est l’homme à battre cette année. À Moscou, sous les yeux de Philippe Candeloro, il termine 1er devant Kyle Croxall et le Suisse Kilian Braun (ci-dessus). Épilogue de la saison : Arttu, sur la plus haute marche du podium, devant les frangins Kyle et Scott Croxall (à droite).

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se détacher. Quand un carnage est en vue sur la piste principale, la « chicken line » peut s’avérer être un choix judicieux. Le Red Bull Crashed Ice n’est pas seulement une question de vitesse, de talents ou de testostérone, une tête bien faite est tout aussi nécessaire. Le directeur de course du Red Bull Crashed Ice, Chris Papillon, annonce des changements pour la saison 2012. Elle s'étale sur quatre étapes aux ÉtatsUnis, au Canada et en Europe : « Nous allons introduire de nouveaux obstacles qu’on a testé depuis quelques mois. Une fois installé, un tracé ne peut plus être modifié. Les angles et les pentes doivent être parfaitement ajustés avant que le parcours ne soit recouvert d’une couche de glace. » La principale difficulté reste cependant la technique de glisse sur une piste dont la texture s’apparente souvent à de l’eau gelée. La saison dernière, les glaces de Munich et de Moscou avaient plus de points communs avec un cornet deux boules framboise-pistache ! Aqueuse et profonde à Munich, ce type de glace exige des efforts supplémentaires et joue des tours. En Russie, elle était cassante mais tout aussi traître. L’eau à la surface du parcours moscovite a soudainement gelé suite à des températures atteignant -30 degrés alors que dans des conditions normales ce processus s’effectue progressivement du bas de la couche vers le haut. La lame aiguisée d’un patin produit sur une glace vierge le même effet qu’un couteau à fromage sur du parmesan. Les morceaux en surface s’ébrèchent. Les virages extérieurs de la piste russe ressemblaient à une planche à couper d’une épicerie fine italienne. Les patins justement, parlons-en ! C’est l’équipement le plus important du Red Bull Crashed Ice. Pendant les premières années de l’événement, un simple affûtage par le responsable matériel suffisait avant la course. Aujourd’hui, il vaut mieux s’y prendre autrement si on ne veut pas finir à plat ventre. Les As de la discipline s’accordent pour dire qu’un affûtage seul des patins ne vous emmènera pas très loin. La lame du patin en hockey a une forme courbée, plus élevée au milieu qu’aux extrémités. Logique si on doit tourner sur place quand le palet change de direction. Mais à 50 km/h, en descente, cela s’avère vite contre-productif. Aussi, la courbure de la lame est réduite à l’aiguisage et parfois sur la totalité de sa longueur. Stabilité et rapidité sont assurées par une bonne surface d’adhérence à l’instar des patineurs de vitesse. Si les patins de hockey nécessitent un affûtage à cavité (plus le rayon de cavité des patins est réduit, plus ils seront agressifs), le Ice Cross Downhill tire d’un affûtage plat un meilleur avantage. Il facilite les passages en angle alors qu’un affûtage à cavité convient mieux pour les dépassements rapides à la dernière seconde. Beaucoup de patineurs utilisent des T-Blades. Tranchantes comme des lames de rasoir, elles ne tolèrent aucune erreur, ne s’aiguisent pas mais permettent de virevolter avec rapidité. D’autres optent pour des patins Bandy. Kesako ? C’est du hockey avec les règles du football et pratiqué sur un terrain de foot glacé, sans touches et à onze contre onze. Les patins ont des lames plus longues et plus plates qu'en hockey. En 2012, des lames en acier massif seront introduites.

Åre (Suède) 17 et 18 février 2012

3

Québec (Canada) 16 et 17 mars 2012

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1 St Paul (Minnesota, USA) 13 et 14 janvier 2012

Valkenburg (Pays-Bas) 3 et 4 février 2012

coupe du monde : les quatre gagnants Le Red Bull Crashed Ice Championship entre cette année dans sa troisième édition. Coup d’envoi les 13 et 14 janvier à St Paul aux États-Unis (Minnesota). Suivront les étapes européennes de Valkenburg (Pays-Bas) les 3 et 4 février, et deux semaines plus tard Åre (Suède). La finale se déroulera comme toujours dans la Province de Québec (Canada) les 16 et 17 mars prochains.

Elles ont été conçues tout spécialement pour le Ice Cross Downhill. Leur robustesse apporte plus de stabilité et préserve l’affûtage. Ce nouveau matériel a été réclamé par la plupart des athlètes. Lors des championnats du monde de Red Bull Crashed Ice, les « mécanos » s’affairent dans la tente des « riders » autour de la meule afin de préparer au mieux les « chaussons » de chaque athlète. Ils servent aussi d’oreille attentive pour l’athlète, parfois frustré d’avoir loupé sa descente. Dans ces cas-là, le matériel sert de bouc-émissaire. Les nerfs se déversent sur les petites mains qui, en coulisses, n’ont qu’un seul objectif : l’amélioration du chrono de leurs poulains. La préparation à cette discipline s’apparente à celle des pilotes de rallye. L’ambiance au départ est cependant plus décontractée, particulièrement durant les épreuves de qualification. Avant la course, dans la tente qui leur sert de chambre d’appel, les coureurs se regroupent par nationalité, entre habitués du circuit ou binômes établis pour discuter stratégie et s’encourager avant le départ. À l’approche des finales, le silence règne en maître parmi les concurrents. Certains mettent des boules Quiès, d’autres occupent les appareils d’échauffement. D’autres, enfin, font le plein d’énergie avec une banane. Soudain, la meute se retourne. Un athlète vient apparemment d’avoir une idée de dernière minute pour un affûtage lui garantissant la victoire. Le starter appelle les noms des concurrents du prochain round et remet les dossards rouge, jaune, bleu et gris. Le quatuor s’avance jusqu’au portillon de départ. Les protèges-lames sont retirés et jetés dans des boîtes prévue à cet effet. Un peu comme en F1 avec les couvertures chauffantes. Les mains sur le portillon, nos quatre descendeurs de l’extrême prennent leurs marques sur la glace. Les yeux regardent droit devant, concentrés sur le premier saut et le premier virage. Ils ne voient plus les dizaines de milliers de fans – jusqu’à 110 000 au Canada – agglutinés au bord de la piste. Et ils n’entendent plus les BPM des DJ. Quelques dizaines de secondes plus tard, la ligne d’arrivée est franchie. C’est la délivrance.

Le choix du matériel joue un rôle de plus en plus important lors du Red Bull Crashed Ice. Les T-Blades (photo) ne pardonnent pas. La moindre erreur est fatale. Pourtant, ils ont la réputation d’être plus rapides que les patins conventionnels, estime la plupart des descendeurs.

www.redbullcrashedice.com

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plus

de corps d’esprit

+ Contenu 84 VOYAGES Up Helly Aa

86 CUISINE Les secrets d’un chef ou une recette souvent épicée 88 PRENEZ LE PLI Stefan Glowacz déploie son matos 90 ENTRAÎNEMENT Les conseils de Marc Coma 92 SORTIR Budapest se livre 92 GONJASUFI Reggae lunaire 93 EXPRESS RZA à l’honneur 94 AGENDA Tour du monde des meilleurs plans Red Bull 96 FOCUS Événements à ne pas louper 98 PLEINE LUCARNE


photo : klaus fengler

Alpiniste de l’extrême, Stefan Glowacz aime se mettre en danger. ­Toujours. Découvrez son matériel en détail (pages 88-89).


mlourse dbeo C P do y r&P sm ientd d ’ e s P r i t

Point culminant du festival : les vikings forment un cercle autour du bateau et l’embrasent avec leurs flambeaux.

let’s go ! le bon plan du mois

La guerre du feu aura bien lieu !

Up Helly AA. Fin janvier à Lerwick, principale agglomération de l’archipel des îles Shetland, un millier de vikings tractent, à la lueur des flambeaux, un Drakkar jusqu’à son bûcher. Le Up Helly Aa est le plus spectaculaire festival de feu d’Europe. L’occasion pour les Écossais, venus en nombre, de raviver la flamme de leur tumultueuse histoire.

The Norseman’s Home : les chants d’autrefois ravivent le bûcher.

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Le jour J, les lampadaires de la ville s’éteignent. Une meute attend le signal. Puis une forte détonation retentit suivie d’une fusée éclairante dans le ciel. La foule lance des cris de guerre. Un millier d’hommes barbus, ornés de casques de fer, boucliers et cottes de mailles embrasent leurs flambeaux dans l’excitation générale et éclairent ainsi Lerwick d’une lumière ardente. Le point culminant du plus grand festival de feu d’Europe est proche. Sous l’ovation des locaux et des touristes, ces vikings d’un soir entament une procession à travers les rues, tirant un bateau long de dix mètres. Une demi-heure plus tard, ils arrivent à l’endroit où se trouve le bûcher. Solennellement, les hommes se rassemblent autour du bateau et l’embrasent. Les flammes montent vers le ciel tandis que la foule s’égosille et la musique détonne. Plus de doute, la nuit est lancée et, jusqu’à l’aube, spectateurs et vikings prennent d’assaut tavernes et salles de danse.


TOuT SAVOIR SuR LE FESTIVAL du FEu

un week-end torride! L’HISTOIRE

LE PROGRAMME

Pourquoi les Écossais brûlent-ils chaque année un bateau flambant neuf ? Les viking eux-mêmes ne sauraient y répondre. D’ailleurs, ils ne sont pas à l’origine de cette célébration. La fête du feu a vu le jour à la fin du 19e siècle. À l’époque, les anciens de Lerwick apprécient ce moyen de canaliser l’exubérance des jeunes. Après Noël, soldats et matelots restaient en permission au pays et noçaient toutes les nuits. Bagarres, tapages nocturnes et même échanges de tirs étaient monnaie courante. Le compromis trouvé fut justement de brûler solennellement un drakkar chaque dernier mardi du mois de janvier à la mémoire des ancêtres nordiques. Ces derniers doivent se retourner dans leur tombe à la simple idée de cette folle initiative !

Les vikings n’entrent en piste qu’au moment de la procession. Toute la journée le Guizer Jarl et ses fidèles défilent dans la ville jusqu’à 19 heures et l’allumage des flambeaux Place Hillehead. Les touristes peuvent observer les vikings de plus près à deux moments de la journée. À 10 heures, lors de la halte au port pour récupérer le bateau destiné aux flammes, et à 15 heures, au musée des Shetland où nos hommes casqués font un break et prennent la pose devant les objectifs. L’occasion aussi pour chacun de se procurer dans la boutique du musée les accessoires nécessaires pour se transformer en viking d’une nuit. On y trouve toutes sortes de boucliers et casques ailés, histoire d’être plus que jamais dans l’ambiance.

LA PROCESSION

LA FêTE

Une organisation bien rodée. À la tête de nos vikings, le Guizer Jarl est, chaque année, l’organisateur désigné de la fête. À ses côtés, le Jarl Squad, une garde rapprochée de 50 fidèles chargés de traîner le drakkar jusqu’à son bûcher. 45 autres groupes de vikings défilent aussi avec eux. Les femmes étaient jusqu’à présent bannies mais entre temps, les vikings ont atteint le 21e siècle et la modernité qui va avec. 2015 verra la première femme Guizer Jarl : Lesley Simpson est originaire de Maywick. Sa participation se limitait jusqu’ici à servir le petitdéjeuner très tôt le matin aux acteurs fatigués du Up Helly Aa. Une promotion de taille. Rare privilège dans une confrérie dominée depuis des siècles par la gente masculine.

Les choses sérieuses commencent dès 21 heures dans les tavernes et pubs de la ville. Après avoir envoyé leur bateau au Valhalla (paradis viking), les 46 squads défilent partout et amusent le public avec sketchs, shows divers et danses. Un carnaval à la sauce écossaise. Attention, l’accès aux salles de danse nécessite un ticket d’entrée. Les billets de réservation pour la grande fête à la Mairie sont disponibles sur le site web. L’accès aux onze autres salles de danse se fait sur l’invitation d’un Guizer. Mais n’ayez crainte, les vikings savent payer leur tournée à condition que vous ayez offert la vôtre en premier. La fête se poursuit ainsi jusqu’à 8 heures du matin. Le mercredi est jour férié pour les Écossais. Bonne idée après une si belle fête.

Vikings d’un soir : jusqu’à un millier dans les rues de Lerwick.

Les boucliers et les haches des Jarls sont renouvelés chaque année.

LA VILLE

SHETLANd, kESAkO ?

Avec 7 500 habitants, Lerwick est la plus grande ville des îles Shetland. La température moyenne en janvier est de 3,1°. Mais le climat peut se montrer encore moins amical. Le Up Helly Aa sous la neige, ce n’est pas rare. Il en faut plus pour impressionner les vikings. Depuis 1873, la fête n’a jamais été annulée pour cause de mauvais temps. Et, comme chaque année, une affiche en caractère gras le rappelle : « La fête ne sera pas reportée. » Qu’il vente ou qu’il pleuve, rien n’empêchera les Shetland de faire la fête, qu’on se le dise.

Les îles Shetland font partie du Royaume-Uni mais leur proximité avec la Norvège n’est pas uniquement culturelle : les traces des vikings sur l’archipel remontent au 9e siècle. Située à 660 kilomètres à vol d’oiseau, Oslo est plus proche des îles que Londres.

Lerwick

tExtE : FLorian obkirchEr. PhotoS : maUritiUS (5)

LE VOYAGE On peut se rendre à Lerwick par ferry ou par avion depuis les villes écossaises d’Aberdeen ou Kirkwall. L’aéroport Sumburgh situé au sud des îles est desservi par toutes les grandes villes du Royaume-Uni. Comptez 30 minutes en bus ou en taxi (env. 25 Euros) pour rejoindre le centre.

L’HéBERGEMENT

19 h, les flambeaux s’enflamment, l’embrasement du bateau est imminent.

La ville regorge de pensions mais les hôtels de qualité sont plutôt rares. Nous recommandons le Kveldsro House, une auberge en plein centre (env. 140 Euro/ nuit), et The Lerwick Hotel dans la Breiwick Bay (env. 120 Euros/nuit).

Dublin Londres

Le Up Helly Aa a lieu le 31 janvier à Lerwick (Écosse). Plus d’infos sur : www.uphellyaa.org

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plus de corps eT d’espriT

CUISINE GLOBALE Laissez Le monde décorer votre assiette

mititei. Voici

une saucisse roumaine à base de viande fermentée. Prétexte idéal pour un... digestif. Plat national à Bucarest. Sur les bords de la mer Noire, les Roumains n’en démordent pas. Leur saucisse nationale n’a rien à voir avec le fameux Cevapcici slave. La Mititei est, évidemment, meilleure. Pendant les mois d’été, vous pouvez la déguster à chaque coin de rue pour un prix dérisoire. Elles sont grillées sur du charbon de bois et servent aussi de baromètre sur la qualité des restaurants. Si les saucisses proposées sont appétissantes, les autres plats ont de bonnes chances de l’être. En revanche, la liste des ingrédients est loin de faire l’unanimité. De nombreuses familles utilisent une recette spéciale comprenant un mélange d’épices dont la composition est tenue secrète. Une recette réussie dépend essentiellement de la préparation. La viande fermente toute la nuit dans du bicarbonate et de l’eau gazeuse. À l’arrivée, une farce se forme. Les Mititei sont meilleures avec beaucoup d’ail et de moutarde. Ne pas oublier non plus une bonne rasade d’eau-de-vie pour accompagner le tout. 86

La reCette Ingrédients pour 4 personnes : 1 kg de boeuf ou de porc, ou 1/2 kg de chaque (l’échine de préférence) 1 cuillère à soupe de bicarbonate de soude 1/8 l d’eau gazeuse 5 gousses d’ail 1 c. à s. de piment 1 c. à s. de marjolaine

1 c. à s. de thym 1 c. à s. de coriandre 1 c. à s. de paprika doux 1 pointe d’anis étoilé 1 c. à s. de jus de citron Poivre noir fraîchement moulu 1 à 2 c. à s. de graisse de rognons Huile végétale

Passer la viande deux fois au gros hachoir puis au plus fin. Verser dans un saladier et ajouter l’ail pressé. Broyer finement les épices dans un mortier. Les rajouter au saladier. Saler et poivrer. Saupoudrer progressivement de bicarbonate de soude, d’eau gazeuse, de jus de citron et de graisse de rognons. Malaxer la viande par portion à la main pendant une heure environ et la projeter vivement au fond du saladier jusqu’à obtenir une masse homogène ayant l’aspect d’une farce. Conserver dans un récipient hermétiquement fermé et laisser reposer une journée au réfrigérateur. Sortir la farce une heure avant la cuisson. Former des saucisses d’environ 15 cm avec les mains mouillées et les laisser reposer un instant. À griller sur du charbon de bois ou faire revenir dans une poêle avec un peu d’huile (petite astuce : utilisez du sel fumé pour donner à vos Mititei cuites à la poêle le goût du charbon de bois). Cuire à point et servir avec de la moutarde et du pain blanc.

texte : klaus kamolz. Photo : fotostudio eisenhut & mayer

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Spider man

STEFAN GLOWACZ. L’Allemand s’apprête à défier les sommets de Patagonie. Revue de détail du matériel nécessaire pour ce genre d’expédition.

1 Cordes Beal Le cordon ombilical du grimpeur. J’utilise des cordes simples Beal (Everdry) d’un diamètre de 9,8 mm. Pour info, une corde d’une longueur de 70 mètres pèse environ 4 kg.

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2 Veste et pantalon Marmot Alpinist La veste (720 grammes) et le pantalon (810 grammes) se composent de trois couches de Gore-Tex robustes. Thermoactifs, imperméables et coupevent, ils résistent à toutes conditions météo. 3 Harnais Wild Country Ultralight En escalade, nous portons le harnais en permanence, même pour dormir. Le harnais avec boucle de ceinture (Ziplock) et tour de cuisse élastique pèse environ 340 grammes.

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4 Point d’encrage Wild Country Friends Les coinceurs légers à code couleur de neuf tailles différentes et à largeur d’axe variable (14 à 102 mm) se fixent facilement dans les fissures (et se retirent tout aussi aisément).

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5 Réchaud Jetboil à fixation murale Le brûleur à cartouche de gaz se visse par une fermeture à baïonnette directement à un récipient d’un litre en aluminium fortement anodisé. Pour préparer du thé ou les repas lyophilisés (riz, pâtes, potées) deux minutes suffisent pour faire bouillir un demi-litre d’eau.

Depuis qu’il est ado, Stefan Glowacz aime faire le mur.

TEXTE : ULRICH CORAZZA. PHOTO : MANFRED BURGER

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6 Mousquetons Bonny & Clyde Red Chili Ces mousquetons légers sont équipés de deux doigts massifs et d’une fermeture de précision. Pour des escalades difficiles, j’en prévois entre 50 et 80. 7 Lampe frontale Petzl Myo Rxp J’utilise des lampes frontales avec un boîtier à piles que je porte à même le corps. Cela permet à la chaleur corporelle de prolonger significativement la durée de vie des piles.

8 Tente de parois Porterledge Black Diamond Nous passons nos nuitées dans une structure de tubes en aluminium d’environ 7 kg, suspendue à un point fixe. Nous y dormons à deux en inversé et, évidemment, toujours attachés. Le Fly est une sorte de tente qui se pose sur la structure et nous protège ainsi de la neige, de la pluie et des tempêtes. 9 Chaussons Red Chili Corona Grâce à son bout de pied en caoutchouc, ce chausson haut de gamme se prête particulièrement bien aux fissures peu évidentes. 10 & 11 Crampons et Piolet Charlet Moser Pour l’escalade sur glace, mon vieux marteau piolet, léger et ergonomique, et mes crampons à 12 pointes, fixation à brides, me sont indispensables. 12 Chaussures Lowa Vertical GTX La chaussure idéale pour la glace et la neige ou pour l’associer à de l’escalade à crampons. Elle est légère mais offre malgré tout la rigidité requise. 13 Sac de hissage Marmot Pour transporter l’équipement et le ravitaillement j’utilise de robustes sacs de hissage de 90 litres. Ils sont fixés à un bon système de portage et à un ingénieux dispositif de suspension pour les hisser au mur. Dans le sac de hissage (13) : Une tente d’expédition Marmot Thor Le tissu en nylon résiste aux pires tempêtes. Sac de couchage en duvet Marmot Helium Ce sac de couchage, garni de plumes, séduit par son faible poids et son modeste volume. Tapis de sol Exped en duvet Les chambres ne sont pas de tout confort d’où ces duvets haut de gamme qui isolent du froid. Y compris sur des sols de glace comme dans les grottes de neige par exemple. www.glowacz.de

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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

AU BOULOT S’ENTRAÎNER COMME UN PRO

Coma grand

Toujours à fond

Le motard espagnol s’est élancé dans ce Dakar 2012 avec le costume de tenant du titre de la plus éprouvante épreuve de rallye-raid au monde.

Marc Coma consacre 20 h par semaine à rouler avec sa moto. Découvrez ici son entraînement dans le détail.

MARC COMA.

Marc Coma a gagné le Dakar en 2006 quand il se courait encore sur le sol africain. Trois ans plus tard, l’Espagnol s’imposait à nouveau lors de la première édition du rallye-raid en Amérique du Sud (l’épreuve fut annulée en 2008 en raisons de problèmes de sécurité et organisée en Argentine et au Chili dès l’année suivante). En dépit du changement de continent, le Dakar est toujours la course d’endurance la plus difficile au monde. Cette année, pilotes et motards de voitures, camions, motos et quads ont quitté Mar del Plata en Argentine pour un impitoyable marathon de deux semaines et 9 000 kilomètres jusqu’au Pérou. Coma prépare depuis des mois la défense de son titre au guidon de sa KTM 450. « Mon entraîneur m’a établi un programme de travail quotidien, assure-t-il. Il a aussi surveillé les progrès effectués et l’intensité du travail. » Autre aspect de la préparation, la nutrition : deux fois par jour, il mange des aliments riches en protéines comme du poisson ou du poulet. Sans oublier les indispensables fruits et légumes.

Coma : triple champion.

Six jours par semaine 8 h : réveil 8 h 45 : petit-déjeuner Lundi Matin : 75 min d’entraînement sur un parcours moto sans difficultés Après-midi : physique pur 4 séries de 10 exercices, 1 min de repos entre – développé couché + nuque, renforcement du dos, cardio-training

Jeudi Matin : 3 h de vélo de route (fréquence cardiaque de 100 à 160 pulsations/min) Après-midi : physique pur 4 séries de 10 exercices, 1 min de repos entre – développé couché + nuque, renforcement du dos, cardio-training Vendredi Matin : 2 h sur la moto

Mardi Matin : 3 h de vélo de route (fréquence cardiaque de 100 à 160 pulsations/min)

Samedi Matin : 3 h de vélo de route (fréquence cardiaque de 100 à 160 pulsations/min) Après-midi : 2 h 30 de VTT

Mercredi Matin : 5 h sur la moto dont 250 km avec le road book

Dimanche Repos du guerrier bien mérité avec une bonne sieste à la clé

Dur au mal Vous n’êtes pas triple vainqueur du Dakar sans être un combattant né. À 35 ans, Coma ne lâche rien. « J’ai réussi à faire de ma passion un travail. C’est de là que viennent ma motivation quotidienne et les challenges que je me fixe, affirme Coma. Je me sens dans la peau d’un guerrier qui va à la bagarre chaque jour. Vous ne devriez jamais penser au résultat final. » Le secret de sa réussite ? « Il n’y en a pas qu’un. Rien ne vous est offert sur un plateau. Vous devez avoir l’envie de faire les efforts et de travailler dur pour obtenir chaque chose. Heure après heure, jour après jour, etc. » www.marccoma.com

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TEXTE : ULRICH CORAZZA. PHOTOS : ACTION IMAGES (2)

Depuis 2009, le Dakar visite les déserts sud-américains.


U N R Ê V E : 6 6 8 K M D E P I S T E S PA R FA I T E S GÉNIAL : DES LIGNES INFINIES. UNIQUE : LA POUDREUSE DE

1 FOR FAIT D E S K I • 1 7 2 R EMON T É E S • 668 K M DE P IST ES


plus de corps eT d’espriT

Au Symbol, le menu est simple : on envoie la sauce.

« Au diable Jim Henson »

dans les bacs nouveauté

GOnjASUfi. nouvel alien du monde de la pop. le son de ses mantras psychédéliques viennent d’une autre planète.

au cŒur de la boule à facettes

Devant 1 000 clubbers, DJ Toto n’a pas la tête ailleurs.

Tout un Symbol SYMBOL, BUDAPEST. De prime abord, il s’agit d’un restaurant italien mixé avec un bar à cocktails. Joli Symbol du lieu, bien plus qu’un simple club.

Vous pouvez sortir tous les soirs de la semaine au Symbol sans vivre la même soirée. c’est un peu comme vivre à paris où vous irez quotidiennement au théâtre toute l’année sans voir la même pièce. c’est le sentiment éprouvé en général dans les meilleurs spots de la planète dont le Symbol fait partie. niché dans un immeuble datant de 1782 et quasiment inchangé depuis le 18e siècle, l’endroit est divisé en sept grandes pièces dont le seul but est d’assouvir vos envies de dîner, danser, boire un verre ou simplement regarder les gens, véritable sport national en europe de l’est. Vous serez subjugué par les colonnes de la façade qui rappellent la splendeur passée de la ville. À l’intérieur, le jardin pavoise été comme hiver sous vos pieds tel un atrium. Unique en ville. Vous pouvez aussi déjeuner italien au 92

bombay bar qui se transforme la nuit tombante en usine à cocktails. il y en une centaine au programme du skaker maison. la jeunesse locale en raffole. avec modération. le dancefloor se trouve un étage en dessous. c’est ici que lewis hamilton ou mark Webber viennent se déhancher après le Gp de hongrie. DJ Toto enchaîne les hits, directement importés d’ibiza. parfois, des groupes connus s’y produisent en concert privé. après avoir passé une bonne partie de la nuit sur la piste, vous pourrez recharger vos batteries avec un petit déj’ de champion : la cuisine reste ouverte jusqu’à 5 h du matin et les pizzas y sont goûteuses. Symbol Bécsi út 56, 1036 Budapest, Hongrie +36 1 333 5656 www.symbolbudapest.hu

Barbe folle et dreadlocks en guise d’antenne spatiale.

TexTe : Florian obkircher. phoTo : TimoThy SaccenTi (1)

Top clubs

mon matériel d’enreDes bruits électrogistrement comme statiques et une voix une machine à éraillée mixés sur remonter le temps des morceaux de afin que mes idées rock expérimental, perdurent le plus des mélodies orienMU.ZZ.LE : longtemps possible tales et des beats hip Album psyché après que je sois hop : imaginez un bien muselé sous terre. instant que la naSa Travaillez-vous avec des envoie un disque de Jimi samples ? hendrix dans l’espace et en partie. J’enregistre les qu’une version remixée par percussions et le synthé. les extraterrestres nous soit ensuite je travaille les sons retournée. Telle est la musur ordinateur. il y a aussi sique de Gonjasufi, ermite des morceaux comme Snifdans le désert mojave. on fing où j’ai passé un vieux comprend mieux. sample au hachoir pour le The Red BulleTin : Vous modifier en totalité. aimez reprendre du Vous êtes membre du désert... collectif d’artistes BrainGonjasufi : oui, car c’est feeder. Si vous incarniez calme. Quand je vivais à San un rôle dans le Muppet Diego, des enfants ricanaient Show, lequel serait-il ? en permanence sous ma fecelui qui coupe les fils nêtre alors que je travaillais en disant aux poupées : ma musique. Dans le désert, « au diable Jim henson ! si quelqu’un m’énerve, je Vous êtes libres ! » peux l’enterrer derrière la maison sans être inquiété. Êtes-vous spirituel ? MU.ZZ.LE disponible le 23 janvier Je crois à l’énergie. notre (Warp Records). Extraits musicaux existence corporelle est et dates de concerts : cliquez sur www.sufisays.com limitée. Je considère aussi


PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

EXPRESS LE SON ÉCOUTÉ PAR LES MUSICIENS

« Stevie Wonder me donne la chair de poule »

Au sein du Wu-Tang Clan, son style a révolutionné le monde du hip-hop. Le producteur américain nous révèle ici les cinq vinyles qui ont changé sa vie. RZA.

TEXTE : FLORIAN OBKIRCHER. PHOTO : GETTY IMAGES (1)

Quand au début des années 90 Robert « RZA » Diggs fonde le Wu-Tang Clan avec quelques cousins et des copains, il était loin de s’imaginer être proclamé peu de temps après « sauveur du hip-hop ». Sorti en 1993, Enter the Wu-Tang (36 chambers) est le premier album du groupe originaire de Staten Island à faire date. RZA a composé à partir de vieux samples soul, funk et de bandes originales de films kungfu. L’album a été encensé par le public et le magazine Rolling Stone le considère comme l’un des meilleurs de tous les temps.

Le leader du Wu-Tang Clan en action : RZA alias Bobby Digital.

Depuis, plus rien n’arrête ce lauréat des Grammy. Rôles pour le cinéma – Coffee and Cigarettes, American Gangster et Repo Man – compositeur de bandes originales pour Quentin Tarantino et Jim Jarmusch. Réalisateur, RZA dirige en ce moment Russell Crowe dans un film d’arts martiaux. Et ce n’est pas son dernier succès en librairie qui empêche ce chanteur de 42 ans de sortir des disques toujours aussi géniaux, qu’il s’agisse de Bobby Digital ou du Wu-Tang clan. The Red Bulletin a rencontré RZA à Madrid pendant la session de la Red Bull Music Academy. Nous en avons profité pour lui demander quels sont les albums et les artistes qui ont façonné son talent depuis la fin des années 70.

Kanye West My Beautiful Dark Twisted Fantasy Un chef d’œuvre moderne ! J’ai eu le bonheur d’y contribuer et de voir Kanye se surpasser pendant l’enregistrement. L’année dernière, je l’ai vu sur scène au Coachella Festival, un concert hip-hop parfait. Un show tel que je me le suis toujours imaginé pour le Wu-Tang Clan. Kanye est un artiste solo. Il n’a pas à discuter ses idées avec neuf autres gars, un avantage de taille, aujourd’hui, dans le monde du rap.

Funkadelic One Nation under a Groove J’ai écouté ce disque pour la première fois à l’occasion d’une fête familiale. Quand mon oncle a mis Funkedelic, l’enfant timide que j’étais s’est mis à danser, complètement libéré. Ce disque a fait naître en moi une sensation que j’allais retrouver plus tard avec le rap. Funkadelic est pour moi le précurseur du hip-hop.

Stevie Wonder Original Musiquarium I La riche collection de vinyles de ma mère m’a permis, très jeune, de tomber sur ce chef d’œuvre. Soul, balades, funk – Musiquarium a tout. Les paroles sur la pochette m’ont aussi marqué comme parolier. Un morceau comme Sir Duke me donne, encore aujourd’hui, la chair de poule.

Malcolm McLaren Buffalo Gals Un vendredi soir avec des copains – nous avions tous autour de 10 ans – on cherchait de la bonne musique à la radio quand on est tombé sur une station new yorkaise, WBLI où un gars chantait du rap. Un mélange dingue de worldmusic, hip-hop, samples de BO et de synthé. L’émission s’appelait The Supreme Team et le DJ Malcolm McLaren était aux manettes. Je n’avais jamais rien entendu d’aussi délirant. Son disque, Buffalo Gals sorti peu de temps après, résumait à lui seul le style de l’émission. J’étais définitivement conquis par le son innovant de cet artiste.

Sugarhill Gang self-titled En 1979, j’ai eu pour la première fois le sentiment que quelqu’un sortait un disque pour ma génération. Mon cousin Vince et moi connaissions par cœur les paroles de Rapper’s Delight, morceau emblématique de Sugarhill. Quand Ol’Dirty Bastard du Wu-Tang rappait le morceau Triumph, les paroles Let’s take it back to ’79 faisaient allusion à Rappers Delight. À l’époque, les refrains n’existaient pas, les gars rappaient sur tout le morceau. Nous avons repris l’idée mais Sugar Hill Gang avait plus de mérite, ils étaient trois rappers contre neuf au Wu-Tang Clan. Interview RZA à Madrid sur le divan de la Red Bull Music Academy : www.redbullmusicacademy.com/people/rza

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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

Agenda

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Jan-Fév 2012

LES MEILLEURS PLANS DES MOIS LES PLUS SHOW DE L’ANNÉE. 6

15/1, BEVERLY HILTON HOTEL, LOS ANGELES, ÉTATS-UNIS

Golden Globes En janvier, le tapis rouge est de sortie à Hollywood. Depuis 1968, la saison des Awards démarre avec la remise des Golden Globes. Attribué par la presse étrangère, ce prix donne généralement la tendance des Academy Awards décernés fin février. Le lauréat d’un Golden Globe augmente ses chances aux Oscars. Constat vérifié l’année dernière pour Colin Firth (The King’s Speech) et Natalie Portman (Black Swan). L’humoriste britannique Ricky Gervais animera la cérémonie.

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16–29/1, MELBOURNE PARK, AUSTRALIE

Open d’Australie Le premier tournoi du Grand Chelem de l’année fête ses 100 ans en ce mois de janvier. Depuis 2005, trois joueurs (à l’exception de Juan-Martin Del Porto en 2009) règnent sans partage sur les tournois du Grand Chelem : Novak Djokovic, tenant du titre, Rafael Nadal (vainqueur en Australie en 2009) et Roger Federer (16 victoires en Grand Chelem). Le Suisse reste sur une victoire en finale du Masters de Londres face à Jo-Wilfried Tsonga.

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19–23/1, MIAMI, ÉTATS-UNIS ET COZUMEL, MEXIQUE 17–22/1, MONTE-CARLO, MONACO

Rallye de Monte-Carlo C’est en 1911 qu’est née la discipline de « rallye » avec une première course sur la Côte d’Azur. Après trois années d’absence, le rallye figure à nouveau au calendrier WRC. Il donne le coup d’envoi du Championnat du monde. Sébastien Loeb (5 victoires sur le Rocher, record, ndlr) remet son titre en jeu. « La nuit des longs couteaux », sur les routes du col du Turini et ses innombrables virages en épingle reste le point d’orgue de l’épreuve.

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Croisière Weezer Quand on est un groupe de rock, on s’autorise toutes les folies. Pourquoi ne pas conquérir la mer ? En janvier, les vétérans américains du groupe Indie-Rock Weezer affrètent un bateau de rêve et l’aménagent comme il se doit afin d’y accueillir un festival flottant. Des groupes tels que Dinosaur Jr., Sabadoh, Wavves, The Antlers ou Yuck sont au programme et, entre deux concerts, la croisière s’amuse avec un casino, un parc aquatique, un cinéma, un centre commercial et une bibliothèque.

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18–22/1, BUSINESS DESIGN CENTRE, LONDRES, UK

London Art Fair

En Janvier, le monde de l’art se donne rendez-vous sur les bords de la Tamise pour lever une coupe de champagne à la gloire de ses nouvelles stars. Créée en 1988, la London Art Fair est l’une des plus importantes foires d’art au monde. Elle attire chaque année 24 000 visiteurs et plus de 100 galeries. Le stand « Art Projects » qui expose les artistes en herbe est le QG des collectionneurs. Objectif : mettre la main sur la perle rare et s’assurer un avenir radieux.

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2 Novak Djokovic, tenant du titre en Australie.

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4 Londres, QG de l’art moderne cet hiver.


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26/1, FILADELFIAKYRKAN, STOCKHOLM, SUÈDE

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D’Angelo

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Le maître du Néo soul est de retour ! Douze ans après son œuvre emblématique Voodoo, un nouvel album signé D’Angelo voit le jour, produit par le batteur de The Roots, Questlove. Rien que ça ! Ce dernier opus promet du lourd : une version « black » du légendaire Smile des Beach Boys, considéré comme un des meilleurs disques de tous les temps. L’Américain délivre un avant-goût lors d’une mini-tournée européenne qui débute à Stockholm fin janvier. « I can provide everything you desire », clame-t-il dans le tube Untitled.

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26–29/1, ASPEN, COLORADO, ÉTATS-UNIS

Winter X-Games XVI

L’année dernière, 382 millions de personnes ont suivi les X-Games devant la télé. Pour cette 16e édition, plus de 200 athlètes de ski, snowboard et snowmobile sont au départ. Nous avons hâte de découvrir les nouvelles figures concoctées ces professionnels. L’année dernière, Kelly Clark était la première femme à réaliser un triple 360° en finale du Snowboard Superpipe, décrochant ainsi la médaille d’or. Le Norvégien Torstein Horgmo a enthousiasmé les spectateurs et le jury en réalisant pour la première fois un triple salto arrière au Snowboard Big Air.

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3–4/2, VALKENBURG, PAYS-BAS

PHOTOS : GETTY IMAGES (2), BEERS LAMBERT/LONDON ART FAIR, SEBASTIAN MARKO/RED BULL CRASHED ICE

Les descendeurs du Red Bull Crashed Ice ne concèdent aucun centimètre.

6 20–25/1, BATOKUNKU, GAMBIE

Ariwa – Back To Africa

Lee Perry invite le reggae en Afrique.

table de mixage pour instrument 6 Une et l’écho comme accessoire… Quand les doigts de Mad Professor mixent sur du reggae, il en fait une odyssée de l’espace. Massive Attack ou Sade ne vous diront pas le contraire. Le maestro du dub est à l’origine de leur son « aérien ». Le légendaire producteur londonien fête ses 30 ans en janvier. Son label Ariwa convie ses compagnons de route comme Lee « Scratch » Perry, Macka B et Tippa Irie au plus grand festival de reggae-dub au monde.

Red Bull Crashed Ice En 2012, ce savoureux mélange de hockey, Boardercross et Ski-Downhill s’élance dans son 3e Championnat du monde. Quatre étapes sont au programme : États-Unis, Pays-Bas, Suède et Canada. Des milliers de participants de 30 nationalités différentes tentent de se qualifier pour les épreuves principales. Après l’ouverture de la saison à St Paul (États-Unis) les 13 et 14 janvier, la série continue à Valkenburg au Pays-Bas. Les descendeurs dévalent à pleine vitesse la piste de 600 mètres de long, truffée d’obstacles, en se livrant de féroces duels.

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5/2, INDIANAPOLIS, ÉTATS-UNIS

Super Bowl XLVI 163 millions d’Américains (audience record) ont suivi devant leur écran de télé la victoire des Greenbay Packers face aux Pittsburgh Steelers 31-25. C’était en 2011. La 46e édition met aux prises les champions de l’AFC et de la NFC dans l’enceinte du Lucas Oil Stadium inauguré en 2008 (70 000 places). Après Detroit (1982 et 2006) et Minneapolis (1992), la finale de Indianapolis est la quatrième organisée dans une région plutôt froide. Les températures pourraient être négatives au coup d’envoi du match.

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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT Loeb et la C4 victorieuse en 2008.

Focus

Jan-Fév 2012 SI LES FRIMAS DE L’HIVER ONT PRIS LEURS QUARTIERS D’ÉTÉ, PLACE AUX EMBRUNS COLORÉS.

15-29 JANVIER, SERBIE, EURO DE HANDBALL

Enjeu d’experts

Les joueurs de Claude Onesta attaquent cet Euro dans un groupe C très relevé. Au menu, l’Espagne d’entrée (le 16 à 18 h 15) puis la Russie (le 18 à 18 h 15) et enfin la Hongrie (le 20 à 20 h 15). Tous les matches du premier tour des Bleus ont lieu à Novi Sad, au nord de Belgrade. Rappelons que les potes de Nikola Karabatic ont tout gagné depuis 2008 (J.O. de Pékin, Mondial 2009, Euro 2010, Mondial 2011). Après les Bronzés, les Barjots et les Costauds, les Experts sont inclassables. En 2012, ils visent le doublé Euro-J.O. S’ils y parviennent, les Experts entreraient alors, toutes disciplines confondues, au panthéon du sport.

4-12 FÉVRIER, OPEN WTA PARIS COUBERTIN

Sharapova veut son Paris

17-22 JANVIER, WRC MONTE-CARLO

Vin chaud et Turini Après trois ans d’absence et une immersion en IRC, le Monte-Carle revient dans le grand bain du Championnat du monde des rallyes. Plus de 430 km de spéciales et un double passage au col du Turini sont programmés. Vivez l’ambiance surchauffée de ce passage historique le samedi 21 janvier lors des ES 14 et 16 aux alentours de 15 h puis 19 h 30 (Moulinet – La Bollène-Vésubie). Sébastien Loeb donnera le coup d’envoi de sa quête d’un 9e titre mondial. www.acm.mc

Une Belle à Paris.

4-5 FÉVRIER, ENDUROPALE DU TOUQUET

Quel Touquet ! Depuis 1975, plus de 200 000 spectateurs admirent 2 000 pilotes lâchés au cœur d’une féroce bataille sur les 15 km de course étalés sur le front de mer et les dunes du Touquet. Spectaculaire s’il en est, l’Enduropale est attendu par toute une région, friande de sauce andalouse. Deux mois de préparation sont nécessaires afin de rendre le parcours le plus compétitif possible. Si le légendaire goulet a été supprimé en 2005, Arnaud Demeester tentera de s’adjuger une 17e victoire et d’améliorer ainsi son propre record qui n’est pas prêt d’être battu. www.enduropaledutouquet.fr

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Demeester à terre dans le sable ?

TEXTE : CHRISTOPHE COUVRAT. PHOTOS : GETTY IMAGES (3), DPPI (1)

L’annonce est de taille et ravira les amateurs de joli tennis sur le court comme en dehors. Maria Sharapova a confirmé sa participation à l’Open GDF-Suez. La Russe foulera les courts de Coubertin pour la première fois de sa carrière. Un plateau de choix est annoncé avec notamment Marion Bartoli qui tentera de succéder à la Tchèque Petra Kvitova.


La Côte d’Ivoire 2./3. APRIL, WIEN

comptera une fois de plus sur Didier Drogba.

Saccum Sandion

Equamet, conullandre eugiat, vel il ullandit in eugiam volor irit ametuerci blaore magnibh ea faccum zzriliquipis nonsequat vercing elit lore tisim zzrilit aci tet autem veriustrud enit zzriliquipis nonsequat vercing elit lore tisim zzrilit aci tet autem veriustrud enit utpatet, quis nummolortis modolobor iure commy nisl dolenis ex euisci ea core eriliquatue utpatet, quis cing elit lore tisim zzrilit aci tet autem veriustrud enit utpatet, quis nummolortis modolobor iure commy nisl dolenis ex euisci ea core eriliquatue magnim dolortisi. Molorem etuer si blamcon exerat. Ut ip euiscipit lut ad tie magna adit acidunt ver susci blam lamconsed magnibh ex ercillaore. IIt dolese con eui er alit wis at, suscinisim

21 JANVIER – 12 FÉVRIER, COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS

La CAN cancane

Cette 28e édition de la Coupe d’Afrique des Nations se déroule en Guinée Équatoriale et au Gabon. En l’absence de l’Égypte, victorieuse des trois dernières éditions, du Cameroun, du Nigéria, de l’Afrique du Sud et de l’Algérie de Vahid Halilhodzic – soit 12 des 14 derniers

vainqueurs ! – cette CAN est une voie royale pour le Sénégal, jamais couronné, la Côte d’Ivoire de Dider Drogba (notre photo), absente du palmarès depuis 1992, ou le Maroc Blindtext face à un d’Éric Gerets, une seule fois sacré en... 1976. défi de taille. Blindtext www.cafonline.com

face à un défi de taille...

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l y a bien des années, à athènes, lorsque la Grèce n’était pas en crise mais régnait sur le monde, au ve siècle exactement, un homme bien étrange se promenait dans les rues, la nuit. il était sale, à moitié nu, et son regard brillait d’une lueur peu commune, presque plus lumineuse que la flamme de la lanterne qu’il tenait à la main. À chaque fois qu’il croisait un passant, il levait sa lanterne et la braquait vers son visage en lançant d’une voix grondante : « Je cherche un homme ! ». et puis il passait son chemin. Chaque nuit, c’était pareil : il cherchait un homme et il n’en trouvait pas. Pas un homme pour lui tenir compagnie, non : un homme au sens d’un vrai homme, qu’on puisse respecter, en qui l’on puisse croire, qui puisse peut-être changer notre destin. l’homme à la lanterne s’appelait diogène. il était philosophe et se faisait appeler « le cynique » parce que « cynique » vient du mot grec qui veut dire « chien », et que diogène vivait comme un chien. Pas dans une niche, mais dans un tonneau, se nourrissant de ce qu’on lui donnait. À ceux qui le questionnaient sur sa sexualité, il avait coutume de répondre en se masturbant : « ah, si l’on pouvait ainsi se débarrasser de la faim rien qu’en se frottant le ventre ! » un jour, le grand homme du moment, alexandre le Grand, aimanté par la renommée de diogène, le rencontre et le teste, comme on dit chez les rappeurs : « demande-moi ce que tu veux, je te le donnerai. » et à cet homme qui a conquis la moitié du monde, diogène répond : « Ôte-toi de mon soleil. » C’est-à-dire : « Marche à l’ombre. » invariablement inaccessible aux honneurs, aux tentations : le grand homme, c’était lui, et c’était lui qu’il cherchait. une telle indépendance d’esprit, une telle maîtrise, de celle qui permet d’accomplir de grandes et belles choses, inédites, où la trouver maintenant ?

Pleine lucarne

Destins ficelés ? À époque de crise, raréfaction d’une espèce déjà rare : les hommes qui changent un destin. Et celui du monde. Je me sens, ces temps-ci, un peu comme diogène. nos grands hommes, je les cherche en vain. Ceux qu’on connaissait sont tombés si bas qu’on cherche encore leur piédestal. Madoff, géant de la finance devenu plus grand escroc du siècle, strauss Kahn, patron de l’économie mondiale soudainement déclassé en vrP du libertinage compulsif. obama, réduit à protester contre une publicité qui le met en scène en train d’embrasser un collègue chinois… où sont les grands hommes d’aujourd’hui ? les masques sont tombés, la politique est dévaluée : « il y a 20 ans, quand je voulais intéresser mes étudiants,

je leur parlais politique. lorsque je voulais les faire rire, je leur parlais religion. aujourd’hui, c’est exactement l’inverse », s’amuse le philosophe Michel serres. Malraux l’avait bien dit : « le XXie siècle sera spirituel ou ne sera pas. » dans les lieux saints, les grands hommes ? J’en ai rencontrés quelques-uns, dans les pagodes dorées de Birmanie ou dans les ermitages bardés d’icônes du Mont athos, en Grèce. le Mont athos : 500 km² de nature montagneuse et parfumée, bordés par une mer sublime, où sont perchés des monastères peuplés de moines barbus qui se prennent pour des anges. J’en ai parlé dans Interdit à toute femme et à toute femelle : certains de ces grands hommes m’ont élevé l’âme en m’enseignant l’ascèse, discipline volontaire du corps et de l’esprit, mais il y avait un peu de dinguerie dans leur façon d’être un grand homme. ne serait-ce parce que cela excluait, de fait, la compagnie des femmes. « la femme, sentinelle du monde », comme le dit ce cher enki Bilal. Je pense à lui car au fond, quand je pense aux grands hommes contemporains, je ne vois que les artistes. enki et sa façon d’anticiper les catastrophes tout en dessinant les plus belles femmes du monde, le subarchitecte Jacques rougerie qui organise notre prochaine évacuation sous les mers à bord de sous-marins design dérivants sur les grands courants océaniques, ou le cinéaste américain James Cameron, capable d’enfanter Avatar, fantastique prouesse visuelle et premier grand mythe planétaire du XXie siècle. oui, les artistes sont nos grands hommes : révélateurs des transformations du monde, et fixateurs d’utopie. utopie : ce lieu qui n’existe pas. Mais dont nous avons tant besoin. Agrégé de lettres, Christophe Ono-dit-Biot est l’auteur de quatre romans, dont Birmane, prix Interallié 2007.

The Red BulleTin France The Red Bulletin est publié et édité par Red Bulletin Gmbh directeur de la publication Alexander Koppel directeur de la rédaction Robert Sperl directeur adjoint de la rédaction Alexander Macheck Rédacteur en chef France Christophe Couvrat directeurs Généraux Alexander Koppel, Rudolf Theierl Ont participé à ce numéro Suzanne Fortas, Christine Vitel, Etienne Bonamy, Frédéric Pelatan Responsable de la production Marion Wildmann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Rédactrice en chef adjointe Susie Forman Booking photos Valerie Rosenburg, Catherine Shaw, Rudolf Übelhör Maquette Erik Turek (DA), Patrick Anthofer, Martina de Carvalho-Hutter, Miles English, Ken Ulrich Paasche, Kasimir Reimann, Esther Straganz Publication coroporate Boro Petric (directeur), Christoph Rietner, Nadja Zele (rédacteurs en chef) ; Dominik Uhl (DA) ; Markus Kucera (directeur photos) ; Lisa Blazek (rédactrice) Production Managers Michael Bergmeister, Wolfgang Stecher, Walter Omar Sádaba Reprographie Clemens Ragotzky (chef), Claudia Heis, Nenad Isailovic, Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher, Thomas Posvanc Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing et management international Barbara Kaiser (directrice), Stefan Ebner, Lukas Scharmbacher, Johanna Troger ; Birgit Lohmann (design) ; Klaus Pleninger (ventes) ; Peter Schiffer (abonnements) ; Nicole Glaser (abonnements et et ventes marketing) The Red Bulletin est publié simultanément en Autriche, Allemagne, France, Irlande, Koweït, Nouvelle-Zélande, un produit de Afrique du Sud, Suisse, Mexique, Grande-Bretagne et aux États-Unis, www.redbulletin.com Siège social Red Bulletin GmbH, Am Brunnen 1, A-5330 Fuschl am See, FN 287869m, ATU63087028. Siège social France Red Bull SASU, 12 rue du Mail, F-75002 Paris, +33 1 40 13 57 00 Siège autrichien Heinrich-Collin-Strasse 1, A-1140 Vienna, +43 (1) 90221 28800 imprimé par Prinovis Ltd & Co. KG, D-90471 Nuremberg Responsable publicité Cathy Martin, +33 7 61 87 31 15 ou cathy.martin@fr.redbulletin.com dépôt légal/iSSn 2225-4722 nous écrire letters@redbulletin.com ; Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

the red bulletin n°4 sera disponible le 8 février 2012

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Orlando Duque


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